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LES DESSOUS
DU
CONGRÈS DE VIENNE
Tous droits de traduction et de reproduction réseroés pour tous
pays, y compris la Hollande, la Suède, la Norvège, le Danemark,
la Finlande et la Russie,
Copyright, 1917, by PAYOT et 0\
VMAtZ^dl
COMMANDANT M. -H. WEIL
LES DESSOUS
DU
CONGRÈS DE VIENNE
d'après les documents originaux
DES ARCHIVES DU MINISTÈRE IMPÉRIAL ET ROYAL DE l'iNTÉRIEUR
A VIENNE
TOME PREMIER
(Juin 1814 - 4 janvier 1815)
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PARIS i^X^q ^
LIBRAIRIE PAYOT & G'* ^
106, boulevard SAINT-GERMAIN
1^1,^
1917
Tous droits réservés
PREFACE
Je m'imagine, plus que probablement à tort, que le nom
(lu baron Hager, ce nom qui reviendra forcément presque à
toutes les pages de ce livre, pourrait bien n'évoquer dans
l'esprit de mes lecteurs que des réminiscences assez vagues.
Or, comme on aime généralement à connaître, au moins ap-
proximativement, les gens auxquels on va avoir affaire, il m'a
semblé indispensable de commencer par présenter le per-
sonnage autour duquel tout va graviter dans ces deux vo-
lumes. Exclusivement préoccupé de la vérité, sachant quels
soins, quelle minutieuse exactitude Wurzbach avait apportés
à la confection de son Grand Dictionnaire biographique de
la Mo7iarchie austro-hongroise, je n'ai pas hésité à emprun-
ter à ce remarquable ouvrage quelques données relatives à
la carrière de l'homme d'Etat qui, sans mener grand bruit et
sans qu'en dehors de certaines sphères on ait jamais beau-
coup parlé de lui, joua, surtout pendant toute la durée du
Congrès, un rôle de la plus haute importance et dans des
circonstances particulièrement difficiles s'acquitta avec une
remarquable habileté de la lourde tâche que lui imposaient
ses fonctions de Président de VOherste Polizei und Censur
Ho f s telle.
Fils du feld-maréchal lieutenant François- Aloïs baron Ha-
ger (1) von Altensteig et de la comtesse Marianne Schlik, né
à Vienne en 1760,1e baron François Hager fut élevé au The-
1. Wurzbach donne comme orthographe du nom de famille du Président,
Haager ou Hager D'autres ouvrages de biographie s'en tiennent à Haager,
Quanta moi, j'ai accordé la préférence à l'orthographe Hager parce que toutes
les nombreuses pièces ou minutes que j'ai eues entre les mains pointent sans
exception cette signature.
VIII PRÉFACE
resianum. Destiné comme son frère à la carrière des armes,
il entra en 1783 au régiment de cuirassiers Garamelli (aujour-
d'hui, régiment de Dragons n° 2, comte Paar). Un accident
grave, une mauvaise chute de cheval, l'obligea peu de temps
après à quitter l'armée et à passer dans l'Administration.
C'est ainsi qu'on trouve l'ancien lieutenant de cavalerie
pourvu dès 1786 d'un emploi de commissaire de cercle (Kreis
commissâr). Neuf ans plus tard, en 1795, il est déjà capitaine
de cercle {Kreis Hauptmann) à Traiskirchen et chargé comme
tel de l'administration du territoire désigné sous le nom de
Unter dem Wiener Walde. Nommé conseiller de Gouverne-
ment et appelé en 1802 à faire partie de la commission qu'on
venait de former à Vienne pour assurer les subsistances,
promu quelques mois après, le 28 avril 1803, conseiller au-
lique, il entrait presque en même temps à VOberste Polizei
und Censiir Hofstelle (Ministère de la Police et de la Cen-
sure), dont il devint le Vice-Président vers le milieu de l'an-
née 1807 et le Président en mars 1812.
Partout, dans les différents postes que le baron Hager avait
occupés depuis son entrée dans l'Administration, il avait
brillamment marqué la trace de son passage. Presque dès
le début de sa carrière de fonctionnaire, il avait eu la bonne
fortune, uniquement due à son mérite et à son intelligence,
d'appeler sur lui l'attention de Joseph II, très frappé par la
justesse et la profondeur des idées émises par le jeune com-
missaire de cercle dans un travail, qu'il fournit au moment
où on s'occupait de rétablissement d'un plan nouveau de
répartition des impôts. Plus tard, dans un tout autre rayon
d'action, à deux reprises pendant qu'il exerçait les fonctions
de capitaine de cercle en 1797 et en 1800, il eut à assu-
rer le cantonnement et les subsistances d'une grosse partie
de l'armée autrichienne, à présider à la levée et à l'organi-
sation des volontaires et de l'insurrection hongroise, à diriger
et à surveiller les travaux de défense qu'on avait décidé de
faire exécuter sur le Semmering et dans le Wiener Wald. En
1806, après la paix de Presbourg, l'Empereur François le
chargea en qualité de commissaire extraordinaire d'une mis-
sion temporaire dans les territoires, qu'il avait administrés
PRÉFACE IX
précédemm^**, et qui venaient d'être durement éprouves par
le passage, les mouvements et le séjour des troupes, les ré-
quisitions de toute espèce, les charges et les horreurs de la
guerre. En 1809, ce fut à lui qu'en sa qualité de Vice-Pré-
sident de la Polizei-Hofstelle on confia le soin d'agir sur
l'opinion publique et ce fut grâce à l'influence qu'il sut exer-
cer sur les esprits que les populations, auxquelles il réussit
à faire comprendre la nécessité d'une pareille mesure, ac-
cueillirent, presque avec enthousiasme, les décrets qui ordon-
nèrent la levée et la formation de la Landwehr.
Instruit, intelligent, doué d'un esprit aux vues larges, d'une
extraordinaire activité et d'une rare capacité de travail, mo-
dérant et adoucissant dans la limite du possible les rigueurs
souvent excessives et irritantes, presque toujours brutales,
de la Censure, Hager, grâce à l'urbanité qu'il sut déployer
dans l'exercice de ses délicates fonctions, grâce au tact qui
ne lui fît que bien rarement défaut (même lorsqu'il lui fallut
faire exécuter des mesures contre lesquelles il avait vaine-
ment protesté), parvint à se concilier les sympathies générales,
à s'assurer même l'estime de la plupart des personnages
amenés à Vienne par le Congrès. Bien peu parmi ces der-
niers eurent 1 occasion de formuler des plaintes contre la sur-
veillance à laquelle ils se savaient tous soumis, et qui, malgré
la prudence et la discrétion qu'on avait recommandées et im-
posées au personnel chargé de s'en acquitter, ne fut pourtant
ni moins attentive, ni moins serrée, ni surtout moins fructueuse.
Chambellan de l'Empereur du 1" octobre 1797 et conseil-
ler intime en février 1809, malade, fatigué, usé par le travail
et par la tension continuelle de toutes ses facultés, obligé par
son état de santé de se démettre de ses fonctions dans les
premiers jours de l'année 1816 et d'aller chercher dans un
climat plus doux la réparation des forces qu'il avait dépen-
sées au service de son pays, Hager reçut de son Empereur le
20 juin 1816 un éclatant témoignage de sa satisfaction, une
récompense aussi rare que précieuse, la Grand-Croix de l'Or-
dre de Léopold. Il n'en devait pas jouir bien longtemps et
moins de six semaines plus tard, le 31 juillet, il mourait à
Stra, à une dizaine de kilomètres de Padoue.
X PREFACE
On connaît maintenant, au moins dans ses grandes lignes,
les principales étapes de la carrière si bien remplie du baron
Hager; on trouvera un peu plus loin dans V Avant-Propos un
résumé des origines et du développement de la police secrète
autrichienne, un aperçu de l'organisation et du fonctionne-
ment de ses principaux services au moment du Congrès, et
mes lecteurs seront, il me semble, aussi bien renseignés que
moi et suffisamment au courant du jeu des différents organes
de cette vaste et curieuse machine lorsque j'aurai essayé
d'esquisser ici en quelques lignes la façon dont étaient réglés
les rapports du président de la Polizei-Hofstelle avec les
autres Départements et surtout avec l'Empereur.
A l'instar de ce qui se passait à Paris pendant toute la durée
du règne de Napoléon, le baron Hager correspondait directe-
ment et journellement avec son souverain. 11 y avait cepen-
dant (je ne fais naturellement allusion ici qu'aux rapports
fournis par la police secrète) d'assez sensibles différences entre
la nature des questions traitées et des objets exposés dans les
bulletins quotidiens de Fouché ou de Savary et la contexture
et le caractère des pièces et des sujets sur lesquels Hager
appelait tous les jours dans son bordereau l'attention du père
de Marie-Louise. Je m'empresse d'ajouter que, si les deux
empereurs s'intéressaient tous deux au plus haut degré aux
documents que leurs ministres de la police leur présentaient,
ou leur faisaient parvenir lorsqu'ils étaient absents, la curio-
sité de François P\ pour être d'une tout autre nature que
celle de son gendre, n'était pas pour cela, tant s'en faut, plus
facile à contenter. Cela posé en passant, et laissant d'ailleurs
de côté ici tout ce qui a trait à une autre branche des services
dirigés par le baron Hager, aux rapports de la Police générale,
je me bornerai à faire remarquer qu'au bordereau, qui accom-
pagnait tous les jours l'envoi des papiers, dont l'ensemble
forme aujourd'hui l'énorme dossier des Akten des Wiener
Congresses, éteiii jointe une sorte de table des matières, d'in-
dex de ces pièces de provenances fort différentes, qu'on avait
bien soin de classer séparément et de répartir en trois caté-
gories et de placer sous trois rubriques absolument distinctes;
les unes des autres.
PRÉFACE XI
L'une de ces catégories, celle que dans l'énoncé de ses en-
vois quotidiens Hager désigne sous le nom de Die materiellen
Rapporte, ne contient en effet que les rapports, d'ailleurs sou-
vent assez intéressants à cette époque, des agents ordinaires
chargés de la surveillance directe, occulte, mais incessante,
des principaux personnages venus à Vienne pour le Congrès.
La seconde a déjà une valeur plus considérable, une portée
un peu plus élevée. Elle renferme toute la série des rapports
émanant, non plus de subalternes, de mercenaires, de
simples policiers, mais de confidents recrutés avec un soin
tout particulier, d'un rang et d'un niveau sensiblement supé-
rieurs, plus ou moins largement rétribués sur le budget spé-
cial de la Polizei Hofstelle, et même de collaborateurs encore
plus haut placés, de personnages offrant leurs services par
patriotisme, et naturellement à titre purement gracieux.
Enfin, la dernière catégorie, de beaucoup la plus curieuse,
la plus intéressante et la plus précieuse, se compose parfois
de chinons — quand on a pu s'en procurer, quand on a réussi
à ramasser d'abord, puis à reconstituer les lettres ou les mi-
nutes des dépêches déchirées, incomplètement détruites, ou
insuffisamment brûlées par leurs auteurs ou leurs destina-
taires,— mais en revanche presque journellement d'un nombre
variable, le plus souvent assez considérable, de dépêches ou
de lettres interceptées, déchiffrées, analysées ou même copiées
in extenso (toutes les fois que le temps et les circonstances
le permettaient) par la Manipulation, Ri^ipeUation plus euphé-
mique dont on se servait pour désigner le Cabinet Noir.
Tous les jours, aussitôt après avoir pris connaissance de
ces différentes espèces de documents et de pièces, le baron
Hager rédigeait lui-même la minute du rapport, du bordereau
quotidien destiné à l'Empereur François. Le grand chef de
la Police autrichienne ne se contentait d'ailleurs pas de si-
gnaler à son souverain les nouvelles les plus intéressantes,
les faits les plus saillants des dernières vingt-quatre heures.
Presque tous les jours il lui présentait ses observations, lui
soumettait ses critiques et lui posait même assez souvent des
questions précises et formelles sur certains points qui lui pa-
raissaient particulièrement délicats, importants ou graves.
XII PRÉFACE
Chose assez rare chez un fonctionnaire arrivé à une aussi
haute situation, et qui marque bien sa parfaite et complète
indépendance, Hager ne craignait pas dans la plupart des
cas de proposer, de recommander presque, à l'Empereur les
solutions qui lui paraissaient les plus rationnelles et les plus
conformes aux besoins du service et aux intérêts de l'Etat.
Gomme cela se passait à Paris du temps de Fouché et de
Savary, ces minutes ne sortaient pas de la Polizei Hofstelley
et ce sont ces pièces qu'on retrouve encore aujourd'hui
jointes aux copies qui, revues et signées par Hager, expédiées
ou remises par lui-même à François 1", figurent encore actuel-
lement dans les cartons des Akten des Wiener Congresses.
Ces bulletins, ces bordereaux, qui en général ont mis assez
longtemps (de 10 à 15 jours, quelquefois même davantage) à
revenir du cabinet particulier de l'Empereur, sont d'autant
plus intéressants à consulter que tous portent le visa du sou-
verain et que sur un assez grand nombre d'entre eux, Fran-
çois \°* a ajouté ses décisions, parfois ses critiques, mais le
plus souvent son approbation motivée et le témoignage auto-
graphe de sa satisfaction.
Ne pouvant songer à copier purement et simplement les
innombrables pièces contenues dans les dossiers (1), j'ai dû,
après avoir éliminé quantité de bulletins de police et de do-
cuments qui me semblaient dénués de valeur au point de vue
historique, me contenter de donner l'analyse, le résumé des
rapports qui ne présentaient qu'un intérêt relatif, afin de pou-
voir reproduire in extenso les papiers les plus importants et
surtout les lettres et les dépêches qui, interceptées, déchif-
frées et copiées, permettaient à l'Empereur d'Autriche et à
Metternich de savoir exactement, et presque à tout instant
ce que pensaient, ce qu'écrivaient, ce que disaient, ce que
projetaient les souverains et diplomates présents à Vienne,
1. Gomme je l'ai déjà fait, lorsque mes articles sur la Princesse Bagralion
et la duchesse de Sagan parurent le I " et le 15 juin 1913 dans la Revue de Pans,
je tiens à répéter ici qu'on trouvera un certain nombre de ces pièces dans le
livre Die Geheimpolizei auf dem Wiener Kongress que venait de publier le
Hofrat D' Auguste Fournier, ancien directeur des Archives du ministère
1. et R. de l'Intérieur.
''^Çl^ PRÉFACE XllI
de connaître les vues, les préférences et les intentions des
chefs d'Etat, restés dans leurs capitales, et parfois même jus-
qu'aux instructions qu'ils donnaient à leurs représentants.
Il m'a semblé d'autre part qu'en raison même du caractère de
cette publication, afin qu'on ne pût pas douter de l'authenticité
des documents, de l'exactitude et de l'impartialité que j'ai ap-
portées à l'exécution du travail, il me fallait m'en tenir stricte-
ment et fidèlement à la méthode suivie, il y a tout près d'un
siècle, par le baron Hager lui-même. Gomme je viens de le
dire un peu plus haut, en 1814 et en 1815 le ministre de la
Police faisait tous les jours son rapport à son souverain et
lui communiquait ainsi les renseignements qui lui étaient
parvenus pendant les dernières vingt-quatre heures. A mon
tour, je prie mes lecteurs de bien vouloir se mettre par la pen-
sée à la place du père de Marie- Louise et de me permettre
de faire passer sous leurs yeux les principales pièces que
j'ai extraites de ce volumineux dossier en respectant le plus
possible l'ordre chronologique et en les laissant dans les bor-
dereaux dans lesquels Hager lui-même les avait placées.
J'espère que la publication de ces documents pourra être
de quelque utilité à ceux qui s'occupent de l'histoire des deux
dernières années de l'Empire et plus particulièrement des
péripéties du Congrès de Vienne et qui me sauront peut-
être quelque gré d'avoir essayé de leur épargner de longues
et fastidieuses recherches. C'est encore dans ce but que je n'ai
pas reculé devant un autre travail aussi ingrat que pénible.
A côté des souverains alliés et des généraux qui s'étaient
illustrés au cours des dernières campagnes, des ministres
et des hommes d'Etat qui jouèrent un rôle considérable au
Congrès, on verra défiler dans ces différents documents des
personnages (j'allais presque dire des comparses et des figu-
rants) qui ont cependant eu, eux aussi, leur mot à dire, dont
l'action a été dans maintes circonstances d'une importance
plus grande qu'on ne serait porté à le croire, mais dont en
revanche l'histoire et parfois même les noms risquent d'être
fort peu connus. Ce sont ces différents personnages que je
me suis efforcé d'identifier de mon mieux, tout comme j'ai
essayé de fixer aussi exactement que possible les événements
XIV PRÉFACE
OU les incidents, les instruments diplomatiques ou les con-
férences dont il était question souvent en termes assez
vagues, tant dans les rapports des agents du baron Hager
que dans les pièces provenant du Cabinet Noir.
Je n'ose me flatter d'avoir réussi complètement dans cette
tâche hérissée de difficultés et que je n'aurais même pas tenté
d'entreprendre si je n'avais su pouvoir une fois de plus
compter sur la bienveillance et le concours des nombreux
amis qui ont si gracieusement répondu à mes incessantes
demandes de renseignements et qui ont si aimablement con-
senti à collaborer d'une façon aussi utile que généreuse au
travail que je présente aujourd'hui au public.
Quelque délicat, quelque douloureux qu'il soit aujourd'hui
de parler de ce qui touche à un pays qui n'a pas hésité à se
solidariser avec cette Allemagne qui porta il y a cinquante
ans un coup mortel à sa puissance, il me semble pourtant
impossible de me dispenser de rappeler ici l'accueil qui, au
cours de mes longues et nombreuses visites et presque jus-
qu'à la veille de la guerre, m'a toujours été fait dans les
différentes archives de Vienne (Archives du Ministère de Fln-
térieur, de la Guerre, de la Maison Impériale, de la Cour et
de l'Etat). Tous ceux qui, comme moi, ont travaillé dans les
Archives Royales d'Italie ont pu comme moi, bien avant la
conclusion de l'alliance qui unit désormais les deux sœurs
latines, apprécier l'empressement qu'on mettait partout à
faciliter nos recherches, à satisfaire notre curiosité. Après
tous les services qu'ils m'ont rendus avec tant d'obligeance,
c'est bien le moins que je profite de la publication de ce livre
pour remercier le comte G. Sforza de Turin, les Soprinten-
denti Casanova, passé aujourd'hui de Naples à Rome, son col-
lègue de Bologne G. Livi ainsi que le Directeur Umberto
Dallari, de Modène. Comment aurais-je pu passer sous si-
lence les nombreuses indications que je dois à la bienveil-
lance de Mgr Don Achille Ratti, le grand et aimable savant
placé à la tête de deux des plus belles bibliothèques du monde
la Valicana et VA?nbrosiana. A Milan, mon ami le profes-
seur Gallavresi, à Turin les professeurs Confessa et Lemmi ;
à Genève, MM. Edouard Chapuisat, député au Grand Conseil,
I
I PRÉFACE XV
et Karmin ; à L(Tw -^s, M. Hubert Hall, du Public Record
Office^ et M. G. L. de S' M. Watson se sont mis à ma dispo-
sition avec une bonne grâce dont je ne me suis pas fait faute
d'abuser. Je n'apprendrai rien de nouveau à personne en
remerciant cordialement ici MM. Charles Schmidt, Pierre
uaron et Bourgin, des Archives Nationales, Tausserat-Radel
des Archives du ministère des Affaires Etrangères, Bertrand
Artonne de la bibliothèque du même ministère, et M. Louis
iffol de la Bibliothèque Nationale. Tout le monde sait
on les trouve toujours prêts à aider les chercheurs et à
le. faire profiter de leur érudition. Au risque de le signaler
') d'autres travailleurs aussi indiscrets que moi. Son Excel-
lence M. Serge Goriaïnoff, l'illustre directeur des Archives
impériales de Saint-Pétersbourg, me permettra, lui aussi,
je' l'espère, de lui adresser l'expression sincère de ma pro-
fonde gratitude.
Je ne saurais enfin déposer la plume sans remercier le
comte de Villermont des notes biographiques qu'il a bien
voulu me faire parvenir sur certains de ses compatriotes,
sans demander une fois de plus pardon à mes chers et excel-
lents amis, le général G. Ferrari, l'ancien Chef de la Section
historique de l'Etat-Major Italien et Henri Prior, des appels^
par trop répétés que je n'ai pas craint de leur adresser et
auxquels ils n'ont cessé de répondre avec une incomparable
jbonne grâce.
Au moment de clore la longue liste de tous ceux qui ont
bien voulu m' assister de leurs conseils et de leur amitié,
ma pensée devait forcément se reporter vers la femme, aussi
supérieure par le cœur que par l'esprit, dont les précieuses
indications m'ont été si utiles et dont je n'oublierai jamais
la bienveillance et la bonté. Aussi est-ce avec une profonde
et réelle émotion que je trace ces lignes, seul moyen qui
me reste, hélas ! pour rendre un humble, mais bien sincère
hommage à la mémoire de Son Altesse la princesse Antoine
Radziw^ill, née Castellane, morte si tristement, au fond d'un
pays ennemi, loin de tout ce qu'elle aimait de toutes les
forces de son âme ardente et généreuse, les siens et la France.
Novembi^e 1916.
I ^
AVANT-PROPOS
QUELQUES MOTS SUR l'oRGANISATION
ET LE FONCTIONNEMENT DE LA POLICE SECRÈTE AUTRICHIENNE
A l'époque du CONGRÈS DE VIENNE
J'avais un moment espéré pouvoir épargner à mes lecteurs
l'ennui que présente forcément la lecture d'un pareil exposé
(quelque restreintes que soient les dimensions qu'on s'efforce
de lui donner) en conseillant à ceux d'entre eux qui auraient
désiré connaître plus à fond les origines, le développement
et les transformations successives de VOberste Polizei Hofs-
telle de consulter le grand ouvrage que le D' Kretschmayr,
l'aimable et savant directeur des Archives du Ministère
Impérial et Royal de l'Intérieur, est en train de publier sous
le titre de : Die Oesterreichische Central Verwaltung.
Malheureusement le travail est si considérable et si délicat
que, malgré toute Tactivité déployée par le Directeur et par
ses zélés collaborateurs, il se passera peut-être bien un temps.
relativement assez long avant l'apparition du volume dans
lequel ces Messieurs étudieront l'organisation et le fonction-
nement de la Police à l'époque qui nous intéresse. D'autre
part, la consultation d'un ouvrage de cette envergure n'est
jamais chose facile et n'aurait, en tout état de cause, pu être
réellement utile qu'à ceux qui, familiarisés avec la langue
allemande, n'auraient pas reculé devant la lecture d'une
œuvre aussi considérable.
Force m'a donc été de me résigner, d'abord à dire quelques
mots de la genèse de cette fameuse Oherste Polizei Hofs-
telle, puis à exposer le plus succinctement possible quels
étaient en 1814 la constitution et les moyens d'action de
T. 1. Il
XVIII AVANT-PROPOS
l'important service à la tête duquel le baron Hager se trou-
vait depuis sept ans.
Quelque remarquable, quelque complète que fût à cette
époque l'organisation de ces services, il importe avant tout
de remarquer qu'ils étaient encore de date assez récente.
Les luttes presque continuelles que la grande Impératrice
eut à soutenir et les graves événements qui se déroulèrent
au cours de son règne n'avaient en effet pas permis à Marie-
Thérèse de consacrer à la Police l'attention et les soins qu'en
des temps moins agités elle n'aurait assurément pas manqué
de lui donner.
Il n'en fut pas de même pour son successeur et la trans-
formation, ou pour mieux dire, la création des services de la
police, et surtout de la police politique, occupa, au contraire,
une assez large place dans le programme des réformes que
Joseph II introduisit dans son Empire. Frappé par les lacunes
et par les nombreux et sérieux inconvénients que présentait
le fonctionnement rudimentaire d'organes presque entiè-
rement indépendants les uns des autres, opérant chacun pour
son compte, sans règles fixes, souvent au gré des caprices
et des fantaisies des grands personnages placés momenta-
nément à la tête de l'administration des différentes provinces
de la Monarchie, l'Empereur résolut, en le centralisant entre
les mains d'un seul chef, de donner plus de cohésion à un
service aussi essentiel, de lui imprimer l'unité d'action et
de direction qui lui faisait défaut et sans laquelle il ne pou-
vait produire rien d'utile.
Dès les premiers mois de 1782, Joseph II avait en consé-
quence jeté les bases de cette organisation en appelant le
comte Pergen, à ce moment gouverneur de la Basse- Autriche,
un fonctionnaire vieilli sous le harnais, rompu aux affaires,
un homme d'Etat dans lequel il avait, à juste titre, placé
toute sa confiance, aux fonctions nouvellement créées à son
intention de Ministre d Etal pour les affaires intérieures.
Quatre ans plus tard, en 1786, l'Empereur faisait un pas
de plus dans cette voie et procédait à l'organisation, dans
les différentes capitales de la Monarchie, d'un Service secret
dont il réglait lui-même le fonctionnement dans des Instruc-
AVANT -PROPOS XIX
lions confidentielles adressées aux gouverneurs des provinces
et que Pergen avait rédigées sur son ordre (1).
Joseph II ne s'en tint du reste pas là et peu de jours seu-
lement avant sa mort (20 février 1790) il avait eu à cœur de
déterminer d'une façon plus nette et plus précise les attri-
butions du ministre, ainsi que la nature et l'étendue de ses
relations avec les dépositaires de l'autorité impériale dans les
différents pays de la Couronne.
Aussi, presque au lendemain de l'avènement de Léo-
pold II, Pergen, encore sous l'impression des volontés et des
désirs de Joseph II, peut-être aussi parce qu'il avait le pres-
sentiment des difficultés qu'il allait rencontrer, adressait-il
au nouveau souverain un rapport, en date du 2 mars 1790,
dans lequel il lui exposait le caractère que dans ces der-
nières années l'empereur défunt avait jugé à propos de
donner au département à la tête duquel il l'avait placé.
La brièveté de son règne empêcha seule Léopold 11 de
détruire l'œuvre que son frère venait d'entreprendre et avait
même à peine ébauchée. Heureusement pour Pergen et sur-
tout pour l'Autriche, l'Empereur François n'eut rien de plus
pressé que de réagir contre les mesures que son père avait
prises en mars 1791, mesures qui ne tendaient à rien moins
qu'à paralyser, qu'à annihiler même presque complètement
l'action du ministre, et qui avaient à tel point diminué ses pou-
voirs et ses attributions que celui-ci avait répondu à la publi-
cation du Rescrit de Léopold en lui envoyant sa démission.
La retraite de Pergen ne fut du reste que de courte durée.
Moins d'un an après son avènement, François II créait défi-
nitivement la Polizei Hofstelle et replaçait à sa tête, en qua-
lité de Président, le comte Pergen (2) auquel il conférait de
plus le titre (TOberster Polizei Minister.
Ce fut, dès lors, un vrai Ministère de la Police, quoique
1. Cf. Oeslerreichische liundschau, juillet 1911, t. XXVIII, 1" livraison.
[A. FouBNiER. Kaiser Joseph II und der Geheime Dienst (p. 31-37).] Repro-
duction in extenso de cette Instruction confidentielle que l'auteur de cet
intéressant article a tirée des dossiers des Allgemeine Polizei ylc<e/i (Archives
du ministère de l'Intérieur I. et R,)
2. Il sera peut-être intéressant de relever à ce propos qu'il n'y eut, de 1792
XX AVANT-PROrOS
d'abord avec un personnel 'singulièrement restreint (1) et
pendant un certain temps, avec des ressources bien maigres (2),
mais dont, grâce au zèle inlassable des hommes d'Etat
chargés de le diriger et aussi grâce à la pression, à la gra-
vité et à la multiplicité des événements, Timportance ne
cessa d'aller en croissant depuis 1793 jusqu'au moment où
se réunit à l'automne de 1814 le Congrès de Vienne.
J'aurais voulu pouvoir suivre d'un peu plus près le déve-
loppement des différents organes de ce Département ; mais
j'ai dû y renoncer parce qu'un pareil exposé m'aurait
entraîné par trop loin. J'ai cru plus sage de placer aux
Annexes et à titre de simples indications, quelques pièces
qui permettront à mes lecteurs de se faire une idée un peu
plus exacte de la façon dont s'est peu à peu constitué, élargi,
agrandi, modifié et transformé le service conçu et inauguré
par Joseph II (3). Je me bornerai donc à leur faire remarquer
ici en passant que, dès l'année 1800, on rattacha la Ceiisure
à la Polizei Hofstelle et qu'on établit à partir de ce moment
une entente et une collaboration des plus intimes et des plus
complètes avec le Cabinet Noir, dont on ne cessa d'étendre
le rayon d'action et de perfectionner le fonctionnement.
Grâce à l'activité toujours en éveil de Sumerawetde Hager,
à 1848, que quatre personnages qui remplirent ces importantes fonctions à
savoir :
Le comte Pergen de 1792 à 1803;
Le baron Sumeraw de 1803 à 1807 ;
Le baron Hager, vice-président de 1807 à 1812 et président de 1812 au mois
d'août 1816;
Et enfin le comte Sedlnitsky, vice-président de 1815 au 15 mai 1817 et pré-
sident depuis cette époque jusqu'à la suppression du ministère en 1848.
1. Au début vers 1790, Pergen n'eut en fait de collaborateurs directs que
le conseiller aulique von Béer, directeur supérieur de la police de Vienne et
les deux secrétaires auliques. Schilling et Mœhrenthal.
2. En 1793, comme du reste pendant plusieurs années encore, le budget
spécial de la police ne s'élevait qu'à la somme totale de 10.000 florins, somme
que la cassette de l'Empereur versait directement au ministre en quatre paye-
ments trimestriels.
3. Cf. Annexe l. Rapport du comte Pergen, du 18 février 1793. Annexe IL
Rapport de Sumeraw, du 12 mars 1804. Annexe III. Rapport du même, du
2 février 1806. Annexe IV. Décision impériale du 27 février 1806. Annexe V.
Rapport de Hager à l'Empereur du 5 août 1808 et décision impériale en ré-
ponse à ce rapport.
AVANT-PROPOS XXI
srâce à celte activité, constamment stimulée du reste par la
curiosité qui était le propre de l'Empereur François, l'orga-
nisation de la police secrète, de la politique autrichienne,
ne laissait presque plus rien à désirer au moment où les
Empereurs et les Rois, les ministres des Grandes Puissances,
les représentants des différents Etats et la plupart des
princes allemands se donnèrent rendez-vous à Vienne, les
uns pour procéder au remaniement de la carte de l'Europe,
les autres pour tâcher de faire valoir et accepter leurs droits
à des compensations ou à des indemnités.
On conçoit que, dans de si graves conjonctures, le Gouver-
nement autrichien ait éprouvé plus que jamais le besoin de
savoir exactement, presque heure par heure, ce que faisaient,
ce que disaient, ce qu'écrivaient tous ces personnages, tous ces
hommes d'Etat réunis dans la capitale. 11 avait le plus grand
intérêt à connaître non seulement la teneur des instructions et
des dépêches qu'ils recevaient de leurs Cours, mais encore leur
état d'esprit, leurs conversations privées, les confidences et
les opinions contenues dans leur correspondance particulière.
Heureusement pour Metternich, le Cabinet Noir de Vienne
rivalisait avec celui qui avait rendu tant de services à Napo-
léon. Ce Cabinet Noir était du reste puissamment aidé par
les Loges (1) annexes et succursales du Cabinet Noir établies
à Linz, Salzburg, Trieste, Prague, Graz et Brûnn, et l'habi-
leté professionnelle des fonctionnaires chargés de ce qu'on
était convenu d'appeler la Manipulation était à la hauteur
de leur zèle et de leur patriotisme.
Le service du Cabinet du Chiffre ne chôma en effet pas,
pendant les longs mois que dura le Congrès. Un coup d'œil
jeté sur n'importe lequel des bordereaux présentés ou en-
voyés tous les jours à l'Empereur par Hager donnera une
idée du nombre considérable de pièces ouvertes, déchiffrées,
traduites, toujours analysées, et la plupart du temps copiées,
même, par le personnel de choix entre les mains duquel pas-
saient non seulement les lettres et les dépêches confiées à la
1. Cabinets noirs établis sur certains points en province. Cf. Annexes II et
III. Rapport de Sumeraw, du 12 mars 1804 et du 2 février 1806.
XXlî AVANT-PROPOS
poste, mais toutes les correspondances arrivant ou partant
par d'autres voies, réputées plus sûres et qu'on parvenait
cependant à intercepter. Le service était si bien monté que
le Cabinet Noir put maintes fois prendre connaissance et
copie de lettres qu'expédiaient ou que recevaient les membres
mêmes de la famille impériale, les rois et les princes pré-
sents à Vienne, les représentants des puissances au Con-
grès, et les nombreux personnages dont on surveillait les
faits et gestes (1). La correspondance même de Gentz avec
Karadja, l'hospodar de Valachie, correspondance que Met-
ternich n'avait pas seulement autorisée, mais qui se faisait
par son ordre, n'échappait pas à cette surveillance générale.
On travaillait jour et nuit sans trêve ni répit au Cabinet
du Chiffre et cependant, loin de se ralentir, le zèle désinté-
ressé (2) des employés et des fonctionnaires était si grand
qu'afîn de prévenir le retour de réclamations désagréables
et gênantes provoquées par certaines négligences ou mala-
dresses, conséquences inévitables d'un tel surcroît de be-
sogne, on avait été en haut lieu amené à envisager la pos-
sibilité de la saisie définitive des papiers interceptés (3).
1. Correspondance de Marie-Louise, de l'Impératrice d'Autriche elle-même
de l'archiduc Charles, des rois do Prusse, de Bavière et de Wurtemberg, des
grandes-duchesses Marie et Catherine, du prince Eugène, de la reine Hor-
tense, d'Elisa Bacciochi, de la reine de Naples, Caroline Murât, du prince
Jérôme et de sa femme, l'ex-reine Catherine, de Castlereagh, de Nesselrode,
de Talleyrand, de Dalberg, d'Hardenberg, de Humboldt, de Lieven, du prince
Antoine Radziwill et de sa femme, la princesse Louise de Prusse, de M"' de
Talleyrand, de Czartoryski, de Noailles, de la Tour du Pin, de Stackelberg,
de Miinster, de Gagern, de Clancarty, de Stewart, de Wellington, d'Anstett,
de Stein, du roi Louis XVIII, de Joseph de Maistre, de Montgelas, de M""" de
Montesquieu, du prince d'Orange, du duc d'Orléans, des princes de Bavière,
de Prusse, de Wurtemberg, des grands-ducs de Bade, de Hesse-Darmstadt,
de Saxe-Weimar, du roi de Saxe et de son frère le prince Antoine, de la
princesse de la Tour et Taxis, etc..
2. Pour s'en convaincre, il suffit de voir à l'article 80 (cf. annexe VIII) des
dépenses secrètes de police pour l'année 1815 qu'à la lin du Congrès on alloua
au « personnel du Cabinet du Chiffre » (rémunération autorisée) une somme
de 2.000 florins (A. M. J. Wiener Kongress, Polizei Hofstelle 1815, XX,
ad. 126).
3. Ce fut, comme on le verra au cours de ce travail, à l'occasion de la sai-
sie de deux pièces adressées au prince Eugène, apportées de Paris par un
courrier anglais, interceptées chez lord Castlereagh, mais envoyées ensuite
AVANT-PROPOS XXIII
Si précieuses que fussent les informations que le dépouil-
lement des correspondances fournissait journellement au
Gouvernement autrichien, il lui était cependant impossible
de s'en contenter. Il avait un intérêt majeur à être au cou-
rant, de la façon la plus exacte et à la fois la plus rapide,
des moindres incidents et des menus faits journaliers de la
vie que menaient à Vienne tous ces hôtes illustres que le
Congrès y avait rassemblés, et surtout des opinions qu'ils
émettaient, des critiques qu'ils se permettaient, des juge-
ments qu'ils portaient dans l'intimité sur les hommes et sur
les choses, des confidences qu'ils faisaient à leurs collabora-
teurs, des instructions, des ordres qu'ils donnaient lorsqu'ils
se croyaient à l'abri de toute indiscrétion.
Hager n'avait du reste pas été pris au dépourvu. Il avait
tout prévu et, à côté des agents ordinaires et subalternes (1)
dont se servent les polices de tous les pays et qu'il n'eut pas
grand'peine à faire entrer à des titres divers au service des
personnages fraîchement arrivés dans la capitale de l'Em-
pire, il avait la bonne fortune de disposer de personnes re-
crutées dans les plus hautes classes de la société. Les unes,
les auxiliaires, percevaient de ce chef des rémunérations en
général peu élevées ou même de simples indemnités, tan-
à leur destinataire que le baron Hager demanda le 6 février 1815 (F. 2. 497. 917
ad. 2) si, dans certains cas, graves et intéressants, on ne pourrait pas l'auto-
riser à arrêter et à garder ces documents.
Le 23 février, l'Empereur, tout en se rendant aux raisons invoquées par
Hager, lui faisait connaître qu' « il ne permettait la saisie des originaux
que dans des cas exceptionnellement graves et qu'après avoir pris, au préa-
lable, l'avis du ministre des Affaires étrangères ».
1. Dès le 27 septembre, Hager s'était adressé au prince Trauttmansdorff
grand-maître des Cérémonies (cf. F. 1 3728 ad. 3565) pour le prier de faire
donner au personnel de service dans les appartements des souverains et de
leur suite à la i3ur(jr l'ordre de « fournir des renseignements sur ce que font
ces personnages, chose d'autant plus nécessaire que, par exemple, l'Empe-
reur de Russie a déjà refusé tout service d'honneur ».
Le 24 septembre (F. l. 3636 ad. 3565), Hager avait adressé à l'agent qu'il
chargeait de le renseigner sur tout ce qui se passera, se fera et se dira dans
les hautes sphères et dans le monde diplomatique des instructions que nous
avons eu soin de reproduire et qu'on trouvera plus loin, jointes à l'envoi fait
par Hager dans son bordereau du 25 septembre.
XXIV AVANT-PROPOS
dis que d'autres, les volontaires (1), croyaient faire œuvre de
patriotisme en fournissant, à titre purement gracieux, de cu-
rieux et souvent même d'importants renseignements sur les
personnages qu'ils avaient reçus chez eux ou chez lesquels
ils fréquentaient.
La machine était si bien montée, ses différents organes si
bien mis au point que, sans le moindre accroc, sans l'ombre
d'un à-ooup, la Polizei Hofstelle put répondre à toutes les
exigences, faire face à tous les besoins et fournir pendant plus
d'un an une somme énorme de travail dont les documents
que nous avons extraits des dossiers du ministère I. et R.
de l'Intérieur ne représentent qu'une bien faible partie et
ne donnent qu'une idée forcément incomplète.
1. Un assez grand nombre de personnes offrirent et prêtèrent gratuitement
leur concours à la Polizei Hofstelle, puisque les dépenses totales de ces ser-
vices spéciaux au cours des années 1814 et 1815, dont les budgets ont été les
plus chargés de tous, ne se sont élevées, en 1814, qu'au chiffre de 54.136 flo-
rins contre 52.849 pour l'exercice de 1813 et qu'en 1815 ces mêmes dépenses
n'arrivèrent qu'à un total de 57.639 florins 19 kreuzer (Cf. pour plus de détail,
Annexes VI, VII et VIII).
LES DESSOUS DU CONGRÈS DE VIENNE
BORDEREAUX, RAPPORTS ET DOCUMENTS DE
LA POLICE SECRÈTE AUTRICHIENNE
CHAPITRE PREMIER
Les préliminaires et les ajournements du Congrès
(l" Juin — le^INovEMBRE 1814)
Vienne, l" juin 1814.
1. Berlin, 29 mai 1814 (F. 1. ad 3565).
COMTE DE GOLTZ (1) à PIQUOT (2) à Vienne
{intercepta en français).
Considérations et hypothèses sur le sort de la Prusse et de l'Europe basées
sur les différentes nouvelles qu'il a reçues. Le Royaume de Pologne et la
Russie. Les acquisitions de la Prusse en Allemagne. La Saxe. L'état d'es-
prit de l'armée française et Napoléon. La Norvège et le Danemark.
Les suppositions qu'on a, k Vienne, sur les divers pays, dont
le sort va être réglé à la paix prochaine, s'accordent en partie
avec d'autres avis qui paraissent venir d'assez bonnes sources.
II y a apparence, ainsi qu'on le croit effectivement, à la con-
servation d'un Royaume de Pologne, plus ou moins limité,
1. Goltz (Gharles-Henri-Frédéric, comte de) (1772-1822). Entré tout jeune
dans le régiment de son oncle (hussards de Bliicher) se distingua en 1792 pen-
dant la campagne du Rhin, qui lui valut la croix de l'Ordre pour le Mérite.
Entré dans la diplomatie en 1802 et envoyé à Munich, il rentra dans l'armée
en 1813, servit à l'Etat-Major de Bliicher et fut promu général-major. Lors
de la paix de Paris il quitta l'armée, avec le grade de général-lieutenant,
pour devenir le représentant de la Prusse auprès de Louis XVIII qu'il accom-
pagna à Gand.
2. Piquot, conseiller de légation de Prusse à Vienne et chargé d'affaires en
l'absence de Humboldt.
T. L t
2 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
dont l'Empereur de Russie, ou l'un de ses frères sera déclaré
souverain. Mais il n'est pas à croire qu'il puisse être question
de cessions de quelque importance à faire à ce royaume par
l'Autriche et la Prusse, dont la dernière en particulier sem-
blerait, au contraire, devoir s'attendre au recouvrement au
moins de la partie du territoire polonais qui lie le Royaume
de Prusse à la Silésie. Notre acquisition de Mayence, Cologne
et Trêves, ainsi que de Juliers et de Bergue (sic) et celle
d'une partie de la Lusace paraît vraisemblable. Quant au reste
de la Saxe, il paraît bien qu'il retombera pour le présent à la
maison royale, sauf peut-être quelques modifications de limites.
Pourtant il faut en général surseoir encore pour pouvoir ju-
ger avec certitude des changements territoriaux qui se tra-
ment.
En France, il y a lieu de se préoccuper sérieusement de
l'état d'esprit des troupes qui y reviennent, des soldats prison-
niers qui y rentrent, tous dévoués et attachés à Napoléon.
Il n'y a pas de nouvelles récentes de Norvège, mais on con-
tinue à se flatter que depuis les déclarations positives de l'An-
gleterre et l'envoi des commissaires des souverains alliés (1)
en général, la nation cédera.
Un avis, dont on ne saurait cependant garantir l'authenti-
cité, porte qu'après l'évacuation entière de Hambourg le corps
d'armée du général Bennigsen (2) resterait provisoirement
dans les Duchés (3).
1. Les Quatre envoyèrent des commissaires à Copenhague pour y assurer
l'exécution de la cession de la Norvège et la Suède, cession acceptée par le
roi Frédéric VI, mais à laquelle s'opposait le prince Christian.
2. Bennigsen (Léon-Auguste-Théophile comte de) (1745-1826) né à Bruns-
wick, passé en 1773 du service du Hanovre à celui de la Russie, se distingua
dans les campagnes contre la Pologne et la Perse, prit une part active à la
conspiration contre Paul 1", se couvrit de gloire à Pultusk (28 décembre
1806) et commanda en chef l'armée russe à Eylau (7-8 février 1807). Retiré
dans ses terres en Lithuanie, il reprit du service en 1812, commanda le cen-
tre russe à la Moskowa, battit le 18 octobre Murât à Taroutino, mais quitta
peu après l'armée à la suite d'un désaccord avec Koutouzoff. Devenu à la
mort de ce dernier commandant en chef de l'armée de réserve, il opéra
d'abord contre Dresde, prit part à la bataille de Leipzig et fut chargé ensuite
du siège de Hambourg. Appelé en 1815 au commandement de l'armée du
Midi en Bessarabie qu'il conserva jusqu'en 1818, atteint d'une cécité presque
complète par suite d'une chute de cheval, il se retira dans ses terres du Ha-
novre qu'il ne quitta plus jusqu'à sa mort.
3. Je ne peux malheureusement pas me conformer dès les premières pages
de ce travail à la règle que j'ai cru devoir m'imposer. Au lieu de présenter,
comme je ne manquerai pas de le faire par la suite chaque pièce à la date
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 3
Vienne, 3 juin 1814.
2. Vienne, 2 juin 1814 (F. 1. 3565).
GENTZ au PRINCE DE VALAGHIE (1) (Analyse).
On n'aura pas le traité avant quelques jours et il ajoute :
« On ne regrette pas Napoléon en France où on fait bien
peu de cas de ce qui le remplace. »
Vienne, 6 juin 1814.
3. Vienne, 5 juin 1814 (F. 1. ad 3565).
L'IMPÉRATRICE au PALATIN (2) {intercepta).
itinéraire et retour de l'Empereur d'Autriche.
même du jour où le baron Ilager la transmit ou la soumit à son Souverain, je
me vois à mon grand regret contraint à présenter un certain nombre de do-
cuments, une centaine environ, dans l'ordre strictement chronologique, à la
date même que portent ces différentes pièces, telles qu'elles se trouvent pla-
cées sans indications plus précises dans les dossiers du Congrès. Je regrette
d'autant plus d'avoir dû me résigner à procéder de la sorte qu'il s'agit presque
exclusivement de pièces interceptées, venant pour la plupart de l'étranger et
qu'il aurait été par conséquent d'autant plus intéressant de connaître et de
pouvoir indiquer la date exacte à laquelle elles parvinrent entre les mains
de l'Empereur d'Autriche qui, comme on le sait, ne rentra à Vienne que le
16 juin 1814.
Gomme je l'ai déjà fait lors de la publication en juin et en juillet 1913 dans
la Revue de Paris d'une étude consacrée au rôle joué pendant le Congrès de
Vienne parla princesse Bagration et la duchesse de Sagan, je tiens à prévenir
mes lecteurs qu'ils trouveront un certain nombre des pièces que je ferai pas-
ser sous leurs yeux dans le livre Die Geheinipolizei auf dem Wiener Kon-
gress qu'a fait paraître, l'an dernier, le Hofrat A. Fournier, ancien directeur
des Archives du Ministèi-e I et R de l'Intérieur.
1. Cette dépêche dont je ne reproduis ici que les phases relatives aux Bour-
bons et à Napoléon ne figure ni dans les Dépèches inédiles du Chevalier de
Gentz aux hospodars de VaZac/ite... publiées par le Comte Prokesch-Osten ni
dans Oeslerreich's Theilnahme an den Befreiungs Kriegen... nach Aufzei-
chnnngen von Friedrich von Gentz publiées par le prince Richard de Met-
TBRNicH et remises en ordre par le baron A. von Kli.nkowstroem.
Karadja (prince de Valachie de 1812 à 1819). Partisan de la Sainte-Alliance.
La peste, des impôts successifs et les dévastations des Turcs ruinèrent le
pays. Il s'enfuit pour sauver sa personne et ses biens à la veille d'une prise
d'armes de VHétairie dans laquelle il s'était compromis (1820-1821) et alla
mourir en Italie.
2. L'archiduc Joseph, palatin de Hongrie, frère de l'Empereur François
1(1776-1847), veuf depuis le 16 mars 1801 de la grande-duchesse Alexaudra-
Pavlovna, sœur de l'Empereur Alexandre.
AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Je VOUS annonce par estafette que l'Empereur sera le 11 à
Weinzierl (1), y restera le 12, viendra le 13 à Schônbrunn et
fera sa rentrée à Vienne le 14. Je vais le 10 à Weinzierl, Ve-
nez donc le 9, si vous voulez me voir avant.
Vienne, 8 juin 1314.
4. Vienne, 7 juin 1814 (F. 1. ad 3565).
GENTZ au PRINCE DE VALAGHIE (2) {intercepta en français)
{Analyse).
Départ des souverains de Paris. Gentz recevra le lendemain
le traité de paix dont il lui parlera incessamment. Bases de
ce traité ; Réduction de la France à ses limites du 1" janvier
1792. Restitution de tous les objets d'art qui ont été pris.
« Cette paix, avec ces conditions, ne contribuera pas à rendre
le roi populaire en France et il aura bien de la peine à s'y J
maintenir une fois abandonné à ses propres forces et à ses pro-
pres Conseils.
« Metternich sera ici à la fin de juin. »
Intimité et accord entre les cours de Londres et de Vienne, j
Vienne, 10 juin 1814.
5. Berlin, 4 juin 1814 (F. 1. ad 3565).
MINISTÈRE PRUSSIEN à PIQUOT à Vienne {intercepta).
La question de Naples. Marie-Louise. Le prince Christian et la Norvège.
On voudrait savoir ce qu'on pense à Vienne au sujet des
arrangements conclus par Murât, d'une part avec l'Autriche,
de l'autre avec l'Angleterre.
1. Weinzierl am Walde, à 20 kilomètres environ à l'ouest de Krems.
Krems à 70 kilomètres de Vienne.
2. Bien que cette dépêche de Gentz à Karadja ait été publiée in extenso^
par Klinkowstrcem dans Oesterreich's Theilnahme, p. 353-360, j'ai cru de
voir reproduire ici cette analyse parce qu'elle n'est pas absolument semi
blable à la rédaction donnée par Klinko^Ystrœm,
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 5
Est-il vrai que Marie-Louise a annoncé qu'elle quitterait
Vienne à l'arrivée des souverains ? On ignore ici Teffet produit
sur le prince Christian et les Etats de Norvège par la déclara-
tion des souverains (1).
Vienne, 16 juin 1814.
6. Vienne, 15 juin 1814 (F. 1. ad 3565;.
PIQUOT au MLNISTÈRE PRUSSIEiN {intercepta en français)
(Analyse).
Réponse aux questions posées par le Ministère dans la pièce n" 5 relativement
à Murât, à la Saxe et à la Pologne.
Rien de précis sur Murât, sauf l'agitation de Pescara, son
agent à Vienne. On croit en général que Naples restera à Mu-
rat, mais ne passera pas à ses héritiers qui céderaient le royaume
à la dynastie légitime et obtiendraient d'autres compensa-
Lions.
Difficultés que présente la solution des questions de Pologne
ut de Saxe. On croit qu'Alexandre voudrait profiter du mo-
ment pour satisfaire son beau-frère le duc de Weimar, tandis
que l'Autriche désire bien sincèrement la conservation de la
Saxe dans son intégrité et le maintien du Roi sur son trône.
7. Berlin, 7 juin 1814 (F. 1. ad 3565).
MINItîTÈRE PRUSSIEN à V\Q\]QT {intercepta en français)
(Analyse).
Malgré le zèle des commissaires et la lettre du Roi du Dane-
mark au prince Christian, on craint pourtant que la Norvège
n'essaye de résister.
1. Il s'agit probablement ici de l'article additionnel secret qui fait suite au
traité de paix entre la France et la Suède conclu à Paris le 30 mai et aux
obligations et engagements résultant du traité de paix définitif signé le même
jour par toutes les puissances représentées à Paris.
AUTOUR DU COiNGRÈS DE VIENNE
8. Vienne, 24 juin 1814 (F. 1. 3565 {!)).
GENTZ au PRINCE DE VALAGHIE (m/erce/><a en français)
(Analyse).
L'armée russe en Pologne. L'Autriche, la Bavière et la Prusse. Les remanie-
ments territoriaux. Mayence. La Constitution de l'Allemagne. Murât et
Naples. Les Pays-Bas. Rôle probable de la Russie et de l'Angleterre au
Congrès.
Données sur l'armée que la Rus.sie va organiser dans le Du-
ché de Varsovie et qui sera portée à 50.000 hommes.
Il s'occupe ensuite de l'arrangement provisoire (conclu entre
les Ministres, avant leur départ de Paris) entre l'Autriche, la
Prusse et la Bavière, relativement à l'occupation de Mayence,
à la cession à la Bavière du grand-duché de Wûrzburg et
d'une partie de celui de Francfort et à la restitution des terri-
toires qui doivent faire retour à l'Autriche. On est de plus
convenu de céder à la Bavière le Palatinat du Rhin et le duché
de Deux-Ponts.
« Pendant qu*on traitait à Paris et que, d'accord avec l'Au-
triche, les troupes bavaroises se disposaient à occuper Mayence,
on apprit que la Prusse s'y opposait et en attendant la solu-
tion on a décidé que la place sera occupée par les Autrichiens
et les Prussiens. La Prusse ne pardonne pas à la Bavière la
cession qu'elle a été forcée de lui faire en 1806 des principau-
tés d'Anspach et de Bareuth. »
Difficultés que présente pour l'Allemagne le rétablissement
d'une Constitution fédérative et d'un Empire Germanique. Il
croit que « le lien fédératif, tel qu'il est prévu par le traité de
Paris, subsistera tout au plus dans un sens diplomatique, c'esi-
à-dire que les différents Etats ne seront liés entre eux que par
des traités relatifs à la défense commune ou à des objets d'in-
térêt commun ».
« Les affaires d'Italie ont pris une si bonne tournure qu'elles
n'occuperont pas beaucoup le Congrès », à l'exception de la
1. Bien que cette dépêche de Gentz ait été reproduite en partie en français
par Prokesch-Osten {Dépêches inédites du Chevalier de Gentz, p. 78 et 84) et
par Klinkowstrcem « in extenso » en allema.nd , da.ns Oesterreich' s-Theilnahme,
pages 384-399 et 428-434, j'ai pourtant cru intéressant d'en donner l'analyse
faite par le Cabinet noir lorsqu'il ouvrit et manipula cette pièce.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 7
((uestion de Naples, où il croit « qu'à moins de troubles inté-
rieurs, Murât restera sur le trône, malgré les projets hostiles
(les Bourbons de France et d'Espagne ».
Données sur la solution probable de la question des Pays-
Bas et sur leurs frontières.
« Si le Gouvernement anglais fait choix d'un négociateur
habile, il peut jouer un beau rôle au Congrès, et même la France,
(|uoique censée n'y être admise que par simple étiquette, peut,
en agissant avec discrétion et prudence, y exercer une espèce
de médiation et relever par là son influence politique, absolu-
ment anéantie par ses derniers malheurs. »
9. Copenhague, 18 juin 1814 (F. 1. ad S565).
KOSENGRANZ (1) à BERNSTORFF (2) {intercepta en français).
Hoaues dispositions de l'Autriche et de l'Angleterre, peut-être même de la
Russie en faveur du Danemark.
Je crois de mon devoir de rassurer Votre Excellence à Tégard
(le notre situation qui, toute critique qu'elle est, nous offre
encore la possibilité de sortir d'affaire.
J'ai lieu d'être convaincu que les cabinets de Vienne et de
Londres ne demandent pas mieux que de nous voir sortir d'em-
barras de la meilleure manière possible pourvu qu'ils puissent
eux-mêmes sortir des leurs.
Je puis dire à Votre Excellence que le langage de M. le Gé-
néral de Steigentesch (3) me donne la même conviction. Si je
1. Rosencranz (baron), ministre d'Etat et des AfYaires étrangères du Roi de
Danemark. Cf. Annexe IX.
2. Bernstorlî (Christian, comte de) (1769-1835) ambassadeur du Danemark à
Berlin et à Stockholm, ministre des Affaires étrangères en 1797, démission-
naire en 1810, ambassadeur à Paris en 1811, représentant du Danemark au
Congrès de Vienne, passé en 1818 au service du Roi de Prusse qui le nomma
ministre des Affaires étrangères et qu'il représenta aux divers Congrès de la
Sainte Alliance à Aix-la-Chapelle, Karlsbad, Troppau, Laibach et Vérone. Il
prit sa retraite en 1831 et mourut à Berlin en 1835.
3. Steigentesch (Auguste, baron de) (1774-1826), général autrichien envoyé
en 1814 en qualité de commissaire en Norvège, ministre d'Autriche à Copen-
hague en 1815. Chargé plus tard d'une mission à Saint-Pétersbourg, il n'oc-
cupa que pendant pou de temps le poste de ministre d'Autriche à Turin. Stei-
gentesch avait acquis en outre une assez grande notoriété comme auteur
dramatique.
8 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
juge les quelques propos de celui-ci, sa cour et celle de Lon-
dres inclinent à former un système auquel le Danemark appar-
tiendrait. Ces deux puissances voudraient par conséquent rele-
ver la monarchie danoise le plus tôt possible. Je me serai fort
trompé, ou la Russie regarde aussi la conservation de la mo-
narchie comme essentielle à son système.
Je ne m'attends pas cependant à ce que de ces combinai-
sons d'intérêt il résultât pour le roi une extension de terri-
toire, à quoi trop d'intérêts, et surtout celui de la Prusse,
s'opposent. Mais, comme il nous importe par-dessus tout, à ce
qu'il me semble, de reprendre notre considération parmi les
puissances de l'Europe, «ya/?/ que de nouvelles secousses vien-
nent à faire éprouver à l'Europe de nouveaux désastres, tous
nos efforts devront tendre vers ce but...
Vienne, 26 juin 1814
10. Vienne, 25 juin 1814. (F. 1. 3365).
HEGARDT(l) au MINISTÈRE (à Stockholm)
{intercepta en français).
Le projet de reconstitution du royaume de Pologne. Causes du mécontente-
ment de la noblesse russe, augmenté par la crainte de l'abolition du ser-
vage. Causes du mécontentement qui se manifeste en Autriche et en Alle-
magne à l'égard d'Alexandre. La Saxe.
Il doit être décidé que la Pologne formera un royaume uni
à l'Empire Russe, projet dont les Russes semblaient être fort
peu contents. Ils ne conçoivent pas pourquoi leur Empereur,
par ce simulacre d'un Royaume de Pologne, voudrait rappe-
ler aux Polonais qu'ils avaient une patrie indépendante, et ils
pensent que, le nom existant, la chose pourra venir avec le
temps et à l'occasion. J'ai vu que les seigneurs russes appré-
hendent que l'Empereur ne nourrisse le dessein d'abolir la ser-
vitude de leurs paysans et d'établir une constitution plus libre en
Russie. L'Empereur, malgré la reconnaissance que les Alle-
mands lui doivent et lui portent encore, a cependant perdu dans
leur opinion depuis la grande catastrophe en France.
1. Hegardt, conseiller de Légation de Suède, était à ce moment chargé d'af-
faires et remplit ces fonctions jusqu'à l'arrivée de Lœwenhielm.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNE.VIENTS DU CONGRÈS 9
En Autriche au moins, on est assez mécontent de ce qu'il
n'a pas voulu agir en dictateur à Paris, qu'il permet aux Fran-
çais une constitution libérale, et en général qu'il n'ait pas exigé
à la paix des conditions plus dures, surtout des contributions à
[)ayer à ses alliés. Au reste, on aperçoit déjà en Allemagne
moins d'enthousiasme pour les Cosaques et des symptômes
de la peur de l'influence des Russes. Leur conduite en Saxe (1),
leur projet supposé d'en détrôner le souverain légitime et de
démembrer le pays ont excité des murmures et des plaintes,
parmi les Allemands et particulièrement les Saxons.
Vienne, 27 juin 1814.
11. Vienne, 26 juin 1814 (F. 1. ad 3565).
BARON BRAUN (Ministre de Hesse-Darmstadt) à son MINISTÈRE
(intercepta en français) (Analyse).
Dépêche ayant trait d'abord aux affaires des Pays-Bas, puis
à l'attitude qu'il serait désirable de voir l'Angleterre et l'Au-
triche prendre au Congrès, et ensuite à Marie-Louise.
« La duchesse de Parme va partir pour visiter un bain en
Savoie. L'Empereur insiste pour que le prince reste ici. — On
trouve ici à la duchesse trop de fierté, de l'humeur même.
Elle ne pourra pas oublier le trône de France. Elle a conservé
de l'affection pour Napoléon et elle a passé en dernier lieu une
heure sur un banc que l'Empereur Napoléon avait occupé en
1809. »
Vienne, 29 juin 1814.
12. Vienne, 28 juin 1814 (F. 1. ad 3565).
GENTZ au PRINCE DE VALACHIE (2) (en français) (Analyse).
Sur le séjour des souverains à Londres, et l'accueil qu'ils
ont reçu. On s'y est, malgré les fêtes, sérieusement occupé
1, La Saxe était occupée par les Russes et gouvernée par le prince Repnine.
2. Cette dépêche n'a été publiée ni par Prokesch Osten ni par Klinkows-
trom.
10 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
des affaires et il y a eu des conférences journalières entre les
ministres d'Angleterre, d'Autriche, de Russie et de Prusse.
I/envoi de Castlereagh à Vienne a été décidé à ce moment.
« Gela prouve entre autres combien le cabinet de Londres est
bien intentionné pour celui de Vienne, car il est sûr que c'est
le prince deMetternich qui a déterminé le Prince Régent à cette
démarche. »
Vienne, 2 juillet 1814.
13. Vienne, 1" juillet 1814 (F. 1. 3613, ad 3565).
HAGER à SIBER (1)
Instructions spéciales et ordre de recruter de nouveaux agents chargés
de remplir des missions spéciales pendant le séjour des souverains à Vienne.
L'arrivée imminente (2) des souverains étrangers nous impose
l'obligation de prendre des dispositions spéciales, des mesures
de surveillance renforcées et telles qu'on soit en état de con-
naître journellement et dans tous leurs détails ce qui a trait
à leurs augustes personnes, à leur entourage immédiat, à tous
les individus qui chercheront à les approcher, ainsi que les plans,
projets, entreprises qui se rattacheront à la présence de ces
hôtes illustres. Je vous invite donc dès aujourd'hui, non seule-
ment à donner à cet effet des instructions aux meilleurs des
agents et des confidents dont vous disposez déjà actuellement,
mais encore à chercher à vous attacher de nouveaux collabo-
rateurs pris parmi les commerçants, les notables, même parmi
les nobles et les officiers qui vous sembleraient aptes ou dis-
posés à vous fournir à vous-même ou à me fournir à moi, sur
l'heure même, des rapports écrits ou verbaux sur tout ce
qu^ils seraient en position d'apprendre ou de savoir.
1. Conseiller aulique et Ober Polizei Direktor (directeur supérieur de la
police de Vienne).
2. Hager ne pouvait, à ce moment, prévoir la remise du Congrès.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS H
Vienne, 1»' juillet 1814.
14. HAGEH à LA ROZE (1). (F. 1. 3618, ad 3565).
Même sujet et Instructions spéciales relatives aux Juifs.
Même teneur qu'à Siber pour ce qui est des considérations
générales.
Hager ajoute : « En raison de l'influence que vous avez sur
les principales maisons juives, il doit vous être facile de trou-
ver parmi les chefs de ces maisons ou parmi les plus intelli-
gents de leurs fils des individus capables de se procurer des
renseignements intéressant la police politique.
Me fournir une liste de noms (2).
15. Vienne, 1" juillet 1815 (F. 1. ad 3565).
HAGER à VON LEURS
Même sujet, avec quelques variantes en raison de sa situation personnelle
assez considérable.
J'ai l'honneur de vous prier non seulement d'apporter tous vos
soins à tirer le plus grand parti possible de vos relations et
de vos moyens d'information, de façon à me fournir tous les
jours une ample moisson de nouvelles dont je ne manque-
rai pas de vous indemniser en tenant compte du surcroît de
dépenses qui en résultera pour vous, mais encore de vouloir
bien m'indiquer les noms des personnes qui vous paraissent
susceptibles d'être employées dans les circonstances présentes
et pendant la durée du Congrès et qu'on pourrait amener à
s'entendre à ce propos avec moi.
1. Conseiller de gouvernement à la Direction de la Police et chef du bureau
des Juifs.
2. La réponse de la Rozc ne figure pas dans les dossiers.
12 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Vienne, 3 juillet 1814.
Retour prochain de Metternich. Causes du mécontentement d'Alexandre.
Tension entre la Russie et la Turquie. Pologne et Saxe. La réponse de
l'empereur d'Autriche au roi de Saxe.
Metternich est attendu le 6 ou le 8, les souverains étran-
gers, huit jours plus tard.
L'Empereur Alexandre est peu content de l'Angleterre où
son amour-propre a été blessé de ce que le public a fait plus
attention à Bliicher et à Platoff qu'à lui. Il a, ainsi qu'on l'avait
prévu, accueilli et cajolé de préférence les membres les plus
marquants de TOpposition.
Hudelist (1) m'assure qu'on a ici les preuves les moins équi-
voques que le chargé d'affaires de Suède à Gonstantinople
travaille à exciter les Turcs contre la Russie et qu'il est allé
jusqu'à faire entrevoir à la Porte la possibilité de trouver en
cas de rupture un appui et un allié dans la Suède.
Hudelist voit un sujet d'alarme encore plus grand dans ce
qui se passe en Pologne où l'espoir de la fondation d'un nou-
veau royaume met toutes les têtes en ébullition.
Un aide de camp du roi de Saxe envoyé ici pour complimen-
ter l'Empereur et lui recommander les intérêts de son maître
n'a obtenu de Sa Majesté que l'assurance peu consolante que:
Jusquici, il n'a été pris aucune résolution définitive rela-
tive à la Saxe.
1. Hudelist (Joseph von) né en 1759, seci'étaire d'ambassade/à Naples de
1791 à 1795, puis de 1798 à 1801 à Berlin. Conseiller d'ambassade et envoyé à
Pétersbourg où il fit preuve de tant de tact et d'habileté que Cobenzl le
nomma dès 1803 conseiller aulique à la Chancellerie d'Etat, il remplit les
fonctions de notaire impérial lors du mariage de l'Empereur François avec
Marie-Louise d'Esté en 1808, et lors du mariage de Marie-Louise avec Napo-
léon, en 1810. Nommé conseiller d'Etat par Metternich en 1813, il fit l'inté-
rim pendant son voyage à Paris et à Londres et prit une part des plus actives
au Congrès de Vienne, signa en 1815 le protocole avec le roi de Hollande,
prit la direction de la Chancellerie le 3 juillet 1818 pendant l'absence de
Metternich et mourut le 21 octobre 1818 des suites d'une attaque d'apoplexie
qui le frappa au cours d'une conférence avec le ministre de Sardaigne et le
directeur des Postes.
<l
16. Vienne, 2 juillet 1814 (F. 1. ad 3565).
BERNSTORFF au MINISTÈRE DANOIS {intercepta en français). !|
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 13
17, Vienne, 2 juillet 1814 (F. 1. ad 3565).
BRAUN au MINISTÈRE DE HESSE-DARMSTADT
{intercepta en français) (Analyse)
Etat des esprits en Italie et en France. Le roi de Prusse et l'incident de
Chantilly. L'Autriche et les prétentions de la Prusse sur la Saxe.
En Italie, on ne se familiarise pas avec le nouvel état de
choses. L'état des esprits en France et surtout l'esprit de l'ar-
mée sont des plus inquiétants. « Les militaires ne respirent
que haine et vengeance. Le roi de Prusse en a eu la preuve.
Lors de son passage par Chantilly, un détachement français lui
a crié : Souvenez-vous d'Iéna, et quand il eût monté les
glaces, quelques pierres ont été lancées contre sa voiture. »
Une discussion assez vive et assez aigre est déjà engagée
entre Vienne et Berlin qui ne veut pas se contenter des pays
sur la rive droite de TElbe, mais entend avoir une partie de
la rive gauche et surtout Dresde.
Vienne, 6 juillet 1814.
18. Vienne, 6 juilletl814 (F. i. 3565).
PIQUOT au MINISTÈRE PRUSSIEN (intercepta en français).
Envoi à Vienne de Talleyrand, Gastlereagh et Gonsalvi. Pourquoi on a recours
au Congrès. La Constitution de l'Allemagne. Murât et l'Angleterre.
11 commence par annoncer l'envoi à Vienne de Talleyrand,
Gastlereagh et Gonsalvi. « ...Tout confirme l'opinion de Votre
Excellence qu'on a réservé pour le Gongrès de Vienne la déci-
sion des grandes affaires. A côté de la Constitution de T Alle-
magne, il sera surtout question de la Pologne...
« On m'affirme qu'au commencement, les cabinets alliés vou-
laient d'abord faire la paix avec la France, et convenir des
bases fondamentales des acquisitions et des indemnités respec-
tives, ainsi que de la Constitution germanique. Mais à mesure
que les discussions se multipliaient, on a vu qu'il fallait re-
mettre leur solution à un Gongrès et conclure d'abord la paix
entre les puissances belligérantes. Parmi les plans pour l'Ai-
14 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
lemagne, on avait d'abord voulu fixer un protectorat alterna-
tif entre la Prusse, l'Autriche, la Bavière et même l'Angle-
terre, comme électeur de Hanovre.
« On n'a encore rien décidé au sujet de Murât. Son sort
dépend de la nature de ses rapports avec l'Angleterre. »
19. Vienne, 6 juillet 1814 (F. 1. 3565).
loo(àHAGER).
Réponse aux instructions de Hager. Remarques et considérations.
Demande qu'il adresse à Hager.
Me conformant aux instructions que Votre Excellence a bien
voulu me faire tenir par sa lettre du 1" de ce mois, je ferai au-
tant que me le permettront mes faibles moyens, tous mes efforts
pourvous donner pleine satisfaction. Le départ d'un des membres
de l'Ambassade russe me prive malheureusement d'un organe
sur lequel je comptais beaucoup, et, d'autre part, les répon-
ses maladroites de Thomme pressé de questions, que j'espérais
faire entrer comme valet de chambre chez l'ambassadeur de
Russie, ont, je le crains, fait échouer un planque j'avais eu beau-
coup de peine à mettre sur pied. Accablé d'affaires de toutes
espèces, et en présence du caractère essentiellement délicat de
ce genre de besogne, j'avais déjà, à plusieurs reprises, prié
Votre Excellence de me décharger de la . surveillance et de
l'observation du Corps diplomatique et si malgré cela je me
rends cependant aux désirs de Votre Excellence, je la prierai
de considérer que je ne peux me consacrer à des occupations,
qui ne sont pas sans présenter de réelles difficultés et de sé-
rieux dangers pour un fonctionnaire, que si Votre Excellence,
s'engage à me mettre à l'abri des soupçons que pourraient
faire naître mes relations avec les membres des Ambassades.
Votre Excellence peut être sûre que je ne négligerai rien pour
me rendre digne du témoignage de satisfaction qu'a daigné
me donner Sa Majesté.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 15
20. Vienne, 7 juillet 1814 (F. 1. ad 3565).
BERNSTORFF à ROSENGRANZ (à Copenhague)
[intercepta, en français).
Gravité des questions de Saxe et de Pologne. Craintes de guerre.
Les avances de l'Autriche à l'Angleterre.
On ne se cache pas ici que c'est à Tespoir d'obtenir un ar-
rondissement aux dépens de la Saxe qu'il faut attribuer la faci-
lité extrême que la Prusse a montrée à abandonner la Pologne
entièrement à la merci de la Russie. L'importance et la diffi-
culté des discussions relatives à la Pologne sont senties si vi-
vement ici que déjà on entend partout agiter la question de
savoir si les chances même d'une guerre, quelque peu avan-
tageuses qu'elles se présenteront dans ce moment à la Cour
d'ici, ne sont pas préférables à la nécessité d'acquiescer à des
arrangements qui assureront à la Russie une prépondérance
si menaçante et des moyens d'attaque et de chicane si redou-
tables que l'Autriche ne saurait tarder à en devenir la victime.
Il paraît que la Cour de Vienne travaille à s'assurer dans des
liaisons intimes avec le Cabinet anglais le seul appui sur lequel
elle puisse compter.
21. Vienne, 7 juillet 1814 (F. 1. ad 3565),
COMTE HARRACH (1) au COMTE MARCOLINI (2), à Prague
[intercepta en français).
Remise du Congrès. Déplacements des souverains avant leur venue à Vienne.
Préparer la famille royale à tout ce qu'il y a lieu de redouter pour la
Saxe.
Le Congrès a été remis jusqu'au 10 septembre. Les deux
1. Harrach (Charles-Borromée comte) né à Vienne le 11 mai 1761, Mort le
!•' octobre 1829, un des hommes les plus instruits et les plus éclairés de son
temps, aussi savant que bienfaisant, remarqué et distingué d'abord par Jo-
seph II, puis par Napoléon.
En marge de la page, au crayon, de la main de Hager : « Qui est cet Har
rach qui écrit à Marcolini et qui s rait un Saxon. »
2. Marcolini (comte) ^1739 1814) grand chambellan et grand écuyer du Roi
de Saxe. Minisire d'Etat en 1809. Partisan dévoué de l'alliance française.
Cette lettre arriva à Prague après sa mort survenue le 10 juillet 1814.
16 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
monarques (1) ne viennent pas à Vienne et retournent directe-
ment dans leurs Etats. On se flatte cependant de revoir Alexan-
dre vers la fin de septembre. Je supprime toutes mes idées sur
ce changement imprévu.
Après plusieurs informations prises, je prie Votre Excellence
de se préparer peu à peu à tout. On parle même d'un apanage,
tant pour le roi que pour la famille royale (2) . Dieu fasse que cela
ne se réalise pas. Mais il y a tout à craindre et, en cas où ce
malheur devrait survenir, il n'y a alors qu'à négocier pour que
du moins le décorum^ le nécessaire et les besoins de la vie
soient garantis. Pardonnez si je vous cause du chagrin, en vous
faisant voir un tableau aussi lugubre. Mais il s'agit du bien
et du salut d'un souverain si digne et si respectable, et c'est
alors le devoir d'un honnête homme de parler franc et ouverte
22. Vienne, 6 juillet 1814 (F. 1. ad 3565).
BRAUN au MINISTÈRE DE HESSE-DARMSTADT
{intercepta en français),
La Pologne et le grand-duc Constantin. La Saxe. Mariage probable de la
grande-duchesse Catherine avec le Roi de Prusse.
... On ne doute pas que les bases du sort de la Pologne ne
soient adoptées. Le grand-duc Constantin (3) en sera le roi et
aura tout le duché de Varsovie à l'exception d'un tout petit
bout de territoire qui restera à la Prusse. On se dispute encore
sur la cession de la Galicie.
La pauvre Saxe est la victime de ces manèges... Conséquence
fatale et inévitable de cette affaire de Pologne et de Saxe, c'est
que même en Prusse, malgré le mariage probable du roi avec
la grande-duchesse d'Oldenbourg (4), il restera du déficit.
1. L'Empereur de Russie et le Roi de Prusse.
2. Le roi et la famille royale de Saxe.
3. Frère cadet de l'Empereur Alexandre (1779-1831). 11 s'occupa toute sa vie
des affaires militaires, mais n'obtint jamais de commandement important.
Nommé en 1815 généralissime des troupes du nouveau Royaume de Pologne,
il conserva ces fonctions jusqu'à sa mort.
4. Grande-duchesse Catherine, sœur d'Alexandre et veuve du duc d'Olden-
burg.
î 23.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 17
Vienne, 10 juillet 1814.
Vienne, 9 juillet 1814 (F. 1. ad 3565).
PIQUOT à BULOW (1) (à Barlia) {intercepta en français)
(Analyse).
Sur les mesures financières projetées par l'Autriche. Opé-
ration qu'on va faire avec les obligations de TEtat dont on
réduit le capital et dont on augmente les intérêts. Opération
qui fera beaucoup monter les cours et rapportera assez gros à
l'Etat.
24. Vienne, 9 juillet 1814 (F. 1. ad 3565).
HEGAUDT au ROI DE SUÈDE {intercepta en français)
(Analyse).
JLa remise du Congrès. Craintes d'un désaccord entre l'Autriche et la Rus-
sie. Le voyage de Metternich de Londres à Paris. Mariage probable du
Roi de Prusse avec la grande-duchesse Catherine.
Surprise causée par un article de la Gazette de Vienne du
7 juillet annonçant la remise du Congrès au 1" octobre.
« On y voit un mauvais augure et on craint que l'accord
entre les Puissances ne soit troublé. Le comte Stackelberg a
l'air guindé et paraît indiquer que les Conférences de Lon-
dres n'ont pas produit le résultat désiré. On prétend que l'Au-
triche et la Russie ne sont pas d'accord sur les bases des ar-
rangements à prendre pour le Congrès futur ; qu'il y a une
froideur entre ces deux puissances et que pour cette raison
1. Biilow (Louis-Frédéric-Victor-Jean, comte de) (1774-1825) placé en 1794
comme référendaire, puis en 1796 comme assesseur à Bayreuth par son cou-
sin Hardenberg qu'il suivit en 1801 à Bci'lin comme conseiller de guerre et
des domaines. Président à Magdeburg en 1804, conseiller d'Etat du Royaume
de Westphalie après Tilsit, ministre des Finances de 1808 à 1811, il se retira
dans sa terre d'Essenrode jusqu'en 1813 où Hardenberg le lit de nouveau
nommer ministre des Finances de Prusse. 11 garda ce portefeuille jusqu'en
1817 où il devint ministre du Commerce, fonctions qu'il occupa jusqu'au
moment où ce ministère fut réuni à celui de l'Intérieur. Nommé président
de la Silésie, il mourut peu après.
T. I. 2
18 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
l'Empereur de Russie a changé sa résolution et ira directement
à Pétersbourg sans passer par Vienne.
Quelqu'un m'a dit savoir de bonne source que le cabinet de
Vienne soupçonne d^avoir été joué par celui de Saint-Péters-
bourg dans la négociation avec le Roi de Saxe l'année dernière
et que l'Empereur d'Autriche embrassant la cause de ce monar-
que ne voudrait pas qu'il soit dépouillé de ses Etats et a rejeté
la proposition qu'on lui aurait fait de partager la Saxe.
Il y a aussi des contestations par rapport à la Pologne, quoi-
que l'Autriche soit disposée à renoncer à la réacquisition de la
Galicie orientale, se réservant toutefois les salines de Wieliczka
et un dédommagement d'un autre côté.
Le voyage du prince de Metternich de Londres à Paris fixe
l'attention et on pense qu'il est chargé de former des liens
plus intimes entre la France et l'Autriche, afin de contreba-
lancer ceux qui existent entre la Russie et la Prusse et qui vont
être encore consolidés par le mariage du Roi de Prusse avec
la grande-duchesse Catherine.
Le retour accéléré de TEmpereur de Russie dans sa capitale
est en partie attribué à des avis qu'il a dû recevoir de trou-
bles qui menaçaient d'éclater en Russie. Quelle qu'en soit la
raison, beaucoup de personnes ont été désagréablement attra-
pées par la remise de sa visite à Vienne, qui vraisemblable-
ment n'aura pas non plus lieu en septembre. L'Empereur
d'Autriche aurait pu s'épargner de grands frais pour la récep-
tion des souverains attendus, s'il avait su qn'ils lui feraient
faux bon.
25. Vienne, 9 juillet 1814 (F. 1. ad 3565).
BRAUN à L..., (à Darmstadt) {intercepta en français) (Analyse).
Mauvais effet produit par la remise du Congrès et les changements d'itiné-
raire d'Alexandre et de Metternich. On craint que le Congrès n'ait pas lieu
On parle d'une déclaration préalable des cours du Nord. Importance du
séjour de Metternich à Paris.
Il commence par lui faire part de la surprise causée par la
remise de l'ouverture du Congrès au 1*' octobre, par le retard
apporté par Alexandre à sa venue à Vienne, par le crochet que
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 19
le prince de Metternich a fait en allant de Londres à Paris, et
enfin et surtout du mauvais effet produit par ces nouvelles.
« On était d'accord que la cordialité et l'abandon n'anime-
raient pas les fêtes, mais personne ne se serait douté qu'elles
seraient remises jusqu'au mois d'octobre. On peut donc sup-
poser qu'elles n'auront jamais lieu et que le Congrès lui-même
pourrait bien ne plus se tenir à Vienne. On aurait dû sauver
les apparences en prenant le chemin le plus direct pour se
rendre à Saint-Pétersbourg. Mais si, comme le bruit en court,
on passe par Karlsruhe, Stuttgart et Berlin, on a l'air d'insul-
ter et en même temps de préparer des menées qui ne peuvent
être indifférentes à la Cour de Vienne.
Aussi parle-t-on déjà d'une déclaration des Cours du Nord
qui contiendrait les principes qui doivent servir de base à
l'acte qui mettra la dernière main à la paix générale. Cet acte,
en décidant à l'avance les questions des plus importantes, ré-
duirait à peu de chose les travaux du Congrès qui dans cette
supposition pourra ne plus se tenir à Vienne.
Je crois savoir que tout tend à un rapprochement, d'ailleurs
difficile à amener, entre la France et l'Autriche. Les résultats
on seront bien douteux si les puissances du Nord réussissaient
à attirer dans leur parti les cours allemandes. Ces circons-
tances donnent un grand intérêt au séjour du prince de Met-
ternich à Paris. Il fait supposer son retour pour arriver plus
tard que les feuilles de Vienne ne l'annoncent. »
Vienne, 11 juillet 1814.
26. Vienne, 10 juillet 1814 (F. 1. ad 3565).
HEGARDT à ENGESTRŒM (1) {intercepta en français)
(Analyse).
Maintien de l'armée autrichienne sur le pied de guerre et mesures de précau-
tion en Galicie. Les résultats du refroidissement entre les Empereurs. Les
affaires de Saxe et de Pologne. Les rapports entre la Prusse et l'Autriche.
L'Empereur a tenu cette semaine un conseil auquel le
1. Engestrœm (Laurent, comte d') (1751-1826) expéditionnaire aux Archives
royales (l'771-1773) secrétaire du Cabinet du ministre des Affaires étrangères
(1774) chargé d'affaires à Vienne (^1776-1788) ministre plénipotentiaire à Var-
20 AUTOUR DU CONGRÈS DE VlENiNE
prince de Sehwarzenberg assista. Il fut résolu qu'en attendant
toute Tarmée resterait sur le pied de guerre^ que les recrues
et les vélites ne seront pas licenciés et que 30.000 hommes
marcheront en Galicie pour renforcer les troupes qui y sont
rassemblées et dont le nombre, selon quelques avis, va être
augmenté jusqu'à 100.000 hommes. L'Empereur s'est aussi
exprimé aux députés hongrois que le temps de désarmer n'était
pas encore venu. De leur côté, les Russes concentrent de nom-
breuses forces dans le duché de Varsovie et ils ont déjà une
armée considérable à Gracovie.
« Bien qu'on aime à se persuader que les différends entre
l'Autriche et la Russie seront terminés à l'amiable, ces dé-
monstrations inquiètent le public et la chose prend effecti-
vement un aspect sérieux... La brouillerie entre les deux
Empereurs a éclaté, paraît-il, à la suite d'une note péremp-
toire et conçue en termes énergiques présentée à Londres
par le prince de Metternich (1) sur les affaires générales de
l'Europe et en particulier au sujet de la Saxe. Je crois que
l'Empereur d'Autriche s'intéresse vivement au roi de Saxe,
surtout depuis que le prince Antoine de Saxe est venu à Baden
avec son épouse, sœur de l'Empereur, implorer sa protection
et se plaignant qu'il manquait de pain. J'ai ouï dire que la
Cour de Vienne fait entrevoir que, s'il fallait, pour contenter
tous les partis, partager la Saxe et que s'il s'agissait de réta-
blir un rojaun]#de Pologne, il serait juste de le donner en
dédommagement au roi de Saxe, ce qui satisferait les Po-
lonais.
« Il répugne à la Cour de Vienne que le duché de Varsovie
soit érigé en royaume en faveur de l'Empereur Alexandre ou
du grand-duc Constantin, ou même du roi de Saxe. Elle craint
que la perte de la Galicie Méridionale n'en résulte peut-être
tôt ou tard.
« Les officiers russes ne dissimulent pas que dans peu ils
s'attendent à avoir affaire aux Autrichiens. Ils leur en veulent
et témoignent beaucoup d'assurance de les battre. Ils vantent
sovie, puis peu après rappelé à Stockholm et nomme chancelier de la Cour,
ministre à Londres (1793-1795), à Berlin (1798-1804', président de la Chancel-
lerie (1809) et peu après ministre des Affaires étrangères. Fait baron le
29 juin 1809 et comte en 1816, il se retira définitivement des affaires en 1819
et alla finir ses jours dans ses terres en Pologne.
1. Cf. Gentz à Karadja, Vienne, 21 juin 1814 (Dépêche inédite aux hospo-
dars de Valachie, tome I, page 80 et suivantes).
Il
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 21
[au contraire les Prussiens et comptent sur eux comme des
'alliés inséparables.
« La Prusse paraît convoiter la meilleure partie de la Saxe
ht elle est en dispute avec l'Autriche sur la possession défini-
tire de Mayence.
« On n'est pas plus d'accord sur l'Italie que sur l'Allema-
gne et la Pologne. »
Mécontentement et troubles à Milan.
« Les Russes disent que leur souverain a pris de l'humeur
de ce que l'Empereur d'Autriche n'a pas fait de visite à l'Im-
pératrice de Russie en allant de Paris à Vienne et ne l'a pas
invitée à venir ici. »
Vienne, 13 juillet 1814.
27. Vienne, 12 juillet 1814 (F. 1. ad 3565).
PIQUOT à GOLTZ (intercepta en français) (Analyse).
Bruit sans fondement du départ de Murât de Naples. La reprise du pouvoir
par Ferdinand IV. L'Autriche à la recherche d'une compensation pour le
roi de Saxe.
Il ne lui parlera de la Suisse qu'après avoir vu le chargé
d'affaires helvétique avec qui il doit conférer le lendemain. Il
enregistre le bruit du départ de Murât de Naples et de l'inter-
rention de l'Angleterre en faveur de Ferdinand IV qui a repris
les rênes du Gouvernement en Sicile (1)...
« Le courrier autrichien a dû avoir été expédié à Berlin par
rapport aux affaires de Saxe et j porter les propositions à faire
au roi. On m'affirme que la Cour de Vienne désirerait main-
tenant voir le roi de Saxe trouver une indemnisation de son
Royaume dans la possession des Légations de Bologne et de
Ferrare (2). . . Je ne manquerai pas de suivre cet objet important. »
1. Ferdinand IV avait en effet repris le pouvoir le 4 juillet (Cf. G' Weil.
Joachim Marat, La dernière année de règne (mai 1814-raai 1815), tome I,
pages 196-197).
2. Hans, Ilof und Staats Archiv. Hardenbcrg à Metternich. Pans, 7 juillet.
« Je souhaite vivement que le roi de Saxe soit bien placé et cela n'est fai-
« sable qu'en Italie en lui donnant les trois Légations. Vous aurez en lui un
« allié dont vous pourrez toujours tirer parti. En bonne politique vous de-
« vrez préférer cet établissement pour lui à tout autre dans le Nord de l'Al-
« lemagne où il serait moins sous votre influence. Le Pape n'est pas un
« obstacle
22 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENKE
Vienne, 14 juillet 1814.
28. Vienne, 13 juillet 1814 (F. 1. ad 3565).
BERNSTORFF au'MINISTÈRE DANOIS (m/erce/j^a en français)
Les causes de la remise du Congrès au 10 septembre. Les embarras de Met
ternich et de lord Castlereagh. La Pologne et la frontière de Galicie. Diffi-
cultés de la situation de l'Autriche. L'opinion publique à Vienne et les
nouvelles répandues en ville par le Gouvernement.
Les informations les plus exactes que j'ai été à même de
recueillir servent à confirmer la partie la plus essentielle des
notions que j'ai eu l'honneur de soumettre à Votre Excellence
dans mon précédent rapport.
Il est très vrai que le prince de Metternich s*est trouvé
dans les plus grands embarras pour ne pas avoir obtenu de
la part de lord Castlereagh tout l'appui sur lequel il avait
compté. Il se plaignit de ce que le ministre anglais, aux dis-
positions duquel il rend du reste toujours la même justice, n'a
que faiblement appuyé ses démarches et réclamations, et il
attribue la nécessité, où il s'est trouvé de proposer Tajourne-
ment du Congrès, à la difficulté inattendue que lord Castle-
reagh a fait de quitter l'Angleterre assez promptement pour
pouvoir être rendu à Vienne au terme fixé pour l'ouverture
des négociations. Il paraît du reste, d'après les dernières nou-
velles de Londres, qu'avant le départ des souverains les esprits
se sont de toute part un peu radoucis. On a fini par convenir,
à ce qu'on m'assure, que les plénipotentiaires des souverains
alliés se trouveraient réunis à Vienne au plus tard le 10 sep-
tembre et l'Empereur de Russie a promis d'y être rendu en-
tre le 20 et le 30 du même mois. On doute cependant toujours
que cette promesse se réalisera à moins qu'on ne trouve jus-
que là moyen d'en écarter les principaux points de vexation.
On continue à regarder la question de la frontière de Polo-
gne du côté de la Galicie comme la plus difficile à résoudre.
Quelle que soit cependant l'importance que la Cour d'ici attache
à l'acquisition de Cracovie, les personnes les plus à portée
d'apprécier ses dispositions et d'approfondir ses vues semblent
s'accorder dans l'opinion qu'elle cédera sur ce point plutôt
que de braver les dernières extrémités et elle finira par aban-
donner toutes les prétentions qu'elle ne réussira pas à faire
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 23
valoir au moyen de rintervention de l'Angleterre. L'humeur
pacifique de l'Empereur, le caractère de son ministre, auquel
on connaît plus de souplesse que de vigilance, la désorgani-
sation de l'armée et la pénurie des finances, tout semble con-
courir à donner du poids à cette opinion.
En attendant, le cabinet de Vienne met tous ses soins à dé-
rober ses embarras et ses alarmes à la connaissance du public
et à pallier Taffront qu'il vient d'essuyer. C'est à cette lin
qu'on continue à faire entendre qu'il se manifeste en Russie
même une opinion très prononcée contre l'idée d'un rétablis-
sement d'un Royaume de Pologne, que des représentations
très fortes là-dessus ont été adressées à l'Empereur Alexandre
et qu'en effet ce Souverain a été vivement pressé par les pre-
mières autorités de son Empire d'accélérer son retour en Rus-
sie, où la prolongation de son absence a fait accroître et mul-
tiplier de plus en plus les inconvénients les plus graves.
29. Vienne, 13 juillet 1814 (F. 1. ad 3565).
COMTESSE DE RECHBERG (I) au COMTE DE GŒRTZ
(intercepta en français).
Le Congrès. Tension entre les puissances. La question de Mayence.
La Saxe. Armements en Autriche et en Bavière.
On ne doute pas dans le public que le Congrès ne se réu-
nisse. On tire en suspens la réunion des Souverains. Cepen-
dant tous les préparatifs pour les fêtes se continuent...
Je sens, mon père, combien vous devez souffrir de ce nou-
vel incident qui menace le sort de notre pauvre Allemagne.il
était sans doute à prévoir. On ne pouvait supporter ici la trop
grande étendue de frontière et d'influence de la Russie. On
ne pouvait voir non plus avec indifférence le trop grand agran-
dissement de la Prusse et Mayence entre ses mains est un
objet de grande attention. On voyait d'ailleurs avec une peine
infinie le sort de la Saxe.
1. Femme du Comte Alois François Xavier de Rechberg, Ministre de Ba-
vière au Congrès, fille du Comte de Gœrtz, conseiller intime du roi de Saxe,
qui l'envoya à Vienne au mois de septembre. (Cf. Pallaid. Correspondance
inédite de Talle.yra.nd et de Louis XVII. Note, page 3.)
24 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
On dit que de grands armements se font en Bavière. De
grandes forces réunies pourraient peut-être éviter de grands
maux. Tel est l'espoir général. Puissent-ils ne pas nous
tromper.
30. Vienne, 13 juillet 1814 (F. 1. ad 3565).
BILDT (1) à ENGESTRŒM {intercepta en allemand).
Fausse nouvelle relative à l'ouverture du Congrès demandé par Alexandre.
Le Comte de Clam, aide de Camp de Schwarzenberg, a
apporté de Londres une lettre de l'Empereur Alexandre de-
mandant à l'Empereur d'Autriche de fixer l'ouverture du
Congrès au mois de septembre et annonçant son arrivée pour
la fin du mois.
Le Roi et la Reine de Bavière ont aussi annoncé leur venue.
31. Vienne, 13 juillet 1814 (F. 1. ad 3565).
BRAUN à L..., (à Darmsldidi) (intercepta) (Analyse).
Le Congères à Berlin. Les démarches de la Prusse. Désaccord entre
l'Autriche et la Bavière. Concentration de troupes en Pologne.
On dit, et il croit, lui aussi, que le Congrès se tiendra, non
pas à Vienne, mais à Berlin.
On prête la plus grande attention aux démarches de la
Prusse, à l'attitude et aux agissements des Cours allemandes.
« La Bavière et l'Autriche ne sont pas encore d'accord. La
Bavière se donne l'air de ne pas pouvoir se passer des pays
qu'elle doit restituer à l'Autriche, probablement parce qu'elle
veut les faire taxer au plus haut prix et ne renonce pas à l'es-
poir d'étendre ainsi ses possessions jusqu'au Rhin, espoir inad-
missible parce que ce plan brouillerait les cours les plus res -
pectables et compromettrait l'existence de toute l'Allemagne. Il
est possible que l'on indemnisera la Bavière entre le Rhin et
la Moselle.
1. Bildt (baron), Ministre de Suède à Vienne.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 25
« De part et d'autre, il y a beaucoup de troupes en Polo-
gne, mais je ne crois pas qu'on en viendra mal à propos à la
Guerre. »
Vienne, 17 juillet 1814.
32. Vienne, 16 juillet 1814 (F. 1. ad 3565).
BERNSTORFF à ROSENGRANZ {intercepta en français).
Nouvelles relatives à la venue d'Alexandre, aux Conférences préparatoires,
à la forme même du Congrès. La Constitution de l'Allemagne et les vues
de l'Autriche. La tâche de Metternich en Angleterre facilitée par l'attitude
d'Alexandre et les démarches de la grande-duchesse Catherine. L'Autri-
che, l'Angleterre et les Etats Scandinaves. La question de la Saxe et les
regrets de l'Autriche de n'avoir pas pris, dès le début, une attitude toute
différente.
Je tiens les notions suivantes de M. de Hudelist. L'Empe-
reur de Russie a effectivement donné sa parole de se rendre
à Vienne avant la fin de septembre. Les conférences prépa-
ratoires entre les plénipotentiaires des grandes puissances
commenceront le 10 septembre ; elles réuniront ici lord Gas-
tlereagh, le Gomte de Nesselrode et le Prince de Hardenberg.
Il n'y a rien d'arrêté sur la forme des négociations princi-
pales du Gongrès ; mais il paraît qu'on voudrait éviter les
séances générales et même les réunions plus nombreuses que
ne l'exigera l'intérêt plus ou moins direct que telle ou telle
puissance sera censée avoir aux différents objets de discussion.
Les bases de la Gonstitution future de l'Allemagne seront
préalablement discutées entre l'Autriche, la Prusse, la Bavière
et le Hanovre.
Au nombre des projets qui étaient formés relativement aux
moyens de suppléer au défaut de l'autorité impériale, celui
d'établir une sorte de Directoire, que ces Etats exerceront
alternativement, passe pour avoir un assez grand nombre de
partisans.
Hudelist ne me cache pas que ^Autriche songe à baser son
système politique sur des liaisons étroites avec les princes de
l'Empire.
Le prince de Metternich a, pendant son séjour à Londres,
mis tous ses soins à resserrer les liens qui unissent les deux
26 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Empires, et il se flatte de n'y avoir pas perdu ses peines. Se-
lon ce que Ton m'a dit ici, sa tâche lui a été entièrement faci-
litée par la conduite de l'Empereur Alexandre. Ce souverain
s'est montré bien plus disposé à gagner et à flatter l'Oppo-
sition qu'à se rendre agréable au Cabinet. Il a blessé celui-
ci par l'accueil qu'il a fait aux plénipotentiaires américains
ainsi que par la prédilection qu'il a témoignée en faveur de
leur cause.
Il ne s'est de plus mêlé des querelles entre le Prince Régent
et son épouse (1) que pour prendre ouvertement parti contre le
prince. On l'accuse même, je ne sais sur quel fondement,
d'avoir appuyé les intrigues faites par sa sœur (2) pour rompre
les engagements de la princesse royale (3) d'Angleterre dans la
vue de former une union entre le prince héréditaire d'Orange
et la grande-duchesse Anne (4).
Hudelist, dans cette même conversation, m'a fait entendre
que le Cabinet suédois se montre disposé à accéder aux nou-
veaux liens que l'Autriche et la Grande-Bretagne pourraient
vouloir former et qu'il est allé jusqu'à déclarer qu'on le trou-
verait prêt à agir dans le sens et pour le but d'une pareille
alliance.
C'est à ces dispositions, en apparence si peu analogues à la
situation actuelle de la Suède, que je crois devoir rapporter un
propos qui, dans une conversation antérieure, est échappé à
M. de Hudelist. En me parlant de la possibilité d'une rupture
avec la Russie, il me dit : « Nous ne serions pas de notre côté
« sans alliés. 11 n'y a pas jusqu'au prince royal de Suède sur
« lequel nous pourrions compter. >
M. de Steigentesch n'est assurément pas sorti du sens de
sa Cour en faisant entendre à Votre Excellence que l'Angle-
terre et l'Autriche continueront à attacher le Danemark au
1. Il s'agit des démêlés entre le futur Georges IV et sa femme Caroline de
Brunswick.
2. La grande-duchesse Catherine.
3. Projet d'union entre Guillaume d'Orange (Guillaume II de Hollande, né
en 1792) et la princesse Charlotte Augusta d'Angleterre, qui épousa Léopold
de Saxe-Cobourg (le futur roi Léopold I" de Belgique) et qui mourut le 5 no-
vembre 1817 après dix-huit mois de mariage.
4. La grande-duchesse Anne, la plus jeune des sœurs d'Alexandre, née
le 19 janvier 1795, épousa le 21 février 1816 le prince héréditaire d'Orange, le
futur roi Guillaume II de Hollande. La grande-duchesse avait été sur le
point d'épouser Napoléon en 1810. 11 avait été et il était même encore à ce
moment question pour elle d'un mariage avec le duc de Benry.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 27
système qu'elles s'occupent à former. Mais je crois m'aperce-
voir que l'on compte peu sur nous parce que nos. anciennes
liaisons avec la Russie ne tarderaient pas à reprendre le des-
sus et aussi que la Russie sentira trop bien le besoin qu'elle
a de nous pour ne pas mettre tous ses soins à nous regagner.
Hudelist, en m'entretenant des premiers objets dont les plé-
nipotentiaires des grandes puissances auront à s'occuper, me
parla de la possibilité de la conservation de la Saxe, mais de
martèère à me faire voir clairement qu'il ne croyait pas lui-
même à cette possibilité. Je ne crois pas me tromper en sup-
posant que la Cour d'ici regrette amèrement de ne pas avoir
combattu plus vigoureusement le projet d'agrandissement dès
sa naissance, et que le trop de facilité, qu'elle s'est laissée trou-
ver à cet égard, tenait en grande partie à l'espoir de gagner la
Prusse à son système dont le premier objet avait été de met-
tre l'Allemagne à l'abri de toute influence étrangère. Il ne lui
restera plus maintenant d'autre ressource que de partager une
injustice qui lui répugne et dont sa rivale tirera les principaux
avantages. On m'assure qu'elle réclame éventuellement l'Erzge-
birge et qu'il subsiste dès maintenant des vexations sur la
possession de Dresde, dont l'importance, sous le rapport mili-
taire, a été évidemment démontrée par la dernière guerre.
33. Vienne, 16 juillet 1814 (F. 1. ad 3565).
BRAUN à L .... (à Darmstadt) {intercepta en français).
Alexandre viendra à Vienne et y restera pendant tout le Congrès. Opposi-
tion probable de l'Autriche, de la Prusse et de l'Angleterre aux projets de
la Russie.
L'Empereur Alexandre viendra certainement à Vienne, mais
il a déclaré qu'il n'en partirait que lorsque les affaires du Con-
grès seront terminées.
J'ai tout lieu de croire que l'Autriche n'est pas la seule
puissance qui sent la nécessité de limiter les plans de la Rus-
sie et que les insinuations de ce genre ne manqueront pas de
faire quelque effet à Paris et même à Londres.
On dit ici que l'Empereur Alexandre est, à tous égards,
mécontent de son séjour en Angleterre.
28 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
34. Berlin, 12 juillet 1814 (F. 1. ad. 3563).
GOLTZ à PIQUOT {intercepta en français)
(Analyse du Cabinet Noir).
Modifications apportées au voyage des souverains. Les affaires des Etat»
Scandinaves. Surveiller Tétat des esprits en France. Napoléon y a un fort
parti dans l'armée.
« Le Congrès de Vienne ne devant s^ouvrir que le 1" oc-
tobre et Sa Majesté ainsi que l'Empereur de Russie, ayant
différé jusqu'à l'approche de ce terme de contenter le désir
qu'ils ont de répondre à linvitation de leur Auguste Allié
et de lui rendre visite dans sa capitale, ces deux souverains
se préparent à satisfaire l'attente de leurs fidèles sujets ; le
Roi doit arriver à Potsdam vers le 22 juillet.
« Rien de précis en Norvège où on se calme cependant. Le
prince Christian est ébranlé par les représentations des Anglais.
On va convoquer une deuxième diète qui semble devoir accep-
ter le traité de Kiel. »
Après avoir recommandé à Piquot de ne pas négliger les
affaires avec la Porte, Goltz ajouta ;
« Ne perdez pas de vue les nouvelles relatives à l'état inté-
rieur de la France. On parle toujours d'une grande agitation
qui j règne dans les esprits et d'un sérieux attachement dont
beaucoup de militaires ne se cachent pas pour Bonaparte. »
Vienne, 19 juillet 1814.
35. Vienne, 18 juillet 1814 (F. 1. ad 3365).
0 0 à Mager.
Réponse à la note de Hager du 1" juillet. Indication des personnes dont il
compte se servir. Les services qu'il pourra rendre grâce à sa situation et
à ses relations personnelles.
Je pense souvent au Congrès et m'occupe constamment de
tout ce que Votre Excellence m'a demandé par sa note du 1"" de
ce mois. Arnstein et Eskeles recevront, ils le disent eux-
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 20
mêmes, tous les jours pendant la durée du Congrès à dîner et
à souper les Berlinois et les Prussiens en qualité de compa-
triotes.
Personne n'est mieux placé pour savoir ce qui a trait à la
politique et tout ce qui se passe chez les Anglais et les Russes
que M. de Hammer (1) qui vit et continue à vivre avec eux.
Pour l'Allemagne, personne ne sera mieux à portée de tout
savoir que le ci-devant agent de l'Empire Von Borsch (2), ancien
agent et représentant de la noblesse territoriale de Wurtem-
berg contre le duc de Wurtemberg. Je le répète donc après j
avoir mûrement réfléchi, Hammer et Borsch, chacun dans sa
sphère, s'ils s'engagent à s'acquitter de cette mission, sauront
tous les soirs tout ce qui se sera passé pendant la journée dans
ces différentes missions. Du reste, une fois que les person-
nages venus pour le Congrès seront réunis ici, on trouvera sans
peine les moyens de surveillance et d'observation qu'on ne
saurait déterminer pour le moment.
Grâce aux services que pendant vingt-deux ans j'ai rendus
aux Bourbons, à l'aide de la nouvelle mission que Louis XVIII
envoyé ici, à l'aide des légations du Wurtemberg et de Bavière
au Congrès et à Vienne, comme aussi de mes vieux amis ve-
nant au Congrès tant de l'Empire que de l'Italie, je crois être
certainement en mesure de fournir tous les jours à Votre Excel-
lence des rapports qui ne manqueront pas d'intérêt. Il est vrai
que le genre de vie qu'adoptera le prince de Metternich exer-
cera une influence considérable sur la valeur de mes rapports,
dont l'intérêt dépendra beaucoup du fait qu'il recevra et verra
journellement beaucoup de monde, qu'il donnera des audien-
ces, qu'il réunira du monde chez lui. S'il n'en est pas ainsi,
s'il faut au contraire aller ramasser des nouvelles dans les dif-
férentes coteries, la chose sera à la fois sensiblement plus dif-
ficile et plus lente.
1. Von Hammer-Purgstall, Orientaliste et drogman du ministère des Af-
faires étrangères.
2. Von Borsch représentait à Vienne pendant le temps du Congrès le
prince de la Leyen.
30 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Vienne, 21 juillet 1814.
36. Vienne, 20 juillet 1814 (F. 1. ad 3565).
COMTESSE DE REGHBERG au COMTE DE GÔERTZ
{intercepta en français).
Arrivée de Metternich. Réunion du Congrès en septembre. On est un peu
plus rassuré à Vienne mais on n'y prend des précautions.
Le prince de Metternich est arrivé. 11 a passé la journée
d'hier à Baden et aujourd'hui il verra le corps diplomatique (1).
On ne doute plus que le Congrès ne se rassemble dans le
courant de septembre. Plusieurs députés sont déjà ici.
L'Empereur de Russie a écrit à celui d'Autriche une lettre
d'excuse pour n'avoir pu venir dans le moment précis, qui
est d'un style fort aimable.
On se persuade que les choses n'en sont pas là où on les
croyait dans le premier moment. Cependant on se met en
mesure pour tout événement et sans doute la prudence l'exige.
37. Vienne, 20 juillet 1814 (F. 1. ad 3565).
PIQUOT à GOLTZ (intercepta en français).
La réception chez Metternich. Sa confiance dans l'entente avec les Prussiens.
Le Grand-Duc Constantin et la réorganisation de l'armée polonaise.
Je reviens de chez le prince de Metternich qui a reçu l'un
après l'autre les ministres et les chargés d'affaires. Il m'a donné
l'assurance de l'intimité et la confiance illimitées qui régnent
entre les Cours de Berlin et de Vienne et m'a répété que jamais
il n'y avait eu d'alliance plus durable et mieux fondée que
celle qui existe entre la Prusse et l'Autriche.
Des lettres particulières de bonne source disent que le Grand-
Duc Constantin était attendu à Varsovie vers le 1" septem-
bre et qu'il était chargé de la réorganisation de l'armée polo-
naise.
1. Metternich reçut le Corps diplomatique le 19 juillet, le lendemain de son
retour à Vienne.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRKS 31
38. Vienne, 20 juillet 1814 (F. 1. ad 3565).
BERNSTORFF à ROSENGRANZ (intercepta en français).
La question de Pologne ajournée jusqu'au Congrès. Concentration des trou-
pes autrichiennes en Galicie. Commencement imminent des conférences
préparatoires. Anstett, liumboldt, Hardenberg. Bruit de mariage projeté
entre l'archiduc Charles et la grande-duchesse Catherine. On n'a plus de
préventions contre le Danemark.
Il paraît être certain que le prince de Metternich a réussi à
arracher à l'Empereur Alexandre la promesse positive de sus-
pendre toute résolution et toutes mesures par rapport à la
Pologne jusqu'à ce que la question en ait été soumise aux
discussions du Congrès. Quoique cela ne dise rien sur le fond
de la chose, on met ici un grand prix à cet arrangement pro-
^ isoire qui écarte la crainte d'éclats que des mesures fermes et
précipitées auraient immanquablement amenés. La nouvelle
assurance avec laquelle on fait entendre de rechef que l'on ferait
la guerre plutôt que de souffrir le rétablissement d'un Royaume
de Pologne me porte à croire que pour le moment on regarde
l'orage comme conjuré.
En attendant on fait filer beaucoup de troupes en Galicie où
on veut, dit-on, réunir 120.000 hommes.
Il paraît que les conférences préparatoires ne tarderont pas
à commencer. Le baron Anstett (1) est déjà arrivé. Humboldt (2)
est attendu dans les premiers jours du mois prochain. Bien que
Hardenberg (3) ne doive arriver qu'en septembre, on croit que
le Cabinet prussien ne ferait aucune difficulté à munir Hum-
boldt de ses pouvoirs et on pourrait entrer en négociations.
1. Anstett (Jean-Protais, baron d') né à Strasbourg en 1760, entré au service
diplomatique de la Russie dès le début de la Révolution française, accrédité
plusieurs fois à Vienne comme chargé d'affaires, directeur de la chancellerie
diplomatique du prince Koutouzoff en 1811, négocia la Convention de Kalisch,
représenta la Russie au Congrès de Prague en 1813, assista au Congrès de
Vienne et fut ensuite plénipotentiaire russe près la Diète de Francfort où il
mourut en 1835.
2. Humboldt (Guillaume de) né à Potsdam en 1767, mort en 1835, conseiller
d'Etat et l'un des représentants de la Prusse au Congrès.
3. Hardenberg (Charles- Auguste, prince de) né en 1750 à Essenroda (Hano-
vre) mort eu 1822, négocia pour la Prusse le traité de Bâle (1795), remplaça
Haugwitz au ministère des Affaires étrangères (1804), se retira après ïilsit,
devint chancelier d'Etat en 1810 et fut créé prince en 1814.
32 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
On commence à parler d'une union projetée entre la grande-
duchesse d'Oldenburg et l'archiduc Charles en faveur duquel
on rétablirait le Gouvernement de Lombardie. La grande-du-
chesse est arrivée aux eaux d'Egra. Elle sera ici en même
temps que FEmpereur, son frère.
P.-S. — Metternich m'a dit que déjà avant son départ de
Londres il s'était convaincu que les rapports venus de Copenha-
gue avaient dissipé les préventions dont nous avions à nous
plaindre.
39. Ratisbonne, 18 juillet 1814 (F. 1. ad 3565).
LEYKAM (1) à KLENAU (2) (à Vienne) {intercepta en français).
Accueil fait par Alexandre à la princesse de La Tour et Taxis. Il lui donne
rendez-vous le 25 septembre à Vienne où l'Impératrice viendra aussi.
La princesse de La Tour et Taxis nous dit par des lettres
datées de Darmstadt qu'elle a vu Alexandre. Sa Majesté y
était attendue pour le dîner, mais le roi de Wurtemberg, qui
l'avait attendue à Heilbronn, l'y a arrêtée près de sept heures
pour un splendide déjeuner.
Son accueil pour la princesse fut gracieux et aimable comme
toujours et il lui donna rendez-vous à Vienne où il sera cer-
tainement le 25 septembre.
L'Impératrice doit y venir aussi. Tout cela est de la bouche
de l'Empereur lui-même, de même que l'assurance que le re-
tard du Congrès n'a d'autre raison que la présence de lord
Castlereagh à Londres.
La princesse (3) n'attend que l'arrivée du roi de Prusse an-
noncée pour le 20 et le retour de Vrints Berberich (4) que l'on
ignore, pour prendre la décision.
1. Leykam (baron), grand chambellan du Grand-Duc de Bade, avait accom- *
pagné à Erfurt en 1808 le prince et la princesse de La Tour et Taxis. 11 avait
été conseiller de la chancellerie d'Etat.
2. Klenau (Jean, comte) (1758-1819), sous-lieutenanten 1775, capitaine en 1778,
major en 1788, colonel en 1795, et général-major en 1797, se distingua pen-
dant la campagne de 1799 en Italie et fut promu feld-maréchal lieutenant ,
en 1800. Fait prisonnier à Ulm en 1805, commandant du 6° corps d'armée à %
Wagram en 1809, il lit capituler Dresde le 11 novembre 1813 et était en 1814 |
commandant général à Brûnn. |
3. La princesse de La Tour et Taxis, née princesse de Mecklembourg-Stre- ,£
litz, était la belle-sœur du roi de Prusse. |
4. Vrints Berberich représentait au Congrès le prince de La Tour et Taxis. |
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 33
Vienne, 23 juillet 1814
40. Vienne, 23 juillet 1814.
BILDT à ENGESTRœM {intercepta).
P.-S. — Le bruit se répand que le roi Charles IV d'Es-
pagne réclame la couronne du roi Ferdinand (1).
La reine de Sicile a reçu par courrier de Palerme la nou-
velle que le prince royal a remis les rênes du Gouvernement à
son père (2). Il paraît qu'il y a eu des troubles à cette occasion.
26 juillet 1814.
H. Copenhague, 19 juillet 1814 (F. 1. ad 3565).
ROSENGRANZ à BERNSTORFF [intercepta en français).
Accord intervenu entre la Prusse et le Danemark,
article relatif à la Poméranie. La Norvège donne encore des inquiétudes
Hardenberg(3) est tombé d'accord à Londres avec son cousin
s prince de Hardenberg pour fixer les conditions du traité
e paix avec la Prusse. Le roi donnera des pleins pouvoirs à
iardenberg et dans huit semaines on échangera les ratifica-
ons.
Le roi de Prusse s'engage par un article séparé et secret à
rocurer au roi de Danemark en indemnités pour la Pomé-
mie la valeur réelle, partie en territoire, partie en argent
aand cette Poméranie lui sera remise. Il paraît impossible
écarter le comte de Hardenberg de cette négociation à la-
lelle il prétend réussir mieux que tout autre. Sa commis-
on se bornera à cet objet.
L'Empereur Alexandre n'a nullement plu à Londres.
Etat stationnaire et même plutôt inquiétant des affaires de
orvège.
C'était là un bruit absolument dénué de fondement.
l. La reprise du pouvoir par Ferdinand IV s'était opérée sans autre inci-
nt que quelques cris poussés par ses partisans et par ceux qui tenaient au
[itraire pour le vicaire général du Royaume, le prince royal.
Vraisemblablement le comte Ernest-Auguste de Hardenberg qui repré-
ita avec Miinster le Hanovre au Congrès.
T. 1. 3
34 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Vienne, 27 juillet 1814.
42. Berlin, 23 juillet 1814 (F. 1. ad 3565).
MINISTÈRE PRUSSIEN à BORGIOVICH (à Gonstantinople)
(intercepta) (Analyse).
Assurances amicales données par l'Autriche et les autres
Puissances à la Turquie pour la rassurer.
On lui donne l'ordre de savoir si la Russie en a fait autai
de son côté.
On s'est déjà occupé de la Turquie pendant le séjour des
souverains à Londres et on en reparlera au Congrès.
I
43. Londres, 20 juillet, 1814 (F. 1. ad 3565).
ORLOFF (1) à RAZOUMOFFSKY (2) (intercepta) (Analyse).
Mauvaises nouvelles de France où la démoralisation est à
son comble.
« Seul un Gouvernement tyrannique et un sceptre de fer
peuvent lui convenir. » s
44. Copenhague, 23 juillet 1814 (F. 1. ad 3565).
ROSENGRANZ à BERNSTORFF (intercepta) (Analyse).
Affaires du Danemark et de la Suède.
¥
Intervention énergique du général Steigent^ch auprès dû
prince Christian sur la déclaration duquel on ne pouvait comj^
ter...
Les Suédois et le prince royal répugnent à faire usage
forces considérables dont ils disposent.
1. Orloff (comte, puis prince AJexis-Fedorovitch) aide de camp général
l'Empereur.
2. Razoumoffsky (André Kyrillovitch) (1752-1836). Plénipotentiaire de Ri
sic au Congrès de Vienne et à Paris lors des négociations du traité du 20]
vembre 1815.
tu
kl
I
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 35
Vienne, 28 juillet 1814.
45. Vienne, 27 juillet 1814 (F. 1. ad 3565).
PIQUOT à GOLTZ (intercepta en français).
Envoi d'un courrier à Berlin. La question de Saxe et l'indemnité
qu'on veut offrir au Roi.
On vient d'envoyer un courrier autrichien à Berlin. Il doit
avoir été expédié par rapport aux alfaires de Saxe et contenir
des propositions à faire à ce sujet au roi. On m'assure que la
Cour de Vienne désirerait maintenant voir le roi de Saxe trou-
ver une indemnisation de son royaume dans la possession des
Légations de Ferrare et de Bologne.
Vienne, 31 juillet 1814.
46. Vienne, 30 juillet 1814 (F. 1. ad 3565 .
HEGARDT à ENGESTRŒM (intercepta en français) (Analyse).
L'Europe reste en armes. Préparatifs militaires de Murât. État des esprits
en Italie. L'archiduc Charles. La princesse Elisabeth de Saxe et sa tenta-
tive de voir Alexandre à Leipzig.
L'Autriche, se réglant en cela sur ce que font les autres
Puissances, ne désarmera pas avant l'arrangement définitif
des affaires de TEurope.
Murât augmente considérablement son armée.
Mécontentement croissant en Lombardie contre l'Autriche.
Bruit de la nomination de l'archiduc Charles aux fonctions
de gouverneur général de la Lombardie avec Saurau (1) pour
adjoint.
1. Saurau (François, comte de) (1760-1832). Ambassadeur à Pétersbourg en
1801, maréchal des Etals d'Autriche de 1803 à 1805, commissaire impérial en
Styrie, Carniole et Carinthie en 1806, Gouverneur général de la Basse et de
la Haute-Autriche en 1810, chargé en 1814 d'organiser les provinces Illyrien-
nes, Gouverneur de la Lombardie et ministre de l'armée d'opération contre
Naples en 1815. Ambassadeur à Madrid en 1817. Ministre de l'Intérieur en
1818, pendant les dernières années de sa vie il partagea la confiance de l'Em-
pereur François avec Metternich
36 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
On dit que le Département des finances sera donné de nou-
veau au comte Wallis (1).
« L'évasion de la princesse Elisabeth de Saxe (2) de Berlin
défraye toutes les conversations. Elle est venue à Leipzig dans
l'espoir de trouver l'Empereur de Russie et de tâcher de le
prévenir en faveur du roi de Saxe. Mais elle a manqué son
but n'ayant pu voir Sa Majesté. »
47. Vienne, 30 juillet 1814 (F. 1. ad 3565).
BERNSTORFF à ROSENGRANZ (intercepta en français).
Le roi de Saxe et l'offre des Légations. Les espérances de Metternich fon- j
dées sur son entrevue avec Alexandre à Bruchsal. Projets qu'on prête à
Alexandre.
J'ai trouvé moyen d'avérer qu'en effet la Cour de Vienne
vient de faire offrir au roi de Saxe les trois Légations pour
prix de l'abdication qu'on lui demande et que jusqa'ici il
continue à refuser. Je ne crois pas du reste qu'il existe là-
dessus aucun arrangement avec le Pape et je doute que, s'il
était question de négocier son aveu, on le trouvât plus cou-
lant que dans des cas semblables ce respectable prélat ne s'est
montré vis-à-vis de l'Empereur Napoléon.
Il est arrivé ici, il y a quelques jours, un courrier de Lon-
dres. On se montre très content des dépêches qu'il a apportées
et il paraît que la Cour de Vienne compte plus que jamais sur
l'appui du Gouvernement britannique.
Je me suis aperçu en général que la confiance, avec laquelle
le cabinet autrichien compte porter à un dénouement satis-
1. Wallis (Joseph, comte) (1768-1818) Conseiller intime, Gouverneur de la
Silésie et de la Moravie sous le ministère de ïhugut, président de la ré-
gence de Bohème en 1805. Commissaire général en 1809, Ministre d'Etat et
des Conférences, grand chancelier aulique de Bohême, Ilofkammer Prâsi- ^
dent (président de la Chambre des finances, ou pour mieux dire ministre desÊ
Finances) à la mort du comte O'Donell, il n'hésita pas à réduire au cinquième^
le papier-monnaie, mais n'en dut pas moins émettre de nouveaux billets.
Nommé chef suprême des tribunaux de justice, il abandonna en 1816 les
finances au comte Stadion et mourut le 19 novembre 1818 d'une attaque
d'apoplexie foudroyante.
2. Cf. Pièce 50. Bernstorff à Rosencranz. Vienne, 3 août 1814. La princesse
Elisabeth de Saxe était la tante du roi.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 37
faisant la nouvelle crise qui se prépare, va sensiblement en
augmentant. Les espérances du prince de Metternich à cet
égard paraissent se fonder en grande partie sur la disposition
d'esprit où il a trouvé TEmpereur de Russie à Bruchsal. On
assure que ce souverain s'y est montré très fâché et déconte-
nancé et que tous les indices se sont accordés à faire voir
qu'après avoir quitté l'Angleterre, où il a laissé le Prince Ré-
gent et le Ministère fort indisposés contre lui, il n'a pu s'em-
pêcher de reconnaître jusqu'à un certain point la légèreté et
l'inconséquence de sa conduite. On se flatte que l'impression
qui lui en restera étendra ses effets plus loin et on se promet
peut-être trop légèrement d'en tirer bon parti pour les négo-
ciations importantes qui restent à terminer.
On va jusqu'à me faire entendre que le changement sur-
venu, ou supposé, dans les idées de l'Empereur Alexandre ne
saura manquer de produire bientôt un effet avantageux à nos
intérêts et que l'on peut dès à présent se promettre pour l'Eu-
rope entière une tendance générale vers le maintien ou le ré-
tablissement des autorités anciennes et légitimes.
48. Vienne, 30 juillet 1819 (F. 1 ad 3565).
STEIiNLEIN (1) au ROI DE BAVIÈRE {intercepta en français).
On ignore ce que seront les conférences préliminaires. On n'a que des don-
nées vagues sur les projets de constitution de l'Allemagne. On est fort in-
quiet au sujet de la Saxe. On parle d'indemnité offerte au roi.
On se perd en conjectures sur les conférences préliminaires
du Congrès qui doivent commencer le 10 septembre. On croit
qu'il n'y aura que les ministres des grandes puissances qui y
seront admis et qu'on ne communiquera aux autres que ce qui
les regarde spécialement.
Sur la Constitution future de l'Allemagne il y a bien des
bruits vagues. On prétend qu'on proposera sûrement la cou-
ronne impériale à la Maison d'Autriche sous des conditions
compatibles avec la souveraineté des Etats. On parle à ce su-
jet de deux Directoires, dont l'un serait composé par l'Autri-
che, la Prusse, le Hanovre et la Bavière.
1. Conseiller de la Légation de Bavière à Vienne.
38 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Quant à la Saxe, on est dans les plus vives inquiétudes. Quoi-
que TEmpereur (d'Autriche) ait promis de nouveau au prince
Antoine (1) qu'il fera tout son possible pour conserver la Saxe,
on prétend cependant savoir que les négociations ne prennent
pas une tournure avantageuse. On parle déjà des indemnités
pour la famille royale et on indique à cet effet entre autres les
trois Légations en Italie, En attendant, le pape ne se prêtera
pas facilement aux cessions. Le choix des ministres, le Cardi-
nal Consalvi (2) et Mgr Délia Genga (3), prouve qu'il se pré-
pare à en parler avec cette fermeté qui lui a fait cette grande
réputation dans les derniers temps.
La Nonce (4) m'a dit il y a peu de jours : « Il faut revenir à
l'ancien état de choses. Nous sommes très pauvres, mais nous
ferons cependant notre possible pour la religion et l'éduca-
tion. »
2 août 1814.
49. s. 1. 26 juillet 1814 (F. 1. ad 3565).
ENGESTROEM à HEGARDT (à Vienne) {intercepta en allemand).
(Analyse).
Gravité de la situation. Les exigences du prince Christian.
Dernières tentatives de conciliation et les articles du Beobachter .
Arrivée du roi le 20 au soir, de la reine le 24. Impossibi-
lité d'accepter les propositions du prince Christian tendant à
une renonciation à la Norvège. Ordre donné à l'armée sué-
doise de commencer les hostilités. Les quatre commissaires
tentent aujourd hui une dernière démarche auprès du prince
Christian (5).
1. Frère du roi de Saxe auquel il succéda en 1321 et beau-frère de l'Empe-
reur François dont il avait épousé la sœur aînée, Marie-Thérèse.
2. Consalvi (cardinal) (1757-1824). Secrétaire d'Etat de Sa Sainteté le Pape
et plénipotentiaire de Pie Vil au Congrès de Vienne.
3. Délia Genga (Annibal, Mgr) (1760-1829) Pape de 1323 à 1829 sous le nom
de Léon XIl. Envoyé à Paris un peu avant Consalvi, il y tomba malade et
était encore fort souffrant au mois d'octobre 1814.
4. Severoli (Mgr) Nonce apostolique à Vienne depuis 1802. Il n'en partit
qu'en 1817 lorsqu'il eut obtenu la pourpre cardinalice.
5. Fils du prince Frédéric de Danemark et cousin du roi Frédéric VI
(fils et successeur de Christian VII, né en 1768, régent en 1785, roi en 18
auquel il succéda en 1839 sous le nom de Christian VlII. Gouverneur de
ir
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 39
Ordre de rectifier ce qui a paru dans le Beobachter du 7
v[ du 9 (1) à propos du prince royal (Bernadotte) et de sa
femme, de la conscription et du mécontentement de la no-
blesse en Suède.
,50. Vienne, 3 août 1814 (F. 1. ad 3565).
BERNSTORFF à ROSENCRANZ {intercepta en français)
{Analyse).
^'Autriche profitant de l'éloignement d'Alexandre essaye de se rapprocher de
la Prusse. Instructions données à cet effet au comte Zichy. Les indemnités
à offrir au roi de Saxe. La princesse Elisabeth de Saxe et Alexandre. Le
duc de Saxe-VVeimar refuse de paz'ticiper au partage de la Saxe.
Il va à Baden tant pour se rétablir que pour se renseigner
d'autant mieux que le prince de Metternich est, lui aussi, sur
e point de s'y rendre et lui a « promis l'accès le plus libre
uprès de lui ».
« Une conversation confidentielle que je viens d'avoir avec
e prince de Metternich m"a fourni de nouvelles preuves que la
Heur de Vienne est en ce moment un peu plus contente de la
i*russe, qu'elle met tous ses soins à se rapprocher de cette
missance et qu'elle a jugé devoir mettre à profit la suspen-
(ion des négociations et Téloignement de l'Empereur Alexan-
Ire pour combattre en attendant à Berlin l'ascendant trop
prépondérant que ce souverain s'est arrogé sur les résolutions
jI la inarche de la Cour de Prusse. »
Norvège, dont il fut même proclamé régent, il essaya en vain de s'opposer
lUX volontés des alliés. Par la convention de Moss (14 août) la Norvège fit sa
oumission et le 4 novembre, moyennant le maintien de sa constitution et
le son autonomie, elle accepta pour souverain Charles Xlll roi de Suède.
Christian Vlll régna sur le Danemark de 1839 à 1848.
l. D'après un article publié par le Beobachter du 7 juillet et tiré d'une
orrespondance de Copenhague de VAllgemeine Zeitung du 7 juin, on parlait
iu prochain mariage de Bernadotte avec une Française de sang royal et d«
ion divorce avec sa femme qui resterait en France et y vivrait sous le nom
le comtesse de Gothland. Le numéro du 9 juillet empruntait à ce même jour-
lal une autre correspondance de Copenhague en date du 14 juin attribuante
bernadotte le projet de lever les jeunes gens de 16 à 20 ans, mesure qui au-
ait provoqué un mécontentement général et augmenté encore celui de la no-
îlesse déjà fort hostile à l'annexion de la Norvège.
40 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Il paraît que le comte Zichy (1) est instruit à cet effet d'en-
trer dans des explications avec le prince de Hardenberg.
J'ai de nouveau lieu de croire que l'idée de dédommager le
roi de Saxe par les trois Légations ne sera de nouveau mise en
avant qu'après que tous les moyens de détourner le roi de
Prusse de l'agrandissement projeté auront été épuisés.
Les amis de la Saxe se promettent peut-être trop légère-
ment des effets avantageux d'un entretien que la princesse de
Saxe a su se ménager avec l'Empereur de Russie à Leipzig.
Le duc de Weimar a fermement refusé de partager les dé-
pouilles de la Saxe ou de renoncer, à quelque prix que ce fût,
à ses droits éventuels.
51. Vienne, 3 août 1814 (F. 1. ad 3565).
COMTE DE HARDENBERG à MUNSTER (2) (à Londres)
(intercepta en français).
Ce qu'il a fait à Francfort. Sa réconciliation avec Stein. Solms-Laubach, Les
affaires d'Allemagne. Alexandre et les princes allemands. Metternich invi-
sible. L'importance de Gentz.
Il commence par lui rappeler qu'il lui a écrit quatre lettres
de Douvres, Calais et Paris ; qu'il est parti le 19 juillet de
Paris et qu'il est arrivé le 28 à Vienne, venant de Francfort.
« Les deux jours que j'ai passés à Francfort n'ont pas été
absolument perdus, puisque j'y ai fait complètement ma paix
avec Stein, et après tout, j'aime mieux être bien que mal avec
lui. Mais aussi il n'a guère été question du passé entre nous,
1. Comte Etienne Zichy ministre d'Autriche à Berlin (Cf. Haus, Hof,und
Slaais Archiv. Metternich à Zichy, Vienne, 1" août 1814). Zichy de Vaso-
nykeo (Etienne, comte) (1780-1853), entré fort jeune dans la diplomatie, mi-
nistre à Di'esde en 1805, à Berlin de 1810 à 1827, assista aux Congrès d'Aix-
la-Chapelle, Troppau, Laibach et Vérone. Très lié avec Hardenberg et
Bliicher et fort apprécié par Frédéric-Guillaume III, ambassadeur à Péters-
bourg de 1827 à 1839, époque à laquelle il prit sa retraite et quitta la car-
rière.
2. Miinster (Ernest-Frédéric-Hubert, comte de) né à Osnabriick en 1766,
mort en 1839, contribua puissamment, comme envoyé de l'électeur de Hano-
vre, roi d'Angleterre, à former plusieurs coalitions contre la France. Repré-
sentant du Hanovre au Congrès de Vienne,ilenfut ensuite le véritable régent.
Il épousa le 7 novembre 1814 Wilhelmine-Charlotte, comtesse de la Lippe
(sœur du duc de Lippe-Schaumburg) née en 17S3.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 41
mais uniquement de l'Allemagne. Stein avait vu l'empereur
Alexandre à Bruchsal et lui avait remis sur cet objet une
lettre qu'il m'a communiquée et qu'il m'a dit avoir été fort
bien reçue. En général, il donne beaucoup d'espoir de ce
côté-là.
J'aurais beaucoup désiré trouver Solms (1) à Francfort; mais
il était à Laubach et je ne le verrai qu'ici où il se rendra en
même temps que Stein. Celui-ci y viendra dans la première
moitié de septembre et il s'est beaucoup enquis du temps où
vous y viendrez. Il prêche beaucoup de fermeté dans les affaires
de l'Allemagne et compte se faire escorter par une phalange
entière d'élèves pour qu'on y crie contre les abus actuels. An-
noncez, je vous prie, le grand événement de la pacification
entre Stein et moi à sa protectrice, M"" Orlofî (2), en me met-
tant à ses pieds.
Comme preuve que les petits souverains allemands ne sont
pas trop appuyés par l'Empereur de Russie, Stein m'a confié
que l'Impératrice douairière de Russie (3) s'était plainte à lui,
que l'Empereur s'en tenait toujours aux promesses sans jamais
rien articuler de positif.
Le prince de Metternich est tellement absorbé par tout ce
qu'il a sur les bras depuis son retour qu'il est impossible de
le fixer longtemps. Aussi, je me propose principalement de
travailler Gentz, qui aura de l'influence dans les affaires d'Al-
lemagne et sera vraisemblablement chargé de les traiter au
Congrès (4).
Je ne puis assez réitérer combien cet homme pourra être
utile à l'avenir. Surtout comme Binder (5) ne restera probable-
1. Solms-Laubach (comte de) un des médiatisés, ci-devaut membre du
Reichshofrat, collaborateur et satellite de Stein.
2. Orlofî (Anna Ivanowna comtesse) (1777-1824), née comtesse SoltykolT,
femme du comte Grégoire Wadimirovitch Orlofî, sénateur, auteur d'une
histoire du royaume de Naples, mort en 1826. (Cf. pour la comtesse Orlofî
et Stein. Arndt. Meine Wanderungen und Wandliingen mil Freiherrn von
Stein, pages 72 et suivantes.)
3. Marie Feodorowna, Impératrice douairière de Russie, veuve de Paul I",
née princesse Dorothée de Wurtemberg, fille du duc Frédéric-Eugène de
Wurtemberg, prince de Montbéliard et de Fredericke-Dorothée-Sophie de
Brandenburg-Schwedt, née en 1759, morte en 1828.
4. Ce fut Wessenberg et non pas Gentz qui fut chargé des affaires de l'Al-
lemagne.
5. Binder von Kriegelstein (François, baron) (1775-1855), ministre d'Autri-
che à Stuttgart, un des favoris de Metternich qui l'appela à Vienne dans l'inten-
tion d'en faire un de ses collaborateurs intimes pendant la durée du Congrès.
42 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
ment pas à la Chancellerie d'Etat, je vous prie de prendre cela
en mûre considération. »
52. Vienne, 3 août 1814 (F. 1. ad 3565).
COMTE DE HARDENBERG à MUNSTER
{intercepta en français).
Metternich el la réception du Corps diplomatique. L'Italie. Schwarzeiiberg.
Bellegarde. Langenau. Radetzky. L'archiduc Charles, le Gouvernement
général de l'Italie, son mariage projeté avec la graude-duchesse Catherine
et la mission du général Koller.
Metternich a, dès son retour, reçu le Corps diplomatique et
a fait à ses Membres un exposé de la situation, mais sans rien
préciser et sans insister sur aucun point. Wessenberg a remis
un rapport sur l'état des affaires en Italie, qu'on a trouvé ras-
surant et l'Empereur a fait connaître aux députations venues
de l'autre côté des Alpes qu'il avait l'intention de faire un
voyage dans leur pays.
Au grand contentement de tous, Schwarzenberg a remplacé
à la présidence du Conseil aulique de guerre Bellegarde, qui
est destiné à rester en Italie, et le général Langenau a pris la
direction de Fétat-major général à la place de Radetzky (1).
On ne peut cependant pas cacher le grand mécontentement
qui règne en Italie et qui est entretenu soigneusement par des
menées de toutes espèces. On y dépense cependant beaucoup
d'argent, mais de riches Italiens s'imposent les plus grands
sacrifices pour entretenir une agitation dont ils comptent tirer
parti.
La nomination future de l'archiduc Charles au Gouverne-
ment général de l'Italie autrichienne, dont le point central et
le siège seraient Milan, est vraiment désirée ici comme le seul
moyen de mettre un ensemble dans Tadministration de ce pays
et de le soustraire au Gouvernement direct et un peu brusque
des autres provinces de la Monarchie. Il est probable encore
1. Radetzky (Jean- Joseph- Winceslas-Antoine- François-Charles, comte)
(1766-1358) feld-maréchal en 1336, chef d'état-major de Schwarzenberg pen-
dant les campagnes de 1812-1814, le vainqueur de Novare le 23 mars 1849.11
ne prit sa retraite que le 28 février 1857, moins d'un an avant sa mort surve-
nue le 25 janvier 1858.
I
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 43
que cette nomination se fera, surtout si le mariage de ce prince
avec la grande-duchesse Catherine a lieu. La grande-duchesse
le désire toujours vivement et cette alliance ne trouvera au-
cune entrave ici ; mais l'Empereur Alexandre diffère encore son
assentiment, sous prétexte de désirer préalablement consulter
l'Impératrice mère. La véritable raison, pourquoi l'Empereur
ne s'explique pas, pourrait bien être qu'il voudrait attendre
les résultats du Congrès de Vienne.
Pour cultiver au moins autant que possible ses rapports
avec ce souverain, la Cour de Vienne, qui en ce moment n*a
pas de ministre accrédité à Saint-Pétersbourg, va y envoyer
le général Koller (1) particulièrement bien vu de la grande-du-
chesse Catherine et fort goûté aussi par l'Empereur lui-même.
Oncompte envoyer le général sous prétexte de devoir prendre à
Saint-Pétersbourg des arrangements nécessaires pour le voyage
de Sa Majesté l'Empereur à Vienne.
53. Vienne 3 août 1814 (F. 1. ad 3561).
BRAUN à L... (à Darmstadt), {intercepta en français).
L'Angleterre décidée à s'opposer aux visées de la Russie sur la Pologne.
Un courrier, expédié par le Ministre d'Autriche à Londres,
apporte des nouvelles dont on est très satisfait. 11 paraît que
r Angle terre reconnaît la nécessité de dissuader la Russie de
ses vues sur le Duché de Varsovie qui sont contraires à la
tranquillité de l'Europe. J'en conclus que plus que jamais il
ne pourra y avoir beaucoup de cordialité dans l'accueil que
les deux Empereurs se feront à Vienne.
1. Général autrichien, l'un des commissaires désignés par les alliés pour
accompagner Napoléon jusqu'à l'île d'Elbe, mort à Naples en 1828. Le fcld-
maréchal lieutenant Koller arriva en effet à Saint-Pétersbourg le 3 septembre.
Cf. FouBNiER. Historische Studien und Skizzen 2'* Reihe. Ziir Vorgeschichte
des Wiener Kongresses, p. 323-328. Koller à Metternich. Saint-Pétersbourg,
8 septembre 1814.
44 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
54. Vienne, 3 août 1814 (F. 1 ad 3565).
GENTZ à KARADJA (1) [intercepta en français) (Analyse).
Naples, Murât, la France et l'Espagne, l'Angleterre et l'Autriche. On ignore
les projets actuels d'Alexandre sur la Pologne. Mémoire de Pozzo de Borgo
contre le rétablissement de la Pologne.
Influence qu'exercent sur les affaires d'Italie et en particu-
lier sur celles de Naples, les nouvelles liaisons entre l'Espagne
et la France et leur refus de reconnaître Murât. Attitude
peu bienveillante de l'Angleterre à l'égard de Murât et rappel
de l'envoyé russe à Naples. Murât n'a plus d'autre soutien
que l'Autriche. Sa situation vis-à-vis d'elle pourrait changer
si réellement il a entretenu une correspondance secrète avec
le vice-roi après avoir signé le traité avec l'Autriche. Diffi-
culté résultant de la Constitution donnée par les Anglais à la
Sicile d'après laquelle la Sicile et Naples ne peuvent plus être
gouvernées par le même prince...
« Depuis qu'Alexandre a quitté l'Allemagne nous n'avons
plus de nouvelles de lui. Les opinions sont partagées sur l'ef-
fet que produira son voyage en Russie relativement au projet
de Pologne. Les uns croient que le mécontentement qu'il a
causé en Russie en détournera l'Empereur Alexandre.
« D'autres croient que pour le faire renoncer à son idée il ne
faudrait rien moins qu'une opposition vigoureuse des puissan-
ces intéressées. Le délai, auquel il a consenti, prouve que ses
projets n'étaient rien moins que mûrs et j'en ai acquis de nou-
velles preuves. Je sais entre autres qu'un des hommes dont il
fait le plus grand cas, le général Pozzo di Borgo, vient de lui
adresser un mémoire extrêmement fort dans lequel il a exposé
tous les inconvénients qu'un rétablissement quelconque de la
Pologne, et surtout celui dont l'Empereur s'occupe, entraîne-
rait infailliblement pour la Russie. D'un autre côté, les Polo-
nais sont consternés de la résolution de l'Empereur de ne pas
toucher Varsovie pendant son voyage.
« Le général Lubiansky (2), qui a vu l'Empereur Alexandre à
1. Cette dépêche, dont nous ne donnons ici que l'analyse faite par le Cabi-
net noir, n'a été publiée ni par Prokesch Osten ni par Klinkowstrœm.
2. Ne s'agirait-il pas ici de Lubianski (Thomas) (1784-1870) chef d'escadron
aux chevau-légers de la garde. Général de brigade en 1813, général de divi-
sion en 1831, commandant en chef de l'armée polonaise le 17 avril 1831.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 45
Paris, a assuré en passant par Vienne qu'il n'a donné que des
promesses vagues. Cependant la majorité des Polonais s'ex-
tasie au seul nom de royaume de Pologne et il est certain que
les complices de ce plan, le prince Adam Czartoryski et le
prince Antoine Radziwill, assistés par la Harpe et quelques
autres philanthropes du même bord remueront ciel et terre
pour le faire triompher. »
55. Vienne, 3 août 1814 (F. 1. ad 3565).
GENTZ au COMTE CLAM (à Prague) {intercepta en allemand)
{Analyse)
Son admiration pour le compte rendu du ministre des Fi-
nances en France publié par le Moniteur du 23 juillet (1).
Gentz trouve simplement merveilleux ce que le ministre a
pu faire.
Vienne, 7 août 1814.
56. Vienne, 6 août 1814 (F. 1. ad 3565).
PIQUOT à GOLTZ {intercepta français).
Changement dans le personnel de la chancellerie d'Etat.
Les archiducs désignés pour aller au-devant des souverains.
Changement prochain à la chancellerie d'Etat. Le baron Bin-
der, autrefois ministre d'Autriche à Stuttgart, a été nommé pour
assister Metternich dans les travaux du Congrès et le comte
de Mercy, du département des Finances, sera nommé conseil-
ler aulique à la Chancellerie et fera fonction de secrétaire du
Congrès.
L'Empereur aurait, affirme -t-on, désigné l'archiduc Palatin
pour aller au-devant de l'Empereur Alexandre, l'archiduc
1. Baron Louis (1770-1739). Le budget fut présenté à la Chambre le 22 juil-
let. Cf. pour l'impression produite par le rapport du baron Louis, Pozzo di
Borgo à Nesselrode Paris, 13-25 juillet 1814. Dépêche n" 35 (Correspondance
de Pozzo di Borgo et de Nesselrode, I. 32).
46 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Charles, du roi de Prusse, l'archiduc Jean, du roi de Bavière,
Tarchiduc Antoine, du roi de Wurtemberg. L*Empereur en
personne irait à la rencontre des souverains de Russie et de
Prusse jusqu'à Brûnn et l'Impératrice recevrait à Linz l'Im-
pératrice de Russie.
57. Vienne, 6 août 1814 (F. 1. ad 3565).
58. Vienne, 6 août 1814 (F. 1. ad 3565),
STEINLEIN au ROI DE BAVIÈRE {intercepta en français)
(Analyse du Cabinet noir).
Venue à Vienne du grand-duc de Bade. La mission du duc de Rocca Roman
envoyé à Vienne par Murât. L'Autriche et le refus du roi de Saxe d'accep
ter des compensations. Quelle sera la formule du Congrès ?
Metternich a dit que la présence à Vienne des souverains
faciliterait tellement les négociations que le Congrès sera vrai-
semblablement terminé à la fin de novembre.
On a consenti à se rendre au désir du grand-duc de Bade
mais on ne sait encore où il logera.
Sur l'affaire du Brisgau, Metternich n'a pas voulu s'expli-
quer, mais il a été enchanté de la nouvelle que l'arrivée des
députés de Fribourg, dont on avait souvent parlé ici, n'a pas
eu lieu.
BRAUN à L..., (à Darmstadt) (intercepta en allemand) (Analyse) -
Opposition des cabinets de Paris et de Londres aux projets de la Russie |
François I" refuse à Marie-Louise l'autorisation de se rendre de suite à j
Parme. ft
Opposition que rencontrent à Paris et à Londres les visées
ambitieuses de la Russie.
Marie-Louise aurait marqué à l'Empereur, son père, son désir
de se rendre à Parme avec son fils, L'Empereur s'y est refusé
et Metternich lui a écrit pour lui faire savoir qu'elle ne pour-
rait s'y transporter qu'après la décision finale du Congrès.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 47
Le roi de Naplesa envoyé ici le duc deRocca Romana (l)pour
complimenter l'Empereur sur son retour dans son pays. On
suppose qu'il fait tout cela pour gagner cette Cour qui paraît
être son seul appui. En outre le cabinet de Vienne n'a rien
changé jusqu'ici dans sa décision, mais on observe bien qu'il
se forme une ligue forte et puissante contre cette nouvelle
dynastie.
Quant à la Saxe, le roi a refusé les indemnisations et la Cour
de Vienne se trouve dans la situation pénible, ou de sacrifier
ses intérêts les plus chers pour gagner la Prusse, ou de cou-
rir le risque d'une nouvelle lutte. Tout semble indiquer, et
l'Empereur, prétend-on, a même déclaré, que ce cabinet ne fera
pas la guerre pour la conservation de la Saxe...
Binder a refusé la charge de conseiller d'Etat, mais il sera
ud lattis du. minisire des Affaires Etrangères durant le Congrès.
La forme du Congrès est encore douteuse. On croit que tout
se fera en délibérations particulières.
59. Vienne, 6 août 1814 (F. I. ad 3565).
GENTZ à KARADJA (intercepta en français)
(Analyse du Cabinet noir).
Bruits relatifs au voyage de Marie-Louise à Aix. Les prétentions de la Keine
d'Etrurie sur Parme. L'itinéraire de Castlereagh (2) et l'arrivée de lord
Aberdeen .
On a beaucoup parlé du mauvais effet que le voyage de
Marie-Louise aux bains d'Aix en Savoie doit avoir causé à
Paris, de l'ombrage que la Cour de Russie en aurait pris, du
but secret de ce voyage qui n'aurait été rien moins qu'une
entrevue avec Napoléon à l'Ile d'Elbe. Les journaux anglais
ont enflé et brodé ces bruits et en ont même pris acte pour
l.Luzio Garracciolo, duc de Rocca Romana, grand-écuyer de Murât. Chargé
de remettre à François I" une lettre de Joachim en date de Naples 18 juillet,
Rocca Romana arriva à Vienne le 30 juillet.
2. Bien que la plus grande partie de cette dépêche ait été publiée en alle-
mand par Klinkowstrœm (pages 399-400), j'ai cru intéressant d'en donner
ici le texte original français, tel qu'il a été transmis par le Cabinet noir,
•d'autant plus que les deux derniers paragraphes relatifs à lord Castlereagh
et à lord Aberdeen ne figurent pas dans le livre de Klinkowstrœm.
48 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
supposer je ne sais quelle intelligence secrète entre la Cour de
Vienne et Napoléon. Ils ont relevé surtout l'histoire d'une
compagnie de lanciers envoyés par Napoléon pour escorter son
épouse et la conduire au lieu de son exil.
La vérité de tout ceci est que l'Impératrice Marie-Louise
s'est rendue aux eaux d'Aix en Savoie d'après l'avis de ses
médecins et avec le plein consentement de l'Empereur, son père ;
que celui-ci s'en est expliqué avec le roi de France dans des
termes qui n'ont pas pu susciter Tombre d'un soupçon ; que
Napoléon a été si mal instruit de ce qui se passait à Vienne
et des projets de son épouse qu'il a cru qu'elle se rendait à
Parme et qu'il a envoyé, en effet, une trentaine de lanciers dans
cette ville pour lui servir de gardes, lesquels ont été immédia-
tement renvoyés par la Commission autrichienne, chargée du
gouvernement provisoire de Parme ; enfin que l'Impératrice
Marie-Louise a laissé son fils à Vienne, a pris le chemin le
plus court par le Tyrol et la Suisse et a été reçue à Aix par
le général autrichien comte de Neipperg, chargé de lui tenir
compagnie pendant son séjour, et qu'après la saison des bains
elle retournera se distraire à Vienne pour y résider jusqu'à la
décision finale de la seule affaire politique qui puisse encore
la regarder et qui est celle de son établissement dans les du-
chés de Parme et de Plaisance.
Il s'agit encore de discuter les objections que la reine d'Etru-
rie, sœur du roi d'Espagne, a fait entendre contre cet arran-
gement au nom de son fils. D'après l'ancien ordre des choses,
ce fils eût été l'héritier indiscutable de ces duchés ; mais la
cession, que son grand-père a faite de ces duchés au Gouver-
nement français, était formelle, garantie par la Cour d'Espagne
et par conséquent irrévocable. A moins que l'Autriche ne
préfère d'autres duchés pour Marie-Louise et son fils, les pré-
tentions de la reine d'Etrurie ne changeront rien aux dispo-
sitions de la Convention du 11 avril (1).
Lord Castlereagh a fixé son départ pour le Congrès au 19
de ce mois. Il va par Bruxelles, Francfort, la Suisse et le Ty-
rol et n'arrivera à Vienne que vers la mi-septembre (2).
Lord Aberdeen (3) arrivera aujourd'hui avec la commission
qui porte à l'Empereur l'ordre de la Jarretière.
1. Article V du traité de Fontainebleau.
2. Lord Castlereagh arriva à Vienne le 13 septembre.
3. l.ord Aberdeen renonça à son voyage et ce fut lord Castlereagh qui remit
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 49
Vienne, 11 août 1814.
60. Vienne, 10 août 1814 (F. 1. ad 3565).
HEGARDT à ENGESTRCEM {intercepta en français) (Analyse).
La Russie ne cède pas. Concentration autrichienne en Galicie, préparatifs
militaires de l'Autriche.
Les négociations préparatoires du Congrès n'ont pas encore
donné de résultat. La Russie s'obstine et persiste dans ses
vues ; mais il y a accord entre Londres et Vienne.
Concentration autrichienne en Galicie. On arme et on ap-
provisionne les places de Rohême et de Moravie et on fait ve-
nir d'Italie des régiments italiens.
61. Vienne, 10 août 1814 (F. 1. ad 3565).
BERNSTORFF à ROSENCRANZ {intercepta en français)
(Analyse).
Humboldt à Vienne. La Constitution de l'Allemagne. Les questions de Po-
logne et de Saxe. Metternich et l'Italie. L'Empereur François et Marie-
Louise.
Humboldt, arrivé hier avec le comte Hardenberg, ministre
Hanovre, veut entamer de suite les négociations de la Cons-
Jtution future de l'Allemagne. L'intérêt pour cet objet pâ-
lît sensiblement refroidi ici. La Cour de Berlin s'en est occu-
pe avec plus d'attention et de suite. On parle de la division
l'Allemagne en neuf cercles, de n'admettre à la Diète que ce
)mbre de voix, d'en donner cinq à l'Autriche et à la Prusse
^rdre de la Jarretière à l'Empereur (Cf. Gentz à Karadja, Baden, 5 septem-
bre).
Aberdeen (George Gordon, comte d') (1784-1860). Ambassadeur à Vienne
k l'automne de 1J(13, signataire du traité de Teplitz, il suivit le quartier
général en 1814, prit part aux conférences de Châtillon et représenta l'An-
gleterre lors des négociations qui amenèrent la signature du traité de
Paris. Ministre des Affaires étrangères en 1828, dans le cabinet Wellington,
il se retira avec ce ministre le 16 novembre 1830, revint aux affaires avec lui
É1834 comme ministre des Colonies, puis de nouveau en 1841 sous le mi-
tère Peel, présida en 1852 le cabinet qui devait conclure une alliance offen-
e et défensive avec la France et se retira en 1855.
T T 4
50 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
et les quatre autres à la Bavière, au Hanovre, au Wurtem-
berg, et à Hesse-Cassel...
On croit ici que le rétablissement de la Pologne échouera ;
mais on a au contraire bien des craintes pour la Saxe. Je sais
qu'en cas d'agrandissement delà Prusse, surtout si elle s'éta-
blit à Dresde, Schwarzenberg et Radetzky sont d'avis que les
dangers qui en résulteraient pour l'Autriche sont plus à crain-
dre que ceux qu'on redoute des projets de la Russie sur la
Pologne.
Metternich s'occupe surtout en ce moment de l'organisation
des possessions de l'Autriche en Italie...
L'Empereur d'Autriche s'est opposé au désir de Marie-
Louise d'aller à Parme.
Vienne, 13 août 1814.
62. Vienne, 12 août 1814 (F. 1. ad 3565).
HARDENBERG au COMTE DE MUNSTER à Londres
(intercepta en français) (Analyse).
Dépêche quia trait au retour de Gariati (1), à la mission de
Rocca Romana envoyé de Naples avec des lettres pour l'Em-
pereur, à celle du prince Esterhazy père à Rome (!2), aux affai- .
res de Saxe, mais rien que pour mémoire puisque Munster :|
doit être au courant de sa note. On s'occupe beaucoup de l'or-
ganisation civile et militaire des provinces autrichiennes d ■
l'Italie.
Vienne, 14 août 1814.
63. Vienne, 13 août 1814 (F. 1. ad 3565\
HUMBOLDT à HARDENBERG {intercepta en français).
La constitution allemande. Difficulté de voir Metternich. {
Stadion. Wessenberg.
Je n'attends que les instructions de Votre Altesse sur l'affaire
1. Prince Cariati, l'un des deux représentants de Murât à Vienne.
2. Envoyé par l'Autriche en mission extraordinaire à Rome, puis à Naples.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 51
de la Constitution allemande pour entrer en discussion sur cet
objet avec le prince de Metternich.
Je n'envoie pas de rapport sur l'état des choses à cause de
la difficulté de parler avec Metternich qui est à Baden où il
s'occupe fort peu d'affaires. J'espère pourtant savoir sous peu
comment la Cour de Vienne envisage les principales questions
du Congrès. Ce que je peux vous dire aujourd'hui, mon prince,
c'est que Stadion ne prendra aucune part à ces négociations.
Il a dû être plénipotentiaire, mais il l'a décliné dans une lettre
à l'Empereur. Votre Altesse a déjà pu observer à Paris qu'il
était mécontent du rôle subalterne qu'il y jouait et n'était guère
de la même opinion que Metternich sur la plupart des points
qui doivent être réglés à présent. Son mécontentement a dû
avoir augmenté depuis. Je ne saurais dissimuler que je crois
qu'en général les affaires perdront beaucoup si, comme il faut
presque le supposer, Stadion (1) y reste étranger. Ses senti-
ments bien connus, sa franchise, sa véracité, sa conduite sans
tache et le sérieux qu'il met à tout ce dont il s'occupe, sbnt des
qualités qui le feront toujours regretter.
Mais il faut avouer aussi qu'il est imbibé des anciens prin-
cipes autrichiens et que pour cette raison il favorise très peu
les plans de la Prusse, tandis que je me suis dès à présent
convaincu que le prince de Metternich est dans un système
beaucoup plus raisonnable, qu'il a pleine confiance dans Votre
Altesse et que c'est par lui seul que nous pourrons attendre
d'être appuyés dans toutes nos demandes.
Wessenberg (2) est membre de la Commission pour la réorga-
nisation des provinces italiennes. Je ne sais s'il aura le temps
d'être employé aux affaires allemandes. Dans ce cas je suppose
que Metternich les prendra pour lui seul, car le baron Binder
ne possède pas les connaissances requises à ce sujet.
1. stadion (Philippe, comte de) né à Mayenceen 1763,mort ministre des Finan-
ces en 1824, avait négocié la troisième coalition contre la France. Ministre
des Affaires étrangères en 1806, il se retira après Wagram et fut ministre
plénipotentiaire aux conférences de Toeplitz, de Francfort et de Chatillon.
2. Wessenberg-Ampfingen (Jean-Philippe, baron de) (1773-1858) eut pour
firotecteur Charles de Dalberg, primat de Germanie, archevêque de Mayence,
fmis de Ratisbonne et grand-duc de Francfort. Il représenta l'Autriche dans
l'affaire des sécularisations (1802), fut ambassadeur à Berlin (1813), à Munich
et à Londres et figura au Congrès de Vienne. Il goûtait peu le système de
Metternich. Envoyé à la Haye en 1830, il eut à s'occuper du conflit belge-hol-
landais. Ministre des Affaires étrangères en 1848 dans le cabinet, dit oons-
Ututionnel, il fut remplacé par le prince de Schwaraenberg.
82 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Martens (1), que le comte de Munster voulait envoyer ici,
n'est pas encore arrivé.
64. Vienne, le 13 août 1814 (F. 1. ad 3565).
NOTA à HAGER (en français).
Gros orage et intrigues contre Metternich.
Il y a parmi les coalisés un grand orage sur la tête du
prince de Metternich qu'on accuse d'avoir fait Timpossible pour
conserver la couronne au Monstre et de soutenir l'intérêt de
Naples. Je le sais d'une manière positive et indubitable. Parmi
les ministres rivaux, on l'appelle le « Scapin de la Diploma-
tie ». J'ai sur Metternich quelque chose que je ne veux pas
écrire et je que montrerai au conseiller Braulik (2), dès qu'il
pourra venir un instant chez moi. Ma jambe me tourmente
toujours cruellement et me force au lit, excepté Theure du
dîner, où je me fais porter dehors, par ordre du médecin. Elle
n'empêche de courir le monde et de faire des recherches.
Au dos, NOTE DE Braulik, de Vienne, le 14 août 1814 (en allemand) .
Dans mon entretien avec lui, il ne m'a rien dit en dehors de
ce qu'il a écrit au sujet des intrigues de diplomates russes,
prussiens et anglais contre Metternich, si ce n'est qu'il en a eu
la preuve et qu'il en a acquis la conviction par une lettre du
conseiller aulique prussien Bartholdi.
1. Martens (Georges-Frédéric von), né à Hambourg le 22 février 1756, pro-
fesseur de droit à Gôttingen en 1794, conseiller d'Etat en 1808 et à partir de
1810 président de la section des finances au conseil d'Etat du royaume de
Westphalie, conseiller intime du cabinet hanovrien en 1814, ministre en 1816 à
Francfort où il mourut le 22 février 1821. Auteur du recueil des principaux
traités d'alliance et de paix depuis 1761.
2. L'un des hauts fonctionnaires du ministère de la Police. Il était à ce
moment conseiller de gouvernement et fut promu conseiller aulique en 1816.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 53
Vienne, 16 août 1814.
65. Vienne, 15 août 1814 (F. 1. ad 3565).
MARIE CAROLINE au ROI FERDINAND IV
{intercepta en italien) (Analyse).
Avis et conseils qu'elle lui donne. Murât et Naples. Invisibilité de Metternich.
Hostilité générale contre Murât.
Elle lui fait connaître son avis sur la reprise du pouvoir à
laquelle il vient de procéder. Conseils qu'elle lui donne par
rapport à l'Angleterre, et ce qu'elle pense de Tétat de l'armée
sicilienne.
Gariati et Pescara affirment que Murât conservera Naples et
qu'on donnera une compensation à Ferdinand,
Ni elle, ni aucune des personnes de son entourage n'ont même
vu Metternich.
Elle est sans nouvelles de Ruffo (1).
« Ici, à l'exception du seul Metternich, tout le monde est
contre Murât. »
18 août 1814.
|66. Vienne, 17 août 1814 (F. 1. ad 3565) (2).
BERNSTORFF à ROSENGRANZ {intercepta en français).
Sravité de la crise. Opinion de Humboldt sur la Russie et la Pologne. Pour-
quoi la Prusse doit la suivre. Attaques contre Metternich. L'archiduc Char-
les et la grande-duchesse Catherine. On parle d'une mission de Nugent en
Angleterre.
1. Ruffo (Alvaro, commandeur, des princes délia Scaletta) (1754-1825) reçu
lès son enfance dans l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, entré tout jeune au
lervice au régiment Royal Siracusa, où il arriva promptement au grade de
sapitaine, appelé ensuite à Malte, il y commanda pendant quelque temps les
Galères de l'Ordre. Ministre plénipotentiaire à Lisbonne (1793), à Paris (1797),
appelé dans sa patrie par les événements politiques en 1798, il accompagna
fclarie Caroline à Vienne en 1800 et y fut accrédité comme Ministre plénipo-
eatiaire en 1803. Représentant de Ferdinand IV au Congrès de Vienne, il
ligna en 1815 le traité d'alliance entre les deux Cours, refusa de prêter ser-
nent à la Constitution en 1820, prit part au Congrès de Laibach (1821), devint
•our peu de temps ministre d'Etat et président du Conseil et fut enfin en-
royé de nouveau comme ambassadeur à Vienne où il mourut le 29 juillet
BAmi intime de Metternich, il le choisit pour exécuteur testamentaire.
En note de la main de Hager : « J'aimerais pourtant bien savoir si Met-
ch lit réellement les intercepta de Bernstorff. »
54 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Plus l'époque des grandes négociations approche, et plus on
sent Timportance de la crise qu'elles vont traverser. La Rus-
sie n'a qu'à vouloir pour l'emporter.
Mes conversations avec le baron Humboldt m'ont valu la
conviction que la Cour de Berlin sent tout aussi vivement que
celle d'ici ce que les vues de la Russie relativement à la Po-
logne ont de menaçant pour la tranquillité de ses voisins et de
l'Europe entière, mais qu'elle est tout aussi peu disposée à y
faire une opposition propre à l'entraîner dans une brouillerie
ouverte avec cette puissance»
Je n'ai pu deviner si ce Ministre m'a exposé l'opinion de
son gouvernement ou la sienne à lui, lorsqu'il m'a dit qu'il
était convaincu que les puissances intéressées à combattre les
projets de l'Empereur de Russie ne l'en feront revenir ni par
des bouderies qui ne serviraient qu'à l'irriter, ni par des ma-
naces auxquelles il ne croirait pas, mais qu'elles lui en impo-
seraient d'autant plus sûrement par un langage ferme, uni-
forme et tendant à lui faire sentir que l'attitude menaçante,
qu'il prétendait se donner, les forcerait toutes à chercher la
garantie de leur sûreté future dans les plus étroites unions de'
leurs vues et de leurs principes.
On assure dans les cercles militaires autrichiens que la Rus-
sie n'a pas 100.000 hommes, mais rien que 30.000 hommes en
Pologne et qu'elle ne dispose en tout que de 200.000 hommes.
Plus les embarras de la situation se font sentir, plus les
ennemis du prince de Metternich lui reprochent d'avoir trop
longtemps laissé en suspens les questions qu'il va avoir à trai-
ter maintenant avec désavantage. C'est surtout de la part du
comte de Stadion qu'il a essuyé les censures les plus amères.
Ce ministre est revenu de France singulièrement animé contre
lui et tellement dégoûté qu'il a refusé d'avoir aucune part aux
travaux du Congrès.
L'archiduc Charles vient de partir pour Egra, où il va troui-
ver la grande-duchesse Catherine. On s'attend toujours à ce
que son mariage avec elle finisse par s'arranger. Il ira ens
au-devant du roi de Prusse.
On prétend que Nugent (1), chargé d'une mission du G
vernement, est sur le point de partir pour l'Angleterre.
à ce
I
ui^ll
1
1. Nugent von Westenrath (Laval, comte et prince romain) issu d'une
vieille famille irlandaise, né à Bellynacor, près de Dublin, en 1777, était à cç
M
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMEiNTS DU CONGRÈS 55
67. Vienne, 17 août 1814 (F. 1. ad 3565).
IIEGARDT à ENGESTRCEM {intercepta en français) (Analyse).
Le congrès se réunira en octobre. Accord probable des puissances.
Réunion de la Belgique à la Hollande.
« On ne doute plus que le Congrès sera réuni dans les pre-
miers jours d'octobre, et à travers le voile qui recouvre les né-
gociations, on semble apercevoir un acheminement vers un
meilleur accord entre les Puissances. »
Réunion assurée et décidée de la Belgique aux Pays-Bas. Il
semble qu'on veuille se mettre d'accord sur la Pologne.
Vienne, 21 août 1814.
68. Vienne, 20 août 1814 (F, 1. ad 3565).
HEGARDT à YERMOLOFF(l) (à Egra) {intercepta en français).
La sagesse de Louis XVllI et les procédés de Gouvernement
de Ferdinand VII.
«... Vous êtes sans doute de mon avis que le bon roi de
France gouverne avec une sagesse admirable. Croyez-vous que
son cousin d'Espagne fasse de même ? C'est en rétrogradant
moment général-major. Feld-maréchal lieutenant en 1815, feldzeugmeister en
1838, il fut élevé à la dignité de feld-maréchal le 16 octobre 1849 et suivit,
malgré ses 82 ans, en qualité de volontaire le quartier-général de l'Empereur
François-Joseph en Italie en 1859 et assista à ses côtés à la bataille de Solfé-
rino.ll mourut trois ans après dans sa terre de Bosiljevo, près de Garlstadt,
le 21 août 1862.
1. Yermoloff (Alexis-Petrovitch) (1772-1861), entré à 16 ans au régiment
Preobrajensky, capitaine en 1791, fit les campagnes de Pologne (1794), de
Perse (1796-1797). En disgrâce (1798), rayé des cadres de l'armée, enfermé dans
une forteresse par ordre de Paul I", remis en liberté et en possession de son
grade à l'avènement d'Alexandre, il fit les campagnes de 1805, 1806 et 1807.
Général-major (1808), Chef d'Etat-Major de la 1" ai-mée (1812), commandant
l'artillerie des armées d'opération (1813), du 6" corps, puis du corps des grena-
diers (1815), et ensuite à son retour en Russie du corps détaché de Géorgie
et ambassadeur en Perse (1817). Général d artillerie à sa rentrée, il servit
au Caucase de 1818 à 1827, époque à laquelle il quitta le service (Bennigskn.
Souvenirs).
56 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
vers le xvi' siècle qu'il travaille au bonheur de ses sujets. Après
tout, peut-être le bon sire ne recule-t-il ainsi que pour mieux
sauter... »
Vienne, 25 août 1814.
69. Vienne, 24 août 1814 (F. 1. ad 3565).
GARIATI à GALLO {intercepta en italien)
(Analyse du Cabinet Noir).
Efforts vains faits jusqu'ici par la Reine Caroline Murât pour
décider Metternich à leur donner son appui et son soutien.
Nugent a parlé en bons termes de l'armée napolitaine, mais
il déteste Murât, fait tout pour lui nuire, et c'est à cet effet
qu'il est parti pour Londres (1).
70. Vienne, 24 août 1834 (F. 1. ad 3565).
HEGARDT à ENGESTROExM {intercepta en français) (Analyse).
On serait à peu près d'accord sur les bases des arrangements
à faire au Congrès (Partage du duché de Varsovie entre l'Au-
triche, la Russie et la Prusse).
On ne rétablira pas la République de Gênes.
71. Vienne, 24 août 1814 (F. 1. ad 3565).
STEINLEIN au ROI DE BAVIÈRE {intercepta en français).
Difficultés de la situation.
«... On commence à se persuader que l'arrangement avec
la Russie ne sera pas aussi facile qu'on le croyait. On remar-
que bien de l'inquiétude chez les personnes en place et on avoue
1. « Ecrivez à Tocco, mandait de Portici, le 4 octobre, Murât à Gallo, de tâ-
cher de connaître l'objet de la mission du comte de Nugent. C'est un point^
essentiel pour connaître les véritables intentions du cabinet de Vienne. » (Cf.
G' Weil. Joachim Mural, la dernière année de Règne, t. l, 433.)
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 57
qu'il faut tâcher de s'entendre sur les différents points avant
de pouvoir ouvrir les conférences.
« Le général Koller n'est pas encore parti. »
72. Vienne, 24 août 1814 (F. 1. ad 3565).
BERNSTORFF à ROSENGRANZ {intercepta en français)
(Analyse).
Sur les instances de Bernstorff, Metternich lui promet d'intervenir en faveur
du Danemark et d'agir dans ce sens auprès des cabinets de Londres et
de Berlin.
Envoi des rapports de Steigentesch qui lui ont été commu-
niqués par le prince de Metternich et qui ont trait aux me-
naces que la résistance des Norvégiens a nrrachées au prince
royal de Suède contre le Danemark.
« Ces menaces ont fait sur Metternich une impression d'au-
tant plus vive que Bernadotte exerce toujours le même em-
pire sur Alexandre. »
Metternich lui a promis ses bons offices.
« J'ai fini par lui arracher la promesse (1) d'inviter sans délai
les cabinets de Londres et de Berlin à réunir leurs représen-
tations à celles de l'Autriche pour faire sentir à la Russie la
nécessité de mettre un frein à l'ambition et aux menaces du
prince royal de Suède. »
Vienne, 27 août 1814.
73. Copenhague, 16 août 1844 (F. 1. ad 3565).
ROSENGRANZ à BERNSTORFF {intercepta en français).
Possibilité d'un rapprochement entre Londres et Berlin. Les négociations
avec le prince royal de Suède. La Prusse mécontente des projets russes
sur la Pologne les approuvera si on lui laisse Dresde et Mayence.
Vous aurez vu par ma dernière que les liens entre les Cours
d'Angleterre et de Vienne se resserrent de plus en plus. La
1. Cf. Pièce 79.
58 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
première se croit appelée à décider des intérêts des puissances
continentales, dont les forces trop épuisées leur défendent de
se soustraire à son arbitrage quand elle agira de concert avec
celles de Berlin et de Vienne. Elle paraît même être enclin à
fournir à cette dernière les moyens de mettre une armée en
campagne. Cette union, ne pouvant avoir que le but de conso-
lider la tranquillité publique, n'est nullement faite pour don-
ner ombrage aux Etats, qui ont un besoin urgent de fermer
les plaies que les dernières révolutions leur ont ouvertes. Je
voudrais pouvoir me flatter qu'un changement essentiel se
soit opéré dans la façon de juger de l'Empereur Alexandre
de sa propre situation et de celle des autres, mais rien ne me
le prouve encore.
On continue à négocier avec le prince royal de Suède.
La Prusse s'est montrée irritée de ce que la Russie veut
s'attribuer Thorn et Gracovie qui seront comme deux bastions
que formera alors la frontière de Pologne. Mais pourvu qu'elle
obtienne Dresde et Mayence, elle passera par tout ce que la
Russie voudra.
74. Udevalla, 16 août 1814 (F. 1. ad 3565).
ENGESTRŒM à HEGARDT {intercepta) {Analyse).
Signature de la Convention et cessation des hostilités entre la Suède et le
Danemark.
Il lui donne avis de la signature de la convention avec le
prince Christian qui a fait remise de ses pouvoirs. Les hostili-
tés ont cessé. Au moment où tout était prêt pour donner
l'assaut à Frédéricksten, l'ordre est arrivé de capituler.
La capitulation est honorable pour l'armée et pour les deux
royaumes.
Vienne, 28 août 1814.
75. Vienne, 27 août 1814 (F. 1. ad 3565). i
I
CARIATI à GALLO (intercepta en italien) (Analyse). '4
f
Tout en conseillant au roi de continuer ses préparatifs et
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 59
ses armements, il insiste surtout sur la nécessité de ne pas
alarmer et mécontenter l'Autriche.
76. Vienne, 27 août 1814 (F. 1. ad 3565).
BRAUN à L... (à Darmstadt) {intercepta en français).
Le nonce favorable au rétablissement des Jésuites. On empêche Murât de
venir à Vienne. Le congrès et les mariages princiers qui semblent devoir
en résulter.
Le nonce du Pape s'exprime à l'égard du rétablissement
des Jésuites dans des termes qui font voir qu'à son avis' sans
cet ordre il ne peut y avoir ni religion, ni instruction publique.
Quels principes au xix" siècle 1
Murât a désiré faire le voyage de Vienne, mais on a trouvé
le moyen de Ten détourner...
On croit que le Congrès durera autant que le séjour des
souverains et on suppose que ses discussions seront cimentées
par des mariages qui garantiront l'union et l'intimité des puis-
sances continentales.
77. Vienne, 29 août 1814 (F. 1. ad 3565).
HAGER à SIBER
Instructions sur le fonctionnement de son service.
Un certain nombre de représentants des différentes puissances
au Congrès étant déjà arrivés à Vienne et les autres allant
les suivre incessamment, vous devrez non seulement m'infor-
mer de l'arrivée et du domicile de chacun d'eux, mais appor-
ter, grâce à des mesures intelligentes de surveillance secrète,
tous vos soins à ne pas plus perdre de vue leur entourage que
leurs relations.
Je désire voir employer efficacement à cet elFet tous les
agents de votre service ainsi que tous les émissaires, affiliés et
confidents capables de remplir une semblable mission. J'en-
tends qu'on exige d'eux le maximum de zèle et de vigilance
et je vous autorise même à engager pour la durée du Congrès
60 AUTOUR DU COiNGRÈS DE VIENNE
les nouveaux agents dont vous pourriez avoir besoin afin que
votre service soit en mesure de répondre à ce que le Ministère
des Affaires étrangères et Sa Majesté l'Empereur sont en droit
d'exiger de la Police pendant des moments d'une pareille impor-
tance.
Je compte en conséquence recevoir de vous des rapports très
fréquents tant sur les résultats de ces surveillances que sur
les renseignements qu'on aura réussi à recueillir.
1" septembre 1814.
78. Vienne, 31 août 1814 (F. 1. ad 3565),
HEGARDT à EiNGESTRŒM {intercepta en français) (Analyse).
Préparatifs pour l'arrivée des souverains. Commencement prochain des con-
férences. Ignorance complète de tout ce qui s'est fait depuis le 30 mai.
On reprend et on presse les préparatifs pour les souverains.
Dans quinze jours les plénipotentiaires d'Angleterre, de Rus-
sie et de Prusse seront ici pour les conférences préliminaires.
Le fait est qu'il règne un parfait silence sur les résultats des
négociations entre les cabinets depuis la paix de Paris.
79. Vienne, 31 août 1814 (F. 1. ad 3565).
BERNSTORFF à ROSENCRANZ {intercepta en français)
(Analyse).
Bonnes intentions de Metternich en faveur du Danemark. Bon accueil que le
roi de Danemark trouverait à Vienne. Projet d'alliance conçu par le Prince
Régent entre l'Angleterre, l'Autriche et la Prusse. Les objections de Met-
ternich.
Il se loue de la bonne volonté de Metternich pour le Dane-
mark. Le prince a reconnu l'obligation pour les puissances
« de dégager le Danemark de toute charge et de le mettre à
l'abri des nouvelles secousses comme de l'effet ou des consé-
quences des menaces du Prince royal de Suède ».
Metternich a senti la nécessité de s'adresser à cet effet à la
Russie et va inviter la Prusse à se concerter avec lui.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 61
Bernstorff ajoute que le roi de Danemark, s'il venait à Vienne,
y trouverait le meilleur accueil. L'Autriche comprend et ap-
prouve le refus du roi de déclarer le prince Christian déchu
de ses droits.
« On m'a assuré que le Prince Régent, outré par les pré-
tentions arrogantes de la Russie, a insisté sur le désir d'y met-
tre un frein par une alliance à conclure entre l'Angleterre,
l'Autriche et la Prusse. Le prince de Metternich a éludé la
proposition, parce qu'il y voyait une humiliation, non justifiée
encore, de la Russie, et parce que le roi de Prusse, tout en
se prêtant à l'idée du Prince Régent, exigerait, en raison de
ses liaisons personnelles avec l'Empereur Alexandre, des
changements qui altéreraient la nature et la force des liens à
contracter. »
80. Vienne, 31 août 1814 (F. 1. ad 3565).
L'ARCHIDUC CHARLES à LA GRANDE-DUCHESSE
CATHERINE (1) {intercepta en français).
Je ne suis arrivé qu'hier, parce qu'en passant tout près de
la terre du comte Grûnne(2)je me suis arrêté chez lui.
Je me suis acquitté ce matin de toutes vos commissions.
L'Empereur, qui venait aussi d'arriver hier, vous fait mille
compliments. Il ignore absolument le jour de l'arrivée de vo-
tre frère ainsi que la route qu'il prendra. Dès qu'il en sera
instruit, je l'apprendrai et vous le ferai savoir. Ce que je lui
ai dit de vous lui a fait plaisir. Il désire que la chose réussisse.
Il m'a chargé de vous demander la liste des personnes qui vous
accompagneront ici et vous sera obligé si en même temps
1. Cf. Oesterreich's Theilnahme, etc., etc., page 473. Gentz à Karadja,
Vienne, 13 décembre 1814. Considérations sur le projet de mariage de l'ar-
chiduc Charles avec la grande-duchesse Catherine et sur les causes de la
rupture.
2. Griinne (Philippe, Comte de (1762-1854) entré au service en 1782, aide de
camp de l'Empereur François en 1794, il devint, en 1797, colonel et aide de camp
de l'archiduc Charles qu'il ne quitta plus guère. Général-major en 1800, chef
d'un des bureaux du ministère de la Guerre en 1804, il travailla à la réorganisa-
tion de l'armée autrichienne. Feld-maréchal lieutenant en 1808, chef du bureau
du généralissime en 1809, il quitta le service actif après Wagram pour se
consacrer entièrement à l'archiduc Charles qui l'honorait d'une amitié toute
particulière et auprès duquel il resta jusqu'à la mort de ce prince (1844).
62 ^ AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
vous pouvez m'envoyer celle de ceux qui viendront avec votre
sœur, la duchesse de Weimar. Mon vieux « Papa » (1) ne peut
pas me donner assez de commissions pour vous. Il est si heu-
reux de votre ressemblance avec feu ma tante (2).
.J'ai entamé ma négociation pour être dispensé d'aller au-
devant du roi de Prusse. L'Empereur m'a dit qu'à moins qu'on
n'en ait déjà fait une communication officielle à ce dernier,
chpse dont il s'informerait, il m'en dispenserait.
Razoumolîsky vient demain me voir. Il m'avait envoyé à
Franzensbrunn (3) une lettre pour vous et pour la princesse
Wolkonsky qui n'y seront arrivées qu'après mon départ.
Pendant tout mon voyage, je n'ai pas perdu de vue vos
conseils. Je les ai bien médités. Ils me sont si chers puisqu'ils
viennent de vous, et je les trouve si justes et si vrais. J'emploie-
rai les trois semaines de repos qui nous sont encore accordées
à me les rendre propres de manière à ne plus les oublier et à
les suivre même quand au milieu du plus grand bruit j'aurai
moins le temps de réfléchir sur mes actions et sur mes paroles
et que mon cher Mentor ne sera pas à même de me corriger
et de me les rappeler.
J'attends le 22 (4) avec de l'impatience mêlée de joie et de
sentiments qui m'étaient inconnus avant que je vous vis. L'idée
que je pourrai vous rendre heureuse est au-dessus de tout et
rien ne me coûtera pour obtenir ce but.
Je vous envoie cette lettre par estafette pour qu'elle vous
parvienne encore à Dresde.
81. Pawlowskoïé, 15/27 août 1814 (5) (F. 1. ad 3565).
L'IMPÉRATRICE DOUAIRIÈRE DE RUSSIE au ROI
DE WURTEMBERG {intercepta en français).
Le divorce du prince royal de Wurtemberg. Les idées de l'Impératrice sur
le mariage de la grande-duchesse Catherine avec le prince. Conditions
qu'elle y met.
1. Nom que l'archiduc Charles avait coutume de donner au duc Albert de
Saxe-Teschen, son père adoptif.
2. L'archiduchesse Christine, femme du duc Albert.
3. Actuellement Franzensbad.
4. Date primitivement fixée pour l'arrivée de la grande-duchesse à Vienne.
5. Quoique cette lettre ne soit arrivée à Vienne que quelques jours plus
tard, nous avons cru pouvoir exceptionnellement déroger à notre enregistre-
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 63
Quoique je n'aie vu encore M. de Wintzinf^crodc(l)qui aura
demain son audience de l'Empereur, j'ai désiré recevoir au
plus tôt vos chères lettres, et il a eu la complaisance de me les
faire remettre.
Vous savez depuis combien de temps votre amitié me fut
chère. Aussi vous vous direz toute la satisfaction que j'éprouve
à chaque témoignage que vous m'en donnez. Je me suis réjouis
de pouvoir questionner M. de Wintzingerode sur tous les dé-
tails qui m'intéressent sur vous.
J'ai lii dans votre lettre avec surprise et une vive émotion,
que la princesse royale (2) s'était réunie au désir du prince, vo-
tre fils (3), de voir annule^ leur union ; qu'elle vous en avait
parlé avec confiance comme du seul moyen d'assurer son bon-
heur futur i que vous avez dû céder à leurs demandes et que
l'annulation du mariage allait être prononcée.
Je partage de cœur et d'âme tous les regrets que vous
donne la perte de la princesse royale qui emporte, à juste ti-
tre, et votre estime et votre tendresse, et je ne puis vous
cacher que cet événement me peine et m'afflige.
Vous me dites que la princesse royale voit dans cet événe-
ment le seul moyen de bonheur futur pour elle. Ainsi donc,
elle a voulu librement et volontairement le divorce, et elle n'y
est pas portée par contrainte. Voilà une assurance qui soulève
un peu le poids qui opprime mon cœur, mais cela ne suffît
pas encore à la gloire du nom de ma fîlle(4). Il faut pour qu'elle
re^te pure que la pensée ne puisse se joindre à celle du di-
vorce. Ainsi, je m'explique vis-à-vis de vous, de frère à sœur(5).
ment chronologique, à la production des pièces dans l'ordre même où elles fu-
rent envoyées ou présentées à l'Empereur François, afin de la placer à la suite
de celle que l'archiduc Charles avait adressée à la grande-duchesse, pres-
qu'au moment même où, entièrement d'accord avec elle, l'Impératrice, sa
mère, préparait son mariage avec le prince royal de Wurtemberg.
1. Wintzingerode (Henri-Charles-Frédéric Lévin, comte de) (1778-1836) fils
du président du Conseil des Ministres, successivement Ministre de Wurtem-
berg à Karlsruhe, Munich, Paris, Saint-Pétersbourg et Vienne, suivit le quar-
tier général pendant la campagne de 1814, retourna à Pétersbourg après le traité
de Paris, et assista au Congrès de Vienne où il essaya en vain de défendre et
de faire triompher ses idées libérales.
2. Caroline-Auguste de Bavière, fille du roi Maximilien-Joseph que son di-
vorce n'empêcha pas de devenir, le 29 octobre 1816, Impératrice d'Autriche
et la quatrième femme de l'Empereur François 1".
3. Le prince royal de Wurtemberg.
4. La grande-duchesse Catherine.
5. L'Impératrice douairière était la sœur du roi de Wurtemberg.
64 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
et vous prie de renfermer dans votre cœur la pensée, qui ne
peut que vous flatter, de vos vues sur ma fille jusqu'au prin-
temps prochain.
Alors, si le roi de Wurtemberg s'adresse à l'Empereur et à
sa mère pour obtenir la main de la sœur et de la fille pour le
prince royal, et que la grande-duchesse y consente, nous y
acquiescerons. Mais jusque-là, veuillez écarter cette pensée et
même donner vos soins à ce qu'elle reste inconnue du public.
En attendant, la grande-duchesse, soit qu'elle se trouve à
Vienne ou non, viendra, ou avant ou après le voyage, passer
un temps au sein de sa famille, pour s'éloigner de l'Allema-
gne et ôter toute raison de soupçonner l'alliance future.
J'ose encore vous demander, au nom de ma sollicitude ma-
ternelle, qu'en cas que ma fille aille àr Vienne, le prince royal
ne s'y trouve pas, et je vous conjuré, de même que le prince
royal, de ne plus se rencontrer avec ma fille, jusqu'au mo-
ment où le consentement formel aura été demandé et donné,
ainsi jusqu'en mai ou juin.
Ce n'est qu'en observant de rigueur cet éloignement que le
rapprochement du divorce avec le mariage frappera moins
l'opinion publique et que le nom de ma fille ne souffrira pas.
Puissent ces lignes et le sentiment qui les dicte vous prou-
ver, cher frère, de plus en plus mon amitié.
P. S. — L'Empereur, qui a lu ces lignes, me charge de ses
tendres amitiés pour vous. Sa façon de voir est la même.
82. Lemberg, 22 août 1814 (F. 1. ad 3565).
FESTEiNBERG à HAGER (en français) (Analyse).
J'ai su la veille au soir chez le comte Potocki que l'Empe-
reur Alexandre avait décidé de partir pour Vienne vers la mi-
septembre (1).
1. Le même agent confirmait ce renseignement une dizaine de jours plus
tard, et le 4 septembre il écrivait à Hager qu'il» avait su par la comtesse Tols-
toï, qui vient d'arriver (à Lemberg) que le Tzar partira pour Vienne le 13 sep-
tembre ».
La comtesse Tolstoï femme du grand maréchal du Palais, née princesse
Bariatinska. Sa mère était de la famille des Holstein et cousine germaine de
Catherine II.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 63
S3. Vienne, septembre 1814 (F. 1, ad 3565).
FREDDI à HAGER (en français).
La police particulière du nonce. Les promesses d'appui de Saint-Marsan,
Stackelberg et Humboldt. Les offres de service du père du prince de
Metternich. Le double jeu du prince de Metternich. Les singulières décla-
rations de la Tour du Pin. L'animosité du Nonce, du cardinal Pacca et du
pape contre Metternich.
Le capitaine Ferrari et les nommés Gellini et Sartori, sont
les trois individus qui renseignent secrètement le Nonce
{Mgr Severoli). C'est en revanche un protestant (1), dont la
femme s'est récemment convertie au catholicisme, qui l'in-
forme des événements plus importants.
Le nonce a déjà fait savoir au Cardinal Pacca que Saint-
Marsan, Stackelberg et Humboldt lui avaient déclaré qu'ils
avaient ordre de soutenir les justes revendications du pape.
11 a un peu plus tard parlé au cardinal de ses conférences avec
Metternich, dont le père, quoique franc-maçon, lui a offert son
intervention et lui a promis de mettre tout en œuvre pour que
l'Etat de l'Eglise rentre dans les limites qu'il avait avant le
traité de Tolentino. Metternich lui-même avait protesté de
l'intérêt qu'il portait à la cause du Saint Siège et de son désir
de voir le Pape rentrer dans la pleine possession de ses Etats.
Quel ne fut pas l'étonnement du nonce apostolique ensuite,
quand il apprit de Saint-Marsan, qu'ayant eu là-dessus une
explication avec le prince de Metternich, celui-ci lui avait an-
noncé d'un ton ferme que les trois Légations devaient entrer
dans la balance des indemnisations à donner à des princes qui
ont mérité les suffrages des puissances alliées.
Quand le nonce apostolique informa sa Cour de cette com-
munication secrète de M. de Saint-Marsan, il ne put contenir sa
bile contre Metternich, l'appelant au sens d'un journal appelé
L'Ambigu, le Comte de la Balance.
Le nonce apostolique fonde beaucoup d'espoir sur la France,
annonçant à sa Cour qu'il avait eu de longues entrevues avec
le ministre, M. de la Tour du Pin, qui au nom de son roi Tas-
1. On sut un peu plus tard que cet individu était l'un des secrétaires
{Hofsekrelar) de la Chancellerie d'Etat, dont il sera encore question plus
loin, un certain Schlegel.
T. I. 5
66 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
surait qu'on ne voulait pas laisser agrandir TAutriche aux dé-
pens des autres, et que malgré les changements arrivés, les
intérêts des peuples et l'indépendance de TEurope comman-
daient à la France de brider cette orgueilleuse maison d'Au-
triche.
Après une longue énumération des causes et des faits, après
le vœu manifesté par la Cour de Rome, le nonce convint que
la chute du prince de Metternich serait l'unique remède aux
malheurs dont TEglise est menacée par la toute puissance de
ce nouveau Stilicon (ce sont ses propres mots) et par la dan-
gereuse influence qu'il a dans les conseils de l'Empereur. Il
se nourrit du doux espoir d'y réussir, comme il l'a écrit der-
nièrement au cardinal Pacca.
Le cardinal Pacca avait déclaré au nonce apostolique, au
nom du Saint Père, que Sa Sainteté dorénavant voulait par-
lar chiaro à l'Empereur et que le temps de l'indulgence est
passé. La récente résolution de Sa Majesté, qui soumet aux
évêques la censure des livres ecclésiastiques et ascétiques, est
un acheminement à détruire la machine impie construite par
Joseph IL
7 septembre 1814.
88. Vienne, 6 septembre 1814 (F. 1. ad 3565).
GENTZ à KARADJA (1) {intercepta en français).
Mouvement d'un corps prussien dans i'électorat de Hesse. Tour joué à l'élec-
teur par son fils. La Saxe et les manœuvres hostiles de la Prusse. Les re-
fus du roi et sa conférence avec Hardenberg. La résistance, apparente seu-
lement, de l'Autriche.
Il insiste d'abord sur l'alarme causée dans toute la région du
Rhin et sur l'inquiétude provoquée à Vienne par la nouvelle
de l'apparition d'un corps prussien dans I'électorat de Hesse
Gassel.
1. Le dernier paragraphe de cette dépêche, depuis les mots « le roi dej
Saxe. ..jusqu'à la fin, figure seul et en allemand dans Oesterreich's T/iei7/ia/imB, J
p. 404.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 67
Voici la clef de cet événement: L'électeur de Hesse (1),
comme certains de ses voisins, a cru pouvoir retirer son con-
tingent et le Gouvernement prussien, qui avait ce contingent
sous ses ordres, a refusé d'y consentir. L'électeur a passé outre
et il paraît que son fils (2), avec lequel il est brouillé, a excité
la Cour de Berlin à agir avec sévérité contre lui. C'est là ce
qui a donné lieu à ces mesures.
Il en est tout autrement de la Saxe, dont je crois le sort
décidé sans retour. La perspective de voir cesser l'administra-
tion provisoire russe fait que ces projets sont vus avec moins
d'horreur.
Quoique les Saxons n'aiment pas les Prussiens, ils leur ten-
draient les bras pour être débarrassés des Russes. De plus, le
Gouvernement prussien a été assez habile pour leur montrer
l'avenir sous un jour qui doit adoucir leurs regrets. Le roi de
Prusse a fait insinuer qu'il ne se proposait pas de les amalga-
mer avec ses autres provinces, mais que la Saxe serait toujours
gouvernée comme un royaume séparé, conservant sa consti-
tution, ses lois, ses tribunaux, ses privilèges, son administra-
tion et même son armée. Ces promesses n'ont pas manqué leur
elfet surtout auprès de la noblesse et des employés. Le com-
mandant en chef de l'armée saxonne, le général von Thiel-
mann (3) est tout à fait dans les intérêts prussiens...
Le roi de Saxe qui, quoique traité avec tous les égards ne
s'en regarde pas moins comme une espèce de prisonnier d'Etat,
n'a jamais voulu entrer dans aucune proposition.
Le 9 août, le prince de Hardenberg a eu une conférence avec
lui ; mais le roi a persisté dans son refus. Cette persévérance
1. Guillaume IX, landgrave de Hesse Gassel (1743-1821), monté sur le trône
le 81 octobre 1785, électeur sous le nom de Guillaume I" le 25 février 1803,
chassé de ses Etats par l'Empereur en 1806, n'en reprit possession qu'en no-
vembre 1813. Il ne fit qu'un court séjour à Vienne et en repartit le premier
de tous les souverains dès le 25 octobre 1814.
2. Guillaume II succéda à son père en 1821, mais les conflits et le mécon-
tentement général provoqué, surtout par l'influence de sa maîtresse, la com-
tesse de Reichenbach, l'obligèrent à octroyer une charte très libérale en jan-
vier 1831, et à nommer peu après co-régent son fils, Frédéric-Guillaume qui
dirigea seul les affaires jusqu'à sa mort survenue en 1847.
3.Thielmann (Jean-Adolphe, baron de) (1765-1824) lieutenant-général saxon,
commandant de Torgau en 181?, refusa d'obéir à son roi lorsque celui-ci prit
après Lutzen la résolution de rester fidèle à Napoléon, et passa dès ce mo-
ment dans les rangs des alliés. Chargé après la paix de Paris en 1815 du
commandement du 8" corps d'armée prussien et des provinces prussiennes
entre le Rhin «t le Weser, il mourut à Goblentz le 18 août 1824.
68 AUTOUR DU COTGRÈS DE VIENNE
ne le sauvera pas, mais augmentera les embarras et le mau-
vais effet dans l'opinion. L'Autriche n'en désire pas moins le
succès de ses projets, mais de graves considérations l'oblige-
ront de leur (aux Prussiens) prêter la main. Il est de toute né-
cessité que l'amitié entre la Prusse et TAutriche soit conservée
et cimentée à tout prix...
Vienne, 8 septembre.
89. Vienne, 7 septembre 1814 (F. 1. ad 3565.)
GOiMTE DE HARDENBERG à MUNSTER (à Londres)
{intercepta en français).
Le nouveau projet de constitution de l'Allemagne. Projet de réduction du
nombre des provinces fédérales de l'Autriche et augmentation au contraire
de celles de la Prusse. Projet préparé par Stein, Raisons pour lesquelles
Hardenbcrg a cru devoir l'examiner avec Martens, Humboldt et Solms.
D'après le premier projet de la Constitution de TAUemagne,
connu de Votre Excellence, le Directoire de la Conférence ger-
manique devait alterner entre les directeurs des Cercles sié-
geant dans l'assemblée fédérative, tandis que dans le nouveau
plan il est dit que l'Assemblée fédérative (^?mc/e.S'/«^) est com-
posée : 1° du Directoire; 2° du Conseil des directeurs des cer-
cles et 3° du Conseil des Princes. La direction doit être exercée
par l'Autriche et par la Prusse conjointement et l'Autriche
aura la présidence. Ces deux cours exerceront également le
Directoire dans le Conseil des princes et y auront voix. Exclu-
sivement des directeurs des cercles, les deux conseils délibére-
ront séparément et à la pluralité des voix. Si les deux conseils
diffèrent d'opinion, le Directoire s'emploiera à les mettre d'ac-
cord; faute de quoi, le Directoire décidera de la question.
Il est également projeté dans le nouveau plan de détacher
absolument du lien de la fédération, ainsi réellement de l'Alle-
magne, toutes les provinces autrichiennes à l'exception du
Tyrol, du Salzburg, du Vorarlberg et de ce qu'elle acquérera
sur le Haut-Rhin, ce qui réduit le territoire par lequel elle
tiendrait à l'Allemagne au-dessous de la proportion de celui
de la Bavière. La Prusse, au contraire, détachant à la vérité
de l'Allemagne d'après le nouveau plan ses provinces situées
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 69
sur la droite de l'Elbe, mais tenant à l'avenir à la Fédération
par tout ce qu'elle possède et compte acquérir entre l'Elbe et
le Rhin et au delà de cette rivière, aurait une prépondérance
d'opinion et de fait en Allemagne, dont les suites sont diffi-
ciles à calculer.
J'apprends, à mon grand étonnement, que le plan a été dis-
cuté et arrangé à Francfort avec le baron de Stein.
Le conseiller de Martens(l)s'étant occupé depuis son arrivée
ici à élaborer une espèce d'esquisse ou de canevas systématique
sur tout ce qui devait faire l'objet des délibérations futures
sur l'organisation de l'Allemagne fédérée, je me suis prêté,
nonobstant la différence du nouveau plan du chancelier prus-
sien d'avec les idées du premier projet, à la proposition de
Humboldt de le discuter ainsi que l'esquisse de M. de Martens,
entre eux deux, le comte de Solms(2)et moi pour au moins pré-
parer les observations que nous pourrions soumettre ensuite à
la discussion des cabinets.
9 septembre 1814.
90. Vienne, 8 septembre 1814 (F.l. ad 3565).
COMTE DE HARDENBERG à MUNSTER
{intercepta en français).
Campagne menée contre le comte Wallis que Metternich et Zichy réussissent
à faire éloigner des affaires. Modifications apportées au fonctionnement des
différents départements. Refroidissement entre l'archiduc Charles et la
grande-duchesse Catherine. Le divorce du prince royal de Wurtemberg.
On parle de son mariage avec la grande-duchesse.
Metternich est toujours à Baden d'où il rentre fort peu en
ville. Aussi le cabinet a-t-il peu travaillé en politique ces der-
niers temps et ne s'est occupé que de l'intérieur.
Le comte Wallis, après avoir été éloigné du ministère des
Finances, n'en était pas pour cela éloigné des affaires. L'Em-
pereur, qui a toujours de l'attachement pour lui, l'avait nommé
ministre d'Etat et des Conférences. Il avait ainsi connaissance de
l.Le célèbre diplomate et jurisconsulte venait d'être nommé par le Prince"
Hégent conseiller intime du cabinet hanovrien.
2. « J'y ai vu à dîner (chez Metternich le 2 septembre) lit-on dans les Tage-
bûcher de Gentz, le comte de Solms-Laubach, ci-devant conseiller aulique
d'Empire, employé de l'administration centrale à Francfort. »
70
AUTOUR DU CONGRES DE VIENNE
tout ce qui s'agitait dans les Conférences et résumait en der-
nier lieu les opinions des Ministres dans le rapport qui pas-
sait à l'Empereur. Il conservait ainsi une influence trop dan-
gereuse pour que le prince de Metternich et le comte Zichy (1)
n'eussent désiré l'éloigner, et c'est à quoi on a travaillé pen-
dant l'absence de l'Empereur et plus encore pendant que Met-
ternich s'était rendu chez lui à la campagne. On a réussi en
partie, plutôt dans les formes que dans le fond, mais non à
l'éloigner tout à fait, comme Votre Excellence le verra par
l'arrangement qui est prêt à être mis à exécution. On sépa-
rera la partie législative du Conseil des Conférences de la partie
executive. Dans le premier Conseil des Conférences, les minis-
tres ne s'occuperont que de la décision à prendre sans entrer
dans les détails dont l'exécution sera remise au Conseil d'Etat.
Celui-ci sera partagé en quatre sections : Intérieur, Finan-
ces, Militaire, Justice et sera présidé par le comte Wallis. Les
membres des sections ne sont pas encore nommés ; mais je
sais que le général Duka (2) aura la section militaire.
Par cette organisation, la Conférence n'éprouvera plus dans
ses décisions autant de contrariété comme jadis de la part du
comte Wallis, mais celui-ci pourra toujours entraver la mar-
che des affaires, qui lui déplairont, par les obstacles qu'il met-
tra dans l'exécution.
On croit toujours que Stadion sera nommé ministre de l'In-
térieur et que Wessenberg pourrait bien être employé sous lui
comme vice-chancelier des Finances.
D'après des lettres particulières reçues ici en dernier lieu^
il paraît qu'il était survenu quelque mésintelligence entre l'ar-
chiduc Charles et la grande-duchesse et que le mariage projeté
entre eux n'est plus désiré par eux-mêmes autant qu'il sem-
blait l'être jusqu'ici.
On parle du divorce formel du prince royal de Wurtem-
berg et de la princesse royale et que ce prince va épouser la
grande-duchesse, mais il le contredit ouvertement lui-même.
1. Zichy (de Vasonykeo, Charles, comte), (1753-1826) Obergespan du comitat
de Raab en 1786. Judex Curiae, en 1788. Président de la Hofk«mmer en 1802.
Ministre d'Etat et de Conférences en 1808. Ministre de la Guerre en 1809. Mi-
nistre de l'Intérieur de 1813 à 1814.
2. Duka (Pierre, comte) (1756-1822). Entré dans l'armée comme cadet au sor-
tir de l'école des ingénieurs en 1776, colonel en 1797, général et commandant
du Banat en 1805. Feldzeugmeister et conseiller privé. Adversaire acharné
de toutes les réformes.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 71
Vienne, H septembre 1814.
91. Vienne, 10 septembre 1814 (F. 1. ad 3565).
BARON DE SPAEN (1) à NAGELL (2) (à la Haye) {intercepta)
(Analyse).
A propos de la mort de Marie-Caroline (3) et de ses con-
séquences pour Murât et Ferdinand IV.
« Le roi de Saxe se refuse à tout arrangement. Il dit qu'il
lui faudra bien céder à la force, mais qu'il ne saurait accepter
à l'amiable aucune compensation. »
La Saxe est dans un état lamentable.
92. Vienne, 18 septembre 1814 (F. 1. ad 3565).
HUMBOLDT au ROI DE PRUSSE {intercepta en français).
La mort de Marie-Caroline et ses conséquences. Le projet de mariage de
l'archiduc Charles et de la grande-duchesse Catherine n'est pas abandonné.
Bruits répandus à propos de Marie-Louise. Les modifications projetées et
relatives à l'organisation des ministères ne sont pas encore arrêtées.
La mort de la reine de Sicile est généralement considérée
comme un événement qui pourra tourner à l'avantage du roi,
son époux, et être fatal au roi actuel de Naples. Le caractère
turbulent de cette princesse et l'esprit de vengeance qu'elle
avait montré à son premier retour à Naples après la Révolu-
tion lui avaient aliéné les cœurs de ses anciens sujets, et ceux,
qui avaient des raisons de craindre son animosité, la redou-
taient trop pour ne pas travailler autant qu'ils pouvaient con-
tre le retour de l'ancienne dynastie. Ce retour est donc faci-
lité par là...
J'ai eu l'honneur de dire à Votre Majesté dans un der-
1. Spaen de Voorstonden (Gérard-Charles, baron de) Ministre plénipoten-
tiaire des Pays-Bas et envoyé extraordinaire près la Cour de Vienne.
2. Nagell tôt Ampsen (Anne- Willem Karel, baron de) Chambellan et secré-
taire d'Etat du prince souverain des Pays-Bas, puis ministre des Affaires
étrangères du roi.
3. Marie-Caroline mourut d'une attaque d'apoplexie au château d'Hetzen-
dorf dans la nuit du 7 au 8 septembre.
72 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
nier rapport qu'on croyait que le mariage entre Tarchiduc
Charles et la grande-duchesse Catherine était seulement sus-
pendu et non pas rompu.
Je tenais, ainsi que je l'ai marqué, cette prétendue rupture du
ministre russe qui avait reçu des lettres d'Egra. Le comte de
Stackelberg a été le premier qui m'a dit que les bruits de
rupture avaient été faux et qu'il considérait Talliance comme
certaine. Il s'explique cette version en disant que les per-
sonnes, qui ont le plus secondé ce projet, s^apercevant que le
bruit en devenait trop public avant qu'il ne fût certain, ont
répandu à dessein le bruit de la rupture pour donner le change
au public.
On prétend que Marie-Louise ne viendra pas en Autriche,
où elle devait habiter le château de Schlosshof près de Pres-
bourg, mais qu'elle passera l'hiver à Graz. Il y a quelques
jours le bruit se répandit que le Général Neipperg avait en-
voyé son aide de camp en courrier ici, qu'il avait découvert
des projets secrets entre Joseph Bonaparte et des personnes
qui accompagnaient l'Impératrice et que cette princesse même
n'y était pas étrangère. On ajoutait que le général ne s'étant
pas cru en sûreté à Aix, il y avait appelé un régiment autri-
chien du Piémont. ♦
Jusqu'à présent, rien n'autorise à croire à ces nouvelles, et
l'officier, qui était venu, était non pas un aide de camp de Neip- |
perg, mais un officier qui avait été envoyé ici pour demander
des instructions ou des fonds pour la continuation du voyage
de l'Impératrice.
Le projet d'organisation du Conseil d'Etat n'était pas défi-,:
nitivement arrêté. Il ne doit pas y avoir de sessions générales,,
mais seulement par sections et le comte Wallis présidera celle I
de l'Intérieur, le comte Zichy, celle des Finances, et le Con-
seiller d'Etat Pfleger, celle delà Justice... Les conférences ordi>
naires, auxquelles on admet à présent les Conseillers d'Etat,,
ne seront apparemment plus que des seuls Ministres...
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 73
Vienne, 14 septembre 1814.
93. Baden, 14 septembre 1814 (F. 1. ad 3565).
GENTZ à KARADJA (1) (intercepta en français).
La mort de Marie-Caroline et ses conséquences. Le projet de mariage entre
l'archiduc Charles et la grande-duchesse Catherine n'est pas abandonné.
... La mort de la reine de Sicile n'est pas un événement in-
différent, ni pour le royaume resté à sa famille, ni pour celui
qu'elle gouvernait autrefois. Elle remplissait les fonctions d'un
ministre près les Cours étrangères avec un zèle et une ardeur
que peu d'agents en titre auraient pu égaler.
Elle ne perdait pas un instant de vue les intérêts de sa fa-
mille et travaillait sans relâche à disposer les Cabinets en sa
faveur. Sous tous les rapports, le roi actuel de Naples est déli-
vré par la mort d'un antagoniste redoutable.
A d'autres égards, cet événement peut lui faire du tort d'une
manière indirecte. La crainte qu'elle inspirait aux Napolitains
et les vengeances, qu'elle avait exercées sur eux en 1708,
étaient pour le roi Joachim une des plus fortes garanties de la
tranquillité de toutes les classes du peuple et de leur soumis-
sion à son autorité.
L'archiduc Charles est revenu d'une course qu'il a faite aux
eaux d'Egra, où les Grandes-Duchesses Marie et Catherine
séjournent depuis la fin de juillet. On a répandu dans les pre-
mières sociétés de Vienne que son entrevue avec la Grande-
Duchesse Catherine n'avait pas été favorable au mariage pro-
jeté depuis quelque temps et que cette princesse paraissait
vivement désirer. Il se peut que quelques nuages se soient
élevés dans cette entrevue, mais j'ai de bonnes raisons pour
ne pas croire que le projet de mariage soit abandonné.
94. Vienne, 10-16 septembre 1814 (F. 1. ad 3565) (2).
Notes sur les faits et gestes du BARON ANSTETT
1. Cette dépêche, qui n'a été publiée ni par Prokesch-Osten ni par Klin-
kowstrœm, est d'autant plus intéressante que Gentz semblait affecter de pas-
ser sous silence un événement aussi important que la mort de Marie-Caro-
line dont il ne fait pas même mention dans ses TagehUcher.
2. Bien qu'en réalité et pour suivre l'ordre strictement chronologique, les
74 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIEJSNE
10 septembre. — Il a dîné chez lui à 7 heures, puis est allé
au théâtre.
11 septembre. — Dîné chez lui à 5 heures, puis il est allé
chez le comte Stackelberg (ministre de Russie à Vienne), de
là chez Razoumoffsky à 8 heures. Allé ensuite avec le baron
Plessen (1), ministre de Mecklembourg, chez les ministres
d'Angleterre et de Hollande, puis rentré.
12 septembre. — Dîné chez lui à 7 heures, puis au théâtre.
13 septembre. — Dîné chez lui à 5 heures, sorti à 6 heu-
res, puis au théâtre.
14 septembre. — Dîné à 5 heures, sorti seul à 6 heures, allé
au théâtre à 7 heures.
15 septembre. — Envoyé à 7 heures une lettre à Metternich.
16 septembre. — Allé chez Metternich, puis sorti pendant
une demi-heure à 6 heures. Visite de M. von Ott (conseiller
dŒtat russe), qui ne le trouve pas à la maison.
95. Vienne, 22 septembre 1814. (F. 1. ad 3565).
SIBER au BARON HAGER
Surveillance spéciale de Nesselrode.
Le 8 septembre, à 11 heures du matin, visite du comte Sta-
nislas Potocki(2) jusqu'à 11 h. 1/2. A midi, le conseiller intime
trois pièces n"' 94, 95 et 96 ne devraient être placées que plus loin, à la date
des 17, 20 et 23 septembre, comme elles figurent à part dans les dossiers, et
non pas dans les bulletins et rapports de Ilager, j'ai cru bien faire en les pro-
duisant ici, c'est-à-dire à la date du 15 septembre, à peu près au milieu de
la période de surveillance à laquelle se rapporte la plus importante des trois,
la pièce n" 95 relative à Nesselrode.
Je n'ai du reste reproduit les trois pièces suivantes que pour permettre à
mes lecteurs de se faire une idée de la façon dont le baron Hager faisait sur-
veiller les grands personnages réunis à Vienne pour le Congrès et je me suis
bien gardé, comme j'aurais pu le faire, de prendre copie de chacun des rap-
ports quotidiens def agents chargés de ce genre de missions.
1. Plessen (Léopold-Engelke-Hartwig) (1769-1837) entré au service du duc
Frédéric-François de Mecklembourg-Schwerin comme Kanimer-Auditor (1196)
Chambellan (1796), représentant du duché à Ratisbonne (1802-1806), il accom-;
pagna le duc au Danemark après léna, devint peu après conseiller intime
chargé de négocier et de conclure le traité d'alliance avec la Russie eti
Prusse, puis avec l'Autriche en 1813-1814, envoyé à Vienne pendant le Col
grès, et enfin premier Ministre en 1836.
2, Potocki (Stanislas, comte), né à Varsovie en 1757, mort en 1822, joua
grand rôle aux Diètes de 1788 et 1792. Sénateur palatin lors de la création
grand-duché de Varsovie, président du Conseil d'Etat en 1812, il fut en 18
nommé par Alexandre ministre des Cultes et de l'Instruction publique etdl
LES TRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 75
'on Gaertner (1). A 1 heure, le Nonce et le cardinal (Consalvi)
[ui restent jusqu'à 2 heures.
Nesselrode reçoit après dîner jusqu'à 7 heures le prince et
e comte Trauttmansdoriï(2),le comte Schœnfeld (3), le comte
'ichy,le comte Stadion,le comte Elz(4),le comte Degenfeld(5),
e comte Woyna (6), le comte Ferdinand Palffy (7), le comte
^astelalfer (8) qui habite à la Kaiserin von Oesterreich et le
)aron Humboldt. Le soir, il va au théâtre an der Wien.
Le 9 septembre. — Il écrit dans la matinée jusqu'à une
leure, reçoit plusieurs paquets de la Chancellerie, dont un
idressé au comte Mocenigo(9). Sorti à pied de 1 heure à 2 heu-
es, il va ensuite au Prater à 4 heures et rentre à 5 heures.
Le 10. — Visite du Nonce de 11 heures à 11 h. 1/2. Sorti à
3ied à midi. Dîné à la maison. Allé au Prater à 4 heures. Le
ioir au théâtre an der Wien. Rentré à 11 h. 1/2. On avait
-eçu à 9 heures un paquet de la Chancellerie d'Etat,
Le il. — Grand dîner qui dure jusqu'à 7 heures. Allé chez
/int en 1818 président du Sénat. Il avait épousé une princesse Lubomirska
jui passait à juste titre pour une des femmes les plus intelligentes et les plus
n s truites de son temps.
1. Gaertner (François de) conseiller intime, plénipotentiaii'e de près de cin-
juaute princes et comtes allemands qui avaient perdu leur immédiateté.
2. Trauttmansdorfî( Ferdinand, prince de) (1749-1827). Entré dans la diplo-
iiafic en 1774, ministre des Affaires étrang^ères pendant quelques mois en
; après la chute de Thugut, grand maître des Cérémonies en 1807 et
! ça ces fonctions jusqu'à la mort.
o. Une peut s'agir ici que du comte Louis Schœnfeld, ancien ministre de
Saxe à Vienne.
4. Probablement celui-là même auquel Metternich avait succédé le 2 no-
irembre 1805 à Dresde en qualité de Ministre près la Cour de la Saxe-Elec-
Lorale, qui fut à ce moment envoyé à Madrid comme ambassadeur extraor-
dinaire et qui plus tard accompagna au Brésil en qualité de Grand-Maître
le sa Maison l'archiduchesse Léopoldine lorsqu'elle épousa Dom Pedro.
5. Ancien Reichs no('ralh,\e comte Max Degenfeld, représentait à Vienne la
noblesse du Rhin. Il avait épousé une comtesse Teleki et avait pour beau-
frère le comte Solms-Laubacli qui avait épousé sa sœur.
6. 11 doit s'agir ici du comte Félix Woyna (1788-1857) chambellan de l'Empe-
peur, major de cavalerie, lieutenant-colonel en 1816, colonel en 1823 et géné-
ral en 1831.
7. Palfïy (Ferdinand, comte) grand ami des arts, directeur et propriétaire
en 1813 du théâtre an der Wien, consacra toute sa fortune aux choses du
théâtre et de l'art.
8. Castelalfer (comte de) ministre de Sardaigne à Berlin. « Il était, lit-on
dans les Souvenirs du Chevalier de Cussy, tome I, 137, un ancien chambellan
de la princesse Pauline Bonaparte. Il en avait été tellement épris qu'il por-
tait, dit-on, sur son cœur un ancien soulier de cette belle princesse. »
9. Mocenigo (Georges Dmitriévitch, comte) ministre de Russie près la Cour
de Sicile.
76 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Bellegarde (1) à 8 heures, rentré à 9 h. 1/2. Le comte avait en-
voyé à 2 heures une lettre à Paul Esterhazy (2) dont la réponsa.
arriva à 4 heures. f
Le 12. — Ecrit toute la matinée. Dîné hors de la maison et
rentré à 5 h. 1/2.
Le 13. — Sorti à 10 heures, rentré à 1 heure. Dîné à la,
maison. Le soir, visites du prince de Ligne, du comte et de la^
comtesse Maurice O'Donnell (3) qui restent jusqu'à minuit. '
Le 14. — Sorti de 10 heures à 2 heures, fait des visites dans
l'après-midi.
Le 15. — Sorti à 11 h. 1/2, rentré à 1 h. 1/2 pour dîner, il
reçoit la visite de Stein, du prince Dolgorouki (4), du comte
OuroussolT et d'Ott qui le quittent vers 5 heures. Il sort à
5 heures et ne rentre qu^à 11 heures.
Le 16. — Ecrit jusqu'à 1 heure, allé au Prater, rentré pour
dîner à 2 h. 1/2, reçoit le comte Munster, le comte Golovkine(5)
qui habite au coin de la Himmelpfortgasse. A souper, les prin-
cesses Narischkine (6) et Bagration(7),le prince Wolkonsky (8),
1. Le feld -maréchal était à ce moment à Milan fort préoccupé de la situa-
tion peu rassurante de l'Italie et de l'agitation croissante qui se manifestait
en Lombardie.Nesselrode a donc été rendre visite, non pas au maréchal, mai»
à sa femme, la comtesse, née comtesse Augusta de Berlichingen (1765-1831).
2. Voir plus loin note, Pièce 108.
3. O'Donnell (Maurice, comte) mort en 1843, commandant d'un bataillon de
volontaires viennois à la tête desquels il se distingua à Ebersberg en 1809,
devenu plus tard feld-maréclial-lieutenant.
Il avait épousé la princesse Christine de Ligne.
Cf., un rapport de police du 16 décembre aux termes duquel le prince dfr
Ligne aurait écrit sur papier rose son testament adressé au comte Maurice
O'Donnell.
4. Dolgorouki (Nicolas- Wassiliévitch, prince), chambellan, attaché un peu
plus tard à la légation russe à Paris, celui-là même que comme il le raconte
dans ses Titgebûcher, t. I, 307, Gentz rencontra le 17 septembre chez la prin^-
cesse Bagration. I
5. Golovkine (Georges Alexandrovitch, comte), ministre de Russie à Stuttvïi
gart, puis à Vienne, cousin-germain du comte Fédor, l'auteur des Mémoireftfe
bien connus sur la Cour et le règne de Paul I". .;
6. « Née en 1779, morte en 1857 >,laria-Antonovna Czctwertynska épousa lef
prince Dimitri Lvovitch Narischkine appelé le roi des Coulisses et « le Prince-
des Calembours » mort en 1836 dans le poste de grand-veneur. Maria Anto-
novna fut célèbre par sa beauté et par sa liaison avec Alexandre I", dont ellft
eut une fille Sophie Romanofî. Elevée en France à cause de sa faible sant
passionnément aimée par son père et fiancée à un comte Chéiémétieff, e.
mourut en 1824 avant le mariage. — Après la mort de son mari. Maria- An
novna se remaria avec un certain Brozim. » (Comtesse Golovine. Souveni
Note 213) (Cf. pour d'autres détails sur la princesse Narischkine, Gussy. Sott'
venir s j tome U.) ^
7. Voir Annexe, X.
8. Wolkonsky (Pierre Mikhaïlovitch, prince) (1776-1852). Enseigne au régi-/
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 77
comte François Potocki,le comte Woronzofî(l)le prince Dol-
)rouki et le prince Lubomirski qui restent jusqu'à minuit.
sole de l'agent. A 3 heures, je porte une lettre au prince
rauttmansdorff et une autre adressée au prince Repnine (2) à
resde.)
Le 17. Arrivée d'un gros pli envoyé par l'ambassadeur de
aples. Sorti à midi, rentré à 1 heure. A table, au dîner, outre
esselrode et sa femme, le comte Woronzolî et le prince Dol-
3rouki.
Le 18. — Sorti à 10 heures, rentré à midi, ressorti à midi
' demi et rentré à 1 h. 1/i, il va dîner chez Razoumoffsky et
reste jusqu'à 6 heures. Allé ensuite chez le prince de la
our et Taxis (3), rentré à 10 heures.
Le rapport se termine par la liste des visites reçues le lundi
) et des personnes qui ont dîné chez Nesselrode le même
lur.
ciiL SémenofFsky (1793), lieutenant à ravènement de Paul I", capitaine en
cund et aide de camp du grand duc Alexandre Çavlovitch (1797), aide de
nip général lors du couronnement d'Alexandre, adjoint peu après au chef
■ la chancellerie militaire, il fit les campagnes de 1805, 1806, 1807. En mis-
(lii en France après Tilsit, quartier-maître général à son retour (180?*) il
coinpagna l'Empereur pendant la campagne de 1812, chef d'état-major gé-
•lal 1813-1814), chargé en 1815 de conduire l'armée russe de la Vistule au
liin, il échangea à son retour à Pétersbourg son ancien titre de quartier maî-
e contre celui de chef d'Etat-Major général. Ministre de la Cour Impé-
ali à l'avènement de Nicolas, il fut élevé en 1850 à la dignité de général
Id-maréchal.
1. Le comte Woronzoff, que Gentz raconte avoir rencontré le 17 septembre
' la princesse Bagration, est très probablement le général comte Michel Sé-
vitch Woronzoff qui commanda en 1815 le corps d'occupation russe en
e, ou bien le diplomate russe, le comte Woronzoff, né en 1744 qui avait
é pendant vingt ans ambassadeur à Londres et mourut en 1832, à moins
1 il lie s'agisse, ce que j'ai plus de peine à admettre, d'un tout jeune diplo-
.atc attaché à l'ambassade russe. "^
:2. Uepnine (Nicolas-Grégoriévitch, prince) 1778-1845. Colonel à Austerlitz où
lut fait prisonnier. Ambassadeur à Cassel près du roi Jérôme en 1810.
oîiéral-lieutenant en 1813 et Gouverneur général de la Saxe après Leipzig,
juverneur de la petite Russie en 1816, il prit sa retraite en 1835.
a. Tour et Taxis (Charles- Alexandre, prince de la) né en 1770, conseiller
rivé de l'Empereur d'Autriche, grand-maître des postes Impériales, charge
ui était dans sa maison depuis 1695. Il avait épousé en 1793 la princesse
lu lèse, fille du grand-duc de Mecklembourg-Strelitz et belle-sœur du roi
c l'russe. C'est d'elle qu'il était question dans la note suivante que Nota
sa le 18 octobre à Ilager à propos de l'incident survenu à cause d'elle
lie au soir à la Redoute de la Cour.
« La princesse Taxis à la Redoute de la Cour s'est assise sur un des siè-
es réservés aux souverains et a fait porter sa queue par des pages qu'on a
lis quelques heures aux arrêts pour donner une leçon à la princesse. »
78 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
96. Vieiuie. Rapport du 22 septembre 1814 (F. 1 ad. 3565).
SurveiUance du CHEVALIER DE CASTRO (1)
du 8 au 22 septembre.
Le 8 septembre. — Le cbevalier de Castro dîne chez M, de
Gechic(?)
Le 9 septembre. — Visite par la douane chez Castro, de^
onze caisses appartenant à Labrador (2). |
Le 10 septembre. — Castro et sa femme assistent aux ob-
sèques de Marie-Caroline, M""" de Castro va le soir voir le nou-
veau ballet au Theater an der Wien. Castro, souffrant, reste
chez lui.
Le 11. — Dîner chez Baradino.
Le 12 et 13 septembre. — Journées consacrées à l'installa-
tion du logement de Labrador.
Le 15. — Castro renonce à sa voiture et cède son logement
au ministre de Portugal. 11 prendra, jusqu'à son départ, un
appartement au mois.
Le 17. — Il envoie sa voiture au-devant de Labrador qui
dîne chez lui avec ses deux secrétaires.
Le 18. — Trouvé un logement, 22, Altlerchenfelderstrasse.
Le 19. — Il va chez Labrador qui ne reçoit pas. (Labrador
a versé, ce jour-là, sans se faire du mal dans la Teinfaltstrasse.)
Le 22. — L'agent a entendu dire que Castro déteste Labra*
dor, parce que celui-ci aurait contribué à pousser le roi à refu-
ser la Constitution et à dissoudre les Cortès. On a cambriolé
les chambres occupées par les deux courriers de Labrador.
L'agent, qui a nom Hastnegg, annonce en finissant qu'il a
réussi à se faire engager à partir de ce jour comme portier-
huissier au service de Labrador.
1. Charg^é d'affaires d'Espagne.
2. Labrador (Pedro-Gomez, marquis) né à Valencia d'Alcantara, ministre
d'Espagne à Florence sous Charles IV, accompagna Ferdinand Vil à Bayonne
et demeura en France de 1808 à 1814. Plénipotentiaire d'Espagne au Congrès
do Vienne, ambassadeur à Naples, puis à Rome, il soutint Don Carlos après
la mort de Ferdinand VII (1833) et mourut à Paris en 1850.
I
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 79
'|97. Vienne, 15-16 septembre 1814.
Rapport sans date, mais qui a dû être rédigd le 14 ou le 15 septembre.
(F. 1. ad 3565).
Affaires de Saxe et de Pologne. Naples et la mort de Caroline.
Le roi de Danemark. Zichy aux finances. La Norvège.
Tout indique que les questions de Saxe et de Pologne joue-
ront un grand rôle au Congrès ; mais jusqu'à présent je n'ai
rien pu apprendre de précis sur ces sujets qui provoqueront
de graves discussions et sur lesquels on est loin d'être d'accord.
On considère la mort de la reine Caroline de Naples comme
un événement de nature à faciliter la restauration de la dynas-
tie à Naples où le roi Ferdinand IV est très aimé parle peuple,
ce qui n'était pas le cas pour la reine. On prétend même que
le roi Joachim est déjà en train de traiter et de négocier l'ob-
tention d'une compensation.
Le roi de Danemark arrivera sous peu à Vienne. On dit
aussi que l'Impératrice Marie-Louise passera cet hiver en
Suisse.
Le nouveau conseil d'administration des Finances sera pré-
sidé par le comte Charles Zichy, celui de l'Intérieur, par le
comte Wallis, celui de la Guerre par le vieux Maréchal comte
Colloredo(l)et celui de la Justice par le conseiller d'Etat von
Pfleger (2).
On a maintenant toutes les raisons de croire que l'affaire de
la Norvège se réglera conformément au désir des alliés.
98. Vienne, 14 septembre» 1814. (F. 1 3630, ad 3565).
BARON BRAUN à L... (à Darmstadt) {intercepta en français).
Le roi de Danemark et le grand-duc de Bade. La préparation du Congrès. Sa
durée probable. La Constitution et le partage des territoires en Allemagne.
Le roi de Saxe et les Légations. L'archiduchesse Léopoldine.
1. Colloredo (Joseph, comte de) (1735-1818), le plus vieux des trois Collo-
rcdo, feld-maréchal depuis 1789, ministre d'Etat (1805), ministre de la Guerre
(1809-1814).
2. Pfleger (Antoine von) faisait déjà partie du Conseil d'Etat depuis 1806. Il
était avec le fameux von Baldacci et le directeur du cabinet Neubei'g, un d«
ceux qui jouissaient de la faveur particulière de l'Empereur.
80 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Je ne sais pas encore quand le roi de Danemark (1) arrivera a
la Burg. La Cour de Bade s'était flattée d'y trouver place ; mais
je ne pense pas que cela puisse se réaliser, parce que les dis-
tinctions accordées au Roi seront très marquées, ce qui rendra
la situation du grand-duc de Bade très délicate.
On ne parle pas encore des Conférences préparatoires,
mais il est hors de doute que le Congrès trouvera déjà bien
des choses faites et je sais de source sûre que le Prince de
Metternich a laissé entrevoir que tout jjourrait être terminé
en quatre semaines.
On répète encore que, durant la tenue du Congrès, on
fixera l'article qui se rapporte au partage des pays conquis en
Allemagne et de quelques échanges qui pourraient venir à la
suite de cette distribution, mais que le sort de l'Allemagne,
sous tous les autres rapports, sera remis à un Congrès à tenir
l'année suivante. Je ne sais encore rien de précis des démar-
ches des Princes et Comtes Médiatisés ; mais en revanche, que
l'Ordre Teutonique et l'Ordre de Malte travaillent sans relâche
et qu'on est parvenu à se procurer de la Cour de Munich des
déclarations qui leur sont favorables et pourraient bien entraî-
ner les autres Cours dans des sentiments semblables.
On a offert à nouveau les Trois Légations au roi de Saxe
qui refuse toujours de les accepter. On ne doute plus du par-
tage de ses Etats. Cela contraste singulièrement avec tant de
beaux traités qui ont marqué dans l'histoire de l'an dernier.
Espérons que le Mecklembourg n'aura pas le sort de la Saxe.
On parle d'un mariage du roi d'Espagne avec l'archiduchesse
Léopoldine (2).
99. Vienne, 14 septembre 1824. (F. 1.3630 ad 3565).
PIQUOT au DUC DE WEIMAR {intercepta en français)
L'ouverture prochaine du Congrès. Les questions brûlantes pour l'Autriche
et la Prusse. La Saxe et la Pologne. Une brouille sérieuse lui parait peu
probable. Les Légations. Le Piémont. La Russie proposera de transporter.^
Bonaparte dans une région plus lointaine.
1. Le roi de Danemark arriva le 22 septembre.
2. La future Impératrice du Brésil, née le 22 janvier 1797, mariée à Don
Pedro le 6 novembre 1817, morte, le 11 décembre 1826.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 81
« Plus nous touchons à l'ouverture effective du Congrès, plus
il est intéressant de connaître les objets importants qu'on va
y discuter. Les deux principaux, et sur lesquels les opinions
pourront encore différer de beaucoup, sont la Pologne et la
Constitution future de l'Allemagne, et dans cette dernière
surtout le sort qui est destiné au roi et au royaume de Saxe.
Le premier objet, sans doute le plus difficultueux et dont l'ar-
rangement fixe en quelque sorte celui qui concerne la Saxe, a
dû alarmer en même temps les Cours de Vienne et de Berlin,
la première, surtout dans le cas où la Russie persisterait â vou-
loir rendre la Pologne indépendante sans son propre roi, moins
cependant si le Duché de Varsovie était tout uniment enclavé
dans l'Empire russe, puisqu'il ne s'en suivrait pas pour cela
que l'Autriche prît peur pour cela pour ses parcelles de l'an-
cienne Pologne, tandis dans le premier cas l'esprit des Polo-
nais, toujours désireux d'avoir un roi, fera révolter plutôt les
habitants de la Galicie que de rester fidèles et sous la domi-
nation autrichienne. Cette affaire amènera encore des discus-
sions, peut-être même désagréables, avec la Russie ; mais je ne
crois pas que cet objet sera en état de brouiller la bonne har-
monie qui règne entre les Cours alliées et qui doit se consoli-
der encore par le séjour des Souverains de Vienne et par
l'œuvre même du Congrès.
« Quant à la Saxe, je n'ai rien appris d'ultérieur à ce que j'ai
mandé à Votre Altesse. Mais il m'est revenu d'une manière
assez sûre que les Trois Légations, qui devaient servir de moyen
de compensation et de dédommagement pour la famille royale
ie Saxe, seront rendues à Sa Sainteté et que la Cour de Vienne,
^ui les a provisoirement en sa possession, n'aura en Italie que
les frontières et les arrondissements qui lui sont assurés par
e traité de Paris. »
Piquot parle ensuite au duc de l'évacuation du Piémont
3ar les troupes autrichiennes et des difficultés relatives à Alexan-
lirie et termine en disant :
« On croit que la Russie fera faire au Congrès la proposi-
tion de transporter Bonaparte dans un pays plus éloigné, ses
•dations avec l'Italie et la Suisse étant trop fréquentes pour
ju'on puisse les tolérer. »
T. I.
82 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
100. Vienne, U septembre 1814 (F. 1. ad 3565).
HUMBOLDT au ROI DE PRUSSE {intercepta en français).
Son audience chez l'Empereur. Nécessité de l'union entre l'Autriche et la
Prusse. Les audiences de Saint-Marsan ctdeConsalvi. L'évacuation d'Alexan-
drie promise à Saint-Marsan. Les Légations réclamées par le pape. Les
offres de Murât et le refus du Pape. Stadion ministre des Finances.
Il rend compte de « l'audience qui lui a été accordée par l'Em-
pereur qui lui a parlé de la manière la plus expressive de la
nécessité d'une union étroite entre la Prusse et l'Autriche et
de son vif désir de faire tout son possible pour resserrer ces
liens toujours davantage entre la Prusse et l'Autriche. Les ar-
chiducs Charles et Jean se sont exprimés avec les plus grands
éloges sur la part glorieuse que les troupes prussiennes ont
pris au succès de la dernière guerre.
Le Cardinal Consalvi et le marquis de Saint-Marsan avaient
le même jour leurs audiences auprès de l'Empereur. Sa Ma-
jesté a dit à Saint-Marsan (1) que l'évacuation d'Alexandrie (2)
ne souffrira pas de difficulté. L'organisation de l'armée pié-
montaise avance assez rapidement.
Le Cardinal a principalement recommandé à l'Empereur
la restitution au Pape des trois Légations de Bologne, Ferrare
et Ravenne. Sa Majesté ne s'est pas expliquée à ce sujet ; mais
Elle a dit de la manière la plus positive qu'Elle ne prétendait
en aucune manière de garder ces provinces pour Elle.
Je me suis aperçu dans l'entretien que j'ai eu sur ce su-
jet avec le Cardinal Consalvi qu'il a entendu parler du projet
de donner ces Trois Légations au roi de Saxe, mais que cela
lui paraît un simple bruit duquel il ne prend pas ombrage jus-
1. Saint-Marsan (Philippe-Antoine-Marie Asinari, marquis de) (1751-1821)
fit la campagne de 1796 contre la France et devint ensuite ministre de la
Guerre. Il se rallia à Napoléon qui le nomma conseiller d'Etat, ambassadeuï
à Berlin, comte de l'Empire par Lettres patentes du 25 octobre 1808 et séna
leur le 4 avril 1813. Chef du conseil suprême de régence en 1814, il repré
senta la Sardaigne comme premier plénipotentiaire au Congrès de Vienne^
Ministre de la Guerre en 1815, puis ministre des Affaires Etrangères, grani
chambellan de Charles-Félix (première charge de la cour) Saint-Marsan étai
en outre Collier de l'Annonciade.
2. Malgré les déclarations de François !•', ce ne fut cependant qu'au com-
mencement de 1815 que les troupes autrichiennes évacuèrent Alexandrie.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 83
qu'à présent. Je me suis naturellement gardé d'éveiller son
attention là-dessus.
J'ignore si le Ministère de Votre Majesté a été informé que,
déjà lorsque nous étions à Paris, le roi Joachim a offert au pape
d'évacuer d'abord TEtat Romain, de prendre l'investiture fu-
ture du pape, ainsi que cela se faisait ci-devant, si de son côté
ce dernier voulait le reconnaître comme roi de Naples. Le
pape lui a fait répondre que cela était impossible avant que
le Congrès de Vienne ne fût terminé et que les autres puis-
jances de l'Europe ne l'eussent reconnu (1). Le pape a cru mieux
aire de souffrir encore pendant quelque temps l'occupation
l'une partie de ses Etats que d'en acheter la récupération à
ie prix.
Le comte Stadion vient d'être nommé ministre des Finances
t non président de la Chambre des Finances, comme l'était
comte Wallis. On ne sait pas s'il acceptera cette place.
Vienne, 17-18 septembre 1814.
01. Vienne, 16 septembre 1814 (F. 1. ad 3565).
RAPPORT à HAGER
ruits relatifs aux opérations préliminaires du Congrès. Constitution do
l'Allemagne. La Saxe. Bruit de la signature d'une convention entre TAn-
jleterre et l'Autriche. Le voyage du prince royal de Wurtemberg. Les
eprésentants des médiatisés. Gaertner. Lord Gastlereagh.
L'agent rend compte du bruit qui court dans les Chancel-
:ies de la location à Baden de logements pour les ministres
Russie, d'Angleterre et de Prusse, attendus incessamment
ur entamer avec Metternich les préliminaires et arrêter les
ses du Congrès qui ne s'ouvrirait que l'on se serait mis d'ac-
fd sur ces points.
: On m'a affirmé de façon positive qu'on n'avait encore au-
iie idée de ce que serait ou devrait être la Constitution de
Jlemagne et qu'on attendait avec impatience des instruc-
. Cf. C Weil. Joachim Murât. La dernière Année de Règne, t. I, p. 109-
, Cette ofTre avait été faite dès le mois d'avril et le refus de Pie VII est
mois de juin.
84 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
tractions et des indications qu'on ne se pressait nullement de
donner.
« Dans une autre Chancellerie, on m'a dit confidentielle-
ment que le roi de Saxe aurait pris le parti de renoncer à la
couronne et qu'il aurait expédié cette renonciation. On atten-
dait impatiemment la confirmation de cette nouvelle comme de
savoir à qui on donnerait cette couronne, l'Autriche tenant
pour la ligne actuelle, la Russie et la Prusse pour les autresl
lignes.
« On m'a affirmé, mais encore plus confidentiellement, que
l'Angleterre et l'Autriche venaient de signer une convention
séparée, seraient tout à fait d'accord et joueraient par suite le |
premier rôle au Congrès. j
« D'après des nouvelles de Stuttgart, le prince royal de Wur- !
temberg, qu'on attendait à chaque instant ici, aurait pris le {
chemin du Tyrol qu'il est curieux de voir et ne serait ici que [
le 19. On annonce du même endroit que le roi serait ici le 22
au lieu du 24. '
« On rit beaucoup dans toutes les chancelleries de la venue
des députés des princes médiatiséSi On se moque surtout du i
conseiller intime von Gaertner et surtout parce qu'il aurait mis ji
sur ses cartes et sur son adresse la qualification de plénipo~l
tentiaire de 40 maisons prlncières et comtales.
Il paraît aussi que lord Castlereagh est très mécontent de
l'installation qu'on lui a donné à V Augartcn (1).
102. Vienne, 17 septembre 1814 (F, 1. ad 3565).
LA TOUR DU PIN (2) au PRINCE DE BÉNÉVENT
Rentrée de Metternich à Vienne le 16. Pas de nouvelles importantes.
Metternich croit à l'issue prompte et prochaine du Congrès.
1. Augarten. Propriété impériale située entre la Brigitten-Au et le Pratei
Jardin et parc à la française, ouverts au public par ordre de Joseph II. D'à
près la Chronikdes Allgemeinen Wiener kongresses, N° du 4 octobre, p. 15
lord Castlereagh aurait habité non pas l'Augarten,maiis la maison connue se
le nom de Im Auge Gotles (A l'œil de Dieu).
2. La Tour du Pin Gouvernet (Frédéric, marquis de) (1758-1837). Colonel
début de la Révolution, il fut nommé ministre à la Haye. Destitué en 11
il émigra et rentra en France sous le Consulat et devint préfet d'aborc^
Amiens, puis à Bruxelles.il suivit Talleyrand à Vienne et fut à la fin du Cou
grès nommé de nouveau ministre à la Haye, puis à Turin. Il se retira ei
1830.
i
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 85
M. le Prince de Metternich, qui a habité Baden depuis que
je suis ici, est rentré hier en ville. On avait été un moment
incertain si quelques-uns des ministres du cabinet n'iraient
pas y passer quelques jours pour être plus libres ; mais il pa-
raît qu'il leur a mieux convenu de ne pas quitter la ville.
Je garde toujours le silence sur la foule des projets qu'en-
fante le moment présent et je ne crois pas que tout ce qu'on
dit sans consistance soit digne de l'attention du roi. Le prince
de Metternich, dont l'opinion a nécessairement un tout autre
poids, continue de manifester la plus grande confiance dans une
issue heureuse et prompte du Congrès.
Votre Altesse au bout de six heures de séjour ici en saura
tellement plus que moi que je ne me hasarderai pas à l'égarer
par de fausses conjectures sans aucune utilité.
103. Vienne, le 17 septembre 1814 (F. 1. ad 3565).
BRIGNOLE au SÉNAT DE GÊNES {intercepta en italien)
(Analyse).
Sa conversation avec Metternich. Ses arguments dilatoires et spécieux. Ses
plaintes au sujet des opinions et des idées des mécontents de Gênes.
Il a parlé avec Metternich qui l'a reçu très aimablement et
qui, après avoir examiné longuement l'objet de ses demandes,
lui a dit « que la solution dépendrait des discussions qui auraient
lieu au cours du Congrès ; qu'il était en tout cas dans ses in-
tentions, à lui, Metternich, de compenser la perte éventuelle
de notre indépendance en nous faisant accorder des privilèges,
dont je ne connais pas encore la nature, mais que je crois ab-
solument illusoires. Je ne manquerai et ne cesserai pas de
combattre cette chimère... »
Il ajoute un peu plus loin que Metternich lui a fait des re-
marques assez singulières relatives à la conduite et à l'attitude
des mécontents de Gênes qui veulent et désirent wi royaume
d'Italie :
« J'ai tout lieu de croire, écrit-il, que c'est là un tour du
Cabinet de Turin. Je m'appliquerai à démasquer cette intrigue
et à justifier notre gouvernement. Mais entre temps Vos Sei-
gneuries feraient bien de prendre les mesures nécessaires
86 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
pour surveiller et réprimer ces velléités et d'enlever ainsi tout
prétexte de mécontentement à la Cour de Vienne. »
Pendant que du 15 au 20 septembre on multiplie les instruc-
tions relatives aux mesures à prendre à Toccasion de l'arrivée
des rois de Danemark et de Wurtemberg le 22, de l'Empe-
reur de Russie et du roi de Prusse le 25, de l'Impératrice de
Russie le 27 et du roi de Bavière le 28; qu'on décide d'adjoindre,
pour toute la durée des fêtes et cérémonies du Congrès, un capi-
taine de la garnison de Vienne à chacun des commissaires de
police de la capitale ; que Trauttmansdorlï, le grand maître des
Cérémonies d'une part, le général Stipsich(l) de l'autre, ne ces- |
sent de communiquer leurs vues, leurs propositions et leurs déci- ,;
sions au baron Hager, les différents agents de la Polizei Hofs- i:
telle surveillent déjà de très près tous les personnages arrivés à |
Vienne et fournissent entre autres à leur chef un certain nombre f
de rapports confidentiels et particulièrement intéressants que l
Hager envoie à l'Empereur par son bordereau du 21 septembre.
104. Vienne, 21 septembre 1814 (F, 1. 3630 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR (-2)
Envoi du bordereau contenant l'analyse des rapports politiques
du 20 septembre.
Envoi à Sa Majesté de rapports confidentiels relatifs, l'un
à l'attitude du Nonce et à ses rapports avec le comte Aldini,
à celle de la Cour de Rome dans l'affaire du patriarcat de Ve-
nise, un autre à Labrador et à ses différends avec Metternich,
un troisième aux événements et à la situation en Allemagne,
le quatrième à la surveillance des Prussiens et surtout de
Hardenberg.
1. Stlpsich von Ternow (Joseph,baron) (1755-1831) général de cavalerie et
au moment du Congrès vice-président du Conseil aulique de la Guerre
2. En marge : Vu par l'Empereur et renvoyé par lui le 25 septembre.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 87
105. Vienne, 18 septembre 1814 (F. 1. 3630 ad 3565).
FREDDI à HAGER (en français).
Le nonce, le cardinal Consalvi et le comte Aldmi. L'arrivée de Labrador.
Personnages qui l'accompagnent. Conversation qu'il a eue avec lui, ses
questions sur Metternich et Stadion. Labrador,grand admirateur et partisan
de Stadion. Ce que Talleyrand lui a dit sur le compte de Stadion. Son opi-
nion sur les conférences préparatoires et sur le rôle de l'Espagne et de la
France au Congrès.
Le secrétaire du nonce apostolique travaille jour et nuit et
accable d'une telle manière les trois commis, Caselli, Gordini,
le prisonnier de guerre, d'Erst, interprète et commentateur de
journaux allemands, que les deux premiers s'en plaignaient
hier à moi amèrement. Mais pourvu que la Cour de Rome soit
exactement informée de tout ce qui se passe et le service aille
selon son bon plaisir, le nonce ne se soucie guère de la santé
de ses hommes. J'en ai fait moi-même une triste expérience
dans les deux mois que j'ai eu l'howieur de servir dans ce
sous-sécrétariat. Il en donne lui-même l'exemple en travaillant
jour et nuit.
Ily a deux jours que je n'ai pas vu ce Ministre. Hier, il était
avec le cardinal Consalvi en conférence avec Aldini(l), sur lequel
on compte beaucoup. Je crois cependant que ces deux rusés
diplomates romains n'auront pas oublié qu'Aldini fut constam-
ment l'ennemi de la cour papale et que sa conduite comme
avocat à Bologne, comme représentant dans le Conseil de la
République Transpadane et Cisalpine et enfin comme ministre
secrétaire d'Etat de Napoléon a consigné dans les annales la
certitude de ses principes politiques anti-papaux. Mais Consalvi
et Severoli se flattent de l'avoir gagné par la promesse d'une
généreuse récompense, otium cum dignitate. Connaissant Al-
dini, on ne se trompera pas si on le compare au caméléon qui
1. Aldini (Antoine, comte), né à Bologne en 1756, mort à Pavie en 1826, neveu
de Galvani, d'abord avocat à Rome, puis professeur de droit à l'Université de
Bologne, envoyé à Paris sous le Directoire comme ministre plénipotentiaire
de la république bolognaise, président du Congrès républicain de Modène,
président du Conseil des Anciens de la république Cisalpine, conseiller d'Etat
après Marengo, membre du Conseil législatif, ministre, secrétaire d'Etat du
royaume d'Italie à Paris, il s'occupa à Vienne de la défense des intérêts
d'Elisa et se retira après le Congrès à Milan.
88 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
saura, selon les circonstances, changer d'opinion et jouer la
comédie au gré du parti le plus puissant.
Il ne m'a pas été donné de voir le nonce aujourd'hui parce
qu'il était allé avec le cardinal Gonsalvi voir les archiducs.
Labrador est arrivé le 17 à dix heures du matin... Je l'ai vu
en allant chez le chevalier Ferez de Castro, chargé d'affaires de
la cour d'Espagne et c'est là où j'ai eu l'honneur de féliciter
l'ambassadeur qui a répondu à mes expressions par l'assu-
rance très flatteuse de son amitié.
Il est accompagné par le secrétaire d'ambassade Machado
et par un autre gentilhomme espagnol très jeune. Machado est
connu à la cour pour avoir été pendant la dernière guerre au
Quartier Général des alliés chargé d'une mission de la régence
d'Espagne qui gouvernait alors ce pays au nom de Ferdi-
nand VII.
Labrador entra aussitôt en conversation avec moi sur l'état
actuel des choses. Malgré sa finesse extrême et son langage
mystérieux, je crois avoir réussi à débrouiller l'objet de se
recherches et de ses inquiétudes.
Après avoir passé la revue des membres nationaux et étran-
gers du Corps diplomatique, il s'arrêta surtout sur le princ
de Metternich et le comte de Stadion et voulut connaître l'opi-
nion publique sur eux et il fut fort étonné lorsque je lui par-
lai de la nomination probable de Stadion au ministère des
Finances. Il me dit : « Est-ce qu'on éloigne Stadion d'avoir
part aux négociations du Congrès ? Ce serait à mon avis une
mauvaise besogne pour l'Autriche d'éloigner le seul homme qui
a obtenu par ses manières franches et loyales la confiance des
ministres des premières puissances ». Je le rassurai là-dessus
en lui disant que cette nouvelle fonction n'empêcherait pas
Stadion d'agir pour le Congrès, parce que comme ministre
d'Etat et de Conférences, il entrait dans le Conseil de Sa Ma-
jesté.
Il reprit ensuite : « La veille de mon départ de Paris, m'étanL
entretenu longuement avec le prince de Bénévent, nous nous
disions ensemble que tout irait bien à Vienne, comptant sur
M. de Stadion. S'il arrivait le contraire, Talleyrand en serait
déconcerté. »
Il me demanda ensuite s'il était vrai que des conférences
avaient lieu entre Castlereagh et Metternich et quelle conclu-
sion on tirait de ces séances secrètes. « On parle, lui dis-je.
I
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMEMTS DU CONGRÈS 89
de ces faits dont je ne peux garantir l'authenticité et du reste
rien n'a transpiré. »
« J'espère, ajouta-t-il, que les ambassadeurs de France et
d'Espagne ne viendront pas jouer ici le rôle de marionnettes
.comme quelques-uns se l'imaginent. »
Telle fut la conversation de plus d'une heure que j'eus avec
M. de Labrador.
106. Vienne, 18 septembre 1814 (F, 1. ad 3565).
RAPPORT à HAGER
Murât et le pape. Causes des difficultés entre Rome et Naples. Le cardinal
Consalvi et les Légations. Arrivée prochaine d'Alexandre et du roi de Prusse.
Le roi Joachim a fait, il y a quelque temps déjà, des ouver-
tures au pape pour qu'il le reconnaisse comme roi de Naples
et qu'en échange de l'évacuation de l'Etat romain il lui donne
l'investiture suivant le mode habituel. Le Saint Père a refusé,
et telle serait la cause des difficultés qui existent depuis quel-
que temps entre Rome et Naples.
Le cardinal Consalvi, qui restera à Vienne pendant la durée
du Congrès, fait tous ses efforts pour obtenir le retrait des
troupes autrichiennes qui occupent les Légations que l'Empe-
reur François serait, dit-on, disposé à rendre au Saint Père
dès que l'on se sera mis d'accord sur le règlement de la ques-
tion italienne.
L'Empereur de Russie attendu pour le 26 restera probable-
ment ici six semaines. Le roi de Prusse arrivera le 25 et l'on
parle de nouveau de la venue possible du roi de Sardaigne.
107. Vienne, 18 septembre 1814 (F. 1. 3942 ad 3565).
NOTA à HAGER (en françai.s).
Intimité du cardinal Consalvi avec Bartholdi. Observations et regrets du car-
dinal sur ce qui se fait à Rome. Les questions en litige entre Vienne et
Rome. Les religieuses d'Udine et le patriarcat de Venise. Mgr Bonsignori.
Biographie et portrait.
Affaires de la Cour de Rome avec la nôtre.
90 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Je dirai avant tout que Bartholdi (1) est très lié avec le car-
dinal Consalvi qui avec la société est de la plus grande réserve
et ne va que chez la comtesse Anguissola (2) et voit fort peu
de monde chez lui.
Bartholdi m^a contié, qu'ayant hier dîné chez le cardinal, ,
celui-ci s'était épanché avec lui et lui avait contié qu'il était
au désespoir de n'être pas à Rome, parce qu'on y faisait des
choses mal à propos et qui gâtaient le tout, comme d'avoir
rétabli les horloges à l'italienne, d^avoir gêné les Juifs, d'avoir
ôté les réverbères et l'illumination de la ville et autres choses
semblables ; que les Juifs riches quittaient Rome et que par
là la disette d'argent et de ressources augmentait ; qu'on avait
réduit mal à propos les impositions de 40 à 2 ; que par cette
mesure sans raison et sans borne le pape n'avait pas le sou
et ne pouvait plus suffire aux besoins de l'Etat ; qu'on avait
adopté le principe insoutenable et inexécutable de ramener le
tout à l'ancien ordre des choses.
1. Bartholdi (Jacob-Salomon) (1779-1825) après avoir obtenu le grade de
maître es arts en 1801, se rendit à Paris où il séjourna plusieurs années et de là
en Italie, puis en Grèce. La funeste issue que la guerre de 1806 eut pour sa
patrie lui inspira une haine féroce contre Napoléon. 11 se mit à parcourir
l'Allemagne pour y susciter des ennemis au vainqueur d'Iéna, s'enrôla en
1809 dans un régiment autrichien, se distingua en plusieurs occasions, notam-
ment à Ebersberg où il fut grièvement blessé. Nommé en 1813 à un emploi
supérieur à la chancellerie d'Etat de Prusse il y débuta par la rédaction du
fameux édit sur le Landsturm, suivit les armées alliées à Paris en 1814 et
chargé d'une mission secrète à Londres fit sur le paquebot connaissance du
cardinal Consalvi et contracta avec lui une amitié qui dura jusqu'à leur mort.
Envoyé après le Congrès de Vienne à Rome en qualité de Consul général de
Prusse pour toute l'Italie, il occupa en réalité ce poste au nom de tous les
souverains de la Sainte Alliance. Après avoir représenté la Prusse en 1818
au Congrès d'Aix-la-Chapelle, il fut nommé conseiller intime de légation et
chargé d'affaires à Florence. En 1822 il reprit ses fonctions de consul général
de Prusse à Rome^ mais ce poste fut supprimé en 1825. Bartholdi ne survé-
cut que fort peu à sa mère et à ses amis, le prince de Hardenberg (mort en
1822) et le cardinal Consalvi (mort en 1824).
2. Il s'agit probablement, certainement même, de la comtesse Carolina An-
guissola, fille de la marquise Anguissola Busca, mariée au comte Louis de
Capitani de Settala, dont il est à plusieurs reprises question dans le Carteg-
gio Confalonieri publié par mon ami G. Gallavresi. On y lit entre autres, 1. 1,
page 153, que la comtesse partit de Milan le 24 mai 1814 pour aller prendre
sa mère à Venise et s'installer avec elle à Vienne pour trois ou quatre mois.
Un peu plus tard le 6 juillet 1814 (Ibidem, p. 212). Teresa Confalonieri écr
vait à son mari : « Settala... raconta gran cosa di sua moglie, la quale second|
lui riceve moite distinzioni a Vienna tanto délia corte dell'Imperatore quant
dell'Archiduchessa Béatrice... » Trois jours plus tard le 9 juillet (Ibidem.
p. 214-215) elle ajoute : « La Settala e trovata Vienna una bellezza, cio mi d|
un idea del gusto patano (extraordinaire) ; l'Imperatore le ha detto che essif
ritornera in Italia con lui ».
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 91
Il accuse de toutes ces bévues le cardinal Pacca (1), qui se
trouve être Tami de cœur du Pape, et qui se laisse mener
par trois frères et abbés nommés Sala (2) qui sont trois bonnes
bêtes et très pieusement exaltés au delà de toute raison.
11 dit que le Pape est unique pourra constance, sa fermeté,
vis-à-vis d'un oppresseur puissant, mais qu'il est faible et sent
l'âge et les infirmités vis-à-vis des personnes qui lui sont at-
tachées et auxquelles il accorde sa confiance et qu'il ne sait rien
refuser à celles-ci.
Questions de litige entre le Pape et la Cour de Vienne :
1° L'affaire des religieuses d'Udine et la nomination au Pa-
triarcat de Venise. Mgr Bonsignori, évêque de Faenza nommé
par le Chapitre et refusé par le Pape qui nomme Mgr Peruzzi,
évêque de Chioggia.
Détails sur Mgr Bonsignori.
J'ai beaucoup connu Mgr Bonsignori que Napoléon voulait
faire patriarche après l'avoir déjà fait évêque. Natif de Gal-
larate, il entra dans une congrégation dite degli abbati. Il fut
fait bibliothécaire à rAmbrosiana(3)après avoir été longtemps
professeur de Philosophie et Belles-Lettres au Séminaire de
Milan.
Napoléon l'en tira en 1798 et le fit évêque de Faenza. C'est
un homme de soixante-dix ans passés, belle taille, belle figure,
très élégant, très galant auprès des dames et très connu à
Milan de tout temps par ses amours, tantôt chez l'une, tantôt
chez l'autre. Sa belle d'à présent l'est depuis vingt-cinq ans et
s'appelle M"' Chiese, de Milan.
Il a toujours passé pour un bel esprit et pour un ecclésias-
tique un peu leste. Il est savant théologien, orateur soigné,
1. Pacca (Bartolomeo, cardinal) né à Bénévent le 16 décembre 1756, cardi-
nal en 1804, camerlingue en 1808, rédigea et publia la bulle d'excommunica-
tion contre Napoléon en 1809. Enlevé de Rome avec Pie VII, enfermé pendant
trois ans à Fenestrelle, il rejoignit le pape à Fontainebleau en 1812, rentra
avec lui à Rome en 1814 et fit rétablir l'ordre des Jésuites. Gouverneur de
Rome en 1817, évêque de Frascati en 1820, préfet des études en 1822, il re-
nonça à ses fonctions de ministre-camerlingue en 1824. Mort en 1844.
2. L'un d'entre eux devait être Mgr Sala, auteur de brochures dont parle
le cardinal Gonsalvi et qui imprimées au Quirinal en 1819 avaient pour titre :
Documenti sulle verlenze insorte fra la Santa Sede e il governo Francese.
3. L'une des plus belles et des plus riches bibliothèques d'Italie fondée par
saint Charles Borromée. A côté de la bibliothèque et dans le même bâtiment
se ti'ouve un des plus beaux Musées de Milan, transformé et complètement
métamorphosé par les soins de mon éminent et incomparable ami Mgr Achille
Ratti, préfet de l'Ambrosiana.
92 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
mais froid, homme très rusé, fin, faisant bonne mine à tout
le monde, impénétrable, un peu moqueur, riche en connaissan-
ces, mais pauvre en génie, rempli d'ambition et pas du tout
indigne d'avoir été choisi par le pieux Napoléon pour en faire
un évêque et un patriarche même de Venise, après l'avoir
employé à Savone pour amadouer ou tromper Pie VII, mission
à laquelle il ne réussit point du tout.
108. Vienne, 20 septembre 1814 (F. 1. 3630 ad 3565'.
e 0 à HAGER
Le Panorama de l'Europe. La princesse Paul Esterhazy. Entente entre Bade.
Nassau et Hesse-Darmstadt. L'appétit de la Prusse.
Le Panorama de l'Europe : tel est le nom qu'on donne à
cette réunion à Vienne qui immortalisera le règne de l'Empe-
reur François et le ministère du prince de Mctternich.
La princesse Paul Esterhazy (1) a une liaison connue de tous,
avec le prince Charles Liechtenstein (2) (officier de uhlans).
Le mari, le prince Paul est aussi jaloux que désolé. La mère
de la princesse, la princesse Taxis, a pris le parti de sa fille;
c'est un véritable enfer dans cette famille.
On a remarqué que les envoyés au Congrès de Bade, Nassau
et Darmstadt sont au mieux ensemble et ont des conférences
journalières. Chacune des missions présentes à Vienne s'occupe
maintenant de donner une forme sous un titre quelconque aux
prétentions qu'elle se propose de présenter au Congrès. C'est
1. Esterhazy von Galantha (Paul-Antoine, prince), né en 1786, fut envoyé
en 1810 au-devant de Berthier, chargé de venir demander la main de Marie-
Louise, successivement ministre à Dresde, à la Haye, puis à Rome, puis
ambassadeur à Londres de 1825 à 1828, puis une deuxième fois de 1830 à
1838, fils du prince Antoine et marié en 1812 à la princesse Marie-Thérèse
de la Tour et Taxis, née en 1794 et fille du prince Charles Alexandre.
2. Liechtenstein (Charles, prince) (1792-1845) fils du prince Charles Borro-
mée et de la comtesse Maria-Anna Khevenhiiller, entré en 1810 au service
qu'il quitta momentanément en 1819 après son mariage. Rentré dans l'armée,
en 1824, colonel en 1830, général- major en 1834, feld-maréchal lieutenant en
1844, il prit sa retraite en 1847 à la suite d'une maladie d'yeux. Conseiller
intime et grand maître de la Cour en 1849, fonction qu'il remplit jusqu'à sa
mort. Promu général de cavalerie en 1851. Chevalier de la Toison d'Or, il
avait fait les campagnes de 1813, 1814 et 1815 et avait épousé en 1819 la
comtesse Franziska Wrbna-Freudenthal (1799-1863).
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 93
ainsi qu'hier j'ai lu chez le baron de Tûrkheim (1) le mémoire
qu'on prépare sous le titre de : « Droits de la maison de Hesse
sur la principauté de Querfurt. »
Chez le comte de Rechberg de retour à Vienne depuis hier
soir, on a déblatéré contre la Prusse qui est réellement par
trop avide.
Je vous remercie de l'envoi du supplément à l'état des
légations envoyées au Congrès et à la liste des étrangers. Je
vous prie de continuer à me fournir ces pièces dont j'ai en
effet le plus grand besoin.
109. Vienne, 20 septembre (F. 1. 3613 ad 3565).
SIBER à HAGER
Surveillance des Prussiens et surtout de Hardenberg du 17 au 20 septembre.
Les petits princes et leurs idées sur la constitution de l'Allemagne.
Hardenberg, arrivé le 17 avec le général Knesebeck (2), le
conseiller intime de légation Jordan et deux chasseurs, loge au
Graben 2" étage. Maison Wielmann. Il a reçu la visite du
secrétaire d'Ambassade Zahn, du conseiller aulique Barber,
du Conseiller d'Etat Hoffmann.
Le dimanche 18, visites du conseiller aulique baron Bar-
tholdi (cousin du baron Arnstein), des conseillers intimes Zer-
boni di Sposetti et von Werkstein.
Hardenberg va chez Nesselrode, Saint-Marsan, Castlereagh.
Humboldt, chez lequel il dîne, le prince Trauttmansdorff, le
comte Charles Zichy, la princesse de la Tour et Taxis, la prin-
cesse Bagration, puis le soir chez Metternich de huit à dix heu-
res où il se retrouve avec Nesselrode et lord Castlereagh. On
en avait même conclu que la première conférence diplomatique
avait eu lieu ce soir-là.
1. Conseiller intime du grand-duché de Hesse, ministre d'Etat et représen-
tant de Hesse-Darmstadt au Congrès.
2. Knesebeck i Charles-Frédéric, baron de) (1764-1848) fit dans l'armée
prussienne les campagnes de 1792-1794 et de 1806. Ennemi acharné de la
France, il se lia avec Scharnhorst et passa au service de l'Autriche en 1809,
reçut en 1811 une mission secrète en Russie et fit comme général les cam-
pagnes de 1813-1814. Elevé plus tard à la dignité de feld-maréchal, il com-
manda en 1831 une armée d'observation lors de l'insurrection de la Pologne
contre les Russes en 1830.
9i AUTOUR DU CONGRÈS DE VIEiNNE
Le 19 il reçoit la visite du colonel comte d'Isenburg, des
princes Paul Esterhazy, Kaunitz, Wenzel Liechtenstein et
Wrede, du Marquis de Saint-Marsan, du chargé d'affaires turc
Mavrojény, enfin du ministre de Hanovre, comte de Harden-
berg, qui met le prince au courant des usages de Vienne.
Après avoir dîné chez le comte Stackelberg, il se rend chez
Metternich, où il reste de huit heures à minuit avec Gastle-
reagh et Nesselrode. Hardenberg avait eu à midi une audience
chez l'Empereur et avait ensuite travaillé chez lui avec son
secrétaire.
Le soir, arrivée du courrier prussien, le feldjaeger Hermann,
porteur de deux paquets pour le prince, de lettres pour le
prince héritier de Mecklemburg-Strelitz (1) et pour le capitaine
Ferner, aide de camp du Général Prochaska (2).
Rien n'a encore transpiré au sujet des négociations. L'accord
semble établi et on attend impatiemment l'arrivée de Talley-
rand qui, espère-t-on, n'exercera pas une grande influence sur
la marche des affaires.
Les petits princes et les anciens Etats se proposent, dit-on,
d'offrir à l'Empereur la couronne héréditaire de l'Empire d'Al-
lemagne et insistent pour que les quatre départements de la
rive gauche du Rhin deviennent, afin d'être le vrai boulevard
de l'Allemagne, la propriété de 1 Empereur d'Allemagne. L'An-
gleterre approuverait, assure-t-on, ce projet qui n'est pas du
goût de la Prusse et de la Bavière. On croit de plus qu'en cas
de difficultés ou de refus de la part de l'Autriche, on consti-
tuerait une Confédération formée de sept grands Etats. Le
comte de Solms-Laubach a prétendu dernièrement que l'Autri-
che refuserait la couronne Impériale. Il a dit ; « Il faut espé-
rer que l'Autriche oubliera les griefs, les rancunes d'autrefois
pour ne plus songer qu'au bien de l'Allemagne (3). »
1. Georges-Frédéric-Gharles-Joseph (1779-1860).
2. Cet officier général avait été de février à mai 1809 quartier-maître géné-
ral de la grande armée autrichienne.
3. J'ai reproduit i/iex^easo ce premier rapport sur Hardenberg. On comprend
que je ne saurai, faute de place et de peur d'importuner le lecteur, continuer
à procéder de cette façon ; mais je tiens à faire remarquer que, grâce aux
bulletins quotidiens, on arriverait sans peine à reconstituer, jour par jour et
presque heure par heure l'emploi du temps de chacun des personnages pré-
sents à Vienne de septembre 1814 à avril et même mai 1815.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 95
110. Vienne, 19-23 septembre (F. 1. ad 3565).
SIBER, Conseiller aulique, Ober Polizei director
au BARON HAGER
Surveillance spéciale du Conseiller intime baron Anstott.
Le baron Anstett, arrivé le 19 septembre de Varsovie où il
a sa famille, habite Weihburgasse, 983, chez le rédacteur de
la Wiener-Zeitung, ex-Hof-Konzipist,Konrad Bartsch ( 1 ) qui est
très lié avec le baron et lui communique toutes les nouvelles
(ju'il recueille. Anstett n'a encore expédié aucune lettre et n^a
reçu que peu de visites. Il a été chez le comte de Nesselrode
et chez Stein et a dit à ses secrétaires qu'il n'y aurait de la
besogne qu'après l'arrivée des souverains parce que l'on avait
déjà préparé bien des choses sous main. Hier il a été chez Ra-
zoumofîsky et y est resté de dix heures et demie à midi. En
rentrant il a reçu la visite de la chanteuse de la Cour Haupt-
mann_, née Muller. Je n'ai pu savoir le but de cette visite. Il
est allé ensuite chez Nesselrode, a dîné chez Razoumoffsky,puis
a été avec le comte Boulgakoff (2) chez la princesse héritière de
Weimar(3). A son retour il a causé longuement avec Bartsch
et a été souper chez la princesse Bagration.
Je fais continuer la surveillance.
1. Bartsch, un vicl ami d' Anstett, et l'un des rédacteurs de la Wiener-
Zeitung.
2. BoulgakofT (Constantin Jacovlevitch) (1782-1835) débuta dans la carrière
diplomatique au service des Archives. Envoyé à Vienne à Tavènement d'Alexan-
dre I",il y resta jusqu'en 1809 et fut mis âla disposition du comte Kamensky,
commandant en chef l'armée d'au delà du Danube (1810), puis de son suc-
cesseur Koutouzoff jusqu'en 1812. Envoyé à Constantinople après la paix de
Bucharest, il lit la campagne de Russie au quartier général de Tchitchagoff.
Mis peu après à la disposition de Wolkonsky, appelé ensuite par Nesselrode
qu'il accompagna pendant les campagnes de 1813-1814, conseiller intime
après l'entrée d'Alexandre à Paris et à Vienne pendant le Congrès, il accom-
pagna Nesselrode au quartier général en 1815, et fut sur sa demande nommé
en 1815 directeur des postes à Moscou où il resta jusqu'en 1828 où il fut
appelé à Saint-Pétersbourg.
3.Grande-duchesse Marie, née en 1786,mariéeenl804àCharles-Frédéric,prince
héréditaire de Saxe-Weimar qui succéda en 1828 à son père le grand-duc
Charles-Auguste.
96 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
111. Vienne, 20 septembre 1814. (F. 1. ad 3565).
RAPPORT à HAGER
Surveillance de la Tour du Pin du 14 au 19 septembre.
Le 14,1e ministre va avec TEvêque de Nancy (1) dîner chez
le comte François Zichy (2) à Baden. Le 15 et le 16 il reçoit de
nombreuses visites (liste jointe au rapport). Le 16 au soir, ar-
rivée d'un courrier de Paris apportant l'ordre de mettre au plus
vite l'hôtel en état.
Le 17 (3), arrivée d'un cuisinier, deux valets de chambre et
deux laquais du prince de Bénévent. A partir du 18, on presse
l'aménagement de l'hôtel ; les lits, les matelas sont mangés
par les mites et doivent être remplacés.
Le 19, emménagement du ministre au Kaisergarten. Son
gendre, le comte de Liedekerke, parti récemment, est en route
pour revenir à Vienne, son premier enfant étant mort à Paris (4).
1. La Fare (Anne-Louis-Henri, cardinal de) né en 1752, Evêque de Nancy le
7 octobre 1787, député à l'Assemblée nationale, émigré d'abord à Trêves, puis
à Vienne vers la fin de 1792, il y remplit à partir de 1795 les fonctions de
chargé d'affaires de Louis XVIII. Attaché à M°" Royale en qualité d'aumô-
nier, il négocia son mariage avec le duc d'Angouléme. Rentré en F'rance à la
Restauration, il devint d'aboi'd premier Aumônier de la duchesse d'Angou-
léme, en 1817 archevêque de Sens, peu après pair de France et Ministre d'état|
et enfin cardinal en 1825. 11 prononça à Reims le discours par lequel s'oi
vrirent en 1825 les cérémonies du sacre de Charles X et mourut à Paris
1829,
2. Zichy (François, comte) (1774-1861) Obergespan du Gomitat de Bihar
Oberstthûrhuter du Royaume de Hongrie.
3. Un autre rapport en date du 17 septembre (F. 1.3728 ad 3565) faisait col
naître à Hager que la Tour du Pia venait de rendre visite à la duchesse
Sagan et à la princesse Bagration.
4. « Nous décidâmes que M. de la Tour du Pin, partirait seul à Vienne
que je resterais à Paris, M. de la Tour du Pin écrivit à notre gendre di^
posé déjà à embrasser la carrière diplomatique dans son pays pour Tengag
à le suivre à Vienne en qualité de secrétaire particulier ou simplement
voyageur, puisque redevenu sujet des Pays-Bas il n'était plus français. »((
Journal d'une femme de 50 ans. T. II. Pages, 351-353.)
La Tour du Pin Gouvernet (Alice, dite Charlotte) épousa à Bruxelles
20 avril 1813 Florent-Gharles-Auguste, comte de Liedekerke Beaufort, mor
au château de Faublanc près de Lausanne le 13 septembre 1822.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 97
112. Saint-Pétersbourg, 5 septembre 1814 (F. 1. 4137 ad 3565).
WINTZINGERODE au ROI DE WURTEMBERG
{intercepta en français).
Le rescrit du roi. Les menées de Stein.
Votre Majesté ne doutera pas de la profonde indignation
dont le contenu de son rescrit en allemand m^a rempli, mais
je n'ose disconvenir qu'à ce sentiment s'est encore mêlé celui
de quelque inquiétude pour le repos de ma patrie en voyant
l'audace avec laquelle le baron de Stein commence déjà à
jeter le voile et à appuyer l'esprit dangereux qui règne en
Allemagne, surtout sur les bords du Rhin, en Saxe et en
Prusse. Il est impossible que les grandes puissances puissent
ignorer l'esprit et les préceptes du baron de Stein, mais il est
très difficile de s'expliquer la tranquillité avec laquelle elles
lui permettent de se servir de leur nom pour entraîner l'Alle-
magne et elles-mêmes dans l'abîme.
Votre Majesté aura sans doute déjà été informée qu'il y a
eu à Gottbus des scènes très sanglantes entre la landwehr
prussienne et les troupes polonaises qui reviennent de France
sous les ordres du général Krasinsky (1) et que ce dernier a
même été grièvement blessé. Il y a beaucoup de désertions
dans les troupes russes qui doivent rentrer dans leur patrie; il
paraît qu'elle a moins d^ attraits pour eux que la nôtre.
113. Vienne, 22 septembre 1814 (F. 1. 3616 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR
Linz et le roi de Wurtemberg.
1. Krasinsky (Vincent, comte) (1782-1858) commandant la cavalerie de la
garde polonaise, ramena après la mort de Poniatowski les débris de cette
légion en Pologne et fut membre du Conseil d'Etat à Varsovie.
« Le général, qui passait pour un des adorateurs les plus ardents de Napo-
léon, est devenu tout à fait russophile. Il y a peu de jours l'Empereur l'a
nommé aide de camp général et aujourd'hui il a fait de lui le maréchal de la
Diète. » (Rapport du prince de Hesse-Hambourg sur sa mission aux ma-
nœuvres de Pologne. Varsovie, 16 mars 1818, cité par le Grand-Dcc Nigoi-as
MiKHAÏLOviTCH. Rappivts diplomatiques de Lebzeltern, page 27.
T. L 7
98 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
La ville de Linz a montré peu d'enthousiasme lors du pas-
sage du roi de Wurtemberg (1), devant lequel la garde bour-
geoise a refusé de défiler.
114. Vienne, 21 septembre 1814 (F. 1.3616 ad 3565).
BRAUN à ... (à Darmstadt) {intercepta en français).
L'Autriche et la Bavière. La grande-duchesse Catherine
et Tarchiduc Charles. La Pologne.
... L'arrangement entre TAutriche et la Bavière n'est pas en-
core terminé (2). On ne peut plus douter du mariage de l'archi-
duc Charles avec la grande-duchesse Catherine. Elle travaille
à lui procurer un établissement comme souverain.
11 paraît que si le sort de la Pologne (3) n'est pas encore fina-
lement arrêté, on est du moins convenu sur les articles les
plus essentiels et que la Russie, comme on devait s'y attendre,
n'avait obtenu que trop à la faveur du moment.
115. Vienne, 23 septembre 1814 (F. 1. 3617 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR
Bordereau d'envoi des pièces du 22 septembre.
1. Le roi de Wurtemberg s'était fait accompagner par une suite des plus
nombreuses, le comte Wintzingerode, ministre d'Etat et de conférences, le gé-
néral-lieutenant comte de Dillen, intendant général du palais et aide de camp
général, le général-major von Breuning, grand écuyer, le prince de Taxis, aide
de camp général, le conseiller de légation von Kohlhaas, le secrétaire intime
du cabinet Pfeifer, le secrétaire intime Bitzer, le médecin D' von Hardegg, le
chambellan Degen, quati^e valets de chambre du roi, deux huissiers, deux
courriers de cabinet, dix domestiques. Il s'était fait précéder en outre par le
comte von Gœrlitz, un de ses écuyers, par le colonel comte von Sontheim, di-
recteur de son cabinet militaire, par le colonel prince de Hohenlohe et le ca-
pitaine von Liévreville, son aide de camp (Cf. Beobachter, 265-267).
2. Question des compensations à donner à la Bavière et de la nouvelle
démarcation entre l'Autriche et la Bavière prévue par les articles 3 et 4 (ar-
ticles séparés et secrets) de la Convention de Ried du 8 octobre 1813. (Cf. Oes-
lerreichs Theilnahme, pages 430 et 431. Gentz à Karadja, 21-24 juin, sur les
indemnités à la Bavière.)
3. Cf. Gentz à Karadja, Vienne, 27 septembre, passage relatif à la Pologne
et aux dispositions qu'on prêtait à ce moment à l'Empereur Alexandre (Dé-
pèches inédites de Gentz, 1. 99-100).
I
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 99
Bordereau d'envoi des pièces relatives aux souverains étran-
gers, aux diplomates, aux crédits ouverts sur Vienne au roi
de Danemark et à lord Castlereagh.
116. Vienne, 22 septembre 1814 |F. 1.3617 3665).
SIBER à HAGER
Les crédits et les banquiers du roi de Danemark et de lord Castlereagh.
Le grand maréchal de la Cour de Danemark (1) von Hauch
est, pour le compte de son roi, accrédité par la maison Ryberg,
de Copenhague, chez Arnstein et Eskeles pour une somme
de 30.000 ducats et quelques milliers de florins (2) de plus. On
ne sait rien d'une demande de crédit plus étendue faite par le
roi qui aurait voulu doubler la somme, d'autant plus que la
Banque d'Altona a ouvert à ce souverain un crédit illimité.
, Lord Castlereagh n'est accrédité ni chez Arnstein, ni chez
GeymuUer. Il le serait, croit-on, chez Herz et G'°, mais non pas,
comme on l'a prétendu, pour un million de livres sterlings.
117. Vienne, 23 septembre 1814 (F. 1. 3617 ad 3565).
e© à HAGER
Les crédits du roi de Danemark. Emploi qu'il pourrait en faire.
Ce souverain (3) a fait remettre par son ministre à la maison
1. La suite du roi se composait du prince de Holstein-Beck son beau-
frère, du ministre d'Etat baron Rosencranz, du grand maréchal de la Cour
von Hauch, du général-major von Biilow, aide de camp général, du premier
écuyer von der Masse, des aides de camp du roi von Gœssel et von Qualen,
des chambellans von Scholten et von Schuhmacher, adjudant à l'Etat-major
général, du chirurgien D' Fenger, de l'assesseur de chancellei'ie Federsen, du
secrétaire de la chancellerie de guerre Christiani et du secrétaire de légation
Berg {Chronik des allgemeinen Wiener Kongresses, 122-123).
2. Le ducat d'or avait selon les pays une valeur variant entre 12 fr, 20,
celui de Hongrie, 11 fr. 90, ceux de Saxe, Hollande, Francfort et Hambourg
11 fr. 70 celui de Suède et 9 fr. 43, celui de Copenhague ; le florin d'Autriche
(argent) valait 2 fr. 62.
3. Frédéric VI, roi de Danemark, né le 28 janvier 1768, mort en 1-39. Son
père Christian VII étant tombé en enfance, la reine douairière gouverna le
100 AUTOUR DU CONGRÈS DE VlENiNE
Arnstein et Eskeles une lettre de crédit pour 60.000 ducats en
or et a fait demander si cette maison se prêterait à fournir à
Sa Majesté le cas échéant d'autres sommes pendant son séjour
ici, vu que, malgré la dite lettre et Targent apporté par Sa
Majesté, il se pourrait qu'Elle en eût besoin. Cette dernière
circonstance, si le roi ne veut pas faire le fanfaron, prouverait
qu^il pense dépenser beaucoup ici et comme il est logé, nourri,
servi de tout, il faut donc qu'il pense à d'autres dépenses, ce
qui mérite que Votre Excellence en soit informée. Peut-être
médite-t-il de gagner quelque personne influente, et il se trompe
fort si c'est notre ministre ou ceux auquels il se confie (1).
118. Vienne, 22 septembre (F. 1. 3617 ad 3565).
©© à HAGER (en français).
Le duc de Saxe-Weimar, Alexandre et la Constitution de l'Allemagne. Le
pape. La situation du nonce. Les Jésuites. Murât. Bernadotte. Le crédit de
Gastlereagh chez Geymiiller. Le cours du change. Plaintes générales contre
l'aristocratie autrichienne.
Le duc de Weimar(2) nomme l'Empereur de Russie, la /9o^/-
pée du Sénat. C'est ainsi qu'il s'est exprimé chez le Prince de
Ligne. Dans une société où ces deux princes se trouvaient, on
royaume. Frédéric lui enleva la régence en 1784 et monta sur le trône le
13 mars 1808. L'année suivante, il imposa aux Suédois qui voulaient lui enle-
ver la Norvège le traité de Jonkoeping et contracta avec la France une al-
liance durable, dont la coalition le punit en 1814 en donnant par le traité de
Kiel la Norvège à la Suède. 11 reçut en dédommagement Riigen et la Pomé-
ranie suédoise qu'il échangea en 1816 contre le duché de Lauenburg.
Frédéric VI arriva à Vienne le 22 septembre. Dès le 18,1e comte KoloAvrat
avait de Prague adressé à Hager tout un dossier contenant les rapports du
commissaire Munsch et du ministre d'Autriche à Copenhague, le comte de
Lûtzow, relatifs aux mesures à prendre en Bohême et en Moravie pour le
voyage du roi de Danemark allant à Vienne. « 11 est possible, ajoutait-il, que
le roi modifie son itinéraire (Iglau, Znaim, Vienne) pour aller d'Iglau attendre
l'Empereur de Russie à Brûnn. Itinéraire probable, 17 septembre Toeplitz,
18 Prague, 19 Czaslau, 20 Iglau, 21 Znaïm, 22 Vienne.
1. Cf. Rapport de Hager à l'Empereur du 27 septembre.
2. Charles- Auguste (le beau-père de la grande-duchesse Marie,sœur d'Alexan-
dre qui avait épousé son fils Charles-Frédéric), duc, puis grand-duc de Saxe-
Weimar après le Congrès de Vienne, né en 1757, perdit son père à l'âge de
8 ans et fut proclamé duc sous la régence de sa mère Amélie de Brunswick.
Il prit du service dans l'armée prussienne, et y exerça un commandement im-
portant dans la campagne de 1806, mais il entra dans la confédération du Rhin
après léna. Mort en 1828.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 101
parlait de tous les faiseurs de Constitutions qui sont arrivés
à Vienne, le duc de Weimar disait : « La meilleure Constitu-
tion pour l'Allemagne est de lui donner un chef : les embar-
ras disparaîtront. »
Il paraît qu'en général le public s'occupe peu du Ministre
de la Cour de Rome (1). On dit que le Gouvernement autrichien
a prié le Saint Père de ne pas se donner la peine de faire le
voyage de Vienne. Son Ministre n'a, dit-on dans le grand monde,
pas beaucoup d'influence ici et il s'en aperçoit. J'observe en-
core que l'esprit public est mal disposé contre les Jésuites.
Les notices que je me suis efforcé de recueillir concernant le
nommé Gordini, attaché à ce Ministre, me le dépeignent comme
très insignifiant. On le dit recommandé par les Jésuites de Russie.
Le plus grand objet, dont le Ministre du Pape paraît s'oc-
cuper, est de faire éloigner Murât du trône de Naples. On dit
que son existence est contraire à la parole donnée par les
souverains de ne traiter avec aucun individu de la famille de
Bonaparte, et c'est aussi pour ce motif qu'on ne voit pas de
bon œil l'arrivée ici du prince de Suède. Ce n'est pas seule-
ment le Ministre précité qui s'en plaint, mais une partie du
public qui le nomme l'affidé de Napoléon.
Les gens de bourse disent que le Ministre d'Angleterre s'est
ouvert un crédit d'un million de livres sterling chez Geymiil-
1er, dont la valeur est réalisée par la Caisse impériale. La livre
sterling est négociée à 8 florins 30 tout au plus, ce qui oc-
casionne à nouveau une perte de 30 kreuzer, argent de con-
vention que les Banquiers doivent gagner puisque le dernier
taux était à 9 florins. On croit que le cours restera entre 8,30
et 8,40 pendant tout le Congrès. L'or est toujours très re-
cherché et augmentera de prix.
La plupart des étrangers de marque, les Anglais surtout,
se plaignent de ce qu'ils n'ont pas quelques maisons distin-
guées dans la haute Noblesse où ils peuvent se trouver ensem-
ble. « Pourquoi, disent-ils, un prince de Liechtenstein ne
donne-t-il pas un thé à l'anglaise le soir ?... Cela lui coûtera
peu. On payera les bougies à ses gens. Les grands de Vienne
doivent nous montrer qu'ils connaissent nos usages. Que font-
ils donc?... Ou ils nous imposent, ou ils prouvent qu'ils vi-
vent dans leurs tanières, comme des ours. »
1. Le cardinal Consalvi.
102 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
119. Vienne, 22 septembre 1814 (F. 1. 3617 ad 3-565).
©©à HAGER (en français).
Rapport sur Anstett, et son hostilité contre l'Autriche.
Ce fameux frondeur diplomatique est à peine arrivé que je
sais qu'il recommence, comme par le passé, à bavarder contre
l'Autriche. Il ne nous fera pas grand mal ; mais il est bon
qu'on en soit averti pour vérifier et peser la chose si elle le
mérite.
120. Vienne, 23 septembre 1814 (F. 1. 3617 ad 3568).
©© à HAGER (en français).
Sur les princes Gonzaga de Mantoue. Conversation de l'un deux avec La Harpe
Il y a ici deux princes de ce nom. L'un est ici depuis peu,
est un bon ignorant qui ne demande surtout qu'une pension.
L'autre est un vieux demi-savant qui a roulé dans l'Europe et
depuis des années vit ici d'une pension aussi de notre Cour (1).
Celui-ci dernièrement chez le comte de Stackelberg (2) a eu au
coin d'une fenêtre un long entretien avec le fameux La Harpe(3),
favori de l'Empereur Alexandre et l'un des faiseurs de ce mo-
1. Gonzaga-Castiglione (Louis, prince de) (1745-1819) fort pauvre, céda à Ma-
rie-Thérèse ses droits sur la principauté de Castiglione pour une pension de
10.000 florins. Il fut l'amant de la célèbre poétesse Gorella Olimpica, couron-
née au Gapitole en 1775. 11 écrivit plusieurs ouvrages : Essai sur l'esprit hu-
main; Dissertation sur la poésie ; Le lettré bon citoyen... Après avoir voyagé
en France et en Angleterre, il alla s'établir en 1808 à Vienne où il mourut le
10 septembre 1819. Il avait épousé Elisabeth Rangoni, fille d'un banquier de
Marseille qui n'avait rien de commun avec les Rangoni de Modène. Il s'en
sépara du reste et elle alla vivre en Saxe où elle mourut en 1832 (Renseigne-
ments dus à l'obligeance de mon ami M. D. H. Prior).(Gf. Gussy, Souvenirs,
I, 130. Extraits des Archives de la Légation de France à Berlin.)
2. Stackelberg (Gustave-Ottonovitch, comte de) Conseiller intime, cham-
bellan de l'Empereur, ambassadeur de Russie à Vienne.
3. La Harpe (Frédéric-César) (1754-1838) né à Rolle (canton de Vaud), précep-
teur d'Alexandre, rentré en Suisse en 1795, l'un des directeurs de la République
helvétique (1798), s'expatria à nouveau en 1800, vécut ensuite en Suisse,
retiré des affaires et réussit, grâce à Alexandre, à constituer en 1814, au Con-
grès de Vienne, un canton de Vaud indépendant de celui de Berne.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 103
narque. Cela a été remarqué et m'a été rapporté par un té-
moin qui cependant n'y mettait pas d'importance. J'en mets
assez pour croire qu'il faut observer si cela a des suites.
121. Berlin, 6-18 septembre 1814 (F. 1. ad 3565).
G. DE BENKENDORFF(l) à SA MAJESTÉ
L'EMPEREUR DE RUSSIE.
Il demande à continuer à servir la Russie et à rentrer
dans son ancienne carrière.
J'ose encore m'adresser directement à Votre Majesté Impé-
riale. Je l'ai fait lorsque je sollicitai la faveur de servir sons
Ses glorieux drapeaux et je le ferai toute ma vie puisque c'est
ainsi qu'un sujet fidèle doit parler à un souverain tel que Vous,
Sire.
Votre Majesté Impériale sait que je n'ai pas ménagé mes
jours pendant la guerre. Elle m'enleva à une carrière à laquelle
je m'étais uniquement voué depuis plus de dix ans. Vos efforts
généreux, Sire, promettent à l'Europe une longue paix. Dai-
gnez permettre que je l'emploie à servir Votre Majesté Impé-
riale dans mon ancienne vocation. Elle allait m'assurer une
'xistence que je crois pouvoir mériter par mon zèle à Lui être
utile. Il sera sans cesse consacré à mon souverain, car la guerre
me reverrait toujours dans Ses armées.
Je suis avec le plus profond respect,
de Votre Majesté Impériale
le plus humble et le plus soumis Serviteur et sujet,
C. DE BenKENDORFF.
Berlin, 6-18 septembre 1814.
1. Constantin de Benkendorff (1785-1828) se destinait à la diplomatie, mais
satra dans l'armée en 1812, assista comme major aux batailles de Smolensk,
1b la Moskowa et commanda un corps volant à la tète duquel il se distingua
sn 1813 à Gassel, en 1814 à Soissons, Graonne et à Reims. Sorti de l'armée
près le traité de Paris, il rentra dans la diplomatie en 1820 et devint ministre
le Russie à Stuttgart et à Karlsruhe. 11 reprit du service dans l'armée lors
le la guerre contre la Perse, fut promu général-lieutenant et se distingua à
ïtschmiadin, à Erivan et sur l'Araxe. Il prit ensuite une part brillante à la
sampagne contre les Turcs et mourut peu après au mois d'août 1828. La fa-
neuse princess e Lieven était la sœur de Benkendorff.
101 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
122. Vienne, 24 septembre 1814.
HAGER à L'EMPEREUR.
Bordereau et rapport journalier.
Vienne, 23 septembre 1814 (F. 1.3660 ad 3565).
ROI DE DANEMARK à la REINE (intercepta en allemand).
Détails sur son arrivée. Accueil qu'il a reçu.
Je suis arrivé à Vienne hier à six heures du soir. L'Empe-
reur est venu au-devant de moi à une demi-lieue de la ville
Nous sommes descendus de voiture. Nous nous sommes em-
brassé et j'ai pris place dans la voiture ouverte de TEmpereur,
Il a été très aimable et très franc et son caractère inspire la
confiance. Il m'a dit dès les premiers mots : « Si Dieu avait
permis que tout allât comme je le désirais, vous n'auriez rien
perdu. Mais je n'ai pu rien faire pour vous aider. »
La conversation a continué sur un ton très amical et nos
relations sont excellentes.
Depuis les faubourgs jusqu'à la Burg, les troupes faisaient
la haie en grande tenue et nous avons été tout le temps salués
par des acclamations.
Tous les archiducs et toute la Cour sont venus au-devant de
moi. Puis on m'a conduit à mes appartements.
J'allai peu après rendre visite d'abord à l'Empereur, puis à
l'Impératrice et de là, chez l'Impératrice douairière.
A table, il n'y avait que la famille impériale et moi.
Aujourd'hui j'ai rendu visite à la grande-duchesse Marie
qui m'a dit de fort jolies choses. On me traite comme si j'étais
un des membres de la famille impériale et tout le monde me
témoigne de l'amitié et de la confiance.
L'archiduc Charles a été particulièrement aimable pour moi.
Je me réserve les détails sur chacun d'eux pour le momeal
où nous nous reverrons.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 105
123. Vienne, 24 septembre 1814 (F. 1. 3660 ad 3565).
HEGARDT à ENGESTRŒiM {intercepta en français) (Analyse).
A propos du bruit relatif à l'arrivée de Bernadotte. Les conférences
des Quatre. L'organisation du Congrès.
Il lui parle de l'arrivée du prince royal de Suède (Berna-
dotte) annoncée par le Beobachler du 23 (1), mais dont lui ne
sait rien.
Il lui rend ensuite compte de ce qu'il sait des Conférences
entre les Plénipotentiaires des Quatre relatives à l'organisa-
tion du Congrès, des difficultés que rencontrera l'admission
des Plénipotentiaires de Naples, du projet de diviser le Con-
grès en deux comités, l'un chargé des affaires de l'Europe en
général, l'autre, de celles de l'Allemagne en particulier, ce der-
nier uniquement composé des Plénipotentiaires des princes al-
lemands et de ceux de l'Autriche et de la Prusse, enfin de la
probabilité d'en faire plus tard un troisième pour l'Italie.
124. Vienne, 25-26 septembre 1814.
HAGER à L'EMPEREUR.
Bordereau et rapport journalier.
Rapports du 25 au 26 septembre (F. 1.3660 ad 3565).
La question de Pologne et l'air préoccupé d'Alexandre, lors de son entrée
à Vienne le 25 septembre 1814.
On a répandu le bruit en Pologne que lors de la dernière
réunion secrète des Plénipotentiaires au Congrès (2) le plénipo-
1. Cf. dans l'Oeslerreichischer Beobachler du 24 septembre à la rubrique.
Nouvelles de Vienne, du 23, n» 267, p. 144. «Vienne, 23 septembre. ..On attend
S.A. R. le prince royal de Suède dont l'arrivée est annoncée pour demain. »
2. Cf. d'ANGEBERG. Cougrès de Vienne, 1, 249-251, § 1" et 2° du Protocole
séparé d'une conférence tenue le 22 septembre 1814 par les Plénipotentiaires
de l'Autriche et de la Grande-Bretagne, de la Prusse et de la Russie sur la
forme et l'ordre des discussions du Congrès de Vienne. — Cf. Pallain. Cor-
respondance Inédite de Talleyrand et de Louis XVIII. Talleyrand au roi.
Vienne, 25 septembre 1819 (Dépêche, n" 1, page 2).
106 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
tentiaire russe a proposé de reconstituer le royaume de Pologne
et de donner des compensations à l'Autriche et à la Prusse,
par exemple la Saxe. On attribue Féclosion de ce projet à l'in-
fluence du prince Adam Czartoryski (l).On ne s^explique pas
pourquoi on a fait revenir à Vienne le grand-duc Constantin
qu'on croyait chargé de l'organisation des troupes à Varsovie
et de la préparation d'une Constitution.
Les Polonais qui sont ici ont trouvé que l'Empereur Alexan-
dre avait l'air fort préoccupé lors de son entrée à Vienne.
Dans la société où j'étais, on s'inquiétait de la question de
Pologne et on espérait qu'elle serait tranchée sans effusion de
sang.
123. Vienne, 24 septembre 1814 (F. 1. 3636 ad 3565).
HAGER à 00 (Confidenlielle.)
Instructions adressées à l'agent 00.
Les affaires diplomatiques sont si importantes et si mul-
tiples que je vous prie, tout en continuant à vous occuper des
questions financières et internes de notre Monarchie, d'atta-
cher particulièrement votre attention sur tout ce qui se pas-
sera, se fera et se dira dans les Hautes sphères, anciennes et
nouvelles, de la société et de la diplomatie, sur les agissements
et les conversations des souverains, de leur entourage et de
leurs Ministres. Je désire aussi que vous pénétriez dans les in-
1. Czartoryski (Adam, prince) (1770-1861). Envoyé en 1795 après le premier
partage de la Pologne comme otage à Saint-Pétersbourg où il se lia d'amitié
avec le grand-duc Alexandre, envoyé par Paul I" comme Ministre à Turin
en 1800, nommé par Alexandre Ministre-adjoint des Affaires étrangères (1801-
1805), il le suivit à Austerlitz, puis à Tilsit. Déçu dans ses espérances de
reconstitution d'une Pologne autonome sous la protection de la Russie, il se
démit de ses fonctions en 1807. Après avoir accompagné Alexandre en 1814 à
Paris et à Vienne, il devint, en 1815, comme son père, sénateur- palatin du
Royaume de Pologne et curateur de l'Université de Wilna et tomba en dis-
grâce en 1821. La Révolution polonaise le fit du 30 janvier au 15 août 1831,
président du Gouvernement provisoire II se retira alors et s'établit peu après
à Paris où il devint le chef du parti aristocratique de l'émigration polonaise.
Marié en 1817 à la princesse Anne Sapieha, il en eut deux fils, dont l'un, La-
dislas, épousa en secondes noces Marguerite d'Orléans, fille du duc de Ne-^
mours. (Cf. Duchesse de Dino. Sjuvetiirs, p. 159-160, pour le roman ébauché*
entre le prince et l'Impératrice Elisabeth de Russie.) -É
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS J>U CONGRÈS 107
teneurs et que vous me fassiez connaître le résultat de vos
jrecherches et de vos découvertes dans ces différents milieux,
jj 'ajoute que je désire savoir au plus vite ce que fait le comte
jKûnigl, dans quelles maisons il a pu s'introduire et pour le
icompte de qui il agit et opère maintenant.
126. Vienne, 25 septembre, soir (F. 1. 3660 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR.
^.bsence de quelques généraux lors de l'entrée du tsar à Vienne. Retour des
troupes d'Italie en Autriche. Faiblesse d'effectif des régiments en garnison
à Vienne.
On s*est demandé pourquoi Schwarzenberg, Radetzky et
!^ngenau{l) ne s'étaient pas montrés lors de l'entrée des sou-
rerains. Wenzel Liechtenstein (2) a répondu aux Wurtember-
jeois et aux Prussiens qu'ils étaient souffrants..
On est très surpris de la nouvelle du départ d un certain
lombre de régiments qui ont reçu l'ordre de rentrer d'Italie
bn Autriche.
Un général russe a été très étonné de voir que lors de
'arrivée du tsar(3)les régiments autrichiens n'avaient en ligne
jue deux bataillons. On lui a affirmé que tous les régiments
le la garnison ont deux bataillons détachés ailleurs.
1. Passé du service de la Saxe à celui de l'Autriche, le Général Lange-
Vau très apprécié et très goûté par Schwarzenberg l'était au contraire beau-
ïoup moins par la plupart des officiers généraux de l'armée autrichienne,
2. Liechtenstein (Wenzel, prince) (1767-1842) primitivement destiné à l'état
cclésiastique, se sentit attiré par les traditions de sa famille et par ses goûts
ers la carrière militaire et se distingua par sa bravoure et son intelligence
a 1813 et 1814. Colonel et aide de camp général de Schwarzenberg en 1814,
fut chargé par lui d'informer Berthier à Troyes de la dénonciation de l'ar-
ÙBtice. Chevalier de l'ordre de Marie-Thérèse, il quitta l'armée quelque
împs après la campagne de 1815 avec le grade (nd honores) de général-major.
8. Arrivé à Briinn le 24 septembre, à 9 heures du soir, Alexandre fit son
tilirée à Vienne le 25 septembre, entre midi et une heure, en compagnie du
oi de Prusse qui l'attendait depuis la veille à Wolkersdorf (à un peu plus de
Icilomètres de Vienne, à l'entrée du Marchfeld, sur le Russ-bach).
108 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
127. Vienne, 25 septembre 1814 (F. 1. 3660 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Le nonce du Pape. Labrador et Campochiaro
Le Saint Prélat n'est pas un aigle d'esprit. L'anecdote sui
vante le prouve, et il est bon de la connaître, non seuleme
pour s'égayer, mais pour juger l'homme.
L'ambassadeur d'Espagne Labrador, dont la mission au Co
grès a pour but principal et presque unique de terrasser [sic
la couronne de Murât et faire retourner aux Bourbons d Espa-
gne les anciens Etats de Naples et de Parme, chose connue .
de tout le monde, demanda au cardinal Consalvi, qui l'avait}";
précédé à Vienne, la liste du Corps diplomatique auquel il :
faut faire visite. Le nonce, comme doyen du Corps diploma-
tique s'offrit à la lui envoyer. Il tint parole et parmi les Toai-m
nistres, Labrador y trouva transmis par lui : « Prificipe d^
Campochiaro (1), Ambasciatore al Congresso per S. M. il Re
Gioacchino délie due Sicilie. » Labrador était furieux.
128. Vienne, 25 septembre 1814 (F.l. 3660 ad 3565).
Rapport à HAGER. fr
Anstett. Ses griefs contre TAutriche. Ses prétentions et la nature de se8S|
relations avec Nesselrode et Alexandre. Les confidences d'Anstett. Sei^|
missions secrètes, causes de sa défaveur. îj
!■
J'ai revu le 20 pour la première fois depuis Paris le con-'
seiller intime russe baron Anstett, un peu après son arrivée»^.
Après avoir causé avec moi d'afîaires de famille, il donna dely
nouveau, comme il l'avait déjà fait avec moi à Francfort et à
Paris, libre cours au dépit que lui causait le fait que l'Autriche
i. Non pas prince, mais duc, Campochiaro, d'abord capitaine des gardes i
Ferdinand IV, était devenu conseiller d'Etat et ministre de la maison du rfl
Joseph, ministre de la Police sous Murât, puis son ambassadeur, d'abord!
Paris auprès de Napoléon et ensuite son représentant au Congrès de Vienn6|
En disgrâce après la Restauration des Bourbons, ministre des Affaires étra
gères lors de la révolution en 1820, il se retira peu après et renonça définitil
ment aux affaires et à la politique.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 109
n'avait pas jugé à propos de lui accorder la moindre distinc-
tion. Il en était d'autant plus froissé que notre Cour, disait-il,
!ie pouvait ignorer les sentiments qu'il avait toujours témoi-
gnés en faveur de l'Autriche et toute la peine qu'il s'était don-
:îée en 1809 pour décider sa Cour à embrasser notre cause, ou
x)ut au moins à nous témoigner une neutralité bienveillante.
Anstett croit que le comte Nesselrode et TEmpereur Alexan-
Ire ne peuvent se passer de lui et c'est pour cette raison qu'il
V a toujours pas mal de tension entre lui et le comte. J'ai pu
constater moi-même de visu à Teplitz et à Paris que Nessel-
ode avait bien plus d'égards pour Anstett que celui-ci ne
croyait devoir en avoir vis-à-vis de lui.
Anstett est également, pour le moment, assez peu satisfait
le la nature de ses relations avec son Empereur.
Afin de se justifier du reproche que je lui faisais de n'avoir
pas eu, lorsqu'il revint de France et passa par Bruchsal, le
2(eur de faire un tout petit détour pour aller rendre visite à
Strasbourg à sa vieille mère âgée de soixante-quinze ans et
{u'il n'a pas vue depuis vingt-six ans, il me dit qu'on lui avait
confié à ce moment deux missions secrètes des plus importantes.
C'est, d'après lui, en revenant de France qu'il reçut l'ordre
l'aller attendre à Bruchsal les instructions relatives à l'une
le ces deux missions. C'est précisément, à l'occasion de cette
mission qui l'envoya à Varsovie pour y étudier l'état de l'opi-
nion et à la suite du rapport détaillé et secret qu'il devait faire
ù l'Empereur en lui rendant compte des chances de succès
qu'offrait la prise de possession de ce pays, qu'il s'était attiré
la disgrâce dont il souffrait pour le moment. Il avait en effet
dû s'élever contre l'idée favorite de son maître et avait pé-
remptoirement démontré dans son rapport qu'un pareil peu-
ple était indigne d'appartenir à un souverain tel que lui, qui
n'y trouverait que des sujets ingrats et éternellement hostiles.
Anstett ajouta avec humeur que cette disgrâce lui avait valu
un séjour de trois mois dans ses terres auprès de sa femme
malade. Il se proposait de rester en repos et en disponibilité
comme cela lui était déjà arrivé avant la dernière guerre, lors-
que le 4 septembre il reçut l'ordre de se trouver à Vienne lors
de l'arrivée de l'Empereur.
Il me déclara en terminant, qu'aussitôt après la fin des négo-
ciations, il se retirerait dans ses terres avec une pension de
retraite de 1.200 ducats.
110 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Jamais il ne m'avait tant parlé de sa situation personnelle.
Je n'ai pu l'amener à se déboutonner qu'en lui parlant de sa
vieille mère dont il est le seul soutien. Ce ne sera maintenant
qu'en me servant de son dépit, en le contredisant et aussi en
le faisant boire que je pourrai lui délier encore la langue.
129. Vienne, 25 septembre 1814 (F. 1. 3660 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Indices de la probabilité du retour des Bourbons à Naples.
Hier au- soir, le chevalier Medici(I) me confia que, par sa der-
nière dépêche datée de Palerme le 4 septembre, le roi lui écri-
vait que deux riches Calabrais, qui avaient acheté en Calabre
les grandes terres appartenant jadis au couvent si riche de San
Michèle in Bosco, étaient venus pour obtenir de lui, moyen-
nant le versement d'une somme de 40.000 onces, la confirma-
tion de leurs acquisitions. Medici en concluait qu'en Calabre
on ne doute plus du retour du royaume à son souverain.
130. Vienne, 25 septembre 1814 (F. 1. 3660 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Ce que font les Anglais à Vienne.
Je demandais hier à l'Anglais Parr ce que faisaient ses com-
patriotes. Il me répondit : « Comme ils sont en vacances, ils
passent la journée à voir ce que la capitale et ses environs
offrent de remarquable. Ils vont le soir chez la jeune comtesse
1. Medici (Chevalier, Louis de, des princes d'Ottajano) (1759-1830) fit partie
de la première Junte d'Etat, accusé faussement d'avoir entretenu des intelli-
gences avec Latouche-Tréville, sauvé par sa sœur la marquise de San Marco,
ministre des Finances en 1803, il suivit le roi en Sicile et n'en partit qu'en
1811 à la suite d'un désaccord avec ce prince. Envoyé à Vienne pendant le
Congrès, ministre des Finances à son retour, Président du Conseil en 1823,
il mourut à Madrid où il avait accompagné le roi à l'occasion du mariage
de sa fille avec Ferdinand VII.
ÎLES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMExNTS DU CONGRÈS 111
Rzewuska (1) qui les reçoit bien, se rendent ensuite chez
ai quelque fille et du reste s'enivrent avec du vin de Bude. »
131. Vienne, 25 septembre 1814 (F. 1. 3660 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Bernadotte. Sa venue éventuelle. Quel accueil on lui fera.
Le public s'occupe beaucoup de connaître quels égards on
aura pour le prince royal de Suède. On se demande s'il va
loger à la Cour, s'il sera traité comme un héritier présomptif
de la couronne de Suède? En général, le peuple ne l'estime
pas. On se souvient du ridicule qu'il s'est attiré à Vienne (2) et
on le range dans la classe des grands intrigants du temps de
Bonaparte.
132. Vienne, 25 septembre 1814 (F, 1. 3660 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
La misère en Bavière. Etat du pays. Popularité du roi.
Les gens de l'entourage du prince de Wrède (3) font un triste
tableau de la Bavière. Ils disent que le paysan y est malheu-
reux, qu'il n'y a pas d'argent dans le royaume, que malgré les
îriailleries du peuple de Vienne le pain est plus cher à pro-
K>rtion en Bavière qu'en Autriche et que les pauvres gens y
îont dans une position d'autant plus triste que les aumônes y
îont rares. Ils disent beaucoup de bien du roi qu'ils appellent
m bon homme, mais se plaignent beaucoup du gouvernement.
1. Fille de la princesse Lubomirska, guillotinée sous la Terreur le 12 mes-
lidor an II, remise le 2 fructidor an II (19 août 1794) à une de ses parentes
[ui la ramena en Pologne, Rosalie Lubomirska y épousa son cousin le comte
{«ewuski (Cf. Stryienski. Deux Victimes de la Terreur).
2. Allusion à son ambassade à Vienne à la suite de Gampo-Formio, et à
'émeute provoquée par l'apparition du drapeau tricolore sur son hôtel.
8. Wrède (Charles-Philippe, prince de) feld-maréchal et inspecteur général
le l'armée bavaroise (1767- 1853) représentant de la Bavière au Congrès jus-
[u'au 14 avril 1815.
ë
112 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
133. Vienne, 25 septembre 1814 {F. 1. 3660 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Bruits relatifs à l'organisation de la confédération germanique et aux préro-
gatives de l'Autriche en Italie. L'archiduc Charles. La grande-duchesse Ca-
therine et la vice-royauté d'Italie.
Les comtes Lanckoronski (1) et Ossolinski (2) ont prétendu
que la Fédération germanique annoncée par l'article 6 du traité
de Paris consistera en quatre Cercles formant les Etats de l'Al-
lemagne indépendante ; — que pour chaque Cercle, il j aurait
un Vicariat, dont l'un sera confié au roi de Prusse, un au roi
de Bavière, un au roi de Wurtemberg et un au souverain de
Hanovre, qui, tous quatre, en cas d'une guerre contre l'Alle-
magne fédérative, auront le commandement de l'armée de leur
cercle avec des contingents à déterminer, mais que tous ces
Souverains- Vicaires rassortiraient de la Couronne Impériale
d'Allemagne, réunie héréditairement à celle d'Autriche ; —
qu'en Italie toutes les souverainetés accessoires, en cas d'ex-
tinction de ces dynasties, seront réunies de droit à l'Autriche.
L'intrigue qui a existé pour amener l'archiduc Charles, par
un mariage avec la grande-duchesse d'Oldenburg (3) à la Vice-
Royauté d'Italie, paraît n'être pas encore finie. Il semble que
le baron de Felz(4) y jouerait un rôle. Il a demandé par requête
à Sa Majesté (dont la minute de sa main a été lue en original
par un agent à moi) la permission de retourner aux Pays-Bas
sans perdre sa pension. Mais ce n'est pas là sa véritable mar-
che. Il est parti d'ici avant d'avoir sa pension et se prépare à
passer l'hiver à Venise où il jouira de sa pension sans permission
parce qu'à Venise il sera dans la Monarchie et là, il mettra
son drapeau au vent en qualité de beau-père et d'éclaireur du
1. Lanckoronski-Brzezie, mort en 1830, le mari de la comtesse Louis
Rzewuska morte en 1839 (Cf. pièce 1565 une note en date du 15 fév. 1815 sur
ses relations avec les Polonais).
2. Ossolinski, comte de Tenczin (Joseph) (1748-1821), bibliographe, collec-
tionneur, grand ami des arts et protecteur des artistes, chambellan de l'Em-
pereur, Préfet de la bibliothèque de la Cour depuis 1809.
3. La grande-duchesse Catherine.
4. Probablement le même personnage que celui dont il est question dans
une lettre que l'archiduc Charles adressait de Holitsch le 1" janvier 1806 au
duc Albert de Saxe-Teschen. (Cf. Criste. Ezgherzoq Cari von Oesterreich, il.
604.)
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 113
général Grûnne, adjudant et factotum de Son Altesse, pour les
futures contingences des vues de celui-ci.
134. Vienne, 25 septembre 1814 (F. 1. ad. 3565).
G. K. à SIBER et SIBER à HAGER.
Conséquences qu'aurait eues un accord complet, qui n'existe malheureuse-
ment pas, entre l'Angleterre, l'Autriche et la Russie. Préparatifs militaires
inexplicables de l'Angleterre, de l'Autriche et de la Prusse. Pourquoi l'An-
gleterre s'opposera à une entente entre l'Autriche et la Russie.
G. K. a fait la connaissance d'un Lithuanien de bonne fa-
mille qui lui a parlé de 1 Angleterre, de la France et de l'Ita-
lie, pays qu'il connaît bien. G. K. a fait venir du bon vin
après dîner et s'est mis à parler politique et à poser des ques-
tions naïves et confuses. Le Lithuanien lui a dit que si l'An-
gleterre, TAutriche et la Russie étaient bien d'accord, le monde
mtier devrait leur obéir, mais que malheureusement cette en-
ente était loin d'être complète. Il lui a fait remarquer qu'on
16 s'expliquait pas pour quelle raison l'Angleterre mettait
;ant de troupes dans les Pays-Bas, pourquoi la Russie faisait
me grosse concentration en Pologne et pourquoi les Prussiens
se renforçaient alors que l'on avait signé un traité de paix gé-
nérale. Il conclut de tout cela que les Anglais chercheront à
semer la discorde entre les alliés et s'efforceront d'empêcher
'établissement d'un accord complet entre l'Autriche et la Rus-
lie, ne serait-ce que pour empêcher ces deux Empires de chas-
;er la Turquie hors de l'Europe.
,35. Vienne, 27 septembre 1814.
HAGER à L'EMPEREUR (F. i. 3726 ad 3565).
Bordereau et rapport journalier (F. I. 3942 ad 3565).
Bordereau d'envoi de pièces relatives à Anstett, aux inten-
ions de la France sur la Confédération germanique, à l'arri-
T. I. 8
114 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
vée du musicien Neukomm (1 ) (amené par Talleyrand et qui doit
être surveillé par ordre de Metternich), au roi de Wurtem-
berg, aux Bourbons de Naples, à la Pologne.
Rapports de police sur les rois de^ Danemark, de Wurtem-
berg et TEmpereur de Russie.
(Au dos ; à renvoyer d'urgence.)
136. Vienne, 27 septembre 1814. (F. 1. 3746 ad 3565).
HAGER à ses AGENTS.
Bon effet fait sur les souverains par l'attitude de la population à leur égard.
Il faut qu'il en soit de même pour Bernadotte.
(Par ordre du prince de Trauttmansdorff.)
L'accueil fait par la population de Vienne aux souverains a
produit sur leur esprit le meilleur effet. On espère qu'il en
sera de même lors de l'arrivée du prince royal de Suède et on
désire qu'on oublie ce qui s'est passé dans le temps à l'époque
de la Révolution, lors de sa mission à Vienne.
137. Vienne, 26 septembre 1814 (F. 1. 3746 ad 3565).
SIBER à HAGER.
Mesures prises lors de l'arrivée d'Alexandre et du roi de Prusse.
Emploi de leur pi'emière soirée.
Il rend compte des mesures prises lors de l'arrivée de FEm-
pereur de Russie et du roi de Prusse qui sont allés le soir dtf;
25 diVi Ksertnerthor Theater où on donnait le ballet Zéphyr(2)»
1. Neukomm (Sigismond) né à Salzburg en 1778, élève de Haydn, venu à
Paris en 1809, présenté à ce moment à Talleyrand, vécut à l'hôtel du prince
jusqu'en 1814 et l'accompagna à Vienne. Il y fit exécuter le 21 janvier 1815 â
la cathédrale Saint-Etienne un Requiem qu'il avait composé pour la circorM^
tance, accompagna le duc de Luxembourg à Rio de Janeiro en 1816, reprit J|
son retour à Paris sa place près de Talleyrand et le suivit à Londres en 183ft(
Mort en 1857. Voir plus loin une note en date du 24 octobre. -'
2. D'après le Beobachter, on donnait ce soir-là Fidelio suivi du ballet Z*-
phyr und Flora.
M
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 115
138. Vienne, 26 septembre 1814 (F. 1. 3746 ad 3565).
SIBER à HAGER.
Le roi de Danemark et la perte de la Norvège.
Le roi de Danemark, enchanté de Taccueil de l'Empereur (1),
i'est seulement plaint à l'ancien Ministre à Copenhague, le
jomte Westphalen, du chagrin que lui cause la perte de la
jiJorvège.
39. Vienne, 26 septembre 1814 (F. 1. 3746 ad 3565).
SIBER à HAGER.
Mauvais effet produit par le roi de Wurtemberg.
Effet peu favorable produit sur le public par le roi de Wur-
îmberg, surtout à cause de son air sombre et dur. Il est du
îste peu aimé par ses sujets qui espèrent que le Congrès
lettra un terme aux excès, aux abus et aux violences aux-
oels ils sont en butte.
40. Vienne, 26 septembre 1814 (F. 1. ad 3665).
SIBER à HAGER.
ïet produit par l'entrée des souverains. Surveillance spéciale de la corres-
pondance de la Tour du Pin avec son gouvernement à Vienne et à Franc-
Fort. Surveillance de Salmour et de Dalberg,
I L'éclat de l'entrée des souverains (le 25) et la pompe qu'on
léployée ont produit un très grand effet sur les étrangers et
|.r la population.
lUn de mes agents a appris que le ministre de France est
jcidé à expédier en secret et par des voies détournées un rap-
|rt quotidien sur les événements, qui sera porté à Francfort
Ir des tiers et transmis de là à son Gouvernement.
|i.C. Pièce 183.
116 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Siber a pris de suite les mesures qui lui ont paru les plus *
propres à surveiller ces expéditions. 11 fait remarquer à Hager
que le conseiller impérial Gœhausen a pensé qu'afin de sur-
veiller utilement et de suivre cette correspondance à Franc-
fort, il serait utile de s'aboucher et de s'entendre avec le di-
recteur général des Postes, le baron von Vrints (1), actuelle-
ment présent à Vienne et tout dévoué à FAutriche.il faudrait
surtout faire surveiller à Francfort les maisons de banque et
de commerce qui ont de» sympathies pour la France et plus
particulièrement la maison Gattoir, qui a des relations de^it
commerce et des correspondances très suivies avec la Suisse.
Cette surveillance est d'autant plus indispensable que la
correspondance du comte (Marquis) de la Tour de Pin est en-l
tourée du plus profond mystère et des plus grandes précau-
tions. On surveillera en conséquence le comte Salmour (2) qui
vient d'arriver et le duc de Dalberg (3). Mais comme pour le
moment, tout se borne à l'échange de visites et qu'il règne
encore le plus grand désordre en tout, cette surveillance n'a
encore rien produit.
1. Von Vrints Berberich, Conseiller intime et d'Etat du prince de Taxis.
2. Chambellan du roi de Saxe. « Une des personnes que j'ai le plus connues
à Dresde en 1816, lit-on dans les Souvenirs du Chevalier de Ciissy, I, 358,
est le comte de Salmour. Ce vieillard instruit, spirituel, aimable, quelque
peu sarcastique... habita longtemps la France avant la Révolution et était,
je crois, ministre de l'électeur de Saxe près de Louis XVI... »
Gabaléon de Salmour (Joseph-Chrétien-Antoine-Pierre-Jean-Quentiû
comte), né à Turin le 22 février 1735, petit-lils d'un grand-maître de l'artil-
lerie savoisienne, mort à Rome le 5 avril 1831, au service de la Saxe qu'il
avait représentée comme Ministre à Paris sous le règne de Louis XVI, gou-
verneur de la Savoie de 1815 à 1830, neveu du lieutenant-général suisse de
Besenval. (Félix-Bouvier. Bonaparte en Italie), 340, note 4.)
3. Dalberg (Emerik Joseph Wolfgang Héribert baron, puis duc de) (1773-
1833) neveu du prince Primat, au service duquel il entra. Ministre de Bade
à Paris en 1803, il s'y lia avec Talleyrand. Ministre des Affaires étrangères de
Bade en 1809, il n'abandonna pas sa situation à Paris et se fit naturaliser
français la même année. Créé duc par Napoléon et conseiller d'Etat avec do-
tation de 4 millions, il devint en 1814 membre du Gouvernement provisoire,
puis pair de France et ministre d'Etat en 1815. II était parent du comte Sta-
dion.
« C'était un singulier personnage, moitié illuminé, moitié philosophe
XVIII' siècle, en relation avec tous les gens les plus éclairés et les plus co
promis d'Europe. Indépendante l'excès, il disait tout ce qui lui passait par \M
la tète, ne ménageant personne, pas même Napoléon qu'il traitait de tyran et ii*l
d'usurpateur (en mai 1807, à Varsovie) » (Comtesse Potocka, Mémoires, 142- \\l'
193).
i
i
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 117
141. Vienne, 26 icptembre 1814 (F. 1. ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Ju mot de Serra-Gapriola sur Murât à dîner chez Razoumoffski. L'article
secret des traités entre la France et l'Espagne relatifs à Naples et à Parme.
La fragilité de la paix à cause du roi de Rome et de Murât. Le mot
(l'Alexandre et du roi de Prusse au prince de Hesse-Philippsthal sur Mu-
rat.
C'est en se tenant les côtes que Medici m'a raconté hier dans
a joie de son cœur un trait de cet oripjinal de Serra-Capriola (1).
Is étaient à dîner hier chez Razoumotîsky avec trente-six diplo-
nates.Le hasard plaça le duc à côté de l'envoyé de Hesse-Darms-
adt qui lui dit bêtement; «Comment se fait-il, Monsieur le duc,
ju'à présent nous avons ici deux ministres de Naples?... »
Le duc lui dit : « Je ne vous comprends pas. 11 n'y en a
u'un. »
« Oh ! Monsieur, l'un est le commandeur Rufîo, ministre du
ci Ferdinand, l'autre, le prince Cariati, ministre du roi Joa-
him. »
Le duc éleva alors la voix afin que tous les convives l'en-
endent ; « Il n'y a qu'un roi de Naples et qu'un ministre, le
ci Ferdinand et le commandeur Rufîo et il y a à Naples un
roleur qui s'appelle Murât et Cariati est le ministre d'un vo-
leur. Entendez-vous, Monsieur. Voilà ce qui en est. »
Depuis l'arrivée de Talleyrand (2), on sait qu'il y a un article
ecret dans le traité de paix entre la France et l'Espagne (3),
Moyennant lequel ces deux Cours s'engagent à exiger préala-
)lement au Congrès de Vienne, avant de traiter toute autre
ihose, la restitution de Naples et de Parme aux Bourbons
l'Espagne.
1. Serra-Capriola (Antonio Maresca Donnorso, duc de) (1750-1822). Envoyé
in 1782 en qualité de Ministre auprès de Catherine II, marié en secondes noces
kvec la fille du prince Wiazemsky, il resta à Saint-Pétersbourg, mais sans
iaractère officiel, après le traité de Tilsit, défendit à Vienne, de concert
ivec Ruffo, les droits des Bourbons de Naples, retourna ensuite en Russie
»t mourut à Saint-Pétersbourg après y avoir rempli pendant près de quarante
tns les fonctions d'Ambassadeur.
2. Talleyrand arriva à Vienne le 23 septembre au soir.
3. Traité signé à Paris le 20 juillet 1814.
118 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
J'ai su hier par Machado (1), qui m'a répété les mêmes cho-
ses qu'il m'avait déjà dites en arrivant, « que l'Espagne n'ad-
met aucune transaction sur ces deux restitutions et que, par
conséquent, la paix durable, à laquelle on travaille à présent
ne durera pas longtemps à cause de ce fils de Bonaparte qu'on
veut faire souverain, et de ce coquin de fils de cuisinier qu'on
a fait roi en dépouillant des souverains qui ont toujours com-
battu pour la justice.
Le prince de Hesse-Philippsthâl (2) écrit de Pjrmont qu'ayant
été voir Alexandre et le roi de Prusse à leur passage et s'étant
plaint à eux du tort fait au roi Ferdinand et du traité d'al-
liance avec Murat,ils lui dirent que : « Cela avait été un moyen
nécessaire dans le te^nps, mais qu'on réparerait tout et que
son roi recouvrerait ses Etats. »
Medici me dit avoir lu la lettre du prince de Hesse-Phi-
lippsthal écrite à sa femme avec d'autres nouvelles.
142. Vienne, 26 septembre 1814 (F. 1. ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
Renseignement sur Stein (3).
Je n'ai rien à dire sur son compte, sinon qu'un de mes amis,
qui demeure tout près de lui, m'a dit que sa porte ne désen-
grave [sic) jamais, et c'est inouï quelle quantité de monde qui
va jour et nuit chez ce ministre et à toute heure.
1. Machado, premier secrétaire de la Légation d'Espagne, venu d'Espagne
avec Labrador, avec lequel il habitait Minoritenplatz 50 (Cf. Beoiac/iier, n" 261-
1412).
2. Hesse-Philippsthal (Louis, prince de) (1766-1816) second fils du landgrave
Guillaume II, capitaine général de l'armée napolitaine, le défenseur de Gaëte
en 1806.
3. Stein (Henri-Frédéric-Charles, baron de) (1757-1831), prit une part impor-
tante à la formation du Fàrstenbund (1785) administra la Westphalie et de-
vint le principal ministre de la Prusse après léna. Napoléon exigea son ren-
voi. Retiré en Russie, il excita le tsar contre la France. Dès l'année 1812,
après la retraite de Napoléon, Alexandre avait jeté les yeux sur Stein pour
en faire l'arbitre futur des destinées de l'Allemagne. Il joua un rôle consi-
dérable lors des conférences de Kalisch et son influence ne cessa de se faire
sentir jusqu'à la deuxième paix de Paris en 1815.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 119
143. Vienne, 26 septembre 1814 (F. 1 3688 ad 3665).
HAGER au GRAND MARÉCHAL DU PALAIS (1).
Le roi de Wurtemberg et Jasmund.
Il y a dans la suite du Ministre Stein un certain Jasmund (2)
quia servi en Wurtemberg- et a quitté dans de telles conditions
que, comme vient de me le dire le secrétaire d'Etat baron von
Linden (3), le roi de Wurtemberg désire qu'on exclue cet indi-
vidu des fêtes et cérémonies.
144. Vienne, 26 septembre 1814 (F. 1. 3728 ad 3565).
FREDDl à HAGER (ea français).
Sur le voyage et les résultats du séjour du cardinal Consalvi à Paris.
Informations données à Freddi par le chargé d'affaires d'Es-
pagne Ferez de Castro, qui les tient de Labrador lui-même,
sur le voyage, le séjour et Tadroite conduite du cardinal Con-
salvi à Paris.
145. Vienne, 27 septembre 1814 F. 1. 3728. ad 3565 .
A HAGER.
Surveillance du comte et de la comtesse de Rechberg.
Liste des visites reçues par le comte et la comtesse de
Rechberg (4). La comtesse, parlant du divorce du prince royal de
1. Le prince de Trauttmansdorfî.
2. Jasmund, qui était un écrivain, avait quitté en effet dans d'assez mau-
vaises conditions le service de Wurtemberg. Il s'était attaché à Stein et mal-
gré la demande du roi de Wurtemberg on se refusa à l'expulser de Vienne.
3. Linden (François-Joseph Ignace, baron de) ministre d'Etat et avec Wint-
ngerode, l'un de deux plénipotentiaires du Wurtemberg à Vienne.
4. Rechberg (Aloïs-François-Xavier, comte de Rechberg et Rothenloewen)
i en 1766, délégué de l'électeur de Bavière au Congrès de Rastatt, il signa
120 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Wurtemberg, affirme partout que tous les torts sont du côté
du prince.
146. Vienne, 26 septembre 1814 (F. 1. 3728 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Ce que Dalberg vient de lui dire de l'Allemagne, de la Prusse, de la Saxe,
de la France et d'Alexandre. Salons dans lesquels il compte fréquenter.
Dalberg vient de me dire : « Il n'y aura pas d'Allemagne.
La Prusse ne lé permettra jamais parce qu'elle veut seule dé-
vorer l'Allemagne. La France ne permettra jamais le démem-
brement de la Saxe. Si Ton veut que tout puisse bien marcher,
cela dépend uniquement de la loyauté et de la modération
d'Alexandre et de la mesure dans laquelle il réussira à impo-
ser sa modération aux autres. »
Dalberg (1), d'après ce qu'il m'a dit, ne compte guère aller que
chez les Schônborn (2), chez le prince de Ligne, chez Arnstein
et chez Pereira.
147. Vienne, 26 septembre 1814 (F. 2. 4004 ad 3365).
COMTE DE SGHULENBURG (3) à DALBERG {Chiffon).
Il désire le voir au plus vite pour l'entretenir d'un sujet du plus haut intérêt.
en 1806 en qualité de commissaire royal bavarois la déclaration de Ratis-
bonne (l'^'^ août). Ministre de Bavière à Vienne en 1814, il prit part en 1819
au Congrès de Karlsbad et rentra dans la vie privée en 1825 lors de l'avè-
nement du roi Louis I".
1. Le duc de Dalberg était parent de la famille Schônborn.
2. Bien que ces papiers, faisant partie d'un lot de chiffons ramassés et re-
cueillis chez Dalberg dans la première quinzaine d'octobre, n'aient été trans-
mis par Hager à l'Empereur que près de trois semaines plus tard, j'ai cru
pouvoir me permettre de déroger à la règle que je me suis imposée et les
faire figurer à la date du 26, à cause du motif même de la visite de Schu-
lenburg et de l'envoi par Gorsini de la lettre de Marescalchi.
3. Schulenburg (Frédéric-Albert, comte de) né à Dresde en 1772. Ministre
de Saxe à Vienne en 1798, puis à Ratisbonne, il assista au Congrès de Ras-
tadt et fut envoyé peu après à Copenhague, puis à Saint-Pétersbourg en 1804.
Revenu à Vienne en 1810, il assista au Congrès en qualité de plénipotentiaire
du roi de Saxe et se retira des affaires en 1830. Mort en 1853,
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 121
Ayant appris votre arrivée (1), j'ai passé chez vous dans la
soirée et viendrai de bonne heure ce matin. Je vous demande
avec d'autant plus d'insistance de me recevoir, qu'outre la sa-
tisfaction que je me promets d'embrasser un ancien ami, je
suis intéressé à vous entretenir sur un objet à l'égard duquel
je réclame et espère d'obtenir votre appui (2). Agréez, etc..
148. Vienne, 26 septembre 1814 (F. 2. 4224 ad 3565).
CORSINI (3) à DALBERG {Chiffon).
Billet de Gorsini qui espère le voir le soir chez Metternich.
N'ayant pas trouvé Dalberg, il lui remet une lettre qu'il
vient de recevoir pour lui de Marescalchi(4) et espère le voir,
le soir, chez Metternich.
149. Parme, 16 septembre 1814 (F. 2. 4121 ad 3565).
MARESCALGHI à DALBERG {intercepta).
Il se prépare à aller à Bologne en attendant les événements. Napoléon à
Marciana. Metternich et la question de ses appointements. Il lui recom-
mande les affaires de Parme et de l'Italie.
1. Dalberg était arrivé à Vienne le 22 septembre.
2. Schulenburg avait l'ordre de demander aux ambassadeurs de France
leur appui au Congrès et la promesse de soutenir les intérêts et la cause du
roi de Saxe.
3. Gorsini (don Neri) 1771-1845. Membre du Gonseil sous les grands-ducs
Ferdinand 111 et Léopold II, il recueillit la succession de Fossombroni à la
mort de cet homme d'Etat, continua sa politique de tolérance et résista
comme lui à la pression de l'Autriche et aux idées réactionnaires de la Gour
de Vienne.
4. Marescalchi (Ferdinand, comte) (1764-1816), né à Bologne, seconda avec
ardeur la réforme politique de 1796. Ambassadeur de la Gisalpine à Vienne en
1799, Directeur président à son retour, réfugié en France en 1800, il prit part
à la Consulte de Lyon en 1801, appuya la nomination du Premier Consul à la
Présidence de la République italienne et régla avec le cardinal Caraffa le Con-
cordat de 1803 entre Rome et la république italienne. Représentant du Royaume
d'Italie à Paris jusqu'à la première abdication, chargé par Marie-Louise de
gouverner le duché de Parme, puis nommé par l'Empereur d'Autriche minis-
tre plénipotentiaire à Modène, il y mourut le 23 juin 1816.
122 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Monsieur le Duc, en attendant que la Duchesse soit en che-
min, nous avons pris le parti d'aller pour un moment à Bo-
logne. Déjà l'Empereur d'Autriche, quand nous étions à Paris,
me le permit et je pense à en profiter puisque, si la saison
avance et que les choses changent ici, je ne serai peut-être
plus à temps pour cette année.
Vous pourrez savoir par Corsini et par Brignole (1) comme
je suis encore ici. Pourtant, le prince de Metternich m'a pro-
mis de présenter un rapport pour mes appointements. Je sou-
pire après cette détermination. Du moins, je saurai à quoi
m'en tenir à cet égard.
La chaleur et les cousins ont obligé l'Empereur Napoléon à
quitter Porto Ferrajo et à se réfugier à Marciana, montagne
dans l'intérieur de l'île où il a fixé pour quelque temps sa de-
meure.
§ § § 565 qu'il ne 883, 601, 711 a se 901. Loin de 1805
de □ Gr. est à 400. Les 393 ne manquent et de tous les cô-
tés. Vou 581 928 mais il 326 qu'il est 923 1139 \
Nous sommes dans vos pattes. Tâchez de nous tirer le plus
tôt possible de la cruelle incertitude dans laquelle gémit ma
patrie et toute l'Italie.
M. Charles, Madame M., Borgonne me chargent de vous pré-
senter leurs hommages.
Je ne sais pas si ma lettre où je vous parlais de l'affaire de
Milan (3) vous est parvenue. Adieu. Un mot quand vous pour-
rez et mes respects à M. de Talleyrand.
Je me recommande toujours à votre protection avec les
Grands de ce pays et je suis à toute épreuve.
Votre ami et serviteur, -
Marescalchi.
l.Brignole-Sales (Antoine, marquis) (1786-1863). Auditeur au Conseil d'Eta
puis préfet de Savone. Plénipotentiaire de Gênes au Congi'ès se rallia à
Maison de Savoie et devint chef de TUniversité Royale (1816), ambassade*
à Rome (1829), puis à Paris et enfin Ministre d'Etat, Sénateur et collier
l'Annonciade.
2. Partie non déchiffrée de la lettre,
3. Il est plus que probable que Marescalchi fait allusion ici à la mise son
la surveillance de la police de Confalonieri,d'Alberto Litta et de délia SomS
glia dès leur retour de Paris.
I LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 123
II
II 151. Vienne, 28 septembre 1814 (F.l, 3727 ad 3565).
:i
! HAGER à L'EMPEREUR
I Rapport journalier et bordereau d'envoi.
Bordereau d'envoi des observations faites à la Burg, des
, rapports relatifs à la surveillance de Hardenberg et de Stein,
i au roi de Danemark, à l'ordre de Malte, à Schwarzenberg, au
i projet de voyage d'Alexandre à Pest, aux affaires de Pologne,
I à l'Ambassade anglaise, à Brignole et à ses relations avec
' Aldini, à Serra-Capriola, etc.
Bordereau et rapport journalier contenant les rapports sur
l'insuffisance de la surveillance des souverains et de leurs sui-
tes, sur les affaires du Congrès, sur l'impossilité d'obtenir la
participation des gens de service de la Burg à la surveillance
des souverains, sur Anstett, le Hof-Secretâr Mandel et le
journaliste Bartsch, sur le montant des lettres de crédit des
souverains et des Ministres.
152. Vienne, 27 septembre 1814 (F. 1. 3728 ad 3565).
HAGER au PRINCE DE TRAUTTMANSDORFF
Redsons pour lesquelles il serait fort utile de pouvoir employer les gens de
service de la Burg à la surveillance des souverains et de leur suite.
La police n'ayant pas le droit de pénétrer dans Fintérieur
de la Burg et comme d'autre part, les portes d'entrée et de
jisortiey sont si nombreuses qu'il est presque impossible d'exer-
Icer de la rue une surveillance quelque peu utile, je ne pourrai
Iremplir la mission qui m'est confiée que si l'on se décide à
|affecter à ce service de surveillance la domesticité du palais
attachée aux souverains étrangers et à leurs suites logées au
Palais ainsi que le personnel des écuries. C'est ce que j'ai
déjà essayé de faire à l'aide d'un fourrier de la Chambre
{Kammerf ourler) ; mais les valets de chambre et les huissiers
ont fait échec aux dispositions que j'avais prisés et ont trouvé
moyen d'écarter les sept hommes, que la police avait mises à
la disposition du Kammer fourrer pour accompagner les aides
124 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
de camp et les personnages de la suite des souverains et ren-
dre compte de leurs faits et gestes.
J'ai donc l'honneur de vous prier de donner au personnel
de service de la Burg l'ordre de rendre journellement compte
des sorties de ces personnages, des endroits où ils se rendent
et des personnes,'autres que celles attachées à leurs personnes,
qu'ils reçoivent.
Cette mesure est d'autant plus indispensable que, par exem-
ple, l'Empereur Alexandre a déjà renoncé à faire usage des per-
sonnages qui avaient été désignés pour assurer le service
d'honneur auprès de lui. Je ne renonce pas pour cela à me .
servir d^eux dans la limite du service qu'ils feront encore au- ij
près de ces princes et de mes relations d'amitié avec eux et je
me propose de recourir entre autres, au concours du feld-maré-
chal lieutenant comte Hardegg (1) qu'on a attaché à la personne
de l'Empereur Alexandre.
153. Vienne, 27 septembre 1834 (F. 1. ad 3565). -|
SIBER à HAGER (en français).
Surveillance des étrangers à Taide de bureaux d'écriture (écrivains publics) f
créés par la police.
Afin de connaître dans le grand nombre des étrangers ceux
qui sont venus sans titre pour s'y immiscer, on devrait créer
sous la surveillance de la police des bureaux d'écriture pour
la commodité des étrangers, comme il en existe à Paris et
qui ont leurs échoppes près des places publiques. On n'au-
torisera que l'ouverture de ceux de ces bureaux qui seront
dirigés par des affîdés lesquels ne pourront prendre pour écri-
vains subalternes que des copistes agréés par la police.
Siber propose comme chef d'un de ces bureaux un Russe,
nommé Leimann qui parle et écrit très bien l'allemand et le
français, assez bien l'anglais et l'italien et donne d'autres
1. Le feld-maréchal lieutenant comte Ignace Hardegg avait été dési|
pour faire fonction de grand-maître de la Cour auprès d'Alexandre I
disposition duquel on mettait en outre comme officiers d'ordonnances
major comte Clam, du Régiment des uhlans Schvvarzenberg et le capital
de cavalerie comte Ladislas Wrbna.
Hardegg-Glatz Jean-Ignace comte) (1772-1848) sous-lieutenant (1789), lieu.-
i
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 125
tails sur le personnel à attacher à ce ou à ces bureaux d'écri-
ture qui fourniront de précieux renseignements à la police.
154. Vienne, 27 septembre 1814 (F. 1. 3728 ad 3565).
LE ROI DE DANEMARK à LA REINE
{Intercepta en allemand).
Les promesses d'Alexandre. Les bonnes dispositions de Metternich,
de Castlereagh et d'Hardenberg
Ma chère bien aimée,
Je suis plongé jusqu'au cou dans mes affaires. L'Empereur
Alexandre m'a promis de ratifier le traité (1) et de retirer ses
troupes. Reste à savoir quand !
Le Prince de Metternich s'occupe chaudement de cette affaire.
Castlereagh m'a l'air bien disposé et prêt à agir. Hardenberg
est aussi pour moi. Je n'ai pu le voir aujourd'hui à cause de
l'arrivée de son roi.
tenant (1791), capitaine (1793), major (1800), aide de camp de Tarcliiduc Fer-
dinand, colonel (1805), général-major (1809), feld-maréchal lieutenant après
Dresde (1813), envoyé aux Congrès de Troppau, Vérone et Laibach, com-
mandant militaire à Linz (1829), en Transylvanie (1831), vice-président du
conseil aulique de la guerre (1834', chevalier de la Toison d'Or (1836).
1. Après les traités de Jiiel du 14 janvier 1814 avec la Suède et la Grande-
Bretagne, le Danemark avait signé le 8 février 1814 à Hanovre un traité de
paix avec la Russie aux termes duquel (art. VI) les troupes russes ne pour-
raient frapper le Holstein d'aucune contribution. Malgré cela, les Ambassa-
deurs du Roi mandèrent à Jaucourt, de Vienne le 16 octobre : « Ce qui sem-
blerait prouver que l'Empereur de Russie ne croit pas pouvoir terminer les
affaires cette année, c'est qu'il a retardé la ratification du traité avec le Dane-
mark et la Suède dont il doit être le garant et qu'il n'a pas donné d'ordres
pour retirer son armée qui occupe et dévore le Holstein. Le roi de Dane-
mark n'a pu rien obtenir à cet égard ».
II est bon de rappeler à ce propos que la Convention de Moss (sur la
rive gauche du Golfe de Christiania) suspendit les hostilités, que cette trêve
fut suivie le 17 août par un traité par lequel le roi de Danemark cédait la
Norvège à la Suède, que le 25 le Danemark avait conclu la paix à Berlin
avec la Prusse et enfin que le 4 novembre la diète norvégienne proclama le
Roi de Suède, Roi de Norvège. (Cf. Talleyrand au roi. Vienne, 17 octobre
1814, Dépêche n" 6, le passage relatif à la Norvège dans le mémorandum re-
mis par Castelreagh à Alexandre.)
126 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
155. Vienne, 27 septembre 1814 (F. 1. ad 3565).
SIBER à HAGER.
Arrivée de Tlmpératrice de Russie.
L'Impératrice de Russie est arrivée aujourd'hui à trois heures
et demie. Ordre parfait. Aucun incident ou accident à signaler.
156. Vienne, 27 septembre 1814 (F. 1 ad 3565).
F... G..., à HAGER (en français).
Rapports des Chancelleries (Analyse).
Fin du désaccord qui avait failli compromettre la venue des souverains à
Vienne. Murât voulait venir ; on l'en a dissuadé. 11 en a été de même pour
Bernadette. Bruits de constitution d'un empire germanique Le roi de Wur-
temberg satisfait de Taccueil qu'on lui a fait à Vienne.
Renseignements recueillis dans les chancelleries signalant
le grand désaccord qui avait existé entre les souverains pen-
dant plus d'un mois et qui avait même rendu douteuse la ve-
nue de l'Empereur de Russie et du roi de Prusse. L'entente
sur les points en litige se serait faite, il y a trois semaines, et
leur voyage a été dès lors décidé. G^estpour cette raison qu'on
n'a commencé qu'il n'y a que trois semaines les aménage-
ments à la Burg.
On prétend, et on assure même, que le roi de Naples vou-
lait venir, mais que d'ici on l'en a empêché et que l'Autriche
seule, mais non pas l'Angleterre, la Russie et la Prusse, est
liée envers lui par un traité. On doute fort de son maintien
sur le trône.
Le Prince Royal de Suède aurait aussi voulu venir. On l'en
a dissuadé.
Il court des bruits vagues et contradictoires sur la consti'^
tution d'un empire germanique.
Le Roi de Wurtemberg est très satisfait de l'accueil qu'ol
lui a fait. On prétend cependant qu'il est le plus fier, le plusl
dur des souverains, un petit tyranneau.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 127
157. Vienne, 27 septembre 1814 (F. 1. 3728 ad 3565).
Rapport à HAGER
Surveillance des Souverains
Roi de Prusse. — En visite le matin, chez Tarchiduc Charles.
Sorti le soir en habit civil et avec un chapeau rond enfoncé
sur les yeux avec le prince Wittgenstein (1). il n'était pas encore
rentré à dix heures.
Prince Guillaume de Prusse. — Après avoir rendu visite
aux membres de la famille Impériale, il a reçu le prince de
Cobourg, le duc de Mecklembourg et est allé au théâtre avec
le comte Kinsky.
Empereur de Russie. — Après une visite à la grande du-
chesse d'Oldenbourg (sa sœur Catherine) et après avoir été
avec l'empereur (d'Autriche) à la rencontre de Fimpératrice,
il est sorti à sept heures du soir avec un de ses aides de camp.
On croit qu'il est allé chez la princesse de la Tour et Taxis.
On apporte tous les matins à Alexandre un grand morceau
de glace pure avec lequel il se lave la figure et les mains.
Impératrice de Russie. — Elle n'a fait de visite qu'à la
grande duchesse d'Oldenbourg, puis le soir chez Tlmpératrice.
158. Vienne, 27 septembre 1814 (F. 1 3728 ad 3565).
SIBER à HAGER
Les précautions de la mission anglaise. Le déménagement de Castlereagh.
Rouen, Schlegel. La surveillance de Campochiaro et de Cariati. La mort
de Marie-Caroline et les chances de rétablissement de Ferdinand IV, La-
brador et de Castro.
La mission anglaise, ayant évidemment, par surcroît de pré-
caution, engagé elle-même deux femmes de chambre, il me faut,
avant d'essayer de me procurer les papiers déchirés dans les
bureaux et jetés dans les corbeilles, m'assurer de ces deux
femmes et voir si Ton peut compter sur elles.
1. Le prince de Sayn Wittgenstein, grand chambellan, Ministre d'Etat et
|de police du roi de Prusse.
128 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Lord Castlereagh, mécontent de l'appartement de quatorze
pièces qu'il occupait im Auge Gottes, déménage et se trans-
porte Minoriten Platz n" 30, au premier étage, où il disposera
de vingt-deux pièces.
Rouen (1) le secrétaire de Talleyrand, écrit toujours dans
la chambre même de son patron avec lequel il dîne.
Le secrétaire aulique Frédéric Schlegel fréquente assidûment
chez le Nonce et chez Stein qui habite la maison Aichelburg
n« 1196.
Gampochiaro et Gariati sont désormais surveillés par un
agent italien.
On pense à la Légation de Prusse que la mort de la Reine
Marie-Garoline de Sicile (2) facilitera beaucoup la restauration
de son bien-aimé époux Ferdinand IV.
Les Espagnols Labrador et de Gastro ne sont pas du tout
bien ensemble, le premier étant un partisan et Tautre un ad-
versaire de la Gonstitution.
159. Vienne, 27 septembre 1814 (F. 1. 3942 ad 3565).
%
Nota à HAGER (en français).
Les Polonais, la Narischkine et Alexandre. La correspondance du comte de
Komar et ses relations avec l'ambassade de France. Pourquoi le comte
François Palffy donnera un bal.
Nouvelles apprises de bonne sources. Les Polonais, toujours
infatigables à chercher des protecteurs et à s'accrocher partout
où peut leur venir une lueur d'espérance, ont réussi à inté-
resser une personne de grande influence à leurs desseins. G'esfc
la princesse Narischkine (3) issue de la famille polonaise des
princes Gzartoryski et dans le moment la belle en faveur de
l'Empereur Alexandre.
1. Rouen, attaché à la Légation française à Weimar (1812), commis à la di-
vision du Secrétariat (1813), suivit Talleyrand à Vienne. Rédacteur à la di-
vision du Nord (1815), deuxième secrétaire à Turin (17 juillet 1816), premier
secrétaire à Turin (21 octobre 1819), résident et consul général en Grèce
(31 décembre 1828), résident à Nauplie (15 mars 1833), Ministre plénipoten-
tiaire à Rio de Janeiro (2 novembre 1836), mis à la retraite (27 octobre 1841)|
2. Elle était morte au château de Hetzendorf le 8 septembre.
3. Maria Antonia (née princesse Gzetwertinska) femme du grand vene
d'Alexandre et qui fut longtemps l'une des favorites de l'Empereur.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 129
M. de Komar, qui commence à jouer un rôle parmi les Po-
lonais et se montre très actif, m'a assuré que l'Empereur s'est
déjà vu avec M°" Narischkine. Le fait est que les Polonais
fondent de grandes espérances sur cette nouvelle protectrice
qui, autant comme Polonaise de naissance que par l'espoir de
jouer un grand rôle dans sa patrie rétablie, ne manquera pas
de se servir de toute son influence pour faire réussir les vues
et les vœux de ses compatriotes.
M. de Komar (1), dont la femme a passé une partie de sa vie
à Paris où elle est en ce moment, reçoit régulièrement des
lettres de sa femme qui a été très liée avec l'Ambassadeur
Narbonne et il n'y a pas de doutes que son mari ait des rela-
tions avec l'Ambassade de France.
Le comte François Palffy a déclaré que pour se laver de
l'affront d'avoir été rayé de la liste des chambellans destinés
au service des Monarques il donnera une fête brillante à l'Em-
pereur de Russie et aux Souverains actuellement à Vienne.
160. Vienne, 27 septembre 1814 (F. 1. 3728 ad 3585).
Rapport au BARON HAGER
Surveillance des généraux comte Witt et baron Jomini.
Visites que fait et reçoit du 22 au 26 le général comte
Witt (2), apparenté à la Comtesse Potocka, déjà très connu ici
et qui aura besoin d'être très surveillé.
Le général Jomini (3), arrivé le 23, n'a fait encore que des
1. Komar (comte et comtesse de). Probablement le comte Stanislas, mari
|de la comtesse, née Orlowska, et mère de M"' Nathalie de Komar, dont la
iCHESSE DE DiNO parle au tome IV de ses Souvenirs, page 232 : « qui est,
it-elle,dans la plus grande mysticité et qui épousa en 1850 à l'âge de 32 ans
!e comte de Medici Spada. »
La comtesse de Komar était la mère de la comtesse Delphine Potocka et
lo la princesse Charles de Beauvau.
2. Général comte de Witt, fils du premier mariage de la fameuse comtesse
"Sophie Potocka (la belle Phanariote), s'était distingué pendant les campagnes
le 1812, 1813 et passait pour être à Vienne l'un des chefs de la police secrète
nsse.Il exerça par la suite un commandement dans l'armée de réserve pen-
lant la campagne de 1828. Cf. Annexe XIV.
3. Jomini (Henri, baron) né à Paycrne en 1779.
T. I. 9
130 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
visites, n'a encore écrit à personne et n'a encore rien reçu, ni j
par la poste, ni par courrier, ni par ordonnance. i
.1
161. Vienne, 27 septembre 1814 (F. 1. 3728 ad 3565).
Rapport à HAGER
Surveillance de la Tour du Pin, Talleyrand, Dalberg, Neukomm.
La Tour du Pin a cédé son installation à Talleyrand et va
se loger au Kaisergarten. L'agent Beckers est déjà venu trois
fois, mais n'a pas été reçu.
Talleyrand (1) habite Johannesgasse avec Dalberg, son secré-
taire Rouen et le musicien Neukomm.
(Liste des visites qu'il a faites et reçues.)
On a essayé de surveiller Neukomm, mais on ne l'a pas
encore vu. On a toutefois pu savoir que Neukomm a toute la
confiance du prince, qu'il écrit dans sa chambre et dîne à sa
table, mais il vit si retiré qu'on l'a à peine entrevu.
162. Vienne, 27 septembre 1814 (F. 1. 3728 ad 3564),
GŒHAUSEN à HAGER.
Surveillance du Nonce.
Visites reçues par le Nonce qui va tous les jours chez Rutfo
et chez Stackelberg. Il a été trois fois chez Wrede et dîne
souvent chez Stackelberg (surveillé par Pœcker).
Le Hofsecretâr de Schlegel a dîné le 21 chez le Nonce où il
y avait que les habitués.
Resté trois jours malade chez lui, il a été dès sa première
sortie chez le conseiller prussien Bartholdi, chez le comte I
Munster, chez le comte Balk (2), diplomate russe. Il a reçu lei
1. Cf. dans GAOERN.itfem Antheil an der Politilî,lI, p. 31, une conversation !;!
de Talleyrand avec Gagern et la dépèche que celui-ci écrivit le 28 septem-h
bre à sa cour, dans laquelle il fait déjà entrevoir l'opposition que fera U^,\
France à l'assujettissement et au démembrement de la Saxe.
2. Balk-Poleff (Pierre-Fédorovitch) qui fut un peu plus tard envoyé par If
cour de Russie comme ministre plénipotentiaire à Rio de Janeiro.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 131
soir même la visite du comte Balk, ce qui est d'autant plus
étonnant et grave que Balk habite la même maison que Stein.
163. Paris, 27 septembre 1814 (F. 1. 372S ad 3565).
HOPFEN à HAGER.
Surveillance du duc de Rocca Romana
En rapport constant avec Gariati il voit souvent la du-
îhesse de San Marco, Tancienne dame d'honneur de feue la
reine Marie-Caroline, le prince de Ligne, le comte Zielinski,
e prince de Tarente, le duc de Gampochiaro. On dit qu'il
partira sous peu.
164. Vienne, 27 septembre 1814 (F. 1. 3728 ad 3565).
HOPFEN à HAGER.
Surveillance de Gampochiaro
Gampochiaro a fait avec Gariati une visite au roi de Wur-
îmberg. Ils se firent annoncer comme ministres du roi des
►eux-Siciles. Il a donné le 27 un dîner aux Italiens et il a reçu
atre autres visites celles de Gastelalfer, d'Aldini, de Saint-
arsan et de Rossi (1).
65. Vienne, 27 septembre 1814 (F. i. 3728 ad 3565).
GOEHAUSEN à HAGER.
Notes sur Murât et le roi de Wurtemberg.
Murât aurait offert au Pape d'évacuer ses Etats s'il voulait
reconnaître.
Ilossi (Alexandre comte) (1757-1827) envoyé à Vienne au monaent du
-lès, y resta comme ministre plénipotentiaire de Sardaigne.
132 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
On affirme que le roi de Wurtemberg inspire une terreuï
folle à ses ministres et à son entourage.
166. Vienne, 27 septembre 1814 (F. 1. 3728 ad 3565). iî
I
Nota à HAGER {Analyse en français). «
L'Espagne et le rétablissement des Bourbons à Naples et à Parme
Découragement de Brignole
Sur l'intérêt que Labrador et sa Cour portent à la Cour de
Rome, au rétablissement des Bourbons à Naples et à Parme.
Les Espagnols joints aux Français contrecarreront les chicanes
des Autrichiens, Prussiens et Russes.
Brignole, bien qu'il ait été reçu par Metternich, est désolé
de n'avoir pu obtenir une audience de TEmpereur.
167. Vienne, 27 septembre 1814 (F. 1. 3728 ad 3565).
Rapport à HAGER.
Surveillance de l'ambassade russe et d'Anstett du 23 au 27 septembre
L'Ambassade russe est de toutes celle qui reçoit le plus d<
monde. On n'a expédié aujourd'hui qu'un paquet adressé ai
comte Mocenigo (1).
On appelle l'attention sur les relations constantes et suivie!
entre Anstett et le contrôleur de guerre Mandel qu'on vf
surveiller de près afin de savoir pourquoi il lui a été remi;
de l'argent.
(Joint au rapport la liste des visites reçues par Anstett di
23 au 27 septembre.)
Les lettres qu'on lui apporte sont remportées tous les jour
par le secrétaire d'Ambassade Koudriaffsky (2).
1. Mocenigo Georges, comte) 1742-1839) gouverneur des Iles Indienne
pour la Russie, puis ministre à Naples lors de la restauration de Ferd
nand IV jusqu'en 1821, où il passa à Turin. ,
2. Koudriaffsky (Emelian-Afanasiewitch) (1776-1895) fonctionnaire du m\
nistère des Affaires étrangères, fut longtemps directeur de la Chancellerie d
ce Ministère.
i
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 133
Anstett a dîné le 23 chez Nesselrode. Le 24 il écrit et fait
porter une lettre au baron Fischler (1) et au duc de Saxe Co-
bourg (2), dîne chez le comte François Palfîy, va avec la prin-
cesse Bagration au théâtre et s'entretient ensuite une heure
avec Bartsch.
Le 25, il dîne chez la princesse Bagration, va avec elle au
théâtre et soupe chez elle. Le 26, longue conférence le matin
avec Mandel auquel il remet une forte somme, va ensuite tra-
vailler avec Nesselrode, qui a reçu deux courriers, dîne à
5 heures chez Metternich, va le soir au théâtre et soupe chez
la princesse Bagration.
168. Vienne, 27 septembre 1814 (F. 1. ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Causes de Tanimosité d'Anstett contre rAutriche.
L'animosité et le mécontentement d'Anstett contre TAutri-
che, à laquelle il a rendu de réels services en 1809, paraissent
dus à ce qu'on a jamais voulu les reconnaître en lui conférant
des distinctions auxquelles il croit avoir droit. Il est convaincu
qu'il doit avoir à Vienne un ennemi personnel très puissant à
la Cour.
169. Vienne, 27 septembre 1814 (F, 1. 1787 ad 3565 .
BELLI0(3)auPRINCE DE VALAGIIIE (/n^ercep^a en allemand)
(Analyse).
Accord complet entre Talleyrand, Gastlereagh et Metter-
1. Fischler de Treuberg (François-Xavier baron) colonel et représentant de
3axe-Gobourg Saalfeld.
2. Saxe-Gobourg (Ernest, duc de) né le 22 janvier 1784, monté sur le trône
le 9 décembre 1806, mort le 24 janvier 1844, servit d'abord dans l'armée russe
ît revint après Tilsit dans ses Etats qu'il conserva dans leur intégrité. Le
Hongres de Vienne lui donna la principauté de Lichtenberg qu'il vendit à
a Prusse en 1834.
3. Bellio, agent diplomatique du prince de Valachie à Vienne, ne tarda pas
Il devenir suspect et à être expulsé.
134 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIEKNE
nich qui s'opposeront aux prétentions de la Russie sur la Po-
logne. Metternich défendra Tintégrité de la Turquie.
L'électeur de HesseCassel et son fils arriveront le 1" octobre.
Le prince Guillaume de Nassau (1) viendra également avec
son père (2).
170. Vienne, 27 septembre 1814 (F. 1. 3728 ad 3565).
Rapport à HAGER.
Renseignements donnés par Koudriaffsky sur la reconstitution de la Pologne.
La question de la Saxe. Les intentions de la Russie, de la Prusse et de
l'Autriche.
La Russie insistera sur la reconstitution de la Pologne en
royaume et on travaille sérieusement à la rédaction d'une Cons-
titution de la Pologne.
La Russie cédera la Saxe à la Prusse, moins quatorze vil-
lages qui appartenaient avant 1809 à F Autriche et lui feront
retour. Au pis aller, la Prusse, pour contenter l'Autriche, lui
céderait le Comté de Glatz.
Les Prussiens occuperont la Saxe (3). Un corps venant de
Munster est même en marche pour s'y rendre et son avant-
garde doit déjà avoir atteint la frontière delà Saxe.
171. Vienne, 27 septembre 1814 (F. 1. 3728 ad 3565).
Rapport au BARON HAGER.
Ce que Bartholdi dit de Hardenberg, de la Constitution de TAllemagne.
des questions de Pologne et de Saxe.
1. Guillaume, duc de Nassau, né le 14 juin 1792, succéda le 7 janvier 1816
à son père le duc Frédéric-Guillaume et le 24 mars de la même année à son
cousin Frédéric-Auguste de Nassau-Usingen. Il arriva à Vienne le 30 no-
vembre.
2. Frédéric-Guillaume de Nassau, monté sur le trône en 1788, mortj
9 janvier 1816. "
3. Cf. SoREL, l'Europe et la Révolution Française, t. VIII, p. 396. Aléa
dre engagea le roi de Prusse à exécuter la convention secrète du 28 sept|
bre et à occuper la Saxe.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 13o
D'après ce que dit Bartholdi (1), Hardenberg reçoit tous les
jours des masses de lettres et quantité de brochures qui ont
trait à la constitution de l'Allemagne.
Il prétend qu'on sera forcé de donner cette Constitution et
que, si on ne le fait pas, il y aura encore bien du sang de ré-
pandu en Allemagne où les esprits ont pris feu pour cette
Constitution.
Il a dit aussi que la grande affaire qui se discute à présent
aux Conférences, c'est le sort de la Pologne. Tout dépend de
cette base. Alexandre renoncera peut-être à la reconstitution
du royaume, mais il exigera la réunion de la Pologne tout en-
tière à son Empire. S^il obtient cela, la Prusse ne démordra
pas de ses prétentions sur la Saxe. Si la Russie renonce à la
Pologne, la Prusse se contentera, en désespoir de cause, du
retour à elle de la partie de la Pologne qui lui appartenait.
Mais Bartholdi prétend que la Russie s^'entêtera et que le dia-
ble ne la chassera pas d'un pays qu'elle occupe avec plus de
100.000 hommes et derrière lesquels, elle en a, à ce que dit
Serra Gapriola, 300.000 autres prêts à les soutenir.
172. Vienne, 27 septembre 1814 (F. 1. ad 3565).
Nota à HAGER (en français, en partie analyse).
Nouvelles diverses relatives aux travaux du futur Congrès. La princesse Paul
Esterhazy. Les Conférences des ministres de Bade, Nassau et Darmstadt.
Le Roi de Wurtemberg. Schwarzenberg. L'Ordre Teutonique. L'accord en-
tre Talleyrand et Castlereagh et entre la Bavière et l'Autriche. Neukomm.
Rapport contenant des nouvelles relatives à la manière dont
se réunira, le Congrès et~ aux puissances qu'on y admettra,
ainsi qu'à la méthode qu'on semble vouloir suivre pour discu-
ter et régler les affaires d'Allemagne.
« On a dit hier soir chez le baron Puffendorf (2) qu'on avait
eu des égards particuliers pour le roi de Wurtemberg en lui
affectant comme adjudant pendant son séjour ici un aussi joli
garçon que le jeune comte Woyna (3). On a remarqué et com-
■ 1. Bartholdi, conseiller intime de légation prussien, parent des Arnstein.
2. Puffendorf (Edmond-Frédéric baron) ancien Conseiller aulique de l'Em-
pire.
3. Le Comte Edouard Woyna, Capitaine au Régiment de hussards Empereur.
136 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
mente l'absence du prince de Schwarzenberg lors de l'arrivée
des souverains. Le Ministre de Wurtemberg au Congrès, le
baron von Linden se préoccupe beaucoup de la restitution de
Mergentheim (l) à l'Ordre Teutonique. »
Impopularité croissante du roi de Wurtemberg à Vienne.
« Un Ministre de TEx-Confédération Germanique prétend
que Talleyrand et Gastlereagh sont d'accord sur la plupart des
grandes questions, et un diplomate bavarois_, le baron Koch
affirme que la Bavière marchera de concert avec l'Autriche.
« Il y a dans la suite de Talleyrand un jeune musicien
nommé Neukomm, élève de Haydn, dont la présence semble
étrange. Cet homme est très attaché à Talleyrand. Sa venue
ici est d'autant plus étonnante que fort répandu à Paris il n'y
avait aucune raison pour lui de quitter cette ville. »
L'agent termine son rapport en disant à Hager que « s'il le
désire il lui communiquera une foule de renseignements et
d'anecdotes relatives aux mœurs et à la vie privée du roi de
Wurtemberg. »
173. Vienne, 26 septembre 1814 (F. 13628 ad 3555).
SCHMIDT à HAGER
(Rapport sur les crédits ouverts aux souverains, à leur suite
et à des personnages marquants chez les principaux banquiers de Vienne.
Chez Pries, aux souverains. — Efnpereur de Russie
100.000 roubles ;foz de Prusse, illimité; ducs de Weimar,
d'Oldenbourg, de Mecklembozirg, chacun 5.000 florins, prince
de Wrede, 100.000 florins.
Chez Arnstein : Castelalfer, 50.000 francs, cardinal Con-
salvi, illimité ; duc de Campochiaro, 30.000 francs ; Grand-duc
Héritier de Hesse Darmstadt,30. 000 florins ; Edling, Grand Maî-
tre de la Cour du duc de Weimar, 2.500 thalers ; Riese, chef
de cabinet de Stein, 2.000 thalers; Marquis Ginori, Député,
20.000 francs; Cornue de Hartz (Jérôme Napoléon), 300.000 flo-
rins ; Conseiller aulique prussien, Heymbach, 6.000 thalers;
baron von Hacke, grand Maître de la Cour de Danemark,
1. L'un des principaux bailliages de l'Ordre Teutonique, résidence di|^
Grand-Maître de l'Ordre aboli par Napoléon I" en 1809. |
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 137
30.000 ducats d'abord, puis peu après crédit illimité; Sénateur
von Hach, de Lûbeck, illimité ; Prince de Hohcîizollern-Sig-
maringcn, 30.000 thalers; D" Jassoy (de Francfort) illimité;
Kania, directeur de la Banque de Wurtemberg, 10.000 tha-
lers ; S. H. Kaula, 25.000 thalers ; Relier, Ministre d'Etat hes-
sois, 2.G00 francs par mois; Comte {Marquis) de la Tour du
Pin, 18.000 francs ; Lepel, Conseiller intime de la Hesse
Electorale, 10.000 thalers ; baron von Linden, Ministre d'Etat
wurtembergeois, 8.200 thalers ; baron V07i Maltzahn, ministre
d'Oldenburg, 20.000 roubles ; L. de Medici, 50.000 francs^
Mutzenbecher, conseiller aulique d'Oldenbourg, 1.000 florins ;
Marquis Malaspina (1), député de Milan, 1.000 ducats; von
Oertzen, ministre de Mecklemburg, Strelitz, 1.000 ducats;
général Pino, 20.000 francs ; Comtesse Pino, née Galderari,
20.000 francs; Notabartolo, Comte Priola (?), 30.000 lire de
Gênes; Stolberg Wernigerode, 10.000 florins; Stampa, député
du département de l'Adige, 20.000 lire de Milan ; von Staëge-
mann, conseiller intime prussien, 1.000 florins ; Prince de
Schaumburg-Lippe, 20.000 thalers; Prince de la Trémoille-
Tarente, 10.000 francs; Princesse Sophie Wolkoîiska, 5.000 rou-
bles ; Prince royal de Wurtemberg , 20.000 thalers ; Prince
Wittgenstein, 2.000 florins; von Berg, président de Schaum-
burg-Lippe,1.000 thalers; Bogne de F aije, secrétaire de la Léga-
tion de France, 10.000 francs ; Princesse d'Isenburg, 14.000 flo-
rms',comte c?'/5e;î6î/r^, 8.000 florins; Conseiller intime prussien
Zerboni di Sposetti, 500 thalers.
D'autres crédits sont ouverts chez Geymûller et chez Smitmer,
174. Vienne, 29 septembre 1814.
Bordereau et rapport journalier à TEMPEREUR
Vienne, 28 septembre 1814 (F. 1. 3728 ad 3565).
SIBER à HAGER (Analyse).
L'arrivée du roi de Bavière, les visites faites le 27 par l'empereur de Russie,
les rois de Prusse, de Danemark et de Wurtemberg.
Rapport établissant qu'aucun incident ne s'est produit lors
1. Cf. Annexe XV.
138 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
de l'entrée à Vienne (le 28) (1) du roi de Bavière et relevant tou-
tes les mesures prises par la police depuis la Mariahil fer Unie
jusqu'à la Burg , lors de l'entrée à Vienne le 25 de l'Empe-
reur de Russie et du roi de V^^urtemberg.
Le roi de Prusse, le roi de Danemark et le roi de Wurtem-
berg ont rendu visite le 27 dans la matinée à Tarchiduc Pala-
tin (2) qui a reçu également lord Gastlereagh.
L'Empereur de Russie, attendu chez le Palatin à deux heu-
res, n'y est venu qu'à sept heures, mais y est resté trois quarts
d'heure.
175. Vienne, 28 septembre 1814 (F. 1. 3728 ad 3565).
HAGER à V. L... (Leurs).
Importance du rôle de la police d'état pendant le Congrès. Instructions qu'il
lui donne. Rapports à fournir. Recommandations relatives à Bellio.
Le moment actuel est de la plus haute importance pour la
police politique de l'Etat. Aussi Sa Majesté a-t-Elle daigné met-
tre tout spécialement à ma disposition tous les moyens dont
je pourrai avoir besoin. Afin de mieux répondre aux désirs de
Sa Majesté, je vous invite à vouloir bien faire appel à tous les
organes, faire usage de toutes les ressources dont vous dispo-
sez afin de pouvoir me fournir, si ce n'est tous les jours, du
moins à coup sûr tous les deux jours, un rapport détaillé
d'abord sur tout ce que vous pourrez apprendre des événements
du Congrès, ensuite sur les différents incidents ou événements
de la vie et des relations des souverains étrangers actuellement
présents à Vienne.
Je vous recommande tout particulièrement de ne pas négli-
ger Bellio qui est sûr d'apprendre de son côté, et par les moyens
dont il dispose, maintes choses que, je n'en doute pas, vous
parviendrez à vous faire communiquer par lui.
1. Le roi et la reine de Bavière arrivèrent à Vienne le 28 septembre à 5 heu-
res de l'après-midi.
2. L'archiduc Joseph, beau-frère de l'Empereur Alexandre, .dont il avait
épousé la sœur, la Grande-Duchesse Alexandra Pavlowna (morte le 14 mars
1802), cinquième fils de Léopold II, né à Florence le 9 mars 1776. Palatin en
1795, il resta pendant cinquante et un ans l'intermédiaire entre la Hongrie et
la cour de Vienne.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 131)
176. Vienne, 28 septembre 1814 (F. 1. 3728 ad 3565).
LE ROI DE DANEMARK à LA REINE
{Intercepta en allemand).
Portrait de l'impératrice de Russie. Arrivée du roi et de la reine de Bavière.
On perd son temps.
L'impératrice de Russie (1) vient d'arriver. Elle est jolie et
agréable sans être belle.
Le roi et la reine de Bavière (2) arrivent à l'instant.
On n'aura plus maintenant qu'à faire visites et contre-visi-
tes (sic), ce qui prendra tout un temps qu'on emploierait plus
utilement autrement.
On n'a pas une idée comme on perd son temps ici. Enfin
pourvu que tout cela finisse bien.
177. Vienne, 28 septembre 1814 (F. 1. ad 3565).
SIBER à HAGER.
Établissement et premiers résultats de la surveillance exercée
sur les personnages de la suite du tzar qui n'habitent pas la Burg.
Le Prince Troubetzkoï(3), ayant mal au pied est resté chez
lui. Le GomteGolenitchefî-KoutouzofT(4) a porté lui-même des
lettres au prince Esterhazv et au Comte Nesselrode et a été
chez le tzar où il est resté de onze heures à cinq heures.
Jusqu'ici Stein n'a pas expédié de lettres. Il a reçu la visite
1. Elisabeth-Alexéievna (1779-1826) fille du margrave de Bade-Durlach, avait
épousé en 1793 l'Empereur Alexandre, encore grand duc.
L'impératrice de Russie arriva à Vienne le 27 septembre à 2 heures de
l'après-midi.
2. Marie- VVilhelmine- Auguste de Hesse- Darmstadt.
3. Troubetzkoi (Prince Basile Serguéiévitch) né en 1773, mort en 1841, aide
de camp général de l'Empereur, le deuxième mari de la duchesse de Sagan,
fit avec distinction les campagnes contre les Turcs et contre la France, lieute-
nant-général après Leipzig, général de cavalerie en 1826, chargé d'une mission
en Angleterre en 1830 il devint à son retour membre du Conseil Privé. Cf.
Annexe XVI.
4. Golenitchefî-Koutouzoff, général-lieutenant, faisait comme Troubetzkoi'
partie de la suite d'Alexandre I".
140 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
du général Ojarowski (1), puis celle du prince de Kaunitz (2).
On surveille également Tchernitcheff (3) et Ojarowski.
178. Vienne, 28 septembre 1814 (F. 1. 3895 ad 3565).
Rapport à HAGER.
Surveillance de Stein.
Stein a été chez Hardenberg et a expédié ensuite des lettres
au baron Marschall von Biberstein (4), au Comte Schœnfeld et
au Comte Solms-Laubach. Il a travaillé en rentrant, est re-
tourné ensuite chez Hardenberg, est allé de là chez Metternich
et chez Trauttmansdorfî. Il a reçu le 29 le duc de Brunswick(5),
le prince Narischkine (6), Klûber (7), le prince de Neuwied (8),
le prince de Reuss-Greitz (9) et enfin il a été comme d'ordi-
naire chez l'Empereur Alexandre.
1. Ojarowski (Adam Petrovitch, comte) aide de camp général d'Alexandre,
beau-frère de la princesse Bagration.
2. Kaunitz (Alexis, prince) petit-fils du Grand Ministre de Marie-Thérèse;
il jouissait d'une assez mauvaise réputation à Vienne.
3. Tchernitcheff (Alexandre-Ivanovitch, prince) (1779-1857) remplit en 1811
à Paris une mission dans laquelle il se distingua en réussissant à révéler à
sa Cour le plan des opérations pi'ojetées contre la Russie, délivra Winzin-
gerode que nous avions fait prisonnier, chassa en mars 1813 Augereau de
Berlin, enleva un peu plus tard Gassel et en 1814 Soissons. Chargé d'une foule
de missions diplomatiques, il réprima énergiquement l'insurrection de 1825,
gagna ainsi la faveur de l'Empereur Nicolas qui le fit d'abord comte, puis
ministre de la Guerre, le créa prince en 1841 et le nomma en 1848 président
du Conseil de l'Empire et du Conseil des Ministres, fonctions qu'il occupa
jusqu'au 5 avril 1856. Il habitait avec Troubetzkoï, Kaîrntnerstrasse n° 1087,
au premier étage.
4. Marschall von Biberstein (Ernest-François-Louis, baron) un des deux
représentants de Nassau au Congrès.
5. Frédéric-Charles-Guillaume duc de Brunswick (1771-1815) tué aux Qua-
tre-Bras le 16 juin 1815.
6. Grand veneur d'Alexandre, le mari de Maria-Antonia Czetwertinska,
l'une des favorites de l'Empereur.
7. Kliiber (Jean-Louis) Conseiller d'Etat badois né en 1762, connu par son
livre : Acten des Wiener Congresses, en huit volumes.
8. Wied-Neuwied (Jean-Auguste-Charles) né en 1779, auquel son père céda
la régence en 1802.
9. Henri XIII de Reuss Plauen Greitz, né le 16 février 1747, prince régnant
depuis le 28 juin 1800, mort en 1817.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 141
179. Vienne, 27 septembre 1814 {F. 1. 3728 ad 3565).
Rapport à HAGER (Analyse).
Les intentions de Labrador à propos de Gênes et du Piémont. Les deux mil-
lions de Brignole. Le silence de Gastlereagh. Le projet prussien de Cons-
titution de l'Allemagne refusé par Metternich La parenté de Dalberg et
de Brignole.
Labrador s'opposera à la cession de Gênes au Piémont. Il
paraît que Brignole dispose, à cet effet de deux millions et
qu'il se propose d'essayer de gagner Metternich. Gastlereagh
ne se prononce pas sur la question de Gênes.
L'accord est loin d'être fait sur les affaires d'Allemagne. Le
projet d'organisation de l'Allemagne élaboré à Berlin a été
refusé par Metternich (1).
L'auteur du rapport insiste en terminant sur la parenté de
Dalberg, allié par sa femme avec Brignole.
180. Vienne, 28 septembre 1814 (F. 1. 3716 ad 3565).
SCHMIDT à SiBER
Surveillance de Bellio. Ordre donné par Hager à la suite du rapport ci-dessous
(pièce 181 en date du 23 septembre).
Ordre de surveiller de très près Bellio, agent du prince de
Valachie à Vienne.
181. Vienne, 23 septembre 1814 (F. 1. 3716 ad 3567).
(en français)
Bellio est en relation avec le conseiller intime russe Ott et
en correspondance suivie avec la France. En allant chez lui
et en l'attendant pendant qu'il était sorti, j'ai pu lire un mé-
1. Cf. d'ANGEBERG, page 243. Projet contenant les bases d'une constitution
fédérale pour 1 Allemagne communiqué par le prince de Hardenberg au prince
de Metternich, le 13 septembre 1814.
142 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
moire sur la situation politique et la nécessité de la reconsti-
tution de la Pologne, mémoire qui n'a pas été écrit par Bellio,
incapable de rédiger une pareille pièce (1).
182. Vienne, 28 septembre 1814 (F. 1. 3718 ad 3565).
COMTE DE SCHULENBURG à EINSIEDEL (2). (à Berlin)
{Intercepta en allemand) (Analyse).
Les intentions et le programme de la France au Congrès et en particulier
relativement à la Saxe. L'attitude de Labrador.
L'Ambassade de France au Congrès est arrivée le 24. J^ai
causé déjà avec eux et voici quelles sont leurs vues.
La France satisfaite de ses frontières ne veut pas d'agran-
dissement et ne désire que le repos et la paix de l'Europe. Elle
défendra et proclamera les principes d'équité qui reposent sur
l'équilibre politique consenti et établi par Taccord des puis-
sances. C'est pour cette raison même que la France ne peut
admettre, ni ce qui s'est passé à Naples par ordre de Napoléon,
ni ce qui a été fait pour le duché de Varsovie et pour la Saxe,
et encore moins ce qu'on se propose de faire de ce royaume.
Bien que ni le prince de Talleyrand ni le duc de Dalberg
n'aient encore fait et n'aient encore pu faire à ce propos de
déclaration formelle et officielle, la France veut, en un mot, le
maintien du royaume de Saxe et de la dynastie actuelle.
Labrador a reçu de sa Cour l'ordre d'agir dans le même
sens et je crois que les Ministres de France ont déjà fait con-
1. Bellio ne tarda guère à être expulsé. Le Mémoire dont il s'agit ici est le
Mémoire du 18 août de Gentz sur la Pologne publié par Klinkowstrosm dans
Œsterreichs Theilnahine an den Befreiangs Kriegen (pages 384-395).
2. Le comte d'Einsiedel était resté auprès de son roi. « Premier Ministre
sous le titre de Ministre de Cabinet, dira plus tard de lui (en 1826) Gussy dans
ses Souvenirs, I, 345, il a sous sa direction spéciale l'intérieur et les affaires
extérieures Ce personnage auquel Frédéric-Auguste donne toute sa confiance
est roi autant et même plus que son maître. Il ne manque pas d'habileté,
mais sa politique le place à la remorque de la Prusse et ses intérêts le main-
tiennent dans cette voie. Il est en effet propriétaire d'importantes usines se
trouvant sur le territoire saxon et le territoire prussien et a obtenu de la
Prusse de grandes facilités pour leur exploitation. Je doute que sous un autre
roi il puisse se maintenir au pouvoir ».
Et en effet en 1829, deux ans après l'avènement du roi Antoine il fut forcé
de donner sa démission.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 143
naître ces intentions et leur programme aux hommes d^Etat
[ avec lesquels ils ont eu occasion de s'entretenir.
183. Vienne, 23 septembre 1814 (F. 1. 3718 ad 3665).
ROSENCRANZ à BLOME (1) à SAINT-PÉTERSBOURG
{intercepta en français).
Alexandre et le l'oi de Danemarck. Les promesses d'Alexandre.
Les inquiétudes de Rosencranz.
Sa Majesté (le roi de Danemarck) envoya aussitôt après
l'entrée de l'Empereur Alexandre demander à lui faire la pre-
mière visite. A quoi Sa Majesté fît répondre qu'Elle passerait
chez le roi.
Cette entrevue ne fut que d'un moment.
Après dîner, le roi rendit la visite et aborda à cette occa-
sion l'Empereur franchement, faisant voir qu'il ne ferait pas
mention du passé, mais qu'il réclamait l'amitié de Sa Majesté
pour l'avenir. Il insista sur la ratification du traité comme le
premier pas qui restait à faire et sur le retrait des troupes du
Holstein.
Il crut comprendre à la suite de quelques explications que
l'Empereur accorderait incessamment l'un et l'autre.
Mais, à moins que je ne voie bientôt cette espérance rem-
plie, je désespérerai encore de notre salut. Rien ne m'indique
au moins que les augures, que vous tirez du passé et de la
chute de celui qui avait inspiré la terreur à tous sans excep-
tion, dans votre lettre du 14/26 du passé qui est la plus ré-
cente dont je sois en possession, seront de sitôt réalisés. La
même influence contre nous existe toujours dans toute sa force.
On ne se contente pas de nous avoir coupé une jambe ou un
bras. On veut que le monstre suce jusqu'à la moelle de nos
os. Nous restons exposés dans l'arène comme les victimes li-
vrées aux bêtes fauves.
1. Blome (Otto comte de) ancien ministre de Danemark en Russie, était à
ce moment encore à Pétersbourg, mais sans caractère officiel, comme l'écrivait
NoaiJIes à ïalleyrand le 9 septembre 1814 et il ajoutait : « On dit que dans
peu il reprendra le poste diplomatique qu'il occupait autrefois. »
144 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
184. Vienne, 28 septembre 1814 (F. 1. 3728 ad 3565).
GAGERN au PRINCE D'ORANGE NASSAU (1)
{intercepta en français).
La question de Pologne. Lord Gastlereagh et les limites de la Prusse du côté
de la France. Le Luxembourg. Entretien avec Talleyrand. La Saxe et les
vues de la France. Echec du projet prussien de constitution allemande.
Les formes du Congrès ne sont pas encore établies. Voici
ce qui par pièces et morceaux est venu à ma connaissance.
1° On a déjà cédé, je crois, sur l'article de la Pologne et de
son rétablissement comme royaume indépendant (2). On se
borne à demander que l'Empire russe ne dépasse pas la Vis-
tule. La Prusse garderait donc beaucoup de ce côté-là. L'Em-
pereur Alexandre ne fait que d'arriver et j'ignore quelle sera
sa réplique.
2" M. de Spaen et moi, nous avons eu une première confé-
rence avec lord Castlereagh. Les différentes questions ont été
discutées pour et contre. Je ne citerai que celles-ci :
1" S'il convenait au grand système politique que la Prusse
touche à la France ?
2" Si Luxembourg se trouve bien entre les mains de Votre
Altesse Royale ?
Mes arguments pour nier l'une et affirmer l'autre paraissent
avoir fait impression et suivant mes notions, les deux points
sont gagnés.
Sur le premier article, j'objectais à lord Castlereagh ou à
des observations qui n'étaient peut-être pas les siennes : a)
Que la Prusse s'affaiblirait par trop d'étendue, b) Qu'il fallait
lui supposer le même zèle de défendre la rive gauche du Rhin
1. Guillaume, prince d'Orauge-Nassau, plus tard Guillaume 1", roi des
Pays-Bas, né en 1772, passé au service de l'Autriche lorsque son père le Sta-
thouder Guillaume V abdiqua et se réfugia en Angleterre durant l'invasion
française. Il obtint en 1803 moyennant l'abandon de ses droits sur la Hol-^
lande l'abbaye de Fulde qui venait d'être sécularisée, mais il en fut dépouil
en 1806 pour avoir embrassé le parti de la Prusse et reprit du service en An
triche. Rentré en Hollande en 1813, il prit le titre de prince souverain des Pr«i
vinces-Unies. Le Congrès de Vienne lui reconnut le titre de roi des Pays-Bti
et réunit la Belgique à la Hollande. 11 combattit à Waterloo où il fut mêr
blessé, perdit plus tard la Belgique qui proclama son indépendance, abdiqi)
en 1840 et mourut à Berlin en 1843.
2. Les affaires de Pologne étaient loin d'être aussi avancées.
I
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 145
pour va qu'elle y possède, car j'assure à Votre Altesse Royale
que je ne me suis jamais cru assez fort pour l'en détourner
entièrement dès le moment qu'elle-même rie partagerait pas
cette persuasion. Enfin c) qu'elle serait mieux en seconde
ligne.
Quant à la seconde, nous avons appuyé : 1° sur le danger
pour les Pays-Bas, si une autre grande Puissance possédait
cette forteresse et les enveloppait, pour ainsi dire ; 2" sur la
confiance en eux-mêmes qu'il fallait inspirer aux Belges par ce
qu'il s'agissait : 3° de la principale défense de l'Etat au dire
de tous les gens instruits dans l'art de la Guerre.
Si je dis que ces deux points sont gagnés, c''est que j'ai cru
entrevoir dans mes conversations avec Lord Glancarty(l),que
les Prussiens ne s'opposent plus qu'à l'extension des Etats de
Votre Altesse Royale jusqu'à Zell sur la Moselle (départements
du Rhin et Moselle), c'est-à-dire que la Prusse veut empêcher
la jonction des Pays-Bas avec les Etats de Nassau et qu'elle
veut être maîtresse de tout le cours du Rhin. Il faut espérer que
les Anglais et les autres Puissances alliées tiendront bon.
3" J'ai été voir sur le champ M. de Talleyrand. Je croyais
que c'était la marche la plus naturelle. D'ailleurs Votre Altesse
Royale sait assez que ce n'était pas à lui que j'ai jeté la pierre.
On peut être violent adversaire en temps de guerre; la paix
signée, il faut se donner les mains et ne plus conserver d'amer-
tume. Il m'a fort bien reçu et (2) il n'aurait dépendu que de moi
de le faire entrer en matière sur tout plein d'objets. Mais comme
une telle discussion de bien des articles ne m'est pas permise,
vu la position de Votre Altesse Royale, tout s'est passé en
observations générales :
« Que la volonté de la paix est la seule occasion de force
aujourd'hui pour la France ;
« Que la France devait donner de bons exemples après tant
de mauvais et aussi de bons conseils ;
« Qu'il fallait être bon Européen modéré ;
« Que la France ne demandait rien, absolument rien, excepté
1. Richard le Poer Trench, comte Glancarty, vicomte Dunlo, baron de Kil-
connel, conseiller privé, président du Conseil privé pour les Colonies et le
Commerce, maître général des Postes, colonel du régiment de la Milice du
Comté de Gahvay, l'un des plénipotentiaires anglais au Congrès.
2. Gagern a publié toute cette partie de la présente dépêche à partir de
cette phrase jusqu'aux mots « à la bonne heure )>,dans son livre : Mein Antheil
an der Poiilik, II, 37.
T. I. 10
146 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
ce qui était exprimé dans le prologue de la Paix : Une juste]
répartition des forces entre les Puissances. >>
J'ai entrevu qu'il appuyait sur ces paroles et qu^il comp-i
tait bien tirer de ces expressions un peu vagues le parti qui
lui convenait. Je crois savoir déjà que c'est un prétexte de
s'opposer à l'assujettissement ou au démembrement de la
Saxe, A la bonne heure (1). Quant à cet objet, Votre Altesse
Royale ne demandera pas mieux.
Le projet constitutionnel des Prussiens (2) est déjà tombé à
plat. Ils voudraient peut-être le désavouer. Mais il m'a été re-
mis par le Comte de Miinster comme parfaitement authentique.
185. Vienne, 29 septembre 1814 (F. 1. 3972 ad 3565),
HAGER à I/ExMPEREUR.
Bordereau des rapports parvenus dans la journée du 28 et
contenant entre autres des rapports sur l'ambassade de
France, Talleyrand, Anstett, Stein, Witt, Hardenberg, le
grand duc de Hesse-Darmstadt, La Harpe, Rengger (3),Gariati,
Aldini, etc.
186. Vienne, 29 septembre 1814 (F, 1. 3972 ad 3565'.
N. N. à HAGER (en français).
Les promesses d'Alexandre aux Polonais, L'influence du prince Adam
Czartoryski. Disgrâce de RazoumofTsky. On le trouve trop autrichien.
Alexandre avait promis aux Polonais, lors de son séjour
1, A la place des quelques phrases qui suivent ici, on lit dans le livre d ■
Gagern : «Mais il pouvait bien vouloir aussi empêcher la couronne impériale
et par conséquent, à mon avis, toute espèce d'ordre en Allemagne. »
2, Projet renfermant les bases d'une Constitution fédérale pour l'AUemi^
gne communiqué par le prince de Hardenberg au prince de Metternich à ~
den, le 13 septembre 1814, (Projet se composant de XL! articles . Gf, d'i
geberg 243-249.)
3, Rengger (Albert), docteur en médecine, ancien ministre de Tlntérieur <^.
la République helvétique, représentait à Vienne les cantons d'Argovie et à»
Saint-Gall.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 147
Paris, de rétablir le royaume de Pologne. La faveur particu-
lière, l'amitié intéressée de l'Empereur pour le prince Czarto-
ryski (1) leur en semblent un sûr garant.
Ils affirment que, malgré les démonstrations d'amitié d'Alexan-
dre pour notre Cour, ses vues sur la Pologne sont diamétrale-
ment opposées à celles de l'Autriche. Ils disent que Razou-
moffsky est en disgrâce, rien que parce qu'il était en trop
bonne grâce ici.
Je me suis trouvé hier chez M.de Ott,conseiller d'Etat près
de l'Ambassade russe, et j'ai pu me convaincre que Razou-
.moffsky n'est pas en crédit.
Les Polonais parlent beaucoup d'un escalier dérobé condui-
sant à l'appartement d'Alexandre et grâce auquel on arrive
chez lui sans être vu.
187. Vienne, 27 septembre 1814 (F. 1. 3972 ad 3565).
Rappobt à [lAGER
Les millions de Brignole. L'accord entre la France et l'Espagne. Metternich
et le projet prussien de Constitution de l'Allemagne. Portrait de Dalberg.
Sa parenté avec Brignole.
Brignole doit recevoir ces jours-ci deux millions à employer
principalement à gagner le prince de Metternich à la cause
de Gênes et les traites sont, paraît-il, déjà en route. En atten-
dant, Metternich ne semble pas bien disposé en faveur de
Gênes. On affirme qu'il aurait dit à Brignole que c'était déjà
chose décidée et que Gênes serait attribué au roi deSardaigne(2).
Castlereagh ne lui a pas donné une réponse catégorique. Bri-
gnole espère être plus heureux auprès d'un autre diplomate
anglais, Lamb (3), si je ne me trompe.
L'Espagne marchera complètement d'accord avec la France
l.Un autre rapport, en date du même jour, de Gœhausen à Hager F. 1,3894
ad 3565) était tout entier consacré à l'arrivée imminente du prince Adam
Czartoryski et à l'espoir que les Polonais fondaient sur lui.
2. Le deuxième article secret des traités de Paris du 30 mai 1814.
3. Ministre plénipotentiaire ad intérim à Vienne jusqu'à l'arrivée de lord
Charles Stewart.
148 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
et il semble que les deux pays ont fait revivre leurs anciens
traités (1).
C'est à Berlin qu'on a élaboré<le projet de la Constitution
future de l'Allemagne qu'Hardenberg a remis à Metternich
qui l'a médiocrement goûté. On raconte qu'il aurait passé ce
très gros projet aux conseillers de la Chancellerie d'Etat en
les invitant à lui faire connaître dans les vingt-quatre heures
ce qu'ils en pensent.
On regrette vivement que dans des circonstances aussi gra-
ves il n'y ait plus à la Chancellerie d'Etat ni un Leykam, ni
un Lehrbach, ni un Deiser (2).
On y trouve assurément des hommes connaissant à merveille
la constitution et la législation administrative de l'Empire al-
lemand, mais il n'en est aucun qui se rende un compte exact
des intérêts de la Maison d'Autriche dans une pareille con-
joncture et qui soit en mesure de travailler conformément aux
principes du système qu'on avait eu la sagesse d'adopter.
Le Sénateur Dalberg, le neveu de l'infâme coadjuteur, est
arrivé ici avec Talleyrand. Le jeune Dalberg, au fond bien dis-
posé pour l'Autriche, a dû être pour son oncle un informateur
des plus précieux. Tant par lui-même que par son oncle qui
vit encore, Dalberg se trouve être à peu près le seul diplomate
étranger qui connaisse assez bien les relations et le système
politique de la maison d'Autriche et de l'Empire allemand. Il
y a donc dans les circonstances présentes, et en raison même de
ce fait, tout intérêt à le gagner. C'est un homme de talent
ayant des connaissances et un savoir assez étendu. Mais il est
léger. En revanche il n'est pas méchant et pendant longtemps
même il n'a nullement partagé les idées et les principes de son
oncle. Sa femme est la fille ou la nièce du Génois Brignole(3),
et il y a pour cette raison tout lieu de penser que ce dernier se
servira de Dalberg pour chercher à assurer la réussite de ses
projets.
1. En attendant il n'y avait entre la France et l'Espagne que le traité du
20 juillet 1814. JB
2. Anciens conseillers de la Chancellerie d'Etat. "WB
3. Dalberg était le beau-frère de Brignole et le gendre de la dame d'honneur '
de Marie-Louise, puisqu'il avait épousé le 27 février 1808 Marie-Pellegrina-
Thérèse-Gatherine de Brignole Sale, fille du Marquis de Brignole-Sale et d'Anne-
Marie Gasparde-Vincente Fieri comtesse de Brignole et de l'Empire. La du-
chesse de Dalberg était la sœur du marquis Brignole, qui fut ambassadeur de • '
Sardaigne à Paris, et de la comtesse Marescalchi.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 149
188. Vienne, 27 septembre 1814 (F. 1. 3972 ad 3565).
Rapport à HAGER
Dalberg et son oncle le prince-primat. La pension de ce dernier et la lettre
de Metternich à Gaulaincourt. Ses alliances, ses parentés à Vienne et en
Italie. Sa situation personoelle, sa position par rapport à ïalleyrand. La
valeur politique du baron Pulïendorf. Les comtes Degenfeld et Sickingen.
Voici ce que Dalberg m'a dit : « On nous a calomniés, moi
et mon oncle (le prince-primat) (1) et personne n'a agi plus
loyalement et plus correctement que nous par rapport à l'Al-
lemagne. Berlin a trahi et sacrifié TAllemagne moyennant la
cession de Mayence et de la rive gauche du Rhin en échange
de Venise quW laissait à l'Autriche (2). Nous avons encore en
mains une lettre originale de la mi-mars de cette année dans
laquelle Metternich conjure Gaulaincourt de tout mettre en
œuvre pour maintenir Napoléon sur son trône. Nous en ferons
usage à Vienne et nous obtiendrons la pension qui est due
au Primat (3). La Bavière nous Ta promis. »
Le duc de Dalberg, dont le père est le frère de la comtesse
von der Leyen, mère de la comtesse Schœborn-Leyen (de
Vienne), a par les Schoenborn-Leyen de Vienne, par les Schoen-
born-Stadion, également de Vienne (dont la petite fille est
M"' de Tascher à Paris), parle fief jadis immédiat d'Herrens-
heim près de W^orms appartenant à la famille de Dalberg, par
la seigneurie de Bliescastel (près de Trêves) sur la rive gau-
che du Rhin, appartenant aux comtes von der Leyen, parles
créatures que le Primat a fourrées dans les bureaux de l'an-
cienne chancellerie d'Empire et dans les couvents et chapitres
qui jouissaient jadis de l'immédiateté, par les savants et les
1. Dalberg (Charles prince de) (1744-1817). Entré dans les ordres, devenu
en 1772 conseiller intime de l'électeur de Mayence, puis gouverneur d'Erfurt,
coadjuteur de rarchovêque de Mayence auquel il succéda en 1802, nommé
ensuite archi-chancelier de l'Empire, il dut se démettre de cette dignité en
1806 et fut en compensation nommé par Napoléon prince-primat de la Con-
fédération du Rhin, prince souverain de Ratisbonne, grand duc de Fulde et
de Hanau. Le prince-primat avait été nommé prince souverain d'Aschaffen-
burg, Francfort et Wetzlar par l'Empereur au moment de la formation de la
confédération du Rhin.
2. Il s'agit de la dépêche de Metternich à Gaulaincourt du 18 mars 1814.
3. Le prince-primat obtint en effet une pension de 100.000 florins. (Cf. Acte
final du Congrès.)
150 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
écrivains qui gravitent presque tous autour du primat, par
les puissantes relations qu^il a à la cour de Berlin, avec le duc
de Wurtemberg, avec Stein, avec toutes les Cours protes-
tantes, par ses alliances avec les familles Elz, Pergen et même
Metterniclî, une situation personnelle si particulièrement forte
qu'il se flatte de pouvoir jouer un grand rôle, d'exercer une
influence considérable tant à la Cour de Vienne qu'au Con-
grès. Si l'on se tourne du côté de lltalie, on voit que Dalberg
y a aussi, par la maison de Brignole et par Gênes, une situa-
tion à part. Dalberg est le premier espion, le premier agent
de Talleyrand, et c'est pour cela qu'on l'a gratifié du titre
d'A 7nbassadeur extraordinaire de France au Congrès de Vienne.
Dalberg m'a dit à moi-même : « Talleyrand et moi, nous
sommes collègues ; mais je suis le subordonné du prince qui,
en sa qualité de ministre des Affaires étrangères, me donne
des instructions par écrit, et se prononce sur les rapports que
je lui fais ou lui remets. »
J'ai cru utile et intéressant de vous exposer cette singulière
situation de Talleyrand et de Dalberg, telle qu'elle m'a été
décrite par ce dernier.
Dalberg a encore ajouté : « Nous attendons avec impatience
Montgelas (l).Nous n'aimons ni Humboldt,ni Metternich.Tout
va bien pour l'Impératrice Marie-Louise au Congrès; mais on
le doit uniquement à lord Castlereagh qui est un homme froid,
raisonnant tranquillement, réfléchi, un homme tout à fait par-
fait. » C'est ainsi que parla M. le duc de Dalberg.
Le comte Max Degenfeld, qui a été dans le temps Reichs-
Hofrath à Vienne, dont la femme est née Teleki et qui a pour
gendre le comte Solms-Laubach, mari d'une Degenfeld, est
arrivé avant-hier à Vienne et ne manque pas d'aller l'après-midi
et le soir chez Puffendorf où se réunissent pour y préparer leur
plans et leurs batteries tous les princes médiatisés ainsi que
les membres secondaires et inférieurs de l'ancien Empire alle-
mand et où l'on conspire contre les rois et souverains de la
1. Le comte de Montgelas ne quitta pas Munich et n'assista à aucune des
séances du Conjurés.
Montgelas (Maximilien-Germain, baron de) (1759-1838), conseiller auliqu^
de Bavière, 1799, ministre des Affaires Etrangères, puis des Finances et des
l'Intérieur, 1806, fait comte en 1810, en opposition avec le roi dont il n'ap-J
prouvait pas le projet de donner une Constitution à la Bavière, il prit sa re-«
traite en 1817, mais il n'en devint pas moins Vice-président des Chambres
en 1831.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 151
ci-devant Confédération du Rhin, et contre les projets de la
Prusse. Le comte Degenfeld est le bras droit et le porte-parole
de Solms-Laubach. Toute cette coterie est aussi active que
nombreuse. Elle a des espions dans toutes les cours, dans tou-
tes les maisons.
C'est chez Puffendorf qu'on a dit et qu'on répète : QueTalley-
rand ne se gêne pas pour déclarer qu'il s'efforcera avant tout
de semer la discorde entre la Russie, l'Autriche et la Prusse.
Le comte Sickingen (i) vient très fréquemment chez le baron
Thugut, où l'on disait hier : 1" que les rapports étaient très
tendus et très aigus entre les souverains alliés, et que d'au-
tre part les médiatisés étaient de plus en plus montés contre
la Prusse et les souverains de l'ex-confédération du Rhin ;
2' qu'on se demandait quel était le but du Congrès, quels
seraient les Etats qui auront le droit de vote, quel sera le
Mociiis deliberandi et concludendi.
Tout est bien obscur et bien confus.
189. Saint-Pétersbourg, 19 septembre 1814 (F. 1. 3972 ad 3565).
WINTZINGERODE au ROI DE WURTEMBERG
{intercepta en français).
Cause du faux bruit de mobilisation qu'on a fait courir à Saint-Pétersbourg.
Preuves des intentions pacifiques d'Alexandre. Epuisement des ressources
du recrutement des cosaques.
Hier on a fait circuler le bruit que tous les généraux et offi-
ciers auraient reçu ordre de se rendre à leur poste. Cette
nouvelle est entièrement fausse et ne peut avoir eu aucun
autre fondement qu'un voyage de peu de jours que le général
Wittgenstein se propose de faire à Mittau.
Si les dispositions pacifiques de l'Empereur Alexandre avaient
besoin de preuves, on en trouverait de nouvelles dans l'enga-
gement pris avec son peuple de ne point lever de recrues
cette année et dans Tordre donné à tous les Cosaques de ren-
trer dans leurs foyers où ils sont déjà en grande partie arrivés.
On m'assure qu'ils ont beaucoup perdu et ne pourront de long-
temps renouveler l'effort qu'ils viennent de faire. Leurs peu-
1. Chambellan, ami intime et confiienl de l'Empereur François.
1S2 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
plades sont moins nombreuses qu'on ne le croit et les derniers
renforts qu'elles envoyèrent pendant la dernière guerre n'étaient
composés que des pères de ceux qui j étaient déjà.
190. Vienne, 28 septembre F. 1. 3972 ad 3565).
Rapport à HAGER
Sa connaissance avec Anstett. Ses sentiments autrefois et aujourd'hui. La
question de Pologne. Le cei'cle de TarnopoL Son antipathie pour les Russes
et la Russie. Ses rapports avec Alexandre Son jugement sur Nesselrode.
Les sentiments et les déceptions d'Anstett. Gomment on poui-rait en tirer
parti.
Nous avons souvent de longues conversations confidentielles
et intimes sur la situation politique. J'avais naguère trouvé
dans Anstett un ennemi déclaré de Napoléon et un chaud par-
tisan et ami de la Maison d'Autriche. Il me fit lire plus d'une
fois les rapports qu'il rédigeait dans ce sens et le revirement
apparent de la politique russe ainsi que l'entrevue d'Erfurt le
plongèrent dans un profond chagrin. Depuis le moment où il
partit de Vienne en 1809 à l'approche des Français, je ne le
revis plus qu'au mois de juillet de cette année, lorsque, lors
de mon retour d'Angleterre, il me fit plusieurs visites. Je ne
tardai pas à remarquer qu'il avait complètement changé d'idées
et d'opinions. Il me dit qu'il se rendait à Kock (1), pour y voir
sa femme et s'acquitter d'une mission de son Empereur à
Varsovie. Il ne me cacha pas que le rétablissement du royaume
de Pologne sous la domination de la Russie ne faisait plus
l'ombre d'un doute. « Ce sera là, me dit-il, la première propo-
sition que nous ferons au Congrès. Si, de votre côté, on refuse
de l'accepter, nous ferons nos paquets et le Congrès aura
vécu. »
Depuis son retour à Vienne, je le vois plusieurs fois tous
les jours. Il me témoigne beaucoup de confiance et me parle
volontiers de ses affaires. Pour ce qui est de la Pologne, il me
donna à entendre que son Empereur n'avait en rien modifié
ses idées. Il n'avait pas été à Varsovie, uniquement parce
qu'on avait pris le parti d'endormir notre Cour et de lui don-
1. Pi'opriété appartenant à Anstett.
BES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 153
ner le change. En revanche, il avait été à Pulawy (1), ce qu'il
savait déjà lors de son passage ici, mais dont il ne parla pas,
afin d'éviter de provoquer ici des inquiétudes prématurées. Il
ne me dissimula pas les velléités belliqueuses de son Empe-
reur tout disposé à partir de suite en guerre et la peine qu'on
avait eu à le retenir. Hier encore, il me disait combien il dé-
plorait le rétablissement projeté de la Pologne sous le sceptre
russe et reconnut l'impossibilité pour notre Cour de tolérer
un voisinage aussi dangereux. « Que voulez-vous, ajouta-t-il,
nous vous tenons déjà par la gorge, grâce à la prise de pos-
session du cercle de Tarnopol. »
« C'est précisément pour cette raison, répondis-je, que la
Russie devrait nous restituer ce territoire que Napoléon nous
a arraché par la violence et dont nous avons absolument be-
soin. »
— « En aucun cas, répliqua-t-il, et quoi qu'il arrive, nous
ne vous en rendrons jamais le plus petit village. La posses-
sion de ce territoire est trop importante pour nous. De là, nous
pouvons être en dix-huit heures à Lemberg. »
Nous parlâmes ensuite de la possibilité d'une invasion russe,
et il affirma à ce propos à ma femme qui assistait à notre en-
tretien que les troupes russes se conduiraient incomparable-
ment mieux que les Français. Tel est le langage hostile qu'il
ne cesse de tenir en me parlant avec la plus grande confiance
et dans la plus stricte intimité.
Pour ce qui est de ses sentiments personnels, il ne fait pas
un mystère de son antipathie pour la Russie et le peuple russe.
Pour rien au monde, il ne voudrait vivre en Russie. Il m^a
avoué que, tant que la guerre a duré et tant que l'Empereur
a été dans l'embarras et aux prises avec de sérieuses difficul-
tés, il avait joui d'une faveur toute particulière, mais que de-
puis que tout marche mieux, on était singulièrement moins
chaud envers lui. L'Empereur, malgré cela, continuait à lui
donner des ordres directs, des instructions confidentielles et
des témoignages assez fréquents de sa confiance et de son ami-
tié. Il a été, me dit-il encore, très flatté de voir dimanche
dernier, Alexandre, lorsqu'il passa par ses antichambres, ve-
nir droit à lui et lui parler à lui le premier. 11 me raconta que
TEmpereur s'était arrêté pendant plusieurs heures, chez lui,
1. Terre et château appartenant à Czartoryski.
154 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
à Kock, qu'il avait fait appeler, sans pouvoir toutefois l'at-
tendre, sa femme qui se trouvait à Terespol pour raison de
santé, qu'Alexandre avait plaisanté avec lui et lui avait même
tapé sur le ventre. Il ajouta, non sans un certain orgueil, que
le lendemain, 1 Empereur lui avait fait dire qu'il comptait le
voir auprès de lui au moment où il présenterait sa suite, dont
il le considérait comme un des membres.
Mais aujourd'hui, lorsqu'il rentra à midi, il me dit que ses
rapports avec l'Empereur étaient tendus, mais que c'était lui
qui boudait parce qu'il voulait montrer à Alexandre qu'il
n'était pas homme à se laisser marcher sur les pieds. « Mais,
ajouta- t-il, ce sont là des nuages qui passent, et tout cela
change d'un jour à l'autre. »
Dès son arrivée, il me laissa voir qu'il était loin d'approu-
ver la nomination de Nesselrode comme représentant de la
Russie au Congrès. Il m'en parla dans des termes très carac-
téristiques, fait peu de cas de lui, le tient pour un homme sans
intelligence, sans esprit, sans instruction, mais profondément
rusé et très habile en tout ce qui le touche personnellement.
Il m'a dit que quant à lui il était bien décidé à ne rien faire
au Congrès, à laisser ce pauvre hère se tirer d'affaire à lui
tout seul ; puis, que lorsqu'il serait tout à fait embourbé, il
sortirait, lui, un nouveau projet grâce auquel il espérait con-
cilier tous les intérêts et qui serait certainement fort du goût
de notre Cour. Mais depuis lors il m'a dit, sans plus tenir
compte de ses résolutions, qu'il avait déjà pris part aux tra-
vaux du Congrès et préparé bien des choses. Sa bouderie avec
l'Empereur est probablement la conséquence de sa jalousie à
cause de Nesselrode.
Me parlant de notre Cour, il m'a dit qu'il savait bien que
notre Empereur le haïssait et que Metternich le redoutait. Il ^
m'a raconté que Metternich avait évidemment voulu le tenter
lorsque en juillet dernier, lors de son passage ici, il lui fit of- j
frir la croix de commandeur de l'Ordre de Léopold. « Si, me
dit-il, je l'avais acceptée à ce moment, j'aurais à tout jamais
perdu la confiance de mon Empereur qui m'aurait soupçonné
de m'être vendu à TAutriche. » C'était là ce que voulait votre
Cour désireuse de m'éloigner des affaires et de ruiner mon in-
fluence. Je m'aperçus du piège qu'on me tendait et refusai cette
distinction que j'aurais acceptée un peu plus tôt à Paris et que
je saurai encore apprécier plus tard après la fin du Congrès.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 155
11 se plaignit de ce qu'à l'exception d'une tabatière valant
une centaine de ducats, notre Cour ne lui avait fait aucun pré-
sent après la démarcation de Tarnopol(l) et que notre Empe-
reur, qui ne lui avait jamais adressé un seul mot, ne l'avait
jamais honoré même d'un regard. Il avait cependant, lors de
ces opérations, rendu plus de services à notre Cour qu'à la
sienne qui sans lui aurait pris 57.000 âmes de plus. On l'avait
iortement attaqué à ce propos et il avait eu grande peine à se
justifier. J'ai tout lieu de croire que ces faits ont puissamment
contribué au revirement que j'ai remarqué dans ses idées et
> sentiments. Je crois qu'il serait fort possible de s'attacher
î homme, non pas à prix d'argent, non pas en le corrom-
pant bien que sa propriété de Kock lui cause de gros embar-
ras financiers. Il est trop fier, trop fin, trop avisé pour se lais-
ser acheter ; mais son côté faible est la vanité. Il veut être
llatté, adulé, honoré. Quelques mots gracieux de notre Empe-
reur, quelques attentions particulières du Ministre ne man-
({ueraient pas le but. Il n'aime ni la Russie, ni la guerre, ni le
service de l'Etat. Il n'aspire qu'au repos et désire jouir de la
vie.
Me conformant aux instructions qui m'ont été données, je
considère comme un devoir sacré de patriote et de citoyen
d'observer de près ses faits et gestes et d'en rendre exacte-
ment compte, mais avec un homme aussi fin que lui, il me
faut être extrêmement circonspect et me garder de toute im-
portunité, de toute curiosité un peu trop pressante. Il n'est
pas facile de le faire parler. Mais il aime au contraire beaucoup
s'épancher. Il me serait plus facile de lui insinuer quelque idée
que de vouloir lui donner une commission, quelle qu'elle pût
être.
191. Vienne, 30 septembre 1814.
HAGER à L'EMPEREUR (F. 1.3894 ad 3565
Renseignements sur la suite d'Alexandre I". Ouvaroff.
Kisseleff. Tchernitcheff. Ojarowski.
1. Négociations relatives à la délimitation de la Galicie en 1810. Cf. Mar-
TENs, Recueil, etc., III. Pages 37 et suivantes.
156 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Ouvaroff(l) est le véritable homme d'affaires d^ Alexandre.
Kisseleff (2) est un de ses aides de camp. Le général Tchernit-
cheff a été de la part de son maître chez la Princesse Bagra-
tion (3), la duchesse de Sagan (4), la princesse Trauttmans-
dorff (5) et chez le comte Stackelberg. On cherchera à savoir
ce qu'il y avait dans les lettres qu'il a rapportées et dans celle
qu'il a remises ou fait remettre.
Ojarow^ski (6), aide de camp général, fréquente assidûment
chez la princesse Bagration dont il serait le parent.
192. Vienne, 28 septembre 1814 (F. 1. 3894 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Autre son de cloche sur la Pologne. Bruit de rappel du grand-duc Constan-
tin.Les officiers prussiens mécontents des Russes. L'entourage de Harden-
berg.Zerboni di Sposetti. La Prusse aura la Saxe et les provinces du Rhin.
Kleist et Gneisenau.
D'après une autre note basée, sur des renseignements don-
nés par Serracapriola, Alexandre se relâcherait sensiblement
sur la question du rétablissement de la Pologne et se borne-
rait à exiger une bonne frontière militaire. Il aurait rappelé le
grand-duc Constantin (7) en route pour Varsovie où il devait
former et inspecter les nouveaux régiments polonais.
J'ai vu plusieurs Prussiens, entre autres les aides de camp
du roi, celui du prince Guillaume (8), le lieutenant -colonel
1. Ouvarofî (Fédor Petrovitch) général russe né en 1769, mort en 1824, prit
part à la conspiration qui coûta la vie au tsar Paul I" et se distingua dans les
campagnes contre la France en 1805 et en 1814 et contre la Turquie. C'est lui
que la baronne du Montet appelle dans ses souvenirs « cet étrangleur d'Empe-
reur » mais en réalité ce surnom avait été donné à Ouvarofî par le prince de
Ligne. Cf. annexe XVIL
2. Kisselefî, aide de camp d'Alexandre I", à ce moment capitaine.
3. Princesse Bagration. Cf. annexe X.
4 Duchesse de Sagan. Cf. annexe XL
5. La femme du grand maitre de la cour d'Autriche, née princesse Car
Une CoUoredo.
6. Beau-frère de la princesse Bagration, dont il avait épousé la sœur.
7. Le grand-duc Constantin arriva à Vienne le 9 octobre au matin.
8. Guillaume de Prusse, le quatrième fils de Frédéric-Guillaume II, prit tti
part active aux campagnes de 1806, 1813, 1814 et devint en 1831 gouverneur
des provinces rhénanes.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 157
Rûhle (1), de l'état-major, attaché au chancelier et servant d'in-
termédiaire entre lui, Stein et Gneisenau, le colonel L... et
autres. Tous affectent de désirer la bonne intelligence entre
les deux cours. Ils sont mécontents des Russes et se plaignent
de Tarrogance de l'entourage d'Alexandre.
Le chancelier (Hardenberg) est mal entouré. Zsrboni di Spo-
setti (2) est un des coryphées de l'ordre, mais je crois que ce
sont des gens qu'on peut avoir pour soi quand on le veut
sérieusement.
Les Prussiens regardent pour sûr qu'ils auront la Saxe et
qu'ils garderont les provinces ultra-rhénanes auxquelles ils
attachent cependant moins de prix à cause de leur éloignement.
Le général Kleist (3), commandant l'armée du Rhin, deviendrait
gouverneur de la Saxe et serait remplacé par Gneisenau (4).
Gela semble probable, ce dernier ayant toujours eu des rap-
ports très suivis avec l'Angleterre.
193. Vienne, 28 septembre 1814 (F. 1. 3894 ad 3565).
GOEHAUSEN à HAGER.
.a constitution future de l'Allemagne. L'opposition des ministres et des
Etats Secondaires. Les groupes d'opposition. La note du comte de West-
phalen.
On est encore loin de s'être mis d'accord sur les projets de
jonstitution de l'Allemagne. Les grandes puissances, et sur-
1. Ne serait-ce pas plutôt le lieutenant-colonel von Thiele de la suite du
oi.
2. Zerboni di Sposetti, néà Breslau en 1766, d'origine italienne, fit ses études
ihcz les Jésuites et à l'université de Halle où il suivit les cours de droit. Au
ut de sa carrière, il fut connu pour ses principes libéraux et dénoncé à
propos. Zerboni, qui avait été exilé par ordre de Frédéric-Guillaume II et
iUcrmé à Glatz le 17 septembre 1796, ne fut remis en liberté que par Frédé-
ric-Guillaume III. Conseiller intime actuel pendant le Congrès de Vienne,
1 lut adjoint comme Président supérieur du grand duché de Posen au prince
Antoine Radziwill, nommé Statthalter par lettres patentes de Frédéric-Guil-
ine III en date du 3 mai 1816. (Cf. Lipinska. Le grand duché de Posen de
:■> à 1830 )
3. Kleist von Nollendorf (Emile-Frédéric, comte) (1762-1823) se distingua
urtout à Kulm et devint après la campagne de 1815 gouverneur général de
partie prussienne de la Saxe.
4. Gneisenau (Auguste, Neidhard, comte de) (1760 -1831) feld-maréchal prus-
en, le chef d'état-major de Bliicher.
138 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
tout la Prusse, ont proposé de diviser l'Allemagne en six cer-
cles à la tête de chacun desquels serait placé un directeur de
cercle, organisation qui ferait complètement disparaître les
Maisons princières de moindre importance. Ces maisons sont
par suite nettement hostiles à un pareil projet et une douzaine
de députés, presque tous au courant de l'ancienne organisation,
se réunissent fréquemment chez le conseiller intime de léga-
tion de Mecklemburg-Schwerin, le comte von Dietrich za
Erbmannszahl.
Ils sont tous intimement convaincus que TAllemagne ne
peut exister, ne peut être forte et puissante que sous un che£
unique et puissant qui ne saurait être autre que l'EmpereuB
d'Autriche et qu'on doit s'opposer à tout morcellement, dont
la conséquence forcée serait à brève échéance Fabsorption dea
petits Etats Secondaires et des petites Maisons princières par-
les plus puissants et les plus gros. Parmi ces députés on
remarque le conseiller aulique Martens, de Hanovre, le syn-
dic Gries,de Hambourg, le sénateur Schmidt, de Brème, Lepel,
de la Hesse électorale, Schmid von Phiseldeck, de Brunswick,
Mutzenbecher d'Oldenbourg, Von Plessen, de Mecklembourg-
Schwerin, Fischler von Treuberg, de Saxe-Gobourg, von
Schmitz, de Leiningen et le conseiller aulique Sartorius, de
Saxe-Weimar.
Il paraît qu'il va se former un autre groupe du même genre
auquel appartiendront des députés d'Etats plus conséquents
et qui eux aussi ne veulent se rallier qu'à la Maison Impériale.
On désire même que le père du prince de Metternich (1) prenne
la présidence de ce nouveau groupe auquel son nom et cette
attache donneraient un surcroît de prestige.
C'est encore dans ce sens que le comte de Westphalen en sa
qualité d'ancien Burggraff de Friedberg (2), a, au nom de qua-
rante-cinq familles de vieille noblesse, remis un mémoire (3)daiis
lequel il demandait le rétablissement du Burggravial impérial
du Rhin qu'on a fait disparaître pour le jeter dans les mains
du grand-duc de Hesse.
1. Metternich-Winneburg (François-Joseph-Georges-Charles, prince de
(1746-1818), père du chancelier d'Autriche.
2. Friedberg in der Wetterau.
3. Cf. Kliiber. Kkten des Wiener Congress, IV, 40.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 159
194. Vienne, 28 septembre 1814 (F. I. 3894 ad 3565).
Rapport à HAGER
L entente nécessaire entre l'Autriche et la Prusse. Flardenberg décidé à sou-
tenir la politique autrichienne. Les rois de Prusse et de Wurtemberg. Le
prince royal de Wurtemberg. Stein. Anstett. Le Roi de Danemark.
Le Conseiller intime de légation Jordan m'a déclaré que
Tunion intime de l'Autriche et de la Prusse était une chose
qui s'imposait ; que le prince de Hardenberg était foncièrement
dévoué à Metternich et que par conséquent celui-ci pouvait
être sûr que la Prusse appuyer'ait sans réserve aucune toute
proposition faite par l'Autriche, surtout celles qui auront trait
à TAllemagne.
Le roi de Prusse est très satisfait de l'accueil qui lui a été
fait par l'Empereur et très flatté de l'assurance qu'on a eu
l'adresse de lui donner qu'il a fait sur le public viennois plus
d'effet que l'Empereur Alexandre lui-même.
Le roi de Wurtemberg ne paraît pas être satisfait de son
séjour ici. Son mécontentement pourrait bien être la résul-
tante de l'état d'esprit de son entourage et en particulier de son
favori et aide de camp général, le baron Dillen (1). 11 serait en
conséquence utile de surveiller les faits et gestes de ce dernier.
1. Suite du roi de Wurtemberg, Comte de Wintzingerode, ministre d'Etat
et de conférence (habite près du Rothe-Thurm, maison Miiller).
Comte de Goerlitz, grand écuyer et chambellan (Biirgerspitalin» 1266,5° cour
8' escalier, 1" étage à droite).
Comte de Dillen, général-lieutenant (à la Burg. Amalienhof, au 1" étage).
S. A. le prince de Hohenlohe, aide de camp du roi (Stock im Eisenpiatz,
n" 92, maison Baldausi, au 2" étage).
Comte de Sontheihi, chambellan (habite au même endroit que le comte de
Gœrlitz).
Général-major de Breuning (à la Burg. Amalienhof, 1" étage).
De Licvreville chambellan, (Biirgerspital 1" cour, l"' escalier, 3" étage à
'iche).
; )e Kohlhaas, Conseiller de légation (à la Burg, bâtiment principal, n' 30).
De PfeifTer, secrétaire intime de cabinet (habite avec M. de Liêvreville).
De Hardegg, médecin du roi (à la Burg, Chancellerie impériale, 3» étage,
■25).
>e Bitzer, Geheimer-Registrator (à la Burg, bâtiment principal n° 30).
!'e Degen, Hofkammerrath (à la Burg, bâtiment principal, n" 34). Cf. Oes-
reichischer Beobachter,lô octobre 1814, 1572 et Chronik des Wiener Kon-
sses, 123.
160 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
On connaît les sentiments, essentiellement favorables à notre
Cour, du prince royal.
C'est la forme bien plus que le fond qui chez le baron Stein
donne prise à la critique. Habitué à combattre les principes et
les idées révolutionnaires, il est tombé d'un extrême dans l'autre
et ne parvient que petit à petit à recourir à des procédés plus
doux et à se départir de sa roideur et de son inflexibilité. Ses
intentions et ses visées sont parfaites ; mais les moyens qu'il
emploie pour arriver à son but sont rudes. On le soupçonne,
l'accuse même, mais à tort, de jacobinisme alors qu'il n'a en réa-
lité péché que par la forme. Il n'en est pas de même de ceux
qui l'entourent. Ceux-là sont réellement portés au mal et ils
abusent par trop souvent de la vivacité et de l'irritabilité de
leur chef. Anstett est et reste ce qu'il a toujours été.
Le roi de Danemark semble avoir été tout à fait séduit et
gagné par Metternich, qui pourra à l'avenir compter en toutes
circonstances sur lui, vu qu'il y a en Europe peu de princes
ayant autant de fermeté de caractère et autant de droiture que
le roi de Danemark. ..
195. Vienne, 29 septembre 1814 (F. 1. 3894 ad 3565). |
Rapport à HAGER (en français).
Effectifs disponibles des Prussiens et des Russes en Silésie et en Pologne. Le
prince Antoine de Saxe peu satisfait du résultat de ses visites chez Alexandre
et chez le roi de Prusse. L'esprit public en Prusse et les sympathies du
roi.
Les Russes et les Prussiens auraient en Silésie et à Varsovie
230.000 hommes prêts à marcher sur Vienne où ils arriveraient
en dix-sept jours, si le Congrès ne leur donnait pas satisfac-
tion.
Le prince Antoine de Saxe est allé le 26 avec sa femme (1)
chez l'empereur Alexandre qui leur a dit que pour conserver
la Pologne il céderait la Saxe à la Prusse, mais qu'il serait
1. Prince Antoine de Saxe, né le 27 décembre 1755, marié d'abord à Marie-
Charlotte, fille de Léopold II, morte en 1782, puis en 1787 à Marie-Thérèse,
archiduchesse d'Autriche, née le 17 janvier 1767, sœur de l'Empereur Fran-
çois 1" et de sa première femme.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS IGl
bien heureux de trouver un autre moyen d'indemniser la Prusse,
s'il y en avait un.
Là-dessus il a congédié le prince Antoine qui est allé chez
le roi de Prusse. Il a été reçu de telle façon que malgré la dou-
ceur de son caractère il n'a pu s'empêcher de faire un éclat et
s'est retiré immédiatement.
La plupart des Prussiens et des habitants des pays d'Em-
pire n'ont qu'un seul désir, celui de voir l'Allemagne ne former,
au moins sous le rapport de l'armée, qu'un seul tout afin d'évi-
ter ainsi le retour des catastrophes par lesquelles ils viennent
de passer. Mais tout le monde sait et reconnaît que le roi ne
voit que par les yeux de l'Empereur de Russie et que sans le
consentement et l'approbation d'Alexandre on n'aurait guère
de chances de le décider à faire un pareil pas.
196. Vienne, le 29 septembre, soir (F. 1. 3894 ad 3565).
Rapport à HAGER
Surveillance de Hardenberg pendant les journées des 28 et 39 septembre.
Hardenberg a travaillé toute la journée du 28 avec Stein et
a expédié le soir un gros courrier. Il a eu de six à neuf heures
un entretien avec Stein, Humboldt et Knesebeck.
11 a travaillé, le 29, de huit heures du matin à une heure
avec le général Knesebeck et le conseiller intime Jordan et s'est
rendu ensuite à la conférence tenue chez Metternich.
197. Vienne, 29 septembre 1814 (F. 1.3894 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français)
Sur La Harpe. — Appréciations du prince de Ligne sur La Harpe, sur les Suis-
ses, sur les intentions et les appétits de la Prusse, sur les craintes que lui
inspirent les visées de la Prusse.
Au nombre des étrangers qui furent hier 28 chez le prince
le Ligne se trouvaient Talleyrand, La Harpe, le duc de Wei-
lar, Humboldt, et plus de vingt autres personnes. Voici
îomment le prince s'exprima sur La Harpe ;
T. I. 11
162 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Après avoir exposé comment il fit sa connaissanee à Péters-
bourg et ce qu'il avait dit alors à l'Impératrice, il ajouta :
«Combien je fus surpris de voir donner une mission à La Harpe
pour l'Angleterre et être porteur d'une lettre écrite dans ces
derniers temps par l'Empereur de Russie à un Suisse, ami de
La Harpe. A présent, La Harpe présente tous ses compatriotes
à l'Empereur, les protège et il sera bien difficile de se défaire
d'eux. Ils disent ouvertement qu'ils craignent l'Autriche, qu'il
ne faut pas se jeter à l'Autriche... Et pourquoi cela, ces mes-*
sieurs en seront-ils plus savants s'ils ne portent plus le bon-
net républicain ?
« Quant aux affaires présentes, soyons vrais. On ne sait rien
encore ou ce qu'on sait de plus vrai, c'est que la Prusse est
toujours de grand appétit et qu'elle emploie même sa force
comme dans la dernière affaire de Namur (1). L'Empire n'aura-
t-il qu'un chef, ou bien verrons-nous l'Allemagne partagée en
deux grands départements : Celui du midi et du nord? En pro-
nonçant ce dernier, on conçoit d'abord qu'il sera question du
roi de Prusse. Le bon prince, il se plaçait à Teplitz sur mon
lit. Il laisse même tout faire à ses ministres parmi lesquels règne
absolument l'esprit de Frédéric. > '
Le rapport se termine par ces mots : « Le prince de Ligne,
comme il conste de cette conversation, craint beaucoup les
menées de la Prusse. »
198. Vienne, 29 septembe 1814 (F. 1.3894 ad 3565).
Sch...à HAGER.
Solms-Laubach prétend que Metternich et Hardenberg se seraient mis d'ac-
cord sur les propositions à faire aux princes médiatisés.
I
D'après les dires du comte de Solms-Laubach, Metternich et
Hardenberg seraient d'accord sur les principaux points, mais
on aurait établi un projet relatif aux princes médiatisés qui
leur serait moins favorable que le projet prussien.
1. Allusion à la répression de la révolte des troupes saxonnes.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 163
199. Vienne, 29 septembre 1814 (F. 1.3894 ad 356a).
à HAGER.
Il serait utile de faire surveiller le conseiller intime bavarois Bœhnen, son
portrait, ses relations. — Les Médiatisés.
Il serait utile de faire surveiller le conseiller secret bavarois
Bœhnen (1), très lié avec Montgelaset Wrede et très probable-
ment l'agent secret de Montgelas. Bœhnen est l'ennemi person-
lelduroi deWurtemberg.G'estun grand agitateur et tripoteur.
Il a hérité d'une grosse somme de la duchesse de Wurtemberg
I alias Comtesse Hohenheim), dont sa femme est la nièce et est
[),rès intime avec la princesse Colloredo Mansfeld.
I Le comte de Solms et le comte Degenfeld ont l'air radieux.
Js disent que l'affaire des médiatisés va bien.
!J200. Vienne, 29 septembre 1814 (F. 1.3894 ad 3565).
à HAGER.
de et Koch. — Les Médiatisés. — L'Autriche et les nouveaux souverains
allemands. — Les différentes constellations en Allemagne. Les ambassades
russes et prussiennes. — Talleyrand, Dalberg, Castlereagh, Salmour, Saint-
Marsan. — Les rois de Wurtemberg et de Bavière.
Le conseiller de légation bavarois von Koch a été placé
uprès du Maréchal Wrede en qualité de faiseur et de souf-
reur [sic).
Les Médiatisés s'attachent, presque à l'unanimité, à l'Autriche
veulent grâce à sa protection briser, ou en tout cas relâcher
liens qui les tiennent sous la coupe des nouveaux souverains,
eux-ci, qui soit depuis 1805, soit depuis 1809, ont organisé
urs gouvernements, qui ont signé des traités de paix et d'al-
ance, ne veulent se laisser arracher ni laissa imposer quoi
ue ce soit autrement que de gré à gré. De là, des luttes, des
'oissements:«) des grandes puissances entre elles ; è)des puis-
mces de deuxième et troisième ordre, d'une part, contre les
Voir pour plus de détails le rapport sur Bœhnen fourni par Gœhausen à
date du 3 octobre
164 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
puissances prépondérantes, de l'autre, entre elles ; c) des Média-
tisés et des tout petits gouvernements contre les puissances de
deuxième et de troisième ordre.
Cela poséy et d'après les idées qu'émettent les représentante
de ces différents princes quand ils sont entre eux, voici quell(
est la situation :
La Bavière et le Wurtemberg se détestent franchement, les
rois et les ministres et tout le reste. Il en est de même poui
la Prusse et la Bavière.
Le baron Linden, représentant du Wurtemberg, est person
nellement en assez bons termes avec Humboldt qui lui fai
parfois quelques confidences. ,
Bade, Darmstadt et Nassau se tiennent par la main. l|
baron Hacke, le ministre de Bade, est assez bien renseigné
1° parla Russie, 2° par Schœnborn-Stadion, Kerpen(l), Kinsk;
et autres parents qu'il a à Vienne. Il est l'intime du comte d-
Rechberg qui lui dit tout ce qu'il sait.
Les Missions prussiennes ont de nombreuses et excellente
sources d'informations à Vienne. Les diplomates russes e
prussiens semblent être absolument d'accord et travailler d
concert.
Talleyrand a l'air de n'employer Dalberg que comme espio)
et comme secrétaire. II paraît vouloir tout régler avec Ior<
Castlereagh.
Le comte Salmour est l'inséparable de Saint-Marsan, 1
ministre de Sardaigne.
Le roi de Wurtemberg était allé se promener en voitur
hier après-midi au moment de l'arrivée du roi de Bavière.
201. Vienne, 29 septembre 1814 (F. 1. 3894 ad 3565).
HEBENSTREIT (2) à HAGER.
Le comte Charles de Rechberg et Gotta. Possibilité pour lui de tirer d'ei
d'utiles informations,
1. Kerpen (Guillaume, baron) (1741-1823), feldzeugmestre. Il avait et
dernier lieu vice-président du conseil aulique de la Guerre et avait
retraite en novembre 1813.
2. Hebenstreit, écrivain.
, LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 165
Le comte Charles de Rechberg, arrivé hier avec le roi de
3avière,est le frère du ministre de Bavière, un économiste dis-
ingué, l'auteur d'un livre sur Les peuples de l'Empire Russe.
\vant la guerre qui vient de finir, il était un champion ardent
ie la cause de l'Allemagne et animé des mêmes sentiments
|ue le prince royal de Bavière dont il est le confident. Je me
Momets les meilleurs résultats de sa présence ici.
Le célèbre Cotta, de Tûbingen, essayera pendant le Congrès
l'obtenir de l'Autriche la reconnaissance du droit de propriété
ittéraire. Il est riche et a des relations aussi étendues que puis-
santes. Elles embrassent tout le monde des cours de Bavière
;t de Wurtemberg et pourront m'étre d'une grande utilité,
)ourvu qu'on m'autorise à accepter le poste de correspondant
le Y Allgemeine Zeitung, qu'il vient de m'offrir. Comme Cotta
îompte rester six mois ici, j'aurai ainsi la possibilité de sur-
veiller grâce à lui le Wurtemberg et d'être tenu au courant
le tout ce qui s'y passera d'intéressant.
|!202. Vienne, 29 septembre 1814 (F. 1. 3894 ad 3565).
HOPFEN à HAGER.
lapport fourni par le professeur de français Méline (Agent au service de
Hopfen),sur le prince Régent, Murât, Bernadette, le roi de Bavière.
« En donnant hier matin ma leçon à M. Hafner, anglais, je
iii demandai pourquoi son Prince Régent ne venait pas à Vienne
omme les autres monarques. Il me répondit que les lois de
1 Nation ne le permettaient pas et que d'ailleurs il était bien
ise qu'il ne fût pas ici. Ensuite nous entrâmes dans le dis-
ours sur Murât et pourquoi il ne venait pas à Vienne. Il me
it : « Oh ! pour celui-ci, son compte est déjà fait et il n'est
as nécessaire qu'il se fasse voir. »
Etant allé dans une boutique, j'entrai en conversation avec
n maître d'hôtel flamand et nous parlâmes de bien des choses
t entre autres, je lui demandai s'il ne savait pas l'arrivée de
•ernadotte. Il me répondit qu'il ne venait plus et que cela avait
ausé bien de la peine à ses anciens amis. Je lui dis alors :
Est-ce qu'il en a encore à Vienne, des amis ?» Il me répon-
it : «Oh! oui, l'autre jour, à la même table où nous sommes,
166 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
il y avait quatre Français qui en parlaient avec bien d'atten-
tion, ne sachant pas que je parlais le français comme eux, et
ils s'en contaient de grandes choses, ce qui me fît croire que
c'étaient encore des amis de Bernadotte. Je ne leur dis rien,
car je ne veux faire de mal à personne. »
Je lui demandai s'il ne les connaissait pas et il me répondit
que non.
Me trouvant hier au soir en compagnie de personnages de
distinction, je fis tomber le discours sur le roi de Bavière, et
un d'entre eux me dit qu'il avait l'air d'un boucher.
En note de la main de Hager.
Prière de tâcher de trouver ces Français et de faire leur connaissance.
203. Vienne, 29 septembre 1814 (F. 2. 4188 ad 3565) (1).
Anonyme à la PRINCESSE JABLONOWSKA fà Paris) sous le
couvert rlu GÉNÉRAL POZZO DI BORGO
(intercepta en français).
Quel sera le sort de la Pologne?... En route pour Varsovie, la correspon-|
dante s'est arrêtée à Munich et y a vu le prince Eugène.
1. Bien que cette lettre, interceptée par la Potizei Hofstelle, n'ait été en-i
voyée à l'Empereur que dans le bordereau du 8 ou du 9 octobre, j'ai cru devoir
la publier ici et la placer parmi les pièces de même date.
La princesse Jablonowska,à laquelle cette lettre est adressée, est plus que
probablement celle dont Pozzo di Borgo parle dans sa dépêche n" 66 de Paris
7/19 janvier 1816 à Nesselrode à propos de la « réunion des Anglais révolu-
tionnaires à Paris » et dont le chef était le général Sir Robert Wilson, Tan-
cien attaché militaire au quartier général russe en 1S12 et qui fut condamné
à trois mois de prison pour avoir aidé à l'évasion de La Valette. « Un géné-
ral Sierakowski, lithuanien qui a servi Bonaparte, écrit à ce propos Pozzo d;
Borgo à Nesselrode, et qui suivait maintenant une princesse Jablonowska
surannée, tenant réunion de gens suspects à Paris, a été également arrêté
comme complice du général Wilson, du capitaine Hutchinson et de Miche
Bruce. »
Il s'agirait dans ce cas ici de la princesse Jablonowska,née Walewska, mariéf
en 1793 au prince Stanislas-Paul Jablonowski, issu du premier mariage di
prince Antoine (1732-1799) avec la comtesse Tecla Gzaplic (Cf. Gallavresi
Cartegio Confalonieri, tome 1, notes 275 et 311). On n'a du reste que l'em
barras du choix puisqu'en dehors de la princesse Jablonowska, née Szepticki
on trouve encore la princesse Caroline, née Woyna (1786-1840), femme di
prince Louis qui quelques mois plus tard en mai 1815 allait réprésenterl'Au
triche à Vienne, mais qui ne devait pas être à ce moment à Paris, ou bien en
core la princesse Thérèse, née Lubomirska (1790 1845) mariée depuis ma
1811 au prince Maximilien (1785-1856) conseiller aulique au service de Rus
sie, grand Maître de la Cour de Pologne et membre du Conseil d'Etat d<
Pologne.
'M.I
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 167
Tous les souverains sont déjà assemblés ici et décident des
destinées des Etats. Quelle sera celle de la Pologne ? C'est
ce que tout le monde ignore et dont on ne sera instruit qu'au
dénouement de ce qui est en cours. J'ai eu occasion de voir
des personnes qui savent à peu près tout ce qui se passe. Il
paraît qu'on en parle plus qu'on ne le désire.
De toutes mes faibles combinaisons, je n'ai que le désagré-
ment d'en douter plus jamais. Si cette lettre vous parvient sans
être ouverte, je vous en écrirai plus détaillé de Varsovie dont
je prends la route aujourd hui. Je n'ose confier à celle-ci même
quelques petites choses intéressantes, qui, toutes insignifiantes
et innocentes qu'elles sont, pourraient peut-être vous nuire.
Je me suis arrêtée trois jours à Munich pendant lesquels le
prince Eugène est venu me voir. C'est uniquement pour lui
que je m'y suis arrêtée. Il m'a donné un souvenir précieux et
charmant.
Je m'y suis trouvée à un bal masqué que le roi de Bavière
donnait à l'Impératrice de Russie. J'ai vu tous ces souverains
et princes de très près sans être vue d'eux.
203. Vienne, 1" octobre 1814 (F. 1. 3395. ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier.
204. Vienne, 30 septembre 1814 (F. 1. 3395 ad 3565).
Nota à HAGER.
Rapports sur la Haute Société. Schwarzenberg. Pozzo di Borgo. Radziwill
Alexandre I" et la princesse Léopoldine Liechtenstein.
Il enregistre l'indisposition subite de Schwarzenberg et l'ar-
rivée prochaine de Pozzo di Borgo (1). On attend aussi sous peu
r le prince Radziwill (2) marié à une princesse de Prusse et devenu ,
1. Pozzo di Borgo, ambassadeur de Russie à Paris, appelé à Vienne par
l'Empereur Alexandre, ne quitta Paris que le 5 octobre.
2. Radziwill (Antoine-Henri prince d'Olyka, duc deNiesvicz,comte de Mir)
(1775-1839) avait épousé Frédérique-Dorothée-Louise-Philippine, fille unique
du prince Ferdinand de Prusse. Il fut en 1815 lieutenant du roi (Statthalter)
dans le duché de Posen.Ses deux fils Guillaume et Boguslaw épousèrent deux
sœurs Mathilde et Léontine Clary.
168 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
grâce à Gzartoryski, le partisan de la résurrection de la Pologne.
La princesse Léopoldine Liechtenstein est de toutes les dames
de la société qu'il a vues jusqu'ici celle qui plaît le plus à
Alexandre. On dit à ce propos qu'il se montre bien russe, car
il aime les femmes à la glace.
205. Vienne, 30 septembre 1814 (F. 1. 1395 ad 3)65).
GŒHAUSEN à HAGER (Analyse du rapport).
Visites d'Alexandre et du roi de Prusse à Schwarzenberg. Wrede et Mont-
gelas. On va placer des agents chez Wrede.
Bon effet produit par la visite rendue par Alexandre et le
roi de Prusse au feld-maréchal prince de Schwarzenberg.
Le prince de Wrede est toujours encore très souffrant des
suites de la blessure qu'il a reçue à Hanau.
Montgelas (1) n'est pas encore arrivé.
Gœhausen s'occupe de placer un homme de confiance auprès
de Wrede, comme auprès du vice-roi d'Italie.
208. Vienne, 30 septembre 1814 F. 1. 3395 ad 3565).
SIBER à HAGER.
Visites faites par le roi de Bavière. Alexandre chez Schwarzenberg.
Le roi de Bavière a fait dans la matinée des visites d'éti-
quette en ville. La reine, un peu souffrante après le grand gala,
n'a pas assisté au feu d'artifice.
Schv^arzenberg, arrivé avant-hier dans la nuit, a fait deman-
der à l'Empereur Alexandre une audience qui a été fixée à
midi. Mais Alexandre lui a fait la surprise d'aller le voir à
dix heures. Rentré chez lui, Alexandre a donné audience ai
Nonce et à quelques Russes. Sauf cela, rien de particulier.
1. Montgelas (comte de) 1759-1838) issu d'une famille de la Savoie, né k^
Munich, pinncipal ministre de Maximilien-Joseph, surnommé le PomiaZ jbara-^
rois. On sait qu'il ne vint pas à Vienne. |
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS IGO
207. Vienne, 30 septembre 1814 (F. 1. 3395 ad 3365).
e e à IIAGER.
Les craintes des missions de Wurtemberg, de Bade et de Bavière. La chute
du roi de Saxe paraît décidée. Un mot de Thujçut. Appréciations sur les
conséquences des agrandissements supposés de l'Autriche. Le projet prus-
sien de constitution allemande.
Les légations de Wurtemberg, de Bade et de Bavière au
Congrès semblent consternées par le bruit qui court et aux
termes duquel l'Autriche recevrait des territoires sur le Haut-
Rhin et par cela même la direction du cercle du Haut-Rhin.
Les diplomates disent : « Fort bien ; mais alors, où trouverons
les territoires qui nous indemniseront des dépenses que nous
a causées la guerre, une compensation à la perte de Montbé-
liard que le traité de Paris nous a forcés à céder à la France ? »
Et ils ajoutent : « L'Autriche, par la possession de territoires
sur le Haut-Rhin et en sa qualité de directeur du cercle du
Haut-Rhin, va exercer une influence énorme sur la Suisse, la
Souabe et la Bavière. »
Le comte Louis Schônfeld (1) m*a dit hier : « H faut aban-
donner tout espoir de voir l'ancienne dynastie conserver la
Saxe. »
Le baron Stein a dit à beaucoup de gens : « La Saxe va
avoir de nouveaux maîtres. La Prusse se propose du reste
de partager l'Allemagne en sept cercles. C'est donc la fin de
la dynastie saxonne. Il faut, pour indemniser la Russie des
frais de la guerre, qu'on lui cède la Pologne prussienne, et la
Prusse ne peut recevoir d'autre indemnité que la Saxe. Le sort
de la Saxe est donc décidé. »
Le baron Thugut a dit de son côté : « C'est le premier par-
tage de l'Allemagne, le second suivra dans deux ans et il n'en
sera que mieux. »
On dit encore, à propos des agrandissements de l'Autriche
sur le Haut-Rhin qu'on lui accordera Bâle, Constance, Stockach,
le Brisgau, etc., etc., pour compenser la cession qu'elle fait
des anciennes légations pontificales au roi d'Etrurie.
Le baron Puffendorf, chez lequel les Médiatisés tiennent leurs
1. Ancien ministre de Saxe à Vienne.
170 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
assises, et le comte Maurice Degenfeld sont des partisans avé-
rés du projet de la Prusse. Tous les protestants se réjouissent
de voir T Autriche et la Prusse se partager la suprématie en
Allemagne et la direction de la Confédération germanique de
telle façon que le Hanovre contrebalancera la prépondérance
prussienne dans le Nord comme la Bavière le fera pour TAu-
triche dans le Sud de l'Allemagne. Mais le Wurtemberg, Bade
et Hesse-Cassel sont nettement hostiles à ce plan, parce qu'ils
croient que dans cette répartition on ne leur attribuera aucun
des territoires qu'ils s'étaient flattés d'acquérir.
208. Vienne, 30 septembre 1814 (F. 1. 3895 ad 3565).
© © à HAGER (Rapport en français).
Jomini, grand partisan et admirateur de la Prusse. Son jugement sur l'armée
autrichienne. Ce qu'il voudrait voir attribuer à la Prusse. Un mot du prince
de Ligne.
Jomini est de la société du prince de Ligne. Il est Prussien
dans l'âme. Il lui semble que la Prusse a frayé le chemin de
Paris. « Elle a trop souffert, dit-il, et ne saurait être trop ré-
compensée. > C'est d'après lui, la puissance qui doit être agran-
die vers la France pour lui tenir tête. Il n'estime pas beaucoup
les troupes autrichiennes et moins encore leurs officiers. « Si
l'Autriche était attaquée par les Français, ses soldats lâche-
raient pied, dit Jomini, tout comme auparavant. »
La Prusse, selon lui, devrait posséder tout le Rhin de Wesel
à Mayence. D'après lui, toute la Westphalie, toute la Saxe de-
vront être sous son sceptre, qui porterait le titre d'Impérial.
La Bavière et le Wurtemberg seraient deux royaumes fédé-
ratifs entre l'Autriche et la France.
Quant à l'Autriche, il soutient qu'il faut fixer sa puissance
sur toute l'Italie.
Le prince de Ligne disait hier à son médecin : « J'ai le
bonheur d'avoir chez moi trois grandes têtes, mais trois têtes
bien dangereuses et bien méchantes : La Harpe, Talleyrandy
Jomini. »
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 171
209. Vienne, 30 septembre 1814 (F. 1. 3895 ad 3566).
Rapport à HAGER.
Surveillance de Jomini.
Il travaille, il écrit beaucoup et souvent même jusqu'à deux
heures du matin. Il reçoit souvent des notes de l'empereur
Alexandre. Il ne reçoit pas de visites.
210. Vienne, 1" octobre 1814 (F. 1. 3895 ad 3565).
Nota à HAGER (Rapport en français).
Jugement du général Schoeler sur Alexandre et le roi de Prusse. Causes des
sentiments du roi pour l'empereur. L'esprit public en Prusse et ses griefs
contre la Russie. Jugements sur Alexandre 1". Dangers résultant de son
caractère. Son entourage. Origine de ses projets sur la Pologne. Ce qu'il
fera. Causes de son aveuglement. Le général Orurk. La garnison de Vienne.
Schwarzenberg et Metternich.
Le général Schœler,, ministre de Prusse à la cour de Russie,
est arrivé de Saint-Pétersbourg il y a trois jours. Cet officier
est placé auprès de l'Empereur depuis la guerre de 1806 en
qualité d'aide de camp du Roi. II était chargé de communica-
tions directes qui ne passaient par aucun des deux ministères.
Pendant la guerre de 1812, il resta en Russie comme parti-
culier. Ses relations se tinrent sous main. En 1813 et 1814,
il fut de nouveau placé près de l'Empereur comme militaire et
à la paix comme ministre. Il a un jugement froid et des notions
très justes sur la situation des affaires et la manière de pen-
ser de l'Empereur.
Après lui avoir laissé le temps de se mettre au courant,
j'ai été le voir hier. Voici à peu près le résumé de notre con-
versation.
« Le roi de Prusse, me dit-il, sans être un homme de beaucoup
d'esprit a un sens droit. II n'est rien moins que l'admirateur
constant de tout ce que fait l'empereur AIexandre.il n'y a pas
même bien longtemps que son opinion sur sa conduite ne lui
était nullement favorable ; mais il se croit lié à lui par la recon-
naissance. Il croit avoir la conviction qu'il doit le rang qu'il
172 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
a repris entre les souverains uniquement à Tempereur, et sans
calculer que, s^il ne s'était pas joint à lui, le théâtre de la
guerre de 1813 eût été le Duché de Varsovie et la position de
la Russie bien précaire, il ne laisse passer aucune occasion de
dire et de témoigner à son ami la reconnaissance qu'il croit
lui devoir, et Tempereur ne profite que trop bien d'une amitié
qui, de sa part, n'est point désintéressée.
Quant à l'esprit de la nation, il est comme celui de toute
l'Allemagne contre la Russie. Il règne même en Prusse une
haine fortement prononcée et très motivée malgré tous les
cordons dont il nous a décorés. La conduite du Gouvernement
russe a été telle que l'aurait pu être celle de Napoléon. Qui
ne sait pas que la Prusse avait mis la plus grande partie de
ses capitaux dans sa part de Pologne ?... Aucun des avan-
tages promis par la dernière alliance, aucune des prétentions
si justes n'a été reconnue ; la Prusse en est sur cet article au
même point qu'en 1810. Pas même la caisse des veuves des
officiers, objet qui serait sacré pour tout autre gouvernement,
que le roi de Saxe par un sentiment de justice avait cherché
à arranger à Paris et que Napoléon avait refusé par haine pour
le militaire prussien, n'a fait exception. Aucune réclamation,
ni du Gouvernement, ni des particuliers, n'a reçu la moindre
réponse, et cela, dans le temps même où l'armée prussienne
méritait l'estime de l'Europe, où toute la nation rivalisait d'en-
thousiasme et de sacrifices. Le retour des troupes russes a été
un nouveau fléau. Ils ont épuisé jusqu'au dernier sou les
provinces où ils ont passé ; les prétentions les plus exorbi-
tantes, la plus grande arrogance les a (sic) accompagnés par-
tout. Ils ont traité la Prusse orientale comme un pays conquis
qu'ils étaient assez généreux de ne pas garder.
Quant à l'Empereur Alexandre, je le regarde comme plus
dangereux qu'on ne le pense. Depuis cinq ans, à une époque
où l'opinion de sa faiblesse existait encore généralement, il ne
s'est entouré que de gens dont la médiocrité est reconnue et
lui laissait une marche entièrement libre. Ses projets actuels
sur la Pologne ne sont pas une suite de circonstances. C'est
une idée nourrie par lui, un but vers lequel tendent toutes ses
démarches depuis deux ans. La première proclamation, lors
de l'alliance avec la Prusse, contient la promesse de rendre
à la monarchie prussienne tout le lustre et la puissance dont
elle jouissait sous Frédéric II. Pendant le temps de la guerre.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 173
toutes les questions sur cet objet ont été écartées par la décla-
ration que tout s'arrangerait à l'amiable. A Paris, sous prétexte
de laisser jouir la France des bienfaits de la paix et d'un gou-
vernement légitime, les troupes russes quittent le pays à marche
forcée et vont se placer sur les frontières de la Pologne dans le
temps que toute l'armée prussienne reste pour occuper les pays
conquis au delà du Rhin et que TAutriche est forcée d'occuper
l'Italie avec des forces considérables.
« La résolution de rétablir le royaume de Pologne n'est
qu'un bâton qu'il nous jette dans les jambes pour obtenir plus
facilement la part qu'il en veut. Il connaît et craint trop les
suites que cela aurait en Russie pour y penser sérieusement.
Mais je suis persuadé que s'il trouve une résistance trop forte
contre ses desseins, si on lui montre la volonté de s'y opposer
par la force, il cherchera à vous prévenir et il y est tout pré-
paré. L'armée russe est placée en échelons depuis Cracovie
qu'occupe le général Yermolofî avec l'avant-garde jusqu'à
Kovno où se trouve le corps du comte Wittgenstein. Les
Russes parlent de 700.000 hommes sous les armes ; mais ils
en ont sûrement 300.000. La garde est à Pétersbourg et ses
bataillons sont de mille hommes. Les milices n'ont pas été
licenciées, ce qui a causé du mécontentement et prouve assez
que les hommes manquent. Du reste, la noblesse est humiliée
d'avoir vu les armées russes sous des chefs autrichiens et vou-
draient avec plaisir effacer cette humiliation. La formation de
l'armée polonaise avance lentement. Outre la pénurie d'ar-
gent, le Tiers-Etat et le peuple n'y prennent aucun intérêt.
Les nobles qui espèrent beaucoup du*nouvel ordre des choses
recrutent et ont placé leurs bannières ; mais personne veut s'en-
rôler. Dans la partie qu'on nous rendra probablement, je sup-
pose jusqu'à la Wartha, ce qui avait été rassemblé, s'est de
nouveau débandé. »
Lui ayant demandé quelle impression faisaient sur l'Empe-
reur, qui était il y a un an l'idole de l'Europe, l'opposition et
le mécontentement général qu'il trouvait maintenant contre
ses projets, le général répondit que « le mal venait de ce que
l'encens et l'admiration qu'on lui avait prodigués l'avaient
tellement fasciné qu'il ne voyait pas encore ce mécontente-
ment, que tout ce qui l'entourait le retenait dans cette illu-
sion, les Polonais, pour l'espoir de voir réussir leur régénéra-
tion, Stein et La Harpe pour des motifs personnels. »
174 "■ AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Le comte Orurk^ lieutenant-général russe, est ici avec l'em-
pereur. Il n'a jamais été employé auparavant auprès de sa
personne. Il commandait une division de cavalerie en Pologne,
lorsque l'Empereur, à son passage, lui ordonna de le suivre.
Cet officier a joué un grand rôle dans les relations de la Rus-
sie.avec la Serbie. II serait possible que son séjour ici ne soit
pas sans motif sous ce rapport.
La tenue de la garnison a fait une très bonne impression sur
les étrangers, surtout sur les Russes. Ils ont été aussi très
étonnés de l'accueil si distingué que l'Empereur fait au prince
de Schwarzenberg, mais n'ont d'abord, selon leur manière
trouvé aucune raison. Ils assurent maintenant que la mésin-
telligence s'est mise entre Schwarzenberg et Metternich et que
l'Empereur, pour l'entretenir, traite l'un avec tant de distinc-
tion et est très froid avec l'autre.
211. Vienne, 30 septembre 1314 (F. 1.3894 ad 3565).
GŒHAUSEN à HAGER.
Affaires de Saxe. Le duc de VVeimar défendra les droits des maisons de Saxe.
Les conférences entre les comtes de Gôrtz et de Schulenburg. Les convives
du dîner du 29 septembre. Le général de Watzdoi'f envoyé à Londres par
le roi de Saxe.
Le conseiller intime et secrétaire particulier du duc de Wei-
mar, Vogel, ne croit pas à la réunion de la Saxe à la Prusse.
Le duc de Weimar est, en tout cas, décidé à défendre les inté-
rêts des autres lignes de la maison de Saxe. Les représen-
tants de Cobourg et de Gotha ne sont, d'après lui, que des
tigurants. Il lui a parlé des conférences suivies qu'a le comte
de Gôrtz (1) avec le comte de Schulenburg, qui a pris les
ordres du ministre comte Einsiedel(2). A son retour de Berlin,
Schulenburg a eu une longue audience de l'empereur d'Au-
1. Comte de Gôrtz. Conseiller intime du roi de Saxe qui Tavait envoyé à
Vienne au mois de septembre 1814.
2. Einsiedel (comte d') (1773-1861). Ministre et secrétaire d'État de l'Inté-
rieur. Il accompagna son roi, d'abord à Leipzig, puis à Berlin et à Pres-
bourg et fut chargé des négociations pendant le Congrès de Vienne. Son cré-
dit s'accrut encore sous le successeur de Frédéric-Auguste 1", Antoine I".
Mais son opposition à toutes les réformes le rendit très impopulaire et les
troubles de 1830 le contraignirent à prendre sa retraite.
LES PRÉLIMINAIQES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS "175
triche. C'est Gôrtz qui rédige les mémoires que Schulenburg
présente à Metternich.
Le comte Bubna (1) va souvent chez Schulenburg.
Convives du dîner du 29. Le comte Schœnfeld, Gôrtz,
Senfît-Pilsach (2) le général Langenau et Griesinger (3). Le
roi de Saxe a envoyé le général de Watzdorf (4) à Londres.
212. Vienne, 29 septembre 1814 (F. 1. 3894 ad 4555).
0 0 à HAGER (en français).
Les vues de la Prusse sur la Saxe et la rive gauche du Rhin. Tiirkheim,
ses idées sur la constitution de l'Allemagne. Sur Stein.
De l'entretien que j'ai eu avec le baron de Tiirkheim, mi-
nistre du grand- duc de Hesse-Darmstadt,il résulte que, d'après
lui, la Prusse ne se départira pas de ses vues sur l'appropria-
tion de la plus grande partie de la Saxe et tiendra à conserver
la rive gauche du Rhin.
1. Bubna (Ferdinand comtL;) (1768-1825) aide de camp de l'archiduc Charles,
se distingua à Austerlitz, Essling et Wagram et entra en France en 1814 du
côté de la Suisse. Gouverneur de la Lombardie en 1821, il mourut à Milan
en 1825.
2. SenlTt-Pilsach (Frédéric Christian Louis comte) (1774-1853) épousa en
1801 une nièce de Stein. Ministre de Saxe à Paris (180S). Ministre des Affaires
étrangères (1809-1813), adversaire déclaré de la Prusse, démissionnaire
après Liitzen, il se rendit à Francfort au mois de novembre 1813 pour y
plaider devant les souverains alliés la cause de son roi qui refusa ses services.
Passé alors au service de rAutriche,nommé conseiller intime,chargé par Met-
ternich d'une négociation assez délicateavec la Suisse, négociation qui échoua
du reste, il alla vivre pendant quelque temps en particulier à Paris,abjura le
protestantisme et devint successivement ministre d'Autriche à Turin (1825),
à Florence (1832), à La Haye (1836) et enfin à Munich (1840-1847). Pour plus
de détails voir Bonnefons. i[7n nllié de Napoléon. Frédéric-Augnsle I" roi de
Saxe et Grand-Duc de Varsovie (chap. XIII, p. 414-426.
3. Conseiller de légation Saxon.
4. Watzdorf (Charles-Frédéric-Louis de) (1759-1840), colonel en 1810, lors-
que Senfft-Pilsach l'envoya comme ministre extraordinaire à Saint-Péters-
bourg (1810-1812), promu général-major et lieutenant-général en 1811 au cours
de cette mission, nommé en 1813 ministre à Vienne, chargé en 1814 de difîé-
I untes missions par son roi qui l'appela auprès de lui à Presbourg, grand maître
le la maison des princes Frédéric-Auguste, Clément et Jean (1819), ministre
A Berlin (1823-1834), rentré à Dresde comme aide de camp général en 1835,
il devint peu après ministre de la maison du roi et conseiller d'État. (Cf.
•BoN>iEFONs.(/rt allié de Napoléon, etc. Chapitre XII, 396-413 et chapitre XIV,
466, 469-470).
176 AUTOUR DU CO>GRÈS DE VIENNE
Il ne croit pas à la fédération de l'Allemagne, à la supré-
matie héréditaire de l'Autriche, à la Constitution des quatre
cercles ou Vicariats. Il n'est guère porté en faveur du ministre
constitutionnel Stein.
213. Vienne, 30 septembre 1814 (F. 1. 3895 ad 3566).
FREDDI à HAGER (en français).
(Rapport de chez le Nonce)
Ce que Consalvi et Severoli ont fait le 29. Visites au roi de Bavière. Confé-
rences le soir sur les affaires pontificales. Les articles du nonce dans le
journal de Francfort.
Les deux prélats (le cardinal Consalvi et le nonce Mgr Seve-
roli) ont été rendre visite au roi de Bavière, qui n'a jamais été
l'ami de la cour de Rome, évidemment pour le gagner. Le 29,
au soir, ils ont eu une conférence avec le comte Beroldingen (1)
et avec Wintzingerode, ministre du roi de Wurtemberg afin de
gagner les suffrages des membres du Congrès et d'assurer le
rétablissement du pape dans la possession entière de ses Etats.
L'article inséré dans le Journal de Francfort est du Nonce
qui l'a fait insérer par le moyen du protestant Schlegel (:^), tout
comme ceux par lesquels il protesta contre les ordres donnés
par Joachim, à Urbino, Macerata et Ancône et un autre article
relatif au rétablissement des Jésuites.
1. Beroldingen (Joseph-Ignace, comte de), général et diplomate wurtem-
bergeois (1780-1868) débuta au service de TAutriche qu'il quitta en 1803
lorsque l'électeur de Wurtemberg rappela ceux de ses sujets qui servaient à
l'étranger. Napoléon lui confia plus tard plusieurs missions importantes.
Ministre à Londres en 1814, puis à Saint-Pétersbourg, il devint en 1823 mi-
nistre des AtTaires étrangères et conserva ces fonctions jusqu'en 1848.
2. Wintzingerode (Georges-Ernest-Louis, comte de) (1752-1834). D'abord
officier au service de Hesse, puisen 1794 chambellan de l'électeur de Cologne^
passé au service de Wurtemberg, Ministre des Affaires étrangères en 1801,
premier ministre en 1806, démissionnaire en 1816 à la mort du roi Frédé-
ric I", il accepta en 1820 le poste de ministre à Berlin, Dresde, Hanovre et
Cassel et se retira définitivement en 1825.
3. Hofsecrelser de la Chancellerie d'Etat dont il a déjà été question précé-
demment.
à
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 177
! 214. Vienne, 31 septembre 1814 (F. i. 3894 ad 3565).
i
I HOPFEN à HAGER (analyse).
Rapport sur une visite faite à Gampochiaro. Les raisons pour lesquelles il
croit au maintien de Murât à Naples,
Rend compte de la visite faite par le marquis P... (l),à Gam-
pochiaro, dont il est connu depuis longtemps et dont il va
fréquenter la maison.
Le marquis a causé de la situation de Murât avec le duc qui
lui a exposé les raisons pour lesquelles il lui semble impos-
sible de contester au roi Joachim la légitimité de ses droits
sur Naples : la conquête par les armes, la popularité dont il
jouit dans un royaume où il est acclamé par tous, sa recon-
naissance par tous les souverains qui ont des représentants
accrédités auprès de lui, sa participation à l'Alliance et à la
Coalition, enfin, la garantie de son royaume donnée à Joachim
et la part qu'il a prise à la dernière guerre.
215. Vienne, 29 septembre 1814 (F. 1. 3728 ad 3565).
GENTZ au prince de VALAGHIE {intercepta en français).
Les conférences préparatoires et l'admission de Talleyrand. Metternich chez
Alexandre. Ses entretiens avec Talleyrand. Les instructions données à
Talleyrand pour la Pologne et la Saxe, et les vues d'Alexandre. Gravité de
la question. Projet de voyage d'Alexandre à Bude.
Les conférences préparatoires ne se sont tenues jusqu'à au-
jourd'hui que parmi les ministres des quatre puissances alliées.
M. de Talleyrand y assistera pour la première fois et après-
demain il y aura la première séance générale et formelle.
Le prince de Metternich a eu hier soir une conférence par-
ticulière de trois heures avec l'Empereur de Russie. Il en a
eu plusieurs avec Talleyrand. Celui-ci a dit à plusieurs per-
sonnes, sans détours, que ses instructions lui enjoignaient éga-
lement de protester contre les progrès de la Russie en Pologne
1. Nom illisible commençant par un P et finissant par to.
T. I. 12
178 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
et contre l'acquisition de la Saxe par la Prusse. Il faut voir
ce qu'il en sera lorsque les négociations commenceront (1).
P. -S. — Je viens d'apprendre, par un canal particulier et
très sûr, quelques détails que votre Altesse doit nécessairement
connaître puisqu'ils sont de nature à modifier et à rectifier
ces dernières notions. L'Empereur de Russie, malgré toutes!
les difficultés et les contradictions qu'il éprouve, tient très
fortement au projet d'établir un royaume constitutionnel de
Pologne sous sa propre souveraineté et il est tellement monté
sur ce projet qu'il prétend même vouloir réunir à ce royaume
les anciennes provinces polonaises qu'il possède par les der-
niers partages. Il y aura donc sur cet article capital des dis-
cussions difficiles et épineuses et il n'est pas aisé de calculer
quel sera le résultat de ces complications. Ce ne sera dans
aucun cas la guerre. Voilà un point sur lequel vous pouvez
compter. Mais personne au monde ne peut prévoir, à Iheure
qu'il est, lequel des combattants dans cette arène diploma-
tique emportera la victoire ou comment on conciliera les avis
différents. Je ne suis cependant pas en peine pour l'Autriche,
persuadé que les talents supérieurs du ministre, qui en dirige
les affaires, se feront jour à travers toutes les crises du moment.
Je supplie Votre Altesse d'envisager ceci comme absolument
confidentiel et très secret et de n'en faire usage qu'avec les
plus grandes restrictions.
11 est question depuis hier d'un voyage que l'Empereur
Alexandre veut fait à Bude (2). Si ce projet se réalise, ce sera
probablement la semaine prochaine (3).
1. Bien que la plus grande partie de celtedépéche (à partirduP.-S.jusqu'aijr
dernières phrases) ait été publiée par Prokesch-Osten (Gentz. Dépêches iné-
dites aux hospodars de Valachie, t. I, p. 106), j'ai cru bien faire en repro-
duisant in extenso le document intercepté par la Polizei Hofsteile parce que
les phrases mêmes du début font bien mieux comprendre la partie publiée
par Prokesch-Osten qui ne se soude en aucune façon avec tout ce qui la pré-
cède dans son livre et qui y forme le commencement de la dépêche XI, datée
du reste du 28 septembre.
2. Ce voyage, qui ne dura que peu de jours n'eut lieu que près d'un moiÈ
plus tard. Alexandre partit pour Buda-Pesth le 24 octobre. Les trois souverains
furent de retour à Vienne le 29 octobre dans l'après-midi.
3. Ce paragraphe n'a pas été publié par Prokesch-Osten.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 179
216. Vienne, 2 octobre 1814 (F. 1. 3895 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR
Bordereau, rapport journalier et envoi de la liste et de la copie
ou analyse des intercepta du 1" octobre.
217. Vienne, 1" octobre 1814 (F. 1. 3895 ad 3565).
à HAGER
Résumé des bulletins de surveillance du roi et du prince royal de Wurtem-
bourg. Le prince de Hardenberg. Emploi qu'il a fait de la journée du
30 septembre.
Prince royal de Wurtemberg . — Visites qu'il fait.
Roi de Wurtemberg. — Wintzingerode et le baron von Lin-
den sont ses seuls confidents.
Prince de Hardenberg . — Il a été le 30 chez son roi, de 9 à
11 heures, puis chez le roi de Wurtemberg, chez l'Impératrice
de Russie et chez Metternich où il est resté jusqu'à 4 heures
et où eut lieu une grande conférence (1) entre Metternich, Har-
denberg, Nesselrode, Humboldt, Castelreagh, Labrador, Tal-
leyrand. Il a dîné chez lui avec Humboldt, le prince Radziwill,
Bartholdi et quelques fonctionnaires du Ministère. Il a reçu
après dîner la visite du comte Pappenheim (2), du prince de
1. « Conférence ministérielle, lit-on dans les Tagebûcher de Gentz, t. I,
p. 312, d'abord entre les Cinq et puis avec Talleyrand et Labrador. L'inter-
irention de ces deux personnages a furieusement dérangé et déchiré nos
îlans. Ils ont protesté contre la forme que nous avions adoptée. Ils nous ont
)ien tancés pendant deux heures. C'est une scène que je n'oublierai jamais.
3 h. 1/2, le prince (Metternich) est allé avec moi dans ses jardins pour
inspecter les travaux qui préparent la fètc du 18 octobre. Le prince ne sent
las comme moi ce qu'il y a d'embarrassant et même d'affreux dans notre
^position. »
2. Pappenheim (Gharles-Théodore-Frédéric, comte de) (1771-1855), général
j^bavarois entré en 1785 au service de l'Autriche qu'il quitta après avoir fait
tla campagne de 1792, 1793 et 1794. Passé au service de Bavière après avoir
été médialisé, aide de camp du prince royal en 1809, général-major en 1813
[il fit les campagnes de 1812 et 1814 à la tête d'une des brigades de Wrede,
^assista au Congrès de Vienne, prit en 1815 une part active à la réorganisa-
I lion de l'armée bavaroise, fut chargé de diverses missions diplomatiques et
^devint par la suite feldzeuzmestre général et aide de camp général du roi.
180 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Schaumburg (1), du baron von Linden (2) et du prince de
Hohenzollern (3). 11 a été le soir au cercle à la Cour. A sa
rentrée chez lui, il a travaillé jusque fort avant dans la nuit.
218. Vienne, 2 octobre 1814 (F. 1. ad 3565).
SCH... à HAGER
(Emploi de la journée d'Anstett le 1»' octobre).
Hier 1^' octobre, Anstett n'a reçu aucune visite dans la
matinée. Il a travaillé de 8 heures à 1 heure et a porté ensuite
de nombreuses lettres et dépêches chez Nesselrode. Revenu à
2 heures, il est allé à 4 heures chez le comte François Palfîy.
Le soir au théâtre du Kœrntnerthor, puis à 11 heures chez la
princesse Bagration, d'où il n'est revenu qu'à 4 heures du
matin (4).
219. Vienne, 30 septembre 1S14 (F. 1. 3895 ad 3565).
Rapport à HAGER
Découragement d' Anstett causé par le revirement qui s'est fait dans l'esprit
d'Alexandre. Anstett et le Tugend-Bund.La représentation de la Russie au
Congrès. Pourquoi Anstett reste à Vienne (Analyse).
Anstett très préoccupé est silencieux depuis quelques jours.
Il a dit (à l'agent) qu'il essayait d'amener son Empereur aux
idées libérales, qu'il avait espéré qu'on donnerait au Congrès
une Constitution aux Etats de l'Allemagne, mais qu'on avait
changé le cours des idées d'Alexandre.
1. Lippe-Schaumburg(Georges-Guillaume,princede)né le 20 décembre 1784,
mort en 1860, monté sur le trône le 15 février 1787, prit le titre de prince le
18 avril 1807.
2. Linden (François-Joseph-Ignace, baron de), ministre d'Etat et l'un des
représentants du Wurtemberg au Congrès.
3. Hohenzollern-Sigmaringen (Antoine-Aloïs-Mainrad-François, prince de),
né le 20 juin 1762, membre de la Confédération du Rhin le 12 juillet 1806),
mort le 17 octobre 1831,
4. Grand bal donné par la princesse Bagration.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 181
Anstett, que l'agent affirme être un membre actif du Tugend-
Bund, a ajouté qu'Alexandre était follement épris de l'Impéra-
trice d'Autriche (1).
A la question posée par l'agent, pourquoi, dans ces condi-
tions il restait à Vienne, il a répondu que c'était l'ordre
d'Alexandre qui tenait à l'avoir près de lui et à sa disposition.
220. Vienne, 1" octobre 1814 (F. 1. 3895 ad 3565).
SCH... ^ à HAGER (en français).
Causes de l'animosité d'Anstett contre l'Autriche. Intérêt qu'il y aurait à se
le concilier. Les Polonais et Gzartoryski. Le roi de Prusse et l'Autriche.
Un mot de Knesebeck.
Parmi les personnes animées d'un esprit tout à fait contraire
aux vues de l'Autriche on doit compter principalement M. d'Ans-
tett, conseiller d'Etat et agent diplomatique de Russie. Cet
homme que le comte de Wûrmser (2) a su gagner en 1810 pour
les intérêts de notre Cour, qui, effectivement, a rendu des ser-
vices essentiels à l'Autriche lorsqu'il s'agît de céder à la Rus-
sie en vertu du dernier traité de Vienne une partie de la Gali-
cie renfermant 400.000 âmes, est dans ce moment très aigri
et animé de sentiments très opposés à l'Autriche. C'est, d'après
ce que m'a confié M. de Kudriafîsky (3), ami intime d'Anstett,
l'effet de son ressentiment d'avoir été frustré dans son attente
de recevoir de notre Souverain la croix de Commandeur de
l'ordre de Saint-Etienne. On m'a dit que Sa Majesté a voulu
lui donner dans la dernière campagne la petite croix de Léo-
pold, mais qu'il l'avait refusée.
J'ai l'honneur d'assurer Votre Excellence que M. d'Anstett
est un personnage très intéressant et de beaucoup d influence
chez l'Empereur Alexandre et en même temps très considéré
de tous les Ministres Russes. Il s'était flatté d'avoir, par ses
1. Rien ne confirme et ne rend même vraisemblable cette singulière indi-
cation qu'on trouve cependant dans un certain nombre de rapports.
2. Wûrmser (comte de), ancien Gouverneur de la Galicie. Lui et Bellegarde
négocièrent avec Anstett le traité de délimitation de la Galicie.
3. Kudriafîsky (comte de). Conseiller russe qui serait aussi l'auteur de
Mémoires politiques.
182 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
services rendus, le droit de s'attendre à une distinction aussi
signalée et crut se voir jeter dans la foule de tant d'étrangers
sans beaucoup de mérite qui furent décorés de la petite croix
de Léopold. Peut-être est-il encore temps de se réconcilier cet
homme qui, par son influence et sa profonde connaissance de
nos intérêts peut, dans ce moment, devenir aussi utile que
nuisible.
J'ai eu occasion de voir quelques personnes de la suite du
roi de Prusse. Si ce monarque est animé du même esprit que
ceux qui l'entourent, nous ne pouvons que nous féliciter. Un
général prussien, je crois qu'il s'appelle Knesebeck, s'est écrié :
Wenn nur sieben Oesterreicher marschieren, es sei gegen wen
es wolle, so ist mein Kœnig der achte (1-). Le comte Klebels-
berg (2) en fut aussi témoin.
Les Polonais sont enchantés de l'arrivée du prince Adam
Czar tory ski.
221. Vienne, 30 septembre 1814 (F. 1. 3895 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Le Prince de Ligne et Talleyrand.
Le prince de Ligne a dit à Talleyrand : « Vous jouez à pré-
sent un bien grand rôle, vous êtes roi de France et Louis XVIII
doit danser comme vous le voulez, sans quoi il s'en trouverait
mal. »
Talleyrand répondit : « Prince, il y a sept ans que j'étais
soupçonné par Bonaparte. »
« Quoi, s'écria le prince vivement, sept ans seulement... et
moi il y a vingt ans que je vous soupçonne. >
I
1. N'importe contre qui, l'Autriche fera marcher sept hommes, mon
sera le huitième.
2. Klebelsberg (Jean-Népomucème, comte) (1772-1841), lieutenant en 1789,
capitaine en 1793 au corps-franc des hussards de Wiirmser, major en 1797,
colonel au régiment Uhlans Archiduc Charles, général major en 1809, feld-
maréchal lieutenant en 1813, général de cavalerie en 1831. Chevalier de l'ordre
de Marie-Thérèse après Wagram.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 183
222. Vienne, 1" octobre 1814 (F. 1. 3S95 ad 3565).
SGHMIDT à HAGER
Alexandre. M'"" Morel. Causes de la visite de l'empereur à Schwarzenberg.
L'escalier dérobé et les visites secrètes des Polonais à Alexandre.
L'empereur Alexandre se propose d'aller à Bude, puis de
revenir à Vienne et de se rendre ensuite en Italie avec l'Impé-
ratrice, parce qu'il pense qu'on en aura assez vite fini avec les
affaires du Congrès.
Sa favorite serait une certaine M"" Morel (1), qui habite à
la Wieden (2) et à laquelle le banquier Pries verse tous les
mois 5.000 florins.
La visite faite par Alexandre au prince de Schwarzenberg
a fait grand bruit. Le prince avait demandé une audience qui
avait été fixée à deux heures, mais Alexandre le prévint en
venant chez lui à dix heures du matin. Comme pour la plu-
part du temps et surtout en Angleterre Alexandre a fait des
avances à l'Opposition ; on en a conclu que tel a été encore le
but de sa visite à Schwarzenberg, qu'on dit très mécontent et
qui se plaint fort du parti du feldzeugmestre Duka (3).
L'escalier dérobé des appartements d'Alexandre conduit non
pas à l'une des cours, mais aux trois chambres du premier étage
donnant sur le grand escalier et qu'occupe un des aides de
camp de ce souverain. Il est probable que c'est par là que pé-
nètrent chez l'Empereur les Polonais qu'il désire voir en secret.
1. C'était là une erreur, M""* Morel était la favorite, non pas d'Alexandre,
mais du grand-duc de Bade, comme le prouveront du reste nombre de bulle-
tins qui ne laisseront subsister aucun doute sur cette question. Au rapport
de Hager était joint le rapport suivant en date du 30 septembre 1814. «More
(Rosalie, née Gany), née à Ofen, 22 ans, femme d'un propriétaire de Lyon,
vient de Paris, habite Wieden, 264, aurait été pendant deux mois souffrante
à Carlsruhe. Elle dit qu'elle va à Ofen chez sa mère, femme d'un capitaine
de hussards de Szekler et chez laquelle se trouve déjà son fils âgé de 5 ans.
Elle attend son mari qui doit arriver vers le 15 et qui aurait été commis-
--aire des guerres français.
2. Un des anciens faubourgs de Vienne, aujourd'hui lelV" arrondissement.
3. Très en faveur auprès de l'Empereur François, Duka était depuis pas mal
' ■ temps déjà un adversaire déclaré de Schwarzenberg et de Radetzky, son
lef d'état-major pendant la campagne de 1814. 11 publia plus tard en 1819
uu résumé en trois volumes du congrès de Vienne depuis son ouverture
jusqu'au traité de 1815.
184 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
223. Vienne, 1" octobre 1814 (F. 1. 4059 ad 3565). j
00 à HAGER (en français). <
Les visites mystérieuses de Gonsalvi, du nonce et des ministres bavarois à
Talleyrand. Les projets de constitution de l'Allemagne. Improbabilité du
rétablissement de la dignité impériale.
On remarque depuis quelques temps les visites fréquentes
et mystérieuses que font à Talleyrand, d'une part Gonsalvi et
Severoli, de l'autre les ministres bavarois.
Il court une foule de rumeurs, plus contradictoires les unes
que les autres, sur le projet de Gonstitution de l'Allemagne
fait par le gouvernement autrichien et sur celui établi par
Hardenberg. On prétend que la Bavière, le Wurtemberg, la
Prusse, la Russie et la France seraient hostiles au projet au-
trichien, et en général on ne croit pas au rétablissement de
la dignité et du titre d'Empereur d'Allemagne.
224. Vienne, 1" octobre 1814 (F. 1. 3894 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
Arrivée à Vienne de Flassan et d'Isabey. La Prusse mécontente de la Rus-
sie. Le roi de Prusse et ses ministres. Alexandre et La Harpe. L'opinion
de Bartholdi. L'arrogance des Russes. Projet de délivrance de la Grèce.
M. de Flassan, historiographe du cabinet du Louvre, est
arrivé ici en même temps que le peintre Isabey, pour écrire
l'histoire du Gongrès. Il a écrit à Paris une brochure en faveur
des droits sacrés du roi Ferdinand sur Naples, l'y a fait impri-
mer et distribuer. S'étant depuis déterminé à venir à Vienne,
Talleyrand lui conseilla de ne pas s'en faire le colporteur par
la très louable raison qu'il ne convenait pas à la légation de j
France de distribuer des pamphlets ici pour favoriser avec defe
tels moyens les droits des Bourbons en pays étrangers et sur-
tout ici où l'affaire devait se traiter avec toute la dignité et la
régularité possibles au Gongrès, et que la maison d'Autriche
étant la seule qui avait fait un traité avec cet intrus (1), il n'était
1. Murât.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 185
pas délicat de prendre Tinitiative sur la décision du Congrès
en distribuant dans le public de tels écrits. Cependant il y en
a trois ou quatre autres exemplaires (sans compter celui que
Flassan m'a donné avec une dédicace) qui courent la ville.
Bartholdi lui-même en a rapporté un.
Deux Prussiens, dont l'un demeure au Grahen, vis-à-vis de
la Pyramide et doit être le conseiller Zerboni (1), et l'autre est
de ma connaissance et est très attaché à sa Cour et à son pays,
ont eu une conférence très confidentielle et très importante tout
récemment sur les affaires du temps et par un hasard curieux
j'ai pu en connaître les détails que voici :
Je déclare d'avance que l'un des deux Prussiens interlocu-
teurs n'est pas Bartholdi. C'est une femme à qui l'autre a ou-
vert son cœur. Ce Monsieur (soit ou non Zerboni, je sais qu'il
est des peu qui ont le secret de la cour) a donc dit que la
Prusse, en apparence si liée avec la Russie, en était très mé-
contente, parce que celle-ci employait des idées de domina-
tions effrayantes ; que, si elle parvenait à s'approprier toute la
Pologne, elle serait dans le cœur des Etats Prussiens dès qu'elle
le voudrait et serait à Berlin avant que la Prusse ait pu ramas-
ser ses forces dispersées en Prusse Orientale et sur la gauche
du Rhin ; que c'était pour ce danger que la Prusse exigeait la
frontière de l'Elbe et une partie de la Saxe pour avoir une
position militaire qui diminue au moins son danger et en même
temps celui de toute l'Allemagne ; que le Prince de Harden-
berg et tout le cabinet voyaient clair dans tout cela et étaient
tous d'accord qu'il fallait tout faire pour empêcher cet événe-
ment ; qu'à la vérité le roi s'était trop engagé avec l'Empereur
Alexandre auquel il était attaché même par des sentiments de
cœur, mais que cependant lui-même était persuadé que sa posi-
tion était difficile et bien fâcheuse ; qu'Alexandre n'était pas
méchant, mais qu'il était un bon fou qui se laissait mener par
les têtes chaudes qui l'entouraient et surtout par La Harpe
qui était dans le fond un jacobin capable de renverser le monde ;
que par conséquent les ministres prussiens ne désireraient autre
chose pour le salut de la Prusse et la sûreté de l'Allemagne que
de s'allier étroitement et cordialement avec l'Autriche et empê-
cher par là l'agrandissement de la Russie ou au moins le dan-
ger commun, si l'on ne pouvait pas réussir à empêcher le pre-
1. Ce ne peut être Zerboni de Spozetti qui habitait un appartement dans
une des rues débouchant sur le Graben dans la Spiegelgasse, n" 1163.
186 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
mier ; que là-dessus ils étaient très peines de remarquer dans
la nation autrichienne, et dans notre ministère même, une
espèce d'apathie qui leur faisait craindre qu'on ne vit pas le
danger dans toute sa force et qu'eux ne pouvaient pas non
plus sonner le tocsin là-dessus à cause du caractère du roi et
de leurs engagements avec Alexandre ; que cependant en tout
cas, s'il en venait une guerre des Russes avec nous, le cabinet
et la nation forceraient le roi à prendre son parti en Alle-
magne et qu'il ne se joindrait donc jamais à la Russie dans un
cas pareil, mais qu'il ferait plutôt cause commune avec nous.
« Nous sommes si au fait des vues ambitieuses de la Russie
et il y a eu déjà là-dessus des explications si sérieuses que, si
nous étions en mesure et soutenus par les autres, la guerre
aurait lieu en bien peu de temps, comme il est sûr que, si la
Russie obtient la Pologne, nous l'aurons au plus tard dans
trois ans cette guerre que Ton voulait éloigner pour toujours. »
Ici finit la conversation que j'ai de grandes raisons pour
croire que c'est cela le véritable esprit du cabinet de Prusse.
Le premier est que si ce n'est pas Zerboni qui a parlé comme
cela, c'est certainement l'un des conseillers ou des secrétaires
intimes du prince de Hardenberg, parce que je sais qu'il y en
a quelques-uns qui sont très liés avec cette dame qui n'est
pas la bonne, enthousiaste et bavarde, M"" d'Arnstein. La
seconde est que Bartholdi, qui m'a prouvé n'être pas dans le
secret de sa Cour ni dans la confidence véritable de son chef,
tient un tout autre langage en se laissant guider par les appa-
rences. Celui-ci dit que la Prusse est toujours la très humble
servante de la Russie et que le roi tient à son Alexandre de
manière à ne rien entendre là-dessus.
Les Russes parlent partout d'un ton si insolent qu'ils ne
pourraient pas parler autrement s'ils étaient autant de Napo-
léons en bonheur et déjà maîtres de l'Univers. Ils enflamment
de nouveau les Grecs en leur faisant espérer leur résurrection,
comme ils l'on fait aux Polonais. Les Grecs se laisssent aller
derechef à ces idées, lèvent la tête, et je sais par une personne
qui en connaît plusieurs des plus marquants qu'ils parlent de
la délivrance de l'Epire, de la Morée et d'une patrie Grecque
que la Russie fera renaître.
J'ai chargé cette personne de suivre ces élans et de m'en
entretenir et elle le fera.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 187
225. Vienne, 1" octobre 1814 (F. 1. 3845 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
La cession de Gênes, la France, le Pape et les Légations. Le Congrès
ne s'ouvrira pas avant le 15 au plus tôt.
Rossi (I) et Saint-Marsan considèrent la cession de Gênes
comme un fait hors de doute. Saint-Marsan prétend d'autre
part que la France soutiendra les réclamations du Pape sur
les trois Légations. On dit enfin que le Congrès ne se réunira
pas avant le 15 de ce mois.
226. Vienne, 1»' octobre 1814 (F. 1.3895 ad 3565).
©©à HAGER (en français).
Le baron de Spaen et la réunion de la Belgique à la Hollande.
Frontières et agrandissements qu'on devrait donner au Pays-Bas.
Il résulte de l'entretien que je viens d'avoir avec le baron
de Spaen, ministre de Holjande, que, d'après lui, les Belges
n'ont rien à craindre de leur annexion à la Hollande, qui de
son côté a besoin de s'étendre jusqu'à la Moselle afin que le
Luxembourg, comme clef de la Belgique, soit dans les mains
de celui qui aura la maison.
Lord Castleragh, dans les mains duquel il me dit franche-
ment que le timon de la négociation hollandaise était placé
avec une sorte d'abandon de leur part, donnait peu d'espérance
que ce point serait obtenu.
Les Belges et les Hollandais et le prince héritier lui-même
ont plus d'une fois laissé entendre qu'il serait fort utile d'étendre
la frontière jusqu'au Rhin moyen en j comprenant Liège, Aix-
la-Chapelle, Juliers et le pays entre Meuse et Rhin depuis et y
compris Cologne jusqu'à Coblentz, mais ils ont ajouté que par
délicatesse pour les intérêts de la Prusse on n'osait pas pous-
ser lord Castlereagh à insister sur ce point sans lequel ils ne
se regarderaient jamais comme assez forts pour résister à une
invasion subite de la France.
1. Rossi (Joachim-Alexandre, comte), Conseiller royal, envoyé extraordi-
naire et ministre plénipotentiaire de Sardaigne à la Cour de Vienne.
188 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE |
227. Vienne, 3 octobre 1814 (F. 1.4054 ad 3565).
HAGER à TEMPEREUR
(Bordereau, Rapport journalier et envoi d' Intercepta).
Il fait: connaître entre autre à l'Empereur, à propos d'un
rapport relatif au baron d'Otterstedt (1), qu'il a réussi à l'em-
ployer pour le service de la police secrète politique et que
c'est là pour lui une raison de plus de demander qu'on le laisse
continuer à séjourner à Vienne. '
228. Vienne, 2 octobre 1814 (F. 1.4054 ad 3565).
SIBER à HAGER (Analyse). \
Il rend compte de la présence de l'Empereur Alexandre au
bal de la princesse Bagration. j
229. Vienne, 2 octobre 1814 (F. 1.4054 ad 3565;.
ee à HAGER
Nécessité de surveiller Kliiber. Les promenades Incognito du Roi de Dane-
mark dans les rues de Vienne. La Princesse Bagration. Les menées de 1?
légation de France. Les protestations contre le maintien de Murât. 'L'ap-
partement du 30 septembre à la cour. ,
Il est, je pense, absolument nécessaire de faird surveilleii
d'une façon toute spéciale le conseiller intime badois von Klii-
ber, qui est depuis longtemps un ardent partisan de Napoléor;
et est bien connu pour ses sentiments anti-autrichiens. Klûbei
est un faiseur (sic) à Karlsruhe. D'après ce que raconte k
1. Ancien officier prussien attaché à la personne de Stein qui avait voult
faire de lui le directeur de la police à Francfort et l'envoya en qualité de
commissaire du gouvernement dans le département du Mont Tonnerre, où il
ne put se maintenir à la suite de différends avec le fameux Justus Gruner.;
(Cf. plus loin pièce 1347 une notice biographique plus complète d'Otterstedt
et A. FouRNiER. Die Geheim Polizei au/ dem Wiener Kongress. Note L
page 146). '
LES PRÉLIMIiNAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS Ic,^,
comte Metternich (l),le grand plaisir du roi de Danemark con-
siste à se promener incognito à pied dans les rues de Vienne
il le comte ajoute, non sans quelque amertume : « Et je dois
toujours l'accompagner. »
Le bal de la princesse Bagration a été très brillant.
La légation de France intrigue beaucoup et de tous côtés.
Les Bavarois sont entièrement dans la main de Talleyrand.
L'Espagne, la Sicile et la France déclarent qu'il faut rendre
Naples à Ferdinand IV et protestent contre le traité d'alliance
entre l'Autriche et Naples.
On continue de parler de dissentiments assez sérieux entre
Alexandre et Razoumoffsky.
A Y Appartement (2) d'avant hier (30 septembre), Alexandre
a surtout admiré les comtesses Julie (3) et Maria Zichy, et les
missions étrangères sont étonnées de la beauté et de l'élégance
des dames de Vienne.
On a remarqué l'isolement dans lequel on a laissé le prince
Eugène et un échange de mots assez vif entre le chambellan
i comte Nostitz et le maître de cérémonies comte Wurmbrand.
\ Un laquais italien revêtu des vêtements de son maître avait
réussi à pénétrer dans les salons. Il n'a pas tardé à être reconnu
et jeté dehors.
230. Vienne, 2 octobre 1814 (F. 1.4059 ad 3565).
GOHAUSEN à HAGER.
i
Organisation probable de l'Allemagne. Le sort des petits Etats,
pier-monnaie prussien au même cours que la monnaie conventionnelle.
On croit en général qu'on donnera à l'Allemagne une orga-
nisation dans le genre de celle de la Confédération du Rhin
et que les petits princes garderont leurs Etats.
On est très surpris de voir que les billets prussiens, le papier
1. Le comte Joseph Metternich faisait partie du service d'honneur attaché
à la personne du roi de Danemark.
2. Terme en usage pour désigner les réceptions à la Burg.
3. Zichy (Julie, comtesse), néecomtesse Festetics, morte en 1816, deuxième
femme du comte Charles Zichy, deuxième fils du comte Charles, l'ancien
ministre des Finances et l'un des favoris de l'Empereur François (né en 1778,
mort en 1824).
jO autour du congrès de vienne
d'un Etat qui avait moins de crédit que l'Autriche, ont déjà
maintenant presque la même valeur que la monnaie conven-
tionnelle (d'Autriche).
231. Vienne, 2 octobre 1814 (F. 1. 4059 ad 3565).
Nota à HAGER (en français). |
La conférence du 30 septembre. Les Quatre, Labrador et Talleyi-and.i
Alexandre, la Pologne et la Prusse. L'harmoni* n'est pas parfaite. Le;
prince Eugène. Bernadotte.
On se dit à l'oreille qu'avant-hier, il y eut une conférence
des quatre ministres de la Coalition où l'on montra àTallevrand
et à Labrador ce qu'on avait établi pour la manière de traiter
les affaires au Congrès. Les quatre coalisés se réuniraient et
admettraient les Ministres de France et d'Espagne comme,
Ministres de Puissances de premier rang. Là-dessus, Labradoi
demanda ce que l'on entendait par les quatre coalisés, contre
qui et dans quel but cette coalition existait et avait existé. Si
c'était contre Napoléon et pour la délivrance de l'Europe,
l'Espagne était la première de cette coalition et ne pouvaii
être admise par grâce aux séances des autres Ministres de?
coalisés, mais de droit.
On prétend que l'on dut, en conséquence des remontrances
de cet Espagnol, renoncer au plan présenté et en imaginer urj
autre. On dit même que Talleyrand a déclaré qu'il ne pouvaill
rien approuver de ce qui avait été fait en Italie depuis le
1" juin (1).
On dit en ville qu'Alexandre fait le fier, qu'il veut la Pologne;
entière, qu'il a pris là-dessus des accords avec la Prusse el|
qu'il n'y a plus rien à négocier sur ce point. On voit que
l'harmonie parfaite est bien loin d'exister.
L'arrivée de Beauharnais n'a pas beaucoup plu. On se
demande ce qu'a à prétendre ce polisson qui a imprimé tanl
de sottises contre notre Cour, volé tant d'argent à Milan.
1. Cf. d'Ai\GEBERG, 251. Projet de délibération, sur la forme et la marche i
suivre dans les délibérations du Congrès, communiqué au prince de Tall
leyrand le 30 septembre 1814. (Cf. Talleyrand au roi, Vienne, 4 octobre 181 \
(dépêche n» 2). Pallain. Correspondance inédite de Talleyrand et d
Louis X VIII, p. 10-1 7 . ) ;
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMEiNTS DU COxNGRÈS 191
fabriqué de faux billets (1) et qui, par la chute de Napoléon,
n'est plus qu'un simple particulier.
On craint que l'autre du Nord (Bernadotte) n'arrive ici se
fourrer dans ce cercle de souverains et de princes légitimes.
Tels sont les discours dans les sociétés.
232. Vienne, 2 octobre 1814 (F. 1. 4059 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Visite d'Alexandre à la princesse Bagration (2). Alexandre reste pendant
trois heures seul avec la princesse Bagration. Confidences qu'il lui fait.
L'accord entre lui et la cour de Vienne est loin d'être parfait. La rivalité
entre la princesse et la duchesse de Sagan. Leurs salons et leur influence
sur la politique La correspondance de Metternich avec la princesse
Bagralion. Joie des ennemis de Metternich.
Tout le monde ne parle que de cela. Il est sûr qu'Alexandre
avait fait dire à la Princesse Bagration qu'il se rendrait chez
elle avant le Cercle (2), à 6 heures. Il lui envoya le général
Ouvarofî la prévenir qu'il n'avait pu se débarrasser et qu'il y
viendrait après le Cercle et qu'elle lui fit trouver du thé et
personne.
En effet, à 9 h. 1/2, il y vint. Il passa dans le cabinet de
toilette et resta tout seul avec elle trois heures.
Ce matin à 10 heures M. Fontbrune (3) fut au lit de la
Princesse pour savoir tout le sujet de la conférence. Mais la
■ princesse avait été prévenue de ne pas se fier à Fontbrune, et
il eut beau cajoler, il n'en tira rien. Elle garda le secret avec
tout le monde ; mais il paraît cependant qu'elle n'a pas bonne
idée de l'accord qu'on supposait parfait entre Alexandre et
notre Cour.
1. Cf. Lecestre. Lettres Inédites de Napoléon. Paris, 25 nov. 1813, n" 1109.
■lu prince Eiujène, t. II, p. 300. « Vous recevrez un paquet contenant un
million de papier de Vienne; faites-en l'usage convenable. »
2. Cette visite eut lieu le vendredi 30 septembre, puisque le 29 septembre
"1 soir, il y eut chez la princesse un grand souper auquel assistèrent entre
! es le duc de Weimar, le prince Radziwill et tous les aides de camp
: .Vlexandre ainsi que Gentz. (Cf. Gentz, Tagebûcher, t. I, page 312.)
I 3. Quoique logé chez la duchesse de Sagan, Fontbrune, dit le Voyageur,
servait d'homme d'affaires et d'intermédiaire à la princesse. (Cf. Annexe XIII,
note curieuse de police (Archives Na,tionales,F. 7) sans date, mais pré-
aiée de l'an Vil sur ce personnage.)
192 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
J'en saurai peut-être davantage sous peu, mais, pour le
moment, la princesse est dans la joie de son cœur pour le
triomphe qu'elle a remporté sur la souveraine de Ratiborsitz (1)
et sa rivale heureuse vis-à-vis du prince ministre (Met-
ternich) (2), ayant reçu la première une telle distinction par
l'Empereur Alexandre. Ces deux bruyantes étrangères, rivales
de goût et d'ambition, se trouvent par un curieux et fatal
hasard logées dans le même hôtel (3) qui, à la honte de notre
noblesse, est le seul ouvert aux illustres étrangers présents à
Vienne.
Il me paraît très vraisemblable, que, vu la préférence du
moment que Metternich a donnée à la Sagan et les fréquentes
visites qu'y fait Talleyrand, on établira le parti autrichien
chez celle-ci et le parti russe chez la Bagration, de manière
qu'à la droite siégera le parti ministériel et à la gauche l'Op-
position.
Ce n'est pas la première fois que les intrigues de femmes
ont influé sur la politique des Etats et des plus grands Etats.
Voilà les hommes !
J'espère cependant que la Providence nous aidera jusqu'à
la fin, et si jamais (ce que je n'ai aucune raison de croire),
la vengeance avait suggéré de mauvais projets à la princesse
Bagration dans sa longue conversation, qui n'a pas roulé tout
entière sur des niaiseries de jeunesse, j'espère qu'elles n'au-
ront aucune influence sinistre sur les affaires.
Je me console que, si elle a même montré à son Empereur
toute sa correspondance avec Metternich, il n'y a que des
éloges pour lui et jamais une idée d'agrandissement de notre
côté, mais toujours de justice et de libéralité (4).
Les ennemis de Metternich sont aux anges de cet événement.
Ils sont tous à présent pour V Andromède russe et contre la
Cléopâtre de Gourlande, dont l'ascendant a plus de morgue
et moins d'abandon et de prodigalité que celui de l'autre. Ils
espèrent que l'empereur Alexandre ira souvent chez la leur et
1. Un des châteaux de la duchesse de Sagan, près de Nachod.
2. La duchesse deSagan,on le sait, était àcemomentla bien-aimée de Met-
ternich.
3. Le Palais Palm, dans la Schenkenstrasse, s'élevait à peu de distanc^
du Ball-Platz (Ministère des Affaires étrangères) et de l'endroit où se trou\
actuellement le Burg Theater.
4. Allusion aux prétentions de la Russie sur la Pologne.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 193
peut-être plus du tout chez l'autre. Nous verrons. Les paris
sont ouverts, les armées sont en présence et le feu a déjà
commencé.
233. Vienne, 1" octobre 1814 (F. 1. 3796 ad 3565) (1).
Nota à HAGER (en français).
Une visite de l'Empereur Alexandre chez la princesse Bagration.
Le chapeau du décorateur.
Alexandre, invité chez la princesse Bagration pour samedi
soir (le 1" octobre) s'y est rendu hier soir (le 30 septembre)
après Vapparteme7it et le souper pour faire une visite. Le por-
tier sonna quatre fois pour l'annoncer, et la princesse qui, se
disant malade, avait fait défendre sa porte toute la journée,
alla au-devant de lui en négligé jusqu'à l'escalier. A la voix
du tzar, elle se confondit en excuses, le fit entrer dans sa
chambre où Alexandre aperçut un chapeau d'homme. Grande
et amusante explication : « C'est celui du décorateur Moreau,
dit enfin la princesse, c'est lui qui décore la maison pour la
fête de demain (2). »
Le tzar resta deux heures et demie chez la iprincesse. Honni
soit qui mal y iJense !
234. Vienne, 1" octobre 1814 (F. 1. 3992 ad 3565).
HEGARDT à ENGESTRÔM (Stockholm) {intercepta)
(en français).
Conversation et altercations d'Alexandre avec le prince Antoine de Saxe.
Affaires de Pologne. Le Danemark et le Holstein. Les plénipotentiaires
de Naples. L'organisation probable du Congrès. Ce qu'on peut en attendre.
Hegardt commence par lui parler du bruit répandu à Vienne
de la venue du prince royal de Suède (Bernadotte).
1. Quoique cette pièce soit datée du 1" octobre, j'ai cru utile de la pla-
cer immédiatement à la suite de la précédente à cause des faits mêmes qui
y sont exposés.
2. Le bal que la princesse donna le 1" octobre.
T. I. 13
194 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
« On m'a raconté que l'Empereur de Russie, dans une con-
versation (1) avec le prince Antoine de Saxe au sujet de Tab-
dication qu'on se propose d'exiger du Roi son frère, s'étant
un peu emporté, il lui est échappé un mot sur le caractère de
ce Monarque et que le prince, piqué au vif, a répondu qu'on
pouvait dépouiller son frère, mais qu'on tâcherait en vain de
colorer cet acte d'injustice en lui prêtant des perfidies et en
dénigrant son caractère qui avait toujours été sans reproche. »
Les négociations sont toujours mystérieuses. On n'est tou-
jours pas d'accord sur la Pologne.
Pour le Danemark, c'est tout au plus si le Roi réussira à
sauver le Holstein (2).
L'admission des plénipotentiaires de Naples sera contestée,
et c'est pour refuser des questions de cette nature qu'on va
diviser le Congrès en plusieurs comités et réserver les questions
importantes aux Plénipotentiaires de la Coalition, en j admettant
toutefois ceux de France et d'Espagne. Dans peu cela doit
s'éclaircir, et on verra alors ce qu'il ya à espérer ou à craindre
de cet aéropage de l'Europe.
235. Vienne, 1" octobre 1814 (F. 1. 4054 ad 3565).
Rapport à HAGER
Plaisanteries des Viennois sur les souverains, logements qu'ils leur affectent (3).
Le tzar, im Sûssen Loechl (dans l'agréable petit trou).
Le grand duc Constantin, Naglergasse (rue des Cloueurs).
Le roi de Wurtemberg, Fleischmarkt (au marché à la
viande).
1. Cette explication orageuse eut lieu le 26 septembre.
2. Cf. Les Ambassadeurs du Roi au Congrès au Ministre des Affaires
Etrangères à Paris. Vienne, 26 octobre 1814 (Dépêche, n» 6/)is). « Ce qui sem-
blerait prouver que TEmpereur de Russie ne croit pas pouvoir terminer les
affaires cette année, c'est qu'il a retardé la ratification du traité avec le
Danemark et la Suède, dont il doit être garant et qu'il n'a pas donné d'ordres
pour retirer son armée qui occupe et dévore le Holstein. Le Roi de Danemark^
n'a pu rien obtenir à cet égard. »
3. Noms de maisons, de rues et de places existant en 1814 et dont quelqueg4
unes subsistent encore aujourd'hui, comme par exemple la Naglergasse et \i
Fleischmarkt.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 193
Le roi de Danemark, im Elend (dans la misère).
Le roi de Prusse, Windmiïhle (au moulin à vent).
L'Empereur d'Autriche, Papiermûhle (à la fabrique de
papier).
236. Vienne, 4 octobre 1814 (F. 1. 3841 ad 3565).
HAGER à l'EMPEREUR
Bordereau et rapport du 4 octobre et envoi de la liste, de
la copie ou analyse des Intercepta du 3 octobre, parmi lesquels
se trouve la copie d'une lettre de Zurich, 25 septembre 1814
de Rouyer, secrétaire de la Légation de France en Suisse (1)
au Bailli d'Hanonville (2) (de Tordre de Malte).
237. Zurich, 25 septembre 1814 (F. 1. 3841 ad 3565).
ROUYER au BAILLI d'HANON VILLE? (intercepta)
(analyse de la lettre).
Il lui a écrit le 19 par le bourgmestre de Wieland, de Bâle,
l'un des trois députés de la Diète helvétique et lui fait remettre
celle-ci par Gapo d'Istria (3), Ministre de Russie en Suisse. 11
l'engage à voir le Ministre pendant ^e séjour qu'il fera à Vienne,
1. Le chevalier Rouyer était depuis fort longtemps à la légation de France
tn Suisse. Il faisait déjà partie de cette mission en l'An XIII.
2. Je doute fort qu'il puisse s'agir ici de d'Hanonville, commandeur de
Salins en 1772, chevalier de Malte de la langue d'Auvergne, le seul de ce
nom que j'ai relevé dans les différents ouvrages que j'ai consultés.
3. Capo d'istria (Jean, Comte) (1776-1831), choisi pour Secrétaire d'État à
27 ans par le Commissaire Impérial de Russie dans les îles Ioniennes, il se
démit de ses fonctions lorsque la paix de Tilsitt plaça ces îles sous la domi-
nation de la France et se rendit à Saint-Pétersbourg où il entra dans les
bureaux du ministère des Affaires étrangères. Chargé en 1813 d'une mission
secrète en Suisse pour faire respecter la neutralité de ce pays, plénipoten-
tiaire au Congrès de Vienne, il devint l'année suivante Secrétaire d'Etat aux
Affaires étrangères. La Grèce commençait à s'agiter et la situation de Gapo
d'istria, grec d'origine, et ministre du Tzar, devenait difficile. Il fut en effet
destitué en 1819 lors de l'insurrection d'Ypsilanti et vivait dans la retraite à
Genève lorsqu'en 1827 il fut nommé par ses Compatriotes Président de la
Grèce. Il accepta ces fonctions qu'il exerça pendant quatre ans et mourut
assassiné en 1831.
196 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
lui parle assez longuement des Iles Ioniennes qu'il est question
de donner à l'Ordre de Malte et insiste sur le fait que Capo
d'Istria pourra lui être fort utile.
238. Vienne, 3 octobre 1814 (F. 1.4087 ad 3565).
Rapport à HAGER
Bruit de mouvement des troupes autrichiennes en Italie.
Le bruit court que les troupes autrichiennes de la Lombar
die se portent sur Bologne.
239. Vienne, 3 octobre 1814 (F. 1.4087 ad 3565).
Rapport à HAGER (Intercepta).
Il lui communique une dépêche d'Aglié (1) de Londres
(4 septembre) à Saint-Marsan sur ce qui aurait été fait à Paris
au sujet de la Savoie.
240. Vienne, 3 octobre 1814 (F. 1. 3841 ad 3565).
Rapport à HAGER
(Emploi de la journée du 2 octobre par Anstett.)
Samedi 2 octobre. — Anstett travaille de 10 heures à 1 heure,
puis va chez Nesselrode, rentre vers 2 heures, reçoit le Comte
1. Comte San Martin d'Aglié, Ministre de Sardaigne à Londres, un des plus
ardents artisans de la cession de Gênes au Piémont dont il rêvait l'agran-
dissement, auteur d'un Mémoire dans lequel on donnait à son roi tout le
pays depuis les Alpes jusqu'au Mincio, Parme, Plaisance et Massa-Carrara.
(Cf. RiNiERi. Il Conffresso di Vienna e ^a Santa Sede. XXXVII et Ibidem,
XLI-XLII à propos de la Savoie. Victor Emmanuel à Saint-Marsan, Turin,
juillet 1814. Cf. N. Bianchi. Storia Docurnentata délia Diplomazia Europea
inltalia. Vol. I, 47-50 et entre autres la dépêche de d'Aglié, à Vallaise, de
Londres, le 6 septembre 1814).
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 197
Woronzoff, va dîner avec lui au Restaurant Widmann, rentre
à o heures, va à 8 heures à la Redoute et rentre à minuit.
241. Vienne, 3 octobre 1814 (F. 1. 3972 ad 3,565).
SGH... à HAGER
Surveillance d'Anstett. Emploi qu'il fait de la journée du 3 octobre.
Mandel, Vernègues. Ses relations avec ce dernier.
Mandel est venu un instant le 3, puis un peu plus tard,
Wernich (Vernègues) (1) avec une quantité de papiers. Ans-
tett s'est enfermé avec lui pendant plus d'une heure. Il a
donné Tordre de recevoir toujours Wernick (Vernègues) et
de ne jamais le déranger pendant qu'il serait à travailler avec
lui.
Anstett a travaillé jusqu'à deux heures chez lui ; il a été
1. (Cf. Archives Nationales, F. 7. 6478, 36462 2» série. Cité en partie par
d'HAUTERivE. La Police Secrète du Premier Empire, t. II, p. 177, Bulletin
552. Notes de Gènes, 29 novembre 1805;. « Monsieur de Lisakévitch, ministre
de Russie, qui a suivi le roi (de Sardaigne) à Rome, à Naples et en Sar-
daigne, s'était attaché pendant la dernière guerre un émigré de Provence,
M. Vernègues, homme entendu, dévoué à la faction russe et qui a fini par
être naturalisé sujet Russe. C'est le même qui fut arrêté l'an passé à Rome,
conduit au Temple, relâché à la suite de la prière de Sa Sainteté, lors de son
voyage à Paris. Il partit pour Vienne pour voir l'Evêque de Nancy (Mgr de
la Fare) et se proposait de se rendre en Russie. Les journaux ont annoncé
récemment que la Russie l'envoyait de nouveau à Rome et des lettres par-
ticulières annoncent même qu'il y est déjà. Il y a servi longtemps les intérêts
du duc de Berry. Il correspondait en l'an VIII avec Villot (le Général Willot
de Grandprez) et prenait alors le nom de l'héritier (Cf. pour plus de détails
sur le départ de Vernègues de Paris le 22 décembre 1804 après sa libération,
d'Hauterive, t. I p. 217. Bulletin 690. — D. Perrero. I Reali di Savoia nell'Esi-
lio, pages 243-244, sur l'arrestation de Vernègues à Rome. Dépêche du cheva-
lier Rossi à de Maistre du 31 décembre 1803. — Desmarets. Quinze ans de
Haute Police sous le Consulat et l'Empire. Préface, lix-lxiii.
Voici enfin sur Vernègues quelques notes extraites des Archives Adminis-
tratives du Ministè.'e de la Guerre :
Vernègues (Joseph-Hilarion-Gautier de), né à Aix le 8 avril 1757, entré au
service au régiment Royal Normandie en septembre 1788, émigré en 1789 (on
suppose le 1" septembre). Entré au service de Russie avec autorisation de
Louis XVIII et nommé colonel le 7 décembre 1808. Démissionnaire du service
de Russie le 1*' juillet 1814. Nommé Maréchal de camp par Louis XVIII par
décret de Gand le 25 mai 1815. Il était à ce moment employé à Vienne par
la Légation Française, Résident auprès du Grand Duc de Toscane en 1816.
Demande en 1820, faveur qui lui est refusée, à être nommé Ministre d'Etat,
alors qu'il était en instance de retraite.
198 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
ensuite chez Razoumofîsky chez lequel il est resté jusqu'à sept
heures.
242. Vienne, 3 octobre 1814 (F. 1. 3972 ad 3565).
SGHMIDT à HAGER
Surveillance de Czartoryski, son influence. Wolkonsky. Bruits divers sur la
Pologne.
Le prince Adam Czartoryski est arrivé. Il prendra ici un
domestique. On va s'efforcer de lui procurer un homme de
confiance, grâce auquel on sera bien renseigné sur son compte.
Czartoryski continue d'être fort bien vu par l'Impératrice.
Nesselrode et Stackelberg redoutent son influence sur l'Empe-
reur Alexandre qu'il a su gagner complètement depuis la chute
de Roumantzoff, parce qu'il est un ennemi déclaré et avéré des
Français.
Le prince Wolkonsky déplore l'influence qu'a su prendre
sur l'Empereur Alexandre la grande duchesse Catherine.
Parmi les Polonais, il en est certains qui espèrent que la
Pologne sera donnée à l'archiduc Charles, s'il épouse la Grande
Duchesse Catherine, d'autres qui pensent qu'Alexandre la don-
nera à Czartoryski, tout comme elle fut attribuée dans le temps
à Poniatow^ski.
243. Vienne, 3 octobre 1814 (F, 1. 3972 ad 3565).
SGHMIDT à HAGER
Surveillance de Czartoryski. Arrivée du Grand Duc de Bade.
Le prince Adam Czartoryski écrit toute la matinée. Il envoie
en général ses lettres à l'empereur Alexandre, à la Burg. Il
a dîné chez Razoumoffsky.
Le Grand Duc de Bade (1) est arrivé hier 2 octobre.
1. Charles-Louis-Frédéric, Grand Duc de Bade, né le 8 juin 1786, succéd
à son grand-père le 10 juin 1811. il avait épousé en 1806 Stéphanie de Beav
harnais adoptée par Napoléon. Mort en 1818.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 199
244. Vienne, 3 octobre 1814 (F. 1. 4087 ad 3565).
SIBER à HAGER
Rapport sur Stein. Son nouveau valet.
On espère se procurer plus de renseignemeats sur Stein,
grâce au nouveau valet qu'il a pris.
245. Vienne, 3 octobre 1314 (F. 1. 4087 ad 3565).
SIBER à HAGER
Surveillance du prince de Hardenberg.
Hardenberg a eu le 1" octobre un entretien de deux heures
avec Metternich. La conférence s'est réunie le 2 octobre.
246. Vienne, 3 octobre 1814. (F. 1. 4087 ad 3565).
GÔHAUSEN à HAGER
Note sur le conseiller intime bavarois baron Bôhnen.
Né en Zurich, le conseiller intime bavarois Bœhnen, venu à
12 ans àStuttgart, y étudia, protégé par le duc Charles (1) avec
lequel il voyagea. Il devint son favori lorsque le duc enleva
M°" de Leutrum (2), qu'il épousa et à laquelle il donna le titre
de comtesse Hohenheim. Après la mort du Duc, il resta au
service de sa veuve. Il est marié avec une demoiselle von Scher-
tel(?), sœur de la duchesse Franziska et dut quitter le Wurtem-
berg à la mort de la duchesse Charles. Il entra alors au service
de la Bavière et a toujours encore la confiance du Prince
Royal de Wurtemberg, bien que celui-ci vive séparé de la
1. Charles-Eugène, duc de Wurtemberg, né en 1728, mort en 1793. II avait
épousé en premières noces Elisabeth-Frédéric-Sophie, margrave de Baireuth,
dont il se sépara en 1781.
, 2. Franziska von Bernardin, morte en 1817.
200 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
princesse bavaroise qu'il avait épousée. C'est lui qui a eu la
désagréable commission de servir d'agent de correspondance
entre le prince et son beau-père, le roi de Bavière.
Stein a depuis quelques jours un domestique attaché à son
service, grâce auquel j'espère mettre la main sur sa corres-
pondance particulière.
On est enchanté dans le public de voir que les diplomates
français n'assistent pas à toutes les conférences.
247. Vienne, 3 octobre 1814 (F. 1. 4087 ad 3565).
SIBER à HAGER
Rapport sur les souverains. Le bal de la princesse Bagration,
Le souper. Les visites d'Alexandre.
L'Empereur Alexandre, accompagné par un seul laquais, est
allé, numéro 54, Schenkenstrasse où habitent dans la même
maison la duchesse de Sagan et la princesse Bagration. 11 n'est
rentré qu'à minuit. Il paraît que cela lui arrive souvent.
L'Empereur est très content de son séjour à Vienne. Il dit
qu'il n'a jamais été plus satisfait que depuis qu'il est ici. Gela
le change un peu de ses Russes. Dans tous les pays qu'il a
traversés au cours de la campagne, il n'a vu que de la misère
et des mécontents. En Angleterre, il a trouvé trop de raideur.
L'Autriche possède les éléments et les caractères qui procurent
et engendrent la gaieté et le plaisir, parce qu'on sait y rester
dans la vraie note et dans le juste milieu.
Deux cents personnes ont assisté au bal donné par la pria-
cesse Bagration le 1" octobre ; le roi de Prusse est arrivé à ÔM
heures ; l'Empereur de Russie à dix heures et demie. A minuit,
on a servi le souper. L'Empereur de Russie avait à sa droite M
princesse Esterhazy, à sa gauche, la princesse Bagration ; le r«
de Prusse, à sa droite la princesse Liechtenstein et à sa gaudàr
la princesse Golloredo. Il est parti peu de temps après, tandis
que l'Empereur Alexandre est resté au bal jusqu'à quatre heureif
du matin.
Il est absolument certain qu'Alexandre est venu voir IjI
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 201
princesse Bagration presque aussitôt après son arrivée et qu'il
est reve7iu chez elle le 28 au soir.
248. Vienne, 4 octobre 1814 (F. 1. 4087 ad 3565).
0 © à HAGER (en français).
Les deux millions de Brignole. Les visées d'Aldini.
Le prince Eugène et Guicciardi. Murât et l'Angleterre.
Les deux millions que Brignole doit employer pour en faire
cadeau à Metternich sont arrivés. Desmont (?) me dit d'Aldin?
qu'il ne respire que l'indépendance et que, pendant qu'il nous
dit les plus belles choses sur le compte de l'Autriche, il ne
parle que du désir d'indépendance de la nation italienne. I'
croit le prince Eugène sans soutiens.
Guicciardi, député de la Valteline, est, selon lui, un homme
parfait sur lequel la Cour et vous vous pouvez compter.
Il croit l'Angleterre toute dévouée à l'Autriche et prête à la
soutenir en Italie et en Allemagne. Pour Murât, il est per-
suadé qu'il vise absolument au royaume d'Italie et croit que
l'Angleterre lui fera bientôt la guerre et que tout cela se pré-
pare, vu que Murât ne paraît pas intentionné à entendre raiso
249. Vienne, 3 octobre 1814 (F. 1. 4087 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Satisfaction causée dans certains milieux par l'attitude de Talleyrand et de
Labrador, lors de la conférence du 30 septembre. Le Nonce et la durée du
Congrès. Le cardinal Gonsalvi.
Ferez de Castro a longuement insisté sur la satisfaction
assez générale qu'on a éprouvée lorsqu'on a su que Talley-
1. Guicciardi (Diego, comte) (1756-1837), né dans la Valteline, seconda en
1789 la réunion de ce pays à la Cisalpine. Gonsulteur sous la République
cisalpine, fait successivement par Napoléon conseiller d'Etat, comte et di-
recteur général de la police du royaume d'Italie (1805-1809>, puis sénateur.
Trop tiède et trop modéré au goût de l'Empereur qui l'envoya au Sénat du
royaume, il fut l'un des premiers à travailler en 1814 en faveur de l'Autriche,
ou tout au moins en faveur d'un royaume ayant à sa tète un prince autri-
chien et devint un peu plus tard vice-pi'ésident du gouvernement de la Lom-
bardic.
202 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
rand et Labrador avaient remis Metternich à sa place (l).
Il m'a déclaré que les Espagnols s'enorgueillissent d'avoir
dompté la cabale séditieuse et honteuse qu'on avait formée
d'exclure les plénipotentiaires français et espagnols du Grand
Sanhédrin où on prépare la matière qui doit être soumise à la
discussion du Congrès et où enfin on décide du destin de
l'Univers. « M. de Labrador et M. de Talleyrand, m'a-t-il dit,
ont coupé le nœud gordien. Le prince de Metternich a voulu
jouer le rôle d'un Mazarin, d'un Richelieu. Nous l'avons dé-
trompé, et certes M. de Labrador, sans rien ôter au prince
de Talleyrand, a la principale gloire dans ce triomphe. »
J'ai vu le Nonce qui croit que le Congrès ne sera pas d'aussi
courte durée que le pensait Metternich à cause des tendances
diverses des Ministres des Puissances. Le Nonce a insisté sur
le rôle joué par le cardinal Consalvi et sur la grande place qu'il
a déjà su se faire auprès des souverains.
250. Vienne, 3 octobre 1914 (F. 1. 4087 ad 3565).
ANSTETT au GÉNÉRAL JOMINI.
Intercepta sans date pris chez Anstett le 3 octobre 1814.
Je viens de prendre copie de la lettre ci-dessous d'Anstett
au Général Jomini.
« Je restitue à Votre Excellence la quintessence du ti'aité
de Paris. Ce petit commentaire philosophico-véridico-politique
est fait à merveille. L'appétit vient en mangeant. Vous m'avez
promis un petit tableau dont je ne saurais vous tenir quitte.
Je voudrais à mon tour avoir quelque chose d'intéressant à
vous offrir, mais ma plume chaume (szr) et ma table est vide. »
1. Cf. Talleyrand au roi (dépêche n" 3), Vienne, 4 octobre 1814. (Pallaiï
Correspondance inédite, p. 16-19.)
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 203
251. (F. 1. 4087 ad 3565).
GÉNÉRAL BARON JOMINI
Le dernier traité de Paris mis à la portée de tout le monde.
Les Hautes Puissances Alliées, qui n'ont fait la guerre à la
France que pour son bonheur et pour lui procurer les bienfaits
d'une paix solide et glorieuse, voulant prouver leur désinté-
ressement à Sa Majesté Louis XVIII et traiter avec Elle plus
favorablement qu'elles ne l'ont jamais fait avec Bonaparte, ont
résolu le traité suivant :
1° 11 y aura alliance éternelle entre la France et les puis-
sances alliées, — sauf le cas où une guerre deviendrait néces-
saire pour le bonheur et la commodité de l'une d'elles.
2° L'Empire de France conserve le titre de Royaume.
3° En conséquence de la déclaration de Francfort, du 7 jan-
vier, portant qu'une grande nation ne doit pas déchoir, les
puissances alliées, jalouses de donner aux armées françaises
une haute marque de leur estime, ne reprennent que les con-
quêtes faites depuis 1792.
4° La Belgique est remise à la Hollande pour récompenser
le Prince d'Orange de la part qu'il a prise à la guerre et des
sacrifices qu'il a faits pour recouvrer ses Etats.
5° En échange de la Belgique et conformément à la décla-
ration de Francfort, qui porte que la France sera plus grande
que sous aucun de ses rois, S. M. Louis XVIII acquiert la
préfecture d'Annecy dont la propriété lui est irrévocablement
^affectée jusqu'à nouvel ordre.
I 6° On ne rendra pas au roi les millions de dépenses affectés
au port d'Anvers, mais il sera comblé de bénédictions et en
considération de ce sacrifice, le roi de Sardaigne ne demandera
|à Sa Majesté aucune contribution de guerre.
i 7° Le roi de Sardaigne conserve à perpétuité ses titres de roi
jde Chypre et de Jérusalem et il pourra au besoin y joindre
I celui de marquis de l'Empire Ottoman.
8° Le Pape recouvre les Etats Romains. 11 abolit l'Etat civil
et ordonne à tous ses sujets nés depuis 1802 d'en faire la
déclaration par devant l'autorité ecclésiastique.
9° L'Angleterre rend à la France toutes ses colonies, excepté
Tabago, Sainte-Lucie, les Séchelles, l'île de France, etc., etc.
204 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE -
Quant aux autres, les Français seront tenus d'en faire la con-
quête.
lO" L^ Angleterre donne la Norvège à la Suède et la Suède
cède la^Guadeloupe à la France. Sa Majesté Britannique aban-
donne tous ses^légitimes droits sur la Norvège et la Guade-
loupe.
11° L'Angleterre consent à garder la flotte d'Anvers sous Is
condition expresse d'entretenir sur le Continent une armée de
terre aux frais de la Hollande.
12° La Marine royale de France sera composée de 13 vais-
seaux, 8 frégates, 3 corvettes, 5 avisos, dont la moitié seule-
ment pourra être armée en guerre. Quant aux officiers de marine
le roi sera libre d'en porter le nombre à telle quantité qu'i
jugera à propos.
13° S. M. l'Impératrice et reine Marie-Louise sera élevée \
la dignité de duchesse de Parme et de Plaisance par les soin!
de son Auguste Père François, empereur d'Autriche.
14° En conséquence de sa conduite noble, loyale et franche
le prince Eugène-Napoléon cessera d'être Vice-roi d'Italie e
le trône de Naples restera occvipé par le roi Joachim Napo'
léon,run des souverains les plus fidèles à Bonaparte, au Pape
à la France et aux Puissances alliées.
15° L'Angleterre consent à ce que la navigation françai»
soit libre sur la Marne, la Saône, la Dordogne, l'Isère et un<
partie de la Gironde. Les manufactures et le commerce repren
dront leur état. Les négociants français seront libres de n
vendre que des marchandises anglaises.
16° Les troupes alliées sortiront de France le plus tôt pos
sible en ayant soin de ne pas passer par les pays qu'elles on
parcourus — sous peine de mourir de faim.
17° Les traités antérieurs ainsi que les milliards dépensé
pour les fortifications de Dantzig, Francfort, Mayence, Casse)
Mons, Luxembourg, Anvers, etc., etc., et le sang de cinq mil
lions de Français versés pour la gloire et l'honneur de la Franc
sont déclarés non avenus.
18° En attendant l'exécution du présent traité et pour prou
ver l'union qui existe entre toutes les Puissances européennes
il sera chanté un Te Deum dans toutes les langues, à la suit
duquel il sera donné des instructions pour fortifier les place
et recruter les armées.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 205
252. Vienne, 3 octobre 1814 (F. 1. 4087 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Sur la visite faite par Alexandre à la princesse Bagration. Confidences qu'il
lui a arrachées sur sa liaison et sa rupture avec Metternich. Tentatives
faites pour faire tomber Alexandre dans les filets de la duchesse de Sagan.
Opinion d'Alexandre sur certains généraux et hommes d'Etat autrichiens.
Il est décidé à garder la Pologne. Son attitude au bal de la princesse Bagra-
tion. Le prince Eugène et l'archiduchesse Béatrice.
La princesse Bagration n'a pas pu s'empêcher de confier ce
|m suit à une personne qui jouit de toute sa confiance (1). Reste
savoir si tout est vrai ce qu'elle lui a dit, mais comme diffé-
entes choses sont assez dans le caractère d'Alexandre, et
onnues d'ailleurs pour telles qu'elle les a dites, j'ai grande dis-
)osition à croire qu'elle ne les a pas forgées à son confident
le qui je les tiens.
Parlant du prince de Metternich, Alexandre a voulu con-
laître l'histoire de sa liaison avec la princesse et comment la
hose s'était refroidie et à présent il avait l'air d'être tout dévoué
la duchesse de Sagan.
Là-dessus Alexandre a dit à la princesse : « Metternich ne
DUS a jamais aimée ni vous, ni la Sagan. C'est un homme
roid, croyez-le. Il n'aime ni l'une ni l'autre. C'est un être à
ang-froid. Ne le voyez- vous pas, avec cette figure de plâtre il
l'aime personne. »
Parlant de la Sagan, l'Empereur a dit qu'on avait fait tout
possible pour la lui faire agréer. « On me l'a même placée
jête à tête dans la même voiture {N.-B. Le fait est vrai et
hnnu), mais ils n'ont pas réussi. J'aime les sens, mais il me
Ipiui aussi l'esprit. »
Il a passé ensuite en revue certains généraux. Il a dit de
hwarzenberg qu'il l'aimait beaucoup, que c'est un bon mili-
re qu'il avait une qualité unique, c'est que « dans une affaire
ne pense qu'à la chose et s'oublie lui-même et il fait cela
ujours ». Il a loué ensuite Blanchi (2) qui a du talent et est
in officier distingué, puis Jérôme Colloredo (3) pour sa bravoure
[ 1. D'après les confidences faites par la princesse à une personne de son
itourage, probablement à la comtesse i^urore de Marassé.
S.Le futur commandant en chef de l'armée autrichienne contre Murât qu'il
lattit à Tolentino.
3. Né en 1775, mort en 1822, Jérôme Colloredo, deuxième fils du ministre
206 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
et sa franchise, et Louis Liechtenstein (1) aussi. Celui auquel
après Schwarzenberg il a montré le plus d'estime est Sta-
dion (2). « Mon bon Stadion, je l'ai revu avec bien du plaisir.
Je l'aime tant, il est si bon, si franc, si loyal. »
En parlant de politique il a dit : « La Pologne est à nous*
Elle doit nous rester. Je n'y renoncerai jamais. Je l'occupé
avec 200.000 hommes. On verra qui me chassera. »
On a remarqué qu'au bal d'avant-hier chez la princesse, i
l'a distinguée, elle plus que tout autre, et après elle la Sophie
Zichy. Il a dansé la deuxième danse avec la duchesse de Sagan
qu'il a ensuite négligée toute la soirée. Du reste il a été très
poli avec tout le monde, gai, aimable, content. Il a eu une con-
férence d'un quart d'heure avec Hardenberg et, comme il faul
crier avec lui, il s'est retiré pour parler avec lui dans h
chambre de la princesse. On a remarqué qu'il n'a pas mêm<
fait attention à Czartoryski et très peu à Metternich.
On raconte que le prince Eugène a fait visite à l'archidu-
chesse Béatrice (3) et ayant eu l'arrogance de lui parler d(
Milan, elle, en réponse, n'a parlé que du roi de Bavière.
Au cercle il aborda le prince KhevenhûUer en lui disant
« Comment vous va. Prince ? » L'autre lui répondit : « Com
ment se porte Votre Excellence. » Ce dialogue n'alla pas plu
loin.
Les Viennois souffrent de revoir ici ce drôle que les Mila-
nais estiment comme militaire, mais que tout le monde mépria
et déteste pour son hypocrisie, sa morale, ses mœurs et sur
tout sa fourberie. Il faut entendre là-dessus les Italiens et l'ex
sénateur Guicciardi et l'ex-Podestat de Venise Rénier (4
et tous ceux qui ont eu affaire à lui. En général, les Italien
préféraient Napoléon à Eugène parce qu'ils disaient : « Napo
léon est fier, cruel, vindicatif, mais il ne se cache pas, et l'autr
est faux, traitre, fourbe et n'a jamais fait la fortune de per
sonne. »
de Léopold, il avait pris une part des plus brillantes à la bataille de Kuln
Il était de plus un adversaire déclaré de Metternich. Promu feldzeugmeiste
en 1814, il était à ce moment commandant général en Bohême.
1. Liechtenstein (Louis, prince), feld-maréchal lieutenant, commandeul
Tordre militaire de Marie-Thérèse.
2. Peut-être aussi parce qu'il était un ennemi avéré de Metternich.
3. Veuve de l'archiduc Ferdinand, ancien gouverneur de Milan et mèr
l'Impératrice d'Autriche.
4. Renier (Daniel), Podestat de Venise depuis 1807, fut un des patrie
qui se prononcèrent le plus hautement pour la réforme politique en 1797j
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 207
253. Vienne, 28 octobre 1814 (F. 1. 4087 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Les souverains étrangers et l'opinion publique, et leur séjour à Vienne.
Tous les Autrichiens sont enchantés du rôle digniteux(5zc)
et magnifique que joue notre Cour en cette occasion à jamais
mémorable et sans exemple. On est surpris çt charmé de la
magnificence impériale et qui a un air si solide. On dit ouver.
tement que notre Cour n'est plus à reconnaître. L'élégance
des équipages, le bon goût, le bon ton de ses gens, etc., etc..
tout a une physionomie si ditTérente de l'ancienne qu'on serait
tenté de crier au miracle, car tout ceci s'est fait tout d'un
coup. Mais ce qui flatte davantage l'amour-propre national,
c'est de voir comment les souverains étrangers se conduisent
ous envers notre empereur qu'ils ont tous l'air de regarder
omme le premier d'entre eux et qui, de son côté, montre tant
e bonhomie et de véritable grandeur, sans orgueil et avec ce
on paternel qui lui gagne tous les cœurs, même des étran-
ers, desquels j'ai entendu moi-même ses éloges, surtout des
taliens et des Allemands.
Celui qui plaît davantage décidément parmi les princes
étrangers, c'est le roi de Prusse. Son maintien sage et modeste
^vec dignité, son air militaire et jusqu'à son corps et sa figure
mt obtenu la préférence, même auprès des dames, à ce roi sur
IjUexandre.
On trouve à celui-ci tour à tour un ton affecté, mêlé de russe
\t de français, et personne ne se fie à ses extrêmes politesses
^commande. Il passe pour grec, léger, inconstant, et en même
^ps boutonné, altier, mais surtout plus loin de nous que
tait un Prussien au temps de Frédéric le Grand. Bref, il
)laît pas et on ne s'y fie pas.
^n dit encore du bien du roi de Danemark, et on est enchanté
foir ici le roi de Bavière qui plaît par ses manières ouvertes.
tout le monde préfère l'impératrice de Russie, qui a un
[si aimable et si bon, aux deux. grandes duchesses, dont
jie d'Oldenbourg passe pour une intrigante de première
bce et fausse au dernier point dans le temps qu'on lui recon-
beaucoup d'esprit et d'érudition politique et grande envie
208 AUTOUR DU COiNGRÈS DE VIENNE
de plaire et de faire effet. Le bruit de son mariage avec l'ar-
chiduc Charles commence à se refroidir. Les Italiens en étaient
enchantés ; je veux dire les Milanais, dans Tespoir que l'archi-
duc serait gouverneur du Royaume de Lombardie et tiendrait
avec elle une Cour brillante à Milan, de quoi ce grand et beau
pays ne peut pas se passer.
Du roi de Wurtemberg, personne n'en parle. Il y a une forte
cabale contre lui en Allemagne. Les savants, les philosophes,!
les Constitutionnistes (sic) jettent les hauts cris sur son des-
potisme et sa fierté. Cette aversion s'est propagée jusqu'à
Vienne. Le Prince héréditaire, qu'on dit chef du parti contre
le gouvernement actuel de son père, plaît généralement à toul
le monde, de même que celui de Bavière qui passe pour autri-
chien dans l'âme.
On parle peu ou rien des autres princes des maisons sou-
veraines. Les grandes têtes couronnées absorbent toute l'at-
t'^ ^tion et la curiosité du public.
254. Vienne, 3 octobre 1814 (F. 1. 4087 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Appréciations sur le congrès et l'attitude des différentes puissances.
Nouvelles d'Italie.
Voici ce qu'on débite et qui ne fait pas un bon effet. On esf
bien loin de s'entendre, encore moins de s'être entendu, sur lej
grandes questions à résoudre. La Russie commence à bouderl
Elle veut la Pologne. L'Europe ne peut pas la lui accorder.
La France voit mal volontiers les Pays-Bas réunis à la Holl
lande. Talleyrand travaille pour revenir sur ses pas pour cettj
cession.
Le Danemark demande une indemnisation.
La Prusse veut la Saxe.
Castlereagh a présenté une note dans laquelle il fait entenc
que l'Angleterre ne peut pas permettre que la Pologne entiil
devienne ou reste russe (1).
1, Mémorandum de lord Castlereagh au sujet des traités relatifs au dï
de Varsovie. Cf. d'ANGEBERG, 265-270. Vienne, 4 octobre 1814.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU COiNGRÈS 209
Le Pape ne cédera jamais les Légations.
L'Espagne ne démord pas de son royaume d'Etrurie ou d'un
équivalent et du retour à sa famille de celui de Naples. Cam-
pochiaro fait courir une note pour prouver que Murât est roi
de Naples aussi légitime que tous les autres souverains qui
l'ont reconnu et qu'il est de l'intérêt de tous de le conserver (1).
Beauharnais, quoique Français, prétend à un état en Alle-
magne. Cela fait frémir tous les Allemands qui céderaient
toute l'Italie plutôt qu'un pouce de terrain à ce Français napo-
léoniste en terre allemande.
Les affaires sont embrouillées, n'avancent pas (2) et malgré
tout ce qu'on a fait, dit et promis, la guerre est bien loin
d'être impossible, comme on croyait avant l'ouverture du Con-
grès qui selon les uns n'a pas encore commencé et selon les
autres ne peut pas avancer, vu la contradiction et l'opposition
des idées, des prétentions et des intérêts de tant de puissances.
Je crois que tout est vrai pour les principes et peut-être tout
est faux ce qu'on dit des faits, mais voilà ce qui court la ville
et les maisons.
- Le Pape a permis à une société anglaise de faire fondre en
bronze deux chevaux comme ceux de Monte-Cavallo. La
Commission en fut donnée à Canova. Cette opération coûtera
60.000 livres sterling et le monument sera transféré à Londres
1 et placé en honneur de Wellington dans cette capitale.
; 255. Vienne, 3 octobre 1814 (F. 1. 3972 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Renseignements sur Johnson. Son rôle en Italie en 1813. Son intimité avec
Bentinck qu'il veut aller rejoindre à Pise. Causes l'éelles de son envoi en
Italie. Ses idées sur l'Italie. Lettre de Bentinck à Brignole. L'abbé Brunazzi.
1. Campochiaro ne remit pas de note à ce moment. 11 eut seulement dans
les derniers jours de septembre une assez longue conversation avec Gastle-
reagh auquel il exposa les intentions paciiiques et conciliantes et les désirs
de son gouvernement.
2. Cf. Pallain, Correspondance inédite de Talleyrand et de Louis XVIII.
Vienne, 9 oct. 1814, dépêche, n' 4, p. 28-29. « M. de Nesselrode dit sans trop
de réflexion que l'Empereur Alexandre voulait partir le 25. A quoi je lui
ripondis d'un ton indifférent : « J'en suis fâché, car il ne verra pas la fin des
affaires. »
T. I. 14
210 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Johpson, agent anglais, est arrivé de Londres le 29 septembre.
Cet homme a été huit jours à Bruxelles, et part dans une
semaine pour Pise pour soigner sa santé, ce qui est très vrai-
semblable parce qu'il est attaqué de la poitrine, mais dans le
choix de ce séjour je crois que des raisons politiques entrent
aussi. On sait que c'est lui qai a fait le projet de 1813 à l'An-
gleterre de faire soulever l'Italie par le charme de la liberté et
de l'indépendance nationale et a proposé à lord Bentinck de
retirer ses troupes de l'Espagne et de les employer plutôt à
une diversion en Italie, ce qui a été fait, mais plus tard qu'on
aurait dû. Or,m'ayant dit lui-même hier au soir que Bentinck
avec son épouse retourne derechef et bientôt en Italie, qu'il a
derechef le commandement en chef de toutes les troupes
anglaises dans la Méditerranée et qu'il passera certainement
Ihiver à Pise, je dois croire que Johnson s'établira dans cette
ville pour être à la portée de servir son chef et de travailler
avec lui. Lors de l'exécution du projet ci-dessus cité, on a formé
trois bataillons de volontaires italiens et on leur donna en effet
des drapeaux : Per la Libéria d'Italia. Dall'Ost (?) fut nommé
dans un de ces bataillons qui étaient levés et payés par l'An-
gleterre. Ces bataillons n'ont pas encore été dissous ; ils sont
encore dans le pays de Gênes.
En parlant de cette indépendance italienne, Johnson m'a dit
qu'il y eut un temps où il fallait chauffer cette idée en Italie,
mais qu'à présent il faut travailler à l'étouffer parce qu'en
Europe on n'a plus besoin que de repos.
Il a apporté une lettre de Bentinck à Brignole pour lui être
remise. lia demandé des nouvelles de l'abbé Brunazzi(2),qm lui
a rendu des services, mais qu'il regarde comme un fou. 11 sera
fixé par son gouvernement en Italie où le portent sa santé, ses
services et son goût.
1. Jonhson, diplomate anglais, chargé d'afFaii'cs à la cour du prince d'Orange,
descendit à l'hôtel Zum Rômischen Kaiser, celui dont Gentz disait en août
1809 {Tagebûcher) (I 128) : « J'ai beaucoup causé et négocié (le 29 et 30 août)
avec Johnson, un des anglais les plus sages et les plus instruits sur les affaires
continentales que j'aie vu depuis longtemps. Je l'ai engagé à s'établir -au
quartier général. »
Le 24 septembi-e (Ibidem, I, 154) il reparle encore de lui : « Rentré cheî
moi j'y ai trouvé Ferdinand PallTy et Johnson qui s'entretenaient de je m
sais quel futile projet de faire assassiner Bonaparte par un homme qui était
venu ici (à Pesth) pour cet effet. »
2. L'abbé Brunazzi, celui qui en 1813 et 1814 organisa en Dalmatie
bandes de paysans armés.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 211
256. Vienne, 5 octobre 1814 (F. 1. 3972 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 5 octobre et envoi de la liste, de la copie
et de ranalyse des Intercepta du 4 octobre. Envoi d'un rapport provenant
de la maison de l'Archiduc Palatin.
Bruits relatifs au voyage d'Alexandre en Hongrie.
On dit que l'Empereur de Russie veut aller en Hongrie et
passera quelques jours à Ofen. Rien n'est encore décidé. Cepen-
dant le comte Kolowrat(l) aurait déjà envoyé des ordres dans ce
sens aux autorités civiles et militaires.
!
ï
1
257. Vienne, 4 octobre 1814 (F. 1. 3972 ad 3565).
• Rapport à HAGER (en français).
Surveillance de Lord Castlereagh. Difficultés qu'on aura à intercepter
ses papiers.
Il paraît presque impossible de rien intercepter. Le lord expé-
die tout par ses propres courriers, et ses secrétaires ramassent
et brûlent tous les papiers. On a expédié le 2 des courriers à
Munich, Bruxelles et Naples et dans la nuit on a brûlé des
papiers jusqu'à 2 heures du matin.
Vienne, 4 octobre 1814 (F. 1. 3972 ad 3565).
Rapport à HAGER
Surveillance du prince Eugène pendant les journées des 3 et 4 octobre.
|. Kolowrat (François-Antoine, comte) (1778-1861), homme d'état autrichien,
îdthauptmann de Prague en 1807, Oberst Burggraf de Bohème en 1810 et
csident des Etats de Bohême, rendit de grands services à ce pays. Entré
a ministère en 1825 pour y contrebalancer l'influence et les idées réaction-
naires de Metternich, il fut plus tard chargé de présider un ministère qui ne
dura que du 21 mars au 4 août 1848, se retira à ce moment des affaires et ren-
tra dans la vie privée.
212 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Le 3 octobre, le prince assiste aux exercices de l'artillerie. Il
va ensuite, d'abord chez le roi de Bavière, puis chez Talleyrand,
chez lequel il retourne le 4 et chez lequel il dîne. Le même jour,
il reçoit la visite des rois de Bavière et de Wurtemberg et
celle de TEmpereur Alexandre qui ne le trouve pas à la mai-
son. On a beaucoup remarqué les prévenances que le roi de
Prusse a eues pour le vice-roi au cercle de la Cour le 30 sep-
tembre.
259. Vienne, 4 octobre 1814 (F, 1. 3972 ad 3565).
Rapport à HAGER
Surveillance du duc de Saxe-Weimar.
Il a dîné pendant cinq ou six j ours chez TEmpereur Alexandre,
a soupe deux fois chez la princesse Bagration_, une fois chez le
prince de Ligne et a reçu dans le plus grand secret la visite
du prince Antoine de Saxe.
260. Vienne, 4 octobre 1814 (F. 1. 3972 ad 3565).
Rapport à HAGER
Surveillance de Stein.
On appelle l'attention et on insiste sur ses rapports avec le
Tugend Biind dont il est l'un des fondateurs et des principaux
chefs et sur les efforts qu'il ne cesse de faire pour faire donner
une Constitution à l'Allemagne.
261. Vienne, 4 octobre 1814 (F. 1. 3972 ad 3565).
GOHAUSEN à HAGER
Ce qu'on dit et ce qu'on sait des idées et des projets de Stein. Son animosit^
contre les rois de Bavière et de Wurtemberg et ses sympathies pour lei
princes royaux de ces deux Etats.
I
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMEMTS DU CONGRÈS 213
On dit dans les milieux saxons et dans l'entourage des princes
des différentes maisons de Saxe que Stein travaille en faveur
de la restitution de la couronne Impériale d'Allemagne à l'Em-
pereur d'Autriche parce qu'il ne croit à la possibilité de la
reconstitution et du maintien de la liberté de l'Allemagne que
grâce à la puissance et à la grandeur sagement déterminée de
l'Autriche. 11 insiste sur la réforme de la constitution et du
statut des villes et des princes de l'Empire et cherche à cons-
tituer à l'aide de ces petits princes un Tiers-Etat qui, fortement
organisé et étroilement uni, serait de taille à tenir tête aux
visées ambitieuses des grands Etats allemands et serait un sol'de
appui pour l'Empereur d'Allemagne. Quoiqu'il soit à la discré-
tion et au service de la Russie (1), on affirme que, tout en étant
très dévoué à l'Empereur, il est loin d'être un ami de la Rus-
sie et qu'il quittera le service de ce pays dès que ces plans se
seront réalisés.
On sait de façon positive que Stein est loin d'être bien dis-
posé pour les rois de Bavière et de Wurtemberg, qu'il montre
au contraire beaucoup de sympathie aux princes royaux de
ces pays et surtout au prince royal de Wurtemberg qui a le
talent de flatter l'amour-propre, la sufiîsance et l'orgueil de
cet homme.
262. Vienne, 31 octobre 1814 (F. 1.3972 ad 3565).
Rapport à HAGER
Surveillance du prince de Hardenberg. Emploi de ses journées des
3 et 4 octobre. Conférence avec Castlereagh. Contre-projet de Mettermch,
Le Prince a travaillé jusqu'à midi avec Stein, Knesebeck,
Nesselrode, Hoffmann et Humboldt.
De midi à trois heures, conférence avec lord Castlereagh.
Gentz, venu pendant ce temps, n'est reçu que parce qu'il est
chargé d'une commission importante de la part de Metternich.
Conférence chez Metternich de 5 à 9 heures avec Nessel-
rode, Castlereagh et Talleyrand. Le prince a travaillé une
partie de la nuit.
1. Cf. d'ANGEBERG, p. 486. Hardcnbcrg parlant de Stein et de Nesselrode
dans une de ses notes, se sert à ce propos de l'expression : « les deux ministres
russes ».
214 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Le 4 octobre, il travaille de 8 à 11 heures, reçoit de 11 heures
à midi, Nesselrode, puis le prince royal de Wurtemberg, et va
chez le roi de Bavière. A son retour nouvelle visite de Nessel-
rode qui lui apporte un projet modifié par Metternich et reste
avec lui jusqu'à 4 heures. A 5 heures, Hardenberg va dîner
chez Czartoryski (1). Ce dîner, auquel Gentz était invité, dure
jusqu'à 9 heures.
263. Vienne, 4 octobre 1814 (F, 1.3796 ad 3565).
Rapport à HAGER
Surveillance d'Anstett.
Anstett soupe le 4 octobre chez la princesse Bagration.
264. Vienne, 4 octobre (F. 1.3796 ad 3565).
Rapport à HAGER
Surveillance de La Harpe.
Malade et obligé de rester chez lui, il a reçu des lettres de
l'Empereur Alexandre et de la princesse Bagration.
265. Vienne, 4 octobre 1814 (F. 1.3972 ad 3565).
Rapport à HAGER {Analyse).
Rapport sur Cattaro, le Monténégro et la mission du colonel Nikitsch
à Vienne.
Il rend compte qu'entre 7 et 8 heures, afin de se renseigner
sur la marche des affaires, il a rendu visite au secrétaire de
1. A remarquer que Gentz consigne dans ses Tagebûcher, 1, 314, que ce
même soir il dîna avec Hardenberg chez le comte de Hardenberg, le minis-
tre de Hanovre.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 215
Légation Koudriaffsky. Celui-ci lui a appris que le colonel
russe Nikitsch était allé pour affaires d'Etat au Monténégro et
aux bouches de Gattaro, que Plamenetz (agent secretde Févêque
de Monténégro) et l'archimandrite Loubitch étaient venus en
qualité de députés du Monténégro, il y a trois mois, à Vienne
et auraient pris des passeports à l'ambassade russe pour Saint-
Pétersbourg et qu'ils avaient provoqué l'envoi du colonel Ni-
kitsch aux Bouches.
Nikitsch, né en Esclavonie, est sujet autrichien. Les deux
généraux Dedovich sont ses oncles. Il a été lieutenant dans
l'armée, dégradé, puis placé comme Maréchal des logis chef
par Schwarzenberg à son régiment de uhlans. Se croyant
injustement puni, il a déserté, est entré au service delà Russie
et s'est fait passer à Vienne pour colonel. Ilhabitait anMatscha-
kcvhof.
L'agent ajoute : « Je ne sais encore rien de précis sur la
mission de Nikitsch au Monténégro, mais connaissant ses rela-
tions et sa haine contre TAutriche, comme je le crois très
capable d'exercer là-bas une influence considérable et certai-
nement nuisible, il me semble qu'il serait utile de la faire sur-
veiller là-bas de très près. »
B
266. Vienne, 4 octobre 1814 (F. 1.3792 ad 4565).
BERNSTORFF à BLOME (à Saint-Pétersbourg) {Intercepta)
(en français).
Alexandre n'a pas encore ratifié le traité avec le Danemark. Les affaires de
l'Europe ue marchent guère. Intimité entre la France et l'Angleterre. Tal-
leyrand et Gastlereagh. Il sera bien difficile de sortir du Congrès.
Après avoircommencé par lui dire que l'Empereur Alexandre
n'a pas encore ratifié le traité avec le Danemark, il rend compte
en ces termes de la situation : « Si nos affaires n'avancent pas,
celles de l'Europe sont également en stagnation. Jusqu'à ce
jour on n'est pas plus avancé en rien et peut-être moins qu'on
le fut lorsque la résolution fut prise de réunir les députés pour
le 1" octobre. Depuis deux jours les plénipotentiaires fran-
çais et espagnols se sont formellement abouchés avec les puis-
sances qui signèrent à Paris la paix avec la France sans que
216 . AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
l'on soit encore convenu de rien, pas même des formes k{
observer.
Le prince de Talleyrand et l'Espagnol (1) proposent de faire
revivre le royaume de Pologne entièrement indépendant ou
de s'en tenir aux partages avec tel le ou telle modification dont
on tombera d'accord. Ils demandent également que le pléni-
potentiaire du roi de Saxe soit admis et celui du roi Joachim
soit exclu. L'admission de ces conditions comme principe déci-
dera, disent-ils, de la prolongation de leur séjour ici. Ils accordent
en revanche que la Hollande soit rendue formidable contre la
France afin de rassurer l'Europe et particulièrement la Grande-
Bretagne contre toute entreprise contre la Hollande et le nord
de r Allemagne.
On ne doute pas qu'il ne règne une grande intimité entre
la France et l'Angleterre, mais jusqu'ici lord Gastlereagh né
s'explique pas aussi ouvertement que le prince de Talleyrand.
La même incertitude dure encore si l'on est bien d'accord
à l'égard de ceux qui doivent former le noyau. Il s'élève un
autre embarras : comment et à qui communiquer qu'il y a des
puissances dont les plénipotentiaires se chargent de l'initiative ?
En prononçant dans le temps le mot Congrès on s'est mis
dans un bourbier d'où il sera difficile de sortir. Je n'en vois
pas le moyen parce que je répugne à la violence.
267. Louisbourg, 27 septembre 1814 (F. 2. 4188 ad 3565).
La reine de WURTEMBERG (2) au roi (à Vienne) (Intercepta)
(en français).
Ses espérances et ses désirs. Prorogation du parlement anglais. Remarques
sur l'itinéraire choisi par Gastlereagh et Munster. Talleyrand pressé dô
rentrer à Paris.
Je me plais à voir qu'on vous traite à Vienne avec les atten-
tions qui vous sont dues à tant de titres et j'aime à en tirer un
bon augure, me flattant que vous avez lieu d'être content de
1. Labrador.
2. Chai'lotte-Auguste-Mathilde d'Angleterre, deuxième femme de Fré<i
rie I". Veuf depuis 1787 delà princesse Auguste-Caroline de Brunswicl
Wolfenbuttel, Frédéric épousa la princesse Charlotte le 18 mai 1797.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 217
la résolution que vous avez prise de faire ce voyage et que les
résultats en seront favorables à vos affaires, tant pour consoli-
der votre existence politique, que pour favoriser l'augmen-
tation de vos Etats. J'espère que dans la suite vous serez à
même, cher ami, d'avoir une force militaire assez considé-
rable pour empêcher au cas d'attaque toute troupe ennemie de
[)énétrer à l'avenir dans notre royaume, ce qui serait un vrai
bonheur pour toute l'Allemagne.
Le Parlement anglais s'est prorogé jusqu*au commencement
de novembre, ce qui engagera lord Castlereagh à presser la
conclusion de la paix. Je ne conçois pas pourquoi il s'est arrêté
à Munich. Il me paraît que cela aurait été plus naturel de
prendre le chemin de Stuttgart et je suis bien aise que le comte
de Munster en ait agi autrement.
M. de Bénévent désire aussi ardemment se retrouver à Paris.
Ses petits intérêts personnels pourraient aplanir bien des dif-
ficultés.
268. Vienne, 2 octobre 1814 (F. 2. 4251 ad 3565).
Le Prince EUGÈNE à la Princesse AUGUSTA(l)(à Munich)
{Intercepta).
.Malgré le bon accueil qu'il a reçu, il lui expose les raisons pour lesquelles il
se félicite de ne l'avoir pas amenée. Les promesses de l'empereur
Alexandre. L'optimisme de Metternich.
Ma bonne et tendre Augusta,,..
J'ai été bien reçu par tous les souverains. Chacun s'est
informé très affectueusement de ta santé et de celle de nos
enfants. Malgré cela je te dirai que je suis charmé que tu ne
sois pas venue ici. Tu y serais au milieu d'une foule immense
de princes et de princesses et toutes les politiques du monde,
ainsi que je l'ai prévu, t'auraient pourtant mise dans un rang
déplacé. Croirais-tu qu'il y a même des discussions entre qui
1. Bien que cette lettre ait été publiée in extenso tant dans les Mémoires
an prince Eugène, ï. X, 304-505 que dans la Collana di Storia e Memorie
Contemporanee, Vol. IX, p. 209, nous avons cru devoir la reproduire afin de
mieux montrer les services que la Mantpuiaiiou rendit pendant le Congrès à
la Polizei Hof Stelle et au gouvernement autrichien.
218 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
doit avoir le pas, entre la reine (de Bavière) et les grandes
duchesses ? Aussi je doute qu^on t'aurait rendu ce qui t'ap-
partient. J'en juge par moi, qui n'ai même pas l'honneur d'un
factionnaire à ma porte. Du reste l'Empereur Alexandre m'a
donné sa parole qu'il viendrait à Munich et qu'il verrait avec
bien du plaisir la princesse Aug-usta et sa petite famille.
Il n'a pas encore été question de nos affaires. Ce ne sera que
dans quelques jours qu'on commencera à s'occuper des plus
importantes. Le prince de Metternich m'a pourtant déjà dit ces
propres paroles : « Je vous assure que cela finira bien et vite. »
Ainsi soit-il...
269. Vienne, 3 octobre 1814 (F. 1. 3992 ad 3565).
BELLIO au Prince de VALACHIE {Intercepta en français).
Le congrès et les déclarations de Talleyrand. Importance de l'attitude de la
France. Son influence sur les puissances secondaires. Alexandre veut
avoir la Pologne et le roi de Prusse la Saxe. Les protestations du prince
Antoine.
La face des affaires a reçu un aspect différent depuis le 30
du mois passé. Ces jours-ci les Plénipotentiaires d'Autriche,
d'Angleterre, de Russie et de Prusse ont eu une conférence
avec le Prince de Bénévent et l'ont invité à prendre part aux
négociations préliminaires qui doivent avoir lieu entre les
grandes puissances.
Le prince de Bénévent a déclaré verbalement (1).
A) Qu'il ne reconnaîtrait pas de Congrès à moins que toutes
les puissances de l'Europe y soient admises et qu'il s'abstien-
drait d j prendre part ; que la France ne pouvait pas empê-
cher les conférences particulières, mais qu'elle n'en reconnaî-«,
trait pas les résultats.
B) Que la France ne reconnaîtrait et ne consentirait à aucui
autre innovation en Pologne ; que la Pologne devait être remise
dans l'état dans lequel elle était en 1805 ou restituée sur h
pied de 1772 avec toute son indépendance.
1. Cf. Prokesch-Osten. Le chevalier de Gentz. Dépèches inédites. Vienne,J
6 octobre 1814. Dépêche XII, T. I, p. 107-109.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 219
C) Que la France ne consentirait sous aucun point de vue
à un démembrement de la Saxe, encore moins à son anéantis-
sement (1).
Le Prince de Bénévent promit pour le 2 octobre une décla-
ration et sa réponse sur les points qui lui avaient été commu-
niqués.
Hier, les Plénipotentiaires d'Autriche, Angleterre, Russie
et Prusse se sont derechef assemblés et sont convenus de ne
rien changer à leur première détermination et à la marche
qu'ils s'étaient tracée.
Cette démarche de la France a suspendu, pour le moment,
les opérations politiques et a retardé l'ouverture du Congrès.
Il est impossible de prédire quelle en sera Fissue. On peut tout
au plus conjecturer que les Puissances secondaires, qui devaient
être exclues des conférences, seront travaillées par la France
qui leur peindra la conduite des Quatre Grandes Puissances
comme annonçant une dictature qui devrait les priver de toute
influence et menacer leur indépendance. Elles pourraient bien
de nouveau se ranger du côté de la France et en adopter les
sentiments relativement à la marche à tenir dans les discus-
sions du Congrès.
Alexandre n'a pas apporté de Saint-Pétersbourg des senti-
ments plus modérés et des vues moins étendues relativement
à la Pologne. Il s'en cache si peu qu'il dit ouvertement qu'il
ne se dessaisira pas de la partie de la Pologne dont il est
maintenant en possession.
Le Roi de Prusse se manifeste dans les mêmes vues sur la
prise de possession de la Saxe. Il pousse son exaspération vis-
à-vis du roi de Saxe à un tel point qu'il s'est laissé aller dans
la conversation à des accusations si fortes que le prince de
Saxe (le prince Antoine), qui était présent, s'est vu forcé de
prier le roi de Prusse de vouloir se rappeler qu'il était le frère
du roi de Saxe (2).
1. Cf. Talleyrand au Roi n° 3. Vienne, 4 octobre 1814 et note de Talleyrand
lu 3 octobre dans Angeberg, 264,
2 De la main de Ilager ces mots à la fin du texte : Qui a inspiré cela.? Met-
ernich ou Gentz ?
220 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
270. Vienne, 6 octobre 1814 (F, 1. 4111 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR
Bordereau, rapport journalier et envoi de la liste, de la copie et de l'ana-
lyse de divers Intercepta du 5 octobre.
271. Vienne, 5 octobre 1814 (F. 1. 4111 ad 3565).
Rapport à HAGER
Surveillance de différents personnages. Lettres interceptées. Ajournement
du voyage d'Alexandre en Hongrie. La police et l'ambassade de France.
Général Vay (1) (Hongrois) est déjà surveillé. On saura
quelle a été sa conversation avec von Sz...
Zerleder habite à YUngarische Krone, député de Berne, ban-
quier connu qui a fait pour l'Autriche un emprunt qu'il passa
ensuite à Streckeisen.
Stackélberg (ambassadeur de Russie) a reçu une lettre de
de Medici et une de Serra Capriola au ministre bavarois
Washington (2) qui, toutes deux ont été interceptées.
L'Empereur de Russie ne va plus pour le moment en Hon-
grie (3).
On a également intercepté les lettres adressées par Stackel-
berg à la comtesse de Périgord, née princesse de Gourlande et
au bailli d'Homainville, député de l'ordre de Saint-Jean de
Jérusalem.
1. Probablement le général baron Nicolas de Vay, le père de l'homme [?
d'Etat hongrois du même nom, mort dans les dernières années du siècle i
dernier.
2. Serra Capriola demandait au baron Washington, maréchal de la Cour d<fî
Bavière, à la date du 30 septembre, une audience du Prince royal de Bavièr<
pour lui et son fils.
3. Le même jour 00 mandait en effet à Hager : « On parle assez sérieu
« sèment du départ probable de l'Empereur et de l'Impératrice de Russie qu
« se rendraient à Berlin vers le 23 ou le 25. Le i>oi de Danemark partirai
« encore plus tôt et on croit même que tous les souverains seront partis avan
« la fin du mois. »
m
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 221
L'agent Beckers [qui est déjà en relations avec Bogne de
Faye (1)] reçoit des rapports du Portier de l'Ambassade de France.
272. Vienne, 5 octobre 1814 (F. 1, ad 3565).
HOPFEN à HAGER
Surveillance de Saint-Marsan.
Il signale la fréquence des visites de Saint-Marsan aux
Ambassades de France et d'Angleterre et le fait qu'il a été
appelé par l'Empereur Alexandre (2).
Saint-Marsan, qui travaille beaucoup, a de fréquents entre-
tiens avec le Nonce au sujet des affaires du Pape.
273. Vienne, 4 octobre 1814 (F, 1. ad 3565).
HOPFEN à HAGER
Prudence et méfiance d'Aldini. Ses sentiments. Le général Pino. Résultats
de la surveillance d'Aldini pendant les journées des 3 et 4 octobre.
Aldini, de naturel très méfiant, redouble de précautions.
C'est un ennemi de l'Autriche et un partisan de Murât et de
sa dynastie. Il est de plus l'homme d'affaires d'Elisa (3) pour
les deux millions séquestrés à Lucques et quelque peu chargé
des intérêts de Marie Louise.
Il faut surveiller de près Pino (4), très suspect et ardent
partisan de l'indépendance italienne.
Aldini a été le 3 octobre chez Dalberg et Gampochiaro et a
envoyé aussitôt après à Talleyrand une note qu'il lui a fait
1. Bogne de Faye (Pierre-Nicolas-Jean), né à Glamecy le 5 octobre 1778,
secrétaire de l'ambassade française à Vienne en 1814, mort en 1831.
2. Cf. RiNiERi. Corrispondenza dei Cardinali Consalvi e Pacca. Diario di
San Marzano. LVII. Saint-Marsan avait été reçu par le tzar le 29 septembre.
3. L'ex-grande duchesse de Toscane Elisa Bacciochi.
4. Pino (Dominique, comte, 1767-1826', général sérieusement compromis lors
des troubles de Milan au printemps de 1814 et mis à la retraite peu de temps
après l'arrivée de Bellegarde à Milan.
222 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
porter. Son domestique s'est engagé à me communiquer les
lettres de son maître.
Le 4, il a été chez le prince Eugène, j est resté plus d'une
heure et s'est rendu de là chez Stadion.
Il dîne aujourd'hui chez Talleyrand.
274. Vienne, 5 octobre 1814 (F. 1. 4111 ad 3565).
SCHMIDT à HAGER
Les relations d'un de ses agents avec Czartoryski et Zerboni di Sposetti. Le
secrétaire de Rechberg. Les ambassades de irance et d'Angleterre.
L'agent H... m'adresse le rapport que voici : « Après
nombre de tentatives infructueuses, j'ai enfin réussi grâce au
comte de Rechberg à causer avec Czartoryski. Nous avons
d'abord parlé des familles polonaises Zboïnsky, Suminsky,
OsnialowskijMioduski, etc., etc., que j'avais connues lors d'un
voyage que je fis en Pologne et dont les membres avaient pris
une part plus ou moins active à l'insurrection de 1806-1807.
J'en suis venu ensuite à parler du statut actuel et passé de la
Pologne et j'ai pu, une fois de plus, constater que tous les
nobles Polonais n'ont qu'un seul et même désir, celui de voir
renaître la Pologne sous un souverain quel qu'il soit.
« Afin de mieux me renseigner sur les vues de la Russie sur
la Pologne et sur la nature des rapports entre les cours de
Berlin et de Pétersbourg, j'ai pu, avec l'aide du Compositeur
de Musique grand ducal Meyerbeer faire à l'instant même la
connaissance du conseiller aulique prussien Zerboni di Spo-
setti.
« Le chambellan bavarois, comte Charles de Rechberg, m'a
promis hier d'employer dans la chancellerie de son frère, le
ministre, mon copiste (secrétaire), un certain Egler. Cet homme
m'est tout dévoué et nous rendra de bons services. »
Après avoir rendu compte des mesures qu'il a prises pour
assurer la surveiOance des ambassades de France et d'Angle-
terre, il ajoute en terminant : « On est en général assez mal
disposé à l'égard du roi de Wurtemberg. Le public n'a pas
encore oublié qu'il est entré dans notre ville le chapeau sur Ja
tête et sans se découvrir.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 223
« Les rois de Prusse et de Danemark ont beaucoup de
succès.
« Les ambassades de France et d'Angleterre ont l'œil
ouvert et prennent toutes sortes de précautions. »
275. Vienne, 5 octobre 1814 (F. 1. 4111 ad 4565).
HOPFEN à HAGER (analyse).
Rapport sur les faits et gestes du prince Eugène et les rela-
tions que de l'île d'Elbe Napoléon a avec l'Italie. L'empereur
se servirait beaucoup d'un Livournais nommé Alberti.
276. Vienne, 5 octobre 1814 (F. 1. 4111 ad 3565).
HOPFEN à HAGER
Campocbiaro et Gariati pleins d'espoir croyent au maintien de Murât.
Campochiaro et Gariati ont confiance et espoir dans la pro-
tection de l'Autriche et de Metternich et par suite dans le
maintien de Murât à Naples, malgré l'appui que les Bourbons
donnent à Ferdinand.
277. Vienne, 5 octobre 1814 (F. 1. 4111 ad 3565).
GÔHAUSEN à HAGER
La comtesse Narischkine et ses rapports avec Alexandre. Wolkonsky.
La comtesse Glary.
Alexandre a déjà été deux fois chez la comtesse Naris-
chkine (1), femme de son grand-chambellan. (Elle habite Pam^/-
1. Marie- Antonia Gzetwertinska, « célèbre par son éclatante beauté, avait
>u, comme l'écrit le comte de La Garde, fixer pendant longtemps le cœur
Ili bel autocrate ». Son mari était non pas grand-chambellan, mais grand-
'•neur.
224 AUTOUR DU CO^'GRÈS DE VIENNE
gasse^ 60, Wieden). Il lui a, à plusieurs reprises, envoyé Wol-
konsky.
D'autres femmes essayent de plaire à TEmpereur et viennent
dans ce but chez Wolkonsky, entre autres la veuve du comte
Clarv.
278. Vienne, 5 octobre 1814 (F. 1.411 ad 3565).
HOPFEN à HAGER
Surveillance de Marie Kleinhart remarquée par Alexandre.
On surveillera de plus près Marie Kleinhart, fille d'un major
de place (demeurant Rothenthurmgasse^ 487) qui a attiré l'at-
tention d'Alexandre à la Redoute de la Cour (1).
279. Vienne, 5 octobre 1814 (F. 1.4113 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Ce qu'on entend dire après boire chez le comte P. sur le sort des petit»
États. La Prusse. La Pologne. L'empereur d'Autriche. Schwarzenberg et
Duka.
Les petits Etats feront ce que l'Autriche, TAngleterre et la
Russie ordonneront. Quant à la Prusse, elle doit être agrandie
afin d'assurer le maintien de l'équilibre. L'établissement du
royaume de Pologne est encore douteux.
L'empereur d'Autriche n'aime pas Schwarzenberg et veut
mettre Duka à sa place.
280. Vienne, 4 octobre 1814 (F. 1.4111 ad 3565).
ee à HAGER
Les autres souverains jaloux des honneurs qu'on rend à Alexandre. Les griefs
contre les Anglais. La campagne contre Metternich. Les plaintes et les
désirs des souverains.
1. La grande Redoute de la Cour qui eut lieu le 2 octobre.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 225
Le comte Spaur (1), l'un des dignitaires du Palais, envoyé au-
devant de l'empereur Alexandre, dit que : « L'empereur de
Russie est un vrai sauvage et qu'on ne saurait se faire une
idée de sa brutalité. »
Les souverains étrangers actuellement à Vienne et leurs
suites ne peuvent parvenir à cacher le dépit qu'ils éprouvent
à voir que tous les honneurs vont de préférence à l'empereur
de Russie qui n'est pourtant qu'un sauvage.
Les dames de Vienne n'en reviennent pas des grossièretés
dont les Anglais ont fait preuve à la Cour. Lors de VAppar-
tenient^ ils n'ont pas songé à faire place aux dames de Vienne,
ont donné le bras à leurs femmes pour les conduire ainsi à
travers toute la grande salle en se frayant un chemin à tra-
vers tout le monde depuis la porte d'entrée jusqu'au dais.
Le prince de Metternich a, tant parmi ses compatriotes que
parmi les étrangers, de nombreux ennemis qui comptent sur
le Congrès pour le faire sauter. M. de Hammer et d'autres
fonctionnaires de la Chancellerie d'Etat sont furieux de voir
que les étrangers, et presque rien que des étrangers, tels que le
comte de Mercy et M. de Handel (qui a, il est vrai, une très
jolie femme, née comtesse Bergheim, de Munich) décrochent
le titre et les fonctions de Conseillers auliques à la chancellerie.
Le roi de Bavière grogne et déplore le temps que fait perdre
l'étiquette. Quant au roi de Danemark, il veut absolument
i visiter un couvent de nonnes.
Le baron Linden (représentant du Wurtemberg) s'étonne et
se plaint des procédés de Metternich qui ne l'a convié ni au
dîner de dimanche, ni au souper de lundi dernier.
281. Vienne, 5 octobre 1814 (F. 1. 4111 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
Les Suisses, la Russie et la France. — Un mot du Prince de Ligne sur
La Harpe.
L'attachement des Suisses (qui ont ici un si grand nombre de
députés) aux Russes et aux affidés de l'empereur Alexandre,
1 . Chambellan de l'Empereur.
T. I. 15
2i6 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
ainsi qu'à Talleyrand et à ses amis, saute aux yeux de tous |
les étrangers qui en parlent même publiquement. Les Suisses
veulent faire entendre à la France qu'ils sont les seuls sur
lesquels elle peut compter en cas de besoin. Ils attendent
de cette puissance un grand appui pour leur conservation et
disent que Napoléon a même jugé nécessaire de les conserver. jJ
Ils seraient même prêts aux sacrifices les plus bas envers la|
France pour en être protégés. Ils croient que l'Empereur de
Russie est totalement de cet avis et ne cessent de le faire tour-
menter à cet égard par M. de La Harpe et par Jomini.
J'ai demandé au prince de Ligne si M. de La Harpe est
réellement porté pour les Suisses, ayant entendu le contraire
en bien des endroits. Il me dit : « Si La Harpe n'est pas dis-
posé pour les Suisses, ils en sont seuls la cause, et leur der-
nière conduite peut bien avoir détourné également les senti-
ments de l'Empereur Alexandre en leur faveur. Entre nous,
j'aime la Suisse, mais pas les habitants. »
282. Vienne, 5 octobre 1814 (F. 1. 4111 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Les lenteurs du Congrès. La Russie. Doléances des petits princes allemands.
La note de Talleyrand sur Naples et la Saxe. L'Autriche et Murât.
Alexandre et la Pologne. Le Duché de Varsovie. La guerre possible. Le
voyage d'Alexandre en Hongrie. Son but.
Le Congrès occupe dans ce moment tout le monde. On
paraît supposer qu'il avance lentement et que c'est la Russie
qui y met le plus d'obstacles. Tout ce qui appartient aux
princes d'Allemagne de deuxième ordre se plaint de ce qu'on
ne s'occupe nullement d'eux et du peu d'égards qu'on leur
témoigne. On trouve choquant que le Beobachter nomme l'ar-
rivée de S. A. I. Monseigneur le prince Eugène et que la
Gazette de la Cour omette celle du Grand-Duc de Bade.
On parle beaucoup d'une note très forte que doit avoir
remise M. de Talleyrand au sujet de la Saxe et du royaume de
Naples (1), et on accuse l'Autriche d'être le seul soutien dei^jjl
1. Les notes de Talleyrand en date des 1" et 3 octobre n'avaient trait qu'î
la foi'me à donner au Congrès. 11 n'avait été question de la Saxe que dans
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 227
reste de la Révolution, qu'on affecte de regarder comme très
dangereux.
11 n'y a que les Russes qui ne prennent aucune part à tout
ceci, et semblent croire que leur affaire n'est et ne peut être
un sujet de discussion et que tout ce qu'ils ne conserveront pas
des provinces qu'ils occupent n'est qu'une suite de la condes-
cendance de l'empereur pour le roi de Prusse. La ligne qu'ils
conserveraient serait de Cracovie à Thorn. Ce qui me ferait
croire que ceci est un projet arrêté et que les personnes qui
entourent l'Impératrice et ont toujours été les censeurs de
l'Empereur parlent le même langage.
Ils regardent tous leurs droits sur le Duché comme incon-
testables et sont très mécontents que Dantzig ne leur reste
point.
Je dois remarquer qu'autant qu'on peut compter sur une
opposition en Russie au rétablissement du royaume de
Pologne, autant on secondera l'Empereur de joindre à la Rus-
sie tout ce qu'il pourra du duché de Varsovie. Que même une
guerre contre nous (les Autrichiens) pour ce sujet leur serait
agréable et qu'ils feraient tous leurs efforts pour le soutenir.
Les Russes ici sont mécontents du long séjour que fait l'Em-
pereur. Son voyage à Ofen est regardé uniquement comme un
but de curiosité pour connaître une partie de la Hongrie.
283. Vienne, 5 octobre 1814 (F. 1. 4111 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
JLes Polonais, Alexandre et Czartoryski. L'Autriche, l'Angleterre et Murât.
Le Rétablissement de l'empire d'Allemagne. Le salon de la comtesse Zie-
linska.
Les Polonais ont une confiance absolue dans les promesses
d'Alexandre et dans l'efficacité de l'action du prince Czarto-
ryski. Ils ne croient pas que l'Autriche veuille, pour le moment,
la Galicie, ce qui se fera forcément plus tard, et ils comptent
mssi sur la protection de l'Angleterre.
Jne ou deux phrases échangées au cours de l'audience qu'Alexandre accorda
jrince le 1"' octobre, mais seulement indirectement sans nommer la Pô-
le ni la Saxe.
228 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
J'ai recommencé à fréquenter la maison de la comtesse
Zielinska, ci-devant favorite du prince Esterhazy.
Un Anglais, Griffîth, dans ce moment Tami avoué de cette
dame et qui demeure même chez elle, y attire les Anglais de
l'ambassade. Ils disent que l'Angleterre désire le rétablisse-
ment du royaume de la Pologne, que le traité conclu entre
notre cour et Murât, par lequel il est conservé à Naples, est
contraire aux intérêts de l'Angleterre et que, si nous ne rom-
pons pas ce traité, l'Angleterre devra fatalement pencher du
côté de la Russie ; que le rétablissement de l'empire germa-
nique en faveur de la maison d'Autriche pourrait être regardé
comme un équivalent du rétablissement du royaume de Pologne
en faveur d'un membre de la famille impériale russe ; enfin
que la Cour pour laquelle l'Angleterre se prononcera l'em-
portera sur les autres, parce que l'Angleterre seule peut
actuellement fournir les subsides.
284. Vienne, 5 octobre 1814 (F. 1. 4111 ad 3565).
e© à HAGER
Bruits de départ des souverains.
On parle assez sérieusement du départ probable du tzar et de
l'impératrice qui se rendraient à Rerlin vers le 23 ou le 25.
Le roi de Danemark partirait encore plus tôt, et on croit
même que tous les souverains seront partis avant la fin du
mois.
285. Vienne, 5 octobre 1814 (F. 1. 411 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français)
Propos qui ont été tenus à dîner avec certains personnages. Les questions
en litige. Le prince d'Arenberg.
J'ai dîné avec le général Dokhtoroff, le comte Ayala(?), ancien
ministre de Raguse, puis un autre jour chez le secrétaire du
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 229
prince Repnin avec deux secrétaires de l'ambassade de France.
Ils ont dit que malgré l'accord apparent il y avait trois points
en litige : Pologne, Saxe, Mayence, points sur lesquels la France,
l'Autriche et l'Angleterre sont d'accord et ont à combattre
les intentions de la Russie et de la Prusse. Ils croient cepen-
dant que tout s'arrangera.
Je verrai demain le prince d'Arenberg (i). J'aurai à écrire
chez lui et je rendrai compte de ce que j'aurai à faire chez lui
et de ce que j'apprendrai là et par ailleurs.
286. Vienne, 7 octobre 1814 (F. 1. 4115 ad 3565).
HAGER à l'EMPEREUR
Bordereau, rapport journalier et envoi de la liste, de la
copie et de l'analyse de divers intercepta du 6 octobre et des
jours précédents.
287. Vienne, 6 octobre 1815 (F. 1. 4115 ad 3565).
SGHMIDT à FIAGER
Renseignements sur Vernègues.
Werneck (Vernègues) est au service de la Russie. Il est
venu il y a quelque temps de Pétersbourg, porteur d'une foule
1. Peut-être est-il question ici d'Auguste-Marie-Raymond d'Arenberg, né
à Bruxelles en 1753, mort en septembre 1833, longtemps connu sous le nom de
comte de la Mark. D'abord au service de la France, puis à celui de l'Au-
triche qui lui donna le grade de général-major, il avait voulu rentrer au
service de la France en 1806, au moment où son frère aîné fut nommé séna-
teur par Napoléon ; mais Napoléon lui ayant témoigné des dispositions peu
favorables, il décida de rester en Autriche et habita Vienne jusqu'en 1814.
Nommé lieutenant-général par le nouveau roi des Pays-Bas, il revint alors à
Bruxelles, mais ne suivit pas l'armée hollandaise après la révolution de 1830.
Mais je crois plutôt qu'il s'agit du prince Prosper-Louis d'Arenberg, né en
1785, neveu du prince Auguste et fils du duc Louis-Engelbert, depuis long-
temps aveugle et qui, depuis 1803, lui avait confié le gouvernement de ses
petits Etats dont il perdit la souveraineté en 1810. Le prince Prosper s'était
rendu à A''ienne pour y faire valoir ses droits au Congrès (cf. art. XXXIl de
l'acte final du Congrès de Vienne et art. X de l'acte de cession et d'échange
-igné à Vienne le 29 mai 1815, annexe n- 6 à l'acte final du 9 juin 1815).
230 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
de lettres pour des Russes fixés ici. Un certain nombre de ces
lettres étaient destinées à Anstett.
Il y a encore ici un autre Werneck, frère du précédent et
qui est au service de la France. Tous les deux sont en rapports
avec les Russes et vont tous les jours chez le comte Tolstoï (1)
qui habite 265 Kohlmarkt.
Quelques jours plus tard, Hager recevait la note suivante
sur Vernègues [en français).
Le Chevalier de Vernègues {sic) (2) est un agent royaliste 1
français qui a pris jusqu'à présent le titre d'un Conseiller d'Etat
russe et qui a été arrêté en 1804 dans le Midi de la France
et gardé pendant plus de deux ans enfermé au Temple. J'ai
appris de façon positive qu'il était en relations suivies ave(
Anstett et qu'il a eu tout récemment un entretien de plus de'
trois heures avec lui.
288. Vienne, 6 octobre 1814 (F. 1. 4115 ad 3565).
Notes et rapports à HAGER (Analyse)
Convalescence de Munster. Le duché de Varsovie et la Russie.
Départ probable d'Alexandre pour la Hongrie le 25.
Rien d'intéressant à relever dans la surveillance de Stackel-
berg, Anstett, Czartoryski, Hardenberg, des ministres de Wur-
temberg, de Lôwenhielm, du nonce, de Gampochiaro, Gariati,
Aldini, du comte Salmour (3) et d'Arenberg.
Le comte de Munster en pleine convalescence recommence
à recevoir du monde et à s'occuper des affaires.
1. Probablement le grand maréchal du Palais, tombé à ce moment en dis-
grâce complète, et qui, inconsolable de la perte de la faveur dont il avai^
joui ne tarda pas à mourir à Dresde où il s'était retiré. ~
2. Cf. Lettre du chevalier Rossi {Reggente la, Segreteria di Stato)k de Maistr
du 31 décembre 1 803 : « Le chevalier Vernègues, émigré français, attaché dd
puis de longues années au chevalier Lisakevitch (ministre de Russie) et natu
ralisé russe depuis peu, a été arrêté à Rome dans la nuit du 24 courant à l'insi
tance, dit-on, du cardinal Fesch, pour avoir tenu des propos peu agréables ai
gouvernement français. » (Cf. Perrero. I Reali di Savoia nell'Esilio,page 241
245).
3. Quelques jours auparavant, la Polizei Hofstelle avait pris connaissant
I LES PRÉLÎMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 231
On a répandu le bruit que le Congrès semblait disposé à
allribuer le duché de Varsovie à la Russie.
On affirme de nouveau que TEmpereur Alexandre ira en
Hongrie le 25 octobre.
|289. Vienne, 6 octobre 1814 (F. 1. 4115 ad 3565).
GÔHAUSEN à HAGER
Comte MARCO SAN FERMO(l) au Comte ANNONI (2)(àMilan)
sous LE COUVERT DE M'"» MaRIA TeRESA LoVATI
(inlercepla) (Analyse).
Les affaires du prince Eugène sont en bonne voie. Le projet de mariage de
l'archiduc Charles avec la grande duchesse Catherine.
I San Fermo donne de bonnes nouvelles sur les affaires du
prince Eugène. On va lever tous les séquestres. On a offert au
prince deux établissements qu'il a cru devoir refuser. On parle
maintenant d'un autre (Nouvelle confirmée par une lettre d'une
3x-Dame de la Cour du Vice-Roi à la duchesse Litta).
San Fermo, parle aussi du projet de mariage de l'archiduc
uharles avec la grande duchesse d'Oldenburg, « donna di spi-
•'ifo e molto remuante ».
rune lettre que Salmour adressait à Stein et dont le Cabinet Noir envoyait
1 Ilager l'analyse suivante :
\ ienne, 30 septembre 1814.
mte de Salmour, chambellan saxon et ancien ministre près la Cour de
; .ice, au baron de Stein.
« Sa mission en France ayant cessé par force majeure en 1792, il lui de-
nande d'intervenir pour lui et d'obtenir qu'on lui paye le traitement annuel
le mille thalers qui lui avait été accordé alors et qu'on le classe au rang que
ui donnent ses quarante et une années de service. »
J. Colonel italien, l'un des aides de camp du Vice-Roi pendant la campagne
ie 1S13-1814.
2. Annoni (Alexandre, comte), 1770-1825, un des chambellans du Vice-Roi.
1 avait représenté les propriétaires du département de l'Olone à la Consulta
le Lyon. a
232 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
290. Vienne, 5 octobre 1814 (F. 1. 4115 ad 3365). ;
Rapport à HAGER (1) (en français), '•
I
Conversation avec D'Arnay. }
D'Arnay m'a raconté, entre autres choses, qu^ au moment de la
retraite de l'armée d'Italie il avait conseillé au prince (Eugène)
de se renfermer dans Venise et de tenir cette place jusqu'à la
paix, vu qu'il n'aurait pas pu en être chassé et vu qu'il croyait
inévitable l'occupation de la France par les alliés; que le prince
avait adopté son conseil et même l'avait chargé de lui amener à
Venise la princesse, son épouse, et toute la famille, ainsi que ses
eiîets les plus importants, mais que ses aides de camp lui ont
fait changer d'avis ; qu'il avait donné ce conseil, appuyé aussi
à la circonstance que les habitantsde Venise étaient plus soumis
que les Lombards et avaient du respect pour le prince, tandis
qu'il n'était pas du tout aimé à Milan, comme on a pu le voir
par les événements arrivés dans la suite ; que Napoléon n'avait
pas donné depuis longtemps des instructions au prince ; que
lui, d'Arnay, le sollicitait de traiter avec les puissances alliées,
mais que le prince n'a pas voulu s'y résoudre, faute d'instruc-
tions parce qu'il lui semblait manquer à ses devoirs et à son
honneur s'il l'eût fait sans autorisation ; qu'à présent le prince
était très occupé pour rendre des visites à tous ceux qui peuvent
avoir de l'influence au Congrès ; qu'il tenait pour sûr d'obte-
nir un établissement, comme on le lui avait promis ; que cela
aurait pu être en Italie ; qu'il croyait cependant très difficile
d'avoir Venise, vu que l'Autriche avait fait tous ses efforts
pour la garder, mais qu'il pourrait arriver qu'on accordât au
prince les trois Légations.
291. 6 octobre 1814 (F. 1. ad 3565).
GÔHAUSEN à HAGER
Visites d'Alexandre à la princesse Bagration et à la princesse de
La Trémoille-Tarente. Arrivée prochaine de Marie-Louise.
l.^ra signature qui figurait au bas de cette pièce a été coupée.
LES PRÉLIJIINAIRES ET LES AJOURNEMENTS Dlf CONGRÈS 233
L'Empereur Alexandre a encore fait ces jours-ci deux visites
le soir à la princesse Bagration chez laquelle il est resté de
neuf heures à minuit et même plus tard. Hier soir, à dix
heures et demie, avant la fin du bal de la Cour (1), il s'est
rendu, 154 Landstrasse, chez la princesse de la Trémoille-Ta-
rente (2).
Rien d'intéressant à signaler sur Tchernitcheff, Kisseleff,
Ouvarofî et Ojarowsky.
On parle beaucoup de l'arrivée probable et prochaine de
Marie-Louise (3).
292. Vienne, 6 octobre 1814 (F. 1. 4115 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
La princesse Bagration très froissée de n'avoir pas été invitée au bal donné
par l'impératrice d'Autriche. Attitude politique de son salon. Anstett. L'em-
pereur Alexandre et l'incident du 4 octobre au soir.
La princesse Bagration a été extrêmement fâchée hier de
ne pas avoir été invitée au bal donné par Sa Majesté l'Impé-
ratrice. Elle espérait l'être par le rang qu'elle occupe à la Cour
de Russie et plus encore par la faveur marquante dont l'ho-
nore l'Empereur Alexandre.
Je suis à présent convaincu que, comme je le pensais, le
parti de l'Opposition russe est établi chez elle. Le ton de plu-
sieurs employés russes du cabinet que j'y ai trouvés hier et
l'aveu même de la princesse me l'ont confirmé. C'est Anstett
qui est à la tête.
On a mal fait de laisser cette maison (le palais Palm) à décou-
i. 11 s'agit évidemment ici de la grande fête donnée cejour-lkkl'Angarlen.
2. Il s'agit probablement ici de Geneviève-Adélaïde de Langeron, fille du
^l'néral de Langeron, veuve du prince de Montbarey et qui épousa le 1" avril
(Jl le prince Louis-Stanislas Kotska de la Trémoille (1768-1837). « La prin-
( esse de la Trémoille, née de Langeron n'avait jamais dû être belle. Toute
sa coquetterie était d'esprit, lit-on dans les Souvenirs de M"" d'AcouT.
Grande dame jusqu'aux moelles, elle assurgissait à ses volonfés par la hau-
teur de son caractère tous ceux qui l'entouraient, la princesse était plus que
toute autre redoutée pour ses bons mots et ses railleries (Bardoux, M""' de
Custine.)
3. Marie-Louise arriva en effet à Schœnbrunn le 7 octobre, au matin. Cf.
Oesterreichischer Beobachter du 9 octobre, n" 282, 1538,
234 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
vert. On y regarde le côté opposé, le côté droit, je veux dire,
la maison de la Sagan comme le pays ennemi, et il me paraît
très vraisemblable qu'Alexandre n'y mettra pas les pieds, ce
qui blesse furieusement la duchesse et enfle sa triomphante
rivale.
Encore avant-hier, Alexandre arriva tout seul à la porte de
la maison pour visiter la Bagration, mais, ayant vu beaucoup
de voitures dans la cour, il crut qu'elle avait du monde et
rebroussa chemin. La pauvre princesse l'attendait toute seule
et Tattend encore.
293. Vienne, 6 octobre 1814 (F. 1. 4115 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Conférence orageuse le 1" octobre entre Alexandre et Talleyrand.
La maladie et la convalescence de Miinster.
On dit dans le haut public que Talleyrand a eu, il y a trois
jours (1), une longue conférence avec Alexandre sur la Pologne,
que TEmpereur veut garder en dépit du danger visible que
courrait l'Europe. Alexandre a prononcé le mot de guerre s'il
le fallait, pour conserver cette occupation qui écrase l'équilibre
et la paix future, et Talleyrand a eu le courage de lui faire
remarquer qu'il faudrait, dans ce cas, lui retirer le beau titre
de Libérateur du Monde qu'on lui avait accordé et lui en don-
ner un autre. On prétend que vers le soir, Alexandre devint
plus traitable et que la chose a pris une autre couleur et plus
favorable.
Hier, il a travaillé dans son cabinet pendant plusieurs heures
avec ses ministres. Les secrétaires n'ont pu dîner qu'au soir.
Il leur avait fallu achever un long mémoire et le remettre i\
l'Empereur. Woronzoff et Boulgakofî étaient du nombre.
Le Comte de Munster, dont la perte affligeait bien des gens,
mais pas la Russie, guérit. J'en ai l'assurance du D' Capp
lini qui le soigne.
1
1. 11 y a là une erreur de date. Ce ne fut pas trois jours avant ce rapport,
mais cinq jours auparavant que Talleyrand eut l'audience dont parle ici Nota^
(Cf. Talleyrand au roi. Vienne, 4 octobre 1814, dépêche n» 3. Pallain. Corret
pondance inédite de Talleyrand et de Louis XVIII, p. 18-23.)
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEIIENTS DU CONGRÈS 235
j294. Vienne, 6 octobre 1875 (F. 1. 4115 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
La question de Saxe. Les déclarations de ïalleyrand au prince Antoine.
Les intentions de la Bavière.
Talleyrand a dit au prince Antoine de Saxe : < 11 est dans
'intention de mon gouvernement, et j'ai Tordre exprès de
ravailler au rétablissement de l'ancien état de choses. »
Sur une remarque du prince, il ajouta : « Je persiste à vous
épéter, Monseigneur, que le but de la France est le réta-
(lissement de la Saxe telle qu'elle était avant la guerre et
me nous avons 200.000 hommes prêts à marcher pour dé-
endre la bonne cause. »
Le prince Antoine a été de là chez le prince de Wrede qui
jouta que 40.000 Bavarois entreraient en ligne pour soute-
ir la cause de la Saxe et ces intentions ont été confirmées au
irince par le roi de Bavière.
|93. Vienne, 6 octobre 1814 (F. 1. 4115 ad 3565).
L
GÔHAUSEN à HAGER
Tmpensations à donner à l'Autriche en Italie. La Bavière proteste contre
la cession de Tlnn-Viertel. La Bavière, le Wurtemberg et Bade opposés
au projet pi'ussien de constitution de l'Allemagne.
Les ministres de Bavière, Bade et Wurtemberg semblent
"oire que pour indemniser l'Autriche de la diminution de son
ifluence en Allemagne on lui ferait la part plus belle en
alie.
La Bavière proteste contre le projet de cession à l'Autriche
e rinn-Viertel.
Le mêmes ministres ne sont nullement satisfaits des pro-
ts présentés par la Prusse et relatifs à FAUemagne.
23G AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
296. Vienne, 5 octobre 1814 (F. 1. 4115 ad 3565).
HEGARDT à ENGESTRÔM (en français).
A propos du bruit de la venue de Bernadette à Vienne et du retour
de rofficier envoyé au-devant de lui.
S. M. l'Empereur d'Autriche, ayant eu je ne sais quelles!
raisons de croire que S. A. le Prince Royal (Bernadotte) était '
en route pour Vienne, dépêcha, il y a dix jours, un lieutenant-
colonel pour aller au-devant de Son Altesse Royale et l'ac-
compagner ici en qualité d'aide de camp. Cet officier se ren-
dit à Iglau et y resta quelques jours. Il est actuellement de
retour et attend des ordres.
297. Vienne, 5 octobre 1814 (F. 1. 4115 ad 3565).
TALLEYRAND à L'archevêque DE MALINES (1)
(intercepta).
Principes qui doivent régner maintenant en Europe.
Comme le retour du Roi a fait disparaître en France (
toutes les idées qu'avait produites et propagées la Révolution,
il faut espérer de même qu'en Europe on cessera de transfaj^'
mer la force en droit et qu'on prendra pour règle non lo
convenance, ?nais l'équité (2).
298. Vienne, 5 octobre 1814 (F. 1. 4115 ad 3565).
Général OYEN (3j au Grand Duc DE HESSE
Les idées de Metternich sur la nouvelle constitution de l'Allemagne.
1 . L'abbé de Pradt.
2. Cf. Talleyrand au Roi. Vienne, 4 octobre 1814 (dépêche n» 3). Pallain
Correspondance inédite, etc., etc., pages 21-22.
3. Oyen (Général-lieutenant, baron , grand maître des cérémonies de 11 |it
Cour de Hesse, avait accompagné à Vienne le grand-duc héritier de Hesse
î:
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 237
Le prince de Metternich a dit dans la conversation, au
rand-duc héritier (de Hesse), lorsque celui-ci lui parla de la
lécessité d'un chef de TEmpire et que, dans ce cas, ce serait
'Empereur François I" :
« Que la Maison d'Autriche n'avait eu, depuis deux cents
< ans, que des embarras, des pertes et des peines de cette di-
( gnité; mais que si, par la nouvelle Constitution, on l'établit
{ de nouveau, elle ne pourrait appartenir qu'à l'Empereur
( d'Autriche et que sur cela on était déjà d'accord avec la
Prusse. »
Il dit encore qu'il n'est pas question du partage du Nord
t du Midi de l'Allemagne, mais que tout l'Empire sera un
)ar les mêmes liens.
Î99. Vienne, 8 octobre 1814 (F. 1. 3867 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR
Bordereau, rapport journalier et envoi de la liste, de la copie
t de l'analyse de divers intercepta du 7 octobre.
Extraits de la liste des lettres et dépêches interceptées (1).
Une lettre de lord Castlereagh au Cardinal Consalvi (sans
nportance).
Une lettre du Conseiller d'Etat von Ott au Secrétaire de
îgation russe Frohmann (envoi de la minute d'une expédi-
ion à faire au Colonel russe Nedoba, consul à Belgrade, de
lasseports et d'instructions relatives à l'élargissement de sol-
ats russes détenus à Peterwardein.
Une lettre de Cooke au Cardinal Consalvi pour lui deman-
er une audience.
L'agent fait remarquer que la caisse qui se trouve dans le
ureau de lord Castlereagh, ne contenant que des lettres par-
culières, il serait sage de renoncer à en prendre connaissance
cause de la durée et des dangers de ces opérations. L'agent
1. Comme je l'ai déjà fait à plusieurs reprises, j'ai cru intéressantde repro-
lire de temps à autre quelques-unes de ces listes ou d'en donner des extraits
in qu'on puisse se faire une idée un peu plus exacte des résultats obtenus
. des services rendus par la Po izei Hofstelle grâce à la saisie et à l'ouver-
>re des lettres et des dépèches.
238 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
a adopté toutes les mesures nécessaires afin de pouvoir prendrôl
connaissance de toutes les lettres qu'on expédiera de chez lord
Gastlereagh ou qu'on y recevra.
300. Vienne, 8 octobre 1814 (F. 1. 4128 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR
Extrait du rapport journalier. Alexandre et rarchiduc Palatin,
Alexandre a une réelle sympathie pour l'archiduc Palatin,'
(son beau-frère, veuf d*une de ses sœurs) et lui témoigne unej
préférence marquée. Le Palatin passe presque toutes ses soi-
rées chez la Grande-Duchesse Catherine où l'Empereur vient
souvent le rejoindre.
Rien d'intéressant à signaler dans la surveillance d'Anstett,
Stackelberg, Czartoryski, Cariati, Gampochiaro, Hardenberg,
Stein, Aldini et du prince Eugène.
Hager transmet en outre à l'Empereur la liste des visites
reçues par Talleyrand.
301. Vienne, 7 octobre 1814 (F. 1. 3867 ad 3565).
SGHMIDT à HAGER
R
Objet de la venue de Gotta à Vienne. Les Bavarois, Salzburg et Tlnn-Viertel.
Les caricatures du roi de Wurtemberg. Le roi de Bavière et le prince !
Eugène. Les doléances des députés des petits Etats et le profit qu'on peutbj
en tirer. Stein et Zerboni di Sposetti. 1^
Je viens de recevoir le rapport suivant de Tagent H V
J'ai, m'écrit-il, la conviction absolue que le libraire Gotta, de
Stuttgart, le représentant des librairies allemandes, réclamera
au cours des délibérations du Gongrès, Ia Liberté de la Presse.
Gette proposition est liée à celle relative à la propriété litté-
raire et en est en réalité la base. Si l'on admet l'interdiction de a
la reproduction sans accorder du même coup la liberté de
presse, c'en est fait de la librairie parce qu'on mettra les édi-!'
teurs dans l'impossibilité de publier autre chose que des œuvres
AI
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 239
absolument insignifiantes. Il n'y a rien de vrai dans le bruit
répandu par quelques personnes qu'il n'a d'autre but que
d'échapper ainsi à la faillite. C'est au contraire un homme qui
mène sérieusement les alfaires et qui se propose d'étendre le
rayon d'actions et à accroître l'importance de sa maison.
Il a amené ici avec lui le professeur Dannecker, de Stutt-
gart, qui loge chez lui. C'est un sculpteur habile, jouissant
d'une réputation bien méritée. Son voyage a un double but :
voir Vienne et essayer de réaliser le projet qu'il a conçu d'éle-
ver sur le champ de bataille de Leipzig un monument commé-
moratif, projet dont il a déjà précédemment entretenu le
prince de Metternich.
La Cour de Bavière se flatte d'avoir gain de cause pour
Salzburg, mais est très peinée de devoir céder l'Inn-Viertel.
Elle s'y résigne cependant parce qu'elle considère cette
concession comme indispensable au maintien de la tranquillité
générale.
On dit que le roi de Bavière aurait vu avec déplaisir la
venue du prince Eugène à Vienne.
Dans l'entourage du roi, on ne cesse de déblatérer contre le
roi de Wurtemberg qu'on désigne sous le nom du : Monstre
Wurtemberg eois. On raconte que les Anglais ont fait sur lui
une caricature dans laquelle il est représenté, levant les mains
au ciel, considérant son énorme panse, s'efforçant en vain
d'apercevoir son royaume dessiné sur un colossal bouton de
a culotte et s'écriant avec désespoir : « Que je suis malheu-
reux, je ne peux même pas voir mes Etats. »
Le prince royal de Wurtemberg plaît beaucoup aux dames.
!dais les dames en Autriche n'ont ni idées politiques, ni influence
îolitique. Elles ne sont que les dépositaires des opinions
ju'elles entendent émettre.
La plupart des représentants des petites cours et des dépu-
5 des villes et des corporations se lamentent de la cherté
le l'existence et ont déjà vidé leurs poches. Il serait cependant
itile de trouver moyen de les retenir et de les garder ici. Ce
disant, ils ne tarderont pas d'être obligés de se créer des res-
urces, et alors on pourra sans peine et rien qu'avec quelques
racieusetés, leur délier la langue. Le plus dur sous ce rap-
ort est et sera le baron de Stein, et je ne vois pas d'autres
oyens pour y arriver que de me servir de Zerboni, le pléni-
240 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
potentiaire prussien à Varsovie, qui connaît toutes ses pensées
et est au courant de ses plans et visées. i
302. Vienne, 7 octobre 1814 (F. 1. 3867 ad 3565). 1
Nota à HAGER (en français). ■;
Munster et Alexandre. Talleyrand chez la princesse Bagration. Le roi de
Bavière,le princeLéopold de Sicile et Murat.Le prochain voyage d'Alexandre
en Hongrie. yj
Le comte de Miinster est sans fièvre et pourra sous peu
vaquer à ses affaires. Alexandre a envoyé demander de ses
nouvelles hier, ce quia fait sourire le malade. Je le sais de la
personne qui était présente.
Talleyrand a fait sa visite avant-hier soir à la princesse
Bagration qui comme de raison l'a trouvé peu intéressant,
peu causant, presque insipide.
Le prince Léopold de Sicile *■ a été avant-hier voir le roi de
Bavière. On est venu dans le discours sur Murât, et le roi a
dit au prince : < Sans doute qu'il faut chasser ce coquin. Ce
n'est pas assez. 11 faudrait le pendre. Qui a mérité la potence
plus que lui? C'est un scélérat tel qu'il n'y en a jamais eu de
semblable. »
Le duc d'Acerenza ' s'est démis du service de Russie et va
partir un de ces jours pour la Sicile. Il cherche une place
diplomatique de cette cour à l'Etranger.
Le général de Witt me dit qu'il n'y a pas à douter que
l'empereur Alexandre, ayant solennellement engagé sa parole
de rétablir le royaume de Pologne, ne persiste invariablemeni
à remplir sa promesse malgré l'opposition de l'Autriche e\
de la Prusse qui, d'après le traité d'alliance, sont convenus
de rétablir l'ordre des choses où elles étaient avant l'année
1792. M. de Witt prétend que l'Empereur de Russie fera dan;
1. Le fils préféré de Marie-Caroline, qu'il accompagna dans son exil
Vienne. Né en 1790, il épousa en 1816 l'Archiduchesse Marie-Clémentin
d'Autriche, née le 1" mars 1798 et fille de l'Empereur François I". Mort I
10 mars 1851. Sa fille Marie-Caroline-Auguste, née le 6 avril 1822, épousa 1
25 novembre 1844 le duc d'Aumale.
2. Le mari de la princesse Jeanne de Courlande, sœur de la duchesi
Sagan.
I
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 241
quinze jours un voyage en Hongrie et que ce sera la marche
du Congrès qui décidera si l'Empereur retournera à Vienne,
ou bien s'il retourne tout droit en Russie prenant la route de
Kaschau. M. de Witt ajoute que ce voyage de l'empereur
peut bien prouver son estime pour la nation hongroise et son
affection particulière pour le Palatin, son beau-frère.
Par le discours de M. de Witt, j'ai pu m'apercevoir que la
Hongrie influe beaucoup sur l'esprit d'Alexandre et comme
il est en même temps lié avec le prince Adam Czartoryski,
' on s'explique la raison qui le fait tant rechercher par les Po-
, lonais. D'ailleurs il est étonnant de voir avec quelle grossiè-
ireté et insolence se conduisent tous les Russes qui se trouvent
dans la suite de l'Empereur. Quel contraste avec la politesse
! des Prussiens et des autres étrangers ! Même les personnes
ide ^ancienne ambassade (russe) s'en plaignent.
303. Vienne, 7 octobre 1814 (F. 1. 3887 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Conversation entre Metternich et Consalvi.
« Combien de temps Votre Eminence compte-t-elle rester
jci ? » aurait demandé Metternich au Cardinal.
« Aussi longtemps que durera le Congrès. »
« Mais, dit Metternich, je puis affirmer à Votre Eminence
[u'il ne sera pas question des affaires ecclésiastiques au Con-
grès. >
04. Vienne, 7 octobre 1814 (F. 1. 3867 ad 3565).
0 0 à HAGER
ent la France et l'Espagne veulent qu'on interprète au Congrès le
.té de Paris. Conversation avec Dalberg. Le baron Hacke et Talleyrand.
"•erg et Aldini.
Les missions de France et d'Espagne au Congrès inter-
:'ètent dans le sens le plus large l'article 32 du traité de
T. L 16
242 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENÎSE
Paris du 30 mai, aux termes duquel tous les Etats, qui ont
pris part à la dernière g'uerre, sont invités à envoyer au dit
Congrès des plénipotentiaires chargés d'examiner et d'ap-
prouver après vérification les articles de ce traité, paragraphes
relatif an cours du Rhin, à la navigation du Rhin paragraphe a, ,
à la résolution prise de préciser la rédaction par trop vague
de ce paragraphe 5 et de voir comment on pourrait faciliter
les communications fluviales internationales, paragraphe 6,
relatif à Findépendance des Etats allemands, unis entre eux
par un lien fédéral, les paragraphes 18, 19, 20, 21, 22, 23,
24 et 31 relatifs aux dispositions générales ayant trait aux
dettes, aux contributions des différents pays, à la restitution
des papiers d'Etat, enfin à tout ce qui concerne l'Italie et .
maison de Bourbon en Italie et qui à ce titre intéresse fori
la France et l'Espagne.
« Il n'y a plus de puissances alliées depuis le traité de Paris
m'a dit le duc de Dalberg que je vois souvent et qui s'ouvrt
volontiers avec moi, La France doit intervenir au Congre.'
comme l'Angleterre, comme l'Autriche, comme la Prusse
comme la Russie. »
Hier matin, il m'a encore dit : « C^est scandaleux. Commen
ce Congrès se traîne. Talleyrand y a été une fois ; je n'y a
pas été invité et n'ont assisté à cette conférence que le
Ministres secrétaires d'Etat seuls, sans les ministres adjoints
On n'a fait que mystifier Talleyrand. On lui a dit qu'on avai
convenu de beaucoup de choses et quand Talleyrand ademand
à savoir quoi, on lui a répondu que c'était un secret, que l'o
avait convenu de ne dire cela qu'à une certaine époque. »
Dalberg a continué et m'a dit alors : « Nous savons foi
bien ce qu'il en est. C'est le duché de Varsovie, c'est la coi
ronne de Pologne qui est cédée à la Russie ; c'est la Saxe qi
est cédée à la Prusse. Ils savent bien que Talleyrand, Labrado
et moi, nous prenons la poste et que nous retournons à Par!
au moment que l'on nous mettra dans la confidence de (
secret. Nous ne comprenons rien à la politique de M. de Me
ternich. S'il donne la couronne de Pologne à la Russie, c
moins de quinze ans la Russie aura chassé les Turcs ho
d'Europe et la Russie sera plus dangereuse pour la libertéjii
l'Europe que ne l'a jamais été Napoléon. ^f
« La Prusse s'abandonne à la Russie, peut-être à cause <[
sa position géographique. Mais l'Autriche, au lieu de coij
[
iii
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 243
courir et de travailler à la prépondérance delà Russie, pourquoi
ne se tient-elle pas aujourd'hui bien sincèrement à la France
pour, de concert, s'opposer à ce colosse qui va écraser l'Au-
triche et les autres puissances. »
Le Baron Hacke, ministre de Bade, fréquente assidûment
chez Talleyrand, auquel il sert d'espion et d'informateur. C'est
par lui qu'il sait tout ce qui se passe chez Metternich, chez
l'Empereur, chez les souverains présents à. Vienne. II remplit
les mêmes fonctions auprès du Comte de Rechberg et de la
Cour de Bavière. Le Baron Hacke n'est guère bien disposé
pour nous et n'est pas des amis de Metternich.
Dalberg- m'a parlé d'Aldini :« C'est, m'a-t-il dit, un homme
;| de très grand talent, connaissant à fond l'Italie. Mais c'est aussi
f] un de ces Italiens excentriques qui veulent faire de l'Italie
un seul royaume dont Rome sera la capitale. Aldini travaille
et correspond avec Murât qui caresse encore ce projet. Le
Vice Roi n'avait pas le talent nécessaire pour réaliser ce projet,
qu'il avait eu, lui aussi, un instant. »
Talleyrand passe toutes ses soirées chez la duchesse de Sagan
où il se flatte d'apprendre les secrètes pensées de Metternich.
305. Stockholm, 27 septembre 1814 (F. 2. 4188 ad 3565).
ENGESTRÔxM à LÔWENHIELM (intercepta) (en français).
La Poméranie fera l'objet d'une négociation particulière. Instructions qu'il
lui donne à ce propos. Eviter toute discussion à ce propos avec les
ministres prussiens.
Depuis ma dernière dépêche du 22 on a eu des nouvelles
de la Prusse qui paraissent nous donner la certitude que le
gouvernement prussien voudrait s'arranger avec la Suède au
Usujet de la Poméranie et il paraît que cette affaire sera l'objet
d'une négociation particulière.
Aussi, M. le Comte, vous vous bornerez en conséquence à
ifléclarer au prince de Hardenberg, lorsque l'occasion se pré-
ntera, que le roi n'entrera dans aucun arrangement par
ipport à cette province avec Sa Majesté Prussienne. Au cas
qu'on voulut mettre cette affaire sur le tapis du Congrès, vous
[vous refuserez à toute discussion sur un objet qui n'a aucun
244 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
rapport avec les affaires du Centre de FEurope. La paix de;
Kiel donne la Poméranie au roi de Danemark, au cas que
ce souverain remplisse de son côté les engagements qu'il a
contractés vis-à-vis de la Suède. Comme rien n'a été exécuté
de tout ce qu'il a promis, il n'a rien à prétendre. Il est inté-
ressant d'apprendre le véritable but du voyage du général
Bennigsen.
Le mécontentement en Danemark monte à un point,
incroyable, mais le roi (de Suède) pense trop noblement pour
vouloir en profiter. Il voudrait obtenir la Norvège, et comme
c'est par les armes qu'il fait valoir ses droits, il ne voudrait
pas récompenser celui qui n'a rien fait pour lui. Voilà M. le
Comte, les instructions du roi, que vous trouverez justes.
306. Vienne, 7 octobre 1814 (F. 1. 3868 ad 3565).
Le roi de WURTEMBERG à MANDELSLOH (1) (à Stuttgart)
[Intercepta.) (en allemand). 7;
Oi'dre de lui envoyer Feuerbach. Un quatrain du roi sur la situation politique.
Comme j'ai tout lieu de croire à Touverture prochaine des
négociations relatives à la Constitution de l'Allemagne, je vous
invite, comme je vous l'avais fait connaître déjà avant monj
départ, à donner au Conseiller de Légation Feuerbach(2) l'ordre'
de se rendre ici au plus vite.
Le prochain courrier vous apportera le complément des ins-
tructions que j'ai à vous transmettre :
Es sammle sich der Wolken Dicke
Doch wird die Sonne sie zerstreuen
1. Mandelsloh, ministre d'Etat de Wurtemberg, jouissait à ce moment de
toute la confiance de son roi.
2. Feuerbach, Conseiller intime de légation wurtembergeois, celui-là même
qui avec le général-major von Varenbuhler, aide de camp général du roi de
Wurtemberg, signa le 5 avril 18151a convention entre l'Autriche et le Wur-
temberg pour le passage des troupes autrichiennes à travers le Wurtemberg
(convention signée pour l'Autriche par le feld-maréchal-lieutenant Prohaska
le Conseiller aulique Jacques Rosner et le conseiller aulique Engelbert dt
Floret).
r
^>
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 245
Und dann der blaue Himmel wird
Dem Auge sichtbarsein (1).
307. Vienne, 9 octobre 1814 (F. 1. 3943 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR
(Bordereau et rapport journalier. Envoi de la liste, de l'ana-
lyse et de la copie des divers Intercepta).
308. Vienne, 8 octobre 1814 (F. 1. 4134 ad 3565).
Rapport de divers à HAGER
latercepta et surveillance de Jomini, Czartoryski, princesse Bagration,
visites faites et reçues par Talleyrand. Guibourt, agent de Caroline Murât-
Leveling. Goupy. Découragement des partisans du roi de Saxe.
Rien de particulier sur Hardenberg, Anstett, Radziwill,
prince Eugène, Tascher, d'Arenberg, Salmour, Campochiaro,
Cariati, Roccaroraana, Stein.
Interceptée une lettre de famille venue d'Aarau, datée du
6 août et adressée à Jomini.
Jomini, un peu malade et souffrant, va faire venir sa femme.
On a tout lieu de croire que la lettre interceptée a été écrite
par cette dernière.
Czartoryski a été le 6 souper chez la princesse Bagration et
l'en est sorti qu'à 1 h. 1/2.
Envoi de la liste des visites faites et reçues par Talleyrand
je 7. Personnes invitées à dîner chez lui le même jour : Ver-
'lègues, Saint-Marsan, Ruffo et deux princes de Saxe-Goburg.
^Guibourt, l'agent particulier de Caroline Murât, est en rap-
. journalier avec Campochiaro, Cariati et le Général Filan-
Sri, qui vient d'arriver.
j^Traduction littérale du quatrain. De gros nuages se rassemblent. Le
les dissipera. Et puis le ciel bleu apparaîtra de nouveau aux yeux de
240 AUTOUR DU COxNGRÈS DE VIENNE
Le Magistrat-Rath Leveling, né à Munich, est en relation
avec Ghika et les Grecs.
Goupy, l'agent de la reine d'Etrurie, banquier à Paris, est
riche et associé d'une maison de banque italienne. Bassoni est
soutenu par l'ambassade d'Espagne.
Les partisans du roi de Saxe sont très découragés depuis
hier par la tournure prise par les affaires de leur pays.
309. Vienne, 8 octobre 1814 (F. 1. 3861 ad 3565).
HAGER au KAISERLICHER RATH EICHEMBOLD
Ordres relatifs à la correspondance de Castlereagh.
Lord Castlereagh recevant et expédiant sa correspondanc(
par les maisons de banque Geymûller et Herz, ordre d(
prendre les mesures nécessaires pour surveiller cette corres-
pondance et en avoir connaissance.
310. Vienne, 8 octobre 1814 (F. 1. 4134 ad 3565).
HOPFEN à HAGER
Les relations d'Aldini, invité par Metternich à un grand dîner le 6 octobre
Aldini est en rapports suivis avec Talleyrand, Dalberg, l
prince Eugène, le Nonce, le Comte Guicciardi et la Grand
maîtresse de la maison de la duchesse de Parme. Il a et
invité le 5 au dîner donné par Metternich.
311. Vienne, 9 octobre 1814 (F. 1. 3943 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR (Rapport et bordereau du 9 octobi
Surveillance spéciale de Goupy.
Un ministre prussien acheté par le prince Eugène.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 247
Goupy (1) agent à Vienne de la reine d'Etrurie est en rap-
ports suivis avec le Magistrat- Rath Leveling (2).
On tâchera de savoir le nom du Ministre prussien (3) que
le prince Eugène aurait corrompu et acheté.
Le prince Eugène aurait acheté moyennant 100.000 Scudi
un ministre prussien d'après ce que m'a dit et affirmé le
ministre Sarde (Saint-Marsan) (rapport en italien).
312. Vienne, 8 octobre 1814 ^F. 1. 4134 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
L'avocat Vera. Un mot du ministre d'Oldenburg.
Les ministres de Naples chez Talleyrand. Campochiaro et Talleyrand.
Ce que Murât fera en cas d'abandon de l'Autriche.
L'avocat Vera est arrivé de Rome comme envoyé du prince
(!e Piombino pour réclamer au Congrès les Etats d'Elbe et de
Piombino. Ce monsieur est le mari d'une célèbre cantatrice
saxonne, -M^'" Esler, qui a fait beaucoup de bruit en Italie ces
dernières années. Elle a quitté à présent le théâtre.
Le duc d'Oldenburg a aussi envoyé ici un ministre (4). On
lui a demandé ce que son maître prétendait puisqu'il n'avait
rien perdu de ses anciens Etats qu'on lui avait rendus. Il a
répondu : « Les frais de la guerre. »
La légation Muratienne, composée de six individus, fit tant
que Talleyrand dut la recevoir.
Campochiaro, qui prit la parole, lui dit qu'il était venu pour
lui demander la protection de la France en faveur de son roi
1. Goupy des Hautes-Bruyères. Voir au sujet de ses démarches le numéro 6
de la Chronik des Allgemeinen Wiener Kongresses {du 21 octobre 1814, p. 84.
2. Le lendemain 9 octobre, Hager envoyait au Président du Gouvernement
à Linz, Aichholz {F. 1. 3885 ad 3565), les instructions suivantes relatives à la
lur du Magistrat-Rath Leveling et à Goupy. « Ordre de fouiller soit à Linz,
t à la frontière, la veuve MQUer, sœur du Magistrat-Rath Leveling par-
! lut le 10 avec des lettres qu'elle doit remettre à Munich et qui a été signalée
par un rapport de Gohausen {Cf. pièce 308).
3. Le ministre prussien, auquel il fait allusion ici, n'aurait été autre que
le chancelier Hardenberg lui-même. Voir plus loin d'autres rapports du
2" octobre et du 17 novembre, dont les indications ne doivent d'ailleurs être
accueillies que sous toutes réserves.
4. Le baron Von Maltzahn.
248 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
qui avait tant contribué à remettre les Bourbons sur leur
trône, car si Murât avait réuni ses 100.000 hommes au Vice-
Roi, la tournure prise par les affaires en Italie aurait forcé les
Alliés à repasser le Rhin.
Talleyrand lui répondit : « Sans doute, vous avez mérité,
« mais pas assez. Vous dites avoir rétabli les Bourbons, sur
« leur trône, mais vous ne les avez pas rétablis tous. Achevez
« votre ouvrage et le mérite sera parfait. »
Il ajouta du reste qu'il devait leur avouer que, loin de pro-
téger l'usurpation de Murât, il avait des ordres formels d'exi-
ger la restitution du royaume de Naples au roi légitime.
Les Muratistes dirent alors qu'ils feraient la guerre et se
défendraient à outrance.
« Combien avez-vous de monde ? » dit Talleyrand.
« 80.000 hommes », répondit Campochiaro, et le prince de
répondre : « Ce n'est pas assez. »
Là-dessus ils furent congédiés. Cette conversation a été
racontée par un des Muratistes qui en écumait de rage. Je
sais qu'un de ces Messieurs a dit hier : « Nous sommes tran-
« quilles sur notre affaire. Car, ou l'Autriche tient parole et
« est avec nous et nous n'avons rien à craindre, ou elle nous
« quitte, et alors nous lui enlevons l'Italie dans bien peu de
« temps. Les Italiens sont pour nous. »
313. Vienne, 8 octobre 1814 (F. 1. 3943 ad 3565).
LÔWENHIELM à ENGESTRÔM (à Stockholm)
(intercepta) (en français).
Stagnation des affaires. Talleyrand et le Congrès. Les conférences sur les
points litigieux. Les difficultés pour l'admission des ministres. Note qu'il
a remise pour réclamer son admission.
Les affaires du Congrès sont encore au même point où elles
en étaient lors de ma dernière dépêche.
Talleyrand a consenti à regarder la note officielle qu'il a
donnée le 1^' (1) comme une simple communication confîden-
1. Note de Talleyrand du 1" octobre à Castlereagh et note du même au
plénipotentiaires des huit puissances en date du 3 octobre.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 240
tielle. Depuis ce temps les quatre anciennes Puissances Alliées,
savoir la Russie, l'Angleterre, l'Autriche et la Prusse ont
présenté un nouveau projet (1) de proclamation à faire pour
constituer le Congrès, auquel Talleyrand a répondu par un
contre-projet (2) qui n'a pas non plus été agréé dans sa tota-
lité par les Alliés. Ces derniers ont en conséquence une con-
férence entre eux aujourd'hui à 2 h. 1/2 et ce soir il y aura
à 6 heures une conférence avec Talleyrand où, on cherchera
à s'accorder sur les points litigieux. Jusqu'à présent ces con-
férences ne sont considérées que comme des communications
confidentielles et préparatoires entre les Ministres d'Etat qui
se trouvent à Vienne, et c'est sous ce rapport que jusqu'à pré-
sent on n'a pas admis le plénipotentiaire Portugais malgré
sa réclamation formelle non plus que celui de Suède.
Quant à moi, je me suis borné à donner une note aux
ministres d'Etat d'Autriche, Prusse, Angleterre, Russie, France
et Espagne pour m'annoncer formellement comme plénipo-
tentiaire de Sa Majesté au Congrès. Cette formalité m'a paru
nécessaire pour prévenir tout prétexte d'ignorance quant à la
qualité de ma mission et renferme en elle-même la prétention
incontestable (et déjà reconnue) de mon admission aux pre-
miers travaux du Congrès du premier moment de son exis-
tence. Jusqu'à présent le jour n'en est pas fixé. Cela dépendra
des rapprochements qu'on espère gagner ce soir avec Talley-
rand.
Votre Excellence aura sans doute remarqué que la princi-
pale différence dans les projets de proclamation des deux côtés
roule sur la manière de préciser dans la proclamation même,
quelles seront les puissances à admettre au Congrès. Cette
question, de la manière dont elle est proposée par la France
et l'Espagne, impliquant en même temps une décision préma-
turée sur ce qui doit faire l'objet des négociations futures, est
opposée encore par les alliés et surtout par l'Autriche.
1. Mémorandum de Gastlereagh du 4 octobre.
2. Lettre de Talleyrand à Gastlereagh du 5 octobre.
250 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
314. Vienne, 8 octobre 1814 (F. 1. 3943 ad 3565).
GAERTNER au prince de LOSWENSTEIN (1) [intercepta)
{en allemand) Analyse.
Ajonrnement de la remise du mémoire de la constitution de l'Allemagne.
Attitude de la France.
Il expose les raisons pour lesquelles on a ajourné la remise
d'un Mémoire insistant sur la nécessité de rendre immédia-
tement exécutoires les principes fondamentaux de la Consti-
tution de TAllemagne.
Attitude de la France favorable à la Confédération du Rhin.
La note de l'Ambassade de France dit en effet que : « La
France veut que les Etats de l'Allemagne ne soient ni com-
primés, ni supprimés (2). »
315. Vienne, 10 octobre 1814 (F. 2. ad 3565).
HAGER à l'EMPEREUR (Analyse).
Bordereau d'envoi et résumé du rapport à l'Empereur en date
du 10 octobre 1814.
Belles promesses faites par La Harpe au nom d'Alexandre
aux princes Médiatisés. Ses déclarations à Gaertner. Confé-
rences chez Gagern. Opposition des princes et surtout du duc
de Brunswick aux projets et propositions de la Prusse.
1. Gaertner représentait à Vienne entre autres princes médiatisés les princes
de Lôwenstein-Wertheim-Freudenberg et les princes de Lœwenstein-Wer-
theim-Rochefort (Rosenberg), Georges-Guillaume-Louis prince de Lœwens-
tein-Freudenberg (1775-1855) et Charles-Thomas prince de Lœwenstein
Wertheim-Rochefort (1783-1849).
2. Voir dans les Instructions du Roi pour ses Ambassadeurs au Congrès, le
paragraphe relatif à la Confédération (TALLEYRAND.Memoi;-es,II, 215-216). Oh
avait en outre intercepté le même jour la minute d'une dépêche de DalbM(|; j
h Jaucourt qui en accusa réception le 18 (Cf. Jaucourt. Correspondani^^
p. 92) et qui ligure avec quelques légères variantes au tome II, p. 330-335 i
la Correspondance de Talleyrand publiée par le duc de Broglie.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 251
316. Vienne, 9 octobre 1814 (F. 2. 4188 ad 3565).
GÔHAUSEN à HAGER
Rapport sur Gagern. Ses conférences avec les ministres de Prusse et de
Bavière. Gomment il expédie sa correspondance. Fréquence de ses visites
à l'archiduc Jean.
Depuis huit jours Gagern est tous les matins en conférence,
tantôt avec Humboldt, tantôt avec Rechberg et Wrede.
Il expédie ses dépêches par courrier bavarois à l'adresse
d'un certain M. Dittmar à Ratisbonne et procède probablement
de la même façon par la poste.
Gagern va souvent chez l'archiduc Jean qu'il connaît depuis
1809 et qui le reçoit toujours, même quand il n'a pas demandé
d'audience.
317. Vienne, 9 octobre 1814 (F. 2. 4138 ad 3565).
SICARD à HAGER (en français).
Rapport sur les motifs de la venue à Vienne de Daniels.
Daniels, récemment arrivé à Vienne et ancien procureur
impérial du département de la Dyle, dit être venu pour aider
le prince Louis Prosper d'Arenberg dans ses démarches pour
le rétablissement de sa principauté.
Il doit être de plus, comme il est tout dévoué aux Français,
un émissaire du parti très fort qui désire l'annexion de la
Belgique à la France.
318. Vienne, 9 octobre 1814 (F. 2. 4188 ad 3565).
FREDDI à HAGER (en français).
Le nonce et ce qu'il dit du dîner donné par Metternich le 5. Le service
de table aux armes et au chiffre de Napoléon.
Je suis passé voir le Nonce qui me parla du dîner donné par
252 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Metternich le 5. On l'avait placé entre la princesse de la Tour
et Taxis et la princesse Trauttmansdorff. Il remarqua que la
table était garnie par un service aux armes de Bonaparte que
celui-ci donna au prince de Metternich en prix de l'holo-
causte de la nouvelle Iphigénie.
319. Vienne, 9 octobre 1814 (F. 2.4188 ad 3565).
SIGARD (Joseph von Schmidt) à HAGER (en français).
Les Saxons entre les mains et à la remorque de Talleyrand. Le baron Hacke.
Les petits Etats allemands hostiles à la Prusse. Les recommandations de
Talleyrand. Le roi de Wurtemberg et Marie-Louise.
« Le baron Hacke, le comte de Schulenburg,tous les Saxons
d'ailleurs, y compris le baron Marschall, né en Saxe, sont en-
tièrement au service et à la discrétion de Talleyrand.
« Hacke est de plus un agent bavarois et peut-être aussi un
espion russe.
« La Hesse-Cassel, Darmstadt, Nassau et Bade déblatèrent
contre la Prusse. »
L'agent rapporte ensuite tout ce que Talleyrand a dit et
recommandé aux représentants des petits Etats.
On a raconté hier soir chez Arnstein que le roi de Wur-
temberg a été vendredi soir (1) voir Marie-Louise à Schœn-
brunn. On trouverait fort déplacé si l'Impératrice paraissait
mardi (2) à la fête qu'on donnera dans ce Palais. Elle le voudra
certainement et on espère que l'Empereur le lui interdira.
Marie-Louise n'est ni aimée, pi estimée dans le monde à
Vienne, et la population lui est même presque hostile.
320. Vienne, 9 octobre 1814 (F. 2.4188 ad 3565).
Rapport a HAGER
Surveillance de Stein.
1. Le 7 octobre.
2. Grande représentation donnée à Schœnbrunn le 11 octobre 1814.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 233
Samedi 8. Le baron Stein a travaillé ce matin pendant une
heure avec le conseiller d'Etat Friese avant d'aller chez Nes-
selrode avec lequel il resta deux heures. Rentré chez lui, il
reçut les visites du prince de Saxe-Gobourg et de La Harpe.
Il dîna dans l'après-midi chez Nesselrode et pendant ce temps
un courrier qui venait d'arriver de Saxe (et qui loge à VUn-
garische Krone) se présenta chez lui. Dès son retour, Stein
le fit appeler et eu un long entretien avec lui. Il ne sortit plus
ce jour-là.
Le dimanche 9, Stein écrivit à la princesse de Fûrstenberg (1)
une lettre qu'on aurait interceptée et communiquée à la Mani-
pulation, si le secrétaire du Ministre ne l'avait portée lui-
même à destination.
321. Vienne, 9 octobre 1814 (F. 2 4188 ad 3565).
Rapport à HAGER
Surveillance du prince de Hardenberg.
Le samedi 8, le prince a travaillé de 9 heures du matin
jusqu'à 2 heures. Le général Knesebeck, le général Schoëler,
et le prince de HohenzoUern, venus pour le voir, n'ont pas
été reçus. On ne laissa entrer que le conseiller aulique Gentz,
venu vers midi.
A 2 heures, il se rend chez Metternich où il y avait une
grande conférence à laquelle Nesselrode, Castlereaghet Hum-
boldt assistèrent. Cette conférence dura jusqu'à 4 heures. Le
prince rentra alors chez lui pour dîner et eut pour convives
Radziwill, Saint-Marsan, le baron Martens, Jacobi-Kloetz,
Arnstein, Humboldt et son secrétaire, le chanoine doyen de
Munster et le comte Hardenberg. Après le dîner il reçut les
visites du comte Etienne Zichy, du prince de HohenzoUern,
du baron Binder, de Czartoryski qui resta avec Radziw^ill pour
causer avec le prince. Après le départ de tous les visiteurs,
le conseiller intime Jordan brûla quantité de papiers.
A 8 heures 1/2 du soir le prince se rendit chez Metternich
où se tint une seconde conférence qui dura jusqu'à 11 heures
1. Née princesse de La Tour et Taxis.
254 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
du soir et à laquelle prirent part les ministres de Sicile et
d'Espagne, Talleyrand, Castlereagh, le comte Nesselrodfj et
Humboldt.
i
322. Vienne, 9 octobre 1814 (F. 2.4188 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
Ce que le général Schœler sait et dit à propos de la Pologne.
J'ai cherché à apprendre par le général Schôeler quelles
étaient les instructions de son gouvernement sur la question
de la Pologne. Il m'a assuré qu'on lui avait demandé son avis
sur cet objet et que, considérant l'impossibilité absolue où se
trouvait son gouvernement de soutenir des opérations par la
force, il avait cru que temporiser pour le moment était ce
qu'il y avait de plus convenable. Voici les raisons par les-
quelles il appuie son opinion : « La Russie est préparée, elle
peut agir de suite, elle a l'inappréciable avantage de la pos-
session ; les Polonais sont gagnés dans ce moment et feraient
les plus grands sacrifices pour une cause qu'ils regarderaient
comme la leur. » De l'autre côté, l'Autriche a une partie con-
sidérable de ses forces militaires en Italie ; la guerre entraî-
nerait des troubles dans sa GaIicie.Nousautres,nous ne sommes
nullement préparés ; notre armée est sur le Rhin. Danzig, que
nous occupons conjointement avec 1.000 Russes, n'est pas
ravitaillée, enfin plus que tout cela, la répugnance qu'aurait
le roi, même malgré sa conviction, pour toute démarche
contre l'Empereur.
En temporisant on gagne le temps nécessaire pour donner
à l'Allemagne une forme stable et conforme au bien général
et à la sûreté. Vous organiserez vos provinces italiennes; les
Polonais, dont l'Empereur Alexandre n'aura garde de rétablir
le royaume, seront foulés par les employés russes, mécontents
de la situation et prêts à se jeter dans les bras de celui qui
voudra être leur libérateur.
« Il est fâcheux à la vérité, ajoute-t-il, que cette situati
force le roi à paraître vouloir s'agrandir en gardant la Sa
mais pourquoi ne nous rend-on pas Anspach et Bareuth ? »
Lui ayant parlé de la part que M. de Stein, tout dévoué à
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 235
Russie prend à l'organisation de l'Allemagne, le général m'a
assuré que Stein avait éprouvé récemment des désagréments
qui pourraient bien avoir changé ses affections ( l).
323. Vienne, 9 octobre 1814 (F. 2. 4188 ad 3565).
00 à HAGER
L'espionnage mondain au service des missions étrangères. La question de la
Saxe. L'agent présenté par la Tour du Pin à Talleyrand. Les confidences
de la Tour du Pin.
J'entends beaucoup parler chez le prince de Starhemberg (2)
de l'espionnage de cour à cour, de mission à mission et de
l'espionnage de société. On dit que : « les Cours et les mis-
sions sont fort occupées à s'espionner réciproquement. » « C'est
chose fort naturelle et facile à expliquer. Il est certain que,
lorsqu'ils nous quitteront, les souverains étrangers connaîtront
à fond notre cour ; mais l'espionnage de société entre nous
autres Viennois, l'espionnage dans la société même devient
intolérable. Ferdinand Palffy fait partie de la police secrète,
la comtesse Esterhazy Roisin et M"° Chapuis sont des espions
de la vieille princesse Metternich qui les renseigne et les ins-
pire. Le prince Kaunitz (3), François Palffy, Frédéric Fûrsten-
berg !'4), Ferdinand Palffy s'étaient offerts pour faire le service
auprès des souverains présents à Vienne ; on a décliné leurs
offres. Jamais il n'y a eu à Vienne un pareil service d'espion-
nage. Le prince de Metternich m'a déjà questionné à ce sujet
et m'a dit qu'on savait tous les propos que je tenais. Je lui ai
dit que le prince devrait me rendre service en me plaçant et
que je chanterais ses louanges sur tous les tons. Je suis en
effet son obligé à cause de ma loterie, mais ce que je ne peux
1. Rien ne paraît justifier cette dernière assertion.
2. Starhemberg (Louis, prince), ambassadeur d'Autriche à Londres, poste
li'il dut quitter lors du rapprochement de Napoléon et de l'Autriche. Très
lai disposé pour Metternich qui trouva inutile de lui offrir un poste lors de
(fentrée de l'Autriche dans la coalition.
3. Aloïs, prince de Kaunitz-Rictberg (1774-1848), diplomate autrichien, le
ernier de sa maison.
4. Frédéric-Charles, prince de Fiirstenberg (1774-1856), marié en mai 1801 à
i princesse Thérèse de Schwarzenberg.
256 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
1
lui pardonner, ce que je ne peux admettre ce sont les Binder,
les Paul Esterhazy et C'« avec lesquels il s'enferme et qui sont
ses confidents. » Tel est le discours que m'a tenu le prince
Starhemberg.
Le baron Spàt (1) a dit hier : « Le prince Antoine de Saxe
et l'Archiduchesse sa femme, m'ont dit eux-mêmes à Schoen-
brunn : « La Saxe est perdue pour nous. Nous n'y rentrerons
plus. »
Le comte de la Tour du Pin m'a introduit hier chez Talley-
rand. Cette maison est peut-être la plus intéressante de toutes
pour l'observateur. Mais c'est en même temps le refugium
peccatormn. C'est là que les deux princes de Coburg (2), le
cardinal Consalvi et le nonce Severoli font une cour assidue
au maître de la maison qui daigne à peine les regarder. Schu-
lenburg, Saint-Marsan, Castelalfer, Salmour, le comte Mars-
chall (3), le commandeur Ruffo, le baron Vrintz, tous les
émigrés viennent y rapporter tout ce qu'ils savent, tout ce
qu'ils ont vu ou pu apprendre.
Voici ce qui m'a frappé le plus dans la conversation de la
Tour de Pin qui ne répète que ce que Talleyranda jugé à pro-
pos de lui confier : « 1° Qu'une capitale ne saurait être le
siège d'un Congrès ; 2" Qu'il n'y a jamais eu de Congrès sans
médiateur depuis Munster et Osnabruck jusqu'à Teschen ;
3° Qu'aujourd'hui un médiateur serait plus nécessaire que
jamais ; 4' Qu'il n'y a que la France qui fût à même d'être
médiateur, parce que c'est la seule puissance qui ne demande
rien; 5° Que le présent Congrès n'aura aucun résultat et qu'il
semble probable qu'on ne pourra s'entendre sur rien.
324. Vienne, 10 octobre 1814 (F. 2. 4188 ad 3565).
ee à HAGER
Les fautes de Metternich. Les désirs de l'opinion publique. L'impératrice de \
Russie. Le roi de Prusse et la princesse de la Tour et Taxis. Le duc def f
Weimar. Dalhera'. La rerlniit.p nnrf^p J-,
Weimar. Dalberg. La redoute parée
1. Parent de la baronne de même nom que la princesse Thérèse de Saxe,
sœur de l'Empereur et femme du prince Antoine, honorait de son amitié.
2. L'un de ces deux princes de Goburg était le futur roi des Belges et l'autD
probablement le prince Ferdinand.
3. Représentant à Vienne du prince primat
I
I
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 2o7
Metternicli, c'est ainsi qu'on juge la conduite politique du
prince chez Starliemberg, a commis deux lourdes fautes. La
première, en 1813, lorsqu'au moment de l'évacuation du ter-
ritoire russe il négligea d'occuper la partie occidentale de la
Galicie qui avait appartenu à l'Autriche et Cracovie. Si nous
avions repris à ce moment possession de la Galicie Occiden-
tale, personne n'aurait songé à nous la contester. La deuxième,
en décembre 1813, lors de l'entrée à Francfort où il lui eut été
facile de faire proclamer François, empereur du Saint-Empire
Romain. On a laissé passer le moment et maintenant c'en est
fait de la couronne impériale d'Allemagne.
Les Fûrstenberg, Ghotek, Wallis, Hatzfeld, Stadion, Schôn-
born, Golloredo et Starhemberg trouvent toujours quelque
chose à critiquer dans les actes du prince de Metternich. Quant
au public, il ne désire qu'une seule chose, la fin prochaine
du Congrès afin qu'on réduise les effectifs de l'armée, qu'on
retire les Anticipations scheine (1) (bons d'anticipation) et que
le renchérissement général cesse.
L'Impératrice de Russie est beaucoup plus goûtée par le
public que son mari. Toutes les personnes qui assistent au
Cercle qu'elle tient, disent qu'elle est bien autrement courtoise
et aimable que l'Empereur. Il faut reconnaître du reste qu'A-
lexandre est presque sourd.
Le roi de Prusse dîne et passe ses soirées chez Taxis et va
au théâtre dans les loges de la princesse qui est d'ailleurs sa
belle-sœur (2).
Le duc de Weimar se plaint du climat de Vienne et de ce
que les faubourgs de la ville ne sont pas pavés. Les étrangers
jont été émerveillés par les fêtes données à Laxenburg et par
les manœuvres de Bruck. La redoute parée d'hier a été très
réussie. Le roi de Prusse portait le costume hongrois.
Dalberg a dit ces jours-ci : « Vous trouvez singulier que je
sois l'un des ministres de France à Vienne, mais n'est-ce pas
xn Français, un émigré, le baron de Bombelles (3), qui est ministre
|i' Autriche à Paris.
j 1. Papier-monnaie mis en circulation en Autriche.
2. Marie-Thérèse de Mecklemburg, sœur de la reine Louise.
3. Bombelles n'était pas baron, mais comte. D'autre part, il n'était pas
linistre, mais commissaire impérial et royal à Paris, où l'Autriche était
««présentée par le feld-maréchal lieutenant baron Vincent.
I T. I. 17
2o8 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
325. Vienne, 9 octobre 1814 (F. 2. 4188 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
L'attitude de la légation de France. Deux mots dits, i*un par Gastlereagh,
l'autre par Talleyrand. Les Pays-Bas, les places du Rhin et Mayence. Con-
centration et renforcement de l'armée française. L'Angleterre etlaBelgique.
Tension des rapports entre la Bavière et le Wurtemberg. Altercation entre
les deux princes royaux.
La Légation de France est décidée à prendre au Congrès
une attitude des plus énergiques. Elle a préparé trois notes
qu'elle remettra à la première séance du Congrès. Dans l'une,
la France proteste contre la réunion des Pays-Bas à la Hol-
lande, dans la seconde elle expose ses vues sur la Constitution
de l'Allemagne, dont le Sud serait placé sous la protection de
l'Autriche et le Nord sous celle de la Prusse. La troisième note
a trait à la Pologne.
On colporte dans Vienne le mot de lord Castlereagh qui
aurait dit : « Qu'on n'a pas réuni un Congrès pour provoquer
une nouvelle guerre », et la réponse faite par Talleyrand à
une dame qui lui avait dit : « Vous êtes pourtant déjà venu à
Vienne, mon Prince >, et lui de riposter : « Je fais tous mes
efforts pour l'oublier. »
Talleyrand veut qu'on rende les Pays-Bas à l'Autriche, ou
qu'on en fasse un Etat libre. La France ne veut pas que les
places du Rhin, et surtout Mayence, soient aux mains de l'Au-
triche ou de la Prusse.
La France concentre, dit-on, et renforce son armée sur la
frontière pour soutenir l'action et l'attitude de ses ministres
au Congrès. On est cependant porté à croire que Talleyrand
ne grossit la voix que pour relever le prestige de son roi et
de son pays, mais qu'il ne songe pas plus que son souverain
à l'emploi de la force qui ne promettrait rien de bon. L'armée
n'est pas attaché au nouveau régime et il y a dans ses rangs
#1
des Pays-Bas à la Hollande. Elle envoie des troupes en Hol-
lande et agit sans relâche sur le terrain diplomatique
Les rapports entre les cours de Bavière et de Wurtembe:
sont très tendus. Les deux peuples se détestent si fort qu'
doit tout redouter
un grand nombre de partisans de Napoléon.
L'Angleterre est au contraire très en faveur de la cessî
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 259
A une soirée donnée par la princesse de la Tour et Taxis,
il y eut entre le Prince royal de Bavière et celui de Wurtem-
berg (dont tout le monde vante l'amabilité) un échange de
paroles tellement vives que ce dernier a provoqué l'autre en
duel et que la rencontre devait avoir lieu au Prater (1), Mais
le prince royal de Bavière ne vint pas et envoya Wrede qui
arrangea la chose.
326. Vienne, 11 octobre 1814 (F. 2. 4188 ad 3565).
HAGER à LEMPEREUR (Bordereau du 11 octobre 1814).
Résumé des surveillances du 10. Les visites faites et rendues
par ïalleyrand. Lettre interceptée.
1 Le bordereau ne contient pour la journée du 10 rien de neuf
i sur Hardenberg, Wrede, le prince royal de Wurtemberg, von
pertzen (ministre d'Etat de Mecklemburg-Strelitz), Maltzahn
(ministre d'Oldenbourg), le comte Bentinck (2), La Harpe, Czar-
loryski, Radziwill, Cariati, le prince Eugène, d'Arenberg (qui
ne fait que jouer aux échecs) et le comte Salraour.
On y trouve la liste des visites faites le 8 et reçues le 9 par
ïalleyrand ainsi qu'une lettre interceptée de Leykam à Rel-
ier (ministre de la Hesse électorale), de Francfort, en date du
i octobre et confiée à Bentinck.
Vienne, 10 octobre 1814 (F. 2. ad 3565).
Rapport à HAGER
Liste et analyse de quelques-unes des lettres interceptées
le 9 et le 10 octobre.
'Voir plus loin, pièces 337 et 343.
Bentinck (G. F. comte du saint Empire, Seigneur de Kniphauscn et de
?1). 11 lit des démarches pour être admis comme membre de l'Union des
38 et ensuite pour faire partie de la Confédération germanique. Sa
knde ne fut pas accueillie et il ne fut question de lui ni dans l'acte de la
Idération germanique du 8 juin ni dans l'acte final du Congrès. En vertu
convention signée à Berlin le 8 juin 1825, les seigneuries de Varel et de
lausen furent incorporées au grand-duché d'Oldenbourg (Cf. d'A.NOE-
Note, page 1405 et Martens. Nouveau recueil, tome VI, page 765).
2G0 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Lettres interceptées le 9 octobre du comte Bentinck au comte
Keller (1), le 10 octobre du comte Salmour à Stein; de Har-
denberg à Wrede (Invitation à dîner pour le 11 à 5 heures et
prière de venir le plus tôt possible afin de pouvoir causer avec
lui) ; du prince de La Tour et Taxis {en français, de Ratis-
bonne le 1" octobre) au baron Bôhnen. Il le remercie de sa
lettre du 22 septembre. Comme tant d'autres, Taxis attend les
résultats du Congrès, mais « il est persuadé qu'ils ne peuvent
« être qu'analogues {sic) à la sagesse et à la magnanimité des
« souverains qui y président ».
328. Vienne, 10 octobre 1814 (F. 2. 4188 ad 3565).
M. K. à FIAGER
Liste des convives de Talleyrand, le 9 octobre (2).
A dîner chez Talleyrand le 9 octobre le comte (3) Rosencranz,
le prince d'Isenburg (4), Vernègues, le comte Pappenheim, le
prince Gzartoryski, Wieland, Reinhard, Montenach (5), (Suisse)
etisabey.
P.-S. — Czartoryski fait porter un billet à la comtesse de
Périgord qui habite chez Talleyrand.
329. Vienne, 10 octobre 1814 (F. 2. 4188 ad 3565).
Rapport à HAGER
Rapport sur Joniini. Précautions qu'il prend. On a relevé l'empreinte
de ses serrures.
Le Général Jomini, qui enferme tous ses papiers, a fait chan
ger toutes les serrures et emporte toutes les clés. Il serait dif
i
1. Premier représentant de la Hesse électorale au Congrès. *
2. Je ne donne ce rapport et cette liste des convives qu'afinde mieux moi:
trer la façon d'opérer de la Police Impériale royale.
3. Rosencranz n'était que baron.
4. Isenburg-Birstein (Charles-Frédéric-Louis-Maurice, prince d'), né en 176<i
5. Tous trois représentants de la Suisse pour la Diète. |
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS i6 1
ficile et dangereux de chercher pour le moment à ouvrir les
tiroirs. On essayera cependant quand il sera rétabli et sortira
de nouveau et qu'on pourra de cette façon en extraire pendant
quelques heures un de ses cahiers. On a dès maintenant pris
l'empreinte des nouvelles serrures.
330. Vienne, 10 octobre soir (F. 2. 4188 ad 3565).
Rapport à HAGER
Rapport sur Aldini.
Aldini a eu aujourd'hui un long entretien, d'abord avec Saint-
Marsan, ensuite avec Stadion.
331. Vienne, 10 octobre 1814 (F. 2. 4183 ad 3565).
Rapport à HAGER
La visite des souverains à Aspern et à Wagram. Tension des rapports entre
les officiers prussiens et russes de la suite des souverains.
La visite aux champs de batailles de Wagratn et d'Aspern
semble n'avoir intéressé ni le roi de Prusse, ni l'empereur
Alexandre. On a remarqué plus que jamais la froideur des
rapports entre la Suite prussienne et la russe. De part et d'autre
on se livre tout haut à des remarques désagréables.
332. Vienne, 10 octobre 1814 (F. 2. 3961 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
Labrador. Son opinion sur la situation. Ses idées sur la Russie, les Pays-
Bas et la Hollande, TAutriche et l'Italie, Arrivée de Los Rios à Vienne.
Labrador est nettement hostile à la prépondérance de la Rus-
sie à l'annexion des Pays-Bas à la Hollande, à l'accroissement
2G2 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
de l'influence anglaise. Il croit que l'Autriche devrait renon-
cer au préjugé qui lui fait croire que sa puissance consiste
dans la possession de l'Italie et qu'elle devrait au contraire
chercher l'agrandissement de son Empire en Allemagne. L'Ita-
lie devrait être partagée en petits Etats donnés à des princes
des maisons de Bourbon et d'Autriche moyennant un pacte
qui les rendrait indépendants de tous droits de suzeraineté.
Il croit que les Italiens préfèrent les Espagnols aux Alle-
mands.
Arrivée à Vienne du chevalier de Los Rios (1), ancien ami
de l'informateur, et qui vient remplacer Ferez de Castro rap-
pelé à Madrid.
333. Vienne sans date (F. 2. 4188 au 3565).
© © à HAGER l
Les déclarations de Talleyrand relatives à l'Allemagne rapportées par le
comte Keller. Le salon politique du comte Pries. Un mot attribué à l'em-
pereur François. Les deux plus jolies femmes de Vienne d'après Alexandre.
Le comte Keller, ministre d'Etat de la Hesse Electorale, le
même qui représentait la Prusse à Vienne, il y a douze ans,
a été frappé par les déclarations suivantes que Talleyrand a
faites en sa présence.
Le prince considère comme illégal tout ce qui s'est fait en
x\llemagne depuis 1803. Toujours d'après lui, tous les princes,
qui n'ont pas formellement abdiqué, qui n'ont pas délié leurs
sujets de leur serment, reprennent et récupèrent tous les droits.
Il en résulte pour lui que l'électeur de la Hesse-Electorale qui
n'a jamais abdiqué, qui n'a jamais relevé ses sujets de leur
1. Los Rios (comte de), fils naturel du duc de San Fernando, attaché à
l'Ambassade d'Espagne à Vienne, chargé d'affaires, puis ministre dans plu-
sieurs cours, « homme très spirituel, très amusant, de très bonne et très mau-
vaise compagnie, excessivement libertin et disant tout ce qui lui passe par^
la tête et notamment qu'il ne répondait pas de la vertu d'aucune femme q^
a passé une heui^eentète à tète avec lui voii-e même en voiture... l'insolentlf
Baronne du Montet (Souvenirs).
•2. Keller (Louis-Christophe, comte de) (1737-1827), d'abord chambellan
conseiller d'ambassade du roi Frédéric II, ministre de Prusse à Stockholm,|
Saint-Pétersbourg, puisa Vienne, devint en 1811 ministre du Grand-Duc
de Francfort à Paris et représenta à Vienne l'électorat de Hesse aveclebarc
de Turkheim.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGllÈS 263
serment, auquel on a arraché Hanau par laforce, qui n'a jamais
fait partie de la Confédération, est bien et dûment en posses-
sion du Hanau et que c'est à bon droit qu'on lui a restitué
ses anciens Etats.
D'après Talleyrand, le roi de Saxe n'abdiquera jamais et ne
relèvera jamais ses sujets de leur serment.
Quant au Primat (1), il a, il est vrai, écrit la stupide lettre
que l'on sait au roi de Bavière et a renoncé à son grand duché
sub clausula in favorem du prince Eugène, mais en réalité le
grand duc de Francfort n'a jamais abdiqué, n'a jamais délié
ses sujets de leurs devoirs envers lui. Tant qu'un prince n'a
pas donné les lettres-patentes qui relèvent ses sujets, il ne
peut y avoir de prise de possession légitime pour qui que ce
soit. L'annexion du grand duché d'Aschaffenburg, la cession
qu'en a faite le baron Hûgel (2) au roi de Bavière, est nulle et
non avenue.
Toujours d'après Talleyrand, les traités d'Alliance entre
l'Autriche, le Wurtemberg, Bade, etc., etc., quoique inconsi-
dérément et maladroitement rédigés, renferment cependant
malgré leurs lacunes [Videantiir tractalus concernentes) des
clauses d'obligations réciproques qui permettront au Congrès
de leur donner une nouvelle [iaterpretatio aulhentica) et de
mettre le nouveau statut de l'Allemagne, en tenant compte des
stipulations résultant des actes constitutifs de la Confédéra-
tion du Rhin en 1805, en harmonie et d'accord avec les prin-
cipes généraux des constitutions allemandes. Talleyrand, loin
de faire un mystère de sa manière de voir, exprime bien haut
ses idées et autorise ses interlocuteurs à les répéter partout
sous sa propre responsabilité.
Castlereagh a dîné avant-hier avec Floret chez le comte
Pries, chez lequel Dalberg, le comte Solms et Stein soupent
presque tous les jours. C'est chez Pries qu'on est le mieux
renseigné sur tout ce qui se passe en politique.
La comtesse Callenberg a dit hier chez Puffendorf : « Votre
Empereur est d'excellente humeur. 11 a cependant déjà assez
1. Le prince primat grand duc de Francfort et oncle de Dalberg.
2. Le prince primat avait renoncé à Aschaffenburg en favem' du duc, son
neveu Talleyrand fait allusion à la négociation conduite par le baron Hiigel
et qui avait abouti à la cession faite par l'Autriche à la Bavière de ce duché
en échange du Tyrol. Hiigcl représenta l'Autriche, d'abord à Ratisbonne, puis
à Francfort.
264 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
de cette perpétuelle représentation. » Et pour prouver que le
souverain est réellement de fort belle humeur, on lui prête
cette plaisanterie ; « Si cela doit continuer ainsi, je demanderai
ma retraite. Je ne suis pas de taille à mener longtemps une
pareille vie. »
On a vanté hier chez Puffendorf l'énergie et la décision dont
Metternich fit preuve dans ses rapports avec Talleyrand. On
reconnaît qu'on était loin de s'y attendre.
Alexandre a, paraît-il, dit que la comtesse Esterhazy-Roi-
zin et Sophie Zichy étaient les plus jolies femmes de Vienne.
334. Vienne, 12 octobre 1814 (F. 2. 3961 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR (Rapportât bordereau du 12 octobre).
Russie, Pologne, Gzai'Loryski, Metternich et les ministres des princes
allemands. Labrador et la politique de l'Espagne.
Il appelle l'attention de Sa Majesté sur les concessions que
la Russie semble vouloir faire au sujet de la Pologne, sur les
dires de Czartoryski, sur l'animosité des envoyés des princes
Allemands contre Metternich, enfin sur ce que Labrador a dit
de la politique de sa Cour. Il transmet en outre la liste des
personnages invités à dîner chez Stackelberg le 7 octobre et
l'analyse de trois lettres interceptées, d'ailleurs assez insigni-
fiantes, de Werry à Gentz, d Isabelle Hoppner à son mari,
secrétaire chez lord Gastlereagh, et de Planta, secrétaire de
lord Gastlereagh au comte de Salis-Soglio (1).
La surveillance de Gastlereagh, Hardenberg, Nesselrode,
Stein, Anstett, La Harpe, Talleyrand, Labrador, Gaertner,
Gampochiaro, Gariati, Radziwill et du Prince Eugène n'a
révélé aucun fait saillant.
1. Salis-Soglio (Jean-Ulrich) (1790-1871). Officier à TEtat-major suisse (1808
aux chevau-légers bavarois (1811), officier d'ordonnance de Wrede (18M
1814), assista aux batailles de Hanau, Brienne, Bar-sur-Aube, Arcis,
Fère-Ghampenoise, passé au service de Hollande de 1815 à 1840, colonelJ
l'ELat-major fédéral (1842), joua un rôle considérable dans les troubles qt
divisèrent la Confédération et rentra dans la vie privée à la fin de 1847.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRiiS 20J
335. Vienne, 11 octobre (b\ 2. 3961 ad 3565).
Rapport à IIAGER
Sa dernière conversation avec Anstett. L'animosité d'Anstett contre Metter-
nich. Les dispositions de la Russie à l'égard de l'Autriche et de la Prusse.
Le voyage d'Alexandre en Hongrie.
Ma dernière conversation avec Anstett ne m'a pas appris
grand'chose. Il est de plus en plus manifestement hostile à
Metternich et sa rancune vient sans Tombre d'un doute de ce
que c'est lui qu'il rend responsable de Tinjustice dont il se
croit victime, du fait qu'il n'a pas encore reçu le cordon de
Tordre de Léopold. 11 m'a parlé d'un dîner qui eut lieu récem-
ment chez Metternich où il fut question des finances et où il
ne se priva pas de combattre sèchement et durement les idées
quelque peu baroques du prince...
J'essayai de ramener la conversation sur le Congrès et de
provoquer ses confidences en lui disant que j'espérais bien le
voir faire partie d'une des commissions chargées de l'organi-
sation d'un des territoires dont le sort serait décidé par le
Congrès. Il me dit que le Congrès n'avait pas encore com-
mencé, parce que jusqu'à ce jour on ne s'était chamaillé que
sur des questions de pure forme, mais qu'il persistait néan-
moins à croire que tout finirait bien.
Moi. — « Certes, mais seulement si on vous accorde ce
que vous désirez ? Sinon, selon votre vieille habitude, vous
chercherez à nous créer des ennemis tant à l'intérieur qu'à
l'extérieur, ennemis qui tireront parti des divergences exis-
tant entre notre Cour et la Hongrie et qui joueraient chez
nous, mais sur une plus grande échelle, le rôle que la Serbie
cherche à jouer avec la Porte. »
Lui. — « Vous n'avez qu'à être raisonnables et qu'à donner
quelques satisfactions d'amour-propre à mon Empereur. Il ne
recherche pas les avantages réels. Tout ce qu'il veut, c'est
pouvoir réaliser son idée favorite. Il est trop généreux et trop
magnanime pour risquer d'être flétri dans l'histoire pour avoir
■couru à la ruse et à des expédients honnêtes. Nous avons
i puis longtemps rompu avec le graeca fides. Nous sommes
'dus d'honnêtes gens dans le cabinet qui ne voulons avoir rien
commun avec les faiseurs de la vieille Grèce. Nous n'atti-
266 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
rerons jamais à nous vos sujets grecs, ni vos Hongrois. A
vous de voir à leur donner satisfaction. »
Moi. — « Ce serait en effet quelque chose. Mais de votre
côté vous comptez sur l'appui constant de la Prusse, »
Lui. — « Pas plus que sur vous. La Prusse va en effet rede-
venir ce qu'elle était en 1757. Mais d'autres Etats ont grandi,
eux aussi, en proportion. Peu importe à qui vont les sympa-
thies du roi. La politique d'aujourd'hui est au-dessus des
questions de sentiments. Du reste pour le moment nous n'avons
qu'à nous louer des sentiments du roi. »
Moi. — « Votre empereur va le 20 à Ofen. »
Lui. — « Et le vôtre aussi. Ce qui ne plaît guère au mien
parce qu'il se proposait d'y célébrer une petite fête de famille,
tout à fait dans l'intimité (1). »
336. Vienne, 11 octobre 1814, 4 heures de l'après-midi (F. 2. 3961
ad 3565).
Rapport à HAGER
Anstett. Les concessions de Talleyrand sur la forme.
Travaux pressés confiés à Anstett. Alexandre et les uniformes de hussard.
Je viens de nouveau de voir Anstett que j'ai rencontré dans
la rue et accompagné chez lui.
Moi. — « Eh bien? Toujours rien de nouveau du Congrès? »
Lui. — « Rien, si ce n'est que Talleyrand a fait quelques con-
cessions quant aux formes, mais maintenant il s'agit de tran-
cher des questions qui me valent pas mal de besogne à faire
le soir. L'Empereur m'a chargé de les étudier et de lesprépa-
rer, et elles sont aussi nombreuses que graves. J'ai déjà eu à
en parler pendant deux heures et demie dans la conférence par-
ticulière quia eu lieu aujourd'hui. On m'a chargé en outre d'upi
autre travail, non moins urgent et délicat, qui, si je parviens à
à le mener à bonne fin, ne vous sera pas défavorable et qui a i
aussi trait à cette chère Pologne. Si je ne puis le finir d'ici ;
demain, je m'en consolerai parce que l'Empereur ne pense guère i^
qu'à son uniforme de hussard. Pour Dieu, mon cher, gardez
1. Allusion à Tarchiduc Palatin Joseph, beau-frère d'Alexandre I".
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 267
cela pour vous. Je l'ai trouvé aujourd'hui en train d'essayer
huit ou neuf culottes de hussard, désolé de voir que toutes étaient
trop petites et trop courtes. Il y tient d'autant plus qu'il savait
que le roi de Prusse s'était déjà montré à la Redoute en hus-
sard. On a envoyé un courrier à Pétersbourg pour en rappor-
ter l'uniforme de hussard du comte Ojarowsky.il arrivera trop
tard. On le fit remarquer à l'Empereur qui n'en démordit pas et
l'expédia quand même. Gela, mon cher, vous donne une idée de
la jeunesse de notre Empereur. Mais encore une fois mon cher,
n'en dites rien à personne, pas même à votre femme. »
Il se mit au travail et je pris congé de lui. Anstett pense
rester encore ici six semaines au moins.
337. Vienne, 11 octobre 1814 (F. 2. 3961 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Attitude des Russes. Un mot d'Alexandre sur ses intentions. L'empereur
François, la Pologne et Murât. La brouille et l'altercation des deux princes
royaux de Bavière et de Wurtemberg.
Les Russes parlent déjà en maîtres du monde. Je connais la
personne à qui un de leurs ministres a dit que leur but était à
présent un seul : Gelui de conserver la prépondérance cpi'ils
avaient acquise par tant de sacrifices, cV efforts et de succès en
Europe.
Gzartoryski doit être celui qui a confié à un Polonais, de qui
je tiens l'anecdote, mais qui n'a pas voulu me nommer la source,
qu'Alexandre en partant de Pétersbourg pour Vienne avait dit:
« J'irai puisque on le veut, mais je n'y ferai ni plus ni moins
que ce que je veux. » Ce propos est sûr.
Sickingen a été hier matin chez le roi de Danemark et, entre
autres choses, il lui a dit que la veille il avait couché l'Empe-
reur et qu'il était resté auprès du lit du monarque jusqu'à ce
1 qu'il fût endormi ; qu'en parlant politique l'Empereur lui avait
dit: «Qu'il y aurait une Pologne et qu'il ne pouvait pas l'em-
îher. »
Le même comte Sickingen a fait dire dernièrement en ami
commandeur Ruffo que notre Empereur lui avait confié :
[:Qu"il n'a pas le courage de rompre le traité qu'il avait fait
208 AUTOUR DU CONGRÈS DE VlENiNE
avec Murat et de manquer de parole, mais qu'il ne ferait rien
pour le soutenir sur le trône usurpé ; que les ministres de son
beau- père (l) devaient faire en sorte d'engager la France,
l'Espagne et la Russie et surtout l'Angleterre à le culbuter ;
que c'est de ce côté qu'il fallait agir et engager les puissances
à parler fortement et à se prononcer d'une manière imposante. »
Le porteur a fait la commission.
Les deux princes héréditaires de Bavière et de Wurtemberg
ont une dent Tun contre l'autre. La répudiation qu'a fait l'un
de la sœur de l'autre en est la cause. Dernièrement, chez la
princesse de Thurn et Taxis, en jouant au colin-maillard, celai
de Bavière qui était l'aveugle attrapa la belle Julie Zichy.
Il vantait son bonheur. L'autre lui dit qu'il l'avait attrapée
parce qu'il l'avait vue, n'étant pas bien bandé, et qu'alors il
n'y avait pas de quoi se vanter. Celui de Bavière lui répondit :
« Vous avez toujours à me dire des choses désagréables.
J'espère que vous rétracterez ce que vous venez de dire. »
L'autre ne répondit rien et celui de Bavière lui fit savoir qu'il
l'attendait le lendemain matin au Prater avec ses pistolets. Le
prince de Wurtemberg j alla et au lieu de son adversaire il
reçut un billet de Wrede dont on ne sait pas le contenu. Mais
on sait qu'après l'avoir lu le prince rentra en ville et le duel
n'eut pas lieu.
338. Vienne, 11 octobre 1814 (F. 2. 3961 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français) (Analyse).
Déception des Polonais. Maintien du partage de la Pologne.
Les patriotes polonais, qui croyaient fermement à la résolu-
tion formelle d'Alexandre de rétablir le royaume de Pologne,
viennent d'éprouver une cruelle déception.
Aujourd'hui tout est changé et ce changement subit s'est
opéré à la suite de la dernière audience que plusieurs Polo-
nais eurent chez le prince Adam Gzartoryski. Le prince leur
aurait déclaré que l'Empereur, ne pouvant résister aux inten-
1. Ferdinand IV, père de sa seconde femme.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 209
lions fermes et réunies des cours de Vienne et de Berlin, s'est
déterminé à acquiescer au partage de la Pologne, de sorte que
la Prusse aura sa part avec Thorn et Posen ; TAutriche, Craco-
vie avec un territoire jusqu'à la Pilitza ; la Russie, le reste du
duché avec Varsovie qui conservera la constitution confirmée
par la dernière Diète. 11 ajouta que « TEmpereur fera tous
ses efforts pour conserver au duché autant de territoire qu'il
pourra, qu'il ne cédera qu'au pis aller les portions susdites à
l'Autriche et à la Prusse, mais qu'au reste, il ne saurait plus
être question d'un royaume de Pologne ».
339. Vienne, 11 octobre 1814 (F. 2. 3961 ad 3565).
Nota à FIAGER (en français) (Analyse).
Optimisme avec lequel les ministres de Murât envisagent la
situation de leur roi dont ils considèrent le maintien comme
absolument certain. L'opinion publique s'inquiète de la len-
teur de la marche des affaires du Congrès.
340. Vienne, 11 octobre 1814 (F. 2. 3961 ad 3565).
©© à HAGER (en français) (Analyse).
L'ajournement du Congrès et le mot de Rechberg. Opinion de 00 sur le
Congrès. Conférence secrète du grand duc de Bade avec son ministre le
9 octobre.
11 lui énumère et lui expose les raisons qui ont motivé
ajournement du Congrès au 1" novembre et rapporte le mot
lu comte de Rechberg : « Est-ce qu'on aura plus d'esprit le
" novembre qu'on en avait le 8 octobre. »
IC'est le glaive qui tranchera peut-être le nœud et c'est à
faris qu'on aurait dû tout régler en mai. Il croit enfin que le
ïongrès et l'assemblée des Souverains à Vienne n'amèneront
hicun résultat et signale la conférence secrète que le grand duc
270 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
de Bade, très mécontent de la tournure prise par les afifaires, /
a tenue le 20 octobre avec son ministre.
341. Vienne, 11 octobre 1814 (F. 2. 3973 ad 3565).
SIBER à HAGER
Un mot d'Alexandre à l'empereur François.
« Papa, heureusement pour vous Pétersbourg est trop loin
de Vienne, sans cela je serai ici tous les jours. »
342. Vienne, 11 octobre 1814 (F. 2. 3961 ad 3575).
H... à HAGER
Sur les chances d'admission de la proposition de Cotta.
La proposition de Gotta relative à la propriété littéraire et
à la liberté de la Presse ne sera que bien mollement soutenue
par les ministres des cours étrangères qui considèrent que la
solution de cette question est en somme du ressort de TAu-
trichedont les intérêts sont presque seuls en jeu.
343. Vienne, sans date (1) (F. 2. 3913 ad 3565).
Comtesse de REGHBERG à son père (le comte de GOERZ)
(à Ratisbonne). Intercepta (en français).
Le Congrès. Montgelas. RazoumoffskietStackelbei'g. L'altercation des princes
royaux de Bavière et de Wurtemberg. Les causes de l'ajournement dl
Congrès. Bruit du départ des souverains au commencement de novembre
Nous sommes toujours dans l'attente. On est encore occupe
des formes.
1. Cette lettre n'a pu être écrite qu'entre le 11 et le 14 octobre.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 271
Montgelas ne viendra pas. Razoumofîski (1) paraît être
embarrassé. Il file doux. Stackelberg avait eu Tidée d'écrire
au ministre et de lui détailler sa position. Il souhaite une
espèce de réparation ou démission avec légère pension.
Je viens d'apprendre que l'affaire du duel entre le prince
royal de Wurtemberg et celui de Bavière s'était arrangée par
l'entremise du maréchal de Wrede.
Le Congrès doit être ajourné jusqu'au 2 novembre, c'est-à-
dire que les quatre grandes puissances, se trouvant gênées par
la réunion avec les petites et voulant travailler seules, n'ont
pas trouvé d'autres moyens, pour arrivera ce but.
Il paraît que les Souverains quitteront Vienne dans les pre-
miers jours du mois prochain.
344. Vienne, 13 octobre 1814 (F. 2, 3973 ad 3565).
IIAGER à L'EMPEREUR (Rapport et Bordereau du 13 octobre).
L'ajournement du Congrès. L'influence de Talleyrand sur les petits princes
allemands. Les paroles et les vues de la Tour du Pin.
Envoi des déclarations relatives à la remise de l'ouverture
du Gongrèsaul" novembre. Il appelle l'attention sur l'influence
que Talleyrand exerce sur les petits princes allemands et les
moyens qu il emploie. Il rapporte enfin les paroles suivantes
de la Tour du Pin (rapport d'un agent, en date du 12 octobre).
« Les petits Etats sont justement effrayés de l'ajournement
du Congrès. La France ne désire qu'un contre-poids contre la
Russie. La Chrétienté s'était liguée contre les Musulmans, il
y a des siècles, pourquoi ne se liguerait-elle pas contre les
Kalmouks, Baschkyrs et Barbares du Nord?... Dans les huit
puissances qui doivent régler les affaires du Congrès, comment
a-t-on pu exclure le Danemark et la Bavière et y admettre le
Portugal qui siège au Brésil et dont les pouvoirs et instruc-
tions n'arriveront que dans un an. Nous sommes ici quatre
Français comme il y a quatre Russes et comme il doit y avoir
i. Allusion au bruit qui courait déjà au sujet du remplacement de Rou-
miantzoffpar Nesselrode à la Chancellerie de l'Empire.
272 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
quatre Anglais. Nous ne permettrons pas que l'on se moque
de nous. Nous avons 400.000 hommes disponibles au premier
coup de sifflet.
« Nous nous rassemblons tous les matins à quatre heures chez
Talleyrand et il nous donne à chacun son thème. »
L^informateur ajoute : « J'ai soupe hier chez la princesse de
la Tour et Taxis. »
345. Vienne, 12 octobre 1814 (F. 2. 3973 ad 3565).
Inlercepla divers.
Note présentée par Fancien Grand duc de Francfort, arche-
vêque de Ratisbonne (Dalberg). Il appelle l'attention des Puis-
sances sur son sort et son existence et réclame ce que le recès
de l'Empire d'Allemagne en 1800 (1) a réglé. Il recommande
surtout le sort des anciens employés du Grand Duché de Franc-
fort.
Intercepta de deux lettres de Stackelberg, l'une au Nonce
Severoli, l'autre au Colonel N'edoba (consul de Russie à Bel-
grade).
346. Vienne, 12 octobre 1814 (F. 2. 3973 ad 3565).
Rapports à HAGER
Renseignements sur Joséphine Wolters et ses relations
avec le prince Wolkonsky.
Joséphine Wolters (de Cologne), âgée de dix-neuf ans. Le
prince Wolkonsky la fait venir presque tous les soirs chez lui
à la Burg et souvent sous des habits d'homme. Mariée à ud
officier français, elle aurait été reniée et chassée par sa famille.
Son mari a été tué à Leipzig ou fait prisonnier par les Russes.
1. La convention signée par Napoléon le 12 juillet 1806 avec 13 princes[
allemands dont les principaux étaient Dalberg, les rois de Bavière et de Wur-
temberg, le grand duc de Bade, le landgrave de Hesse-Darmstadt. La fore
tion de la Confédération du Rhin mit fin à l'existence d'une foule de pe^
Etats conservés parle Recès de 1803 (Cf. Talleyrand. Mémoires, I, 30i).
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 273
Elle a fait alors la connaissance de Wolkonsky qui, après l'avoir
envoyée à Prague, l'aurait fait venir ici.
347. Vienne, 12 octobre 1814 (F. 2. 3961 ad 3565 ■.
Ordre donné par HAGER
Ordre d'expulsion du baron d'Otterstedt.
Ordre d'expulser le baron d'Otterstedt (1) qui n'a aucun
caractère diplomatique et se faufile partout si, dans un délai de
trois jours, il ne peut fournir de bonnes raisons de sa présence
à Vienne.
348. Vienne, 14 octobre 1814 (F. 2. 4280 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR
Rapport journalier et bordereau du 14 octobre.
11 lui rend, entre autres, compte de l'emploi qu'il se propose
de faire d'un certain agent D... et appelle son attention sur les
lettres interceptées et sur un Chiffon trouvé et ramassé chez
Stackelberg.
349. Vienne, 13 octobre 1814 (F. 2. 3994 ad 3565).
Lettres interceptées :
1» De Stackelberg à Wolkonsky relatives à des dames étran-
gères retenues par la douane de Prague ;
2° Du prince de Taxis à son fils Max (lettre de famille) ;
3° D'Aldini au comte Eltz (demande d'audience).
1. Cet ordre d'expulsion fut rapporté; d'Otterstedt, employé par la Poliiei
Hofstelle, resta à Vienne pendant toute la durée du Congrès.
T. I. 18
274 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
350. Vienne, 13 octobre 1814 (F. 2. 3994 ad 3565).
Chiffon (1)
Chiffon trouvé et ramassé chez Stackelberg.
Envoi du compte des dépenses extraordinaires d'une mis-
sion qui a duré dix mois et a pris fin dans les derniers jours
d'août. Demande de faire approuver ces comptes contenant le
relevé des dépenses faites en grande partie au Tyrol.
351. Vienne, 13 octobre 1814 (F. 2. 3994 et 3565).
Rapports à HAGER
Surveillance de différents personnages. Le prince Eugène
et ses visites à Marie-Louise.
Rapports sur le grand duc de Bade, Hardenberg, baron
Hacke (ministre du grand duc de Bade), Gaertner (qui met
lui-même ses lettres à la poste ou les fait porter par son fils),
Anstett, Jomini (toujours encore malade à la chambre), Tal-
leyrand (liste des visites faites et reçues par lui et des con-
vives qui dînent chez lui), Dalberg, Goupy, Campochiaro,
Aldini, enfin sur le prince Eugène (qui a été chez Marie-Louise
dès le lendemain de son arrivée à Vienne, y est retourné le
11 avec Tascher (2) et y est resté fort longtemps).
I
1. La Police Impériale désignait sous le nom de chiffon, comme nous Tavons
déjà dit plus haut, les papiers déchirés, jetés dans les corbeilles, que ses obser-
vateurs ramassaient, lorsqu'ils le pouvaient, et que d'autres agents avaient la
patience et le talent de reconstituer à l'aide de bandelettes fixées avec de la
cire.
2. Tascher de la Pagerie (Pierre-Claude-Louis-Robert, comte de) (1787-
1861) officier d'ordonnance de l'Empereur après Eylau, où il s'était couvert
de gloire comme sous-lieutenant au 4' de ligne. Envoyé par l'Empereur en
1809 à Eugène, qui ne voulut plus se séparer de lui, Tascher le suivit en exil
et resta auprès de lui jusqu'à son dernier moment. Chargé en 1837 par,
prince Louis Napoléon de conduire à Rueil le corps de la reine Horten(
Tascher, rappelé en France par Napoléon III, fut fait par lui sénateur et un
plus tard grand-maltre de la maison de l'impératrice Eugénie.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 275
352. Vienne, 13 octobre 1814 (F. 2. 3994 et 3565).
0 0 à HAGER (en français).
Dalbcrg et Hacke. Animosité de Razoumoffsky contre Metternich.
Don qu'il fait de son hôtel à la Russie.
Razoumoffsky est très monté contre Metternich et excite
contre lui Alexandre et la grande duchesse d'Oldenburg.
Dalberg reçoit tous les matins un certain nombre de billets
du baron Hacke qui est entièrement à la discrétion des Français.
Razoumoffsky vient de faire don à la Russie de sa maison
de Vienne pour y installer à l'avenir TAmbassade.
353. Vienne, 12 octobre 1814 (F. 2. 3994 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Capo d'Istria. Conversation intime avec lui. Les fautes irréparables qu'on a
commises. L'état de l'Europe et les appétits des différents Etats. Considé-
rations sur la Suisse, Genève et le Valteline. Les sept îles, Corfou, l'ordre
de Malte, la Grèce.
J'ai passé deux heures avec Capo d'Istria. D'abord, il me
dit : « Causons politique. Oubliez en moi le ministre. Parlons
"lu hommes et ici sans témoins. Ailleurs, c'est le ministre qui
irle, et je dois suivre l'impulsion qu'on me donne. Je ne vous
>n{îerai pas des secrets de ma Cour, mais je parlerai en cos-
lopolite sur ce que j'ai vu et sur ce que je vois. Ainsi notre
iscours ne doit pas tirer à conséquences ».
Alors rentrant en matière, il me demanda si j'étais content
l'état de choses. Je dis : « Oui, pour le passé, mais pas assez
^our le présent. »
« Eh bien, ni moi non plus. On a laissé passer trop de
temps. On s'arrangera d'une manière quelconque, mais ni belle,
ini solide. La raison première en est que la chose demande-
rait un grand homme d'état, et il n'existe nulle part, ou s'il
[existe, il n'est pas à la tête. Je suis jeune dans le métier, mais
i^ai assez d'acquit pour m'apercevoir de cette grande et mal-
îureuse vérité. De cela en est venu qu'on n'a pas d'abord
276 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
fixé, quand tout était si facile, les bases de la sjstémation de
l'Europe, et, à présent, si même on le fait, l'ouvrage se res-
sentira des passions auxquelles on a donné le temps de se
réveiller et des prétentions oubliées qu'on fera renaître à pré-
sent. La France en a, l'Espagne en a, toutes les Cours en ont.
« On a oublié que cette guerre n'a pas été faite par les sou-
verains, mais par les nations. Dès que Napoléon a été culbuté,
on a oublié l'intérêt des nations et on ne s'est occupé que de 1
l'intérêt des princes, comme dans les guerres de jadis, et alors
tout est revenu à la confusion, au croisement des intérêts, et
à l'impossibilité de contenter tous les pays. »
Je lui répondis que la seule manière d'en sortir convena-
blement, ce serait d'établir une espèce d'équilibre entre les
grandes puissances.
<\ Oui, me dit-il, mais comment faire cela quand une seule
puissance est maîtresse de toutes les mers ? Y a-t-il une puis-
sance maritime autre que l'Angleterre ? Peut-elle se former ?
Non. Donc, adieu l'équilibre 1 On veut des grandes puissances.
Celles-ci doivent se toucher et auront toujours des sujets de
querelles. 11 faudrait de petits états intermédiaires ».
Je n'ai pas voulu toucher à la corde de la Pologne, parce
qu'implicitement il m'avait dit que toutes les puissances ne
songent à présent qu'à s'agrandir après que la peur d'être
détruites leur avait passé.
« Si Ton avait au moins pris pour base la justice, les
peuples auraient été édifiés, gagnés, tranquillisés ; mais jus-
tice d'un côté, injustice de l'autre, les peuples voient, rai-
sonnent et se détachent de leurs maîtres. »
Il me fit le récit de tout ce qui est arrivé en Suisse et qu'il 1
est inutile de répéter. Il me fit l'éloge de Lebzeltern (1). Ce
qu'il me dit de plus remarquable fut qu'on aurait beau faire,
les Suisses devenus forts et puissants seraient neutres etj
faibles. Ils sont et seront toujours pour les Français, parce quel
c'est de la France qu'ils tirent les pensions et l'argent dontj
ils ne peuvent pas se passer. Il s'est plaint de ce que lesl
Anglais voulaient aussi se mêler des affaires de ce pays, auquell
la P'rance et l'Autriche avaient seules le droit, parleur position,!
de prendre part. La Russie s'en était mêlée par la force d«
circonstances, mais en effet elle devait en sortir ; car cela
1. Chargé d'affaires d'Autriche en Suisse avant son envoi à Rome.
LES PUÉLDILNAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 277
la regardait pas du tout. Il se plaignit de ce qu'on ne tenait
pas parole aux Suisses, auxquels, comme aussi aux Genevois,
on avait assigné des pays qu'on ne leur donne pas. Soit du
côté de la Savoie, soit du côté de la France, Genève, à une
demi-lieue de chemin, se trouve entourée de frontières
étrangères.
Nous avons parlé de la Valteline. 11 me dit que les Suisses
n'auraient pas de difficulté de la céder au Milanais, mais en
gardant Bormio et Chiavenna, qui sont les deux portes du
pays des Grisons. Il convint avec moi que le canton du Tessin
était aussi Italie et que la religion, la position, la langue, la
nature réclamaient pour l'Italie ce pays conquis parles Suisses,
auxquels il n'était d'aucune utilité ni pour les revenus, ni pour
la défense de la Suisse, vu qu'on ne peut pas le" défendre lui-
même, et que de là on ne peut pas envahir le véritable pays
suisse, entouré de hautes montagnes si faciles à garder.
Nous parlâmes aussi des Sept Iles et surtout de Corfou. Il
prétend que les Anglais voudraient les garder comme la clé
du Levant et de l'Adriatique et que nous y perdrons beaucoup
par la gêne de notre commerce. Il n'est pas partisan de cette
nation avare et de ce gouvernement despote. Il se plaignit de
ce que le général Campbell, le commandant actuel de Corfou,
y règne d'une manière tyrannique, y casse les sentences des
tribunaux civils et décide lui même les procès contre les
habitants, chose inouïe, et presque comique encore plus que
barbare.
Par rapport à l'Ordre de Malte, il ne serait pas mécontent
qu'on lui donnât Corfou, pourvu qu'on s'entendît entre l'Ordre
et les habitants. La religion est un grand obstacle. Le sou-
verain serait catholique et presque toute la population est
schismatique. Cependant, si les habitants avaient une langue
dans l'Ordre et une part dans le Gouvernement, la chose
pourrait s'arranger, et il me paraît que lui, Capo d'Istria, le
préférerait à la domination anglaise.
Naranzi (1) était présent à cette conversation, mais il parlait
très peu. Cependant, il m'a paru que ni lui, ni son ami ne
fussent si échauffés qu'ils l'étaient jadis pour la résurrection
de la Grèce. Capo d'Istria me dit même : « Dès qu'il n'y a
pas pour nous lieu de penser à autre chose, même à la fin des
1. Naranzi (Spiridon) Colonel russa.
278 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
fins, pourvu qu'on ne nous donne pas au roi de Naples ou à
celui de Sicile, nous ne serons pas si mal entre les mains des
Anglais ou de TOrdre, parce qu'on ne taxera pas nos pro-
ductions, ni on ne nous empêchera, comme faisaient les Véni-
tiens du temps de la République et comme feraient Murât et
Ferdinand, de vendre nos denrées à qui nous voudrons. >
Le reste de la conversation regardant la campagne et les
personnes ne serait d'aucune utilité, aussi je n'allongerai pas
en vain cet article. Je dirai seulement qu'il a fait un tel éloge
de RulTo que jamais je n'ai entendu le pareil. Il m'a dit que
par sa logique, sa science diplomatique, son coup d'œil fin, sa
justesse de voir en grand, il en faisait le premier homme d'état
parmi tous ceux qu'il avait vus, et que c'était une perte pour
l'Europe qu'il servît une petite puissance persécutée, maltraitée
d'une manière si injuste et si cruelle par ses ennemis de
même que par ses amis et ses parents. « Ruffo à la tête d'un
grand état aurait mené l'Europe. » Voilà ses propres paroles.
354. Vienne, 12 octobre 1814 (F. 2. 3994 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Razoumoffsky et Alexandre.
On sait que Razoumoffsky a fait présent de sa maison du
faubourg (Landstrasse) à l'Empereur Alexandre; mais peut-
être ignore-t-on le dialogue qui a eu lieu entre eux à cette
occasion : En voici l'extrait :
' Le lendemain du jour où Alexandre avait dîné là, Razou-
moffsky vint à lui, un papier à la main, et lui dit qu' « Après
que Sa Majesté avait daigné dîner chez Elle dans Sa maison du
Faubourg de Hongrie, il La priait de lui permettre de mettre
à Ses pieds le papier qu'il avait en main. »
Alexandre reprit : « J'ai dîné chez vous. »
« Non, Sire, c'est chez Vous que Vous avez dîné. La maison
et le jardin sont à Vous, si Vous daignez les accepter. En
voici la donation. Je n'aurais pas retiré un million de roubles
de Russie pour mon propre caprice. J'ai pensé que Votre
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 279
Ambassade n'avait pas ici une maison digne d'elle. J'ai bâti
pour elle. »
« Mais VOS héritiers ? Je ne veux pas les en priver. >
« Mes héritiers sont assez riches sans cela. Moi et mes
frères, nous avons encore de quoi les laisser bien pourvus sans
ceci. Nous y avons pensé. »
Là-dessus, Alexandre lui dit : « Dans ce cas, j'accepte. Je
vous remercie et vous donnerai dans peu de jours une preuve
de ma reconnaissance. »
On dit que Razoumoffsky a été cette fois-ci l'écolier de Malin.
Les Russes, qui sont tous jaloux et ennemis de Razoumoffsky,
frémissent de toute cette histoire et le voient derechef ambas-
sadeur à Vienne, seule chose que le comte désire.
355. Vienne, 13 octobre 1814 (F. 2. 3994 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
(Talleyrand et le prince de Ligne. Un mot du prince de Ligne.)
Se trouvant chez le prince de Ligne, Talleyrand parlait
contre les Russes et de la crainte où il était de voir leurs pro-
grès. Au milieu de son discours, on annonce un général russe.
Talleyrand change aussitôt de discours et se répand en louanges
sur la Russie.
Le Prince de Ligne lui dit à mi-voix : -c Avouez, mon cher,
que vous êtes un vrai Tartuffe. »
Lui : « Je peux tout dire, car vous me considérez comme
un vrai radoteur. »
856. Vienne, 13 juillet 1814 (F. 2. 3994 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
(Sur les Jésuites et leur influence en Belgique.)
Le fait suivant prouve leur influence en Relgique.
Un particulier deGand a offert 80.000 florins pour leur réta-
blissement dans cette ville.
280 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
357. Vienne, 13 octobre 1814 (F. 2. 4264 ad 3565.)
JOMINI au MAJOR VOLDERNDORF (1) (près de Waldmûnchen,
en Bavière) intercepta (Analyse, en français).
(Dessins et plans pour ses ouvrages. Il l'autorisera un peu plus tard à tra-
duire les tomes V et VI et l'invite en attendant à revoir ce qu'il a déjà
traduit.)
A propos des dessins que le major lui a à tort envoyés à
Aarau, il lui réclame ceux de Valenciennes et de Cambrai, de
Maubeuge, de Charleroi et du siège de Maubeuge, et lui dit
qu'il ne peut pas encore l'autoriser à traduire les volumes 5
et 6 qui ne sont pas encore achevés. Il l'invite, en attendant,
à repasser les principes et surtout le chapitre XII « où, écrit-il,
vous avez traduit Topposé de ce que j'ai dit en français ».
358. Vienne, 15 octobre 1814 (F. 2. 4014 ad 3565.)
HAGER à L'EMPEREUR (Rapport et Bordereau du 15 octobre).
Il appelle l'attention de l'Empereur sur les lettres intercep-
tées, dont une partie provient du courrier arrivé le 13 chez
lord Castlereagh et venant de Londres en passant par Paris,
ainsi que sur une lettre anonyme provenant de chez Dalberg-
359. Vienne, 14 octobre 1814 (F. 2. 4244 ad 3565).
Rapport à HAGER
(Analyse de lettres interceptées.)
John Radner à Stewart de Londres, 27 septembre. (Il croit
au maintien de la paix à cause de la nécessité de faire des éco-
nomies).
1. Ecrivain militaire, auteur des Rûckerinnernngen an die Jahre, 1813-1814 if
et de la Kriegsgeschichte der Bayern nnter Kônig Maximilian Josef.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 281
Adon à Lamb, York, 26 septembre (relative à une gravure
W pour le prince Lubomirski).
' Broughton à Lamb, Londres, 30 septembre (destination
il probable de Stewart, qui serait envoyé à La Haye, de Gan-
j ning à Lisbonne, de Sydenham à Berlin).
Rien de saillant dans les lettres de Thompson Philipps,
Perry, Greenock, de Parker au major Gathcart, ni dans celles
adressées à Lamb, Glancarty et Stewart.
Lord Gastlereagh à Johnson, Vienne, 19 septembre. (Il lui
donne avis de sa nomination au Gonsulat de Gênes).
Wolkonsky au colonel baron d'Aster, 12 octobre, au géné-
ral Oppermann, 13 octobre (Autorisations d'aller à Péters-
bourg).
Cooke (1) à Jordan 13 octobre. (Il lui recommande de faire
partir de suite par le comte Einsiedel la lettre destinée au roi
de Saxe. Il croit qu'il ne faut pas presser et pousser trop vite
la question de la Saxe et attribue la remise du Congrès au
1" Novembre aux difficultés que présente la question de la
Pologne. Il l'invite à lui faire suivre ses lettres à Berlin.)
Lord Gastlereagh à George Jackson (à Berlin), Vienne, 9 oc-
tobre. (Il lui donne des explications sur la déclaration du
8 octobre et la remise du Congrès.)
Aldini au comte Eltz. (Demande d'audience chez le roi de
Bavière.)
Aldini à Grûnne. (Demande d'audience chez l'Archiduc
•Charles.)
Baudelot (ami intime de Jomini) à Sers (Secrétaire du duc
de Dalberg), contenant des lettres pour Paris.
Stackelberg à Stein ) , ,
Stein à Lôwenhielm ( P^^ intéressantes.
360. Vienne, 14 octobre 181i (F. 2. 4244 ad 3565).
Rapports à HAGER
Rapports divers de surveillance.
Chez Stein, Czartoryski, Hardenberg, la Trémoille, Talley-
rand, Dalberg, le prince Eugène, Tascher, Goupy, Radziwill,
Cariati, Salmour (ne contenant rien d'intéressant).
1. Cooke (Edouard), d'abord premier greffier de la Chambre des communes
d'Irlande, contribua par ses écrits à la réunion des Parlements d'Angleterre
282 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
361. Vienne, 14 octobre 1814 (F. 2. 424i ad 3565).
SIBER à HAGER
Alexandre chez Marie-Louise et le soir chez la princesse Bagration. La com-
tesse Esterhazy-Roisin. Le grand-duc Constantin et la Bigottini. La santé
de Jomini.
Alexandre a fait, dans la matinée du 13, une visite à Marie-
Louise. Le soir, à 11 heures, il a été en fiacre et avec un seul
domestique chez la princesse Bagration et n'est rentré qu'après
2 heures du matin.
Avant de sortir, il a donné l'ordre à Wolkonsky d'aller chez
la comtesse Esterhazy-Roisin (1), dont il veut faire la connais-
sance plus intime, et de lui annoncer sa visite.
Le grand-duc Constantin (2) a fait, le 13 de 5 à 6 heures,
visite à la Bigottini.
Jomini va mieux, mais ne sort pas encore. On fouillera ses
tiroirs et ses cartons dès qu'il sera dehors.
et d'Irlande (1800). Nommé par Castlereagh sous-secrétaire d'Etat de l'Inté-
rieur et des Affaires Etrangèi'es, il l'accompagna à Vienne comme plénipo-
tentiaire, se retira en 1817 et mourut en 1820.
1. Esterhazy-Roisin (Françoise, marquise Roisin) (1778-18i5), mariée le
1" juin 1799 au comte Nicolas Esterhazy.
2. Il m'a paru utile de rappeler ici que, lorsque le grand-duc Constantin
fut investi du gouvernement de la Pologne (1815), il vit à Varsovie la jeune
comtesse Jeanne Grudzinska, fille aînée du comte Grudzinski, fut vivement
frappé de sa beauté et conçut pour elle une irrésistible passion. Marié à une
princesse de Gobourg dont il s'était séparé presque immédiatement, il résolut
d'épouser la comtesse Jeanne et lit part de ses projets à son frère Alexandre I*'.
Celui-ci s'opposa d'abord au projet, mais finit par y consentir à la condition
que Constantin renoncerait à ses droits au trône de Russie en faveur de son
frère Nicolas. Le grand-duc n'hésita pas, obtint du Saint-Synode une sen-
tence de divorce, épousa la comtesse qui reçut la même année le titre de
princesse de Lowicz. Elle mourut en 1831. (Nbsselrodb, Souvenirs, v. 235;
cf^ pour plus de détails Souvenirs du chevalier de Cussy, p. 250 et 274),
Le Grand-duc, tout en épousant Jeanne Grudzinska, n'avait pas rompu
avec sa maîtresse, M°" Fridrichs, qu'il ne tarda pas à marier à un jeune offi-
cier nommé Veiss et qu'il eut alors l'audace d'amener chez sa jeune femme
et qui continua à venir au Belvédère jusqu'au jour où Alexandre I", venu à
Varsovie, découvrit ce qui se passait et donna l'ordre de faire partir sur-
le-champ M°>* Veiss (Cf. Comtesse Potogka, Mémoires, 388-389 et 395-401).
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 283
362. Vienne, 15 octobre 1814 (F. 2. 4244 ad 3565).
GOEHAUSEN à HAGER
Notes sur Miltitz, Kleist et Stechfuss. La Saxe et la parole donnée par
Alexandre après la bataille de Leipzig.
Le colonel saxon von Miltitz (1) a été, je le sais de source
absolument certaine, envoyé ici par le prince Repnin avec
des dépêches relatives à l'administration du pays et à cer-
taines questions de police et adressées au cabinet russe et à
Stein. On lui adjoint le conseiller de finance Stechfuss qui
lui servira de secrétaire.
Le lieutenant saxon von Kleist, au contraire, est venu ici
pour son plaisir, mais lui sert entre temps d'attaché (sic.)
Miltitz a passé une grande partie de sa jeunesse en Angle-
terre ; sa femme est Anglaise. C'est même ce fait qui le ren-
dit suspect au ministre de France à Dresde et l'obligea à se
retirer dans sa propriété de Siebeneichen, près de Meissen.
Miltitz appartient au parti de Weimar, Kleist à celui de la
Prusse, où il possède des propriétés.
Le sort de la Saxe n'est pas encore décidé. On croit cepen-
dant que l'Empereur Alexandre tiendra la parole qu'il a donnée
après la bataille de Leipzig, lorsqu'il promit à la Saxe qu'elle
resterait indépendante.
Les trois personnages nommés ci-dessus appartiennent au
Tugend-biind, On continuera de les surveiller.
363. Vienne, 14 octobre 1814 (F. 2. 4244 ad 3565).
Nota à HAGER (en français) (Analyse).
Espoirs et projets des Polonais. Lubomirski et Talleyrand. Opinion d'Anstett
sur la Pologne.
Rapport sur les moyens de toute espèce employés par les
Polonais et sur les espérances qu'ils fondent sur la France.
1. Chargé de la direction de la police en Saxe aussitôt après Leipzig et
placé auprès de Repnin, Miltitz était un ardent partisan de la Prusse au ser-
vice de laquelle il ne tarda pas à entrer.
284 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
C'est à cet effet que le prince Henri Lubomirski (1) a noué et
entretient des relations avec Talleyrand. L'Empereur de Rus-
sie prendrait dans leur projet le titre de roi de la Grande
Pologne.
L'agent ajoute : « J'ai vu Anstett chez le conseiller d'Etat
Ott. Il m'a dit à ce propos que les Polonais sont fous. »
364. Vienne, 14 octobre 1814 (F. 2. 4244 ad 3565\
ee à HAGER
Citation d'une phrase qui lui a été dite par La Harpe.
«. La Pologne continuera à faire partie de la Russie ; mais
il lui faut une constitution, comme cela a été le cas pour la
France d'aujourd'hui.
365. Vienne, 12 octobre 1814 (F. 2. 4244 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Dîner chez Palmella. Les Huit et la déclaration du 8 octobre. Craintes de
guerre. L'Espagne, la Toscane et l'Infant Charles-Louis.
J'ai dîné chez Palmella (2) avec les membres des légations
d'Espagne et de Portugal et j'ai été placé à table à côté de
Labrador. Après dîner^ on a parlé de l'arrangement pris entre
1. Lubomirski (Henri, prince) (1777-1850), fils du prince Joseph, Castellande|
Kiew, se lia dès sa jeunesse avec le comte Joseph Ossolinsky, dont il parta-
geait les goûts et les connaissances artistiques et passa une grande partiel
de sa jeunesse à Vienne. Marié en 1807 avec la princesse Thérèse Czartoryska, |
née en 1785.
2. Palmella (don Pedro de Souza Holstein, comte, puis duc de) (1781-1850),!
d'abord officier, puis diplomate. Conseiller d'ambassade à Rome (1802) il prit j
part à la guerre contre la France. Ambassadeur à Londres (1^<12) où il re-
tourna en l'^ie, après avoir représenté son pays au Congrès de Vienne.
Rentré plus tard en Portugal, il prit une part active aux luttes dont son]
pays fut le théâtre et fut un des chefs du parti constitutionnel qui fit préva-
loir la cause de Dona Maria sur celle de Don Miguel. Tantôt général, tantôt
ministre. Régent en 1830, premier Ministre en 1839, auteur de la Constitution
il revint nombre de fois au pouvoir. (Barbosa. Portugal antico a moderv
dictionario. T. VI, pages 437 et suiv.).
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 285
les Huit et qui a donné lieu à la Déclaration du 8 octobre (1).
On doute de la pacification générale et on craint qu'elle ne
finisse par la guerre.
On a fait de nombreuses critiques sur la politique peu
modérée de TAutriche. D'après l'avis général, elle va préparer
sa ruine, et l'Italie va forger des instruments qui feront
repentir l'Autriche de ses projets.
Labrador a déclaré une fois de plus que l'Espagne exige la
restitution de la Toscane à l'Infant Charles-Louis (2).
366. 14 octobre 1814 (F. 2. 4244 ad 3565).
HOPFEN à HAGER (Analyse).
Gampochiaro croit de plus en plus au maintien de Murât sur
le trône de Naples en dépit de l'opposition de la France, de
l'Espagne et de la Sicile.
367. Vienne, 14 octobre 1814 (F. 2. 4244 ad 3565).
H... à HAGER (en français).
Conversation avec d'Arnay (Secrétaire du prince Eugène). Le prince Eugène
a pleine confiance en Alexandre. Aldini affirme que le duc de Bassano a
empêché l'Empereur de signer la paix à Dresde. Marie-Louise et les léga-
tions.
Le prince Eugène, qui a été avec le comte Guicciardi voir
Marie-Louise, est plein d'espoir, surtout depuis qu'il a été
comblé de prévenances par l'Empereur Alexandre et par le Roi
de Prusse au dernier bal de la Cour. Le Vice-Roi attend son
sort d'Alexandre, qui sait que les Italiens sont très mécontents
du gouvernement actuel.
1. Cf. d'ANGEBERG, pagc 272. Ajournement du Congrès au 1" novembre,
publié le 12 et 13 octobre 1814.
2. Charles-Loui8(Infant, Louis II, roid'Etrurie) fils de Louis I" et de Marie-
Louise de Bourbon (1782-1824) succéda à son père le 27 mai 1803 et régna
jusqu'au 10 décembre 1807. Il devint duc de Lucques en 1824 à la mort de sa
mère, puis en 1847 duc de Parme à la mort de Marie-Louise. Obligé de
s'enfuir de Parme le 9 avril 1848, il abdiqua en 1849 en faveur de son fils
Charles IV, qui fut assassiné en 1854.
286 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE-
L'agent rend compte qu'il a été reçu par le prince Eugène
qui s'étonne de ce qu'on n'ait pas encore songé à pourvoir
d'un emploi ce dit agent, qu'il avait cependant lui-même gardé
en place, rien que sur le vu des notes qui lui avaient été don-
nées par les Autrichiens.
Le prince Eugène croit que le Congrès fera quelque chose
pour lui. 11 est encore convaincu actuellement que, sans les
événements de Milan, il aurait obtenu toute autre chose pour
l'Italie.
L'agent a été de là chez Aldini qui, en parlant de Napoléon,
lui a affirmé que, sans l'intervention de Bassano, Napoléon
aurait signé la paix à Dresde et qu'il avait déjà la plume à la
main pour le faire.
Aldini croit qu'à cause des réclamations de l'Espagne pour
Parme et Plaisance, on donnera à Marie-Louise les trois Léga-
tions.
368 Vienne, 14 octobre 1814 (F. 2. 4251 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
Nouvelles diverses. Gastelereagh passe les affaires de la Hollande à Lord Ga-
thcart. Munster et l'Italie. La Prusse, la Russie, l'Autriche et la Pologne.
Alexandre et la princesse Bagration.
Lord Castlereagh, manquant de temps, a confié les affaires
de Hollande à Lord Cathcart (1) qui s'en occupe sérieusement.
Le comte Munster trouve juste et naturel que les Italiens
désirent former un seul Etat, chose impossible cependant dans
l'état actuel de l'Europe. Ils devraient pour le moment se con-
tenter de former une Confédération de tous les Etats de la
Péninsule.
Les Prussiens craignent au fond beaucoup de voir les Russes
s'agrandir en Pologne et sont loin d'être satisfaits de l'atti-
tude, jalouse à leur égard, de l'Autriche.
1. Cathcart (William Shaw, comte, vicomte de Cathcart et Greenock (1775-
1843), servit dans l'armée de 1796 à 1812, époque à laquelle il fut appelé à rem-
plir les fonctions d'ambassadeur en Russie. 11 suivit le quartier général des
souverains jusqu'à leur entrée à Paris. L'un des plénipotentiaires au Congrès
de Vienne, il vint une seconde fois à Paris après Waterloo et retourna à la
paix à Pétersbourg où il représenta l'Angleterre pendant plusieurs années.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 287
Hier (13 octobre), après le bal de la Cour, Alexandre est
venu, à 11 heures, tout seul en fiacre chez la princesse Bagra-
tion, qui, par parenthèse, voit deux fois par jour, matin et soir,
le grand-duc Constantin. Alexandre y est resté jusqu'à 2 heures
du matin.
Je ne sais pas autre choses parce que tous ces jours-ci je n*ai
pu aller chez la Princesse, et quand j'y vais, j'y trouve tou-
jours du monde, et surtout des Russes qui parlent ordinaire-
ment leur langue que je ne comprends pas.
369. Londres, 4 octobre 1814 (F. 2. 4244 ad 3565).
D'AGLIÉ à SAINT-MARSAN (à Vienne) (mferce/jfa) (en français).
Les démarches de d'Aglié auprès de Castlereagh au sujet de la cession de la
Savoie. Les explications de Gastlereagh. Les confidences de Miinster.
Projet d'échange de la Savoie contre quelques portions du Comté de Nice
sur la droite du Var.
Dès le mois de juin, je reçus ordre du roi de représenter à
ce gouvernement, de la manière la plus forte, combien Sa Ma-
jesté est affligée du démembrement qui venait d'être fait de la
Savoie, et de tâcher de pénétrer s'il y avait quelque possibi-
lité de revenir sur ce qui avait été établi à cet égard par le
traité de Paris (1).
Je m'acquittai de ces ordres auprès de Castlereagh qui me
parla sur le sujet avec la plus grande franchise. Il me témoi-
gna d'abord que le Ministère anglais regrettait sincèrement que
Sa Majesté fut obligée à faire ce sacrifice, d'autant plus qu'on
voyait qu'il était beaucoup plus considérable par ses consé-
quences qu'on ne l'avait cru d'abord. 11 me dit que le roi de
France avait témoigné de la répugnance à consentir à cet ar-
ticle du traité, mais qu'à la fin, il avait été obligé d'y donner
son consentement ; que les vues des Alliés, en accordant un
agrandissement à la France, auraient été de concilier au roi
une popularité dans l'armée, dont l'orgueil aurait été blessé si
Sa Majesté n'avait pu garder aucune portion des conquêtes que
la France avait faites. 11 me dit aussi que, comme il avait été
■impossible d'ajouter quelque chose aux agrandissements accor-
lés à la France du côté des Pays-Bas, on avait été obligé de
1. L'article II séparé du traité de Paris.
AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
prendre sur la Savoie l'extension de territoire qu'on voulait':
lui accorder.
J'eus lieu de m'apercevoir par tout le discours de lord
Gastlereagh, que le Ministère anglais aurait été bien aise que
Sa Majesté pût, par le moyen d'une négociation directe avec
la France, parvenir à recouvrer la portion de la Savoie démem-
brée par le traité de Paris, mais qu'il n'était nullement disposéj
à entamer cette affaire. ■
Le comte de Munster, qui était alors ici et qui fut employé
à Paris dans la Commission des limites, me confirma ce que
lord Gastlereagh m'avait dit sur la répugnance du roi de
France pour le démembrement de la Savoie ; mais il m'ajouta
que, lorsque Sa Majesté Très Chrétienne y eût enfin consenti,
les commissaires français demandèrent le Chablais et le Fau-,
cigny, ce qui ne leur fut pas accordé.
Je me bornerai à faire une seule observation à ce sujet. Si
le cabinet de Versailles est vraiment bien intentionné en
faveur du roi, et s'il est vrai qu'il regarde dans l'acquisitioi^
qu'il a faite en Savoie plutôt le point d'honneur que l'exten-
sion du territoire, il me semble qu'il serait possible de l'enga
ger à se désister de cette acquisition en lui cédant les districts
du comté de Nice qui se trouvent situés sur la droite du Var.
Ces districts sont très peu de chose à la vérité ; mais le gou-
vernement français pourrait en faire valoir l'importance aux
yeux de sa nation sous le point de vue d'arrondissement, de
convenance, de limites naturelles, etc., etc.
370. Vienne, 16 octobre 1814 (F. 2. 4253 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR
i}
Rapport et bordereau du 16 octobre 1814, contenant les premiers rapports.!
des gens de service de la Cour sur les souverains alliés et signalant, entre"
autres, le rapport ci-dessous du lieutenant-colonel baron VVelden.
371. Vienne, 15 octobre 1814 (F. 1. ad 3565).
Rapport à HAGER
(Sur quelques lettres interceptées).
On a intercepté les lettres expédiées de Paris à Gastlerea|
parmi lesquelles se trouvait une lettre anonyme provenani
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 289
de la maison du duc de Dalberg (dont on réclame le renvoi
d^urgence).
On transmet également la copie du bordereau d'envoi des
pièces interceptées la veille, apportées le 13 par le courrier,
qui venant de Londres a passé par Paris.
Ulntercepta, désignée sur le bordereau par la lettre K
(manque au dossier), donnait, d'après l'analyse faite par Hager
dans son bordereau à l'Empereur, des détails intéressants sur
l'état des esprits à Paris.
La lettre anonyme provenant de chez Dalberg est sans
intérêt.
372. Vienne, 15 octobre 1814 (F. 2. 4264 ad 3565).
Rapport à HAGER [inlercepta).
Envoi d'une copie de la lettre de Talleyrand à Castlereagh
du 5 octobre, relative au projet que Metternich lui a remise
le 3 au soir et contenant les contre-projets et les observations
de Talleyrand '.
L'agent de Hager joint à cette lettre la note adressée par
l'Ambassade de France au Congrès et la copie du projet de
Castlereagh, communiqué le 3 octobre.
373. Vienne, 14 octobre 1814 (F. 2. 4251 ad 3565).
[EUTENANT-COLONEL BARON.DE WELDEN (attaché à la
)ersonne du Grand-duc Constantin) au GRAND-MAITRE
)E LA COUR, rapport transmis par lui à HAGER,
retirée du Grand-Duc Constantin. Sa sympathie pour le prince Eugène.
Le Grand-Duc Constantin, qui s'intéresse beaucoup à tout
îe qui a trait à l'armée autrichienne, mène une vie très reti-
rée et s'arrange de manière à faire ses visites aux princes
lorsqu'ils sont sortis. Je crois devoir signaler qu'il n'a fait
l'exception que pour le prince Eugène. Le grand-duc a
lonné l'ordre d'introduire l'ex-Vice-Roi à n'importe quelle
1. D'Angfberg, p. 264-272.
T. 1. 19
290 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
heure. Le prince Eugène vient du reste le voir presque tous
les jours et reste toujours seul avec lui. Le grand-duc ne m^a
pas caché sa sympathie et son admiration pour le Prince
Eugène, qu'il a été voir à plusieurs reprises sans jamais se
faire accompagner.
374. Vienne, 15 octobre 1814 (F. 2. 4251 ad 3665).
SIBER à HAGER
Rapport sur les souverains et sur quelques visites qu'ils ont faites.
Sur le roi de Danemark, le roi de Prusse (sa conférence chez
Hardenberg), le prince Guillaume de Prusse, l'empereur
Alexandre (qui va le 14 au soir chez la comtesse Esterhazy née
Roisin), le grand-duc Constantin (qui est allé à 5 heures chez
Marie-Louise, le soir chez la duchesse de Sagan, chez laquelle
il est resté jusqu'à 1 h. 1/2).
373. Vienne, 15 octobre 1814 (F. 2. 4251 ad 3565).
GŒIHAUSEN à HAGER
■ l
La conférence des deux empereurs à propos du rôle rj '•"'i
et des réclamations de la France. M yoii
iSSO
'arri
Les deux empereurs d'Autriche et de Russie ont eu, seuls
en tête à tête, une conférence qui s'est tenue chez Alexandre
après souper et a duré de minuit à trois heures du matin.
L'empereur François en a rapporté chez lui une grosse lias»
de papiers. Les deux empereurs avaient l'air satisfait.
Il se serait agi de la France, qui non seulement protes
contre la réunion des Pays-Bas à la Hollande, mais veut inte
venir dans les affaires d'Italie et sème partout la discorde. A MKiie
suite de cette conférence on aurait expédié deux courriers,!'
à Paris, l'autre en Italie.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 291
376. Vienne, 15 octobre 1814 (F. 2. 4251 ad 3565).
GOEHAUSEN à HAGER
Le roi de Prusse chez Hardenberg. Conférence chez Metternich.
Objet probable de cette conférence.
Le roi de Prusse est resté le 14 de midi à 2 heures chez Har-
denberg. Aussitôt après le départ du roi, Hardenberg a fermé
son cabinet, s'est rendu chez Metternich et est resté deux
grandes heures en conférence avec lui, le comte Munster, le
baron Linden et Humboldt, chez lequel il est allé dîner.
Rentré chez lui, il a travaillé de 8 à 10 heures avec le con-
seiller intime Beguelin, qui lui avait envoyé le matin un gros
paquet de papiers. On croit qu^au cours de cette conférence
on a pour la première fois abordé les questions d'Allemagne.
377. Vienne, 15 octobre 1814 (F. 2. 4251 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
IjCs réclamations de la Hollande. Elle demande une rectification de frontière
du côté^de la France.
Les Hollandais ont aussi des prétentions à faire valoir au
Kongrès. Ils ne sont pas contents des Pays-Bas. Ils veulent
Ivoir, vers la France, une autre frontière que celle qu'on leur
V assignée par le traité de Paris. Ils disent, et c'est d'eux-
lêmes que je le tiens : « Les Français nous dominent par là.
[s sont les maîtres de nous envahir quand ils le voudront et
[arriver à Bruxelles avant que nous ayons pu réunir nos
loupes. Nous n'avons pas de places de leur côté et pas même
e position ou des endroits pour nous fortifier. Lord Gastle-
lagh ditn^avoir pas le temps de se charger lui-même de notre
faire, mais nous travaillons avec lord Gathcart qui entend
et bien la chose, et nous le pousserons vivement. »
[C'est M. Persons (1) qui m'a confié tout cela.
, Il doit s'agir du chevalier Persoon, dont le nom figure sur la liste officielle
diplomates étrangers parmi les Hollandais présents à Vienne.
-^^ AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
378. Vienne, 15 octobre 1814. F. 2. 4251 ad 3565).
Rapport à HAGER
Envoi de rapports sur le roi de Wurtemberg. Nesselrode, Talleyrand et
Wrede chargés de régler tout ce qui a trait au divorce du prince royal de
Wurtemberg.
Envoi de rapports ayant trait à la surveillance du roi de Wur-
temberg, de Nesselrode, Talleyrand, Gaertner et Wrede (ce
dernier contenant quelques données sur le divorce du prince
royal de Wurtemberg (1), causé surtout par la liaison du prince
avec une demoiselle de Stuttgard. C'est Wrede qui est chargé
de régler toutes les questions relatives à cette séparation, la
princesse étant bavaroise). ;
379. Vienne, 15 octobre 1814 (F. 2. ad 3565).
GŒHAUSEN à HAGER
La tension des relations entre les cours de Bavière et de Wurtemberg et le
divorce du prince royal de Wurtemberg.
Les cours de Bavière et de Wurtemberg continuent à être
assez mal, même fort mal ensemble, et la cause de cette
tension n'est autre que le divorce du prince royal. Le roi de
Bavière n'a prétexté une indisposition que pour n'avoir pas à
recevoir la visite du roi et du prince royal de Wurtemberg,
qu'il ne veut pas voir et avec lesquels il ne parle pas. La céré-
monie religieuse qui a consacré la séparation entre le prince
royal et sa femme, qui vit depuis lors à Munich, a eu lieu à
Stuttgart, aussitôt après le retour d'Angleterre du prince. S':
est beaucoup de gens qui condamnent la conduite du prim
à l'égard d'une princesse envers laquelle la nature a été quel
peu avare au point de vue des avantages physiques, mais q
possède en revanche une quantité de rares et précieuses qu
lités, on en trouve cependant quelques-uns qui essayent de
1. Complètement brouillé avec son père, le" prince royal de Wurtemberg
s'était même réfugié pendant quelque temps à Cassel auprès de son beau-
frère le roi Jérôme.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 293
défendre et de le justiiîer. Cette union aurait été une consé-
quence du caractère du prince, qui n'a cessé de tout temps
d'être un ennemi déclaré de Napoléon, alors tout puissant, et
qui refusa de suivre l'exemple de l'actuel Grand-Duc de Bade
et de se laisser imposer une femme par l'empereur.
Il déclara à ce moment qu'il n'épouserait qu'une princesse
allemande et on prétend qu'il eut l'audace de dire à Paris à
Napoléon m Je ne veux pas i(?ie femme de votre Pagerie.»he
prince faisait allusion par là au mariage forcé du prince de la
Leyen avec une Tascher de la Pagerie (1), ce qui lui valut
d'être, malgré l'exiguité de ses possessions, traité à l'égal de
quelques grands princes, tandis que l'on médiatisait au même
moment de vieilles maisons princières autrement considérables
et importantes. La princesse bavaroise, qui eut de plus le
malheur de déplaire à son mari, précisément parce qu'elle se
donnait trop de mal pour lui plaire, fut la victime de cet entê-
tement. Il convient d'ajouter que le prince royal a depuis
plusieurs années une liaison avec une demoiselle de Stuttgart,
la fille d'un fonctionnaire, qui a su le prendre dans ses filets
et dont il a déjà deux enfants.
380. Vienne, 15 octobre 1814 (F. 2. 4264 ad. 3565).
Rapport à HAGER
Mécontentement de Talleyrand. Il songerait à partir.
D'après le dire du curé de l'église française de Sainte- Anne,
qui a dîné le 14 chez le Nonce avec le cardinal Consalvi,
Êvangélisti (2) et l'abbé de Saint-Julien, Talleyrand serait si
mécontent des alliés qu'il aurait résolu de partir avant le
1" novembre.
On parle dans ce cas de la venue de Monsieur pour le rem-
lacer.
i
1. Gœhausen se trompe. C'est le comte Louis Tascher de la Pagerie qui
épousa en 1810 une fille du prince de la Leyen, qui avait échappé à la média-
tisation en 1806, grâce à la protection de Dalberg et à sa parenté avec lui.
2. L'un des secrétaires du cardinal Consalvi, chargé plus particulièrement
déchiffrer et de déchiffrer les dépêches.
294 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
381. Vienne, 15 octobre 1814 (F. 2. 4257 ad 3465).
GOEHAUSEN àHAGER *
Mot douteux de Talleyrand sur les affaires d'Allemagne.
Talleyrand, répondant à dîner aux sollicitations du baron de
Tûrkheim (1) (ministre de Hesse-Darmstadt) en faveur des
petits États allemands, lui aurait dit : «Le système de laFrance
est de ne pas se mêler des affaires de l'Allemagne. »
On doute fort de l'exactitude de ce fait.
382. Vienne, 15 octobre 1814 (F. 2. 4351 ad 3565).
GŒHAUSEN à HAGER
Les millions de Brignole. Castlereagh et la cession de Gênes.
Brignole a reçu son argent et dispose maintenant de deux f
millions et demi de florins, mais Castlereagh lui a déclaré que
la cession de Gênes au Piémont était une chose décidée.
383. Vienne, 14 octobre 1814 (F. 1. 4359 ad 3565).
FREDDI à HAGER (en français).
La brochure, Les Bourbons de Naples. L'indépendance et l'unité de l'Italie,
Murât, les Anglais.
La brochure « Les Bourbons de Naples > court la ville. Ce
sont les Muratistes qui la répandent sous cape. Elle est écrite ^
avec beaucoup d'esprit. Son auteur est Benjamin Constant (2).
Il est de mon devoir de faire une observation indirecte sur
cet écrit qui décèle le bout de l'oreille du tigre, enveloppé de
la peau du mouton en plusieurs endroits.
Ces passages sont la plus grande preuve de ce que j'ai tant
de fois répété d'après mes lettres et mes informations ver-|;ijj
baies, c'est-à-dire que les Napolitains de Murât entretenaient ri»
'.. tua
1. Tûrkheim-Altorfî (Jean, baron) (1746-1824). Conseiller intime etmini8ta'e|
d'Etat du Grand-duché de liesse Darmstadt.
2. Benjamin Constant n'a jamais été l'auteur de cette brochure sortie dd
plume de Flassan.
:»atl
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 295
en Italie le Polonisme qui l'agite, par ci, par là, d'un bout à
l'autre maintenant. J'entends par Polonisme l'idée d'un seul
état indépendant à établir en Italie. C'est Murât qui a ima-
giné ce charme pour gagner les Italiens, et ce sont les Anglais
qui, il y a trois ans, l'ont favorisé pour détacher les Italiens
de Napoléon et de la France.
A présent que Napoléon est tombé, les Anglais — je veux
dire le ministère anglais — n'y mettent plus aucune impor-
tance ; mais les philanthropes d'Angleterre n'en démordent
pas et Murât fait toujours sonner cette cloche pour augmenter
ses forces et son parti et finir à la fin par réaliser la chose
en sa personne. Les Napoléonistes, les ambitieux, ne jurent à
présent en Italie que par Murât. Tout cela est connu. Mais
jamais les ministres de Murât ne l'ont avoué. Ce n'est que
dans la force du danger et de la rage que leur secret a éclaté.
Qu'on lise la brochure en question et, parmi les phrases inso-
lentes qu'on lance à l'Autriche et aux autres puissances de
l'Europe, on sera surpris d'y trouver annoncé à plusieurs
reprises que « les Italiens veulent être indépendants et que si
on touche à Murât, si on le force à combattre, la chose est
faite ».
On ne peut pas s'abstenir, au moins ici, de se demander
si Murât est si sûr de devenir le maître de l'Italie et de réu-
nir cette Italie en une seule puissance dès qu'on le force à
tirer l'épée. Comment peut-on supposer, croire, espérer, qu'il
ne le devienne pas dans deux ans, lorsqu'on lui laissera par
la paix les moyens de renforcer son parti qui, à présent, chan-
celle encore autour d'un trône lui-même chancelant. C'est
alors que la Société, érigée à Ancône, par Murât lui-même, des
Indépendentistes, agira librement, et il faudra bien d'autres
efforts que ceux de notre police pour le contenir.
384. Vienne, 15 octobre 1814 (F. 1. 4251 ad 3563).
© © à HAGER (en français).
La campagne contre Metternich. Les indiscrétions et l'hostilité de la chancel-
lerie d'Etat. Les réceptions de lady Gastlereagh. Alexandre chez la com-
tesse Erteihazy-Roisin.
Voici le résultat de mes dernières observations et des infor-
Imations que j'ai recueillies.
296 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
On conclut de la Déclaration du 8 octobre que les Grandes
Puissances sont loin d'être d'accord sur les questions de
Pologne, de Saxe et d'Allemagne, et on craint fort la guerre.
Les ennemis de Metternich, le prince Starhemberg, la coterie
Stadion, les Schœnborn-Leyen, Schœnborn-Stadion, Dalberg,
Hatzfeld, seraient enchantés d'un changement qui se produi-
rait aux Affaires Etrangères. Pour y parvenir, il faut dissoudre
le Congrès, et c'est dans ce sens qu'on intrigue contre Met-
ternich et qu'on colporte toutes sortes de nouvelles sensa-
tionnelles contre lui chez Razoumoffsky, Gastlereagh, Hum-
boldt, Rechberg et Stein.
Le Prince Starhemberg a dit : « Je n'ai jamais été en bons ^
termes avec Gastlereagh. En Angleterre, je n'ai été lié qu'avec
la famille Grenville, mais je cultive assiduement la maison
Gastlereagh pour j dire ce que je pense et pour l'influencer.
G'est dans ce même but que j'invite fréquemment Jacobi et le
Gomte Keller. »
J'ai également pu constater qu'il y avait nombre de mécon-
tents à la Ghancellerie d'Etat, surtout parmi ceux qui ont été
lésés par la nomination du comte de Mercy et qui redoutent de
l'être encore par le choix qu'on se propose de faire de M. de
Handel. Tous ces fonctionnaires intriguent contre Metternich
et ne se font pas faute d'intéresser les cours étrangères à leurs
intrigues. J'ignore si Metternich connaît de quelle singulière
façon le personnel sous ses ordres garde les secrets d'Etat et
s'il se doute du peu d'attachement et de dévouement de ces
fonctionnaires à sa personne. Ge que je sais, c'est que par Lim-
pens (1) je sais tout ce qui se passe à la Ghancellerie d'Etat.
Je n'ai été que deux fois aux réceptions du soir chez lady
Gastlereagh. Je trouve en effet fort incommode de n'y pouvoir
paraître avant dix heures. J'y ai trouvé, en dehors des Anglais,
la princesse Taxis, la princesse Fûrstenberg (née Taxis), les
comtes et les comtesses Stackelberg et Esterhazy, les princes
de Reuss et Wrede,le Gardinal Gonsalvi, Julie Zichy, Gastelal-
fer et Saint-Marsan.
L'empereur de Russie, après avoir rendu visite le 14 au
matin à la Gomtesse Esterhazy-Roisin, a été prendre le th^
chez elle dans l'après-midi.
1. Très ancien fonctionnaire de l'administration des Pays-Bas autrichiena|
puis du ministère des Affaires Étrangères, retraité à ce moment depuis quel
ques années, mais resté en relations suivies avec ses anciens collègues.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 297
385. Vienne, 15 octobre 1814 (F. 2.4251 ad 3565).
Rapport à HAGER
Les espérances croissantes des Polonais. Les conditions mises par l'Angle-
terre à l'ouverture du Congrès. Les Saxons et la France. Positions et effec-
tifs des Russes en Pologne, des Prussiens sur le Rhin. Mécontentement des
provinces rhénanes.
Les Polonais sont d'autant plus pleins d'espérances qu'ils
voient un commencement de réalisation de leurs espérances
dans le recrutement qui se fait, ou va se faire, dans le Grand-
Duché pour la formation des nouveaux régiments, ainsi que
dans les conditions préalables, auxquelles l'Angleterre a subor-
donné son consentement à la reprise des Affaires du Congrès
(Entente préalable sur les questions des Pays-Bas, de Pologne
et de Saxe (1).
Malgré la confiance des Prussiens qui croient déjà avoir
gain de cause pour la Saxe, les Saxons ont encore bon espoir
et affirment que leur Roi, que la France n'abandonnera pas,
conservera en tout cas la rive gauche de l'Elbe.
Il paraît certain que, sans compter les Polonais, les Russes
ontde 110.000 à 120.000 hommes dans le grand duché de Var-
sovie. Le gros de l'armée prussienne (120.000 hommes) est tou-
jours encore sur le Rhin.
On affirme que les pays de la rive gauche du Rhin sont fort
mécontents des Prussiens et ont de grandes sympathies pour
la France.
1. Cf. D'Angeberg. Note de lord Gastlereagh au Prince de Hardenberg du
lll octobre, p. 274. Note verbale de lord Gastlereagh au prince de Hardenberg,
{octobre 1814, pages 276-278. Lettre de lord Gastlereagh à l'Empereur
[Alexandre, 12 octobre 1814 et Mémorandum annexé à cette lettre, pages 280-
|288. Mémorandum de lord Gastlereagh au sujet de la situation de l'Autriche, de
|la Prusse, etc., etc., 14 octobre 1814, p. 291-293. ^
298 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
383. Vienne, 15 octobre 1814 (F. 2. 4251 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
Bruits de guerre entre la Russie et la Turquie et de l'envoi d'une mission
turque à Vienne. Le séjour d'Alexandre. Rectification probable des fron-
tières austro-prussiennes. Rivalité entre la Bavière et le Wurtemberg. L'al-
tercation entre les deux princes royaux. Le roi de Wurtemberg et l'archi-
duc Charles. Talleyrand, la Hollande et la Belgique.
On parle beaucoup d'une g-uerre imminente entre la Russie
et la Turquie qui se disposerait à envoyer à Vienne un ambas-
sadeur extraordinaire chargé d'acheter son repos et sa sécu-
rité à prix d'or et par de gros bénéfices. On dit que cette
mission apporte de grands cadeaux au tzar et qu'elle sera
logée au château d'Hetzendorf.
Il paraît certain que le tsar passera ici une partie de l'hiver ;
c'est ce que l'on croit et dit dans les cercles des cours de
Bavière et de Russie. Ces dernières prétendent que pour rec-
tifier les frontières on céderait le Comté de Glatz et une bande
de terrain du côté de Ziegenhals (1) en échange de Troppau.
La rivalité entre les cours de Bavière et de Wurtenberg ne
diminue pas. Les gens de la cour de Bavière ne cachent pas la
joie que leur cause l'indisposition que vient d'avoir le roi de
Wurtemberg, soit à la suite de fatigues à la chasse, soit à cause
de la cohue dans VAugarten.
On assure en outre que les deux princes royaux (de Wur-
temberg et de|Bavière) ont eu une altercation des plus vives,
dont le motif est encore inconnu.
Le roi de Wurtemberg est du reste d'un entêtement extraor-
dinaire, comme Napoléon l'avait remarqué et comme les archi-
ducs l'ont, eux aussi, constaté. On raconte, et on affirme que
l'archiduc Charles, ayant fait quelques plaisanteries sur la cor-
pulence du roi et les inconvénients qui en résultent, celui-ci,
lors de la visite du champ de bataille d'Aspern, aurait demandé
à l'archiduc « s'il allait montrer aux souverains la position de
« l'armée autrichienne avant la bataille d'Aspern ou cellç-
« qu'elle avait en juillet, lors de sa retraite après Wagram
Gela donne une idée de l'antipathie qui règne entre les princei
Rien de précis à vous dire sur les intentions de la Légatioi
1. Ziegenhals, au sud de Neisse et tout près de la frontière de Bohème.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 299
de France. Le prince de Bénévent serait hostile à la réunion
des Pays-Bas à la Hollande, qu'il considère comme nuisible à
son pays. On prétend que, comme il aurait, à ce propos, parlé
de la puissance de la France, on lui aurait dit : « Ce n'est pas
au vaincu qu'il appartient de rien décider. »
387. Vienne, 15 octobre IHU (F. 2. 4151 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
Humboldt et le Congrès. Caricature sur le Congrès.
On m'affirme qu'à la question posée à Humboldt : « Quand
le Congrès finira-t-il ?» il répondit : « Dites-moi plutôt
quand il commencera. »
Une caricature publiée ces jours-ci à Munich donne une
idée assez exacte de l'état des esprits. Tous les ministres
envoyés à Vienne sont assis autour d'une table et ont les yeux
fixés sur lord Gastlereagh qui vient d'entrer tenant, d'une main
un papier, de l'autre une laisse passée autour du cou de Napo-
léon et qui, se préparant à jeter le papier sur la table, leur
dit : « Signez ou je le lâche. »
388. Vienne, 15 octobre 1814 (F. 2. 4251 ad 3565).
SIBER à HAGER
Rapports de la Burg sur le Grand Duc Constantin et la manièi-e de vivre
des souverains et princes qui y logent.
Le grand-duc Constantin dîne à deux heures, dort ensuite
usqu'à cinq heures, fait alors quelques visites, rentre et redort
le sept à dix. Il va ensuite chez la Sagan ou chez la Bagra-
ion et y reste jusqu'à une heure et demie du matin.
n ressort des rapports reçus de la Burg que les souverains
vivent très tranquillement, n'y reçoivent que leurs ministres,
|es personnes de leur suite et celles formant leur service d'hon-
neur. Il ne se passe donc guère rien de saillant et d'intéressant
la Burg. /
300 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
A l'exception du roi de Wurtemberg, ils recherchent tous
r incognito, surtout pour leurs promenades et les visites qu'ils
rendent.
389. Vienne, le 15 octobre 1814 (F. 2. 4251 ad 3565).
LŒWENHIELM à ENGESTRŒM (Intercepta) (en français).
Les Quatre et le Congrès. Projet de réunion d'une diète à Francfort.
... Les affaires majeures, qui décideront du sort et de l'état
futur de l'Europe, continuent à se traiter confidentiellement
entre les Grandes Puissances qui y ont un intérêt direct, et il
paraît que les opinions diverses commencent à se rapprocher.
Il est question d'établir à Francfort une réunion (à propos
du Comité pour la constitution de TAUemagne) dans le genre
de celle qui existait jadis à Ratisbonne.
390. Vienne, 15 octobre 1814 (F. 2. 4251 ad 3565).
Anonyme à la DUCHESSE de DEUX-PONTS (1)
{intercepta en français).
Observations sur les notes de Talleyrand et de Castelereagh relatives
à la Saxe. Les fêtes. L'harmonie entre les souverains.
La note du Prince de Bénévent (2) a déplu à cause du ton
et du style dictatoire (sic), comme si Bonaparte l'avait faite.
Avant-hier, lord Castlereagh (3) en a donné une au Congrès
en faveur du roi de Saxe fort avantageuse. L'opposition est
1. Duchesse des Deux-Ponts (Marie-Emilie de Saxe), née en 1752, veuve
depuis 1795 de Charles- Auguste Christian, comte Palatin, duc de Deux-Pont*
depuis la mort de son frère Frédéric en 1775. A sa mort, ses droits passèrent
à son frère Maximilien-Joseph, roi de Bavière depuis 1805.
2. 11 ne peut s'agir ici que de la lettre de Talleyrand à lord Castlereagh, du
5 octobre (Cf. d'Angeberg,p. 270 à 272).
3. Note de lord Castlereagh à Hardenberg au sujet de la reconstruction de
la Prusse et de l'incorporation de la Saxe et note verbale de lord Castlereagh
au sujet de la prise de possession du royaume de Saxe par la Prusse. Vienne.
11 octobre 1814 (Cf. d'Angeberg, pages 274-279).
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEÛIENTS DU CONGRÈS 301
grande, mais on croit avec majorité au rétablissement de la
Saxe.
Les fêtes superbes se succèdent. On nage dans les plaisirs,
et la politique va avec un pas assuré qui nous fait espérer de
grands et avantageux résultats.
L'harmonie entre les souverains est parfaite. Il ne partiront
pas avant le 17 novembre.
391. Londres, 5 octobre 1814 (F. 2. 3505 ad 3565).
Anonyme au COMTE NICOLAS ESTERHAZY (1) à Vienne
(Intercepta en français).
Il ne croit pas aux résultats possibles et utiles du Congrès.
La guerre d'Amérique et les négociations de Gand.
Je vois parles Gazettes que les grands monarques commencent
à arriver peu à peuà Vienne. Comme toutes les têtes sont en l'air I
Comme chacun écoute les conversations de son voisin 1 Que de
plans ! Que de projets ! Quel foyer d'affaires maintenant que
ce bon Vienne ! Gomme les politiques doivent s'en donner !
L'empereur de Russie a dit telle chose. Le roi de Prusse a salué
telle personne. Le roi de Bavière a ri. Le gros roi de Wurtem-
berg a dansé. Mon Dieu I comme tout cela est important. Moi,
je tremble dans mon coin.
On donnera force bals, fêtes et dîners. On dépensera beaucoup
d'argent. Après bien des compliments, chacun s'en retournera
comme on était venu, sans rien finir... On publiera des
manifestes où chacun aura tort, excepté la personne qui les
aura écrits.
1. Esterhazy von Galantha (Nicolas, Prince), (1755-1833) encouragea les
rts et les sciences et créa la galerie de tableaux qu'il installa dans le Gar-
len-Palasl, qu'il avait acheté aup rince de Kaunitz. Possesseur de la magni-
fique résidence d'Eisenstadt. Napoléon lui avait en 1809 offert la couronne de
Hongrie. Sa femme, la princesse Marie, était née princesse Liechtenstein, et
son fils aîné Paul-Antoine, qui représenta plus tard l'Autriche à Londres, né
în nSô, épousa en 1312 la princesse Marie-Thérèse de la Tour de Taxis.
Le prince Nicolas Esterhazy, après avoir commandé en 1797 les troupes de
'insurrection levées en Hongrie, fut envoyé en mission en 1802 à Saint-
Pétersbourg, puis après le traité de Lunéville, à Paris et à Londres. Ce fut
jncore lui qu'on avait chargé en août 1814 d'une mission extraordinaire à
flome et à Naples.
302 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
On dit que le Congrès ne durera pas longtemps. Veut- on
finir tant d'affaires à la manière d'Alexandre de Macédoine en
coupant le Nœud Gordien ? On fera des mécontents et le
nombre en est déjà effrayant. Si ce n'est que pour se voir, je
ne crois pas que les souverains deviennent meilleurs amis en
buvant et mangeant ensemble 1 Enfin, mon bon, j'ai peur,
très peur que la fin ne détruise le commencement. Espérons
dans la Providence. C'est dans tous les temps notre seule
ressource.
Pour des nouvelles de ce pays, il serait presque ridicule que
je vous en donne, car tout est concentré sur le Congrès.
La guerre d'Amérique va son petit train. On bat, on est
battu, on recommence le lendemain et à la fin de la semaine,
on est aussi avancé que le premier jour. La prise de Was-
hington (1) pourra cependant accélérer la paix qui se traite à
Gand. On y a causé aux Américains, ou plutôt au gouverne-
ment, une perte de 3 millions de livres sterling, ce qui, pour
des esprits spéculatifs, est une espèce de coup de grâce. Ces
Messieurs se sont fort mal battus. Ce ne sont plus les Amé-
ricains de trente ans passés.
392. Berlin, 11 octobre 1814 (F. 2. 4321 ad 3565).
OMPÏEDA (2) au COMTE MUNSTER {Intercepta) (Analyse).
Esprit hostile à la Prusse des populations de la rive gauche du Rhin
et favorable à l'union de la Belgique et de la Hollande.
Rapport reçu par le ministre de Russie, M. d'Alopeus (3) 2
sur Fesprit, manifestement hostile aux Prussiens, des dépar- 1
tements de la rive gauche du Rhin. A l'exception de quelques |
districts du département de la Roer, partout jusqu'à la Nahe i
on désire être annexé à la Belgique. Ainsi agrandis, les Pays- î|
'<
1. Le major-général Ross enleva Washington le 24 août au soir, y mit le ij
feu aux principaux édifices publics, et se retira le 25 au soir, se repliant sur "
Benedict où il arriva le 29 et où il rembarqua ses troupes le lendemain.
2. Ompteda (baron), ancien ministre de Wcsphalie à Vienne, passa ensuite
au service du Hanovre et y devint ministre. M
3. Alopeus (David-Maximovitch, comte) (1748-1822), ministre plénipotentiaire |
de Russie à Berlin. Il avait été en 1813 commissaire général des armées alliées ;f
pendant la campagne de Saxe et fut pendant quelque temps gouverneur de j^
la Lorraine en 1815.
'h
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 303
Bas pourraient constituer un tampon, un boulevard contre la
France. La population est d'autant plus favorable à cette
annexion qu'elle en tirerait de gros avantages commerciaux.
393. Vienne, 17 octobre 1814 (F. 2. 4364 ad 3565).
HAGER, à l'Empereur
Bordereau et rapport du 17 octobre.
Il lui signale entre autres deux intercepta, dont les origi-
naux ont été, après manipulation, envoyés à destination.
394. Vienne, 16 octobre 1814 (F. 2, 4264 ad 3565).
Analyse des lettres interceptées de Gaertner au comte de
Vlûnster, de lord Castlereagh à lord Cathcart, Lamb(l), Clan-
3arty et à la Comtesse Clary (Invitations à dîner), de Stackel-
jerg à Ruffo (le prie de faire passer une lettre à Bressac (2),
lu Nonce à Ott, de Stein à Hardenberg, au Comte Salmour,
i la Comtesse Leiningen, de Stein à Friese (envoi de la copie
l'un mémoire de Hardenberg), de la princesse de Thurn et
Taxis au colonel von Miltitz.
P95. Vienne, 16 octobre 1814 (F. 2. 4264 ad 3565).
Rapports à Hager des agents chargés de la surveillance de
btein, Anstett, La Harpe, Hardenberg, comte Bentinck, Prince
1. Lamb (Frédéric-James'» (1782-1853), vicomte Melbourne, secrétaire de
^gation (1811) et chargé d'affaires par intérim à la Cour des Deux-Siciles,
^crétaire de Légation à Vienne (1813) et chargé d'aîîaires en attendant Tar-
Ivée de Stewart, ministre plénipotentiaire à Munich (1815-1820), à Madrid
|825), à Lisbonne (1827), pair d'Angleterre avec le titre de baron Beauvale
1839), il se retira de la vie politique en 1841 et épousa au mois de février de
lïtte année une jeune fille de 22 ans, la comtesse Alexandrine-Julia (née en
kl8), fille du comte Maltzahn, ministre de Prusse à Vienne.
I2. Doit être l'ancien agent de M. de Breteuil à Naples qui se disait alors
Ivesti de la confiance de Marie-Caroline, prêt à négocier avec la France pour
Majesté Sicilienne et qui, comme le constate du Teil, Rome, Naples et
Directoire, p. 88, fit tout à coup son ;apparition à Venise vers le milieu
décembre 1795.
304 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
de Tarente, Prince Eugène (qui a dîné deux fois chez Marie-
Louise et qui lui a encore écrit hier), duc
Campochiaro, Cariati, Guicciardi, Ghika.
396. Vienne, 16 octobre 1814 (F. 2. 4264 ad 3555).
GCEHAUSEN A HAGER
Wolkonsky, Joséphine Wolters et Louise Schneider,
Rapport sur les relations intimes entre le prince Wol-
konsky et Joséphine Wolters et parfois aussi Louise Schnei-
der. La Wolters vient presque tous les soirs chez Wolkonsky
à la Burg. Les autres soirs, elle les passe au théâtre de la
LeopoldstadtjOÙ elle reçoit dans sa loge de nombreuses visites
d'officiers.
397. Vienne, 16 octobre 1814 (F. 2. 4264 ad 3565).
00 à HAGER (en français).
Rapprochement et accord entre Talleyrand et Castlereagh. Animosité de
Talleyrand contre les flusses et les Prussiens. Bruits relatifs à l'interpré-
tation de Tarlicle VI "du traité de Paris, à la Pologne et à la Conférence du
14 octobre.
Talleyrand et Castlereagh sont de nouveau en bons termes.
Talleyrand est toujours très monté contre les Russes et les f
Prussiens. '
J'ai rencontré Ruffo, Salmour, Saint-Marsan et Pozzo di
Borgo chez le Prince qui est maintenant de meilleure humeur. I
Il court une foule de bruits, que je n'ai pu contrôler, à pro-
pos de l'article 6 du Traité de Paris relatif à la Hollande, de
la maison d'Orange, de l'Allemagne, comme aussi à propos des h
concessions que la Russie ferait dans l'affaire de Pologne sur r
les conseils de Castlereagh, enfin de la conférence du 14 oc^
tobre, qui dura de 1 heure à 4 heures et a été consacrée ai
affaires de l'Allemagne (1).
1. Premier protocole du Comité institué pour les affaires d'Allemagn^'
(Séance du 14 oct. 1814) (Cf. d'Angebbrg, p. 289-290).
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 305
398. Vienne, 16 octobre 1815 (F. 2. 4264 ad 3565)
Rapport à HAGER (en français).
Impression défavorable causée par la déclaration du 8 octobre. Talleyrand et
le grand-duc Constantin. Les Russes croient à un accord entre l'Autriche
et la France. Alexandre et le grand-duc Constantin très montés contre l'An-
gleterre.
La publication, le 13 octobre, par la Gazette de Vienne, de
la déclaration du 8, a fait une impression nettement défavo-
rable.
Lors d'une visite que Talleyrand fit récemment au grand-
duc Constantin, celui-ci lui a parlé, quoiqu'en plaisantant, du
fil qu'il donnait à retordre ici.
En général, j'ai cru remarquer que les Russes nous sup-
posent d'accord avec la France. Mais quoiqu'ils parlent assez
généralement sur tout, ils ne parlent jamais de l'Italie.
Tout ce qui entoure l'Empereur et le grand-duc ne cache
point leur mécontentement contre l'Angleterre.
399. Vienne, 16 octobre 1814 (F. 2. 4254 ad 3565).
GŒHAUSEN à HAGER
Conférence et projets des ministres des petits Etats allemands. Gagern, par-
tisan de la Confédération et du rétablissement de l'Empire d'Allemagne.
Rapport sur la Conférence (du 14) des ministres des petits
Etats allemands, qui aurait abouti à une entente et à la pré-
sentation d'un projet remis à Metternich.
Gagern est un des plus ardents partisans de cette espèce
.e Confédération qui, en y comprenant le Hanovre, s'étendrait
neuf millions d'âmes. Il est, de plus, partisan du rétablis-
ment de l'empire d'Allemagne, dont la couronne serait ren-
ie à l'empereur François.
T. I. 20
306 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
400. Vienne, 15 octobre 1814 (F. 2. 4264 ad 3565).
GœHAUSEN à HAGER
La réunion de l'Augarten, les adhésions recueillies par les 12. Les projets
des délégués des petits princes. L'adresse qu'ils veulent remettre à l'empe-
reur d'Autriche et le rétablissement de la dignité impériale.
La réunion, qui eut lieu le 12 dans l'après-midi à l'Augarten, |
se composait de douze personnes, à savoir ; les députés des -^
quatre villes libres : Hambourg, Liibeck, Brème et Francfort ; i
les deux délégués d'Oldenburg, le baron Maltzahn et le con-
seiller antique Mutzenbecher,le conseiller intime de Brunswick,
von Schmidt, le Mecklembourgeois von Plessen, le délégué
de Leiningen, von Schmitz et trois autres.
Ils n'étaient venus là que pour dîner entre amis, comme ils
le font d'ordinaire à l'hôtel Archiduc Charles. Mais ce sont
aussi les mêmes individus qui n'ont qu'une idée, celle de !.
rester amis et de se prononcer pour le rétablissement de la j
dignité impériale conférée à la Maison d'Autriche. ij
Je viens d'apprendre de façon absolument certaine que les il
Maisons Ducales de Saxe, la Hesse-Cassel, Nassau et Darms-
tadt, se sont joints à eux afin de pouvoir s'opposer avec plus i
de force aux plans et à l'influence de la Bavière et de la Prusse U
qui ne partagent pas leurs vues. Ils se proposent de rédiger p
une adresse, dans laquelle ils demanderont à notre Empereur
d'accepter la Couronne Impériale, adresse qui serait présentée i
et mise à l'ordre du jour dès l'ouverture du Congrès.
C'est là un fait absolument nouveau qu'on tient strictemeni
secret et dont on n'a parlé qu'aujourd'hui. Comme ils so
en majorité, et comme les autres petits princes se joindre
certainement à eux, ils pensent que leur proposition fera
bruit et ne pourra être rejetée. Ils veulent, d'après ce qu'
m'a affirmé, déjouer les projets de la Prusse et de la Baviè
qui ne cherchent qu'à s'agrandir et à absorber, en outre des pe
terres des princes déjà médiatisés, les possessions d'autres ma^J ^
sons princières, à faire pièce à Bade et au Wurtemberg qui Tmm^
se sont pas encore prononcés et qui comptent encore sur dvIfiiiL
appuis du dehors, et comme ils ne peuvent guère espérer que i^^,
l'Angleterre leur viendra en aide, ils espèrent du moins que
I
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 307
cédant au vœu exprimé par la majorité des voix, elle se ral-
liera à l'idée de rétablir dans les limites du possible, l'ancien
ordre de choses.
401. Vienne, 15 octobre 1814 (F. 2. 4264 ad 3563).
GOËHAUSEN à HAGER
Les délégués des petits princes chez Metternich. Bon accueil fait à leurs
ouvertures. Adhésions qu'ils recueillent. Les démarches de Gaertner.
La nouvelle que je vous ai donnée dans mon rapport du 15
s'est vérifiée et a déjà eu une suite qui me semble heureuse.
On a fait choix d'un certain nombre de personnes qui se sont
présentées chez Metternich et ont reçu chez lui un accueil en
complet accord avec leurs désirs. Ils sont tous au comble de
la joie. Le comte Keller, de Hesse-Cassel, le baron Gagern,
pour les maisons d'Orange-Nassau, Schmidt von Phiseldeck,
de Brunswick ont pris la parole. Le baron Marschall (pour
Nassau), le baron Tûrkheim (Hesse-Darmstadt), Maltzahn et
Mutzenbecher (Oldenburg), Schmitz (Leiningen), les députés
des villes libres les accompagnaient ainsi que le baron Gers-
dorff (Weimar), de sorte qu'à l'exception de la Prusse, de la
Bavière, du Wurtemberg, et de Bade tous les anciens princes
du Saint-Empire étaient représentés lors de cette audience, et
[se déclaraient complètement d'accord avec un projet qu'ils
Isoumettaient au nom de neuf millions d'âmes.
On me dit que Bade est en train d'adhérer à ce projet en
[faveur duquel Gagern ne cesse de se démener. Le 14, il y
ivait tout près de vingt personnes réunies à cet effet chez lui,
ît on a envoyé, soit des lettres par la poste, soit mêmes des
îourriers à plusieurs des princes qui ne sont pas présentés à
'^ienne, tels par exemple, les princes de Lippe-Detmold et de
Jûckeburg.
Aujourd'hui 16,il y a de nouveau une conférence chez Gagern.
jB conseiller intime Gaertner, quoique n'ayant pas assisté à cette
réunion, n'en travaille pas moins dans le même sens et, d'après
le rapport, en date du 14, des agents chargés de sa surveillance,
a agi auprès de ses commettants, les princes de Hohenlohe,
308 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
de Lœwenstein et de Neuwied et la princesse de Fûrstenberg,
chez laquelle il y eut même une conférence qui ne dura pas
moins de trois heures.
402. Vienne, 15 octobre 1814 (F. 2. 4264 ad 3565).
E... à HAGER
Rapport détaillé sur la Conférence du 14 octobre tenue chez Gagern et sur
l'envoi du comte Keller chez Metternich.
Hier, il y a eu chez le baron Gagern une réunion de ministres
et de délégués au Congrès, à laquelle ont pris part, sur invita-
tion spéciale, les représentants de la Hesse-Electorale, de Hesse-
Darmstadt, de Brunswick-Liineburg, des Maisons de Saxe et
d'Anhalt, des villes hanséatiques et de quelques Etats secon-
daires. Quelques-uns d'entre eux dînèrent chez Gagern ; d'au-
tres ne vinrent qu'après le repas. A tous, Gagern communiqua
une note qui devait être remise à la Chancellerie d'Etat après
avoir été revêtue de leurs signatures. Mais cette note était
conçue dans un ton si agressif et si violent qu'on la rejeta à
l'unanimité. Il paraît qu'on y disait aux ministres des Quatre
qu'ils n'avaient pas le droit de trancher à eux seuls les affaires
de l'Allemagne et qu'avant de rien décider il fallait qu'on eût
un Empereur d'Allemagne et que cet Empereur ne pouvait être
que l'Empereur d'Autriche (1).
Gagern prit la parole au cours de cette réunion et s'efforça '"
pendant plus d'une heure et demie de démontrer aux assis- i ■
tants qu'il fallait un Empereur à l'Allemagne, que cet emp^L
reurne pouvait être que l'Empereur François et queleshommePf
d'Etat étrangers n'avaient pas à intervenir dans le règlement !*,
des affaires allemandes. On se rallia à ses idées, mais on char-
gea cependant le comte Keller de se rendre préalablement ; .
chez Metternich et de lui demander de confirmer l'autorisation i/
que Plessen (Mecklembourg) affirmait avoir reçue de lui et de
déclarer qu'en effet on soumettrait à une discussion génér
tout ce qui aurait trait à la Constitution de l'Allemagne. PI
1. Cf. Gagern, Mein Antheil an der Politik., Il, 204.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 309
sieurs des assistants insistèrent sur la gravité de cette démarche,
sur la prudence avec laquelle il convenait de la faire afin de
ne pas indisposer la Russie, de ne pas créer un conflit entre
la Russie et l'Autriche, enfin sur la nécessité de sonder avant
tout la Cour de Vienne. On résolut de ne prendre une résolu-
tion qu'après avoir entendu le rapport du comte Keller et on
se sépara à sept heures du soir.
Bade n^était pas représentée à cette conférence.
403. Vienne, 16 octobre 1814 (F. 2. 4264 ad 3565}.
ee à HAGER
Les concessions que Castlereagh aurait arrachées à la Russie
Considérations sur la conférence du 14 et sur les affaires allemandes.
Hier, on avait l'air de croire qu'on restituerait à l'Autriche
la Galicie occidentale, à la Prusse une partie de ses anciennes
possessions polonaises et que la Russie se décidait à céder sur
les instances de lord Castlereagh. S'il en est ainsi, le roi de
Saxe, quoique fortement amputé, pourra continuer à exister,
et on aura épargné à l'Europe la honte d'avoir anéanti et
dépossédé la dynastie saxonne.
Pour ce qui est de la conférence" du Congrès d'avant-hier
14 (1), voici ce que j 'ai pu en savoir : Elle a duré de une heure à
quatre heures. Elle a eu pour objet l'organisation intérieure d'un
nouveau système fédératif des gouvernements allemands. On
y a vaguement parlé d'un simulacre (sic) d'empereur hérédi-
taire allemand ou d'un chef suprême de la Confédération. Mais
le projet n'a été accepté qiïad référendum.
Voici d'ailleurs ce que j'ai entendu dire de ce projet :
Avant 1792 et pendant tout le temps des guerres de la Révo-
lution française jusqu'en 1805-1806, la couronne du Saint-
Empire romain a été un véritable fardeau pour l'Autriche.
Pourquoi en 1814 et au profit de qui l'Autriche accepterait-
elle un semblant d'Empire héréditaire et le protectorat per-
pétuel de la Confédération de l'Allemagne, de cette Confédé-
1. Cf. D'Angeberg, 289. Protocole de la premiers séance du Comité des
Affaires allemandes.
310 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
ration dans laquelle les différents Etats se jalouseront ;
naturellement, d'abord entre eux, puis intrigueront contre |
l'Autriche, et enfin et surtout contre le chef de la Confédéra-
tion qui n'aura ni les moyens, ni les pouvoirs indispensables
pour se faire écouter et obéir ? Quel appui les petits Etats
pourront-ils trouver dans un chef qui n'a en réalité aucune
prérogative, aucun moyen d'imposer sa volonté ? Pour l'Au-
triche la dignité impériale n'est qu'une question de vanité, de
prestige, une source de grosses dépenses et de continuels
embarras.
La conception d'une Confédération allemande ne saurait se
concilier avec l'existence d'un Empire allemand héréditaire. La
coterie Stadion est naturellement très hostile à ce projet et
serait désolée de voir Metternich assurer à la Maison d'Autriche
la couronne héréditaire de l'Empire allemand, dont le comte J
Stadion a si légèrement dépossédé notre cour. Les mêmes par- '%
sonnes qui déblatéraient encore le 13 contre Metternich, qui
lui reprochaient de ne rien faire pour restituer la couronne
impériale à la Maison d'Autriche, ces mêmes personnes, depuis
qu'elles ont connaissance de ce qui s'est passé lors de la con- |
férence du 14, déclarent aujourd'hui que ce serait une véritable
calamité pour l'Autriche si son Empereur devenait VEmpe-
reuT héréditaire d'Allemagne.
404. Vienne, 16 octobre 1814 (F. 2. 4264 ad 3565),
Nota à HAGKR (en français).
L'opinion de Capo d'Istria sur Gastlereagh, Murât, Naples et TAutriche. Le»
craintes de l'Autriche. Les projets de Murât. L'avenir troublé et l'étaK;
actuel de l'Italie. Un mot de Pozzo di Borgo sur Napoléon.
Castlereagh n'est (d'après Capo d'Istria) qu'un homme-
habile pour parler à la Chambre, mais en somme de peu de
moyens et qui ne connaît que l'Angleterre. Les autres membres
du ministère ne valent pas plus.
Si Murât (toujours d'après Capo d'Istria) reste à NapI
c,'est que l'Autriche le veut et, si elle le veut, ce n'est pas pi
caprice, mais par un faux raisonnement. Elle craint les Bour-
bons et croit qu'en conservant Murât à Naples elle s'assure la
■WÀ
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 311
possession tranquille du reste de ritalie.Tout homme qui con-
naît ce pays, Murat, la situation actuelle de l'Europe et les opi-
nions qui l'agitent, sait combien ce raisonnement est faux.
Murat promettra tout, mais il attendra le moment, préparera
ses moyens, et puis il dira aux Italiens : Me voici, chassons
les Allemands et soyons Italiens.
Italie ! Italie! ce sera le cri d'un bout à l'autre, et bientôt
la grande affaire sera faite que les Bourbons n'auraient jamais,
ni pensé, ni voulu, ni su faire si on leur rendait leurs Etats
dans la Péninsule. Est-il possible que l'Italie, gouvernée sévè-
rement par les Allemands à l'Allemande et faiblement gou-
vernée par le Pape, organisée à la Française au Midi par
Murat, puisse rester longtemps dans un pareil état ? Je crois
la chose sans remède, et je plains l'Italie, car elle aura une
grande secousse à supporter, tandis qu'en rendant Naples à
Ferdinand, celui ci n'aurait cherché qu'à rester tranquille
chez lui.
Capo d'Istria ajouta : « On se trompe fort si l'on croit que
« l'Italie est tranquille et contente. Il y avaitune seule manière
« de la calmer. Un gouvernement raisonnable et libéral, au
« moins dans les formes, un Roi sans ambition à Naples,
« alors l'Italie se serait calmée peu à peu. Laissez faire Murat,
« et vous verrez ce qui arrivera. »
Je vous répète ce que Pozzo di Borgo disait ce soir : « Le
grand Coquin est par terre à Vile d'Elbe. Le grand point est
gagné. Moquons-nous du reste et laissons faire. »
405. Vienne, 18 octobre 1814 (F. 2. 4014 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 18 octobre. Envoi de la liste, de la copie
ou de l'analyse des intercepta du 17 octobre.
Lettres interceptées de Stein au Comte Solms-Laubach.
Une note du ministre des Affaires étrangères de Russie à
Khanikoff(l) (Saint-Pétersbourg, 5-17 septembre).
1. Khanikoff (Vassili Vassilievitch, général de) Ministre de Russie en Saxe
et auprès de plusieurs autre» petites cours allemandes en 1818. « Ce vieux
célibataire, dit de lui Cusst, qui le rencontra en 1821 (Souvenirs, I, 344), spi-
rituel et galant, façonne sans difficulté de jolis vers français et tâche de res-
ter jeune le plus longtemps possible. »
312 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Une lettre de Lœwenhielm à Humboldt (demande d'au
dience).
Une lettre de Gastlereagh au ministre de la Guerre, rela- ;
tive aux équipages de sa femme.
406. Vienne, 18 octobre 1814 (F. 2. 4014 ad 3565).
Rapport à HAGER
Rapports du 17 octobre, surveillance de l'ambassade de Rus-
sie, Stein, Anstett, la Harpe, Hardenberg, Gaertner, Klûber,
Bœhnen, Talleyrand, Labrador, prince Eugène, Aldini (qui a
été le 15 chez Eugène et chez l'archiduc Charles, et Goupy.
407. Vienne, 17 octobre 1814 (F. 2. 4014 ad 3565),
Rapport à HAGER
Surveillance de Marie-Louise. Dîner qu'elle a donné le 10.
Emploi de sa journée du 16.
Gentz, Stadion, Pappenheim, Wenzel Liechtenstein, la du-
chesse de Sagan et la comtesse Clare ont dîné le 10 chez
Marie-Louise.
Le 16, Marie-Louise est allée en ville avec Bausset, M""" de
Brignoleet Neipperg chez la Reine de Bavière, puis au Manège
Impérial et de là chez l'Empereur.
408. Vienne, 17 octobre 1814 (F. 2. 4014 ad 3565).
Rapport à HAGER
Effet produit sur les petits Etats par la remise du Congrès et les bonnes dis-
positions de l'Autriche à l'égard de la Bavière. Le découragement de
Stein.
La remise du Congrès a causé un très vif émoi parmi lel
ministres des puissances secondaires, surtout parmi les
Saxons. L'Autriche leur paraît aussi trop favorable à lai
Bavière. On prétend que Stein est absolument découragé par
la tournure prise par les Affaires d'Allemagne.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 313
409. Vienne, 17 octobre 1814 (F. 2. 4014 ad 3565).
W... à HAGER
On compte peu sur les résultats du Congrès. La Prusse, la Russie et la Pologne.
On fonde maintenant bien peu d'espoir sur la réunion du
Congrès et sur ce qui en résultera.
Zerboni di Sposetti m'a confié que la Prusse ne serait pas,
en principe, hostile au rétablissement du royaume de Polo-
gne. Mais elle réclamerait alors une rectification de frontière,
qui serait toute autre que celle résultant du traité de Tilsitt,
et prétendrait à des arrondissements surtout du côté de Posen,
Thorn et Danzig (1).
410. Vienne, 17 octobre 1814 (F. 2. 4014 ad 3565).
Rapport à HAGER
D'Araay. Son opinion sur le Congrès et sur les chances d'établissement
du prince Eugène.
D'Arnay (2) croit que dans quinze jours il sortira quelque
chose du Congrès_, dont les bases sont fixées.
On serait d'accord pour donner un établissement au prince
lEugène. On ne sait si c'est en Italie ou ailleurs, peut-être les
[trois Légations.
Le prince Eugène a dîné le 15 chez l'Empereur qui a été
Itrès affectueux pour lui et le 16 chez Tempereur Alexandre. Il
laura quelque chose en Italie ou sur le Rhin.
1. Cf. Kluber. Akten, etc., VIII, 204 et suiv. Le traité du 30 mars 1815
antre la Prusse et la Russie.
2. D'Arnay (Antoine, baron), appelé en Italie par le Prince Eugène pour y
smplir les fonctions de secrétaire de son cabinet qu'il occupa pendant sept
ins, devint ensuite directeur général des postes du royaume. Homme grave
|3t froid, il s'était rendu très impopulaire à Milan. Très dévoué au Prince
Sugène, il était avec Méjan l'un des propriétaires du journal II Corriere Mi-
lanese.
314 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
411. Vienne, 17 octobre 1814 (F. 2. 4014 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Les espions d'Eugène à Milan. Progrès du parti de Murât et affaiblissement
du parti autrichien en Lombardie.
Il y a au delà de trois mois que, sur les affirmations de Gas-
tiglia (1) et d'autres, j'avais averti que les trois espions de
Beauharnais se retrouvaient à Milan. On m'écrit que c'est le
parti de Murât qui se renforce davantage et que si lors de
l'arrivée des Autrichiens 1.000 Lombards s'en réjouissaient,
à présent il n'y en a pas 500.
412. Vienne, 17 octobre 1814 (F. 2. 4014 ad 3565).
NOTA à HAGER (en français).
Les Indépendentistes, leur origine, leur but, leurs progrès.
Similitude avec le Tiigendbnnd.
Les Indépendentistes. Ce sont tous des maçons qui cher-
chent à présent à former la nouvelle société, les Indépendeîi-
tistes. Les Napolitains l'ont créée à Ancône. Elle se propage
et a répandu le livre dont je vous ai parlé dernièrement
imprimé à Novare.Au fond, cette Société ressemble beaucoup
à celle des Amis de la Vertu {Tugendbund) qu'on avait
formée en Prusse pour délivrer l'Allemagne des Français. On
veut à présent s'en servir pour délivrer l'Italie des Autri-
chiens et de toute influence étrangère.
1. Castilla (Carlo de) un des agents de la police du royaume d'Italie, puis
du gouvernement autrichien (Cf. Gallavresi. CaricsTgrio ConfalonierijU, 524
et qui devint un des deux conseillers au tribunal de Milan.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 315
413. Vienne, 17 octobre 1814 (F. 2. 4014 ad 3565).
NOTA à HAGER
Alexandre, Metternich, la princesse Bagration. La Prusse et le sort de la
Saxe et de la Pologne. Le véritable auteur du mémoire du prince de
Piombino sur l'Ile d'Elbe.
Alexandre, qui avait Tair de ne pas trop distinguer Met-
ternich en public, l'a beaucoup distingué avant-hier au bal de
la princesse Esterhazy. Il lui a parlé très longtemps d^un air
très content et très confidentiel. Cela a fait beaucoup de sen-
sation.
On sait que depuis quinze jours Metternich n'a pas mis les
pieds chez la princesse Bagration.'On en ignore la raison que
tout le monde devine.
Les secrétaires des ministres prussiens savent, ou croient
savoir, que la Saxe est à eux. Ils me Font dit confidentielle-
ment à" moi et à d'autres. Je leur ai dit : « Il faut donc que le
sort de la Pologne soit aussi décidé. »
Ils rii'ont répondu qu'on ne le croyait pas, et comme je leur
ai dit alors : « Vous aurez la Lusace, pas plus. »
« Non, me dirent-ils, la Saxe entière. »
L'avocat Vera, quoique très habile homme, envoyé du prince
de Piombino, n'a pas cru devoir faire lui-même son mémoire (1),
par lequel il réclame l'Ile d'Elbe et ses revenus arriérés que
Napoléon lui a pris. C'est Bartholdi qui l'a rédigé et on me
dit qu'il est très bien fait.
414. Vienne, 14 octobre 1814 (F. 2. ad 4014 ad 3565).
Rapport (2) à HAGER (en français).
Les Prussiens et Metternich. Les matinées du prince. La duchesse de Sagan.
Stadion. Schwarzenberg. Ugarte. La Prusse a beau jru en Allemagne.
Les Prussiens et surtout la bande de Humboldt, tout comme
1. Gf d'Angeberg, 1,376 et KLiiBER,4» cahier, page 80. Mémoire présenté par
ion Louis Buon, accompagne Ludovisi, prince de Piombino et de l'Ile d'Elbe,
111 Congrès de Vienne, octobre 1814.
. 2. Ce rapport, comme l'indique une note au crayon de Hager, fut, à
«use de la personnalité de son auteur, l'objet d'un rapport spécial à l'Em-
ïereur et lui a été présenté à part.
316 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
le Comte Schulenburg, se sont fort mal exprimés, lors du
dîner donné le 14 octobre par le Duc Albert (1) sur le compte
de Metternich,fou d'amour, d'orgueil et d'amour-propre, per-
dant toutes ses matinées, ne se levant qu'à dix heures pour
courir de suite soupirer chez la Sagan, ayant à peine le
temps de recevoir trois ou quatre des quarante personnes qui
veulent lui parler et faisant attendre pendant des heures
Hudelist, Gentz, etc., etc. Et cependant il a la prétention de
gouverner le monde. Il est vrai qu'il j a quatre ans il décla-
rait dans ses lettres de Paris qu'il avait fondé la paix uni-
verselle.
Stadion ne comprend rien aux finances, mais son amour
pour la bigotterie(5fc.)et sa coquetterie pour les femmes l'em-
pêcheraient de toute façon de mener un département. Schwar-
zenberg est trop indolent et sacrifie tout à une chasse, et
Ugarte (2) est nul et inactif.
La Prusse a donc beau jeu pour faire triompher ses idées
et jouer le premier rôle en Allemagne.
Tout le monde doit le désirer du reste puisqu'il n'y a rien
à espérer de l'Autriche.
415. Vienne, 14 octobre 1814 (F. 2. 4014 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
Les confidences de la princesse Bagration à Alexandre. Metternich
et la duchesse de Sagan. Julie Zichy, François Palfîy et la Bigottini.
La Bagration, pour se venger de l'infidélité de Metternich,^
a raconté tout ce qu'elle sait, d'un côté à Alexandre, de l'autre!
à la Harpe, Ojarow^ski, Anstett et Nesselrode.
Metternich essaye de se consoler des rebuffades de la Sagan^
Il n'y est pas allé hier soir, et il fait une cour assidue à Julie
Zichy. On s'en réjouit parce que personne n'est aussi intrigant
que la duchesse de Sagan et qu'elle lui fait perdre trop de tempsj
Quant à Julie Zichy, elle est trop pieuse et trop réellemenf
vertueuse pour qu'il réussisse auprès d'elle.
1. Albert, duc de Saxe-Teschen, veuf de l'archiduchesse Marie-Chi'istine.
2. Chancelier de Bohême de 1802 à 1810, le Comte Ugarte était ministre
d'Etat et de Conférence et Oberster Kanzler, c'est-à-dire ministre de l'In-
térieur.
jHk
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 317
Wenzel Liechtenstein, le jeune comte de Schulenburg,
l'aide de camp de Schwarzenberg, et le prince Louis de Rohan
sont ceux dont il se sert pour les missions intimes et secrètes,
le premier surtout pour ses affaires de femmes.
Les amours de François Palffy et de la Bigottini tirent à
leur fin. Il lui a offert 6.000 francs de rente viagère. Elle
réclame le capital ou la garantie de cette rente assurée, jus-
qu'à son mariage, à sa fille qu'elle adore.
Le comte Ferdinand, son frère, était tout prêt à le faire dans
l'intérêt du comte François qui, en continuant son genre de
vie actuel, risque fort de manger toute sa fortune. Mais on n'a
pas pu arriver à une solution et maintenant on se boude et il
y a du froid entre tous les intéressés.
416. Vienne, 16 octobre 1814, F. 2. 4014 ad 3565).
Rapport à HAGER (ea français).
Les amours de la princesse Bagration et du prince Charles de Bavière. Les
bals. Alexandre demande à l'auteur de ce rapport d'en donner un. Le
voyage de Hongrie. Les flirts de l'empereur Alexandre. Marie-Louise et
Parme.
La Bagration, qui, malgré sa jalousie contre la Sagan, a eu
à Baden des faiblesses passagères pour les jeunes comtes
Schœnfeld (1) et Schulenburg, a jeté maintenant son dévolu
sur le prince Charles de Bavière (2) qui passe de longues
heures chez elle. La chose est si connue qu'au bal chez la
princesse Esterhezy^ les deux grandes-duchesses (3) en ont
beaucoup ri avec le grand- duc Constantin.
A cause des différents bals chez Metternich le 18 ; jeudi
(le 20) chez Stackelberg, samedi le 22 chez le comte Charles
Zichy, lundi 21 chez Metternich, on ne sait quand aura lieu
le voyage des souverains en Hongrie.
La Bagration veut encore en donner un et toutes les dames
me tourmentent pour que j'en donne un. L'Empereur
Alexandre^ lui aussi, m'en a parié.
Alexandre s'occupe de nouveau beaucoup de la comtesse
1. Attaché à l'ambassade d'Autriche à Berlin.
2. Second fils du roi Maximilien- Joseph.
S. Les grandes duchesses Marie et Catherine.
318 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Esterhazy-Roisin, de Sophie Zichy et de la princesse Gabrielle
Auersperg (1). Il danse et parle beaucoup avec la princesse
Maurice Liechtenstein et la jeune Szechenyi. Les deux pre-
mières croient déjà qu'elles l'ont pris dans leur filet; mais
les autres se rendent compte que, comme à Francfort et ail-
leurs, il ne s'agit là, pour Alexandre, que d'une pure affaire de
coquetterie.
En réalité, depuis qu'il est ici, il n'a passé quelques nuits
que chez la Bagration. Peut-être aussi Tchernitcheff (j'ai moi-
même entendu ce qu'il disait à ce propos confidentiellement à
Alexandre) lui a-t-il aussi procuré quelques filles de joie.
Je sors de chez l'impératrice Marie-Louise qui m'a reçu
très gracieusement. La Brignole (2), lorsque j'ai été seul avec |
elle, m'a parlé du désir de l'Impératrice d'avoir au moins
Parme. Bausset (3) a l'air très mécontent. Méneval (4) est
très lié avec la Brignole.
417. Vienne, 17 octobre 1814 (F. 2. 4014 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
Alexandre 1" et la comtesse Esterhazy, née Roisin. Mot de Talleyrand
sur l'attitude des souverains à son égard.
Sa Majesté l'Empereur de Russie paraît s'attacher à la
comtesse Esterhazy, née Roisin. Elle prétend qu'il n'y a pas
de prince plus aimable que ce monarque. « Il joint, dit-elle,
la vivacité française à la tranquillité russe, ce qui fait de Sa
Majesté l'homme le plus parfait. »
D'autre part Alexandre trouve que parmi les dames de la
haute noblesse il ne s'en trouve guère d'aussi attrayante par
sa conversation que la comtesse, ce qui ne manque pas de cau-
ser bien de la jalousie parmi ces dames.
1. Auersperg (Gabrielle, princesse, née Lobkowitz) (1793-1S63). Elle avait
épousé le prince Vincent Auersperg, mort peu de temps après son mariage
en 1812.
2. Dame du Palais de l'Impératrice, belle-sœur de Dalberg, morte à Schœi
brunn en mars 1815.
3. Préfet du Palais Impérial, il suivit Marie-Louise à Vienne.
4. Méneval (François-Claude, baron de) (1778-185*3) secrétaire du PortefeuiHj
de l'Empereur. D'abord secrétaire de Joseph, il entra en 1802 au cabinet
Napoléon. Baron de l'Empire en 1812, il fut nommé maître des requêtes j
même année.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 319
Talleyrand a dit chez le prince de Ligue : « Sa Majesté le
roi de Prusse me boude, l'empereur de Russie ne me dit rien
et Tempereur d'Autriche m'évite. »
418. Vienne, 16 octobre 1814 (F. 2. 4014 ad. 3565).
Parmi les nombreuses lettres interceptées et les chiffons ramassés à cette date
chez Dalberg (1) se trouvait, entre autres, la minute de la dépêche N° 3 bis
des ambassadeurs du Roi au Congrès au minis re des Affaires Étrangères,
de Vienne le 4 octobre 1814, publiée depuis par \e Duc de Broglie {Mémoi-
res du Princede Talleyrand. T. II, Pages 314-317), à l'exception du dernier
paragraphe ci-dessous, qui a du reste été simplement biffé sur l'Intercepta.
« Les deux lettres ci-jointes, n" 5 et 6, nous ont été remises
par S. A, R. Monseigneur le duc Antoine de Saxe pour être
remises à S. A. R. Madame la duchesse d'Angoulême. »
419. Vienne, 30 septembre 1814 (F. 2. 4014 ad 3565).
DALBERG à la DUCHESSE (2) (Intercepta).
Elle ne doit pas regi-etter de ne pas être à Vienne. Accueil qu'on lui a fait
et emploi de son temps.
J'ai reçu, ma chère amie, tes trois lettres jusqu^au 19 inclus.
Je me trouve maintenant presque établi, mais je t'assure que
tu n'as pas à regretter à ne pas être ici.
Massino (ou Messina) ? s'ennuie à ne pas savoir remplir sa
Ijournée. Il nV a aucune maison à Vienne qui accueille les
jétrangers et la cohue est si grande qu'elles ne le peuvent.
1, Les pièces qui suivent constituent l'ensemble des prises faites à ce
Inttoment chez Dalberg, tant en fait d' Intercepta que de Chiffons. Je n'ai pas
loru devoir suivre ici l'ordi-e strictement chi'onologique, parce qu'il m'a semblé
Iplus utile et plus intéressant de donner sans interruption toutes les lettres,
|tous les billets adressés aux mêmes personnes ou provenant des mêmes cor-
respondants.
2. Dalberg avait épousé le 27 février 1808, Marie-Pellegrina-Thérèse-Gathe-
ine de Brignole-Sale, fille du marquis deBrignole-Saleet d'Anne-Marie Gas-
pde-Vincenti Ficri, comtesse de Brignole et de l'Empire, La duchesse de
)alberg était la sœur du marquis de Bi'ignole, qui fut ambassadeur à Paris,
et de la comtesse Marescaldi.
320
AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Antoine (1) s'occupe beaucoup de ses affaires et je ne sais
pas encore s'il j réussira.
Ma vie se passe encore en visites, en audiences. Je ne vois
guère mes parents (2), dont l'accueil n'a pas été...
420.
Vienne, 17 octobre 1814 (F. 2. 4014 ad 3565).
DALBERG à la DUCHESSE {Intercepta).
A propos des lettres de Marescalchi. Conseils à lui donner,
Je te joins ici, ma chère amie, une lettre à notre excellent
Marescalchi (3). Il faut qu'il patiente. Tout dans ce pays-ci ne
se décide pas promptement. Le meilleur moment sera celui où
l'Empereur ira en Italie. Gela paraît décidé pour février. L'em-
pereur est un prince si juste et si équitable qu'il fera pour
Marescalchi ce qui lui a été promis.
421. Vienne, 17 octobre 1814 (F. 2. 4014 ad 3565,.
Ghiffon trouvé chez Dalberg.
Lettre adressée à Hedelhofer (Hôtel du duc de Dalberg-
25, Faubourg Saint-Honoré.
On désire savoir si le Duc veut réellement vendre son hôtel
avec ou sans meubles et à quel prix.
1. Il s'agit presque certainement ici du marquis de Brignole, son beau-frère.
2. Probablement une allusion à ses parents, les Schônborn.
3. A cette lettre, Dalberg avait joint une lettre quine figure naturellement
pas au dossier, puisqu'elle fut expédiée à la duchesse ; mais on y trouve en
revanche à l'état de Chiffons les deux lettres de Marescalchi qui inspirèrent
les réponses de Dalberg, et dont voici l'analyse. La première, en date de Bc^
logne le 1»' octobre (F. 2. 4138 ad 3565), est conçue en termes moins pressant
et a traitauméme sujet que la deuxième, également de Bologne, 5 octobre 1814
(F. 2. 4138 ad 3565) (Chiffons), dans laquelle Marescalchi s'adresse encore '
IDalbei'g et« réclame son traitement qu'on doit lui envoyer de Vienne et sa
« lequel il estperdu. Il est aux abois et retourne le lendemainà Parme pou
« y fêter la Saint- François ».
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 321
422. Vienne, 2 octobre 1814 (F. 2. 4014 ad 3565).
à DALBERG (signature illisible) [Chiffon).
D'un ami heureux de son arrivée à Vienne qui demande
à venir le voir entre midi et une heure, et se met à son entière
disposition.
423. Vienne, 6 octobre 1814 (F. 2. 4014 ad 3565).
COMTE DE L/EWENHIELM à DALBERG (Chiffon).
Plus connu de Dalberg que de Talleyrand, il lui demande à
quelle heure lui et Talleyrand pourront le recevoir.
424. Vienne, sans date, octobre 1814 ( F. 2. 4014 ad 3565).
GAGERN à DALBERG (Chiffon) (en français).
N'ayant pu accepter une invitation à dîner de Talleyrand
|i)Our dimanche, il s'est proposé pour mardi et désire savoir
*îl est engagé ou libre, le prince ne lui ayant dit ni oui ni
lion.
Vienne, 7 octobre 1814 (F. 2. 4014 ad 3565).
DALBERG à... (Chiffon).
Difficulté de la situation de la Légation de France
et surtout de la sienne propi'e.
[on séjour ici, ma Chère Amie, est placé sous des auspices
agréables. La Légation de France n'ayant d'autre direc-
lon que celle de plaider l'ordre, la justice et d'écarter les
ibitions, nous sommes fort maltraités.
Les fureurs allemandes se déchaînent contre moi pour prê-
ter une existence en France que la bassesse et la lâcheté
liS princes d'Allemagne m'ont forcé de choisir pour sauver
la fortune et pour être tranquille.
T. I. 21
322 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
426. Vienne, 7 octobre 1814 (F. 2. 4014 ad 3565).
DALHERG à W0YNA{1) {Intercepta).
Il le prévient qu'il a reçu sa lettre ici. « C'est la seule qui
« me s6it parvenue. Je ne peux rien faire pour vous être utile.
« Comme plénipotentiaire de hrance, nous sommes sans... »;
427. Vienne, 10 octobre 1814 (F. 2. 4014 ad 3565).
DALBERG à VITROLLES (2) (Chiffon),
Il l'assure de son amitié et le félicite de ne pas être
Vienne.
« L'Ambassade de France y a l'attitude la plus noble grâce
aux instructions du Roi parce qu'elle prêche la raison sans j
pouvoir se faire écouter ; mais tout le monde nous maltraite. » ^
M
428. Sans date (3) (F. 2. 4014 ad 3565). ■;
SENFFT à DALBERG (Chiffon).
Voici, mon cher Duc, la brochure que j'avais oublié de vousi
apporter ce matin. J'ai encore oublié de vous dire que les offi-
ciers saxons dont vous avez trouvé les noms dans le Beo-
%
fflS
k
1. Probablement un des trois frères de la princesse Caroline Jablonowska,
ou bien Félix (1788-1857) à ce moment lieutenant-colonel de cavalerie, l'un
des principaux acteurs du Carrousel du Congi'ès qui devint feld-maréchal-
lieutfnant; ou Maurice qui quitta le service comme colonel, ou plutôt Edouard,
à ce moment capitaine de cavalerie, aide de camp de Schwarzcnberg, qui
entra plus tard dans la diplomatie et qui devint lui aussi feld-maréchal-lies
tenant. (Voir pour ce dernier Poi ovtsoff, tome I, p. 271 et 291 et Mémoi
et correspondance du roi Jérôme et de la reine Catherine. Catherine à Jérôme, {.,• iT"
Trieste, 31 mars 1815). ^
2. Vitrolles (Eugène d'Arnaud, baron de) (1774-1854) chargé de soulever le 'fciai
Midi pendant les Cent-Jours, arrêté à Toulouse et emprisonné, délivré après ly:.
Waterloo, Ministre d'Etat le 19 septembre 1815.
3. II s'agit vraisemblablement ici du colonel von Miltitz et du lieutenant von - illi
Kleist, arrivés à Vienne le 11 octobre (Cf. Beobachter du 12 octobre). Le Chif- ' L: n,
fon ci-dessus serait dans ce cas, peut-être du mercredi 12, mais plus pro-
bablement du mercredi 19 octobre. ,..
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 323
hachter et qui sont venus joindre ici le prince Repnin, sont
les acolytes les plus zélés du Gouverneur russe et de M. de
Stein.
Senfft.
Mercredi.
429. Sans date (F. 2. 4014 ad 3565).
SOPHIE SGHŒNBORN (1) à DALBERG (Chiffon),
Je monte en voiture pour dîner dehors. Je t'ai attendu toute
a matinée. Je vais ce soir chez la duchesse de Sagan. Tâche
'y venir.
Sophie.
iSO. Sans date (F. 2. 4014 ad 3565).
SOPHIE à DALBERG (Chiffon).
En rentrant, je reçois ton message, mon ami. Je suis très
Qnuyée de ne pas te voir. J'ai couru toute la matinée. Avec
la jeunesse il faut être curieuse. As-tu le temps de venir à
heures? Peut-être nous trouveras-tu à notre frugal dîner,
lais tu ne t'en formaliseras pas. Adieu, je t'embrasse.
11. Sans date (F. 2. 4014 ad 3565).
MARIE SCHCENBORN à DALBERG
Maman empêchée de vous répondre me charge de vous dire
]fc*€lle serait heureuse de voir les marchandises de votre valet
chambre et vous prie de l'envoyer, si possible, demain
[in chez Louise un peu de bonne heure, étant obligée de
une toilette pour aller à la Cour à midi. Elle est fâchée
\Q pas vous voir aujourd'hui.
Comtesse Sophie Schônborn, cousine de Dalberg.
324 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
432. Sans date (F. 2. 4014 ad 3561).
DALBERG à M"« la comtesse MARIE DE SGHŒNBORN
(chiffon) .
Votre écriture, ma chère petite cousine, est jolie comme vous. |i
Le marchand, qui vous porte de quoi vous parer, n'est pas unj|
valet de chambre à moi, mais à M"* de Courlande, et voi
voudrez bien ne point vous vanter de l'avoir vu pour ne pas-^
me brouiller avec les dames. Recevez mes sincères hommages.
Dalberg.
433. Sans date (F. 2. 4014 af 3635).
.... à DALBERG (chifTon).
Je ne puis me promener avec toi, mon ami. Je couds les bro-
deries pour parer ma jolie Sophie que je vais mener au bal
du glorieux. Gela m'excusera, j'espère, à tes yeux. Viens, si
tu peux, vers 1 h. 1/2. Je voudrais te remercier de ce que tu
fais pour ma protégée.
434. Sans date (F. 2. 4014 ad 3565).
.... à DALBERG (chiffon).
Dimanche 4 heures.
er
Mon cher ami, j'arrive de Schœnbrunn où j'ai annoncé votre
visite à ma mère pour demain matin. Je ne pourrai aller avec
vous, l'Impératrice m'ayant invité pour le soir à dîner. Mais
vous pouvez y aller seul. Si cependant vous préférez y aller irn
avec moi, je serai à votre disposition mercredi matin à 9 h. 1/2.
Adieu.
37.
435. Sans date. Octobre 1914 (F. 2. 4014 ad 3565).
MARIA à DALBERG (chiffon).
J'ai un dîner à 2 heures, mon ami, et je dois sortir à midi.
Puisqu'il y a déjà des Messieurs de la suite du grand-duc
d'arrivés, je tâcherai déjà de te trouver, supposant que tu dînes
chez Sophie. Maria.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 325
436. Vienne, 19 octobre 1814 (F. 2.4309 ad 3565).
HAGER à l'EMPEREUR
Rapport et bordereau du 19 octobre 1914.
Résumé des rapports des agents chargés de la surveillance de ;
Stein (18 octobre) : ses occupations, ses entretiens avec le
colonel Von Miltitz, ses conférences avec Nesselrode et Wol-
ionsky.
Czartorysky : ses nombreuses visites à Talleyrand. Il écrit
beaucoup la nuit.
Hardenberg (17 octobre): ses conférences avec Stein et le
3olonel von Miltitz. Il travaille avec Staegemann (1), Zerboni
li Sposetti et Jordan jusqu'à 3 heures et reçoit dans Tinter-
/alle deux lettres de Stein.
Wrede (14 et 15 octobre) : On a placé des émissaires chez
ui, chez Rechberg et chez le secrétaire d'ambassade von
5teinlein.
Le Prince Eugène (17 octobre) : Il a été chez Wrede, qu'il
l'a pas trouvé et auquel il a laissé une lettre. Le soir M''«D...
àent lui rendre visite, mais le prince était sorti avec Goupy.
Duc de Roccaromana (17 octobre). Il devait partir dans la
mit du 17 au 18 et avait dîné,il y a quelques jours, chez Met-
jernich qui lui a offert une tabatière ornée de diamants.
I Talleyrand et Dalberg (15-17 octobre) ; Difficultés que pré-
ente leur surveillance. Dalberg a reçu un fort courrier dans
a nuit du 15 au 16. Chez Talleyrand, on dispose maintenant
'un vieux domestique qui a déjà été au service de trois am-
assadeurs de France et d'un garçon de chancellerie qui a déjà
vré des chiffons provenant du bureau de Talleyrand.
37. Vienne, 18 octobre 1814 (F. 2. 4307 ad 3565).
Rapport à HAGER (analyse).
Arrivée du Colonel Roberti envoyé en courrier
par le Roi de Sardaigne à Saint-Marsan.
Le Comte Philippe... de Pirano, Capitaine d'artillerie ita-
5nne, habitant Vienne depuis trois mois, a fait connaître à
1. Staegemann 'Frédéric- Auguste de) (1763-1840) Conseiller de finances de-
lis 1806. Homme d'Etat et poète.
ir
326 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
tous ses amis les noms des agents au service de la police (ita-
lienne) et nous a signalé comme tels, Pagliaci, Brunacci, le l^;'
marquis Brigido,et un certain Pietro Gurtio qu'on avait placé '
comme domestique auprès de lui (l'agent).
438. Vienne, 18 octobre 1814 (F. 2. 4309 ad 3565^
SIGARD (J. von Schm.. ) à HAGER (analyse). i
Rapport sur le départ du duc de Roccaromana et sur la mis-
sion à Vienne du prince d'Alliano, aide de camp de Murât qui
a apporté des instructions au Prince Cariati.
Alliano prétend que le peuple de Naples est très attaché à
Murât qui se défendra à outrance si on l'y oblige.
439. Vienne, 17 octobre 1814 (F. 2. 4309 ad 3565).
SGHMIDT à HAGER
Difficultés de la surveillance de Talleyrand et de Dalberg. Mesures prises
pour l'assurer. Rien à espérer des hôtes de l'ambassade.
Quiconque connaît un peu le caractère de Talleyrand et se
donnera en outre la peine de tenir compte de la disposition
de sa maison (1), comprendra du même coup les difficultés que
présente l'établissement d'une surveillance sérieuse du prince
et de ses faits et gestes. La maison n'est rien moins mainte-
nant qu'une espèce de place forte, dans laquelle il tient garni-
son avec les seuls individus dont il se croit sûr. Malgré cela,
on a cependant fini par pouvoir intercepter quelques pièces î
sortant de ses bureaux. On a de plus réussi à gagner un vieux ,
domestique qui a déjà été au service de trois ambassadeurs de j
France, ainsi qu'un gardien ou garçon de chancellerie, grâce
auquel on a pu se procurer quelques papiers déchirés trouvés
dans le bureau même de Talleyrand. 'WÊl
1. L'hôtel de l'Ambassade était situé au centre de la ville dans la .lohannes
Gasse, à deux pas de Saint-Etienne et de la Kœrntnerstrasse.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 327
11 n'y a guère rien à espérer pour la police du côté des vi-
siteurs ou des invités du prince. Ce sont, ou des diplomates
étrangers qui ne sont préoccupés que de leurs propres inté-
rêts, ou bien des fonctionnaires ou diplomates d'ici, qui sont
déjà gagnés par d'autres et complètement à la discrétion de
ces hauts personnages. En attendant, voici les principales vi-
sites que Talleyrand a reçues pendant les deux derniers jours :
le capitaine (russe) Mohrenheim, le baron Gagern (qui est
resté longtemps avec lui), le prince de Hohenlohe-Bartenstein,
Labrador, Machado, les comtes Benzel, Pappenheim, Tchernit-
cheff, Pozzo di Borgo, Castelalfer (1) et Salmour, RuPPo, Zerle-
der, Wieland, Reinhard,Montenach, le comte Glarj (2), Schu-
lenburg, Gentz, le comte Bethusy (3), lord Stewart, le comte
TrauttmansdorlT, le prince Wenzel Liechtenstein, d'Ivernois.
Chez Dalberg, on se heurte aux mêmes difficultés que chez
Talleyrand. Il habite la même maison, et de plus il est alle-
mand et connaît à fond la ville et le terrain sur lequel il opère.
440. Vienne, 10 octobre 1814 (F. 2. 4309 ad 3365).
Rapport à HAGER (analyse).
La France, cause de la remise du Congrès. Le royaume de Hanovre. Le grand-
duché de Hesse. La France et la frontière du Rhin.
La remise du Congrès a été causée par Tobstination de la
France au sujet des questions des Pays-Bas, de Pologne et de
Parme.
On dit que Télectorat de Hanovre deviendra un royaume
et l'électorat de Hesse, un grand-duché. Mais on ne s'occu-
pera de l'Allemagne qu'après le règlement des grandes affaires.
On affirme enfin que la France prétend avoir le Rhin pour
frontière.
1. Castelalfer (Carlo Amico di) 1758-1832) Ministre plénipotentiaire à
Naples (1780), à Florence (1793', à Vienne (1774), à Berlin (1814), puis de
nouveau à Florence (1837). Ministre d'Etat (1818) et Grand-Croix des saints
Maurice et Lazare.
2. Chambellan de l'Empereur et directeur des bâtiments impériaux.
3. Le comteBethusy passait pour être le chef de la police secrète prussienne.
328 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
441. Vienne, 18 octobre 1814 (F. 2. 4321 ad 3565).
e © à HAGER
La France, la Bavière, Bade et Wurtemberg... Le dîner du 17 chez Stackel-
berg. Signification qu'on lui attribue.
Pour le moment la France a réussi à gagner complètement
la Bavière, Bade et le Wurtemberg.
Talleyrand, Dalberg, Castlereagh, Wrede, Palmella, Hum-
boldt, Razoumoffsky, trente-six personnes en tout, ont diné
hier 17 chez Stackelberg. On croit voir dans ce dîner le symp-
tôme d'un rapprochement entre les Russes et les Français.
442. Vienne, 18 octobre 1814 (F. 2. 4321 ad 3565).
Rapport à HAGER
Mécontentement de la France au sujet des questions de Saxe et de Pologne.
La princesse Bagralion et le prince Charles de Bavière,
On prétend qu'on s'est mis d'accord sur les affaires de Po-
logne et de Saxe, et l'ambassade de France ne serait guère sa-
tisfaite de cet arrangement.
On raconte que la princesse Bagration aurait, il y a quel-
ques jours, passé toute une matinée avec le jeune prince
Charles de Bavière de plus en plus épris d'elle.
Série de pièces relatives à l'expulsion de Beliio et à
la perquisition faite chez lui dans la nuit du 1 7 au
I 8 octobre
443. Vienne, 20 octobre 1814 (F. 2. 4057 ad 3565),
HAGER à METTERxNIGH (1) (en allemand) (analyse).
II lui expose de nouveau les raisons pour lesquelles il croit
nécessaire d'expulser Beliio, Tagent du prince de Valachie,
1. Bien que cette pièce soit datée du 20 octobre, j'ai cru bien faire enla^'
plaçant avant les autres papiers trouvés chez Beliio, parce qu'elle fournit, ea j^.
même temps que les motifs, l'explication, d'abord de cette perquisition, puis de
l'expulsion de l'agent officiel de l'hospodar de Valachie.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 329
chargé d'expédier les dépêches de Gentz à l'Hospodar. Cet
individu avait fait confectionner un duplicata du cachet de
Gentz, afin de pouvoir ouvrir et refermer ses lettres. Il en
était de même pour les lettres du prince. Il est donc probable
qu'il ne procédait de la sorte que parce qu'il communiquait
les correspondances à des tiers. Il était en outre en possession
d'un Mémoire détaillé sur la Pologne (1), qui contenait, entre
autres, des données et des appréciations sur le caractère et sur
les intentions de l'Empereur Alexandre, mémoire qui est pro-
bablement l'œuvre de Gentz ou de quelque haut fonctionnaire
du gouvernement autrichien.
j Bellio lui (à Hager) avait déjà inspiré des soupçons lorsqu'il
ivint à Prague lui offrir ses services. Hager insiste en outre
jsur les relations de Bellio avec le prince Ypsilanti (2), un de
ises compatriotes faisant partie de la suite de l'empereur
[Alexandre.
; Il fait encore remarquer que Bellio a essayé, en se servant
à cet effet du mémoire sur la Pologne, de s'aboucher d'abord
avec le prince Wolkonsky et qu'un peu plus tard il voulait
adresser à cet effet à la princesse Bagration une lettre qui a
été saisie {',]).
On a par conséquent jugé nécessaire de faire une descente
hez lui dans la nuit du 17 au 18 octobre, de s'assurer de sa
personne et de saisir ses papiers.
Hager constate à ce propos que Bellio a fait preuve à ce
noment d'une indifférence absolue. 11 insiste sur le fait que
e mémoire de Gentz est très compromettant pour l'Autriche
ît appelle l'attention de Metternich sur une lettre (non expé-
|liée) de Bellio à Wolkonsky, en date du 11 octobre, ayant pour
|)bjet d'obtenir une audience de l'empereur Alexandre. Bellio
e l'avait pas expédiée, parce qu'il croyait plus efficace de
'adresser à la princesse Bagration, qui est au service de la
ussie et à laquelle il se disposait à écrire le 19.
]'était le mémoire même du 18 août que Metternich avait approuvé (Cf.
trreich's Theilnahme, etc., p. 384-399).
[Ypsilanti (Alexandre), (1792-1828, à ce moment aidede camp d'Alexandre,
f Pièce 444.
330 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
444. Vienne, 17 octobre 1814 (F. 2. 4321 ad 3565 .
Rapport à HAGER (en français).
Renseignements sur Bellio, sur las instructions que celui-ci lui a données,
sur ses nouvelles intentions.
Monseigneur, je commence par demander pardon à Votre
Excellence, de ne pas avoir annoncé hier que la rédaction de
la lettre avait été différée hier sous différents prétextes, selon
les ordres dont Monseigneur m'avait honoré avant-hier soir.
Notre homme a changé d'avis en tant qu'il croit agir plus
sûrement en s'adressant à M"" la princesse Bagration pour
parvenir par son canal aux pieds de l'Empereur de Russie. Je
dois me trouver ce matin à neuf heures chez lui pour rédiger
la lettre II loge au Stock im Eisen n° 613, au troisième étage,
chez le baron Schloissnig et a une entrée séparée.
445. Vienne, 11 octobre 1814 (F. 2. 4051 ad 3565;.
GENÏZau Prince de VALAGHIE (I) {Intercepta) (en français).
Lettre saisie chez Bellio dans .la nuit du 17 au 18.
La situation politique. La Pologne. La Saxe. La Bavière.
L'attitude de la France.
La situation politique est toujours pour le gros des objets
qui restent à régler la même et la marche des affaires ne s'est
nullement accélérée et améliorée, comme il est constaté par
l'acte de déclaration (2), qui doit émaner sous peu de jours et
dont j'ai l'honneur de joindre une copie.
Le sort de la Pologne et de la Saxe continue d'être l'objet
principal de l'attention des plénipotentiaires des grandes puis-
sances, sans avoir été pour cela le sujet des négociations qui
ont eu lieu jusqu'ici. La Russie ne s'est pas encore pronon-
1. Cette pièce semble inédite, ou du moins, on ne la trouve ni dans OestfiT'
reich's Theilnalune, ni dans les dépêches publiées par Prokesch'Osten ,
2, La déclaration du 8, publiée le 12 octobre.
m
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 331
cée formellement sur la Pologne ; mais le langage, qu'elle
tient hors des conférences, ne laisse aucun doute qu'elle n'est
nullement disposée à lâcher prise, ni même à modérer ses pré-
tentions.
Le grand-duc Constantin, qui est ici depuis quelques jours,
vient d'être nommé Gouverneur du Duché de Varsovie. Cette
question n'a pas encore été traitée officiellement, et on évite
d'en parler pour laisser venir les Plénipotentiaires de la Rus-
sie, qui semblent vouloir laisser l'initiative à l'Autriche, où
cet article arrête la marche de tout.
La question de la Saxe, qui dépend de l'issue de celle de
la Pologne, n'est pas abordée non plus et offre les mêmes dif-
ficultés.
Il n'est pas question en ce moment de Naples, ni d'aucun
autre objet, tout étant considéré comme secondaire, et devant
céder aux deux grands points de la Pologne et de la Saxe.
On a également délibéré sur l'agrandissement de la Bavière
et sur la question s'il fallait en étendre les frontières et lui
assigner la forteresse de Mayence,
Il reste toujours certain que la France n'acquiescera à aucun
arrangement sur la Pologne et la Saxe, même dans le cas que
l'Autriche, la Russie, la Prusse et l'Angleterre conviennent
sur les partages à faire dans ces pays. Donc l'issue du Con-
grès est toujours fort incertaine.
446. Vienne, 15 octobre 1814 (F. 2. 4309 ad 3565).
BELLIO au Prince de VALAGHIE (en français).
Dépêche saisie lors de la perquisition faite chez lui dans la nuit du 17 au 18.
La situation. La Russie et la Pologne. L'Autriche et la Prusse. L'attitude
de Talleyrand (?)... La politique de l'Autriche.
Rien de changé dans la situation des affaires relativement
aux résultats que les négociations actuelles devront amener.
La Russie continuant à témoigner la ferme volonté de ne pas
se dessaisir de la Pologne,lord Castlereagh écrivit avant-hier(l)
1. Cf. d'ANGEBEHG, 280-288. Lettre de Lord Castlereagh à l'Empereur
Alexandre, au sujet de la Pologne. Vienne, 12 octobre 1814 et mémorandum
annexé à la lettre précédente et Ibidem, 291-293. Mémorandum de lord Castle-
reagh au sujet de la situation de l'Autriche et de la Prusse en présence des
prétentions de la Kussie sur la Pologne. Vienne, 14 octobre 1814.
332 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
à rKmpereur de Russie une lettre pour lui offrir la médiation
de l'Angleterre dans les négociations qui doivent terminer
cette lutte entre TAutriche et la Russie et amener une issue
qui puisse convenir aux deux parties. L'Empereur se rendit en
personne chez lord Castlereagh (1) et témoigna dans une ré-
ponse verbale la résolution de ne rien restituer et de rester
en possession définitive du duché de Varsovie. Il espère cepen-
dant pouvoir, à la fin, effectuer quelque chose et voir aban-
donné une partie du plan d'agrandissement que la Russie s'était
fait.
Pour détacher la Prusse de la Russie et la lier à sa cause
et à la modération, l'Autriche s'est décidée à consentir que la
Prusse ait une partie de la Saxe, et cela en tout cas.
Le Plénipotentiaire de France ne s'est pas encore déclaré
catégoriquement sur cette cession d'une partie de la Saxe ;
mais à en juger par ses discours, il y donnera son assentiment.
Si la Russie persistait dans la résolution d'acquérir le duché
de Varsovie en entier, sans laisser quelque partie de la Po-
logne à la Prusse et à l'Autriche, on paraît fixé d'abandonner
en entier la Saxe à la Prusse et de s'opposer de tous les moyens
à la Russie, ce qui pourrait amener des scènes sanglantes.
Si la Russie rentrait dans les limites de l'équité et de la
modération, le tout se terminerait de suite à l'amiable, sup-
posé même que la France s'y opposât.
On a choisi de la part de l'Autriche entre deux maux le
moindre, et on a préféré voir une partie de la Saxe entre les
mains de la Prusse que consentir à l'envahissement de toute
la Pologne par la Russie.
Dieu veuille qu'on ne se trompe pas et que la Prusse ne
tienne pas toujours en secret plus à la Russie, qui lui offrait
de gré toute la Saxe, qu'à l'Autriche, qui ne consent qu'à
regret, et au pis aller à ce sacrifice (2).
1. L'Empereur Alexandre se rendit chez lord Castlereagh, le jeudi 13 oc-
tobre. (Cf. Gentz. Tncfebûcher, 318). Pour les détails relatifs à cette visite
d'Alexandre et au mémorandum que lord Castlereagh lui remit, Cf. Tal-
leyrand au roi. Vienne, 17 octobre 1814. (Dépêche n" 6 dans Pallain, Corres-
pondance inédite, 50-60).
2. Le professeur Fournier ayant publié in extenso la dépêche que Gentz
adressa à Karadja pour lui rendre compte de ce qui venait d'arriver à
Bellio, j'ai jugé inutile de reproduire ici cette dépêche qu'on trouvera (tra-
duite en allemand) dans la Deutsche Revue de septembre 1912, p. 325-327 et
à la fin du court, mais fort intéressant, article que le savant écrivain a con-
sacré à Gentz et à Bellio.
LES PRÉLIMOAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 333
En réponse à la lettre du 24 septembre par rapport aux vues
de la Russie sur la Moldavie et la Valachie, j'ai l'honneur
d'assurer Votre Altesse que la Russie n'a pas manifesté le
désir d'avoir ces provinces, et qu'ici, comme ailleurs et en tout
temps, elle sera contre-balancée dans ses projets par l'Autriche
qui soutiendra toujours la Porte Ottomane. Il n'est cependant
pas douteux que la Russie convoite avec ardeur ces pays, et
qu'à la première occasion elle ne manquerapas de suivre son plan
pour s'en rendre maîtresse, ce que toute l'acquisition en Po-
logne ne peut que faciliter. Ces différends politiques ne troublent
cependant nullement l'accord personnel qui règne entre les
souverains assemblés ici.
Le départ des souverains est toujours fixé au 5 novembre.
Si on est convenu sur les articles qui concernent la Pologne
et la Saxe avant ce terme, les autres affaires se termineront
avec rapidité et sans difficulté.
447. Vienne, 20 octobre 1814 (F, 2. 4321 ad 3565).
HAGER à L'ExMPEREUR
Rapport et Bordereau du 20 octobre.
19 Octobre. Arrivée à Vienne d'un certain Karski, venant de
Paris, porteur de lettres pour les Polonais et chaudement re-
commandé à l'ambassade de France, où il a été ainsi que chez
Lubomirski(l).
J'ai su par le prince Lubomirski que la France s'opposera
lu partage du grand-duché de Varsovie.
148. Vienne, 19 octobre 1814 (F. 2. 4321 ad 3565).
Résumé
Rapports sur la surveillance de Gastlereagh ( 18 octobre), Stac-
telberg (dîner du 17), Anstett, La Harpe, Stein, Radziw^ill,
1. Cf. Rapport de l'agent 0. Pièce 450.
334 AUTOUR DU CO>'GRÈS DE VIENNE
Thurn et Taxis, des ministres de Bade, du prince de Tarente,
Talleyrand, Goupy, du prince Eugène (en visite le 17 chez
Marie-Louise à Schœnbrunn, chez laquelle il est resté de 7 à
11 heures du soir), Razoumofîski, Joséphine Wolters (Wol-
konsky continue à la voir, mais moins souvent. En revanche,
son aide de camp Dotkhowski est très assidu auprès d'elle).
449. Vienne, 19 octobre 1814 (F. 2. 4321 ad 3565).
Analyse de quelques-unes des lettres interceptées de :
Hardenberg à Wessenberg (un gros paquet contenant des
volumes sur la Prusse sous Frédéric II et en 1807, et une
brochure).
Richards à Clarke, Londres, 18 août.
Anonyme à Sidney-Smith, 13 août.
Plus un gros paquet adressé à Hardenberg, contenant des
dépêches chiffrées et des journaux.
450. Vienne, 19 octobre 1814. (F. 2. 4322 ad 3565).
0... à HAGER (en français).
Les Polonais. Le prince Eugène, Gzartoryski, Lubomirski.
Les bustes d'Alexandre et les perruquiers.
Les Polonais, qui, il y a peu de temps encore, idolâtraient le
prince Eugène Beauharnais, sont en ce moment un peu irrités
contre lui, parce qu'il a refusé une audience à plusieurs Polo-
nais qui avaient servi sous ses ordres.
Le prince Adam Gzartoryski continue d'être le soutien de
leurs espérances, mais il est peu visible pour ses compatriotes.
Geux-ci communiquaient avec lui par le moyen du prince Henri
Lubomirski, qui les voit et paraît être très actif.
Un officier russe de la suite de l'Empereur a fait la remarque
que deux perruquiers, dont l'un sur la place de Saint-Etienne,
vis-à-vis de l'Eglise, l'autre dans la Schwertgasse pour aller
de la Hohe Brûcke à Maria Stiegen, ont les bustes de l'Em-
pereur Alexandre devant leur boutique pour servir de Per-
rïickenstï(cke (mannequins pour les perruques). Il a trouvé que
c'était très indécent.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 335
451. Vienne, 19 octobre 1814 (F. 2. 4321 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
Arrivée à Vienne et surveillance, à la demande de Spaen, des Belges hostiles
à la réunion de leur pays avec la Hollande.
Le Baron Spaen, ministre de Hollande, s'inquiète des agis-
sements de Talleyrand et de l'arrivée de quatre nouveaux
! Belges, tous hostiles à la Hollande, dont Stassart (1), le der-
nier préfet de La Haye, jacobin très exalté pendant la Révo-
lution, puis partisan, serviteur et admirateur de Napoléon, de
la même trempe que le Procureur général impérial Daniels.
D'accord avec Spaen et sur l'ordre de Hager, on les fait
surveiller par un ancien conseiller du conseil de Namur, Per-
son, tout dévoué au prince d'Orange (2).
L'agent, qui adresse ce rapport, a déjà réussi à nouer des re-
lations avec les trois autres Belges.
452. Vienne, 19 octobre 1814 (F. 2. 4487 ad 3565)
PIQUOT (Conseiller de légation prussien) àX... (à Weimar)
(Intercepta) (en français) (analyse).
Envoi de la copie d'une lettre relative à un incident survenu en Suisse.
Lienteur de la marche des affaires. La Saxe, les Prussiens et les Russes.
Des gens de Fribourg, accusés de complot contre le Gou-
vernement arrêtés à Berne, ont été trouvés porteurs de pas-
seports autrichiens,
1. Stassart (Joseph- Auguste Goswin, baron de) (1780-1854). Né à Malines, il
~|:tudia le droit à Paris. Auditeur au Conseil d'Etat (1804). Intendant dans le
[■yrol (1805), puis dans la Prusse Orientale et à Berlin, en remplacement de
lignon (1808). Rentré en France et d'abord sous-préfet d'Orange, puis préfet
fce Vaucluse (1809) et des Bouches de la Meuse (1813). Revenu à Paris après
foccupation de ce département par les Alliés, il fut attaché au service de Jo-
eph. Il se rendit ensuite en Autriche où il devint Chambellan de l'Empe-
jur François. Revenu eu Belgique en février 1815, il olTrit ses services à
ïapoléon qui l'envoya auprès de l'Empereur d'Autriche porteur d'une lettre
lutographe {Correspondance, t. XVIII, 21753, Paris, 1" avril 1815), mais il ne
|ul dépasser Linz. Revenu à Paris, il fut nommé Maître des Requêtes au Con-
sil d'Etat. Il fut ensuite, d'abord député aux Etats Généraux des Pays-Bas
Jl821-1830;, puis membre du Congrès National de Belgique (1830), gouverneur
les provinces de Namur (1830) et du Brabant (1834-1839), membre du Sénat
|ëlge (1831-1847) et enfin président de cette assemblée.
2. Guillaume I*' (1 772-1843) fils du stathouder perpétuel Guillaume V de Nas-
m. Il abandonna la Hollande envahie par les Français (1795) et n'y revint
33G AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Piquot ajoute : « Les affaires du Congrès avancent lente-
ment, mais cependant on a tout lieu d'espérer que tout sera
prêt pour la date de son ouverture et qu'alors tout tendra à
un terme définitif. »
L'agent fait connaître en outre que Piquot vient d'annoncer
confidentiellement à un de ses amis que les Russes évacuent la
Saxe qui va être occupée par les Prussiens.
453. Vienne, 18 octobre 1814 (F. 2. 4321 ad 3565).
LCEWENHIELM (1) à son frère (à Stockholm) {Intercepta).
Le Congrès et les causes de la déclaration. Ce qu'il prévoit. L'Empereur et
l'Impératrice d'Autriche. Le Roi de Danemark. Les gaffes de Bildt avec
les Rois de Bavière et de Danemark.
Pour te donner une petite précision diplomatique, à laquelle
tu as droit comme frère de diplomate et diplomate toi-même,
je te dirai que jusqu'à présent le Congrès ne s'est point assem-
blé en forme. Tu auras vu peut-être une déclaration dans
toutes les gazettes de l'Europe qui le proroge jusqu'au 1°'" no.
vembre (2). Cette déclaration, dont je suis coupable, pour un
huitième ou un dixième peut-être, est un modèle d'incohérence
et de fausse logique. Mais c'est ainsi qu'il le fallait pour évi-
ter de toucher à d'autres questions délicates par une simple
déclaration préalable. On ne Fa pas signée pour éviter toutes
questions de rang et de préférence jusqu'au moment terrible
où il faudra les vider.
Dieu veuille que les membres du Congrès ne fassent pas
alors comme les pères du Concile de Nicée, qui décidèrent la
question de la Trinité à grands coups de poings. Pour moi,
qu'en 1813. Prince d'Orange, il porta le titre de prince souverain des Pro-
vinces Unies jusqu'au moment où il fut déclaré roi des Pays-Bas. La Bel-
gique lui échappa en 1830.
1. Lœwenhieîm (Gustave-Charles-Frédéric) (1771-1856), était aux côtés de Gus-
tave III, lorsque ce prince fut assassiné en 1792. Fait prisonnier dans la guerre
de Finlande (1808), aide de camp de Bernadotte, il quitta en 1814 l'armée
pour entrer dans la diplomatie et fut ensuite ambassadeur à Paris jusqu'à sa
mort.
2. Cf. d'ANGEBE«G, I. 272. Déclaration du 8 octobre.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 337
j'ai déjà avisé l'adversaire que je choisis. C'est le faible et dé-
bile Humboldt, aussi faible de corps que fort d'esprit.
En attendant le 1" novembre, on négocie confidentiellement,
et en dépit des différences de vues et de principe, on finira
par se rapprocher. Ce qui y contribue beaucoup, c'est que la
puissance, dont les prétentions sont les plus fortes, a donné
à ses plénipotentiaires 400.000 hommes prêts à les aider.
Quant à la famille impériale d'Autriche, elle est en général
très affable. L'Empereur a sa bonhomie qui enchante autant
que la justesse de son esprit. L'Impératrice est belle encore et
toujours aimable.
J'ai été à l'audience de la blonde Majesté (le Danemark) qui
m'a entretenu, comme de raison, de la pluie et du beau temps.
M. de Bildt (1) y a été aussi fin et attentif, comme il est, à
toujours dire des choses spirituelles. Avec cette facilité que
tu lui connais, il rappela au roi des Danois qu'il y avait seize
ans qu'ils ne s^étaient vus, en ajoutant avec un soupir tendre :
« Il s'est passé bien des événements depuis. »
A quoi, le roi répondit très sèchement : « Il se passe des
événements tous les jours ». Etiam S. M. habet raison.
Bildt a été tout aussi malheureux avec le roi de Bavière, qui
lui demandait comment l'union de la Norvège à la Suède allait
s'effectuer. Il lui répondit spirituellement (et sans aucun fon-
dement) : « Ils auront une espèce de constitution à eux, et
cela sera à peu près comme le Tyrol et la Bavière. *
Il est absolument incroyable dans ses bêtises, et c'est en
vérité un meurtre de l'employer à d'autres missions qu'à celle
qui remplacera Ratisbonne et qu'on croit devoir être tenue à
iFrancfort.
154. Vienne, 19 octobre 1814 (F. 2. 4321 ad 3565).
LŒWENHIELM au prince Roval de SUÈDE (Bernadette)
(intercepta) (en français)
jcttre pleine de basses flatteries se terminant par ces mots :
[« Le reste de l'Europe s'agite en ce moment en tout sens
Ministre résident de Suède à Vienne.
T. 1. 22
338
AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
pour chercher une assiette dont nous jouissons. De nouveaux
calculs sont substitués aux anciens pour avoir des bases plus
solides. D'anciens Etats vont disparaître. L'Allemagne chan-
gera encore de face... Cet état de fluctuation du Continent ren-
dra la Suède doublement reconnaissante du bonheur qu'elle
doit à votre Altesse Rovale. »
455.
Vienne, 21 octobre 1814 (F. 2. 4057 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR
Bordereau journalier et rapport du 21 octobre. j
Il appelle son attention sur les lettres interceptées de Tcher- f
nitcheff (?) écrites à l'encre sympathique (1), dont l'une est
relative à une liaison amoureuse qu'on prête à l'Empereur
Alexandre avec M"" Bethmann, et sur celles de la Légation de |
Sardaigne à Londres relatives à la Savoie. '
Note en réponse de l'Empereur François, faisant connaître à
Hager qu'il garde les chiffons et les pièces pour les communi-
quer à Metternich qui se chargera de les lui retourner en temps^
utile.
'f
m;
456.
Vienne, 20 octobre 1859 (F. 2. 4057 ad 3565).
Rapports à HAGER
Sur la surveillance de :
Gariati (18 et 19 octobre), Aldini, prince Eugène (visite chez
Isabey) le Nonce, La Harpe, Anstett, Ojarowski, Tchernitcheff,
Stein (de plus en plus mécontent de l'échec de ses projetsïÉ
Gaertner, Bartholdi (qui reçoit des lettres sous le couvert d' Arni
tein et Eskeles et les communique au secrétaire d'Hardenber{
1. Voir plus loin le bordereau du 26 novembre, une lettre interceptée
date du 23 novembre et un autre bordereau en date du 14 mai 1815, tousdeti
ayant trait au même sujet.
«ailé
la!**
LES PRÉLI.VUNAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 339
Hardenberg, l'abbé de St-Gallen (1), Miltitz, Marie-Louise (qui
reçut le 18 la visite du prince Antoine de Saxe, le 19 celle du
Palatin. Le même jour elle a été voir son frère et Tarchidu-
chesse Béatrix. Le soir, elle a reçu le roi de Wurtemberg et le
Grand-duc de Bade. Bausset a informé les domestiques fran-
çais qu'ils seraient congédiés sous peu et renvoyés en France).
457. Vienne, 20 octobre 1814 (F. 2. 4351 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
L'Empereur Alexandre, son appréciation sur la fête militaire (la parade)
du 18 octobre et le bal de Metternich.
Alexandre, qui a été enchanté de la fête militaire (2) du 18,
dit au bal de Metternich à la princesse Paul Esterhazy : « La
fête est belle, mais après celle de ce matin, on ne devrait
pas en donner d'autre. Le bal est beau. La salle est grande
et belle. Mais il y a toujours de la diplomatie là-dedans, et
je n'aime pas ce qui est faux. »
Il a dit la même chose à Razoumoffsky (c'est l'archiduc Fer-
linand qui l'a entendu) à propos du bal. « C'était bien, mais
I j'y ai vu trop de diplomates, et ces figures m'ennuient. »
Razoumoffsky dit alors : « Eh bien ! je suis bien aise de le
[savoir. J'inviterai à mon bal pour faire plaisir à Votre Ma-
jesté une compagnie de Son Régiment. »
Le prince Abbé de St-Gall, venu pour faire valoir ses droits à une in-
lité, obtint par Tart. IX de la Déclaration insérée au protocole du Congrès
ice du 29 mars 1815) Annexe n" 11 de l'acte du CoTigrès signé à Vienne
jnars 1813) « la reconnaissance pour lui d'une eicistence honorable et
lépendante, garantie par le payement par le canton de St-Gall d'une pen-
In viagère de 6.000 florins d'Empire et d'une pension viagère de 2 000 florins
39 emploj'és ».
A la suite du Te Deuin et de la ^ande revue qu'on passa au Prater,
jereur d'Autriche avait offert au Lusthaus un grand banquet aux Souve-
|is, aux généraux et aux chefs de corps. Pour les détails de cette revue,
^BObBchler du 20 octobre, paçe 1596.
340 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
458. Vienne, 20 octobre 1804 (F. 2. 4057 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
La durée du séjour d'Alexandre à Vienne dépend des affaires de Saxe et de
Pologne. L'Autriche et la Saxe. Gzartoryski et les annexions de la Pologne
L'attribution probable d'une partie du Limbourg et du pays de Liège à la
Maison d'Orange.
Alexandre restera ici jusqu'à ce qu'il ait reconnu l'impos-
sibilité défaire accepter ses vues sur la Pologne et rAllemagne.'
Il espère que l'Autriche cédera sur la Saxe. On dit que, mal-
gré la résistance du cabinet russe, Gzartoryski a obtenu
d'Alexandre la réunion à la nouvelle Pologne russe de la Li-
thuanie et de la Volhynie.
La Prusse et l'Angleterre seraient d'accord pour attribuer
à la Maison d'Orange la portion des territoires de Liège et du f
Limbourg situés sur la droite de la Meuse.
459. Vienne, 20 octobre 1814 (F. 2. 4057 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
Dissolution probable du Congrès. Craintes de guerre. Difficultés an- sujet d
Pays-Bas, de la Saxe et de la Pologne. Le roi de Bavière opposé à la o
sion de la Saxe à la Prusse. L'opinion d'Iiardenberg. Les Menées de Md
ternich. V/
f
On parle de plus en plus de la prochaine dissolution m
Congrès et du départ des Souverains et de leurs Ministres, f
On a de plus en plus peur de la guerre, et personne ne yoi$
comment on pourra conserver la paix, satisfaire et concilier
tout le monde, en présence des divergences de vues causées
par les projets de cession des Pays-Bas Autrichiens et du par-
tage de la Saxe, par les prétentions de la Russie sur la Pologne
et par les appétits de la Prusse. .
Le roi de Bavière désire partir et déclare hautement que le '
partage de la Saxe serait une. infamie
Hardenberg pense, lui aussi, que l'exode général est proche.jniio:
Enfin, on dit que Metternich travaille à augmenter le désordrie.rpf
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 341
460. Vienne, 20 octobre 1814 (F. 2. 4057 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
^fouvelles militaires de Russie et de Pologne. La Saxe et la Pologne. L'état
des esprits d'après le grand-duc Constantin. Le grand-duc et la succession
au trône de Russie. La Harpe et le choix du précepteur du fils naturel de
Constantin.
Le grand-duc Constantin a reçu le 17 un courrier de Var-
ovie ; il en avait expédié un la veille. On n'a pas remarqué
u'ils aient donné lieu à quelque démarche particulière.
l'Ukase, par lequel les généraux russes ne peuvent plus être
hefs de régiment, a fait une très grande impression et causé
n grand mécontentement en Russie. La plupart des généraux
e trouvent par là hors d'état de vivre convenablement.
Le quartier général de l'armée russe est toujours à Varsovie,
e général Diebitsch (1), qui était en semestre à Pétersbourg,
reçu l'ordre de rejoindre le quartier général à Varsovie ; il
est déjà arrivé.
Les Russes et les Prussiens regardent l'affaire de la Pologne
t de la Saxe comme terminées sur le principal. Il n'y a plus
ue la ligne frontière près de Gracovie et l'établissement à
nner au roi de Saxe qui, selon eux, soit encore un objet à
gler.
Le grand-duc causait dernièrement sur Tesprit révolution-
aire qui caractérise particulièrement le temps actuel et sur
s progrès qu'il avait faits et faisait encore dans le Nord de
(fVUemagne. « Les Polonais, me dit-il, surtout les militaires,
ont été beaucoup en France, sont tellement revenus des
incipes philantrophiques qu ils m'ont dit souvent : « Vous
rrez, ce sera à nous, Polonais, à mettre le holà dans le Nord
TAllemagne, dans quelques années d'ici. »
Je crois ceci intéressant en ce que cette manière de parler
la Pologne comme corps politique montre à quel degré sont
Diebitsch-Zabalkanski (Frédéric, comte) (1785-1831), entré au service en
^1, se distingua par son courage, par son intelligence, par la part qu'il prit
passage des troupes d'York du côté des Russes. Déjà placé à la tête d'une
kision pendant les campagnes de 1813-1814 il commanda en chef l'armée
kse pendant la guerre de Turquie (1829) et mourut du choléra au cours de
Icampaguc de Pologne, peu de temps après la sanglante bataille d'Ostro-
Ika.
342 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
encore leurs espérances et que le grand-duc ne semble pas
avoir été chargé de les désabuser.
Quant à ce qu'il espère personnellement, dernièrement, à
propos du pas avec les princes royaux de Bavière et de Wur-
temberg, on a cherché à démêler ce qu'il pense. On prétendait
qu'il devait sous tous les rapports prendre le pas sur eux, puis-
qu'il était, quoique pas déclaré, mais par la situation, héri-
tier présomptif, tant que l'empereur n'aurait pas d'enfants. Il
a dit ; « Non seulement, je ne désire pas régner, mais je suis
sûr de ne jamais monter sur le trône. J'ai passé ma vie à m'oc-^
cuper du militaire et ne connais que cela. Mais, si même l'Em-|
pereur n'avait pas d'enfants, quoique l'Empereur Paul ait éta-|
bli le droit de succession pour la descendance mâle, nous|
avons dû, au couronnement de l'empereur, mon frère, faire le »
serment de reconnaître comme successeur celui de la famille
qu'il désignerait (1). »
M. de la Harpe est venu beaucoup chez lui depuis quelques
jours. On a cherché à découvrir pour quel motif, et on a appris
du Grand-duc qu'il lui avait cherché un gouverneur pour soij
fils naturel, qu'il a eu d'une femme d'une classe peu distin-^l
guée de la société et qu'il élève chez lui (1). La mère a beau^
coup d'influence sur son esprit et le mène quelquefois asse
rondement. M. de la Harpe lui a présenté hier un jeune Suiss(
dont on n'a pas encore pu apprendre le nom.
461. Vienne, 20 octobre 1814 (F. 2. 4058 ad 3465).
Rapport à HAGER (analyse).
Aperçus sur le projet Hardenberg-Stein qui diviserait TAllemagne
en deux grands Etats, Nord et Sud.
On affirme que depuis hier on aurait décidé de céder à
Prusse la plus grande partie de la Saxe.
Les Plénipotentiaires des petits Etats, qui ne peuvent, ni
faire écouter, ni même se faire recevoir, sont de plus en pi
mécontents.
1. Voira propos de la renonciation ultérieure du Grand-duc la note
361 relative à son divorce, à son mariage avec la comtesse Grudzinska^
ses relations avec M""* Fridrichs.
lp:s préliminaires et les ajournements du congrès 343
462. Vienne, 20 octobre 1814 (F. 2. 4057 ad 3563).
Rapport à HAGER (analyse).
Les Prussiens, et surtout Hardenberg, ne sont guère con-
tents des Russes ; mais ils ne croient pas cependant que l'on
en viendra à une guerre entre les Alliés. On croit de plus en plus,
même parmi les fidèles du roi de Saxe, que sa cause est bien
compromise.
463. Vienne, 20 octobre 1814 (F. 2. 4057 ad 3565).
B... à HAGER
Résumé de sa conversation avec Anstett. Le Congrès. La politique d'Alexandre.
La duplicité de Metternich. La question de Pologne conliée à Gzartoryski.
Ce que Scliwarzenberg doit penser de lui. Les griefs persistants d' Anstett
contre l'Autriche.
Je ne perds pas une minute pour vous faire part de la con-
versation que je viens d'avoir avec Anstett. Comme je lui
demandais où en étaient les affaires du Congrès, en lui disant
combien je craignais de leur voir prendre une mauvaise tour-
nure, surtout en raison de l'attitude adoptée et des difficultés
inventées par la France, il me dit : « La France, c'est TAu-
triche autant que toutes les autres puissances qui l'excite et
la pousse en avant afin de faire durer le conflit au sujet de la
Pologne. Voilà encore un point sur lequel Metternich n'a pas
conscience nette. En ma qualité de citoyen du monde, je ne
)eux d'ailleurs pas lui donner tort à ce propos. Même comme
)mme d'Etat russe, je ne saurais partager complètement les
[dées de l'Empereur Alexandre. Je l'ai prouvé dans mes tra-
vaux et dans mes notes et je ne sais que trop bien que c'est
[à ce qui m'a fait perdre la faveur dont je jouissais auprès de
'Empereur. Je n'en suis du reste pas autrement désolé, car
ravais déjà pris la résolution de me retirer chez moi. Entre
[emps, je ne peux me dissimuler, que, depuis le jour où je lui
remis ma note, dans laquelle je déconseillais le rétablissement
le la Pologne, l'Empereur ne me regarde plus et ne m'a plus
Ldressé la parole, pas plus en public qu'au bureau. Au fond,
ne prends nullement la chose au tragique. Ma conscience
344 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
est en paix, et j'ai Fentière conviction d'avoir fait mon devoir.
L'Empereur verra plus tard que cette fois encore je lui ai dit la
vérité, tout comme à Fribourg où je lui ai dit que le prince
de Metternich le jouerait sous jambe relativement à la Suisse
(sic), chose qui m'a été d'autant moins désagréable que cette
opération devait exercer une influence favorable sur la marche
de la campagne, mais qui ne me contraria que parce que cette
bonne idée était sortie, non pas du cerveau d'un de nos hommes
d'Etat, mais de la tête d'un ministre autrichien.
« Maintenant l'Empereur est tout à la Pologne et aux Polo-
nais ; mais lorsqu'ils lui montreront les moustaches, il pensera
qu'Anstett a encore eu raison.
« Je travaille encore dans le cabinet, mais à des questions
quelque peu étrangères au Congrès. Habitué à l'ancien ordre
de choses, le comte de Nesselrode m'envoya dernièrement trois
mémoires en me priant de les examiner et de lui faire connaître
mon avis. Je répondis par une note au verso en lui disant que,
mes vues sur la Pologne étant en opposition absolue avec celles
de l'Empereur, je ne pourrai formuler une opinion qu'après y
avoir été formellement autorisé par lui. J'attends encore cette ,i
réponse, mais j'ai pu me convaincre entre temps qu'on avait f
passé ces mémoires au Prince Czartorjski, l'adversaire le plus |
déclaré de mes opinions. J'ai donc des loisirs en quantité ;
mais je ne vous cacherai pas que cela me laisse parfaitement
indifférent. Aussi suis-je devenu pour Nesselrode un être énigma - ^
tique. Fidèle à ses anciennes habitudes, il m'envoie un tas de |
pièces à l'examen. Dans le temps j y faisais de nombreuses cor-
rections. Aujourd hui mon indifférence me fait trouver tout
bien. Nesselrode ne comprend rien à cette nouvelle manière.
« Je parierais volontiers que le prince de Schwarzenberg est I
de tous celui qui juge le mieux mon état d'esprit. J'ai été le
premier personnage avec lequel il négocia à Varsovie (1). 11 m'y
a pris en affection, et je suis certain qu'il ne comprend pas plus
que moi, comment il se fait que je n'ai pas encore reçu l'ordre
de Léopold qu'il demanda à ce moment pour moi. Je sais qu':
est revenu à la charge à Paris. Metternich se déclara prêt
appuyer la proposition, mais c'est en haut lieu qu'on trouvtfl ,
encore de la résistance .. (Le reste de la conversation, les de
4(
1. Allusion à l'armistice qu'Anstett signa avec Schwarzenberg le 30 janvier
1813. --à
ItU
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 345
nières phrases échangées avec l'agent de Hager roulent exclu-
sivement sur cette question de décoration, le gros grief d'Ans-
tett).
464. Vienne, 20 octobre 1814 (F. 2.4057 an 3565).
Rapport à HAGER (en français).
Gagern, son portrait, son rôle, ses relations, son influence.
Le mouvement constitutionnel et sa portée.
Gagern. — Ce ministre de Nassau, très remuant, tête chaude,
très actif, est de tous les plénipotentiaires des petits Etats
celui qui a le plus d^affaires. Il est très lié avec Stein qu'il va
voir tous les jours. Sa maison ne vide jamais. 11 donne de
grands dîners et on le croit chargé des affaires du prince d'O-
range, depuis que M. de Spaen a furieusement baissé et n'est
plus en état de rien faire.
On dit que Gagern s'occupe de Constitutions européennes et
surtout allemandes; car il est un constitutionnel enragé. Je
crois qu'il faudrait se mettre dans ce mouvement pour le me-
ner et le diriger plutôt que de le combattre. Le mouvement
ssttrop prononcé. Toutes lestâtes intelligentes ont accepté ces
principes et la Révolution, dont Bonaparte n'était que Teffet,
va son train.
465. Berlin, 16 octobre 1814 (F. 2. 4123 ad 3565).
JACKSON (1) à lord STEWARD (Inlercepla) (Analyse).
L.e langage de Caraman et la question de la Saxe. La gravité de la situation.
11 le remercie de sa lettre qui a jeté un peu de lumière sur
les faits qu'on lui laissait ignorer. Depuis, il a été encore un
)eu éclairé par le langage et la conduite du Ministre de France
J. Jackson (Georges), secrétaire de légation à Berlin depuis le mois de mai
1813.
346 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Garaman (1) qui s'exprime sans aucune réserve sur la ques-
tion de la Saxe. Garaman observe et suit avec une attention
toute spéciale les faits et gestes de la mission espagnole.
« Reste à savoir si cette attention vise le Ministre ou sa fort
jolie femme qui, en tout cas, y est bien pour quelque chose. »
« Vous savez ce que je pense de la situation qui m'inquiéte-
rait fort, si nous n'avions pas pour nous guider un pilote qui
nous fera arriver à bon port. »
466. Vienne, 22 octobre 1814 (F. 2. 4360 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR
Rapport journalier et bordereau du 22 octobre. ^
Bruit l'épandu à Vienne d'une entente (?) entre les Quatre sur les questions
de Pologne, Saxe et Allemagne. Montgelas,
On prétend que Tentente s'est faite entre les Quatre sur les |
questions préjudicielles (2) (Saxe et Pologne) et que pour
l'Allemagne, on aurait pris la résolution de s'inspirer des
principes d'équité. On dit cependant qu'on craint que le fait
de mettre un Empereur d'Allemagne à la tête de ces Etats
ne provoque bien des jalousies.
On dit que le comte de Montgelas sera ici le 27 ou le 28.
467. Vienne, 21 octobre 1814 (F. 2. 4360 ad 35d5;.
GOEHAU^EN et HOPFEN à HAGER
Rapports ayant surtout trait à la surveillance exercée suri
la Députation des Juifs de Francfort, l'Ambassade de Russie,j
le prince Eugène, Anstett, Pozzo di Rorgo, le Général Ouva-
roff, Stein, Hardenberg, Rechberg (qui doute fort de la venuel
de Montgelas), Gaertner, Tallejrand, Labrador, Goupj, Cara-
pochiaro, Cariati, etc.
1. Garaman (Louis, Charles, Victor Riquet, marquis puis duc de), lieutc'
nant-général, diplomate, né en 1762, mort en 1839. Nommé ministre à Berlii
en 1814, puis ambassadeur à Vienne en 1815, créé duc en 1828 après avoir
assisté comme plénipotentiaire aux diflFérents Congrès de la Sainte Alliance
2. Il n'en était malheureusement rien.
Il
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 347
468. Vienne 21 octobre 1814 (F. 2. 4360 ad 3565).
Liste et analyse de quelques intarceptsi.
Baron Riedesel (1) à Gentz (20 octobre). (Envoi d'une bro-
chure sur la situation et la constitution de l'Allemag-ne).
Gaertner à Humboldt. Stein à Hardenberg (14 octobre). Dal-
berg à Corsini (i). Gaertner au prince régnant de Schœnburg-
Waldenburg (3) (20 octobre). (L'occupation de la Saxe par les
troupes prussiennes est imminente et la cession de ce royaume
est certaine, puisque la Prusse a tout cédé à la Russie en
Pologne.)
469. Vienne, 21 octobre 1814 (F. 2. 4360 ad 3565).
00 à HAGER
Dalberg espère qu'on ne rendra pas la Souabe et le Haut-Rhin à l'Autriche.
Les distributions de régiments et de décorations. Les souverains et l'émis-
sion de cinq cents millions de florins-papier. Alexandre, Schwarzenberg et
Metternich. Talleyrand et la chute du monstre. Les bals. La brochure :
Apologie. Gagern, Munster, l'ordre de Malte.
Dalberg m'a dit qu'il serait désolé de voir l'Autriche rentrer
en possession de- territoires en Souabe et sur le Haut-Rhin,
parce que si la France et l'Autriche ont de nouveau des fron-
tières communes, il se produira forcément des collisions, et
alors c^en sera fait de la bonne foi et de la durée de l'alliance
(les deux pays qui lui tient si fort au cœur.
Chez Thugut, on a essayé de tourner en ridicule l'accepta-
tion d'un régiment russe par notre Empereur, de même qu'on
s'est fort amusé de la dation de régiments autrichiens aux sou-
verains étrangers, de la distribution qu'on a faite à TEmpereur
François et à ses ministres, d'ordres étrangers civils et mili-
taires. On a dit que Marie-Thérèse et l'Empereur Joseph II
1. Un des plus actifs agents du Tugend band.
2. Cf. Pièce 472.
3. Prince Otto Victor de Schœnburg-Stein-Waldenburg, né en 1785, mort
len 1859, succéda à son père en 1800; l'un des nombreux princes dont Gaertner
était le représentant.
3i8 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
auraient trouvé fort au-dessous delà dignité de la Maison d'Au-
triche de se prêter à de tels enfantillages.
Chez Thugut et dans beaucoup d'autres maisons, on dit que
le seul résultat palpable de la présence des souverains étran-
gers à Vienne a consisté jusqu'ici dans l'émission de 500 mil-
lions de florins de nouveaux Anticipation S cheine . Chez Etienne
Zichy, chez Hatzfeld, chez Schœnborn, on constata à la fois
les égards dont l'empereur Alexandre combla Schwarzenburg
et la froideur avec laquelle il traita Metternich.
D'Ivernois (1), qui vient maintenant souvent chez Puffendorf,
a raconté qu'il avait dîné dernièrement avec Sydney Smith
chez Talleyrand, qui n'a cessé de parler du monstre et de la
chute du monstre.
Hier, il y a eu un petit bal chez Stackelberg. Alexandre,
l'Impératrice de Russie, les grandes-duchesses, nos Archi-
ducs, les princes allemands et le dessus du panier du corps
diplomatique y ont assisté. Le 26, il y aura un second bal
chez Stackelberg. Après-demain (le 23) bal chez Schœnborn.
Le 30, bal masqué chez Metternich, pour lequel Alexandre sera
de retour de Hongrie.
A en croire Stackelberg, le Congrès ne serait pas près de
finir. On a parlé chez lui de V Apologie (2), de Gagern, que
celui-ci a fait imprimer et qu'il distribue, et dans laquelle pas
mal de gros personnages sont assez mal traités.
Le comte Miinster est fort froissé de l'insistance que Gagern
met à vouloir prendre pied chez lui. On a enfin remarqué que
depuis quelques temps Stein ne se montre plus nulle part et
travaille chez lui sans trêve ni repos. L'ordre de Malte réclame
des indemnités et un rétablissement dans l'état où il était le
1" janvier 1792. La réclamation est très chaudement patronnée
par la noblesse de Vienne.
1. Ivernois (Francis à'). Expulsé de Genève à la suite des troubles de 1782,
il passa une partie de sa vie en Angleterre et y fut créé Sir en récompense
des services qu'il avait rendus à ce pays.
2. Mais n'est-ce pas plutôt de la brochure : Apologie de Frédéric-Auguste
Roi de Saxe par un sujet dévoué à Sa Majesté au mois de septembre 1814,
qui n'est pas de Gagern, dont il s'agit ici (Cf. Gagern, i/em Antheil, etc., etc.,
H, 71), où il parle des mémoires assez bien faits en faveur du Roi de Saxe'
qui circulent ici: «Apologie da Roi de Saxe et Sachsen und Preussen suum
cuique. »
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 349
470. Vienne, 21 octobre 1814 (F. 2. 4360 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
Le plan de reconstitution de l'Europe fait par Talleyrand et les visées
de la France d'après Dalberg. Pourquoi on ne l'acceptera pas.
D'après Dalberg, Talleyrand a fait un plan général d'arran-
gement de l'Europe qui est un vrai monument de sagesse. La
France ne demande rien pour elle. Elle ne veut que la paix
du monde (1). Le roi de Saxe garderait son pays. Les Russes
ne menaceraient pas par et pour la Pologne la tranquillité de
l'Allemagne et de l'Europe entière. Ce plan a été présenté à
l'Empereur d'Autriche et au Congrès. Il n'y a rien à dire contre,
et cependant Dalberg est convaincu qu'on n'en voudra pas,
parce que c'est Talleyrand qui l'a présenté. Dieu sait ce qu'on
fera et cependant tout va mal et ira plus mal encore.
471. Vienne, 21 octobre 1814 (F. 2. 4360 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
Labrador, l'Espagne, Naples, Murât.
Labrador se plaint de ce qu'on l'ait fait se placer en avant
pour demander l'expulsion de Murât et puis qu'on l'ait lâché
ensuite en lui reprochant d'y mettre trop d'animosité et de
haine. Il a insisté en même temps sur les nouvelles défavo-
rables à Murât apportées par un certain Farina établi à Naples
et qui serait le fils d'une fille du général Lauer.
1. D'Angebercî, 315-316. Réponse de la France à la déclaration du 8 octobre
pour l'ajournement du Congrès de Vienne. {Monileur du 22 octobre 1814).
350 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENiNE
472. Vienne, 20 octobre 1814 (F. 2. 4360 ad ::-565).
DALBERG à la Duchesse (à Bologne) (intereepta)
(sous le couvei't de Gorsini)-
Ses démarches en faveur de Marescalchi. Conseils qu'il lui donne. Tout est
arrêté par les questions de Pologne et de Saxe. Le Congrès et sa durée
probable. Froideur qu'on témoigne aux Français.
Pas plus tard qu'hier, j'ai parlé au prince de Metternich sur
les affaires du bon papa Marescalchi. Il m'a dit : « C'est
arrangé. Soyez tranquille, c'est fait.» J'ai demandé à Floret (1);
j'ai parlé à Wessenberg, vice-président de la Commission Ita-
lienne. Que puis-je faire de plus? J'ai dit des duretés à tout
ce monde. Mais qu'est-ce qui aide dans ce pays. Rien n'égale
cette marche d'affaires. Floret m'a dit que ce serait une honte
de parler de tout cela et qu'il rougissait en pensant à la façon
dont on avait agi avec Marescalchi. J'engage celui-ci à profi-
ter de toutes les occasions pour rappeler délicatement cet objet
à l'Empereur et à ses ministres et à ne plus faire aucune dé-
pense avant qu'on ait réglé ses appointements. Lors du voyage
de l'Empereur en Italie, cela s'arrangera sans faute, si même
Metternich a de nouveau trahi la vérité. Mais avec ce monde-
ci, il faut avoir de la patience.
Nos affaires ici n'avancent point. Tout tient à la question
de la Pologne et de la Saxe. Si nous quittons le Congrès, cela
sera dans le courant de novembre. Si les affaires se terminent,
ce serait vers la fin de novembre.
Les fêtes ici sont belles, mais il n'y a nulle société, et comme
la Coalition et l'esprit de la Coalition sont dans toute leur
force, les Français sont mal reçus partout, et tout se borne à
des compliments très froids et à des réceptions peu aimables.
Louez le ciel de n'être pas venue ici.
1. Floret (chevalier de\ Conseiller d'ambassade autrichien. C'est lui qui
apporta en 1810 à Vienne la nouvelle que Napoléon demandait officiellement
la main de Marie-Louise.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 351
473. Vienne, 21 octobre 1814 (F. 2. 4360 ad 3565).
HOPFEN à HAGER
Renseignements sur la comtesse Defours (1).
La Comtesse Defours, originaire de Linz,est de basse extrac-
tion et tout à fait dans les bonnes grâces du grand-duc Cons-
tantin qui vient de lui donner des boucles d'oreilles en dia-
mants et un collier de perles. Cela ne l'empêche pas de recevoir
d'autres hommes chez elle (2).
474. Vienne, 23 octobre 1819 (F. 2. 4123 ad 3365).
HAGER à L'EMPEREUR (F. 2. 4418 ad 3565)
Boi'dereau et rapport journalier du 23 octobre.
475. Vienne, 23 octobre 1814 (F. 2. 4418 ad 3565).
L'EMPEREUR D'AUTRICHE à HAGER (Analyse).
Ordres relatifs à la transmission des pièces pendant la durée
de son voyage en Hongrie.
Comme il part le lendemain pour quelques jours pour Ofen,
ordre de donner en son absence les rapports sur le Congrès
au prince de Metternich qui en a besoin de suite et qui les lui
Iremettra à son retour à Vienne.
Ordre d'adresser les autres rapports à la Chancellerie deu
son cabinet secret {Geheime Cabinets Kanzleï).
L76. Vienne, 12 octobre 1814 (F. 2. 4123 ad 3565).
Rapport à HAGER
Alexandre I" déjeune chez la duchesse de Sagan. Dépit de la princesse
Bagration. Bruits de concessions de la Russie à propos de la Pologne.
Hier (le 23 octobre) l'Empereur de Russie a été tout seul à
1. Ce bulletin n'avait pas échappé à l'attention de l'Empereur qui, le 24
ftobre, envoyait à Hager (F. 2. 4135 ad 3565) l'ordre de « traiter la Comtesse
)efours en lui appliquant les prescriptions de la loi », c'est-à-dire en l'ex-
lulsant de Vienne.
2. Entre autres, le prince de Metternich.
352 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
11 heures du matin chez la duchesse de Sagan, où il a déjeuné
en tête-à-tête et où il est resté jusqu'après 1 h. 25 après midi.
Le côté gauche (la princesse Bagration qui loge dans la
même maison) l'attendait toujours, mais hélas, l'attend encore.
On dit que ce côté a beaucoup perdu ces jours derniers, qu'il
a trop jasé, s'est laissé aller à la rage contre l'infidèle. On dit
aussi que les affaires politiques, prenant à présent une tour-
nure plus rapprochante, les deux côtés de l'hôtel Palm dispa-
raîtront bientôt et fiât unum ovile et itniis pastor.
Hier (le 22), les nouvelles étaient qu'on s'arrangerait sur la
grande affaire de la Pologne, de laquelle dépendent toutes les
autres. On disait que la Russie s'était démise de ses hautes
prétentions sur ce pays.
i
477. Vienne, 22 octobre 1814 (F. 2. 4123 ad 3565).
Rapports à HAGER
Surveillance de Marie-Louise et d'autres personnages.
Le 20 au soir, Dalberg, venu en visite chez la Comtesse de
Brignole à H heures, est resté à conférer avec elle jusqu'à
2 heures.
Rapports sur le prince Eugène, Stackelberg (Liste des vi-
sites qu'il a reçues), Pozzo di Borgo, La Harpe, Czartoryski,
Radziwill, Dalberg, Stein,Hardenberg, Gaertner, Miltitz, Tal-
leyrand, le musicien Neukomm, Aldini (le 20, chez Marie-
Louise), Goupy, Joséphine Wolters (venue le 19 et le 20 à l
Burg chez Wolkonsky).
478. Vienne, 22 octobre 1814 (F. 2. 4123 ad 3565 .
Note du STAATSRATH FRIESE à HARDENBERG
{Intercepta).
Mémoire sur la contestation existant entre les bateliers
Cologne et l'administration de Mayence.
i[
le
LES PRÉLIMINAIRES £T LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 353
479. Vienne, 22 octobre 1814 (F. 2. 4123 ad 3565).
N. N. à HAGER (analyse).
Anxiété terrible des Polonais causée par l'incertitude où ils
sont sur le sort de leur pays.
480. Vienne, 22 octobre 1814 (F. 2. 4123 ad 3565).
N. N. à HAGER (analyse).
Anstett est en complète disgrâce auprès du tzar.
481. Vienne, 22 octobre 1814 (F. 2, 4123 ad 3565).
GœHAUSEN à HAGER (analyse).
On a dit chez; le comte Salmour que le royaume de Saxe
erait rétabli et que, le prince Antoine de Saxe devenant roi,
omme il n'a pas d'enfants, le duc de Weimar serait son hé-
ritier.
182. Vienne, 22 octobre 1314 (F. 2. 4123 ad 3565).
GŒHAUSEN à HAGER
a deuxième conférence chez Gagern.Les menées infructueuses de la Prusse.
On se défie d'elle. Le mot dit à Gagera dans l'escalier de la Chancellerie
d'Etat. Le dîner qu'il donne aux Anglais à Baden.
Les représentants des petits Etats allemands se sont réunis
lez Gagern, où Rœntgen (Nassau), (1) a pris la parole. Ces
(essieurs continuent à se retrouver chez le conseiller de Léga-
)n de Mecklembourg-Schwerin von Dietrich (2) et s'y oc-
, Secrétaire de la Légation de Nassau.
Comte de Dietrich zu Erbmannsthal, conseiller de Légation de Mecklem-
Ijrg-Schwerin.
T. I. -, 23
354 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
cupent exclusivement du projet de proclamer TEmpereur d'Au-
triche Empereur d'Allemagne. La Prusse, d'après ce qu'on
m'affirme de façon positive, contrecarre ce projet par tous les
moyens dont elle peut disposer, et il paraît que depuis quelques
jours elle s'applique à répandre le bruit que, même dans ce
cas, l'Autriche ne défendra pas les intérêts de l'Allemagne,
puisqu'elle n'a pas pris la défense de la Saxe et ne partage en
aucune façon les vues des princes qui n'ont au contraire qu'à ^
faire cause commune avec la Prusse. Ces menées n'ont pas
réussi jusqu'à présent, et Ion se défie tellement de la Prusse l
qu'il semble peu probable qu'elle puisse arriver à ses fins.
P. -S. — Ce soir, bal chez Gagern où il y eut hier une deuxième
conférence, à la suite de laquelle il s'est rendu de suite à la Chan-
cellerie d'Etat, où il rencontra dans l'escalier un inconnu qui
lui dit : « Je suis bien heureux de vous voir. Vous avez fait
un nœud que personne n'arrivera à délier. »
Le 20, Gagern avait traité à Luxenburg et à Baden la plu- 1
part des ministres anglais présents ici. On dîna à Baden. Quel- ^
ques-uns des Anglais avaient tellement bu qu'ils ne purent]
rejoindre leur voiture à pied et qu'il fallut presque les y por-|
ter. Tout le monde était très gai.
483. Vienne, 22 octobre 1814 (F. 2. 4123 ad 3565).
Rappout à HAGER
Les causes de l'opposition de la noblesse russe au rétablissement du royaui
de Pologne. Les idées du général Orurk en faveur du groupement des peupl^
balkaniques et de la création d'un royaume gouverné par un prince ru6f'
Maintenant que je commence à voir plus clair, voici 1<
observations que j'ai faites.
La noblesse russe est loin de désirer le rétablissement
royaume de Pologne, et voici les raisons que m'en donnent 1«
Russes présents ici :
1° La noblesse russe redoute l'intelligence, infiniment su]
Heure à la leur, des Polonais et la prépondérance qu'ils ne
deraient pas à acquérir.
ae
«r
[D(
ai;
en
ial
11
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 355
2" Elle craint que, même placé sous la domination d'un prince
russe déclaré indépendant, et malgré les liens de parenté qui
l'uniraient à la Russie, ce royaume rechercherait surtout son
propre avantage et s'eîforcerait d'attirer à lui les autres pro-
vinces et ce qu'on est convenu d'appeler la nouvelle Russie.
3° Elle craint enfin que, dans le cas où la Pologne devien-
drait un royaume secondaire, un royaume façonné sur le modèle
de la Hongrie, qui dépend entièrement de TAutriche, les pré-
férences, qu'Alexandre témoignerait à ce royaume fraîchement
éclos, pourraient aller jusqu'à tolérer, jusqu'à favoriser l'an-
nexion à la Pologne de la nouvelle Russie. Il en résulterait fata-
lement qu'avec le temps, ce nouveau colosse finirait, à cause
de la ditférence de religion et de coutumes, par se détacher
de la Russie.
Les généraux-lieutenants russes, comte Orurk et Zwieliniew,
qui sont très considérés dans l'armée, que l'Empereur a couverts
'honneurs et qui exercent une certaine influence sur l'esprit
e l'armée et de la noblesse, sont tellement hostiles au rétablis-
ement de ce royaume qu'ils n'ont pas craint de dire, que l'Em-
ereur n'a pas le droit, aux termes de la Constitution du pays,
e détacher de l'Empire une province qui lui a été annexée,
e plus, ces Messieurs pensent que la portion, dont s'augmen-
era le duché de Varsovie, est trop petite pour qu'on puisse
aire de la Pologne un royaume et que, sans les provinces prus-
iennes et la Galicie orientale autrichienne, les Polonais ne
eront jamais contents. Le comte Orurk déclare et fait remar-
uer entre autres que l'intérêt de la Russie lui commande de
atisfaire l'Autriche et la Prusse du côté de la Pologne, de
noncer en leur faveur aux deux nouveaux cercles de la
alicie Orientale sur le Dniester et de ne pas songer à des
grandissements de ce côté. La Russie ferait mieux de songer
l'Eglise grecque et, d'accord avec l'Autriche, de former jus-
u'aux Balkans un seul tout des peuples de la Moldavie, de
Valachie et de la Bulgarie et de placer à la tête de ce nou-
eau groupement un prince russe qui deviendrait leur roi.
3o6 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
484. Vienne, 22 octobre 1814 (F. 2. 4123 ad 3565).
Comtesse de REGHBERG au Comte de GOERTZ
(à Ratisbonne) {intercepta) (en français).
Les affaires d'Allemagne. Les premiers projets de Constitution.
Francfort, siège probable de la Diète.
On travaille vivement aux affaires d'Allemagne. Trois ou
quatre séances ont déjà eu lieu (1). Il s'agit de fixer un Bun-
destag qui se rassemblera à des termes fixés, probablement
à Francfort.
L'Autriche, ainsi que la Prusse, y auront deux voix cha-
cune. La Bavière, le Hanovre et le Wurtemberg en auront
chacun une. Les Souverains, qui n'auront pas au delà de
100.000 sujets, seront dans une chambre basse où ils pour-
ront, avec quelques modifications, énoncer aussi leurs opi-
nions. Tel doit être le plan sur lequel il y aura sans doute
encore bien du travail.
if
485. Vienne, 22 octobre 1814 (F. 2. 4321 ad 3565).
LOEWENHIELM à WETTERSTEDT (2) (à Paris).
[Intercepta) (en français).
Le sort de la Suède semble assuré. Les appétits des Puissances. La Polo
gne et Alexandre. Murai et les Bourbons. Parallèle entre Murât et FerdiS
nand IV. Inaction des Huit.
Je vois, grâce à l'indépendance parfaite dont la Suède jo
désormais, d'un œil tranquille et calme les agitations d
autres Puissances qui ne s'entendent pas encore sur le pa
tage du butin. La moralité qu'on a prêchée est difficile à
corder avec certains appétits qu'on veut satisfaire. D'
autre côté, tout le monde convient de la justice qu'il y aflkiJe:
1. Le Comité des affaires d'Allemagne, qui avait en effet tenu séance le
le 16 et le 20 octobre, tint une quatrième séance le 22, le jour même où
Comtesse de Rechberg écrivait à son père (Cf. d'ANOEBERG, 289-290, 296-3
303-315, 320-330).
2. Wetterstedt (Gustave, baron de), Ministre de Suède à Paris.
H
iian,
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 357
rendre aux Polonais une existence nationale ; mais on ne veut
pas les laisser à l'Empereur Alexandre qui est le seul qui sent
et qui veut et celui sans lequel aucune Pologne ne saurait
exister.
L'histoire de Murât est une autre affaire. Les Bourbonnis-
tes veulent récupérer le trône et ils ont des gens qui les sou-
tiennent. Mais je ne sais pas encore s'il est de l'intérêt de
tous de rendre un pied à terre aux Français en Italie, et on
a beau dire, il paraît que Murât est beaucoup plus aimé que
le légitime Ferdinand et que son gouvernement est infiniment
au-dessus de celui de l'ancienne dynastie. On le dit très aimé
à Naples. En tout cas, les folies et le cagotisme de l'autre Fer-
dinand en Espagne ne sont pas de nature à encourager les
Napolitains à désirer leurs anciens maîtres.
En attendant que tout cela s'arrange, nous autres du Con-
seil Préparatoire des Huit, nous ne faisons rien du tout, et le
temps se perd en paroles.
:86. Vienne, 22 octobre 1814 (F. 2. 4123 ad 3565).
REGARD à ENGESTRŒM {Intercepta) (en français).
,e Congrès. L'occupation de la Saxe par les Prussiens. Le futur système
fédératif de l'Allemagne. Réduction du nombre des Etats indépendants.
Razoumoffsky fait don de son palais à la Russie.
Les négociations préparatoires se terminent à peu près dans
îs mêmes termes, quoiqu'on fasse tout pour aplanir les dif-
cultés et parvenir à un parfait accord.
On parle beaucoup de l'occupation prochaine de la Saxe par
Is troupes prussiennes.
A ce qu'on assure, la question s'agite de réduire à un petit
).mbre les Etats indépendants qui composeront dorénavant le
rstème fédératif de l'Allemagne, en sorte que les Monarchies
^ules jouiront d'une réelle autonomie et les autres Etats
rands-Duchés, Principautés, etc., etc.), seront placés sous
protection et direction quant aux relations extérieures et
la disposition de leurs forces militaires et que par conséquent
souveraineté sera plus ou moins limitée en raison de l'im-
krtance de leurs possessions. Il est évident que cet arrange-
3o8 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
ment n'est pas fort agréable aux Gouvernements et n'est pas 1
goûté par la haute noblesse allemande qui s'était imaginée
qu'on allait rétablir une espèce d'Empire germanique, qui eût
mieux convenu à des intérêts de famille, qu'elle a d'ailleurs de
bonnes raisons pour désirer, mais qui n'est pas envisagé sous
le même point de vue par les cabinets désireux de mettre
l'Allemagne à l'abri des malheurs dont son ancienne consti-
tution était peu propre à la garantir.
Le comte Razoumofîsky vient de faire hommage à l'Empe-
reur Alexandre de son magnifique palais et jardin ici. On croit
qu'il va être nommé Ambassadeur à cette Cour.
487. Vienne, 22 octobre 1814 (F. 2. 4123 ad 3565).
MAVROJENI (1) à son frère (à Jassy).
(Analyse) {Intercepta) (en français).
Les Quatre, la France, l'Espagne et le Portugal. Conflit de puissance
entre le Wurtemberg et le Hanovre. L'expulsion de Baliio.
Les Ministres des Puissances alliés (Autriche, Russie, Pruss
et Angleterre) ont des conférences fréquentes entre eux, sans-
que ceux de France, d'Espagne, de Portugal et de Suède j|
prennent part. Les derniers n'en cachent pas leur méconten-
tement et ils ne manqueront pas de protester à la première occa^:
sion contre des arrangements qui seraient en opposition à leur
vues et que les plénipotentiaires des quatre puissances alliée]
auraient pu concerter entre eux.
Le roi de Wurtemberg demande que le nouveau roi de Han
vre ait le rang après lui. Cette contestation n'est pas enco
terminée, mais on croit qu'elle le sera en faveur du roi
Hanovre.
On est toujours d'avis que le Congrès n'aura pas de guer
à sa suite ; que chacune des parties intéressées rabattra de a
prétentions et que la Russie finira par se contenter d'une p
tie du Duché de Varsovie et la Prusse de quelques districts
1. Mavrojeni, Chargé d'affaires de Turquie à Vienne.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 3Ô9
la Saxe. La question de Murât et de Naples n'est pas encore
entamée-
Post-Scriptnm (en allemand).
J'ajoute que Bellio, l'agent de la Valachie, a été conduit à
la frontière sous Tescorte de deux soldats par ordre de la police
qui a saisi tous ses papiers.
488. Vienne, 22 octobre 1814 (F. 2. 4129 ad 3565).
TÛRKHEIM à L... (à Darmstadt).
{Intercepta) (en allemand).
Rien de préparé pour la constitution de l'Allemagne. Mot du roi de Prusse.
Le partage de la Saxe. Opposition à ce projet. Bruits divers au sujet de la
Saxe et de la Pologne. Les protestations de la France.
D'après Wrede. on n'a encore présenté aucun plan aux con-
férences sur rAllemagne, et les grandes Puissances n'ont rien
préparé. Le roi de Prusse a dit à la dernière audience donnée
aux ministres de Suède : « La dernière campagne a été bril-
lante et rapide. La campagne diplomatique sera longue et peu
satisfaisante. »
L'Autriche aura, paraît-il, une petite partie de la malEeu-
I reuse Saxe; la Saxe-Weimar aura Erfurt et quelques districts
occidentaux, la Prusse, tout le reste, et on proscrira la branche
Albertine. C'est une honte pour l'Allemagne que de devoir
tolérer pareil agrandissement de la Prusse, si richement in-
demnisée ainsi de la perte d'une partie de cette Pologne ac-
quise si malhonnêtement par elle. C'est en outre l'obligation
de renoncer à l'établissement d'une forte Confédération ger-
manique. C'est un singulier commencement de l'établissement
de l'équilibre européen solennellement promis et tellement
vanté. Hier cependant, on m'a assuré que la chose était loin
d'être décidée et qu'on allait encore tenter de sauver la Saxe.
11 semble aussi qu'on songe à éloigner d'elle le propriétaire
actuel, dont la personne semble par trop dangereuse.
360
AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
25 octobre.
Le Comité travaille en silence. On dit bien que la question
Saxe-Pologne, dont toutes les autres dépendent, est loin d'être
tranchée. Mais ce qui est sûr, c'est que le général prussien
von Kleist y va comme gouverneur militaire et le ministre
baron Beck, comme gouverneur civil. Ce dernier sera remplacé
plus tard par le prince Guillaume.
La France a protesté vivement contre cette violation du
droit et la Bavière ne cache pas son opposition à cette occu-
pation.
489. Vienne, 23 octobre 1813 (F. 2. 4129 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR
L'affaire des officiers au Matschaker-Hof.
Rapport sur les indiscrétions commises par des officiers dans
YOffizier Zimmer du Matschaker-Hof (1), où leurs propos au-
raient été entendus par des étrangers.
Ordre de l'Empereur de suivre sérieusement cette affaire.
Hager charge en conséquence le Hofrath Siber de cette affaire,
d'ailleurs très grossie et ne présentant aucune importance (Cf.
Ibidem. 4367 ad 3565, 6 novembre).
Nouvel ordre de l'Empereur du 20 novembre de continuer
cette surveillance (4685 ad 3565) et de lui fournir les noms
des officiers qui y dînent ensemble.
Les officiers s'aperçoivent de cette surveillance, vont ail-
leurs, mais y sont également épiés par un agent du Hofrath
von Braun. On ne relève rien de suspect contre eux ; mais
on impose à l'aubergiste l'obligation de faire « tenir toujours
ouvertes les portes de la salle où se trouve leur table et d'y
laisser n'importe qui prendre place tant que cette salle n'est
pas pleine ».
1. Matschaker-Hof, un des plus vieux hôtel de Vienne. Il existe toujours ai
même endroit, à deux pas de la Cathédrale (St-Etienne) et du Graben, au cen- j
tre même de la ville.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 361
490. Vienne, 24 octobre 1814 (F. 2. 4129 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR
Bordereau et rapports du 24 octobre 1814.
Notes sur le prince d'Alliano (1), sur les bruits qui courent
sur la fin prochaine du Congrès, sur la probabilité du règle-
ment ultérieur (qui se ferait à Francfort) des questions rela-
tives aux petits princes allemands, sur la cession de Tlnn-
Viertel et de Salzburg à TAutriche, sur l'attribution de Parme
à l'ex-Reine d'Etrurie et de Bologne à Marie-Louise, sur le
rétablissement de TEmpire germanique, dont la couronne re-
viendrait à l'Empereur d'Autriche.
491. Vienne, 23 octobre 1814 (F. 2. 4129 ad 3565).
Rapports de surveillance.
« Rapports divers sur Marie-Louise (22 octobre), Anstett,
rchernitchefî, Pozzo di Borgo, colonel Kisseleff, Czartorjski,
3tein, Hardenberg, Linden, Lœwenhielm, le Hofsekretâr
Schlegel, Dalberg, Talleyrand, Aldini, Gariati, Gampochiaro
it les envoyés de la Suisse. »
■B2. Vienne, 23 octobre 1814 (F. 2. 4129 ad 3565).
Note et lettre interceptées.
Stein à Hardenberg {Pro memoria sur l'organisation du
oyaume de Saxe).
Tchernitcheff au prince Eugène (Demande d'audience).
1. Officier d'ordonnance de Murât.
362
> AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
493. Vienne, 23 octobre 1814 (F. 2. 4129 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
Achat et troc de bijoux par le Prince Eugène. Ses relations
avec M"' Orondi (?).
Le Vice-Roi a acheté des bijoux au bijoutier Neuling pour
32.000 ducats et les a payés, partie en argent et en traite,
partie en troc d'un sabre précieux, qui lui avait été donné par]
Napoléon, de trois diadèmes, de boucles et de boutons en
diamants.
L'idée de cet échange et de ces achats lui aurait été donnée
par sa maîtresse, M"" Orondi (?), femme d'un négociant, qu'il 4?
a fait venir de Karlsruhe.
494.
Vienne, 23 octobre 1814 (F. 2. 4467 ad 3565).
à HAGER (Analyse).
Nouvelle visite d'Alexandre à la Comtesse Esterhazy-Roisin.
Bal et dîner chez Gagern. Doléances de Wrede.
dans
« Vendredi dernier, Alexandre est encore retourné
l'après-midi chez la comtesse Esterhazy-Roisin.
0 © donne ensuite quelques aperçus sur la façon dont
Dalberg envisage la situation.
« Il y a eu hier 22 un grand dîner chez Gagern qui don^
nera le 24 un bal, dont les frais sont faits par les princes mél
diatisés.
« Wrede répète partout qu'on ne fait rien et qu'on ne décic
rien dans les conférences parce qu'on est toujours bien loiî
d'être d'accord.
LÉS PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 363
495. Vienne, 23 octobre 1814 (F. 2. 4467 ad 3565).
B... à HAGER
Rapport sur Anstett. Sa rentrée en grâce et sa conférence avec Alexandre
le 22. Envoi à Ofen d'un mémoire sur la Pologne. Itinéraire projeté par
Alexandre pour son retour à Pétersbourg.
Anstett est rentré en grâce auprès d'Alexandre, qui lui a
envoyé le 21 un billet autographe. Depuis la conférence qu'il
a eue le 22 avec l'Empereur, Anstett a travaillé à un gros
mémoire qu'un Feldjseger de l'Empereur est venu prendre
aujourd'hui et qu'il a porté à son Maître à Ofen. Il s'agit
d'un Mémoire sur la Pologne. La Russie n'a rien à craindre
de qui que ce soit. Elle dispose de 500.000 vieux soldats.
Anstett a cherché de plus à démontrer que le rétablissement
de la Pologne ne saurait en aucune façon être nuisible à l'Au-
triche.
Il paraît qu'Alexandre se propose d'aller à Munich,
Karlsruhe, Weimar, Berlin et de là à Varsovie, où il ferait un
long séjour.
496. Vienne, 23 oct. 1814 (F. 2. 4129 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Confusion générale et nouvelles contradictoires du Congrès. La carte de
visite du grand-duc Constantin et ce qu'il souhaite à Murât. Ses visites
chez la Bagration. Les amours du prince Charles de Bavière avec la prin-
cesse. Questions que la Princesse lui a posées à propos d'Alexandre et
de Metternich.
Jamais on n'a pu dire comme à présent : « Tôt capita, tôt
sensus. » On ne sait plus que croire et à qui croire. Tantôt
c'est la Russie qui cède, tantôt c'est nous qui cédons en tout.
Tantôt nous sommes fermes, l'Europe est avec nous, et le
roi de Saxe est sauvé et la Pologne n'est pas russe en totalité.
Tantôt Murât est sententié (sic), puis tantôt il est plus que
jamais sûr de régner. Après avoir entendu tout cela, on ne
sait que dire, que penser. Le fait est que l'on ne sait rien, et
364 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
on peut dire au moins que, si l'on négocie, le secret est bien
gardé, car à chaque heure tout change ; ce qui prouve que
rien ne repose sur des notions sûres.
Parmi ces avis en l'air, je relève celui du grand-duc- Cons-
tantin, parce que son rang peut lui donner une certaine im-
portance. Avant-hier, il s'est fait graver une planche :
< Le Grand-Duc Constantin...
Varsovie. »
Le vide portera le titre qu'on lui donnera, et il laissa l'ordre
de lui envoyer la plaque à Varsovie. En parlant de Murât, il
a dit : « Pour celui-là, j'espère qu'il la dansera. »
Le grand-duc va tous les soirs à 10 heures chez la prin-
cesse Bagration. Il j reste trois heures en petit comité et il
parle, parle toujours. C'est lui seul qui parle. Avant-hier, il
s'en donna sur les Anglais qu'il déteste.
Le jeune prince Charles de Bavière va aussi très assidû-
ment chez la princesse Bagration, dont il est amoureux en
vrai jeune homme. On se moque de lui, et c'est dommage.
Hier, en entrant chez elle, la princesse me dit : « Dites-moi
un peu, qu'à fait Metternich à l'Empereur qui ne peut le
souffrir. »
— « Quel Empereur ? dis-je. »
— « Le nôtre. »
— «Apparemment, il n'a pas cru devoir se prêter atout ce
qu'il exigeait de lui. Metternich est ministre. Alexandre
est souverain. Le premier n'est pas le maître d'accorder, et
les souverains n'aiment pas les refus. »
Ici, une autre personne est entrée et la conversation a pris
fin.
w
497. Vienne, 22 octobre 1814 (F. 2. 4129 ad 3565). ^:
i
Rapport à HAGER è
Bade et Coburg refusent d'entrer pour le moment dans la Ligue des Princes
imaginée par Gagern. Le déjeuner et la séance orageuse chez Gagern. Les
résolutions du Duc de Brunswick.
Coburg et Bade ne se sont pas encore ralliés à la Ligue des|
Princes qui marchent sous la bannière de Gagern. On comp- C
■|
LES PRÉLIMINAIRES El LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 365
tait fermement sur l'adhésion de Bade, parce qu'on ne savait pas
que Hacke, dont les confidences à Gagern auraient été la base
de ce faux-calcul, n'y avait pas été autorisé par le grand-duc.
La Ligue s'était adressée au conseiller d'Etat Sensburg (c'est
du moins ce que celui-ci raconte confidentiellement) afin de le
gagner à ce projet et par lui le grand-duc. Mais il répondit
que, les Souverains n'étant pas venus à Vienne pour se liguer
entre eux et que rien ne permettant jusqu'ici de douter de la
bonne volonté des Grandes Puissances Alliées, il lui semblait
utile d'attendre le résultat des conférences des Ministres des
Quatre et que par conséquent il conseillerait au Grand-duc
de ne pas entrer dans cette ligue. Goburg a suivi cet exemple.
La Harpe a donné des espérances aux députés des Médiatisés,
en particulier à Gaertner, et c'est pour cela qu'ils prétendent
que l'empereur Alexandre leur a fait de belles promesses.
X Hier (le 30), il y a eu de nouveau conférence, de 11 heures
à 3 heures, chez Gagern. On était invité à un déjeuner, et Ga-
gern y a tenu des propos des plus violents. « 11 est impossible,
a-t-il dit, de laisser se perpétuer l'état de désordre dans lequel
vivent les provinces que la conquête a rendues à l'Allemagne
et l'incertitude dans laquelle on se plaît à laisser leurs députés
présents à Vienne. »
Plusieurs d'entre ces derniers, et, entre autres, ceux de Nas-
sau-Weilburg et de Hesse-Darmstadt, approuvèrent ces dé-
clarations et renchérirent encore en termes les plus vifs sur les
paroles de Gagern, manifestement dirigées contre la Prusse.
Mais le reste de l'Assemblée, qui se composait d'une vingtaine
de personnes, désapprouva ce langage, conseilla la modération
et la patience, et émit l'opinion qu'il convenait de faire crédit
aux Grandes Puissances et d'avoir confiance en leur loyauté.
n en résulta que, loin de les signer, on ne lut même pas les
notes préparées par les enragés et que la minorité seule se pro-
nonça en faveur de l'envoi du comte Keller auprès de Metter-
nich (1). La majorité, au contraire, émit en chuchotant l'avis
que Metternich accueillerait probablement assez mal cette dé-
marche qui leur paraissait intempestive. Les députés des Mai-
sons d'Anhalt,des deux Maisons de Schvvarzburg et de Reuss
se firent particulièrement remarquer au cours de cette séance
1. Les agents de Hager, propablement Bartsch, l'ami d'Anstett, rédacteur de
iViener-Zeitung, réussirent à intercepter les rapports que le comte Keller ré-
ligea au sortir de ses deux entretiens avec Metternich.
366 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
par leur éxl^^n|9VMI|in ■ Le représentant de Coburg était
également parmi les présents et ne cessa de protester contre
les manifestations.
Le duc de Brunswick a dit hier au baron de Wolframs-
"iJiCJPJ'^'^le député d^Anhalt, qu'il verserait jusqu'à la dernière
goutte de son sang et sacrifierait jusqu'à son dernier homme
plutôt que de se laisser arracher la moindre parcelle de son
territoire, la moindre partie de ses droits.
498. Vienne, 25 octobre 1814 (F. 2. 4135 ad 4565).
HAGER à L'EMPEREUR (Bordereau et rapport journalier
du 25 octobre).
Rapport sur vm certain Mayer. Exécution des ordres de l'Empereur relatifs
à Joséphine Wolter et à la surveillance des Belges.
Rapport sur un certain Mayer, ancien officier, reçu chez le
le baron Hacke et ami intime du prince Kaunitz, qui fait métier
de vendre aux princes et aux grands seigneurs des remèdes
contre les maladies vénériennes.
Conformément à l'ordre de S. M. l'Empereur, en date du 23,
on s'efforcera de se renseigner encore plus exactement, de
mettre fin aux sorties de la Joséphine Wolters en habits
d'homme et on surveillera de près les Belges Daniels, Stas-
sart, Coquet et Wellon.
499. Vienne, 24 octobre 1814 (F. 2. 4467 ad 3565). ï»
00 à HAGER
Marie-Louise et Napoléon. Neipperg.
La Comtesse Colloredo-Crenneville (1) trouve que Marie- l
Louise est devenue bien plus raisonnable qu'avant son voyage %
1. La comtesse Colloredo, Aja, de l'archiduchesse Marie-Louise, avait pen- J^
dant dix ans dirigé seule son éducation et resta, comme le prouve la cor- ^
respondance publiée à Vienne en 1887, une de ses meilleures amies, ainsi que '
sa fille du premier lit, M"» de Pontet, qui devint par son mariage en ISlffj^
la comtesse de Crenneville.
\
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJI^'RiNEM^'TS DU CONGRÈS 367
à Aix. Il y a déjà assez longtemp9|p[u'ellè il a pas reçu de
lettres de Napoléon. Elle s'en console, et ne parle presque
plus jamais de lui. Elle est entièrement revenue et son père et
ses frères et sœurs. «J'ai été, a dit la comtesse, samedi chez elle
avec ma fille et le général Neipperg, et nous avons pjassé d'ex-
cellents moments. »
On peut maintenant constater qu'elle est tout à fait en con-
fiance et en grande intimité avec Neipperg, dont le choix a été
excellent.
500. Vienne, 24 octobre 1814 (F. 2. 4135 ad 3565).
Rapport de Lemberg à HAGER (Analyse).
Affaires de Pologne. L'Autriche et la Galicie Occidentale. Bruits dénués de
fondement qui courent à Lemberg.
On s^y attend (à Lemberg) à la prochaine prise de posses-
sion de la Galicie Occidentale par l'Autriche. Les Polonais
semblent avoir perdu l'espoir d'obtenir et de voir la reconsti-
tution du royaume de Pologne, attendent avec impatience les
décisions du Congrès et se plaignent du renchérissement du
tout.
Ici on dit qu'il y a peu de jours seulement que le Tzar
aurait consenti à remettre la Pologne dans Tétat où elle était
en 1809, qu'on céderait Varsovie à la Prusse et toute la Gali-
cie Occidentale à l'Autriche.
On dit même que le courrier porteur de cet arrangement est
déjà parti.
501. Vienne, 24 octobre (F. 2. ad 3565).
GCEHAUSEN à HAGER
La visite du roi de Bavière au Cabinet d'Histoire Naturelle.
Incidents de cette visite.
Le roi de Bavière a été hier visiter le cabinet d'histoire
naturelle. Le portier, ne le connaissant pas, l'arrêta et lui enjoi-
gnit de déposer sa canne, ce qu'il fît. Il visita le musée sans
368
AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
être reconnu jusqu^au moment où il demanda où on avait
placé certains oiseaux rares à lui connus. Sur la réponse qu'il
n'y en avait pas : « J'en ai deux, dit-il, et dès mon retour à
Munich, j'en offrirai un au Musée. »
En sortant, il donna une fort grosse gratification au por-
tier.
502.
Vienne (sans date, mais très vraisemblablement du 24 ou du
25 octobre) (F. 2. 4121 ad 3565).
Rapport à HAGER
Plaisanteries et mots d'esprit des Viennois sur les Souverains à propos de
la caricature représentant les Souverains réunis en Conseil et tournant leurs
regards vers la porte, d'où Gastlereagh les menace de lâcher Napoléon qu'il
tient en laisse.
On a écrit en marge et au-dessus
de : VEmpereur de Russie :
du Roi de Prusse :
du Roi de Danemarck :
du Roi de Bavière :
du Roi de Wurtemberg :
de l'Empereur d'Autriche :
Il aime pour tous.
Il pense pour tous.
Il parle pour tous.
Il boit pour tous.
Il mange pour tous.
Il paye pour tous.
503. Vienne, 24 octobre 1814 (F. 2. 4138 ad 3565).
Rapport à HAGER
Variante de ces plaisanteries sur les Souverains.
Ce qu'on dit dans le public sur les Souverains :
L'Em.pereur de Russie :
Le Roi de Prusse :
Le Roi de Wurtemberg :
L'Empereur d'Autriche :
Le Roi de Bavière :
La Grande-Duchesse d'Ol-
denburg :
Tout lui plaît.
Il critique tout.
Il mange tout.
Il paye tout.
Il touche à tout.
Elle aime tout.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 369
504. Vienne, 26 octobre 1814 (P. 2. 4467 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR. Rapport et bordereau du 26 octobre.
Rapports divers sur Marie-Louise (Restée chez elle le 22
avec Bausset et M"" de Brignole, elle s'est promenée dans
l'après-midi dans le jardin avec Neipperg. A 5 heures, elle a
reçu^la visite du roi de Prusse et du prince de Nassau. Le 23,
après la messe, elle s'est rendue en ville chez l'Empereur et a
fait rechercher toute la journée à Schônbrunn une lettre cache-
tée qu'elle y avait perdue).
Sur le musicien Neukomm (Il ne s'occupe que de musique
et ne fait pas de politique) (1).
Sur le prince Eugène, lord Castlereagh, Stackelberg, Nes-
selrode, Anstett, Pozzo di Borgo, Tchernitchelî, Radziwill,
Hardenberg, Gaertner.
Sur Jomini (toujours soutYrant et soigné par le D' Franck).
Sur Wrede (Il a beaucoup travaillé ces jours derniers, avec
son homme de confiance, le baron Koch (2) et avec son aide de
amp, le baron Besserer, qui est spécialement chargé de lui
fournir les renseignements confidentiels dont il a besoin. Wrede
îe propose d'envoyer cet officier à Ofen, où il sera utile de le
surveiller).
Sur le Finanzrath Stechfuss (3) (envoyé le 2H avec des dépê-
îhes de Stein et d'Hardenberg à Dresde, où il sera suivi par
e colonel von Miltitz, qui doit partir le 25 à midi. Ces dépê-
îhes (qui ont été ouvertes et analysées) ne contiennent que
les instructions sur des questions administratives. Les mili-
aires saxons sont très excités contre la Prusse).
Sur Stein, Lôwenhielm, Talleyrand, Dalberg, Goupy, Labra-
lor, Campochiaro, Cariati, Aldini, sur Brignole et le marquis
«"errari (A) (qui espèrent encore que Gênes conservera son
adépendance).
1. Voir plus loin Pièce 509.
2. Conseiller de Légation bavarois.
3. Il s'agirait ici, d'après la liste des étrangers de distinction arrivés à
ienne (3° liste), Chronik des Allgemeinen Wiener Kongresses 123 et 124,
u Conseiller saxon des Finances Stechfuss.
4. D'après la 4' liste alphabétique des étrangers de distinction arrivés à
ienne (Chronik des Allgemeinen Wiener Kongresses, p. 182), il s'agirait
u comte Ferrari, de Gènes.
T. I. 24
370 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
505. Vienne, 25 octobre 1814 (F. 2. 4151 ad 3565).
Rapports dIvers à HAGER.
Résumé des résultats cîe la surveillance de :
Hardenberg, 24 octobre (arrivée d'un courrier de Berlin.
Envoi de lettres à Gassel par le jeune Steinlein, attaché à la
légation de Prusse à Francfort).
Hardenberg est allé chez lord Gastlereagh avec un gros por-
tefeuille. Il y retrouve Metternich, y reste deux heures, et
écrit ensuite au Colonel von Miltitz, avant de se rendre chez
le Roi. Entre temps, l'électeur de Hesse-Gassel, auquel Har-
denberg envoie, aussitôt rentré chez lui, le Président Steinlein,
était venu chez lui, au lieu d'aller le soir au bal de l'Impéra-
trice (1). Hardenberg travaille seul presque toute la nuit.
Mûller (2) (Dîner donné par ce Suisse au nonce, au Gardinal
Consalvi, à Metternich, etc., etc.).
Talleyrand (a été le 24 à trois heures chez Marie-Louise).
Anstett (qui reçoit vers sept heures une lettre d'Alexan-
dre 1"% apportée par un ofiicier russe auquel il remet sa ré-
ponse. Il va ensuite chez Nesselrode et y reste jusqu'à dix
heures du soir).
Nesselrode, Pozzo di Borgo. La Harpe Stein.
Gampochiaro (a été le 23 chez Talleyrand, puis chez lord
Gastlereagh et de là chez Gariati).
Goupy, comte Solms.
Enfin un rapport sur les désaccords existant entre le Nonce
et le cardinal Consalvi, « autrement intelligent et éclairé, dit
le rapport, que Severoli ».
1. Ahends war Kannnerhall bei Hof. (Le soir, petit bal à la cour , lit-on
dans le Beobachter, p. 1628).
2. Millier von Mûhlegçf {Ferdinand, baron) chargé d'affaires de la Confédé**
ration S:iisse auprès de la cour d'Autriche, à partir de 1802 jusqu'à sa mort
en 1824, appartenait à une famille Zurichoise fixée à Vienne depuis deux
générations. l'"ort riche et jouissant d'une grande considération dans cette
ville où il tenait une fort bonne maison et recevait des hommes influents de
toutes les puissances, Millier était, en 1801 à Berne, l'agent du Prince Abbé
de Saint-Gall dont il était le conseiller aulique.
Note duc à l'obligeance de mon savant et aimable ami Edouard Ghapuisat,
député au Grand Conseil de la ville de Genève, et extraite de La, Correspon-
dance diplomatique de Charles Piclet de Bochemont et de Francis d'Iverno
pendant les Congrès de Paris el de Vienne publiée par Edouard Chapat
Lucien Crinner et Paul Martin.
iverni^^l
J
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 371
506. Vienne, 25 octobre 1814 (F. 2. 4151 ad 3565).
Rapport à HAGER.
Résumé de quelques Intercepta.
Stackelberg à Ott (23 octobre).
Hardenberg à Steinlein (sur un article du Monileur du
28 avril, relatif à la Saxe.
Hardenberg à Repnin (Il lui annonce l'envoi à Dresde de
Vliltitz et de Stechfuss qui lui seront utiles lors des change-
ments qui vont se produire en Saxe. Le gouvernement provi-
soire de la Saxe sera, dès qu'on sera d'accord avec TAutri-
he et l'Angleterre, confié au roi de Prusse qui en chargera
on frère, le Prince Guillaume, auquel on adjoindra le baron
îeck et le Général Kleist. Cette lettre lui sera remise par le
olonel von Miltitz, et le conseiller Reinger suivra de près,
îorteur d'une lettre que le roi se propose de lui adresser).
►07. Vienne, 25 octobre 1814 (F. 2. 4467 ad 3565).
Rapport à HAGER -
Analyse de quelques autres pièces interceptées de :
Stein à Nesselrode (du 24, un Mémoire du Ministère des
nances).
Stein à Pilgram (relatif à une réclamation du prince de Salm
a'il a transmise à Hardenberg.
Stein à Hardenberg (même sujet) (Pièces communiquées par
cart).
Castlereagh à Nesselrode (avec une incluse à Walpole (1), à
int-Pétersbourg et relative à l'ouverture du Congrès).
Deux lettres moins marquantes, dont une de la princesse
irischkine à Woronzoff à Londres.
Stewart à Clancarty (Mémoire du comte de Hardenberg
p la défense de la Hollande).
alpole of Woltertoa (Horatio, comte d'Orford, lord Ministre d'An-
re à Saint-Pétersboiu'g.
372 AUTOUR DU COiNGRÈS DE VIENISE
508. Vienne, 25 octobre 1814 (F. 2. 4151 ad 3565).
Rapport à HAGER
Rapport sur Séraphine Lombard.
Une actrice française, Mademoiselle Lombard, est actuelle-
ment la maîtresse de Narischkine. Elle va à Saint-Pétersbourff
dans le but, dit- on, d'y faire la conquête du Tzar.
509. Vienne, 25 octobre 1814 (F. 2. 4151 ad 3565).
SCHMIDT à IIAGER
Notes sur Neukomni
Voici quelques renseignements complémentaires sur le mu-
sicien Sigismond Neukomm qui fait partie de la suite de Tal-
leyrand, qui l'a pris sous sa protection parce qu'il apprécie son
talent, et dont, du reste, la conduite simple et ouverte pro-
duit partout le meilleur effet.
Talleyrand commença par le charger d'écrire la musique de
la messe solennelle qu'on devait célébrer pour le retour du roi,
et grâce à la protection du prince on préféra l'œuvre de Neu-
komm à celle de très grands maîtres. On exécuta sa musique
et on lui donna en outre la croix de l'ordre du Lys.
Neukomm, dont on dit partout beaucoup de bien, a prié
Talleyrand de l'amener à Vienne. Il a fait valoir le désir qu'il
avait d'y revoir de vieux amis, les services qu'il pourrait de
cette façon rendre à sa sœur, qui est à Salzburg où elle a ap-
pris à chanter, qui se destine au théâtre et qu'il voudrait ame-
ner à Vienne où elle terminerait son éducation artistique. Il
espérait de plus faire représenter à Vienne, où il avait com-
mencé ses études musicales, un opéra qu'il avait achevé à Paris
et dont il confierait un des rôles à sa camarade d'enfance,
M"* Milder. Mais avant tout, il tenait à embrasser sa vieille
mère aveugle qui vivait à Salzburg et à chercher à créer uoe
carrière et un avenir à sa sœur.
LES PRÉLLMLNAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 373
Neukomm espère encore parvenir à faire représenter ici
son opéra, mais il a renoncé à faire engager sa sœur, parce
qu'il est mécontent de la façon dont marche l'opéra et dont
il est dirigé par le juif Joël. Aussi Neukomm retournera-t-il
en France avec Talleyrand et va-t-il chercher à faire entrer
sa sœur au Conservatoire de Paris. Neukomm, comme il le
laisse voir dans l'intimité, n'a aucune sympathie pour la France
et déconseille aux musiciens d'aller à Paris. Il décrit d'une
façon assez intéressante le caractère fort original de Talley-
rand, qui reste quelquefois des journées entières sans adresser
la parole à son entourage et lui demande souvent de lui jouer
du piano pendant qu'il travaille. Il lui est arrivé souvent de
devoir faire de la musique pendant plusieurs heures, et main-
tenant encore il se demande si le prince l'a jamais écouté,
pendant qu'il était à écrire ou à réfléchir assis à sa table de
travail.
510. Vienne, 25 octobre 1814 (F. 2.4151 ad 3565 .
Rapport à HAGER (analyse).
Sur le mécontentement des Prussiens contre la Bavière et
le Wurtemberg, sur le désaccord existant au sujet de Mayence,
et sur les réclamations des petits Princes qui demandent des
garanties leur assurant leurs Etats et leur existence.
511. Vienne, 25 octobre 1814 (F. 2. 4467 ad 3565).
Rapport à HAGER.
Sidney Smith (1) a dit au prince Léopold de Sicile qu'il pré-
senterait au Congrès un plan qui débarrasserait la Méditerranée
des Barbaresques.
1. Smith (Sir William Sidney) brûla une partie de la flotte française à Toulon
en 1792. Fait prisonnier au Havre en 1794, enfermé au Temple, il s'évada en
1797 au moyen d'un faux-ordre du Ministère de la (îuerre. Compromis dans
le procès de la princesse Caroline, il mourut ci Paris comblé d'honneurs en
1840. (Cf. à propos de son projet d'anéantissement des Barbaresques, C* Weil,
374 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
512. Vienne, 25 octobre 1814 (F. 2. 4467 ad 3565).
Rapport à HAGER
La Suède paraît ne plus vouloir céder la Poméranie au Da-
nemark en échange de la cession de la Norvège.
513. Vienne, 25 octobre 1814 (F. 2. 4467 ad 3565).
Rappobt à HAGER
Mot de Pozzo di Borgo sur Murât et Bernadotte au bal chez Metternich.
Le Danemark et l'attitude de son roi à l'égard de Murât.
Au bal chez le Prince de Metternich (1), Pozzo di Borgo a
dit tout haut : « Dès que Louis XVIII est remonté sur le trône,
tous les faquins créés par Bonaparte doivent cesser d'exister.
Je dis par là Murât et les Bernadotte. »
M. de Rosencranz, ministre de Danemark, a raconté avant-
hier chez Serra Capriola que Gallo lui avait écrit trois lettres
pour engager sa Cour à avoir un ministre deNaples,mais que
le roi lui avait toujours défendu de répondre.
514. Vienne, 25 octobre 1814 (F. 2. 4466 ad 3565».
HAGER à L'EMPEREUR
Affaire du baron Hiigel et enquête à ce propos.
Envoi à l'Empereur d'une dépêche chiffrée de Mariotti à Dalberg. »
i
Les accusations portées contre le baron Hûgel (2) venaient»
Joachim Mural. La dernière année de règne, t. 451 et B. Archivio di Stato,
Florence. Affare Esteri. Prot. n" 2.) « La figure de Sidney Smith n'est pas en
harmonie avec sa réputation ; car elle est très commune. La famille n'est
pas intéressante non plus. Il a épousé une veuve Rumboldt, d'une naissance
moins qu'ordinaire. Elle a une flUe d'un premier mari, dont ou admire ici la
beauté. ».
1. Metternich donna à ce moment deux bals, un très grand le mardi 18, un
autre plus intime le lundi 24.
2. 11 s'agit probablement ici du baron Hiigel, diplomate ambitieux et mé-|
content, dont on critiquait et condamnait les négociations qu'il avait menées
avec le roi de Bavière ainsi que la condescendance qu'il avait cru pouvoir
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 375
du général KoUer et des gens qui fréquentent chez le baron
Puffendorf (I). Je fais suivre l'enquête afin de voir s'il n'y
aurait pas là quelque trame et quelque relation avec la Prusse,
Solms et Stein.
Envoi à l'Empereur d'une dépêche chiffrée de Mariotti (2)
à Dalberg, que le duc a traitée lui -même chimiquement à cause
de son importance et parce qu'en réalité le cabinet des Tui-
eries cherche le moyen d'enlever Napoléon de l'île d'Elbe (3).
En réponse à cet envoi l'Empereur donne à Hager en date
du 3 novembre Tordre de se procurer des détails sur ce point.
Les pièces qui suivent (n" 515 à 527 inclus) sont toutes ou
des chiffons ou des lettres et billets interceptés (mais pour
a plupart des chiffons) trouvés et ramassés à ce moment chez
Dalberg et qui figurent au bordereau de Hager et à l'envoi
qu'il fit à l'Empereur le 25 octobre. Je n'en ai supprimé que
deux ou trois billets, absolument insignifiants, comme aussi la
minute déchirée et recollée soigneusement de la dépêche
n' 4 bis des Ambassadeurs du roi au Congrès au ministre des
A-ffaires étrangères, de Vienne le 8 octobre, en tous points
semblable à celle publiée par le duc de Broglie {Mémoires du
orince de Tailet/rand,1 1,3 30, 3 3 5). Cette dépêche ne présen-
ait un intérêt relatif qu'à cause d'un post-scriptum existant
îur cette minute, mais biffé de la main de Dalberg et relatif
i deux lettres du prince Antoine de Saxe, qu'on devait expé-
iier par ce courrier et qu'on décida de garder. Ce sont ces
ettres qu'accompagnait le billet suivant :
ivoir en laissant ce prince occuper le Grand-Duché d'Aschaffenburg. Repré-
entant de l'Autriche à la diète de Ratisbonne et plus tard à Francfort le
laron Jean-Aloïs Hûgel avait été très en faveur auprès de l'élection Clé-
aent Wenceslas de Trêves.
1. PufTendorf, ancien membre du Wiener Reichshofrath, un jurisconsulte
les plus distingués, faisant autorité en tout ce qui avait trait à la législation
t à la jurisprudence du Saint-Empire.
2. Mariotti (le chevalier) servit de 1778 à 1790 au régiment provincial corse,
migra, entra au service de Gênes, reprit du service en 1800. Exclu de l'avan-
ement à cause de !a révolte à Livourne de la 60* demi-brigade, dont il était
î chef à ce moment et devenu dès lors un ennemi acharné de Napoléon, il fut
hoisi par Talleyrand pour remplir les fonctions de Consul de France à Li-
ourne. A peine installé, il organisa autour de l'île d'Elbe et dans l'entou-
age même de l'Empereur un vaste réseau d'espionnage et recruta grâce à
es anciennes relations de nombreux agents, dont l'un des plus remarquables
assurément été le fameux « Marchand d'huile ».
3. Cette pièce, qui ne ligure plus au dossier de ce jour, pourrait bien être
une des deux lettres interceptées qui font partie du bordereau et du rap-
lOrt du 28 octobre.
376 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
515. Vienne (sans date) (F. 2. 4467 ad 3565). |
'%
POZZO DI BORGO à DALBERG (chiffon ramassé chez Dalberg). |
Voici, mon cher duc, deux lettres que le prince Antoine
de Saxe adresse à M""' la duchesse d'Angoulême et que le
prince de Talleyrand lui a offert d'expédier par le courrier
que vous expédiez aujourd'hui.
Dès que je serai habillé, je viendrai vous voir un moment.
516. Varsovie, 28 septembre 1814 (F. 2. 4151 ad 3565).
Anonyme à DALBERG (chiffon).
Que deviendra la Pologne ?
Il désire savoir si Dalberg a reçu sa lettre du 14. On peut
lui écrire sous l'adresse de MM. Landshutten, négociants. Il
prie le duc de lui donner son avis sur le sort futur de la Po-
logne, dont dépend le sien.
517. (Sans date) (F. 2. 4151 ad 3565).
M-^^ DE BRIGNOLE (1) à DALBERG [intercepta).
Mon cher ami et frère,
Je n'ai pu répondre de suite à votre aimable billet parce
que nous venions de nous mettre à table. Je m'empresse de
vous prévenir que ni moi, ni Antoine, ne pourrons profiter
de l'aimable invitation de M. de Talleyrand, attendu que nous
sommes priés depuis quelques jours chez lord Stewart. Quant
>s
1. 11 s'agit de la marquise de Brignole, femme du marquis Antoine, quflt
tenta vainement de défendre et de sauver l'existence de la République
Gènes.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 377
à M"' de G..., je lui ai fait part de votre invitation et elle en
profitera.
Agréez, mon cher et aimable frère, l'expression de toute
mon amitié.
Arthémise de Brignole.
518. Vienne (sans date) (F. 2. 4151 ad 3565).
DALBERG à SOPHIE (1) (chiffon).
Je commence ma journée, ma bonne Sophie, par te dire
que je t'aime plus que je ne peux l'exprimer et que je joins
ici une lettre de Lips (2) qui me fait croire qu'il ne vient pas
ici. Je ne sais ce que Lips a découvert à l'égard de son fils
et du gros Erwein. Je ne peux en outre me mêler de toutes
ces tracasseries qui me puent au nez. Cela ne sont pas des
affaires. Demande cependant à Erwein, quand le séquestre de
Lips sera levé. On ne s'imagine pas quelque chose de plus
absurde que de continuer un séquestre qu'on n'avait pas le
droit d'imposer.
519. Vienne (sans date) (F. 2. 4121 ad 3565).
D A LBERG à SOPHIE (chiffon) .
Billet au crayon.
Si j'avais su tes projets plus tôt, j'aurais été avec toi. Je ne
peux actuellement. J'espère te voir ce soir chez la Duchesse
(de Sagan).
1. La Comtesse de Schœnborn, cousine de Dalbei";
2. Professeur à Erlangen.
378 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
520. Vienne (sans date) (F. 2. 4151 ad 3565).
Comtesse SCHŒNBORN à DALBERG
Fanny Z..., sans m'en prévenir, a invité son gros frère à
dîner. Je t'en avertis, mon ami, pour que tu t'arranges en con-
séquence. Pourquoi n'es-tu pas venu au bal d'hier? J'espère
que tu n'es pas malade. Si tu pouvais venir dans la matinée,
cela me ferait grand plaisir.
521. Francfort, 5 octobre 1814 (F. 2. 4151 ad 3565).
Anonyme à DALBERG (1) [intercepta) (en français).
État des affaires de Dalberg qu'il désire voir s'entendre au plus vite avec la
Bavière. Wrede, Montgelas et le Hoi. Faux bruits du Congrès. La Confé
dération. Stadion. Nécessité pour les Anglais de faire la paix avec les États-
Unis. La situation à Paris. Beugnot et les Jacobins.
Je t'avais écrit le 12 septembre, mon cher ami, sous enve-
loppe d'Arnstein et Eskeles, et quoique tu ne m'en accuses pas
réception par ta lettre du 24, j'aime cependant à croire qu'elle
t'est parvenue, puisque M. de Lachmann, aide de camp de Tet-
tenborn, de retour depuis hier, m'assure d'avoir remis exacte-
ment mon paquet.
J'espère que tu auras également reçu mes lettres du 23 et
du 29 septembre. Par la dernière, je te communiquais ce que
Untzschneider m'avait mandé sur sa retraite. Le l" novembre,
je rappellerai à M. d'Allarini le mode de remboursement pro-
mis des neuf obligations et je t'instruirai des résultats de cette
affaire.
J'aurais mieux aimé que tu eusses pu terminer ton arran-
gement avec la Bavière, plutôt avant qu'après le Congrès. Le
Roi aurait plus accordé par espoir que par reconnaissance.
Wrede te servira mieux que Montgelas, dont les intentions
pour toi me paraissent douteuses.
Je te remercie de tes avis sur la marche du Congrès, qui
coïncident avec ceux que j'ai reçus d'autres personnes. On^
1. Probablement d'un certain d'Eberstein.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 379
m'assure que l'empereur Alexandre veut quitter Vienne le 20
comme roi de Pologne, et qu'hier à sa fête, François I" aurait
été déclaré Empereur d'Allemagne. Il me tarde que tu me con-
firmes ce dernier fait qui, puisqu'il faut absolument un chef à
a Confédération Germanique qui possédera Mayence, est impor-
tant pour le sort de Francfort.
La Saxe sera partagée entre l'Autriche et la Prusse. Quel
xemple !
L'abbé aurait voulu insérer l'article de Stuttgart ci-joint, que
3 suppose vrai ; mais Hûgel ne l'a pas permis.
La nomination de Stadion au Ministère des Finances doit
olaire, pourvu qu'on le laisse agir d'après ses principes.
Malgré les succès des Anglais en Amérique, ils devront faire
a paix ; car la campagne prochaine, les Américains se battront
éjà mieux et la dépense, que cette guerre entraîne, épuise
eurs finances et empêche leur change de venir au pair.
Le général Tettenborn (1) allant à Vienne, je lui confie la
)résente ainsi qu'un paquet à la comtesse Schœnborn, conte-
ant la première partie des Mémoires du baron des Grieux,
ont tu lui as fait la galanterie des deux autres.
Je suppose que tu conserves toujours les mêmes sentiments
our elle.
Lorsque tu fourniras des traites à Arnstein sur ma maison,
les recevront le meilleur accueil.
11 paraît que les Jacobins se remuent à Paris.
Crois-tu Beugnot assez fort pour la police ?
Adieu, je t'embrasse.
22. Vienne (sans date) (F. 2. 4151 ad 3505).
Note de la main de DALBERG (chiffon).
•
Distribution des forces de l'Autriche: Bohême, 80.000 hom-
les ; Moravie, 90.000 ; Galicie, 36.000 ; Transylvanie,
1. Tettenborn (Frédéric, Charles, baron), né en 1778, d'abord au service de
V.utriche de 1794 à 1812, passé alors au service de la Russie comme lieute-
nt-colonel, se distingua par de hardis coups de main, d'abord à Vilna.puis
1813, à Berlin, à Hambourg et à Brème. Général pendant la campagne de
14, il quitta en 1818 le service de la Russie pour rentrer à celui du Grand-
iché de Bade et devint en 1819 le Ministre du Grand-Duc à la Cour de
enne.
380 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
20.000 ; Basse et Haute-Autriche, 30.000. Total : 256.000
hommes.
f
523. Mannheim, septembre 1814 (F, 2. 4151 ad 3565).
STUMM à DALBERG (chiffon) (en français).
Il fait appel à sa bienveillance et à sa protection pour ob-
tenir l'exemption des droits de douane pour l'entrée de
4.000 quintaux métriques de fer forgé et de fonte provenant
de la forge de Neunkirchen (ancien département de la Sarre),
dont il est le propriétaire.
524. Sans lieu, ni date (F. 2. 4150 ad 3563).
(Chiffon en allemand).
Motifs de l'annexion des Pays-Bas à la Hollande. Projets sur la Suisse.
L'Angleterre, l'Autriche, la Russie et la Prusse, pour garder
les flancs de l'Allemagne contre la France, veulent annexer
les Pays-Bas à la Hollande et imposer aussi un nouveau -ré-
gime à la Suisse.
Revenant sur ce qu'il lui disait dans sa lettre du 8 (par le
Banquier Geymûller), il le prie de s'occuper des fonds qu'il
désire employer en fonds d'Etat, et lui parle des troubles qui
ont éclaté dans le Valais.
525. Sans lieu, 8 octobre 1814 (F. 2. 4151 ad 3565).
X... à DALBERG (chiffon) (en allemand) (analyse).
Etat des esprits en Suisse. Dalberg est trop optimiste.
Quelle est la situation des finances autrichiennes ?
Il se félicite et le félicite de son envoi à Vienne, où il fera de
bonnes choses, lui signale l'état d'esprit des cantons de Vaud
et d'Argovie, entièrement acquis aux idées françaises et nette-
ment hostiles à la Prusse, et croit à l'extension de ce mouve-
l::s préliminaires et les ajournements du congrès 381
ment dans les cantons de Berne, Soleure et Fribourg. Il ne
partage pas la manière de voir optimiste deDalberg et le met
en garde contre son antagoniste qu'il va trouver à Vienne,
(probablement un des députés suisses) et dont il croitJp« idées
nuisibles et dangereuses pour la Suisse.
11 le prie de lui dire ce qu'il pense de l'état des finances
autrichiennes. La question l'intéresse directement, puisqu'il a
déjà une partie de sa fortune déposée chez Geymiiller, qu'il
voudrait l'employer en fonds d'Etat et se démande s'il ne de-
vrait pas à cet elTet l'envoyer en France.
526. Vienne, 19 octobre 1814 (F. 2. 4151 ad 3565).
MARSCHALL(l) à DALBERG (chiffon).
Je viens de recevoir une lettre de notre excellent Primat,
sur laquelle il est urgent que je m'entretienne avec vous. Vou-
lez-vous me faire savoir à quelle heure je pourrai vous trou-
ver ce soir.
527. Vienne, 20 octobre 1814 (F. 2. 4151 ad 3565).
CORSINI à DALBERG (analyse) (chiffon).
Il le prévient du départ, samedi, pour l'Italie d'une personne
sûre qui se chargera d'emporter tout ce que le duc désirera.
Gorsini l'adressera à Bologne à sa sœur, qui remettra Je tout
ï la Duchesse sans le moindre incident.
528. Vienne, 27 octobre 1814 (F. 2. 4137 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR.
Bordereau et rapport du 27 octobre.
1. Le comte Marschall, représentant du prince Primat.
382 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Vienne, 26 octobre 1814. (F. 2. 4467 ad 3563).
Rapports à HAGER.
Rapports sur Marie-Louise, le prince Eugène, les diplomates
russes et prussiens.
Le 24, Marie- Louise a reçu à déjeuner deux lettres du
prince Eugène et a dit à table que le roi de Prusse était un
bel homme.
« Physiquement, peut-être, a répondu M""^ de Brignole, mais
pas moralement, car sans cela Votre Majesté ne serait pas ici. »
Le soir, Marie-Louise est allée à Baden où elle est restée
jusqu'au 26.
Sur le prince Eugène, (qui a fait le 24 une visite de deux
heures à l'Empereur Alexandre et est allé le soir au bal chez
Metternich.)
Sur Nesselrode, Stackelberg et Anstett, (qui a continué à
travailler à un gros Mémoire pour l'Empereur et a fait porter
ce gros Mémoire (de quatre feuilles) au prince Czartoryski
par son valet de chambre avec Tordre de ne le remettre qu'en
mains propres. Czartoryski a rapporté le soir ce dossier, que
le même valet de chambre a aussitôt porté à Anstett, qui se
trouvait chez Nesselrode.)
Sjir Pozzo di Borgo, la Harpe et Stein (Le colonel Miltitz et
le lieutenant Kleist ne sont pas partis hier pour Dresde et
sont encore ici).
Sur Wrede (Besserer ne va plus en Hongrie), Gaertner et la
députation juive de Francfort.
Sur Talleyrand (On a réussi à se procurer des lettres pro-
venant de son bureau) (1).
Sur Radziwill, (qui a été à 4 h. 1/2 chez Hardenberg et lui
a porté et versé l'argent qui lui avait été remis par le Juif
de la Cour. Ce sac lui avait été apporté dans la matinée (2).)
1. Cf. plus loin pièces 535 à 538 inclus.
2. Ha;^er avait complété ces renseignements relatifs à Hardenberg dans un
rapport à l'Empereur en date du 27 octobre (F. 2. 4137 ad 3565). 11 lui man-
dait que « Hardenberg aurait été gagné à la cause du prince Eugène moyen-
nant 100.000 sequins et que le prince Radziwill lui aurait porté un sac plein
d'argent qui lui avait été remis, par oi'dre d'Alexandre, par le Juif de la cour »
Un autre rapport du 25 octobre, celui-là en italien, et venant d'un tout
autre côté, avait donné encore plus de poids et plus de vraisemblance à
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 383
529. Vienne, 26 octobre 1814 (F. 2, 3148 ad 3565).
Rapport à HAGER
Craintes et espoirs des Polonais.
Le prince Henri Lubomirski a donné à Goudakhowsky
l'ordre de se tenir prêt à partir pour Varsovie. On croit qu'il
sera porteur de dépêches importantes. Les Polonais sont tou-
jours très inquiets de leur sort et attendent tout de l'influence
et de l'action du Prince Adam (Czartoryski).
530. Vienne, 25 octobre 1814 (F. 2. 3148 ad 3565).
Rapport à HAGER
Déjeuner chez Turkheim. Dîner chez Gagern.
Grand déjeuner le 24 chez le baron Turkheim. Le même
jour, grand dîner donné par Gagern aux princes de Reuss (1)
et d'Anhalt (2), aux Ministres Beroldingen (3), Rechberg et
Bûhler (4), puis thé dansant, auquel Lady Gastlereagli assiste
avec ses enfants.
cette nouvelle, sur laquelle Hager n'hésita plus à appeler Tattention de TEm-
pereur.
(a) E il comte {principe di Hardenherg che a preso di certo li 100000 Zec-
chini del Principe Beanharnais. Ne parlai tutt'oggi col Segretario di Saint
Marsan e tutti ne convengono. Quindi rigiiardo qiiesto corne cosa d'Evan-
gelio. (F. 2. 4467 ad 3565).
(a) C'est le comte (prince de Hardenberg) qui a reçu, cela est certain, les
100.000 sequins du prince Beauharnais. J'en parlai aujourd'hui même avec le
Secrétaire de Saint-Marsan et tout le monde en est persuadé. Je considère
ionc la chose comme parole d'Evangile.
1. Probablement Henri XIII de Keuss-Plauen-Gretz, né en 1747, prince
égnant depuis le 28 janvier 1800, mort en 1837 et peut-être aussi son fils le
irince héritier Henri XIX.
2. Probablement le prince héritier d'Anhalt-Dessau.
3. Beroldingen (Joseph-Ignace, comte de) Ministre de Wurtemberg et
lide de camp du roi. Ministre à Londres en 1815, nommé à ces mêmes fonc-
ions à Saint-Pétersbourg en 1816 où il remplaça Wintzingerode rappelé à
Stuttgart pour y occuper le Ministère de l'Intérieur (cf. PolovtsofT, I, 618.
'îoailles à Richelieu, 10 sept. 1816).
4. Diplomate russe, tout à fait acquis à la Prusse.
384 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
L'Electeur de Hesse-Cassel est parti le 24, fort mécontent
de la marche de ses affaires.
531. Vienne, 24 octobre 1914 (F. 2. 3148 ad 3565).
©0 à HAGER
Léopold de Cobourg, Victor de Rohan et l'Ambassade de France. La tactique
de Talleyrand. Sa réponse à Alexandre. La campagne des médiatisés et des
nouveaux Princes contre Metternich. Le baron de Mûlinen. t?
Je trouve souvent le matin chez Dalberg le prince de Co-
bourg (1) et le prince Victor de Rohan (2). Le premier m'a de
plus en plus l'air d'être un des informateurs des Français et
le second, qui a un procès à Paris, cherche naturellement à
gagner l'Ambassade à sa cause.
On raconte dans les salons que, toutes les fois qu'il est ques-
tion d'affaires ayant trait à la politique, Alexandre se retran-
che derrière cette phrase : « Je ne suis qu'un soldat et ne com-
prends rien à la politique. »
On prétend aussi qu'on a remarqué que Talleyrand n'a cher-|
ché qu'à semer la discorde, d'abord entre l'Angleterre et la
Russie, et maintenant entre l'Autriche et la Prusse. On raconte
encore, à propos de la fameuse audience de Talleyrand chez:
Alexandre, que l'Empereur s'étant élevé violemment contre laj
trahison du roi de Saxe, le prince lui répondit avec le plus grand
calme : « Ce sont là des reproches à faire à toutes les puis-
sances. Il n'y a qu'à rappeler (sic) les dates (3). »
Le roi de Prusse est, paraît-il de fort méchante humeur. II.
a hâte d'être rentré chez lui et trouve que la solution est biei]|'
longue à intervenir.
La coterie Starhemberg et C" profite du fait que les Prus-.
siens déclarent qu'il faut médiatiser toutes les nouvelles mai-'
sonsprinoi..e.po„.,ep.e„drep.uséne.,i,ue.entlaca.pa,^
1. Le futur roi des Belges.
2. Rohan (Victor, prince de) (1764-1835) grand Chambellan en 1789, éniigt
peu après et entra dans rarmée autrichienne où il devint général. Rentré i
France en 1814, il s'expatria de nouveau en 1830 et alla mourir en Autriche
3. Cf. Talleyrand au Roi. Dépêche n" 3. Vienne 20 octobre 1814, page 22.
« Sire, c'est une question de dates. »
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Urf
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 385
3ontre Metternich, et ils ont découplé contre lui les Hohen-
îollern, Lobkowitz, Salm, Dietrichstein, Nassau, Auersperg,
F'ûrstenberg, Schwarzenberg, Liechtenstein,- Taxis, etc., qui
;ous sont des princes de date assez récente. Ils affectent tous
ie croire que le salut de la maison d'Autriche dépend du main-
tien des médiatisés et déclarent que c'est Metternich quia mis
5on Empereur dans ce joli guêpier.
On voit maintenant assez fréquemment chez le comte Rech-
Dsrg le baron de Miilinen, de la Légation du Wurtemberg au
jHongrès, un homme du monde accompli et qui a beaucoup
^^ojagé.Le roi lui paie ses voitures et ses dépenses ici, à con-
ition qu'il circule et pénètre partout. C'est un des agents de
a police secrète de Stuttgart.
•32. Vienne, 25 octobre 1814 (F. 2. 3148 ad 3565).
Rapport à HAGER
Les doléances de Wrede. Effet produit en Allemagne
par la déclaration du 8 octobre.
Wrede, qui, au sortir de la conférence tenue à la Chancelle-
ie d'Etat sur les affaires de l'Allemagne, n'est arrivé qu'à
heures pour dîner chez le Prince B..., y a dit : « Rien ne
jiarche dans notre Conférence. On ne décide rien. On ne peut
[entendre sur rien. Du reste, quel est celui d'entre nous qui
Imsentira à ce qu'on lui prescrive ce qu'il convient de faire
pns son propre pays ! Ajoutez à cela que les séances sont trop
pes. Les fêtes continuelles, dont nous avons une indigestion,
j'ennent tout notre temps. Les souverains ne partiront pas
'■ant la fin de novembre de Vienne, que, nous autres, nous
1 pourrons quitter avant le nouvel an, et alors très probable-
mt il y aura un Pof>t-Scriptum à Francfort. Consalvi nous
[et à la torture avec son Concordat germanique. La Bavière
le Wurtemberg ne se laissent donner d'ordres par qui que
soit, et chacun de ces royaumes trouvera bien moyen de con-
tre un Concordat personnel avec le Saint-Père.
iLa Comtesse de Rechberg a dit hier : « Nous avons reçu des
luvelles de l'Empire. La déclaration du 8 octobre a produit
très grand effet, mais hélas i absolument déplorable. »
T. 1. 25
386 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
533. Vienne, 25 octobre 1814 (F. 2. 3148 ad 3565).
B . . . à H AGER
Anstett et Alexandre. Conférence du 22 chez Alexandre. Anstett chargé de
rédiger le mémoire dans lequel Alexandre réclame et exige toute la Pologne.
La brochure de Lips. Mécontentement des Médiatisés. La Constitution alle-^
mande. Thugut et les journaux étrangers. I
La disgrâce d'Anstett n'a pas l'air d'être bien sérieuse. Le
21, il reçut de l'Empereur un billet autographe au crayon que
j'ai lu et dans lequel après lui avoir dit toutes sortes de choses
aimables au sujet de son habileté et de sa manière de rédiger
les notes, Alexandre le convoquait pour le lendemain.
« Je sais bien de quoi il en retourne, me dit-il. L'Empereur
a des idées essentiellement différentes des miennes. Je vaist
donc une fois de plus être obligé de le contredire et de luj;
déplaire. Je resterai fidèle à ma manière de voir. Mais en fin
de compte, il me faudra faire ce que veut mon Empereur,
quelque pénible que puisse être pour moi de travailler contre
mes convictions. »
Le 22 après-midi, il j eut une conférence chez l'Empereur,
Anstett revint au bout de quelques heures, et depuis ce mo-
ment jusqu'à aujourd'hui après-midi, il a travaillé et écrit sans
arrêter. Son mémoire se composait de plus de trente feuilles
et a été envoyé à l'Empereur à Ofen par un Feldjœger parti
cet après-midi.
Bien qu' Anstett ait pendant ce temps défendu sa porte aux
visiteurs, j'ai eu l'occasion de le voir et de m'entretenir avec
lui pendant ses heures de répit et de repos. Tout plein du tra-
vail qu'il faisait, il me dit qu'il travaillait à la réponse défini-
tive de la Russie ; que l'Empereur maintenait ses prétentions
sur la Pologne, réclamait la Vistule dont le cours entier devait
être libre, refusait de renoncer aussi bien à Thorn qu'à Cra-
covie. Qu'il allait faire présenter ses propositions et qu'il fau-
drait, ou les accepter, ou en venir à une rupture.
Je continue à rencontrer chez Arnstein et chez Eskeles tous
les fonctionnaires prussiens, Staegemann, Heim, Grosse (1)
)3^
1. Grosse, conseiller prussien.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 387
et Krug (!). On y désire de plus en plus de pouvoir lire la
brochure saisie par la Censure viennoise du professeur Lips,
d'Erlangen, sur le Congrès de "Vienne (2). dont peu de per-
sonnes ont pu prendre connaissance.
Le comte Schenk von Castell et ses semblables se plaignent
de ce qu'on empêche les Médiatisés de répandre à Vienne les
brochures qu'ils ont rédigées et dans lesquelles ils attaquent
si vivement les souverains. Ils disent qu'il y a trop de fêtes,
trop de distractions à Vienne ; que les affaires sérieuses n'y
occupent qu'une place secondaire et qu'il eût bien mieux valu
tenir le Congrès à Prague, à Francfort, ou n'importe où ailleurs.
Le baron Linden a raconté hier que le comité des affaires
allemandes avait tenu ce jour-là sa cinquième séance, qu'on
en a fini avec la question de la Constitution fédérale et que
c'est probablement au mois de janvier et à Francfort qu'on
réglera les détails de l'organisation de l'Union allemande et
jue d'ici au 15 novembre tout sera terminé à Vienne.
Je rencontre maintenant dans quelques salons, chez la com-
tesse Schônburg, par exemple, nn beau parleu?', un aventurier,
m certain Salins (3), (si je ne me trompe) qui raconte lui-même
^ue Napoléon qu'il voulait assassiner, la fait enfermer pendant
luit mois à Vincennes.
Le baron Thugut et quelques autres viennent de reprendre
les abonnements à des journaux étrangers, seul moyen pour
ux de savoir ce qui se passe au Congrès, dont la Wiener Zei-
ung ne peut rien dire.
34. Vienne, 26 octobre 1814 (F. 2. 3148 ad 3365).
GOEHAUSEN à HAGER.
Notes et jugements sur La Harpe.
Le lieutenant Klauss, chez lequel habite Gaertner, est un ami
e La Harpe et a offert de nous renseigner de son mieux sur
1. Fonctionnaire prussien.
2. Elle avait pour titre : Der Wiener Congress oder was miiss (/eschehen
n DeulschlandifOii seinem Untergang zu retten. (LeCongrès de Vienne, ou
fl'aut-il faire pour sauver l'Allemagne de sa perte .
Le baron Sala, celui qui essaya en effet, en février 1810, d'attenter à la
388 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENIS'E
ses faits et gestes. Il a fait la connaissance de La Harpe en
se rendant à Paris et celui-ci lui a offert, ce que Klauss a re-
fusé, d'entrer au service de la Russie. D'après lui, La Harpe
est un homme d'une rare intelligence, ennemi déclaré de Bo-
naparte, dont depuis longtemps il considérait la chute comme
nécessaire, cette chute qu'il avait prédite déjà lorsque les ar-
mées alliées marchaient sur Langres. Mais d'autre part, il n'aime
guère le gouvernement actuel de la France et encore moins
ses ministres. Il déteste Tallejrand, un véritable Caméléon,
d'après lui, sauf cependant qu'il lui est désormais impossible
de rougir. Pour ce qui est de la Suisse, il appartient au nou-
veau parti en faveur duquel il travaille activement ici. Il dé-
clare que l'ancien gouvernement de la Suisse est suranné et
ne répond plus aux besoins de l'époque. Il est par conséquent
loin d'être d'accord avec Montenach et C" et déclare carré-
ment que la Suisse se refusera catégoriquement à accepter
toute Constitution qu'on voudrait lui imposer.
La Harpe s'exprime avec le plus profond respect sur le
compte de notre Empereur et de sa famille. Il a d'ailleurs ma-
nifesté ses sentiments dans l'entretien qu'il a eu récemment
avec l'archiduc Jean.
535. Vienne, 12 octobre 1814 (F. 2. 4467 ad 3565).
FLORET à TALLEYRAND (chiffon) (1).
Remise d'exemplaires imprimés des déclarations.
J'ai l'honneur d'envoyer à Votre Altesse quelques exem-
plaires de la déclaration, imprimés sur un papier tant soit peu
meilleur que ceux qui ont été remis ce matin par M. de Gentz.
J'en aurai demain un plus grand nombre d'exemplaires à
votre disposition.
536. (Sans date, mais écrit peu de jours après l'arrivéede Talleyrand)
F. 2. 4467 ad 3565).
TALLEYRAND au Duc de CAMPOGHIARO (chiffon) (2).
Des rendez-vous, indispensables lorsqu'on arrive, m'ont
1. Chiffons trouvés et ramassés chez Talleyrand le 26 octobre.
2. Chiffons trouvés et ramassés chez Talleyrand le 26 octobre.
Pen
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 389
privé jusqu'à présent du plaisir de voir M. le due de Gampo-
chiaro. Si demain lundi lui convient, je le recevrai avec plaisir
vers 4 heures.
537. Vienne, 19 octobre 1814 (F. 2. 4467 ad 3565).
TALLEYRAND au Baron LOUIS (chiffon) (1).
Il lui recommande M. Navara et le prie de lui donner la place
vacante de receveur principal des droits réunis à Toul (Ci-
joint une lettre de M""' Navara à Talleyrand).
538. Vienne, 24 octobre 1814 (F. 2. 4467 ad 3565).
TALLEYRAND à... (2) (Fragment de chiffon) (3).
Les dotations des Maréchaux. Le Monte-Napoléone.
Prince (2), je fais valoir dans toutes les circonstances les
ustes réclamations qui sont faites par nos généraux. Mais
^ous connaissez l'accord fait par les Souverains à leur entrée
In France. Ils nous Tont notifié à Paris, se réservant seule-
Inent d'accorder des indemnités à quelques personnes. Leur
langage nous permettait de croire que leur nombre serait con-
idérable.
Depuis que je suis ici, j'ai parlé du Monte-Napoleone . On
l'a fait à cet égard la même réponse. M. de Metternich m'a
it que l'Empereur était décidé...
39. Vienne, 26 octobre 1814 {F. 2. 4467 ad 3565).
DALBERG à WESSENBERG (chiffon) (3) (en français).
1 lui demande d'agir auprès de Metternich et de l'intéresser à son affaire
des domaines de Ratisbonne que Montgelas a tranchée contre lui.
Permettez-moi, mon Cher Ami, que je réclame votre inter-
[. Chiffons trouvés et ramassés chez Talleyrand le 26 octobre.
î. Pourrait bien être le Prince Eugène, Masséna, Ney ou Davout, mais il
Ktlus probable que la lettre ait été adressée au Vice Roi.
Intercepté et saisi chez Dalberg le 26 octobre. Cf. plus loin d'autres pièces
390 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
vention personnelle pour soumettre au prince de Metternich
une affaire de la plus haute importance pour moi et dans la-
quelle il m'a prorais son appui.
Il s'agit du rapport des domaines de Ratisbonne dont je
vous ai entretenu hier au soir. M. de Montgelas a soumis la
question à un travail de bureau et me fait connaître que je
n'ai plus de titre.
J'ignore la logique dont il fait usage, mais elle ne peut être
que mauvaise. L'article décret nV est pas applicable.
Indépendamment de la justice qui appuie ma réclamation,
le prince de Metternich et M. de Nesselrode sont, au nom de
leurs souverains, intervenus dans cette affaire à Paris. Je n'ai,
plein de confiance en leurs assurances, fait aucune autre dé-
marche et je ne m'attendais pas à une telle réponse.
Je vous prie, mon cher ami, d'engager le prince de Met-
ternich à jeter un coup d'œil sur les feuilles ci-jointes et à s'en
occuper un moment. Ne peut-on pas rattacher cette question
à la pension et aux arrangements qui régiront l'affaire d'As-
chaffenburg.
Il serait fort dur, mon cher ami, de me voir privé de pro-
priétés acquises avec autant de droit que celles données par
tous les changements que le temps a opérés et d'en être privé,
malgré l'appui que m'ont assuré les puissances auxquelles je
crois rendre des services importants. Bonjour, mon cher Wes-
senberg. Vous connaissez l'amitié et l'attachement que je vous
ai voués depuis longtemps.
540. Vienne, 24 octobre 1814 (F. 2. 4467 ad 3565).
DALBERG à JAUGOURT (1) [intercepla) (chiffon).
État des affaires. Russie et Pologne, Prusse et Saxe. Attitude de l'Autriche
et de l'Angleterre. La réponse de Metternich à la Prusse, l'occupation pro-
visoire de la Saxe et ses conséquences.
(Fragment de la minute de la dépêche n° 8 bis des Ambas-
sadeurs du Roi au Département.)
ramassées chez Dalberg le 27 octobre, entre autres les pièces n°" 568, 569,
570, 571, 572.
1. J'ai cru utile de reproduire et de publier ce chiffon, ce fragment de 'a
minute de la dépêche N" 8 bis des Ambassadeurs du Roi, parce que, comme
on pourra s'en convaincre aisément, la rédaction définitive ne ressemble
guère à ce premier projet de dépêche.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 391
« Nous ne pouvons pas, Monsieur le Comte, vous annoncer
que les alTaires générales aient pris une meilleure direction.
Tout encore est intrigue, mystère et incohérence dans la marche
et le système général.
L'Empereur de Russie insiste sur le Grand-Duché de Var-
sovie, sauf quelques parcelles qu'il consent à céder à la Prusse.
Il veut y régénérer la Pologne.
La Prusse persiste à s'indemniser de cette perte en s'appro-
jriant la Saxe. L'Empereur de Russie dit qu'il y a consenti ;
que c'est un arrangement personnellement pris par le roi de
Prusse et qu'il n'y a rien à y changer.
L'Autriche, à laquelle la Prusse avait exprimé cette velléité,
ae s'y oppose que faiblement. Elle cherche à louvoyer,, à s'ai-
der par l'effet du temps, à se fortifier de l'impression que cet
acte d'injustice provoque dans tous les esprits, à nous faire
entendre qu'elle nous prendra comme second, lorsqu'elle sera
trop pressée par ses adversaires.
L'Angleterre poursuit son système et cherche dans la Prusse,
e Hanovre et la Hollande une barrière impénétrable contre
es agressions futures de la France.
Le l""" novembre approche, et on ne sera d'accord sur rien.
\.ucune conférence n'a eu lieu (lacune dans le chiffon){i).
Le prince de Metternich a donné (2), à ce qu'on nous dit,
me réponse écrite aux Ministres prussiens sur la demande
jue ceux-ci ont faite d'occuper la Saxe. Il ne nous en a pas
)arlé et ne nous a pas consultés.
Cette réponse est plutôt une discussion élevée sur la ques-
ion même. Elle ne déciderien et ne consent à rien. Elle oppose
ependant que la réunion de la Saxe à la Prusse ne peut se
raiter qu'après que les limites des trois puissances de la Po-
3gne seront réglées et lie ainsi une question à l'autre. Dans
et état de choses, l'occupation provisoire de la Saxe par les
rmées prussiennes va avoir lieu, et cette condescendance de
\ part de la Cour de Vienne est déjà un événement très fâcheux
t qui laisse la Russie maîtresse de soutenir l'affaire du Grand-
)uché de Varsovie comme elle le voudra... »
Tout le reste de la dépêche manque.
1. Manquent deux phrases.
2. Note du prince de Metternich en date du 22 octobre 1814 portant con-
intement avec conditions à la prise de possession de la Saxe par la Prusse,
t note du prince de Metternich à lord Castlereagh du 22 octobre 1814 lui en-
oyant copie de sa note de ce jour au prince de Hardenbei'g.
392 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
541. Vienne, sans date (F. 2. 4467, ad 3565).
DALBERG à SOPHIE (Chiffon) (Ramassé chez Dalberg |
le 25 ou le 26 octobre).
Tu es cruelle, ma Sophie, et tu ne veux plus de moi. Vois
par le billet que tu m'as privé d'une bonne petite heure de
bonheur. Je ne compte à Vienne les bons moments que par ■:
ceux où mes yeux revoient ma Sophie, qui pour moi est tout
dans ce monde et dont le destin me sépare, je ne sais pour quel
péché. É
542. Vienne ('sans date) (F. 2. 4467 ad 3565).
SOPHIE à DALBERG (chiffon ramassé chez Dalberg
en même temps que le précédent).
Nos plaisirs d'hier ont duré jusqu'à minuit, mon cher Ami.
Je suis rentrée morte de faim et de fatigue. Cependant je me
suis bien amusée et la fête a été charmante. Je suis fâchée
que tu ne l'aies pas vue. Te verrai-je un moment ce matin ?
Aie, je te prie, la bonté d'envoyer le gant à Paris et de
presser l'envoi d'une douzaine de paires.
543. Vienne (sans date) (F. 2. 4467 ad 3565).
MAMAN à DALBERG (fragment de chiffon).
Je recommande à votre ci-jointe
en attendant un qui j'enverrai par
le courrier de mercredi.
Je donne pleine faculté à toutes les polices de lire ce que je
vous envoie : mais ce que je désire, c'est que mes lettres vous
parviennent.
Adieu, mon ami, offrez tous mes devoirs à M™« de Périgord
et mes excuses de ne pas avoir été la voir.
Je vous embrasse parce que je vous aime tendrement
comme amie et comme
Maman.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 393
544. Vienne (sans date) (F. 2. 4467 ad 3565).
SCHULENBURG à DAtBERG (Chiffon à moitié brûlé) {Résumé).
Samedi à 5 heures.
Il s*excuse d'avoir été empêché de venir chez lui et chez
Talleyrand par raugmentation de ses douleurs.
« Si vous trouvez un moment dans la matinée de demain
pour venir me voir, vous me ferez grand plaisir. »
545. Vienne, 13 octobre 1814 (F. 2. 4467 ad 3565).
CORSINI à DALBERG (chiffon).
Il le prévient qu'il pourra différer de deux jours Tenvoi à
'aire à la duchesse. M. de Buol (1) ne partira qu'au commen-
cement de la semaine prochaine.
>46. Vienne, 26 octobre 1814 ;F. 2. 4137 ad 3565).
LCËWENHIELM à ENGESTRÔM {Intercepta) (en français).
e voyage des souverains. Lenteur et complications des opérations du Con-
grès. L'occupation provisoire de la Saxe. Gratifications et décorations don-
nées par le roi de Prusse à Repnin. L'attitude de Talleyrand. Un mot de
lui à propos des prétentions de la Russie.
L'état des négociations continue à être le même et
absence des Souverains (2) ne permet pas de prévoir de déci-
ion avant leur retour qu'on dit fixé au 30. Cet état de sta-
nation amène des complications fâcheuses pour l'ouverture
u Congrès fixée d'après notre déclaration au 1"" novembre.
Indépendamment des grandes questions politiques, il s'en
résente une foule d'autres qui sont toutes préalables et néces-
lires pour régler l'ordre et la marche des travaux du Gen-
res, fixer le rang des Puissances entre elles, considérer les
1. Ministre d'Autriche à Florence.
2. Voyage des deux Empereurs et du roi de Prusse à Pesth.
394 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
objets qui doivent être soumis à la décision, etc., etc. Toutes ces
questions ne sont pas encore entamées et le Conseil prépara-
toire des Huit-Puissances signataires du traité de Paris, qui f
doit en décider, ne peut se rassembler que lorsque les bases
des grands intérêts politiques seront fixées.
L'occupation militaire de la Saxe parles troupes prussiennes,
qui relèvent le corps du prince Repnin, a dû être portée à la
connaissance de Votre Excellence par le Ministre du Roi à
Berlin.
Cette occupation n'est, d'après les explications que j'ai
demandées au Comte de Nesselrode et au prince d'Hardenberg,
que provisoire et un pur mouvement militaire, comme celle de
la Belgique par l'armée anglo-hollandaise, sans que cela pré-
juge en rien le sort futur de la Saxe. La nature des ques-
tions mises en avant par la Russie et le besoin d'indemniser
la Prusse de ce qu'elle perd en Pologne laissent néanmoins
peu de doutes à cet égard. On dit ici que Sa Majesté Prus-
sienne a fait cadeau au prince Repnin de 100.000 écus de
Saxe et son ordre de l'Aigle Noir en témoignage de sa satis-
faction de son administration en Saxe. Cette récompense géné-
reuse, si elle est effectivement donnée, décèle sans doute le
Souverain futur de la Saxe.
Le prince de Talleyrand ne manque aucune occasion de prê-
cher au nom de son souverain la modération et une juste ba-
lance en Europe. Il a dit l'autre jour qu' « à juger des pré-
tentions de la Russie, il paraissait que c'était plutôt aux succès
de Bonaparte qu'à ses principes qu'on avait fait la guerre et
qu'il ne fallait pas abattre un colosse pour en rétablir un au-
tre ».
547. Vienne, 26 octobre 1814 (F. 2. 4137 ad 3565).
HEGARDT à ENGESTRCËM {Intercepta) (en français).
Considérations sur l'occupation provisoire de la Saxe. Singulières préten-
tions prêtées à Alexandre, La Russie, la Turquie et les troubles en Ser-
bie.
L'occupation provisoire de la Saxe par les troupes prussien^? ,
nés fait beaucoup de sensation et est envisagée comme de ,
mauvais augure pour la décision du sort définitif de ce royaume.^
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 395
Cette occupation rend encore moins probable qu il ne semble
être en tout cas ce qu'on a raconté dernièrement, savoir : « Que
l'Empereur Alexandre, en offrant de se désister de ses pré-
tentions sur le Duché de Varsovie, eût réclamé comme dédom-
magement à la Couronne de Saxe une influence directe dans
les Affaires d'Allemagne. »
Hegardt parle dans la suite de sa dépêche de troubles qui
auraient eu lieu en Servie (1) (sic), de leur répression par la
Porte et des protestations de la Russie contre ce qu'elle consi-
dère comme une atteinte à l'amnistie accordée par la Porte
aux Serviens.
548. Vienne, 26 octobre 1814 (F. 2.4137 ad 3565).
Comtesse de RECHBERG au Comte de GOERTZ
(Intercepta) (en français).
La question de la Saxe. L'attitude des princes des différentes maisons de
Saxe et l'abstention du duc de Saxe-VVeimar. Les affaires de la Constitu-
tion de l'Allemagne. Durée indéterminée du Congrès. La Poméranie. Hesse-
Darmstadt.
Le 17, les Russes ont remis au prince de Metternich une note
relative à la Saxe (2). Les uns assurent qu'il n'y a pas de ré-
ponse donnée. Les autres veulent savoir qu'une réponse a été
faite et qu'on consent à ce que la prise de possession militaire
se fasse provisoirement, dans le but de montrer par là le désir
de la bonne intelligence entre les deux Puissances. Je crois,
moi, à la première version.
Le Maréchal Wrede a remis hier une note en faveur de ce
nalheureux pays (3).
1. Les hostilités entre les Turcs et les Serbes conduits par Czernyi-George
Karageorgevitch) avaient cessé à la fin de juillet 1314 après la défaite que
^zernyi infligea aux Turcs le 24 juillet sur les bords de la Drina. Mais en
nésence des haines qu'il avait suscitées partout parmi les grands de la Ser-
)ie, Czernyi, sentant qu'il ne pouvait plus tenir contre ses sujets et contre
es Turcs, sollicita l'intervention de la Russie qui rétablit la paix avec la
*orte et se retira immédiatement à Saint-Pétersbourg. Le pays était cepen-
ant loin d'être pacifié et tranquille et les Turcs réprimèrent sévèrement
outes les tentatives partielles de soulèvement.
2. Je n'ai pu retrouver trace de cette note.
3. A défaut de la noie de Wrede que je n'ai pas réussi à retrouver. Cf. Tal-
396 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Talleyrand a eu un entretien avec le roi de Prusse (1).
Les Princes saxons (2) ont voulu se réunir pour transmettre
dans une note leurs vœux pour la conservation du roi. Le duc
de Weimar, qui s'était toujours si fortement prononcé, n'a pas
voulu s'y joindre. Quelque espoir conserve encore le public
qui s'intéresse bien généralement à cette cause.
Cependant il y a des individus qui, avec infiniment d'esprit,
prouvent la justesse, la nécessité et le bonheur qui y oblige
et en résultera. Ce sont eux aussi qui ont influencé le roi de
Prusse, si juste, si bon d'ailleurs. Ils l'ont porté à dire des
choses bien sensibles à ce malheureux prince Antoine.
On continue à travailler sur les affaires de l'Allemagne. La
Prusse et l'Autriche ont consenti à n'avoir, sur ce qui les con-
cerne dans le Congrès, qu'une voix, de manière que l'égalité
est établie.
Vous parler de la durée qu'aura le Congrès est une impos-
sibilité.
Dans ce moment, je fus interrompu par le frère de Xavier.
Il n'eut que peu de nouvelles à me donner.
Votre habit noir n'a pas été porté en vain, et la seconde
version, dont je vous ai parlé et qui y a rapport, n'est que
trop fondée (3). La plus vive agitation règne dans tous les
esprits.
Sous peu, vous entendrez parler d'un grand changement,
d'une chose désirée, et cependant pas telle qu'on la désirait.
Je ne puis et n'ose vous en dire davantage aujourd'hui.
La Poméranie paraît perdue.
Ce que je voulais vous dire concerne le grand-duc de Hesse-
Darrastadt et ses héritiers. Vous me comprendrez peut-être.
Une élection, qui n'en sera plus une par la suite.
LEYRAND. Correspondance inédite, page 67. Dépêche n" 7 du 19 octobre. « Le
roi de Bavière ordonnait encore hier à son ministre de faire de nouvelles
démarches pour la Saxe et il disait : « Le projet est de toute injustice et m'ôte
tout repos. »
1. Dans aucune de ses dépêches Talleyrand ne fait allusion à cet entretien|
2. Cf. Talleyrand. Correspondance inédite, page 67, note 1, dépêche n»
du 19 octobre, la lettre du duc régnant de Saxe-Gobourg à lord Gastlereaghj
3. Allusion à Toccupation de la Saxe par les Prussiens.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 397
549. Vienne, 28 octobre 1814 (F. 2. 4138 ad 3565),
HAGER à L'EMPEREUR
Bordereau et rapport à l'Empereur du 28 octobre (analyse).
Il lui signale une lettre interceptée du général Dupont à
Talleyrand (1), une de Mariotti à Dalberg (2) relatives au
projet du gouvernement français d^enlever Napoléon de l'île
d'Elbe, les chiffons provenant de l'Ambassade de France(l et 2),
les rapports et dépêches de Talleyrand et de Dalberg sur la
marche du Congrès et la question de Saxe.
Hager rend compte que, conformément aux ordres laissés
])ar TEmpereur, il envoie à Metternich tout ce qui a trait au
Congrès et appelle Tattention sur deux Intercepta^ l'une de
Wintzingerode (de Saint-Pétersbourg) au roi de Wurtemberg,
l'autre de Maistre à Saint-Marsan (3).
550. Vienne, 27 octobre 1814 (F. 2. 4138 ad 3565).
Rapport à HAGER
{Intercepta^ pris et résumés faits par le Cabinet noir).
Gaertner à la Comtesse Wimpfen, née Princesse d'Anhalt-
Bernburg (envoi d'un Mémoire sur la question d'hérédité de
cette principauté).
Gaertner à Wessenberg (sans importance).
Jordan à Anstett (25 octobre) (Hardenberg désire qu'on lui
rappelle l'affaire de Rayonne et invite Anstett à dîner afin
d'épuiser cette question).
Roi de Wurtemberg (deux billets, l'un au comte Schenk,
l'autre au feld-maréchal lieutenant Wodniansky,à Lemberg).
6 paquets à lord Cathcart (lettres particulières et journaux).
1. Plus loin pièce no 561.
2. Plus loin pièce n" 563. L'agent qui transmet ces copies à Hager lui rend
compte qu'il a profité de l'absence de Talleyrand, qui dînait le 27 octobre
(cf. Gentz Tagehûcher, l, 324) chez la princesse de la Tour et Taxis, pour
prendre, emporter, faire copier et ensuite remettre en place les pièces sur
lesquelles il avait réussi à mettre la main.
3. Plus loin pièce n° 577.
398 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
6 paquets à la comtesse Clare (affaires d'argent et de fa-
mille, de Londres, 1" octobre).
Wintzingerode (de Saint-Pétersbourg) à Linden (peu im-
portant).
De Maistre à Saint-Marsan (Saint-Pétersbourg) (8 octobre)
(Il lui envoie une lettre pour le Comte de Vallaise auquel il
se plaint de manquer d'argent).
Grande-duchesse d'Oldenburg (demandes d'audience, dont
celles du prince de Neuwied et du prince de Lœwenstein).
Plus un certain nombre de lettres insignifiantes et à divers.
551. Vienne, 27 octobre 1814 (F. 2. 4138 ad 3565).
©©à HAGER(en français).
Le Congrès, Hardenberg, l'influenc'e de Jordan.
C'est avec une impatience fébrile qu'on attend la déclaration
du 1" novembre et l'ouverture du Congrès. Entre temps voici
ce qu'a dit devant moi le conseiller intime prussien Jordan, le
plus influent et le plus écouté des collaborateurs d'Hardenberg.
Le Congrès doit avoir pour but de constituer de grosses
unités, des masses importantes au point de vue militaire, po-
litique et économique. Pour ce qui est plus particulièrement
de l'Allemagne, en s'inspirant de l'esprit et de la lettre de l'ar-
ticle 6 du traité de Paris, on tend à reconstituer solidement le
Corps Germanique, à coaguler les atomes, à former des masses
de toutes ces parcelles aussi innombrables qu'insignifiantes, à
simplifier cet organisme et à arriver à faire de tous ces comi-
tés un corps capable de jouer le rôle qui lui appartient dans
lapolitique européenne. Les Médiatisés entendent naturellement
rester les atomes qu'ils sont. Ils s'opposent à tout ce qui pour-
rait les uniformiser, les souder, les unifier. La France les sou-
tient encore aujourd'hui, comme elle l'a toujours fait. La Bavière
et le Wurtemberg sont également hostiles et nettement oppo-
sés à l'unification du Corps Germanique. Ces deux Etats son'
et seront toujours soutenus par la France.
La cour d'Autriche elle-même aura encore besoin de pas mal
de temps pour se familiariser avec des idées et des théories qui"!^
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 399
s^imposent désormais. La politique générale de l'Europe doit
tendre à rendre impossible le renouvellement d'un système
continental aussi nuisible pour les Puissances continentales
que pour l'Angleterre, car un pareil système suppose avant
tout la destruction de l'équilibre européen et la résurrection de
la suprématie d'un seul Etat.
La France et la Russie sont les seuls Etats qui peuvent
caresser l'idée d un retour à un pareil système. La France
encore plus que la Russie. 11 importe donc de prendre des pré-
cautions contre la France, et il faut l'empêcher de prendre
pied en Belgique, sur la rive gauche du Rhin, en Suisse et en
Italie. Du côté de la Russie, on a un peu moins à craindre
maintenant, par suite du développement de l'influence anglaise
dans la Baltique, résultant de l'échange projeté entre le Dane-
mark et le Hanovre. L'agitation, toujours à craindre en Polo-
gne, sera facilement étouffée par l'action de l'Autriche et de la
Prusse qui opposeront également une barrière aux visées am-
bitieuses de la Russie. En un mot, l'équilibre européen repose
surtout sur l'accord et l'union de l'Autriche et de la Prusse.
552. Vienne, 27 octobre 1814 (F. 2. 4135 ad 3565).
0© à HAGER (en français).
La grande duchesse Catherine et Alexandre. L'impératrice de Russie, le
prince Eugène et le grand-duc Constantin. L'itinéraire d'Alexandre à son
départ de Vienne. La Harpe et RazoumofTsky.
La grande-duchesse Catherine est la seule qui ait de l'in-
fluence sur son frère. Alexandre persiste à vouloir avoir tout
le grand-duché de Varsovie, y compris Varsovie, moins les
districts cédés à l'Autriche en 1809, et veut prendre le titre
de roi de Pologne.
On a beaucoup remarqué, lors du bal donné par Stackel-
berg (1), que l'Impératrice de Russie a dansé plusieurs fois
avec le prince Eugène, dont le grand-duc Constantin s'est, lui
aussi, beaucoup occupé.
Un des attachés à la Chancellerie de Hardenberg affirme
qu'on s'efforce de ce côté de détourner Alexandre de passer
1. Bal donné la veille (le 26 octobre) (Cf. Gentz, Tagehûcher, I, 323).
400 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
par Munich avant d'aller à Berlin. On paraît craindre la pres-
sion hostile à TAutriche, et surtout à la Prusse qu'exerce-
raient sur lui Montgelas et ses collègues, tout acquis aux
idées et aux principes de la France. On espère bien qu'il ira
de Vienne droit à Berlin.
On a beaucoup remarqué le long entretien que La Harpe a
eu avec Razoumoffsky chez Stackelberg.
553. Vienne, 27 octobre 1814 (F. 2. 4138 ad 3565).
GOËHAUSEN à HAGER
Envoi d'un rapport de Weyland sur les démarches faites
par la députation juive de Francfort.
554. Vienne, 27 octobre 1814 (F. 2. 4178 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Bruits relatifs aux remaniements territoriaux de certains États allemands, à
des échanges entre le Danemark et la Grande-Bretagne, à la création d'un
royaume d'Helvétie.
On disait hier que les Etats du Grand-duc de Bade pour-
raient bien être partagés entre la Bavière et le Wurtemberg ;
que le grand-duc serait créé roi d'Helvétie; que Genève serait
incorporée à la France ; que le prince de Beauharnais aura le
duché de Francfort; que Hambourg, Brème et Lûbeck feront
partie du royaume de Hanovre, qui sera donné au roi de Dane-
mark en échange du Danemark, qui sera possédé par l'Angle-
terre sous les conditions de la possession actuelle du Hanovre,
par un prince anglais, c'est-à-dire, sous la clause que l'Angle-
terre ne possédera pas directement le Danemark.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMEiNTS DU CONGRÈS 401
555. Vienne, 27 octobre 1814 (F. 2. 4467 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
Le roi de Wurtemberg, mécontent de Metternich, parle de partir. Disgrâce
de Linden. L'Angleterre, la Russie et la Turquie. La France, l'Espagne,
l'Angleterre et Murât, Confiance de Gampochiaro. L'Angleterre d'accord
avec l'Autriche.
Le roi de Wurtemberg et Wintzingerode sont fort mécon-
tents de l'attitude prise par Metternich dans les affaires d'Al-
lemagne. Le roi parle même de partir le 2 novembre. Linden
est en pleine disgrâce, et le roi travaille à la nouvelle constitu-
tion avec Feuerbach qu'il a fait venir de Stuttgart.
On prétend que lord Castlereagh et l'Angleterre sont loin
d'adhérer au projet de la Russie à Tégard de la Turquie.
Quant à Murât, si la France et l'Espagne l'attaquent, l'An-
gleterre laissera faire. Gampochiaro paraît cependant assez
satisfait du résultat de ses conférences avec Metternich. En
somme, l'Angleterre semble vouloir marcher d'accord avec
l'Autriche.
556. Vienne, 27 octobre 1814 (F. 2. 4467 ad 3365).
Nota à HAGER (en français).
Démenti de la déclaration de Guerre de l'Espagne à Murât.
D'après ce que Los Rios a afiirmé à un agent en relation
lavec lui, la nouvelle de la déclaration de guerre de TEspagne
K Murât est controuvée et en tout cas prématurée.
>57. Vienne, 27 octobre 1814 (F. 2. 4467 ad 3565).
ee à HAGER
^comtesse Callenberg. Ce qu'elle dit de Naples, de Murât, de Caroline,
îs intentions de l'Autriche. La Callenberg n'est-elle pas un agent de
lurat ?
>'après ce que raconte partout la comtesse Callenberg, on
fit à Naples ,au retour de Ferdinand IV. Murât est person-
T. I. 26
402 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
nellement très aimé, mais la reine Caroline est fort impopu-
laire. On affirme à Naples que l'empereur d'Autriche est favo-
rable à Murât et résolument décidé à respecter le traité qui
le lie avec lui. La comtesse Gallenberg ne doit pas tarder à
retourner à Naples. Ne serait-elle pas un émissaire envoyé ici
par Murât (1) ?
(
559. Vienne, 26 octobre 1814 (F. 2. 4138 ad 3565).
0 0 à HAGER (en français).
Talleyrand et Alexandre, Leur entretien sur la Saxe. Une appréciation
prince de Ligne et sa conversation avec le roi du Danemark.
Il m'est revenu de chez le prince de Ligne que Talleyrai
s'est ménagé avec l'Empereur Alexandre un entretien (2) que
1. Vingt-quatre heures plus tôt, Hager (F. 2, 4137 ad 3565) avait fait donner
à 0 0 l'ordre de faire surveiller la « comtesse Gallenberg, née Guicciardi,
venant de Naples ». La comtesse Giulietta Guicciardi était élève de Beethoven,
qui lui avait voué une aflfection toute particulière et lui dédia la Deuxième
Sonate en ut dièse mineur. Elle avait épousé le comte de Gallenberg (1783-
1839), grand mélomane et compositeur de ballets.
2. Audience du 23 octobre. Cf. Talleyrand au roi, n° 8. Dépêche du 25 «
tobre 1814 (Pallain Correspondance inédite, p. 75-78).
558. Vienne, 27 octobre 1814 (F. 2. 4138 ad 3565).
0 0 à HAGER (en français) (Analyse). ]
Découragement des fidèles du Roi de Saxe. Déclaration du prince Antoine.
La mission de Filangieri. Ce qu'il dit du cabinet de Vienne.
Mécontentement et découragement des fidèles du Roi de '
Saxe. Ils n'espèrent plus que dans la fermeté de leur roi
et dans l'appui de la France. Le prince Antoine a déclaré que
si le roi, son frère, refusait toute compensation ou indemnité,
il suivrait, lui aussi, son exemple.
Le général Filangieri, chargé d'une mission par Murât, a dé-
claré « qu'il n'était content d'aucune Cour à l'exception de
la nôtre, qui était sans aucun doute de toutes la plus honnête
et la plus loyale ».
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CO.>CGRÊS 403
Nesselrode n'a pas tenu secret. Talleyrand, que Von dit d'ac-
cord avec Metternich surtout ce qui a trait à la Saxe, a déve-
loppé avec énergie l'opinion que l'agrandissement de la Prusse,
maîtresse de la Saxe, serait extrêmement nuisible et prouvé
que l'influence de la Prusse en Allemagne serait dans ce cas
plus grande que celle de l'Empereur d'Autriche, ce qui ne
pourrait être regardé avec indifférence par la Bavière et le
Wurtemberg.
Alexandre aurait répondu que le roi de Saxe a prouvé, par
une conduite contraire au sentiment et à l'opinion de l'Alle-
magne, qu'il fut cause de bien des malheurs en soutenant
Napoléon et que c'est là ce qu'on ne peut lui pardonner.
Le prince de Ligne a fait à ce sujet l'observation suivante :
« Combien, dit-il, le discours de l'Empereur Alexandre
donne-t-il de matière à réfléchir ? On se rappelle l'époque de
l'entrevue si fameuse d Erfurt, on se rappelle les discours
tenus à Baden en 1809 par le Conseiller Ott et tant d'autres
Russes, qui voyaient déjà la seconde capitale de leur empire
i placée au cœur de l'Allemagne. Ne prenons pas le change
dans les manœuvres de ce qui nous environne et ne nous lais-
sons pas entraîner par des politesses dont nous deviendrions
les dupes. »
Le prince de Ligne a eu une conversation intéressante avec
le roi de Danemark. Ce monarque fît l'ouverture au prince
de sa sollicitude pour ses Etats. Il lui dit ; « J'ai été invité à
me rendre à l'Assemblée des personnages les plus justes, et
je me trouve encore au milieu d'un labyrinthe. Je n'entre-
v^ois ni mon sort futur, ni la justice rendue à mes sentiments,
i ma conduite et aux cruels embarras dont je fus tourmenté,
fe suis vraiment comme l'oiseau sur la branche. »
^60. Vienne, 27 octobre 1814 (F. 2. 4467 ad 3565).
©© à HAGER (en français) (analyse).
ralleyrand, ses instructions, la raison de sa désignation. Motifs de la venue
de Dalberg et de Mme de Périgord. Les Médiatisés et les mécontents chez
Talleyrand. Espoirs des ennemis de Talleyrand. Le parti français à Franc-
fort.
Sur Talleyrand, les instructions qu'on lui a données et les
laisons du choix dont il a été l'objet. « Les émigrés et les
404 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
royalistes vont chez le Ministre de Louis XVIII ; les révolu-
tionnaires et les bonapartistes chez M. de Talleyrand. »
Rapport sur ses relations avec Salmour, Solms et Cas-
telalfer.
Talleyrand s'est fait adjoindre Dalberg à cause de sa pa-]
rente avec les Schœnborn et les Stadion, tout comme il a
amené sa nièce, M"® de Périgord, parce qu'elle a ses sœurs
établies à Vienne (les Gourlande).
Rapport sur la Besnardière (1).
Les princes médiatisés se groupent autour de Talleyrand,!
ainsi que les mécontents, Bavière, Wurtemberg, Bade, qui sont
en relations secrètes avec lui.
Les ennemis de Talleyrand espèrent qu'il échouera au Con-'
grès et que son échec entraînera sa chute. Talleyrand n'a dans
toute la mission française, à Vienne, qu'un véritable ami, Dal-
berg.
Le parti français est fortement représenté à Francfort au
Comité exécutif.
561. Paris, 15 octobre 1814 (F. 2. 4138 ad 3565).
Général DUPONT au Prince de TALLEYRAND
Analyse d'une lettre interceptée et des passages relatifs à l'organisation de
l'armée. Reproduction littérale du passage relatif à Napoléon à l'Ile d'Elbe
et aux lettres ci-dessous (Pièces 562 et 563) de Mariotti.
Il lui rend compte des progrès faits par l'organisation et
par l'administration de l'armée qui est en bon état.
« D'après tous les rapports reçus de Porto-Ferrajo, il serait
très difficile d'enlever Napoléon qui a pris une foule de me-
sures de précautions, et peut compter sur ses troupes. » Ma-
riotti espère pourtant y réussir. « Napoléon va souvent sur
son brick à l'île de Pianosa et couche à bord, faute d'instal-
lation possible à terre. Taillade, qui commande ce brick, e^
pauvre. Napoléon a diminué sa solde. Il est donc mécontenBl
1. La Besnardière (Jean-Baptiste de Gouy, comte de) (1765-1839), entré en
1796 au Ministère des relations extérieures comme simple commis. Directeur
de la première division politique en 1807, il garda ces importantes fonctions
jusqu'en 1814. Conseiller d'Etat en 1826, il se retira de la vie publique en |j|iigti
1830).
I
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 405
et il semble qu'on pourrait le gagner. » Et Mariotti ajoute en
terminant : « Je m'occupe de trouver la personne qui s'en
chargera (1). »
563. Livourne, 3 octobre 1814 (F. 2. 4138 ad 3565).
Chevalier MARIOTTI à DALBERG (chiffon).
Lettre ostensible desLinée à donner le change en cas de saisie
et jointe à la suivante.
J'apprends de Paris que votre Excellence est partie pour
Vienne et je prends la liberté de lui adresser la présente pour
me rappeler à son souvenir et lui réitérer TolTre de mes ser-
vices dans cette place.
Je n'ai pas oublié la commission des vins d'Espagne. Aus-
sitôt qu'il en arrivera de très vieux, je m'en procurerai quel-
ques pipes et je vous les ferai parvenir en double futaille par
la voie de Marseille.
Je vous prie, M. le Duc, d'agréer la nouvelle assurance du
profond respect avec lequel j'ai l'honneur d'être de V. E.
Le très humble et très dévoué serviteur.
Le Chevalier Mariotti.
563. Livourne, le 5 octobre 1814 (F. 2. 4138 ad 3565.
MARIOTTI à DALBERG (au citron) (chiffon).
Projet d'enlever Napoléon de lîle d'Elbe.
M. le Duc, j'ai adressé le 28 à Paris et le 30 à Vienne (2)
un projet pour enlever le voisin. Le projet est, à mon avis, le
seul qui puisse réussir dans le moment. Si le capitaine du
brick entre dans nos intérêts, le coup est fait. J'ai proposé
1. Cf. Jung. Lucien Bonaparte et ses mémoires (221-222), dépêche de Ma-
riotti à Talleyrand, de Livourne, 28 ôeptembre 1814.
2. Lettre de Mariotti à Talleyrand.
406 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
les moyens à prendre pour le sonder et le séduire. Quant à
moi, je fais à présent partir quelqu'un de Gênes avec des co-
mestibles et de..., et de Florence pour Piombino une femme
avec des... de modes.
Tout ce qui part d'ici est tellement suspect qu'on ne leur
permet de rester que trois jours. Je fais tout pour réussir ;
mais je suis écrasé de frais et n'ai pas encore reçu une
obole (1) !
Quand on veut attraper quelqu'un, il faut lui inspirer de la
coniîance, et nous avons fait le contraire parce qu'il ne paraît
pas même que la France reconnaisse le prince de l'île d'Elbe,
mais elle a redoublé lès obstacles en rendant très difficiles nos
relations avec l'île.
J'ai des agents sur toutes les côtes, et de ce côté-là je suis
tranquille. Le Gouvernement toscan n'a pas de repos. Les
prisons sont pleines d'individus suspects.
Je désire savoir si cet essai réussit à votre gré et si je dois
continuer à m'en servir.
Votre très humble et très obéissant serviteur.
Le Chevalier Martotti.
564. Vicnn3, 29 oclobrj ou septembre (F. 2. 4138 ad 3565).
TALLEYRAND à la Duchesse de SAGAN (chiffon) (2)
Ne voilà-t-il pas qu'un roi me prend encore quelque chose.
Ce n'est plus un ancien électorat, mais une bonne place entre
vous et le prince (Metternich). C'est le Danemark (2) qui
vient et moi, après son départ, je serai à vous de corps, et en
vérité, d'âme aussi. Car je vous aime bien.
1. Cf. à ce propos la dépèche de Jaucourt à Talleyrand, de Paris, 9 ne
vembre 1814 (Jaucourt, Correspondance avec Talleyrand, p. 78), relative ai
réclamations de Mariotti et aux envois d'argent qu'on lui a faits.
2. Ce chiffon sans date, ramassé chez Talleyrand, dut être écrit vers la fl^
de septembre, peut-être bien le 27 septembre, puisqu'il y est question à
fois du roi de Danemark et du prince de Talleyrand. Or Talleyrand arrii
à Vienne le 23 septembre au soir et le roi de Danemark l'y avait précédé
vingt-quatre heures»
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 407
i 565. Vienne, 21 octobre 1814 (F. 2. 4J38 ad 3565 .
TALLEYRAND à SIDNEY SMITH (chiffon).
J'ai lu la lettre que The Right Honi''<î sir Sidney Smith a
bien voulu m'envoyer pour M. de Rivière (1). Elle part au-
jourd'hui.,T'y ai retrouvé toutes les vues d'humanité qui carac-
térisent sir Sidney Smith et qui font de lui un des hommes
les plus honorés de son temps.
566. Vienne, sans date (2) (F. 2. 4138 ad. 3565).
TALLEYRAND à METTERNIGH (chiffon).
Je vois, d'après ce que M. de Dalberg vient de me dire, que
nous sommes bien près des mêmes opinions pour avancer les
choses sans rien compromettre et rester dans les principes
que nous avons adoptés. Il est dans ma position de remettre,
avec le caractère le moins officiel possible, la note dont je vous
envoie copie et que je vous prie de me renvoyer. Elle s'appel-
lera note verbale, afin de lui ôter de la raideur que vous n'ai-
mez pas.
1. Rivière (Charles-François de RifTardeau, marquis, puis duc de) (1763-
182S). Sous-lieutenanl aux Gardes françaises, émigré avec le Comte d'Ar-
tois, chargé par ce prince d'une mission en Vendée, il y fut arrêté et prit
part en 1804 au complot de Cadoudal. Condamné à mort, sa peine fut sur les
instances de Joséphine commuée en prison perpétuelle. Rendu à la liberté
par la Restauration, il fut nommé Maréchal de camp, Pair de France en 1815,
puis Ambassadeur en Turquie (1816-1820), et Gouvei-neur du duc de Bor-
deaux (1826). Cf. pour les relations entre Rivière et Sidney Smith la dépê-
cha de Talieyrand à Jaucourt de Vienne, le 3 mars 1815. Talleyrand est
loin d'être à ce moment un admirateur de Sidney Smith.
-'. 11 me parait difficile de penser que le chiffon ramassé le 27 octobre chez
Talleyrand ait Irait aux correspondances qu'il échangea peut-être avec Met-
teinich dans les derniers jours de septembre (le 30) et les tout premiers jours
d'octobre, au moment où il allait remettre, d'abord sa note du 1" octobre,
puis celle du 3 et enfin sa lettre à Castlereagh en date du 5. J'inclinerai plu-
tôt à croire qu'il écrivit ce billet avant d'arrêter les quatre propositions qu'il
communiqua aux Huit lors de la Conférence du 31 octobre. Il est utile de
remarquer à ce propos qu'il eut le 25 et le 27 octobre d'assez longs entretien-
avec Gentz (Cf. Gentz, Tagehûcher, I, 323-324). Peut-être même Talleyrand a-t-
il écrit ce billet à la suite de l'entretien dont il parle au roi dans sa dé-
pèche n" 8 du 25 octobre. « J'ai vu ce soir M. de Metternich qui reprenait un
peu de courage. Je lui ai parlé avec toute la force dont je suis capable. » Peut-
être même ce qui ne devait être qu'une note verbale pourrait bien n'être
rien autre que le Mémoire raisonné sur le sort de la Saxe.
408 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
567. Vienne, sans date (F. 2. 4138 ad 3565).
SCHWARZENBERG à DALBERG (chiffon).
Je vous ai écrit deux mots, mon cher ami, qui vous disent
que mon incommodité m'empêche de sortir. Munster vient me il
voir à sept heures et demie, et plus tard une autre visite, que i
je ne puis refuser, s'est annoncée. Je réclame donc l'effet de^
votre bienveillance amicale pour demain matin et suis on ne
peut plus sensible à votre aimable souvenir.
568. Francfort, 18 octobre 1814 (F. 2. 4138 ad 3565).
D'EBERSTEIN à DALBERG (en français)
(Chiffon provenant de chez Dalberg) (Analyse).
11 demande justice pour lui et ses compagnons d'infortune. Renseignements
qu'il donne à Dalberg sur le comté de Rieneck et le bailliage de Lohr.
Il ne demande pas de faveur à son cher ami, mais seule-
mentqu'on lui accorde à lui et à ses compagnons d'infortune (1)
ce qui ne pourrait être refusé par le Congrès qu'en violant
toutes les lois de l'honneur et de l'équité.
Il répond à Dalberg sur le Comté de Rieneck et son revenu,
sur le mode de consolidation de ces sommes, sur l'extinction
de la famille de Rieneck en 1560, la réunion du bailliage de
Lohr à la Principauté d'Aschaffenburg. En 1673, l'électeur de
Mayence donna une partie du Comté en fief à la famille Nos-
titz qui resta en possession jusqu'en 1806. A ce moment, ce
fief fut attribué par note de la Confédération du Rhin au
Prince-primat, qui acheta en 1809 à Nostitz pour la somme de
100.000 livres ce qui lui restait encore de ce fief.
On estime le revenu de ce fief à 5.000 florins. Le nombre
des feux était en 1812 de 322.
1. Il s'agit évidemment ici du sort des anciens fonctionnaires du Grand-
Duché de Francfort.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 409
569. Vienne, octobre 181i sans date(F.2, 4138 ad 3565).
DALBERG à WESSENBERG (en français)
(Chiffon ramassé chez Dalberg le 27 octobre).
Montgelas rejette sa réclamation.
M. le Maréchal Wrede, mon cher Baron, que j'ai rencontré
hier soir, m'a annoncé que M. de Montgelas lui a fait connaître
que ma réclamation a été repoussée par les rapporteurs et
qu'il ne me reviendra que des arrérages et que vous étiez chargé
de m'en instruire.
Vous sentez, mon cher ami, que cette communication m'a
singulièrement frappé et pour le fond et pour la forme.
570. Vienne, sans date (octobre 1814) (F. 2. 4138 ad 3565).
DALBERG à WESSENBERG (en français)
(Chiffon ramassé chez Dalberg le 27 octobre).
Même sujet que la pièce précédente. Arguments que Dalberg
invoque en sa faveur.
Mon Cher Ami,
Vous connaissez mes réclamations pour les domaines de Ra-
tisbonne. Le prince de Metternich et le Cosaque Nesselrode
ont, dans le temps et au nom de leurs souverains, exprimé au
Maréchal Wrede qu'on désirait que cette affaire ne fût pas
contestée. En effet, elle ne peut l'être et elle est de nature à
être respectée comme un grand nombre de celles qui ont résulté
des changements opérés en Allemagne. Montgelas se cabre
derrière un rapport de ses référendaires pour (1)...
1. ChifTon incomplet. Le reste manque.
410 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
571. Vienne, 23 octobre 1814 (F. 2. 4138 ad 3565).
DALBERG au PRINCE-PRIMAT
(Chiffon ramassé et transmis le 27 octobre).
liaisons pour lesquelles il l'a prié de lui communiquer son acte d'abdication.
Les principes posés par la France et les droits du primat sur Aschaffen-
burg.
M. de Vrints m'a fait remettre la lettre que vous avez bien
voulu m'adresser en date du 10. La demande qui vous a été
faite, mon cher Oncle, de votre acte d'abdication n'a été moti-
vée que pour connaître Tesprit dans lequel cet acte a été fait
et pour ramener le rapport qui concerne le Grand-Duché de
Francfort dans les éléments d'un droit public qu'on paraît vou-
loir méconnaître.
La France, qui ne cherche ici qu'à concilier les affaires, a
dû établir pour principe, que le droit de conquête ne donne pas
droit de propriété, que le souverain doit renoncer à ses droits
pour le perdre, que le souverain fait bien de renoncer si aucun
moyen ne reste pour assurer sa position, etc., etc. Cette logique
nous a conduits à soutenir que vous devez être reconnu souve-
rain d' Aschaffenbur g et que le principe étant établi de n'avoir
aucune principauté ecclésiastique, la suppression peut en avoir
lieu, sauf à régler votre subsistance d'après les principes du
recès de l'Empire de 1803.
572. Vienne, sans date (octobre 1814) (F. 2. 4138 ad 3565).
DALBERG à TASCHER (chiffon).
]\Ion Cher Tascher,
Voici le Prince Wrede qui a reçu des lettres de Montgelas^
Il lui annonce que ses rapporteurs dans nos affaires ont conclu
contre nous. Il n'en dit pas plus et consent cependant à nous
faire toucher les intérêts arriérés. Je n'entends rien à cette
marche ni à cette décision à laquelle j'étais loin de m'attendre.
LES PRÉLLMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 411
573. Sans lieu ni date (F. 2. 4138 ad 3565).
SOPHIE à DALBERG
Chiffon ramassé chez Dalberg le 27 octobre.
Dis- moi, Cher Ami, pourquoi je n'entends plus parler de
toi depuis quatre jours. Cela commence à m'inquiéter. Serais-tu
malade? Ce serait bien mauvais de ne pas me faire avertir.
Gela me prouverait que tu ne veux pas me voir. Ecris-moi
quelques mots, je t'en conjure. Je vais à 1 heure chez la reine
de Bavière présenter mes filles.
574. Sans lieu ni date (F. 2. 4138 ad 3565).
SOPHIE à DALBERG
Chiffon ramassé chez Dalberg le 27 octobre.
Ton billet me rassure, Cher Ami. J'étais inquiète de toi.
Oa t'a dit malade. D'autres que tu t'étais battu. Dieu sait
avec qui ! Enfin il n'est rien ni de l'un, ni de l'autre. Je suis
bien contente. Je t'attends demain matin. N'y manque pas.
.l'espère que tu viendras souper demain chez moi. Je t'avertis
que c'est un grand souper. Ainsi ne te gêne pas.
575. Sans lieu ni date (F. 2. 4138 ad 3565).
SOPHIE à DALBERG (chiffon).
Voici, mon ami, de quoi être bien poli. Je suppose que cette
provision te suffira. Que fais-tu aujourd'hui? J'espère bien ne
pas passer la journée sans te voir. Fais-moi savoir si tu es
reposé de tes fatigues. Je t'embrasse.
412 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
576. Munich, 17 octobre 1814 (F. 2. 4138 ad 3565).
FANNY à DALBERG (Analyse).
Chiffon ramassé comme les précédents chez Dalberg le 27 octobre.
Elle s'excuse d'avoir fait une erreur dans l'expédition de ses
lettres. Elle le sait très occupé.
« J'espérais que notre Sophie (4) me parlerait de toi ; mais,
d'après ce que txi me dis, le charme réciproque de votre com-
merce est sinon rompu, du moins altéré par les circonstances
du moment. Voilà comme tout cède à was die Welt grosse
Verhœltnisse nennt (2). Le bonheur réel ne gagne pas tou-
jours. »
Elle lui parle ensuite de l'inquiétude et de l'impatience gé-
nérales, croit que « la duchesse de Dalberg a bien fait de rester
à Bologne, au lieu de venir, comme elle le voulait d'abord,
l'attendre à Munich où elle se serait par trop ennuyée ».
Elle lui demande encore s'il « a écrit à Maman, à laquelle cela
ferait si grand plaisir », lui dit quelques mots à propos du roi
de Bavière et de Wrede et espère enfin que tout finira bien.
577. Saint-Pétersbourg, 8 octobre 1814 (F. 2. 4138 ad 3565).
DE MAISTRE (3) à SAINT-MARSAN {Intercepta).
D'accord avec lui pour Gênes. Ce qu'il a fait. Pourquoi il faut Gênes au
Piémont. La France et son roi. La France et le gâteau des Rois.
Il n'y a rien de plus consolant dans notre carrière que de se
trouver d'accord à des distances immenses, c'est ce qui nous
est arrivé à l'égard de Gênes. J'ai fait ici, sans avoir reçu
votre lettre du 17 août, les mêmes démarches qui ont été
1. La Comtesse Schœnborn.
2. « Ce que le monde appelle les grandes conjonctures. » (Traduction lit-
torale qui ne donne cependant qu'une idée fort approximative du jeu de mot,
assez méchant, mais fort spirituel, de Fanny, puisque c'est par ce mot de
Verhaeltniss qu'on désigne en allemand les liaisons.)
3. Maistre (Joseph-Marie, comte de) (1753-1821), ministre de Sardaigne à
Saint-Pétersbourg de 1802 à 1816. Ministre d'Etat et Chef de la Grande Chaiv
cellerie d'Etat en 1817.
i
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 413
faites à Londres et à Vienne. J'ai beaucoup insisté dans ma
note sur une idée que vous ne pouviez guère toucher à la place
où vous êtes : c'est la liberté politique du roi qui me paraît
absolument nulle dans l'état actuel. Supposant de nouvelles
brouilleries, Sa Majesté serait à la merci du premier qui se
présenterait, et celui-ci serait maître de la brouiller avec son
i^rand Protecteur, l'Empereur de Russie. A cette bizarre
époque, tout est possible et il faut être prêt à tout. Le Roi,
une fois appuyé à Gênes, pourrait dire : « je ferai ce que je
voudrai. » Ce qui vaut beaucoup mieux que : <Je ferai ce que
vous voudrez » (1).
Il est bien difficile de savoir ce qui arrivera. Beaucoup de
gens se flattent d'une paix durable. Je ne suis pas du nombre.
On eut mieux pourvu au bonheur universel en se prévalant
moins des circonstances à l'égard de la France. Son roi se
conduit admirablement.
Etouffer subitement l'esprit révolutionnaire, comme on
éteint une bougie, c'était l'entreprise d'un fou ; mais s'empa-
rer de cet esprit et le tourner à sa façon, c'est la solution sage
du problème. Je crois que la France est ou sera incessamment
en état de faire valoir ses prétentions assez naturelles. Les
autres nations se partageant l'Europe à volonté, c'est bien en
vain qu'on voudra condamner la France à ne pas manger son
morceau du gâteau des rois. Il n'y aura point de paix à moins
que les Grandes nations ne déploient au Congrès beaucoup
plus de modération et de sagesse que nous n'avons le droit
d'en attendre.
Je vous remercie infiniment des détails intéressants que
vous me donnez de la Savoie, ou de ce qu'on appelle ainsi, car,
dans le fond, ce malheureux pays n'est qu'un cadavre écartelé.
L'état actuel des choses paraît absolument contre nature. Ou
la France engloutira la Savoie, ou toute la Savoie sera de nou-
veau réunie sous le sceptre de son ancien maître.
1. Cette première partie de la dépêche de de Maistre ne figure pas dans sa
Correspondance diplomatique, dans laquelle on trouve en revanche l'autre
moitié, que nous avons néanmoins cru utile de reproduire ici.
414 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
578. Saint-Pétersbourg, 7 octobre 1814 (F. 2. 4138 ad 3565).
WINTZINGERODE (1) au roi de WURTEMBERG (en français).
(Sous couvert à Linden) [intercepta)
Ignorance complète de tout. Départ de 6.000 hommes de la garnison de Pé-
tersbourg. La censure. On parle de la grossesse de rimpératrice Elisabeth
et de l'abdication du roi de Saxe.
Nous sommes sans nouvelles ici. Le départ de 6.000 hommes
de notre garnison a confirmé l'opinion de ceux qui croient à
la guerre. L'ordre en a été donné par TEmpereur de Pulawy.
On nous tient dans une ignorance si parfaite de tout ce qui
se passe à Vienne, que les Gazettes mêmes de cette capitale
ne se distribuent plus depuis trois jours de poste et hier on a
encore retenu celles de Paris. Celles de Londres parlent d'une
abdication du roi de Saxe.
Il y a quelques jours que le bruit s'est répandu que Tlmpé-
ratrice Elisabeth (2) se trouvait enceinte.
579. Vienne, 27 octobre 1814 (F. 2. 4138 ad 3565).
GCEHAUSEN à HAGER
Tugend-Bund (3). Extension qu'il prend et son centre d'action.
Rapport sur l'extension prise par le Tugend-Bund qui tra-
vaille partout les esprits en Prusse et dont font partie avec
Schelling (4), secrétaire général de l'Académie des Sciences
1. Wintzingerode (Henri-Charles-Frédéric Levin, comte de) 1778-1856).
Le 9 septembre 1814, Noailles écrivait de Saint-Pétersbourg à Talleyrand :
« M. de Wintzingerode, Ministre du roi de Wurtemberg est aussi dans cette
ville ainsi que le comte de Maistre, Ministre du roi de Sardaigne. Le Duc de
Serracapriola, Ministre du roi des deux Siciles, est en route pour Vienne... »
(Cf. POLOVTSOFF, t. I, 37).
2. L'Impératrice de Russie.
3. J'ai pensé bien faire en publiant ici quelques pièces relatives au Tu
gend-Bund que j'ai cru devoir analyser. 11 me parait cependant utile de fair&j
remarquer que de peur de me laisser entraîner trop loin, j'en ai laissé ua
grand nombre de côté, et honnête de signaler ce fait à ceux qui pourraient
avoir l'intention d'aller travailler aux Archives du Ministère I. et R. de l'in
térieur en les prévenant qu'ils y trouveront nombre de pièces relatives au
Tugend-Bund.
4. Schelling (Frédéric, Guillaume, Joseph von) (1775-1854), l'un des plus
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 415
de Munich, Feuerbach, Président à Bamberg-, le Prince royal
de Wurtemberg, et dont les principaux centres d'action sont
les Universités de Halle, Gôttingen, Jena, Heidelberg et Erlan-
gen.
580. Vienne, 27 octobre 1814 (F. 2. 4137 ad 3565).
R. N° 115 à HAGER
Stein est un des plus ardents partisans et un membre très
actif du Tiiqend-Biind.
581. Vienne, 28 octobre 1814 (F. 2. 4037 ad 3565).
R. NM15 à HAGER
Rapport sur quelques membres du Tugend-Bund.
Sur Cari MûUer (1), le Steuerrath prussien von Borbstaedt
et le poète Arndt, membres actifs du Tugend-Bimd à surveil-
ler de près. On croit même que sous un faux nom Arndt fait
partie de la suite de Nesselrode. Quant à MûUer, il a dit bien
haut que le Tugend-Bund est si fort qu'aucun prince allemand
ne saurait ni le détruire, ni même lui résister.
grands diplomates et savants allemands. Associé de l'Académie des Sciences
morales et politiques,
1. MûUer (Cari Christian), né à Klebitz en 1778, mort en 1857, fameux agi-
tateur et patriote allemand, agent et émissaire de Bliicher d'aboi d, puis de
Stein, arrêté une première fois en 1811 à la requête du représentant de la
Westphalie, von Linden, il s'échappa et s'enfuit à Berlin. Emprisonné une
deuxième fois et remis en liberté, il remplaça Gruner à la tête de la police de
Berlin. Il rejoignit en 1813 Koutousoft" à Kalisch, lui apporta des instructions
écrites et lança son fameux appel daté du 25 mars 1813. 11 fit alors un moment
partie du corps volant du colonel Fiiger, fut de nouveau attaché par Stein à
sa personne, mais ne tarda pas à reprendi-e du service, et se distingua à Baut-
zen et à Dennewitz. Hepnin l'emmena avec lui à Dresde eq^'anvier 1814. 11
accompagna ensuite Hardenberg au Congrès de Vienne. Mais une fois l'Al-
lemagne délivrée, il considéra son rôle actif comme terminé. Conseiller au-
lique prussien en 1817, il ne tarda pas à être nommé Conseiller intime. Cf.
Varnhagen von der Ensb, Karl Mûller's Leben.
41G AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
582. Vienne, 11 octobre 1811 (F. 2. 4019 ad 3565).
R. à HAGER
Millier et Gruner. Leur but et leurs menées. Gruner protégé par Alexandre.
Rapport sur les agissements de Mûller et du Conseiller
d'Etat baron Gruner (1) qui cherchent à faire des prosélytes
pour le Tuge7id-Bund, et leurs menées révolutionnaires et hos-
tiles aux membres du Tugend-Bund appartenant à la Noblesse.
La Russie soutient Mûller, et ceux qui portent Tuniforme
russe circulent partout librement. Ce qu'ils veulent, c'est ame-
ner le roi de Prusse à donner à ses Etats une constitution libé-
rale qui s'étendra rapidement aux Etats voisins et portera le
coup de grâce au cléricalisme et au catholicisme.
L'empereur Alexandre les protège, et la preuve en est qu'il
a envoyé à Gruner avec la croix de Sainte-Anne de première
classe en brillants une lettre des plus flatteuses. Une centaine
de libraires allemands font partie du Tugend-Bund tels que
Bertuchj de Weimar ; Herger, de Giessen ; Cotta, de Stutt-
1. Gruner (Charles-Juste), né à Osnabriick en 1777, se lia de bonne heure
avec Stein, alors Ober-President à Minden et avec Blucher, entra au service
de la Prusse en 1802 et aurait été peu après et jusqu'en 1805 employé à des
missions secrètes en France. Directeur de la Chambre de guerre et des do-
maines à Posen, il faillit y être arrêté par les Français et se réfugia d'abord à
Kônigsberg, puis dans la Poméranie Suédoise. Président de Chambre intéri-
maire à Golberg, puis à Treptow, il ne tarda pas à devenir vers la fin de 1809
Président de police à Berlin et travailla activement à la reconstitution du
Tugend-Bund et aux préparatifs du major Schill. Ecarté des affaires sur
l'ordre de Napoléon, mais rien qu'en apparence, il quitta la Prusse, à la fin
de mars 1812, se rendit en Bohème soutenu par l'Angleterre et la Russie et
continua à organiser et à étendre le Tugend-Bund. Alexandre l'avait fait Con-
seiller d'Etat et l'Angleterre lui fournissait de riches subsides. Ses menées
finirent par devenir trop éclatantes et trop dangereuses et l'Autriche, au lieu
de consentir à son extradition qui lui était demandée par la Prusse l'enferma
à la requête de Napoléon à Peterwardein, où il resta jusqu'en octobre 1813.
Nommé peu après Gouverneur des provinces du Haut et Bas-Rhin où il ren-
dit les plus grands services aux alliés en môme temps qu'il satisfit la haine
qu'il portait à la France, il y organisa le gouvernement provisoire et résida
à Diisseldorf jusqu'après Waterloo. Envoyé alors à Paris pour y faire pour
le compte de la Prusse sa part de la haute Police, il mérita le titre d'embal-
leur de la Sainte-Alliance. Le roi de Prusse, qui l'avait déjà anobli et fait '^
baron, reconnut ses services en lui confiant les fonctions de Ministre de ;
Prusse près la Confédération helvétique. Tombé en disgrâce et déjà fort ma-
lade, il quitta Berne au commencement de janvier en 1819 et se rendit à _.
Wiesbaden où il mourut le 8 février 1820.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 417
gard,etc., etc., qui sont tous venus à Vienne pour y travailler
en faveur du Tugend-Bund.
583. Vienne, 16 octobre 1814 (F. 2. 4037 ad 3565).
Rapport à HAGER
Envoi d'un dossier relatif au Tugend-Bund.
A ce dossier est jointe une analyse assez détaillée du Précis
de V abrégé du Mémoire pour servir à l'histoire du Jacobinisme
par VAbbé Barueil{^)
584. Vienne, 16 octobre 1814 (F. 2. 4291 ad 3565).
Rapport à HAGER
Rapport sur le Tugend-Bund et ses tendances vers la franc-
maçonnerie, à signaler entre autres une dépêche de Hager, en
date du 7 septembre, à l'Oberst-Burggraf, comte Kolowrat, à
Prague, l'invitant à surveiller avec soin les adhésions fort nom-
breuses que le Tugend-Bund recueille à Prague et en Bohême.
585. Vienne, 16 octobre 1814 (F. 2. 4037 ad 3565).
Rapport à HAGER
Millier et Borbstaedt à surveiller.
Millier et Borbstaedt arrivés à Prague le 10 octobre ont
2ontinué le même jour sur Vienne, où Mûller ne compte rester
{ue peu de temps.
Rapport de Lilienau, Stadt-hauptmann de Prague, au comte
Kolowrat du 13 octobre.
Kolowrat signale à Hager ce voyage, dont l'objet lui paraît
îUspect et dangereux.
T. I. 27
'il
418 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
586. Vienne, 17 octobre 1814 iF. 2. 4019 ad 3565).
H... à HAGER
Rapport sur les relations existant entre le Tiigend-Bund et
les grands libraires allemands^ sur la campagne qu^ilsfont en
faveur de la liberté de la presse.
Deuxième rapport en date du 24 contenant des renseigne-]
ments sur Cari MûUer et Borbstaedt, sur l'organisation et les
tendances du Tugend-Bund^ et enfin l'indication de certains
francs- maçons de marque, tels que rArchiduc Charles (depuis
1798 ou 1799) les généraux von Grûnne, Lindenau, Langenau,
le comte Schœnfeld et Humboldt.
587« Vienne, 18 octobre 1814 (F. 2. 4019 ad 3565).
RATOLISKA au Comte LOBKOWITZ (à Prague) (analyse).
En réponse à sa lettre du 12, il croit qu'il est plus que ja-
mais nécessaire de surveiller le Tiigend-Bund, et ses tendances,
ne serait-ce qu'à cause des nombreux adhérents que le Bund a
dans l'Allemagne du Nord et en Prusse. Il lui recommande de
ne pas laisser venir à Vienne le nommé Garl Mûller, qui pré-
tend être un ancien capitaine du corps de Lûtzow.
588. Vienne, octobre-novembre 1814 (F. 2. 4019 ad 3565).
Analyse de différents rapports à HAGER
Sur la surveillance de Mûller et de Borbstaedt, sur les dé-
marches de Borbstaedt afin d'obtenir du roi de Prusse l'auto-
risation de créer des Sociétés de Secours pour les Vétérans.
Rapports divers sur l'appui donné à ces Sociétés par Har-
denberg et Humboldt, sur le rôle politique que ces Sociétés
tendent à jouer de plus en plus et sur leurs tentatives d'inter-
vention dans les questions de Saxe et de Pologne.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 419
589. Vienne, 4 novembre 1814 (1) (F. 2. 4019 ad. 3565).
Agent K. (KUGLER) à GŒHAUSEN
Rapport sur Borbstaedt et l'état des loges maçonniques au-
trichiennes.
M. de Willié, le médecin de l'Empereur Alexandre, est un
ardent franc-maçon.
590. Vienne, 6 novembre 1814 (F. 3. 4468 ad 3565).
GŒHAUSEN à HAGER
Le Tugend-Bund et les francs-maçons prussiens.
L'Agent K. a obtenu communication pour huit jours de la
liste des francs-maçons de toutes les loges prussiennes.
On (la police autrichienne) surveille et recherche les princi-
paux d'entre eux et on s'est procuré les appels lancés par les
Loges prussiennes à leurs Frères.
[591. Vienne, 6 novembre 1814 (F. 3. 4619 ad 3565).
Rapport à HAGER
Le Tugend-Bund se rapproche de plus en plus des francs-
laçons qui travaillent activement au renversement des Bour-
ms.
Vienne, 6 novembre 1814 (F, 3. 4468 ad 3565).
GOËHAUSEN à HAGER
Personnages de Francfort désormais au service de la Polizei Hofstelle.
Les francs-maçons de Francfort.
Il lui rend compte qu'il s'est assuré les services gratuiU du
pcrétaire général de la Police de Francfort Leverev (ou Seve-
J'ai cru pouvoir me départir de la règle que je me suis imposée, et en-
Bindre exceptionnellement l'ordre chronologique en plaçant ici, en même
ips queces deuxpièces, les trois suivantesquicomplèteutlesreuseigneraents
blatifs au Tugend-Bund et à la franc-maçonnerie.
420 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
rey) et lui indique les adresses données pour correspondre sû-
rement. Il lui fait savoir qu'on a également réussi à s'attacher
dans les mêmes conditions le Comte (?) Weyland et le baron
von Vrints Berberich, que le Hofrath von Galler, qui appar-
tient à la loge de Francfort, est également entré au service et'
qu'il l'a mis en rapport avec le baron von Vrints.
Leverey lui a envoyé la liste (ci-jointe à son rapport) des F.' .
F.-, de la Loge l'Aurore Naissante, de Francfort, à laquelle ¥
appartient entre autres Salomon Mayer Rothschild, banquier 1
de la Cour.
593. Vienne, 29 octobre 1814 (F. 3. 4170 ad 3565).
HAGER à l'ExMPEREUR
Bordereau et rapport du 29 octobre.
Rapports des 27 et 28 octobre des agents chargés de la sur-
veillance de :
Prince Eugène, Nesselrode, Stackelberg,Razoumoffsky, Pozzo
di Borgo,duc de Richelieu, La Harpe, Czartoryski, Stein, Har-
denberg, (qui confère le 26 au matin pendant deux heures avec
Pozzo di Borgo, travaille ensuite avec ses conseillers et surtout
avec le conseiller intime Krûger, qui part pour Dresde à quatre
heures. A une heure, il se rend chez Metternich, à une confé-
rence qui dure jusqu'à quatre heures et à laquelle assistent
Talleyrand, Dalberg(i), Wrede, Castlereagh, Munster, Wint-
zingerode, le comte de Hardenberg, Nesselrode, Humboldt,
Linden et Martens.
A dîner, la chaise du comte de Hardenberg, l'un des invités
du prince, se casse ; le comte tombe et Humboldt de dire au \
prince : « Voyez, Prince, voilà le Hanovre à vos pieds). »
De Marie-Louise (revenue le 25 au soir de Baden à Schœn
brunn, elle a reçu le 26, ainsi queM"° de Brignole, des lettre
d'Aix et de Genève).
Du Duc de Richelieu. (H a passé le 27 deux heures chez
Grand-duc Constantin).
1. Cf. D'Angeberg, 337-341. Sixième Protocole du Comité des Affaires all«
mandes. Séance du 26 octobre à laquelle assistèrent en effet tous ces pei^
Bonnages à l'exception toutefois de Talleyrand et de Dalberg.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 421
De Hardenberg (de nouveau en conférence le 28 au soir, de 9
à 11 heures, chez Metternich avec Castlereagh).
Et de Talleyrand. (On a ramassé sur son bureau la pièce par
laquelle, conformément à l'article 2 {secret) du traité du 30 mai
1814, il informe Reinhard que Dalberg a été désigné par le Roi
pour conférer avec les commissaires suisses).
594. Vienne, 27-28 octobre 1814 (F. 3. 4170 ad 3565).
{Cabinet noir) {Intercepta divers)
Analyse faite par la Manipulation.
Stein à Munster (21 octobre). Lettre de recommandation.
Stein au Prince de Salm-Kyrburg (27 octobre), (Il a trans-
mis ses réclamations à Hardenberg).
Liston à Sidnej Smith (Gonstantinople 10 octobre). (11 veut
quitter son poste, comme il le lui a déjà écrit et le lui fait
savoir une fois de plus en lui répétant qu'il l'avait désigné au
Gouvernement comme son successeur.)
Dalberg au baron Hacke (28 octobre). (Je vous envoie le
Mémoire sur la question de la Saxe (1). Vous pouvez en pren-
dre copie et même le répandre, mais sans nous nommer.)
|595. Vienne, 27 octobre 1814 (F. 3, 4170 ad 3565).
DALBERG au Marquis (2) (chiffon)
II l'informe qu'il a remis sa lettre à Sidney-Smith et lui
iransmet sa réponse.* Smith suit auprès du Ministre de Suède
,*idée favorite, dont il vous parle comme à un de ses amis et
îomme à un Ministre du Roi à Gonstantinople.
1. 11 s'agit ici du Mémoire raisonné sur la Saxe que Talleyrand présenta £a
Jongrès à la date du 2 novembre.
2. Presque certainement le Marquis de Rivière. Cf. Pièce 565.
422 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
596. Vienne, 28 octobre 1814 (F, 3.4170 ad 3565).
Nota à HAGER
Sommes touchées par les Rois de Prusse et de Bavière.
On prétend que le Roi de Prusse n'a pris chez Fries que |
36.000 florins, le Roi de Bavière que 24.000 florins en papier,/
et qu'aucun d'eux n'a rien touché en espèces.
Le Roi de Bavière n'a pu s'empêcher de dire à une personne]
de sa suite: « Notre existence ici est fort agréable; mais nous
ignorons complètement ce qui se passe et ce qu'il adviendra dt
nous. Le Cabinet de Vienne agit avec nous tout comme le fai-
saient jadis les Français. On ne nous dit absolument rien.»
597. Vienne, 28 octobre 1814 (F. 3. 4170 ad 3565).
Nota à HAGER
Wrede et Montgelas.
D'après le dire du Hofagent Moosthall, Montgelas ne vien-
drait à Vienne qu'après le départ de Wrede, avec lequel il est
en fort mauvais termes.
598. Vienne, 28 octobre 1814 (F. 3. 4178 ad 3565).
ee à HAGER
Appréciations sur l'Ambassade de Russie et sur les scènes qui ont eu lieu
avec Metternich avant le voyage en Hongrie.
Les rois et les princes présents à Vienne, leurs Ministres
et leur suite sont tous d'accord pour dire que l'Empereur
Alexandre aurait, dans son propre intérêt, beaucoup mieux fait
de rester chez lui. Sa considération, que ses inconséquence^?
ont fortement comprise, y aurait assurément beaucoup gagné.
Les Ministres russes ne sont guère plus favorablement jugé
que leur Maître. On constate avec plaisir qu'à l'exception
Anstett qui seul a du talent et de la valeur, l'Ambassade russ
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 423
au Congrès ne se compose que de médiocrités et que le plus
insignifiant de tous est le comte Nesselrode. .
Les Prussiens ne se gênent pas, lorsqu'ils sont entre eux
ou avec des intimes, pour se moquer des Membres du Cabinet
russe et de l'Ambassade envoyée au Congrès.
La police secrète russe, qui opère à Vienne et dont font
partie, à mon avis, le duc d'Acerenza Pignatelli et toute la
bande du baron Bûhler (1), m'a l'air de s'occuper bien plus
d'intrigues qui peuvent leur rapporter personnellement quelque
chose que des questions qui intéressent leur souverain et leur
pays.
Partout où je vais, je n'entends depuis avant-hier parler
que des deux scènes qu'avant le départ pour la Hongrie Metter-
nich a eues avec l'Empereur de Russie et avec notre Empereur.
On me répète partout qu'Alexandre veut absolument la chute
de Metternich et qu'il profitera du voyage en Hongrie et des
tête-à-tête avec l'Empereur François pour arriver à ses fins.
Les ennemis de Metternich se croient sûrs du succès, et c'est
là même une preuve manifeste des intrigues auxquelles on se
livre tant à la Cour qu'au Congrès. Ils font des gorges chaudes
sur le choix qu'on a fait de Vienne pour réunir le Congrès.
Les Saxons, les Polonais, les Médiatisés crient Haro sur
Metternich et sa politique. La Russie aura sa Pologne ; la
Prusse gardera la Saxe ; les souverains partiront de Vienne ;
le Congrès sera dissous et l'Autriche aura la guerre avec la
Russie, voilà ce qu'on entend dire chez les Starhemberg et
les Stadion.
599. Vienne, 28 octobre 1814 (F, 3. 4170 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Le Congrès et l'opinion publique. Les questions d'Allemagne, de Saxe et
de Pologne. Castlcreagh et Gènes. La faveur de Pozzo di Borgo et la cour
de Russie,
On perd de plus en plus l'espoir de voir le Congrès finir
comme on le voudrait et comme on le croyait d'abord. On dit
que le Congrès n'a pas de principes et que s'il en a, s'en sont
1. Conseiller d'Etat Russe.
424 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
de bien mauvais. Loin de donner à chacun ce qui lui est dû,
on va prendre à d'autres ce qui leur appartient légitimement.
La Russie va se pousser sur l'Allemagne. La Prusse veut
en dominer le Nord,etrAutriche,le Midi. Les petits Etats alle-
mands en frémissent, s'agitent et se désespèrent. Une Confé-
dération de l'Allemagne paraît un rêve, une impossibilité qu'on
cherche et qu'on ne trouvera pas. En général tout le monde
frémit du partage de la Saxe. On observe partout un croise-
ment fatal de vues et d'intérêts et une mésintelligence pro-
noncée, même parmi ceux qui demandent et désirent la même
chose. J'en citerai un seul exemple :
La France demande la conservation de la Saxe à son roi et
que la Pologne ne soit pas toute à la Russie. Nous demandons
la même chose, et nous nous plaignons de la France « qui
veut se mêler de ce qui ne la regarde pas I »
Tout ceci fait que, quand on parle du Congrès et de son
issue, on sourit d'un air de compassion, et tout le monde dit :
« Gela finira par une nouvelle paix d'Amiens. On se séparera
en amis en ayant la guerre en projet. »
Gastlereagh a répondu sèchement à la Députation de Gênes
qui invoquait son appui : « Qu'ils n'avaient qu'à s'adresser au
roi de Sardaigne et à tâcher d'obtenir de bonnes conditions et
privilèges. » En dépit de cela, Brignole espère toujours.
Pozzo di Borgo est le héros du moment pour les honnêtes
gens. Il parle comme Démosthènes, pense et raisonne comme
Caton. 11 tonne en faveur de la justice, du droit et des véri-
tables intérêts des têtes couronnées et coalisées. On est surpris
de son audace, vu que les principes qu'il proclame ne s'accor-
dent pas avec ce que fait et prétend le Cabinet auquel il est
attaché. Aussi l'on croit, ou que la Cour de Russie deviendra
plus modérée et plus sage, ou qu'elle se défera de lui, et alors,
étant né en Corse et sujet français, il rentrera au service de
son ancien Roi qui lui doit déjà tant, puisqu'il est remonté sur
son trône en dépit de toutes les apparences et toutes les com-
binaisons.
600. Vienne, 30 octobre 1814 (F. 3. 4178 ad 35651.
HAGER à L'EMPEREUR
Rapport et bordereau du 30 octobre.
j LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 425
Vienne, 27-29 octobre 1814 iF. 3. 4178 et 4183 ad 3565).
Rapport à HAGER
Rapport de surveillance sur Marie-Louise.
Marie-Louise reçoit le 27 une visite de deux heures du car-
dinal Gonsalvi, et aune heure, celle de la Comtesse Lazanski (1)
qui apporte de Targent.
A deux heures, on apporte une lettre de Talleyrand. Elle fait
appeler Bausset pour y répondre avant de faire une prome-
nade à cheval.
Le soir à table, elle se plaint du pain « qui est si mauvais
,j qu'elle finira par faire venir un boulanger de Paris». Le même
i soir, on expédie un courrier qui repart pour la Suisse.
Le 29 au matin, Marie-Louise a fait expédier par Bausset
une lettre au Cardinal Consalvi.
Après une sortie à cheval à deux heures, elle a reçu la visite
des Impératrices d'Autriche et de Russie et du prince de Saxe-
(^obourg. Le soir, elle a donné l'ordre de préparer ses voitures
de voyage.
601 . . Vienne, 29 octobre 1814 (F. 3. 4178 ad 3565 .
à HAGER
Rapport de surveillance.
Sur Radziwill. Les deux Juifs de la Cour, Dillen et Sonnen-
berg, lui ont remis le 20 deux nouveaux sacs d'argent.
602. Vienne, 29 octobre 1814 (F. 3. 4194 ad 3565;.
Rapport à HAGER
Radziwill et l'argent qu'on lui a remis.
Les Juifs de la Cour, Dillen et Sonnenberg, remettent le 28
1.000 pièces d'or (ducats) à Radziwill.
1. Grande Maîtresse de la Cour.
426 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
603. Vienne, 29 octobre 1814 (F. 3. 4178 ad 3565).
Rapport sur HUMBOLDT
On a réussi à placer un agent chez lui ; mais Humboldt est
extrêmement méfiant et surveille, enregistre, expédie et porte
lui-même ses lettres.
604. Vienne, 29 octobre 1814 (F, 3. 4178 ad 3565).
Rapport à HAGER
Le colonel von Miltitz et le lieutenant Kleist sont partis
le 29 au matin pour Dresde, où l'administration russe prendra
fin sous peu.
605. Vienne, 29 octobre 1814 (F. 3. 4178 ad 3565).
© 0 à HAGER
La comtesse Gallenberg. Farina, Peschiera. Sa liaison avec le comte
de Schulenburg. Ses relations avec la comtesse Fuchs.
La Comtesse Gallenberg a eu pour compagnon de route un
certain Farina qui est un émissaire envoyé par Murât, au ser-
vice duquel se trouve aussi un certain Peschiera (Pescara).
La Gallenberg aurait été et serait encore la maîtresse de
Schulenburg. Elle est très liée avec la Gomtesse Fuchs, qui
fréquente chez la Sagan et chez Metternich, et par laquelle
elle apprend bien des choses.
!>*■'
^bP
606. Vienne, 29 octobre 1S14 (F, 3. 4178 ad 3565).
Nota à HAGER
AUiano et le maintien de Murât. Date de son départ, -;-
Le prince d'Alliano, arrivé il y a quinze jours avec des àé^i^
pêches, doit repartir demain pour Naples.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 427
Alliano paraît convaincu que Murât conservera son trône
et que l'Autriche est décidée à rester fidèle au traité qu'elle
a signé avec son roi. Il attend aujourd'hui un courrier de
Naples, et c'est alors seulement qu'il saura s'il doit partir ou
prolonger son séjour.
607. Vienne, 29 octobre 1814 (F, 3. 4183 ad 3565).
Rapport à HAGER
La journée du Prince de Hardenberg.
Hardenberg a eu de 8 heures à 10 heures 1/2 du soir une
conférence chez Metternich avec le Comte de Munster, le
Comte Wintzingerode, le Comte Hardenberg, Humboldt et
Wessenberg.
608. Vienne, 29 octobre 1814 (F. 3. 4178 ad 3565).
e © à HAGER.
Les intrigues contre Metternich. Les nouvelles qu'on répand dans les salons
politiques. Les renseignements fournis par Stackelberg au comte Schœn-
i'eld sur la question de la Saxe et la marche générale des affaires.
On est de plus en plus convaincu dans la coterie Puffendorf
que tout cet imbroglio ne peut finir que par un changement
de Cabinet ou une guerre avec la Russie.
Voilà maintenant la riposte des partisans de Metternich :
« Rien de plus honorable et de plus beau que de quitter le
Ministère ; d'abord parce qu'on se refuse à apposer sa signa-
ture sur un papier par lequel on cède tout le Duché de Var-
sovie à la Russie et on laisse prendre à l'Empereur de Russie
le titre de roi de Pologne, ensuite parce qu'on ne voit pas de
raison de se brouiller avec la Bavière pour les beaux yeux des
médiatisés, rien qu'afin d'empêcher l'Allemagne de devenir un
corps solide capable d'échapper désormais à l'influence fran-
çaise et aux épreuves qu'elle vient de traverser.
Chez le comte de Rechberg, où l'on parlait d'une-tension des
428 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
rapports entre les Ministres russes et prussiens, la comtesse a
dit devant moi : « Tant que je verrai le roi de Prusse accom-
pagner et suivre partout TEmpereur Alexandre, je ne croirai
pas à cette brouillerie. »
Hier, vers midi, alors que j'étais chez le comte Schœnfeld
(l'ancien Ministre de Saxe à Vienne), je vis le comte Stackel-
berg se glisser chez lui. Il est entièrement acquis aux intérêts
de la Saxe et rapporte fidèlement à Schœnfeld tout ce qui se
dit et se fait dans le Cabinet russe par rapport à la Saxe.
Schœnfeld se désolait sur la situation extrêmement critique
de l'Autriche et de Metternich ; il finit par dire : « L'Empereur
François ne consentira pas et ne peut consentir à laisser tomber
Metternich. Lord Gastlereagh interviendra, agira auprès
d'Alexandre, lui arrachera une concession et soutiendra Met-
ternich. Quant aux affaires d'Allemagne, il n'y a plus rien
d'autre à faire qu'à se rejeter du côté de la Prusse. En admet-
tant même, ce qui serait peu probable, qu'on redonne le por-
tefeuille des affaires étrangères au comte Stadion, les affaires
n'en iraient que plus mal. Stadion sacrifierait les intérêts de
l'Autriche à ses chers Médiatisés et se brouillerait du coup
avec la Bavière et le Wurtemberg. L'Empereur François n'a
donc qu'à garder Metternich et à lui conseiller de s'inspirer
des conseils et de l'exemple de Thugut. Mais, même à la Chan-
cellerie d'Etat, Metternich, si on en excepte le baron Binder
et le comte de Mercy, ne peut compter sur personne, surtout
pas sur Hudelist et même pas sur Hoppe et sur Bretfeld.
Les étrangers, comme les Viennois, ont une véritable indi-
gestion des fêtes et du Congrès.
609. Vienne, 29 octobre 1814 (F. 2.4178 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Gentz défenseur de Murât. Jugement sur Gentz. La Bagration et le
prince Eugène. Metternich toujours en disgrâce auprès d'elle.
Anstett a dit chez la princesse Bagration que Gentz sou-
tient que pour le repos de l'Europe, il faut que Murât reste
roi de Naples. Ce propos a été trouvé digne de l'homme qui
m
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 429
n'a jamais eu une opinion à lui et qui les a eues toutes à me-
sure qu'on les lui a fournies.
La princesse Bagration se déclare à présent pour Beau-
harnais. Elle le trouve bien préférable au prince Charles de
Bavière.
11 ne m'a pas paru que le Prince de Metternich ait repris
dans cette maison tout l'ascendant qu'il y avait. La princesse
parle de ne pas accorder de pardon. Nesselrode est en faveur
du prince, et Pozzo di Borgo a été pris pour juge. La sentence
n'est pas encore prononcée. On la rendra à portes closes. Stein
y entre aussi comme opinant.
J'ajoute qu'Anstett est un ennemi déclaré de Pozzo.
610. Vienne, 29 octobre 1814 (F. 3. 4178 ad 3565).
GENTZ à KARADJA (1) (in<erce/)/a) (en français)
Depuis le départ de ma lettre du 20, je n'ai plus rien appris
de l'affaire de M. Bellio. Le prince de Metternich m'a cepen-
dant parlé à plusieurs reprises de la peine que lui cause cette
affaire. Une circonstance qui m'inquiète beaucoup, c'est Fin-
certitude dans laquelle je suis sur les lettres et les réponses
que Votre Altesse pourrait m'avoir adressées par M. Bellio.
611. Vienne, 31 octobre 1814 (F. 3. 4183 ad 3565),
HAGER à L'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 3l octobre 1814.
Il lui transmet les rapports sur Goupy, agent de la Reine
d'Etrurie et ses démarches auprès des ministres des Bourbons.
Sur le grand-duc de Bade et sur son ministre, le Conseiller
d'Etat Sensburg, bien disposé pour l'Autriche, et pour le mo-
ment tout puissant sur l'esprit du Grand-duc.
Sur l'aggravation soudaine du change (rapport demandé par
Stadion).
1. Cette dépêche de Gentz ayant été publiée par Klinkowstrœm, Oester-
reich's Theilnahme, etc., etc., 452-455, je me suis contenté de reproduire
ici le premier paragraphe qu'il n'a pas jugé nécessaire de faire connaître à
ses lecteurs.
4iî0 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIEiNNE
612. Vienne, 30 octobre 1814 (F. 3. 4183 ad 3565).
Relevé de quelques pièces interceptées et analysées
par le cabinet noir le 30 octobre,
Stein à Nesselrode (à propos d'une réclamation du prince
Joseph Dietrichstein contre le roi de Wurtemberg).
Stein à Hardenberg (sur les prébendes en Allemagne).
Stein au même (pour l'informer que n'ayant plus besoin du
Staatsrath Friese, il le remet à sa disposition).
Stein au Comte de Munster. (Il l'informe d'un arrangement
intervenu avec le prince d'Orange et relatif aux revenus de la
poste pendant la période de l'occupation provisoire.)
Stein à la direction des postes à Francfort (Même sujet).
Dalberg à la duchesse à Bologne (28 octobre) (peu intéres-
sante).
Sontheim à Wintzingerode (29 octobre). (Paquet contenant
des numéros du Moniteur et des Débals).
Heilmann à son père (à Bielle) de Vienne, 17 octobre (sur
les affaires de Suisse).
Lind au comte de Bentinck.,La Haye,22 octobre {par la po-
lice). (Il voudrait servir avec Bentinck et retourner dans le
voisinage d'Oldenburg. Il a servi dans les troupes d'Olden-
burg qu'il n'a quittées qu'à la suite d'une injustice dont il a
été victime.)
613. Vienne, 30 octobre 1814 (F. 3. 4183 ad 3565).
Rapport à HAGER
Dalberg. Emploi de sa journée du 28 octobre. Vernégues, son passé,
ses relations avec Anstett.
Dalberg est resté le 28 de 11 heures du matin à 2 heures
chez la Comtesse Schœnborn et a travaillé le soir avec la Bes-
nardière avant d'aller souper chez la Sagan On n'a pas trans-
mis ses chiffons parce qu'ils étaient insignifiants.
Le Chevalier de Vernégues, agent français, quoiqu'ayant le
titre de Conseiller d'Etat Russe, est celui qui, arrêté dans le
Midi de la France, a été emprisonné pendant deux ans au
Temple. Il a de fréquents entretiens avec Anstett, chez lequel
il est encore resté dernièrement pendant plus de 3 heures.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 431
614. Vienne, 30 octobre 1814 (F. 3, 4183 ad 3565).
Rapport à HAGER
Arrivée de TimiriasofT en courrier de Varsovie.
M. Timiriasoff, aide de camp du Grand-duc, est arrivé hier
en courrier de Varsovie porteur de dépêches ayant toutes trait
à l'organisation de l'armée polonaise qui progresse rapidement.
615. Vienne, 30 octobre 1814 (F. 3. 4183 ad 3565).
SIGARD à HAGER
Arrivée d'un courrier napolitain et rappel du prince d'AIliano.
Le Courrier napolitain Baraini, parti de Naples le 19, est
arrivé cette nuit et Cariati a aussitôt invité Alliano à se tenir
prêt à partir, d'abord dans l'après-midi, puis demain soir parce
que les dépêches n'étaient pas prêtes.
616 Vienne, 30 octobre 1814 (F. 3. 4178 ad 3565).
MAILATH à HAGER (en français).
Alexandre et la comtesse Orczy.
Alexandre a fait à Pesth une cour assidue à la Comtesse
Orczy (1), mais sans résultat puisqu'il lui a dit: « Je suis bien
fâché qu'il n'y ait pas pour moi l'occasion d'emporter un re-
mords de conscience ; mais j'espère bien vous voir à Vienne. »
617. Vienne, 30 octobre 1813 (F. 3. 4173 ad 3565).
Nota à HAGER (en français)
Convention entre l'Angleterre, la Russie et la Hollande
au sujet de la dette de la Russie à la Hollande.
Je viens d'apprendre à la Légation Hollandaise qu'il s'est
fait tout récemment, par l'entremise de Castlereagh, une con-
1. Bien probablement la comtesse Thérèse Batthyanyi (1790-1861) qui avait
épousé le comte Lorenz Orczy.
432 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
vention entre la Russie, l'Angleterre et la Hollande au sujet
de la dette passive de la Russie aux Hollandais, L'Angleterre
en prend un tiers à sa charge, la Hollande un tiers, de sorte
que la Russie n'est plus responsable que du dernier tiers (1).
618. Vienne, 30 octobre 1814 (F. 3. 4183 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
La Tour du Pin Gouvernet. — M"" de la Tour du Pin.
L'Ambassade française mal vue à Vienne.
A l'occasion de la petite partie de chasse donnée à Hietzing
par le comte François Pallfy, j'ai fait parler les gens de la
maison de l'Impératrice Marie-Louise. Ils m'ont dit que La
Tour du Pin était le beau-frère du général Rertrand (i.) qui
est à l'île d'Elbe avec Bonaparte. A peine de retour à Vienne,
je cherchai le baron de Fierlant, cousin de M. de Liedekerke,
gendre de La Tour du Pin. 11 m'a confirmé ce que j'avais ap-
pris et m'a dit que toute la Société Belge ne comprenait pas
comment Talleyrand avait fait choix de La Tour du Pin pour
le placer à Vienne. Il a ajouté que la femme de La Tour du
Pin j viendrait bientôt et que c'était une personne très intri-
guante.
Le baron de Fierlant (3) m'a dit que les Français de l'Am-
bassade sont très mal vus à Vienne et le seront encore davan-
tage quand M'"° de la Tour du Pin y sera.
1. Cf. pour plus de détails G. Labouchère, Pierre-César Laboachère dans
la Revue d'Histoire Diplomatique. N" 3, 1913 et n" 1, 1914.
2. Le général Bertrand avait en effet épousé Fanny Dillon, fille du Généra!
Arthur Dillon guillotiné en 1794 et sœur cadette de la Marquise de la Tour^
du Pin Gouvernet. Cf. F. Masson, Napoléon à Sainte-Hélène et Marquise d|
LA ïouR DU Pin, Journal d'une femme de cinquante ans.
3. Fierlant (Antonin, baron de), fils de Goswin, Anne-Marie Félix de Fier
lant (président du Grand Conseil de Malines,puis président du Conseil d'Aj
pel de Bruxelles, et ensuite chef président du Conseil Privé des Pays-Bas
de juin 1793 à l'invasion française) et de Marie-Thérèse, fille de Patrice comt
de Nény. MM. de Fierlant et de Nény furent des soutiens dévoués et opil
«iâtres de la politique autrichienne des Pays-Bas. Leur fils et petit-fils fil
probablement attiré à Vienne par le sentiment de loyalisme qui y retil
nombre de Belges au commencement du xix* siècle. Antonin de Fierla
hérita du titre de baron en 1820 à la mort de son oncle JeanFrançois-Josef
de Fierlant, conseiller honoraire de la Cour des Comptes du royaume de
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJ0URNE3IENTS DU CONGRÈS 433
619. Vienne, 29 octobre 1814 (F. 3. 4178 ad 3565).'
B... à HAGER
Anstett et l'état de la question de Pologne.
« Mon maître, m'a dit Anstett, auquel je demandais sMl
était vrai qu'on se fût mis d'accord sur la question de la Po-
ogne, est plus entêté que jamais et cherche à se retrancher
derrière des arguments plus spécieux les uns que les autres,
même avec moi et bien qu'il sache que je suis resté inébran-
lablement fidèle à mes idées. Le plus singulier en tout ceci,
c'est que lorsqu'il se sent par trop pressé par les autres, c'est
moi qu'il appelle à la rescousse. G^est dimanche passé (le 23)
qu'il s'est pour la dernière fois entreténu avec moi. 11 avait
l'air de vouloir à la fois et se réconcilier avec moi et me con-
vertir. Il a été assez dur et assez amer et m'a dit entre autres
choses : « Quand on a autant de talent que vous, on s'applique
à travailler de toutes ses forces dans le sens voulu par son
souverain, ou si l'on ne peut s'y résoudre, on donne sa démis-
sion et on se met en règle avec sa conscience en faisant son
devoir et en conseillant à son souverain ce qu'on croit lui être
réellement utile. » Cela dit, il m'accabla de nouveau de besogne
et depuis qu'il est parti pour la Hongrie, j'ai déjà dû lui
envoyer deux courriers. »
Moi : « Mais vous m'avez dit qu'il vous avait retiré toutes
les affaires relatives à la Pologne pour les confier au prince
[Czartoryski. »
Lui : « Rien ne doit vous surprendre de la part d'un carac-
llère aussi changeant, surtout quand il se sent acculé. 11 n'a
•as une confiance illimitée dans la façon dont Czartoryski
l'acquitte de la besogne. Moi, il me connaît et lors de la
lernière audience qu'il me donna, il me dit que je connaissais
les affaires bien mieux que les autres. Voilà ce que sont les
ids de la terre. »
rs-Bas, créé baron avec réversibilité sur la tête de son neveu par le roi
llaume. Le baron Antonin de Fierlant n'occupa aucun emploi public et
irut à Vienne le 1" mars 1830. 11 était parent des Liedekerke par les
|y. La marquise Desandrouin, grand'mère maternelle de M. de Liede-
Ce, était la fille aînée du comte de Nény et la sœur de M°" de Fierlant (Ren-
iement dû à l'obligeance de M. le Comte de Villermont).
ï 1. 28
434 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Moi : « Il y a donc encore lieu d'espérer qu'on finira par se
mettre d'accord et j'ai l'intime conviction que dans ces condi-
tions vous pourrez puissamment contribuer à modifier la ma-
nière de voir votre Maître. »
Lui : « Gomme vous pouvez le voir, je suis déjà en train de
préparer sur cette question un nouveau rapport queje lui des-
tine et qui serait déjà parti si toute la besogne ne retombait
pas sur mes épaules.
C'est ainsi qu'il m'a demandé de lui fournir de suite un état
des possessions territoriales de la France avant la Révolution.
Nesselrode et tout son monde n'ont même pas été capables
de le renseigner sur une chose cependant aussi connue. Je lui
en ai dressé au galop un tableau (qu'il me montra). Si les
autres puissances tiennent bon, je ne sais vraiment pas com-
ment cela finira. En tout cas, ce sera une affaire de longue du-
rée et qui provoquera de sérieuses discussions, et dans ce cas
votre congrès n'est pas près de finir. »
Nous en étions là lorsque nous fûmes interrompus par le
Chevalier de Vernègues,un agent du roi de France qui a jus-
qu'ici porté le titre de Conseiller d'Etat russe, a été arrêté en
France en 1804 et emprisonné pendant deux ans au Temple.
Il vient fréquemment chez Anstett avec lequel il a eu tout der-
nièrement un entretien qui dura trois heures. |
Anstett viendra demain prendre de nouveau le café chez moi.
Moi, je ne peux aller chez lui qu'une ou deux fois par semaine.
620. Vienne, 1" novembre 1814 (F. 3. 4104 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR
BoDEREAu et Rapport journalier, Vienne, l^'^ novembre
(F. 3. 4453 ad 3565).
Lord Stewart et sa rixe avec un cocher.
Sur l'affaire entre lord Stewart et un cocher. Lord Stewarj
se bat avec un cocher, et il aurait été rossé par lui sans rinl
tervention opportune de la police. La rixe a eu pour cause pref
mière un coup donné sur la tête d'un des chevaux du cochef
par un Anglais qui accompagnait lord Stewart et ensuite rin!
tervention un peu brutale de ce dernier.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 435
621. Vienne, 30-31 octobre 1814 (F. 3. 4194 ad 3565).
Relevé de quelques pièces interceptées parle Cabinet noir.
Lôwenhielm à la comtesse Schônborn (30 octobre).
Gaertner à Martens (Envoi d'un mémoire adressé à Munster
30ur la levée d'un séquestre).
Hardenberg à Radziwill et à Wittgenstein.
Stein au comte de Solms-Laubach.
Gastlereagh à Glancarty, Stewart et Gathcart (pour les pré-
enir qu'il y aura le 31, à 11 heures du soir, une conférence
ihez Metternich).
»22. Vienne, 31 octobre 1814 (F. 3. 4194 ad 3565).
Rapport de surveillance sur LA HARPE
La Harpe a affirmé que la Russie prendra le Grand-duché
e Varsovie et que la Prusse recevra comme indemnité la plus
Irande partie de la Saxe. La Harpe est très mécontent et
uelque peu inquiet de ce qu'on paraît méditer à l'égard de
Suisse.
'23. Vienne, 31 octobre 1814 (F. 3. 4212 ad 3565).
L'EMPEREUR à HAGER et HAGER à SGHMIDT
(dre de surveiller trois Polonais et surtout Vernègues. Note sur ce dernier.
Après avoir examiné les rapports que Hager lui a transmis,
Timpereur lui donne Fordre de faire surveiller de très près
irnègues à cause de ses relations avec Anstett et de prendre
mesures analogues à l'égard des Polonais Szimiakowski,
[ohojewski et Szaniawski, mais surtout à l'égard du pre-
1er.
[ager donne le même jour des ordres en conséquence au
imidt et lui communique un rapport sur Vernègues fait par
Ibaron Bûhler.
în 1800, Vernègues était agent de Louis XVIII à Rome et
Ipoléon se le fit livrer par le Pape et le fit emprisonner. En
436 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
1801, le Pape obtint sa délivrance. Vernègues se rendit alors
à Saint-Pétersbourg et y fut employé par le Département des
Affaires étrangères, tout en continuant à rester un des agents
de Louis XVIII. A Vienne, il a maintenant ses grandes et
petites entrées chez Talleyrand et est très considéré par
Alexandre, auquel il sert d'intermédiaire avec Talleyrand, avecJ
lequel il retournera à Paris après le Congrès.
624 Vienne, 31 octobre 1814 (F. 3. 4194 ad 3565).
ee à HAGER
Hardenberg est allé le 30 chez son roi qu'il ne trouva pas^
chez lui, et de là chez Metternich à une conférence qui dura
de 1 h. 1/2 à 4 h. 1/2 et à laquelle assistèrent Castlereagh,
Nesselrode, Humboldt, Wessenberg et Gentz.
625. Vienne, 31 octobre 1814 (F. 3. 4194 ad 3565).
Rapport à HAGER
On a recommandé si chaudement à un des députés suisses P
à Heilmann, Tagent Borw^itz, qu'il va le prendre pour secré-f
taire.
Talleyrand a été le 29 au soir chez Metternich, mais n'a pal
réussi à le voir. 4j|
626. Vienne, 31 octobre 1814 (F. 3. 4194 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
L'altercation entre les trois souverains à Buda d'après Palmella.
D'après ce que m'a déclaré et confié Palmella, il y aura
eu une dispute longue et vive dans l'appartement même c
l'Empereur d'Autriche à Bude.
Le roi de Prusse est sorti le premier. Après quelques m<B„'*^
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 437
ments, il a été rejoint par TEmpereur de Russie et tous deux
se retirèrent dans l'appartement de ce dernier. L^Empereur
d'Autriche fît appeler à l'instant le Palatin qui passa peu
après en messager de paix chez les deux souverains. Le sujet
de ce démêlé n'est pas connu, mais le fait est incontestable. Il
ne faut pourtant pas s'en effrayer et en tirer des conséquences
fâcheuses. Le bien naît souvent du mal.
627. Vienne, 31 octobre 1814 (F. 3. 4194 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
La redoute. Alexandre et la Comtesse Esterhazy Roisin.
J'ai été cette nuit (le 30) à la Redoute. Elle a été honorée
par l'Empereur de Russie et les rois de Prusse et de Dane-
mark. On a beaucoup plaisanté sur les liaisons récentes de
l'Empereur de Russie avec la comtesse Esterhazy-Roisin. Tout
le monde avait les yeux tournés sur cette dame qui excitait
la jalousie de toutes les autres.
628. Vienne, 31 octobre 1814 (F. 3. 4194 ad 3565).
e e à HAGER
La redoute masquée. Alexandre, le prince Eugène, le Domino Noir,
la Bigottini, la Morell et le Grand-duc de Bade.
Alexandre a eu, à la Redoute masquée, une longue conver-
sation avec un domino noir qui causa ensuite longuement avec
le prince Eugène.
La Bigottini en domino rose a serré de près Alexandre.
La belle M""' Morell a fait sensation ; elle s'est démasquée
à une heure et a été très admirée par le grand-duc de Bade,
qui lui a tenu compagnie tout le temps.
Le prince Auguste de Prusse (1) et le prince Charles de
1. Prince Auguste de Prusse, frère du prince Louis-Ferdinand, tué à Saal-
feld, fait prisonnier le 6 octobre 1806 au combat de Prentzlow par le vicomte
438 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Bavière ont été très empressés auprès de certains dominos.
Le roi de Prusse, au contraire, a été glacial, et s'est promené
seul pendant presque tout le temps.
629. Berlin, 26 octobre 1814 (F. 3. 4153 ad 3565). }
P... à GRIÈSINGER (1) (à Vienne) {Intercepta).
Le roi de Saxe, la Pologne et le Grand-duc Constantin,
La part de la Prusse et du duc de VVeimar.
i
... On a dit aujourd'hui à la Bourse que le roi (de Saxe) au--
rait la Pologne et devrait adopter le grand-duc Constantin ;
que la Saxe jusqu'à la Saale tomberait en partage à la Prusse
et que le reste serait donné au duc de Weimar. Mais, dites-
moi, l'Autriche n'a-t-elle pas honte de nous trahir de la sorte?
Et cette Angleterre, qui va s'enrichir à nos dépens, ne rou-
gira-t-elle pas ?
Je Tai toujours appréhendé et cependant cela m'avait paru
impossible.
630. Vienne, 31 octobre 1814 (F. 3. 4194 ad 3565).
e© à HAGER
Les conseils de Talleyrand à la Bavière, au Wurtemberg et à Bade. L'occu-
pation imminente de la Saxe et de toute la Pologne. La position critique
de TAutriche.
« Talleyrand nous invite assez souvent, me dit le baron de
Tûrkheim. Il cherche à nous attirer chez lui et de préférence
de Reiset et conduit en France (voir sur son projet de mariage avec M"* Ré-
camier en 1887, Herriot, M'°' Récamier et ses amis). Né en 1779, mort en 1843,
second fils du prince Auguste-Ferdinand, frère de Frédéric II, il devint par
l'héritage de son père et de son frère le possesseur de la plus grande fortune
privée des États Prussiens, fortune qui fit retour à la Couronne, le prince
ayant contracté un mariage qui ne fut pas accepté par la famille royale.
1. Conseiller de la Légation de Bade à Vienne, chargé d'affaires de Bade.
Auteur de la brochure : Apologie de Frédéric Auguste, roi de Saxe, par,
sujet dévoué à Sa Majesté au mois de septembre 1814.
LES PRÉLIMINAIRES ET LES AJOURNEMENTS DU CONGRÈS 439
f tout ce qui est Saxon, Bavarois, Wurtembergeois, Badois, Hes-
)i sois. Nous y allons sans enthousiasme, parce que ces visites
I sont mal vues par l'Autriche, la Prusse et la Russie. Le pro-
I jet prussien de doter l'Allemagne de cinq régents n'est pas
I goûté par Talleyrand qui donne à tous les petits Etats aile-
i mands le conseil de refuser la constitution fédérale, si toute-
Ifois on se décide à nous la proposer. C'est ce qui arrivera.
Nous voulons un Empereur, mais nous n'accepterons jamais
cinq régents et quant a l'Empereur, ce ne peut être que l'Em-
pereur d'Autriche.
« Il paraît certain, d'après ce que disent les Italiens présents
à Vienne, d'après ce qu'on lit dans les lettres venues d'Italie,
enfin d'après un article du Moniteur, sur lequel Thugut a
appelé mon attention et d'après ce que Wessenberg lui-même
avoue dans l'intimité : Que le 1" novembre, jour de l'ouver-
ture du Congrès, la Russie occupera militairement toute la
Pologne et menacera la Galicie; Que la Prusse en fera autant
en Saxe et menacera la Bohême; Que dans l'Allemagne du
Sud nous prétendrons imposer à la Bavière et au Wurtemberg
une Constitution dont ces deux Etats ne veulent pas et qu'ils
rejettent carrément; Qu'en Italie nous sommes forcés d'entre-
:enir une forte armée qui nous coûte fort cher et dont Tentre-
ion a eu pour conséquence l'aggravation du cours du change
în nous obligeant d'acheter sur le marché de Vienne le numé-
raire qu'il nous faut envoyer en Italie, où dans toutes les pro-
rinces que nous occupons, on crie bien haut : Nous étions
i/Urement heureux du temps de Napoléon que sous la dotni-
talion autrichienne. »
Aussi tout le monde sent, voit et dit que la présence des
^ouverains étrangers nous vaut l'émission de 500 millions de
orins de nouveaux bons d'anticipation ; QyxQ Stadion est un
>artisan du système de multiplication du papier-monnaie pra-
iqué et préconisé par le comte Charles Zichy ; Qu'il faudra
>ourtant mettre un de ces jours un terme à cette fabrication
u papier et faire une nouvelle loi de finance ; Que la situa-
ion des affaires dans l'Allemagne du Sud, en Saxe, en Pologne,
n Italie même conduira fatalement, et en moins de deux ans, à
ne guerre ; Que même après le Congrès l'Autriche ne pourra
las désarmer, parce qu'il faut qu'elle monte la garde en Italie,
n Galicie, en Bohême, sur l'Inn et que ces gros effectifs achè-
eront de ruiner complètement les finances de la Monarchie.
440 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Quant au Congrès, il n'est rien autre chose qu'un entr'acte
dans la grande tragédie de l'histoire universelle, qu'un armis-
tice dans le hélium omnium contra omnes. Il permet de plus
aux autres Etats d'étudier et d'observer de près nos ministres,
nos finances, notre administration et c'est pour ce beau résul-
tat que nous venons encore d'émettre 500 millions de florins
de papier-monnaie. Telles sont les jérémiades qu'on entend
partout exprimer aujourd'hui à la veille de l'ouverture du
Congrès.
CHAPITRE II
L'ouverture du Congrès et les questions
de Saxe et de Pologne
(2 Novembre 1814. — 3 Janvier 1815)
631. Vienne, 2 novembre 1814 (F. 3. 4461 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR (2 novembre 1814).
(Bordereau et rapport journalier)
Vienne, !•' novembre.
Rapport à HAGER
Marie-Louise, Hardenberg, Talleyrand. Scène violente chez Metternich.
Rapport sur l'emploi fait par Marie-Louise de la journée
du 31, sur les occupations de Bausset et de M"* de Brignole.
Rapport sur Hardenberg et la conférence orageuse qui a eu
lieu le 31 à 8 heures du soir chez Metternich, conférence si
agitée qu'Hardenberg se retira presque de suite et rentra chez
lui à 9 h. 1/2 (1).
Même remarque faite pour Talleyrand et annonce de l'envoi
de chiffons de la comtesse de Périgord, de Talleyrand et de
Dalberg.
1. Cf. Gentz. Tagebilcher, I, 325, lundi 31 octobre. « Agitation et affaires
sans nombre. Chez Castlereagh, chez Talleyrand, etc. Dîné chez Humboldt
avecun3 partie du Congrès et beaucoup de monde. A 8 heures grande con-
férence. Rentré à 10 h. 1/2. Travaillé jusqu'à 1 heure. »
442 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
632. Vienne, 1" novembre 1814 (F. 3. 4461 ad 3565).
Rapport à HAGER
Aldini a fait le 31 une longue visite d'abord à Marie-Louise,
puis au Prince Eugène.
AUiano est parti pour Naples le 30 octobre.
Inquiétudes des Ministres Napolitains sur le sort de Murai,
qu'ils disent décidé en tout cas à défendre son trône à outrance.
633. Vienne, 31 octobre 1814 (F. 3, 4523 ad 3563).
ee à HAGER
Rapport sur les conciliabules, le mécontentement et les
idées de résistance des petits princes Allemands qui se réu-
nissent à cet effet chez Gagern.
634. Vienne, 1" novembre 1814 (F. 3. 4523 ad 356 >).
©©à HAGER (en français).
Conspirations mondaines contre Metternich. La Sagan et la Bagration, Le
dîner du 31 chez Humboldt et les projets de la Prusse. Le prince Auguste
de Prusse, le prince Eugène et Miss Rumbold.
Chez Crenneville, la princesse Bagration, la duchesse de
Sagan, Tallejrand et Rechberg ont fait des gorges chaudes
sur Metternich.
La Sagan et la Bagration vont si loin que, pour le décorum
le maintien de l'ordre et le respect des convenances, la police
devrait les expulser.
Il y avait le 31 à dîner chez Humboldt, Talleyrand, Flassan ( 1 ),
Bogne de Faye, Wrede, Rechberg, Hacke, Munster et Har-
1. Flassan (Gaëtan Raxis, comte de\né en 1770, émigré pendant la Révo-
lution, servit à l'armée de Gondé. Professeur d'histoire sous l'Empire à
l'école de Saint-Germain, historiographe du Ministère des Affaires Etran-
gères en 1814 et attaché à l'Ambassade de France à Vienne pendant le Con-
grès, dont il publia plus tard l'histoire.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 443
denberg. La Prusse a l'air de vouloir se rapprocher de la
France.
Le prince Auguste de Prusse et le prince Eugène sont
tous deux très épris de Miss Rumbold, la belle-fille de Sidney
Smith, chez lequel il y a grand thé ce soir.
635. Vienne, 1" novembre 1814 (F. 3. 4461 ad 3565).
... à HAGER (en français)
Alexandre et la duchesse de Sagan. Sa rupture momentanée avec Metter-
nich. Les relations de la duchesse avec un Anglais. Metternich, la com-
tesse Julie Zichy et Alexandre I". Un mot de Talleyrand sur Metternich
et la façon dont il sert son souverain. Pourquoi Montgelas ne vient pas-
Bruits de démission de Metternich.
La duchesse de Sagan a la plus grande partie de sa for-
lune en Russie. L'Empereur Alexandre, jaloux de Metternich,
lui a créé un tas de difficultés.
La Sagan voulut alors obtenir d'Alexandre une audience
qu'il lui refusa. Entre temps, la situation s'aggravant de plus
en plus, Alexandre lui fit dire par un tiers qu'il ne consen-
tirait à faire quelque chose en sa faveur que si elle rompait
avec Metternich. Elle s'y prêta, profita de toutes les occasions
pour faire des avances à Alexandre et le marqua d'autant
mieux qu'elle affecta d'ignorer Metternich, Peu de temps après,
elle eut soin de demander en présence de Metternich une
audience à Alexandre qui s'écria : « // ne peut pas être queS'
tion d'une audience^ je viendrai chez vous demain. »
Metternich a été furieux, a voulu aller faire chez elle des
reproches à la Sagan qui refusa de le recevoir. Maintenant il
est un peu calmé, parce qu'on lui a dit que la Sagan accor-
dait aussi ses faveurs à un Anglais (1). Il a rompu totalement
avec elle et Alexandre en jubile (i).
1. Il s'agit probablement de Lamb, Ministre plénipotentiaire par intérim
à Vienne jusqu'à l'arrivée de lord Stewart, peut être bien aussi de ce même
lord Charles Stewart lui-même, qui devint un peu plus tard au vu et au su de
tout le monde l'amant en titre de la duchesse.
2. Cette rupture ne fut pas aussi définitive qu'Alexandre le désirait et que
Gentz le croyait, à en juger du moins d'après ce que ce même agent consta-
tait dans un rapport du 4 novembre et aussi par ce que Gentz lui-même
écrivait à Wessenberg un peu plus tard le 9 avril 1816.
444 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Autre histoire avec la comtesse Julie Zichy. Alexandre lui
a dit qu'il savait, par Metternich lui-même, qu'elle lui avait
accordé ses faveurs. La comtesse a versé un torrent de larmes,
n'a pas voulu écouter les protestations de Metternich et l'a
formellement congédié.
Ces histoires sont connues et le jeune comte deHochberg'(l),
un prince badois, a dit au comte Schenk. « Enfin Metternich
« va avoir du courage et par haine pour Alexandre il contre-
« carrera ses funestes projets. »
Talleyrand, parlant de Metternich, a dit devant le comte
Senfft-Pilsach,le baron Ried et quelques autres : « Cet homme-
« là ne me fait pas i effet d'être le premier Ministre de la
« Maison d'Autriche, car il détrône, T un après r autre, tous les
« Membres de la Famille Impériale, et il finira par son Maître
4a même. »
Et il ajouta : « Il prêtera la main pour dépouiller la sœur de
« son Maître (2) de son héritage légitime. »
Le comte Senfft-Pilsach a dit avant-hier au baron Ried :
« J'espère qu'on ouvrira enfin les yeux et qu'on sera persuadé
« que Metternich n'a jamais su tirer avantage des moments
« favorables pour l'intérêt de la Maison d'Autriche, qu'il les
« a laissé passer plutôt maladroitement et qu'il n'a pas imposé
« assez aux autres Ministres. On reviendra à Stadion. Au moins
« celui-ci est un honnête homme. »
Le roi de Bavière a dit ces jours-ci : « Montgelas a le nez
fin. Il ne vient pas. Il sent quïl n'y a rien à faire ici. »
Les Prussiens disent depuis hier que Metternich va rendre
son portefeuille. Ce serait un grand malheur pour l'Autriche
et pour l'Allemagne.
l.Il s'agit vraisemblablement ici du Margrave Gharles-Léopold-Frédéric de
Hochberg, né en 1790 du second mariage (morganatique) du grand-duc Char
les Frédéric de Bade avec Louise Caroline Geyer von Geyersberg, à laquell
il conféra le titre de Comtesse de Hochberg. Le Margrave succéda en 1830
son demi-frère le grand-duc Louis-Guillaume-Auguste, décédé sans enfants
Le Comte de Hochberg épousa en 1819 l'aînée des filles de Tex-roi de Suède
Gustave IV.
2. L'archiduchesse Thérèse, femme du prince Antoine de Saxe.
i
I
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 445
636. Vienne, 1" novembre 1814 (F. 3. 3565 1814).
Nota à HAGER (en français)
Le congrès et l'opinion publique. La guerre probable. La Saxe, Murât, Ale-
xandre, Metternich, Talleyrand. Terrain gagné par les Français. Respon-
sabilité de Metternich et conséquences de la politique autrichienne. Juge-
ment sévère qu'on porte sur Alexandre. Les maladresses de lord Stewart
chez la duchesse de Sagan. Ce qu'on pense de la Confédération et du Con-
grès. Gravité de la situation pour l'avenir et la solidité des dynasties et des
trônes. Les arrière-pensées du roi de Prusse. La princesse de Galles et
son séjour à Milan,
L'opinion publique est toujours mauvaise par rapport au
Congrès. Partout on dit qu'on n'est pas d'accord, qu'il ne s'agit
plus de rétablir l'ordre et la justice, mais de forcer la main,
prendre chacun le plus qu'il peut et qu'on se prépare à une
guerre générale qui ne tardera pas à éclater.
L'affaire de la Saxe blesse tout le monde. Celle de Murât,
qu'on croit que notre Cour veut conserver, ne déplaît pas
moins. On dit ouvertement qu'Alexandre ne peut pas souffrir
Metternich; que Talleyrand est le seul qui parle raison à pré-
sent et que l'Evangile, s'il était prêché par le diable, ne cesse-
rait pas d'être l'Evangile et c'est le cas ; car « Talleyrand ne
demande rien pour la France. Il ne veut que justice, équilibre,
modération, tranquillité sur les saintes bases du droit et de la
raison. »
En général, le public, et celui de Vienne par excellence, a
un certain bon sens qui le porte à bien juger les choses et à
éviter toute passion dans ses jugements. Cela fait que les Fran-
çais gagnent à présent dans les sociétés et dans la classe du
milieu et que les Russes et les Prussiens et notre Ministère
lui-même perdent dans l'opinion publique. On est fatigué de
tant d'amusements, peiné de tant de dépenses, après lesquelles
nous aurons attiré les Russes dans l'oreille de la Hongrie et
perdu dans peu d'années notre Galicie, détrôné le plus ancien
roi de l'Allemagne et établi à perpétuité une haine irréconci-
liable entre les Saxons et les Prussiens, mis ceux-ci irrévoca-
blement à la merci de la Russie qui, maîtresse de la Pologne,
peut en quatre jours arriver à Berlin et attaquer quand elle le
voudra le cœur de l'Allemagne.
Au-dessus de cela, nous aurons, si nous le pouvons, sanc-
446 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
tionné l'usurpation de Naples, récompensé en Murât les crimes
que nous avons punis en Bonaparte, scandalisé le monde par
la plus infâme politique qu'on ait jamais faite et que les Russes,
Anglais, Prussiens, Français, Espagnols, Italiens, enfin toute
l'Europe mettra exclusivement sur notre compte et spéciale-
ment sur celui du seul prince de Metternich qui, je suis fâché
de le dire, perd tous les jours de plus en plus la faveur de
l'opinion publique, et cela au point, que j'ai dû moi même
prendre son parti entre desgens qui le disaient acheté par Murât,
ce qui prouve à quel point on est irrité contre lui.
Pour Alexandre, on peut dire qu'on le connaît bien à pré-
sent à Vienne. On le croit un fourbe qui fait le philanthrope
avec les honnêtes gens, mais qui veut bien aussi s'attacher la
canaille, pour avoir tout le monde pour lui. On le croit faux,
sans morale pratique, tout en parlant religion comme un saint
et en conservant avec affectation toutes les apparences. Ce
monarque non seulement n'est pas aimé ici, mais méprisé et
détesté.
Les Prussiens n'ont pas de lui une autre idée que les Vien-
nois, mais ils cachent leurs sentiments au public et parlent
très clair dans les petites coteries.
Vendredi dernier, le 28, l'ambassadeur d'Angleterre était chez
M"' de Sagan le soir. Tout d'un coup cet original s'adressa à elle
et lui dit : « Que pensez-vous d'Alexandre ? Pour moi je le crois
« un fou, ambitieux, imposteur. Voilà mon opinion. Et vous,
« qu'en dites-vous? »
La duchesse, frappée de ce propos tenu devant dix personnes
et très embarrassée, commença par sourire, puis elle lui dit :
« Je trouve, Mvlord, que vous prenez le mors aux dents comme
« le cheval que vous avez donné ce matin à ma sœur Dorothée (1 )
« qui a manqué de se casser le cou au Prater. »
Puis elle se leva et alla causer avec un autre.
Je tiens cette anecdote de quelqu'un qui était présent.
On n'espère plus trop non plus de cette Confédération d'Al-
lemagne sans chef. On dit d'avance qu'elle n'ira pas, enfin que
le Congrès finira parce qu'il faut finir, mais qu'il laissera les
choses plus embrouillées qu'elles ne l'étaient à son ouverture.
Ce qui me blesse au cœur, c'est que les peuples qui, par les
succès, la sincérité et la noblesse dé cette belle coalition avaient
1. La comtesse Edmond de Talleyrand-Périgord.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 447
conçu tant d'estime et d'attachement pour leurs chefs, voyant
comme ils oublient ce qu'ils avaient promis solennellement : la
justice, l'ordre, la paix fondée sur l'équilibre et la légitimité
des possessions, finiront par ne plus aimer leurs chefs et ne
plus avoir confiance en leurs principes et leurs promesses, et
alors, où irons-nous ?
Le tableau est bien triste. La loyauté, la fermeté, la justice
peuvent seules encore nous sauver.
Les Prussiens, de leur côté, tâchent de sauver leur roi et
disent partout à Toreille que le roi est très fâché de devoir
prendre la Saxe ; que cela lui coûte infiniment de peine ; qu'il
aimerait mieux reprendre sa Pologne, quoiqu'il n'ait pas de
raison d'aimer les Polonais.
Tel est le résultat de ce que j'entends dire, du matin au soir,
à présent que je suis assez poussé dans le monde et au point
que je ne vois pas moins d'une centaine de personnes de diffé-
rentes classes et nations dans la journée.
... La princesse de Galles a été très généreuse et très pro-
digue de sa figure à Milan, mais très économe de sa bourse.
Elle n'a rien donné à personne, malgré qu'elle ait gêné bien
du monde et visité tous les endroits où tout étranger donne
quelque chose aux gens.
637. Bucharest, 19 octobre 1814 (F. 3. 4453 ad 3565).
Prince de VALAGHIE (Karadja) à GENTZ
{Intercepta) (en français).
Indications relatives à l'expédition de la correspondance.
Promesse de discrétion absolue.
J'ai lu avec avidité votre dépêche du 6 de ce mois que vous
avez bien fait de m'envoyer par voie extraordinaire. J'ai or-
donné à mon agent (1) d'avoir des personnes sûres pour me
les expédier en courrier autant de fois que vous jugerez con-
venable de les employer.
Ayant de tels moyens, mon cher M. Gentz, je vous prie de
1. Bellio dont Karadja ignorait encore les aventures et l'expulsion.-
448 " AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
m^écrire toujours ouvertement, comptant sur ma discrétion,
ma circonspection et ma très vive gratitude. Si vous me con-
naissez du dévouement pour la Cour de Vienne, de la recon-
naissance pour son ministre et de la délicatesse que je dois
avoir pour des affaires aussi intéressantes et d'une si haute
importance, je crois que vous devez me rendre justice en me
parlant toujours, sous le sceau du secret le plus inviolable,
avec toute la cordialité que l'intimité exige.
En attendant je suivrai vos conseils et regarderai en tout
cas votre dernière dépêche comme une clef pour celles que
j'aurai l'honneur de recevoir de votre part.
638. Vienne, 1" novembre 1814 (F. 3. 4461 ad 3565).
GENTZ au Prince de VALAGHIE (Intercepta) (en français).
Cette dépêche a été publiée in -extenso en Allemand dans Oes-
terreich's Theilnahme, pages 456 457, à l'exception du premier
paragraphe, dans lequel Gentz, après avoir accusé réception à
l'hospodar de la lettre qui précède, insiste sur l'ennui que lui
cause l'affaire Bellio et ajoute qu'il n'a pu encore parler au
prince de Metternich, écrasé de travail, des choses qui intéres-
sent le prince de Valachie.
Il en est de même pour le paragraphe par lequel se termine
la dépêche de Gentz.
« Comme je n'ai aucune idée de ce que M. Bellio est devenu
depuis son départ d'ici, je renvoie à Votre Altesse la lettre
qui contenait l'assignation et je me servirai d'une autre voie
pour réaliser les intentions gracieuses de Votre Altesse. »
639. Vienne, 3 novembre 1814 (F. 3. 4475 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 3 novembre 1814.
Rapports relatifs aux différents incidents qui se sont pro-
duits pendant le séjour des Souverains en Hongrie.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 449
640. Vienne, 2 novembre 1814 (F. 3. 4234 ad 3565).
EMPEREUR FRANÇOIS à HAGER
Ordre de surveiller le général Steigentesch, attaché à la
suite du Roi de Danemark, son ancien aide de camp, le lieu-
tenant autrichien Klaus et le grand Echanson du grand-duc
de Bade, le Baron Ende.
641. Vienne, 4 novembre 1814 (F. 3. 4234 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR (I).
On n'a encore rien remarqué de suspect dans la conduite du
Général Steigentesch. Quant à Klaus, je l'emploie pour les
affaires du Congrès et je fais surveiller le Baron Ende.
[2. Vienne, 3 novembre -1814 (F. 3. 4209 ad 3565).
Rapport à HAGER
Le 1" novembre, Alexandre, sc promenant seul à pied, ren-
[ontra le Prince Eugène, lui serra très chaudement la main et
l.t une assez longue promenade avec lui.
Vienne, 2 novembre 1814 (F. 3. ad 3565).
Rapport à HAGER (en français)
Les affaires du Prince Eagène en bonne voie. Arrivée de Fava
et de Squarzoni.
Les affaires du prince Eugène sont en bonne voie et on lui
)nnera une compensation territoriale.
Cette pièce étant la réponse aux ordres de l'Empereur, j'ai cru devoir la
^cer immédiatement après le billet impérial.
T. L 29
450 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Fava et Squarzoni (1) viennent d'arriver à Vienne, porteurs
d'une adresse des habitants des Légations qui demandent à
être rendus au Pape.
D'Arnay a fait connaître à Tagent les principales questions
qui furent la base des travaux du Congrès.
644. Vienne, 2 novembre 1814 (F. 3. 4209 ad 3565).
Rapport à HAGER
La journée de Hardenberg le 1" novembre.
Hardenberg a eu, le 1" novembre, de 2 à 5 heures, une coDi"^
férence chez Humboldt avec Metternich, Razoumoffsky, Nes-
selrode, Stackelberg et Gastlereagh (2).
Le soir, autre conférence, de 8 heures à 1 1 heures, chez Met-
ternich, à laquelle assistent la plupart des plénipotentiaires des
princes de l'Empire et Wrede.
645. Vienne, 2 novembre 1814 (F. 3. 4209 ad 3565).
Rapport à HAGER
i • — La surveillance du Comte de Rechberg.
Détails sur Torganisation du service de Fagent placé chez
comte de Rechberg. Il n'a encore rien fourni parce que Rech-
berg n'a encore rien fait. Mais il sait où on placera les papien
et comme c'est lui qui sera chargé de leur réception et de lei
expédition, il lui sera facile de donner toute satisfaction à
Hager.
(Cet agent vient du service du Conseiller Steinlein.)
1. Le comte Fava-Ghislieri, de Bologne et le comte Squarzoni, de Ferra
s'étaient chargés de faire signer dans ces deux villes et dans les environs une
adresse en faveur du retour des Légations au Saint-Siège (cf. Rinieri. IlCon-
gresso di Vienna e la Santa Sede et Corrispondenza inedita dei Cardinali
Consalvi e Pacca.
2. Gentz. Tagebûcker,!, 325.
;?i
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 451
646. Vienne, 2 novembre 1814 (F. 3. 4309 ad 3565).
Rapport à HAGER
Le général Filangieri se prépare à partir pour Naples {i)t
647. Vienne, 2 novembre 1814 (F. 3. 4209 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
Renseignements fournis par les conseillers des légations d'Espagne et de Por-
tugal. Ouverture du Congrès le 3. La France, la Hollande, la Prusse. Re-
maniements de la carte d'Allemagne. Dangers résultant de l'agrandisse-
ment de la Prusse. L'Autriche, la Russie, la Pologne, le Pape, Murât, les
Légations.
On a décidé d'ouvrir le Congrès le 3, de renfermer la France
dans les limites du traité de Paris, d'attribuer à la maison
d'Orange les Pays-Bas, à la Prusse les places de Mayence et
de Cologne, les duchés de Berg et de Juliers et la principale
partie de la Saxe.
La Prusse sera tellement forte qu'avec le temps elle pourra
devenir funeste à l'Allemagne et notamment à TAutriche. Ces
deux maisons ont pu, dans le malheur, faire taire leurs riva-
lités, mais elles se réveilleront dans la prospérité et ensan-
glanteront encore les champs de l'Allemagne.
L'Autriche, outre ses possessions d'Italie, aura la Brisgovie
{sic)f une partie de la Souabe et Kehl, moyennant des arran-
gements avec la Bavière, à laquelle on cédera le duché de
Bade, dont le souverain a fait un contrat avantageux et ira
finir ses jours à Paris, au Palais-Royal.
1. Filangieri ne partit que le 6 novembre (cf. Dépêche de Metternich à Mier
du 6 novembre dans Commandant Weil, Joachim. Murât. La dernière année
du règne, II, 9.
Filangieri (Carlo-Cesare) i 1784-1867). Passé au service de la France le 17 juin
1800, rentré au service de Naples, devenu aide de camp généi'al de Joachim, le
26 avril 1814, grièvement blessé au combat du Panaro, il continua à servir
les Bourbons jusqu'en 1822. Réintégré en 1831, il commanda en chef le corps
expéditionnaire de Sicile en 1848, bombarda Meskine, pacifia l'île et reçut le
titre de duc de ïaormina. Mis à la retraite le 12 février 1855, il fut en 1859
après la bataille de Magenta, appelé par François II à remplir pendant peu
de temps, les fonctions de président du Conseil des Ministres. Mort à Portici
le 14 octobre 1867.
^mt.'^-^i»
452 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
La Russie dispose de la Pologne et par conséquent domine
en Europe.
Les dépouilles du Pape indemniseront différents princes en
Italie, et Murât, en récompense de son honteux marché,
ajoute la marche d'Ancône à son Royaume.
On ignore encore si les trois Légations viendront au Roi
d'Etrurie ou au grand-duc de Toscane.
648. Vienne, 2 novembre 1814 (F. 3. 4523 ad 3565).
Rapport n° 16 à HAGER (en français).
Le prince de Ligne sur le Congrès. Les fautes commises,
Naples, Saxe, Danemark, Talleyrand.
Le prince de Ligne disait aujourd'hui : « Voilà le Congrès
commencé et fini en un même jour. »
Il fut prié de s'expliquer. Il observa que rien n'était encore
décidé et, disait-il : « Puisqu'on a pris le parti de ne point se
« battre, chacun occupera et tiendra ce qu'il aura occupé. Les
« Ministres se disputent, les grands personnages s'amusent ;
< l'armée est impatiente et le public est mécontent, A quoi
« faut-il attribuer la pierre d'achoppement ? Est-ce à Naples
« qui cause le plus d'embarras ? L'Autriche n'a qu'à dire aux
« autres Puissances : « Je m'en lave les mains. Faites ce que
« vous voudrez ». Est-ce la Saxe ? Je pourrai bien demander
« pourquoi l'on n'a pas retenu le roi à Prague ? Si même on
« eut dû donner un demi-million à son médecin pour lui faire
« comprendre que le roi était dangereusement malade. Mais
« la faute est commise, comment la réparer ? Ce que l'on fait
« avec le Roi de Saxe est une atrocité. Je n'aime pas Talley-
« rand, mais j'aime à voir qu'il prend le parti de ce Mo-
« narque. Je ne puis de même regarder le Roi de Danemark
« sans avoir le cœur serré. On lui en veut tant par rapport à
« Hambourg, et après tout les Hambourgeois étaient des Car-
« magnols enragés. Ils ont mérité d'être punis. »
«*•,-»;-'"
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 453
649. Vienne, 2 novembre 1814 (F. 3. 4475 ad 3565).
KLAUS à ZWAGH à (Francfort) (intercepta) (en allemand).
Ouverture du Congrès. L'Autriche et la couronne impériale d'Allemagne.
Le Congrès a été ouvert hier. Aujourd'hui on a su que
l'empereur d'Autriche accepterait la couronne impériale d'Al-
lemagne. On croit que les souverains réunis à Vienne sont
d'accord. La Prusse même aurait consenti en mettant pour
condition le maintien de l'élection.
Gaertner vient d'être appelé chez Metternich probablement
pour cela.
650. Vienne, 1" novembre 1814 (F. 3. 4475 ad 3565).
MAVROJENI au Prince de MOLDAVIE (Intercepta) (en français).
La déclaration du 2 novembre. Les intentions d'Alexandre. Le Beobachter
et l'article du Moniteur du 22 octobre. Causes de la remise de l'ouverture
réelle du congrès. La question de Pologne. Gravité de la situation. Atti-
tude et armements de la France.
L'ouverture du Congrès, annoncée pour aujourd'hui, n'a pas
lieu et elle ne se fera, selon les uns, que demain ou après-
demain ; selon d'autres que le 6 ou le 10. Rien ne prouve
mieux que ce renvoi et ce vague, qu'on n'est pas encore d'ac-
cord sur plusieurs points principaux.
Les plénipotentiaires s'étaient proposé de profiter de l'ab-
sence des souverains pour avancer dans leur travail. Ils avaient
en effet plus de calme et l'influence directe de leurs Maîtres
les gênait moins. Effectivement, les séances n'ont pas discon-
tinué le 30 et le 31 octobre. Il y eut même des Assemblées des
Ministres des Huit qui forment le Comité de propositions (1).
Dans une audience que l'Empereur Alexandre a accordée au
*rince de Metternich, Sa Majesté ne doit avoir témoigné
lucune disposition de renoncer à son projet de garder la ma-
1. Cf. d'Angebbhg, 358-362. Premier protocole de la Conférence du 30 oc-
>bre 1814 des Plénipotentiaires des Huit puissances signitaires du Traité
le Paris et deuxième protocole de la Conférence du 31 octobre des mêmes
j^lénipotentiaires.
454 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
jeure partie du duché de Varsovie. Sa Majesté s'est même
servie de la phrase catégorique : « Je le veux ! qiCon vienne
m'en déposséder I »
Dans une autre occasion, Sa Majesté répliqua au Prince de
Talleyrand qui observait que le Roi de Saxe n'abdiquerait
pas: « Qu'est-ce que cela fait? Il ne sera pas le premier Roi de
Pologne mort en Russie.»
Qu'on juge d'après ces données confuses combien il faut
de prudence, de tact et de fermeté pour conduire les négo-
ciations de manière à satisfaire les différents partis et à réunir
leurs suffrages.
La cour de Vienne a fait publier dans les gazettes d'ici les
remarques que fait le Moniteur du 22 octobre sur l'esprit de
sagesse et de modération qui doit animer les Puissances
assemblées au Congrès.
On cite un propos du prince de Talleyrand qui prouverait
que la France trouve outrées les prétentions de quelques
puissances. Il aurait dit : « Je crois qu'on fait jusqu'ici plutôt
« la guerre aux succès de Bonaparte qu'à ses principes. »
651. Vienne, 2 novembre 1814 (F. 3. 4475 ad 3565).
MAVROJENI au Prince de MOLDAVIE {Iiilercepla) (en français).
Envoi de la déclaration. Considérations sur la situation. Attitude de la France.
Ci-joint par estafette la déclaration qui vient de paraître et
qui confirme que les grandes questions n'ont pu être portées
jusqu'ici au point de maturité pour commencer le Congrès (1).
La vérification des pleins pouvoirs n'est qu'une formalité
qui aurait pu se faire il y a longtemps.
Les plénipotentiaires, qui en sont chargés, ont été tirés au
sort et ce sont ceux d'Angleterre, de Russie et de Prusse. Ils
constateront seulement l'authenticité des documents qui leur
seront présentés par les Ministres des différentes Puissances,
sans énoncer lesquels de ces ministres seront admissibles ou
1. Cf. d'Angeberg, 361-362, Annexe B au premier protocole de la Confé-
rence du 30 octobre 1814. Projet de Déclaration, etc., etc., et deuxième pro-
tocole de la Conférence du 31 octobre.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 455
non. De cette manière l'ouverture du Congrès est renvoyée à
un terme peut-être même assez éloigné.
L'obstacle principal de ce renvoi vient de la Russie qui per-
siste à vouloir garder la presque totalité du duché de Varsovie
et à former un Royaume de Pologne. Cette idée est vivement
combattue par l'Autriche et l'Angleterre, et si toutes les trac-
tations, qui ont été faites pour se rapprocher sur ce point, res-
taient sans succès, le Congrès pourrait bien ne commencer
jamais et il pourrait en résulter un état de statu qiio de l'Eu-
rope très fâcheux pour les pays dont le sort est laissé indéter-
miné, nommément la Saxe, les provinces de la rive gauche du
Rhin et celles de l'Italie conquises sur la France.
Les plénipotentiaires français s'opposent également à l'agran-
dissement de la Russie, et l'ordre de mettre 100.000 hommes
sur pied a été donné depuis peu en France. Cependant la France
est d'avis, que c'est d'abord à l'Autriche de se prononcer contre
les prétentions russes, cette puissance étant la plus intéressée
à ce qu'elles ne se réalisent pas.
L'état actuel des choses est un état de crise qui peut tour-
ner en bien ou mal et sur l'issue duquel il est impossible de
rien déterminer en ce moment.
652. Vienne, 4 novembre 1814 (F. 3. 4523 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR
Rapport journalier et bordereau du 4 novembre.
Il appelle son attention sur les rapports relatifs à l'état de
l'esprit public en France et en Angleterre et sur les projets
d'annexion du Luxembourg à la Hollande.
653. Vienne, 3 novembre 1814 (F. 3. 4168 àd 3565).
L'EMPEREUR à HAGER
Ordres qu'il lui donne relativement à la surveillance à exer-
cer sur Goupy (Réponse à la question posée par Hager dans
son bordereau du 31 octobre).
456 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
654. Vienne, 3 novembre 1814 {F. 3. 4523 ad 3565).
Rapport à HAGER [Intercepta divers).
Bordereau de la Manipulation.
Greuhm (1) à Hardenberg (Londres 22 octobre) (sur les évé-
nements d'Amérique et la défaite des Anglais au lac Gham-
plain).
Jomini à Herzog et G'*, à Aarau (contenant une lettre pour
sa femme, à laquelle il conseille d'aller à Munich, d'y descendre
au Schwarzer Adler, où il espère pouvoir la rejoindre du 20 au
25. Le long entretien, qu'il a eu la veille avec l'Empereur de
Russie, le décide à ce voyage).
Talleyrand (avec lettre incluse à Noailles, à Saint-Péters-
bourg, en chiffre que les agents de Hager n'ont pu déchiffrer).
Stackelberg à Ott (lettres particulières, plus quantité de
lettres à divers, mais sans aucun intérêt politique).
655. Vienne, 3 novembre 1814 (F, 3. 4231 ad 3565).
Rapport à HAGER
Surveillance de Marie-Louise. Lettre qu'elle reçoit de Talleyrand.
Sa réponse. Lettres apportées par Noailles. Visite du Prince Eugène.
M"»' de Brignole a reçu, le 2, une lettre de Talleyrand qu'elle
a aussitôt portée à Marie-Louise. La réponse en a été à l'ins-
tant même transmise à Talleyrand par un homme à cheval.
Marie-Louise a reçu de plus deux lettres apportées par le
comte de Noailles.
On affirme qu'il y a encore au service de Marie-Louise un
domestique et un palefrenier qui sont d'anciens soldats fran-
çais.
Le prince Eugène a fait, le 3, à Marie-Louise une visite qui
a duré de 1 heure à 2 heures.
1. Conseiller de la Légation de Prusse. Il était en 1825 (d'après les Sou-
venirs du Chevalier de Cussy, p. 133-134) ministre à Berlin d'un tas de
petites principautés allemandes.
I
M
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 457
656. Vienne, 3 novembre 1814 (F. 3. 4523 ad 3565).
Rapport à HAGER
Effet produit par la déclaration des Quatre. Doutes sur l'issue du Congrès.
Mauvaise impression produite par la publication faite au-
jourd'hui de la Nouvelle déclaration des Quatre (1).
On a de plus en plus des doutes et des craintes sur le suc-
cès de rissue du Congrès et on s'étonne du choix fait des Mi-
nistres d^Angleterre, Russie et Prusse pour la vérification
des pleins pouvoirs des autres Ministres.
657. Vienne, 5 novembre 1814 (F. 3. 4523 ad 3565).
Rapport à HAGER (analyse).
Affaire de Saxe. Hardenberg et les Princes allemands chez Metternich.
Chiffons pris chez Gaertner.
Retard apporté au départ du Conseiller d^Etat (prussien)
Friese pour la Saxe, la prise de possession de ce pays par
la Prusse n'étant pas encore absolument décidée.
Hardenberg n'est resté qu'un instant à la Conférence que
les princes allemands ont tenue chez Metternich.
Envoi de trois chiffons (peu intéressants) pris chez Gaert-
ner.
(58. Vienne, 3 novembre 1814 (F. 3. 4523 ad 3565:.
Rapport à HAGER
j'opinion des Princes allemands sur le Congrès. La Russie et la Prusse d'ac-
cord pour pousser l'Autriche sur l'Italie et avoir les mains libres en Saxe
et en Pologne. Mot de Talleyrand au prince Eugène. Le Prince royal de
Bavière chez Talleyrand. L'altercation entre Alexandre et Metternich et le
mot de Tettenborn.
Les princes allemands, forts mécontents de Metternich dont
1. Cf. d'Angeberg, 376, Avertissement relatif à la présentation et à la véri-
àtion des pleins pouvoirs des Ministres Plénipotentiaires au Congrès de
fienne en date du !•' novembre 1814.
458 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
ils se méfient, croient tous qu'on se séparera sans avoir rien ■
fait d^utile. On pense en général que la Prusse et la Russie |
se sont mises d'accord pour aiguiller la politique de l'Autriche
vers l'Italie où les troubles qui y ont déjà éclaté et les diffi-
cultés certaines avec Naples lui donneront du fil à retordre,
pendant que les deux Puissances mettront à exécution leurs
programmes et leurs projets en Saxe et en Pologne.
Talleyrand a dit ces jours-ci au prince Eugène ;« Le dîner
sera bientôt fini et je crains fort qu'il n'y ait des coups de
canon au dessert. »
Les Bavarois partagent ses idées et ses craintes. Le Prince^
Royal a eu hier avec Talleyrand un entretien qui a porté sur 'f
l'explication violente qui a eu lieu entre Alexandre et Metter-
nich(l).
Tettenborn a dit : « Mon Empereur ne peut pas souffrir
Metternich. 11 lui a dit son fait et a réglé son compte avec
lui. »
659. Vienne, 2 et 3 novembre 1814 (F. 3. 4523 ad 3565).
0© à HAGER
La campagne contre Metternich. La situation de l'Autriche. Les délégués
suisses mécontents de l'intervention d'Alexandre dans leurs afl'aires. Ce
qu'on raconte dans les salons sur l'Empereur François, Metternich, Stadion
et Talleyrand.
D'après ce qu'on dit chez Starhemberg, on néglige complè-
tement les intérêts que l'Autriche a en Saxe, en Pologne et
en Allemagne, et l'Autriche se compromet avec les Médiati-
sés. Ceux-ci cherchent par tous les moyens en leur pouvoir à
provoquer une crise ministérielle et à ramener le comte Sta-
dion au pouvoir, parce qu'ils le savent tout acquis à leur cause,
bien vu par la Russie et en opposition d'idées complète avec
Metternich. Wessenberg, quoique très estimé et protégé pa^.
Metternich et très avant dans sa confiance, tient lui aussi poi
Stadion.
A en croire les Médiatisés, Metternich ne peut manquer
1. Allusion à la scène qui eut lieu le 24 octobre au matin avant le dépa
d'Alexandre pour la Hongrie.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 459
perdre son poste. Le rôle que l'Autriche joue au Congrès,
l'état des affaires en Pologne, en Saxe, en Bavière, en Italie,
la nature des relations avec la France et les Médiatisés, tout
cela doit ouvrir les yeux de l'Empereur et lui montrer que,
même en 1809, la situation de la monarchie était moins pré-
caire qu'aujourd'hui.
Quel spectacle plus singulier que celui qu'on voit aujourd'hui !
On va conserver leurs possessions aux princes d'Isenburg-
Birstein et de Neuwied et détrôner le Roi de Saxe I
I La plupart des députés suisses sont fort peut satisfaits de
Ivoir que c'est en somme l'Empereur de Russie qui va régler
les affaires de la Confédération Helvétique. Grâce à l'influence
Iqu'exercent sur lui Stein et La Harpe, il va évidemment favo-
jriser le parti démocratique.
On a raconté chez Puffendorf que l'Empereur François a
été dernièrement chez la Grande-duchesse Catherine pour lui
demander conseil ; qu'il confère secrètement avec Stadion et
^ue Metternich a raconté à tous les archiducs, et jusque dans
ses moindresdétails, la fameuse scène qu'il a eue avec Alexandre .
La note sur la Déclaration du 8 octobre que Talleyrand a
ait insérer au Moniteur du 22 a fort déplu à Metternich. Il
s'en est plaint à Paris, mais Louis XVIII n'a pas osé faire des
représentations à Talleyrand qui a rempli de ses créatures le
Ministère des Affaires Etrangères.
Le baron de Linden, le porte-paroles de Humboldt, dit que
K le Congrès est une mauvaise pièce dont l'auteur est sifflé ».
;i ajoute que « si on lui donnait son congé, il ne l'aurait
îertes pas volé ; mais que si on met Stadion à sa place, la
confusion ne fera que croître parce que Stadion n'a autre
ïhose en tête que les Médiatisés. >
Comme on demandait à Talleyrand ce à quoi il s'était oc-
!Upé depuis le passage du Rhin jusqu'à l'abdication de Napo-
éon, il répondit « J'ai boité. »
>60. Vienne, 3 novembre 1814 (F. 3. 4523 ad 3565 .
.... à HAGER
Découragement d'Anstett.
Anstett m'a déclaré qu'à cause de l'entêtement plus grand
~|[ue jamais d'Alexandre, il devenait absolument impossible de
460 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
croire à une heureuse issue du Congrès. Il a vainement essayé S
de le convaincre, il a tout mis en jeu, même sa carrière, et
m^a déclaré sur son honneur qu'il avait, il y a deux jours,
remis sa démission écrite à son Empereur qui n'en tint au-
cun compte et l'accabla plus que jamais de besogne.
J'ai vainement essayé de savoir par lui quelles étaient les
intentions de la Prusse. Il s'est borné à me répondre : « Ce
sont là des Seigneurs d'un tout autre acabit ». Et il a aussi-
tôt ajouté : « Si seulement Metternich voulait me laisser en
paix. Hier encore il m'a fait dire, par un de ses hommes de
confiance, « qu^il rendait pleinement justice à tout ce que je|
faisais pour la bonne cause ». Je lui ai fait dire que je ne pre-
nais conseil que de ma conscience et me souciais fort peu
d'agir dans un sens qui pût lui être agréable, à lui qui n'a
rien fait pour moi, si ce n'est de me payer de belles promesses
qu'il n'a jamais tenues. »
661. Vienne, 3 novembre 1814 {F. 3. 4523 ad 3565).
© © à HAGER (en français).
Alexandre et la princesse Bagration. Ce qu'il lui dit de La Harpe, des rois de
Bavière et de Wurtemberg, de Metternich, de l'Empereur d'Autriche. Ses
idées sur la Pologne. Ce que Pozzo di Borgo lui en a dit. Stein et la Saxe.
Alexandre, Talleyrand, la Sagan, le Prince Eugène. Ce qu'Eugène pour-
rait dire de Murât. Le bal chez Razoumolîsky et l'absence de l'Ambassade
de France.
Avant-hier (1" novembre) Alexandre est allé seul chez ht
princesse Bagration, à 10 h. 1/2 du soir et y est resté jus-^^/
qu'à 2 heures après minuit.
Voici ce qu'elle m'a dit ; « Elle ne l'aime pas, elle l'adore. !K
Elle m'a ensuite raconté à bâtons rompus les sujets de co
versation qu'elle a eus aveclui. Je les répéterai ici avec le mê
désordre.
On a parlé de La Harpe. Alexandre a dit : « Je lui doi
d'être devenu un homme. Un prince n'est ordinairement qu'u
prince. Il a fait de moi un homme et je lui en serai recoa
naissant toute ma vie . »
Alexandre se moque des rois de Bavière et de Wurtemberj
I l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 461
iqui ont l'air de vouloir être autant que lui et qui ont envers
lui des prétentions d'égalité.
Il déteste Metternich, le connaît et ne le craint pas. Il ob-
tiendra de lui tout ce qu'il voudra. 11 estime l'Empereur d'Au-
Iriche et l'aime.
La princesse Bagration prétend qu'elle a eu le courage de
ic disputer avec lui sur la Saxe et la Pologne en soutenant
me opinion tout autre que la sienne. « Mais, dit-elle, c'est
< inutile. Il n'entend pas raison là-dessus. Il croit son hon-
< neur engagé et dit qu'il a donné sa parole aux Polonais et
< qu'il se doit à lui-même de la tenir, que le monde tombe-
( rait sur lui, qu'il n'en démordrait pas ; qu'il irait à Munich,
; puis à Berlin, puis à Varsovie, se faire proclamer roi de Po-
; logne, qu'il était en mesure si on voulait s'y opposer. »
Elle ajouta que Pozzo di Borgo lui avait dit la veille que la
^ologne convenait à la Russie qui l'aurait, bon gré, mal gré,
•ersonne n'étant en force de se mesurer en ce moment avec
i Russie.
Elle ajoute encore qu'Alexandre ne voulait là-dessus céder
n rien, pas un pouce de terrain autour de Gracovie, qu'il vou-
ait le Grand-Duché tel qu'il était quand il le conquit sur les
''rançais.
Elle dit encore que l'usurpation de la Saxe est une horreur,
■lais qu'on la doit à ce coquin de Stein qu'elle ne peut souffrir
t qui souffle là-dedans et qui veut se venger du pauvre roi de
jtaxe.
!! Alexandre déteste également Talleyrand, mais en revanche
\ aime beaucoup le prince Eugène. Il lui a dit : « Le prince
i Eugène n'est pas seulement un excellent militaire, c'est un
I parfait honnête homme. S'il voulait entrer à mon service
i je le prendrais bien volontiers. »
Le prince Eugène a dîné le même jour chez elle et lui avait
nfîé qu'il avait refusé deux couronnes et qui, plus est, qu'il
avait jamais songé à devenir Roi d'Italie, que l'affaire de Mi-
n et du Sénat, qui avait voulu le demander pour Roi, a été
lenée sans son consentement. Sur quoi, je dois ajouter que le
énateur Guicciardi, à qui j'en ai parlé, m'a dit hier au soir
ue depuis longtemps le Vice-Roi débite cela et qu'à Mantoue
eut le courage de le lui dire à lui-même et qu'il lui répon-
it ; « Après votre proclamation et les discours de Méjan et
462 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
de Melzi, vous ne réussirez pas à persuader les Milanais de cette
assertion. »
Et le même Guicciardi, en m'assurant que Beauharnais est
un fourbe, m'a de nouveau confirmé tout à fait le contraire de
ce que ce drôle voudrait faire accroire, c'est-à-dire il m'a con-
firmé que toute cette conspiration pour être souverain de Milan
était menée par lui-même et poussée par les belles paroles de
Metternich et de Bellegarde,qui alors avaient cru de lui faire
espérer cet appât pour l'engager à nous livrer Venise.
La princesse a encore dit que pour ce qui est du départ de
Vienne, Alexandre avait dit : « Le plus tôt et le plus tard
« dépendra des affaires. Mais je crois qu'il se dépêcheront,
« Car la dépense, que nous leur causons, commence à les gè~À
« ner ». ■■
Je ne répéterai pas ici les propos qu'elle dit qu'Alexandre
lui a tenus, sur la Sagan, parce que je sais qu'en cela on ne
peut pas se fier à elle.
Ici finit la conversation avec Alexandre.
Elle m'a encore dit que le prince Eugène lui avait parlé de
Murât, lui affirmant qu'il avait en main de quoi prouver à
l'Autriche que ce coquin la trompe, qu'il a des lettres de lui
sur cela, mais qu'il ne veut pas les montrer parce qu'il ne lui
sied pas de pousser sa vengeance jusque-là.
« Tout le monde sait que nous ne sommes pas bien ensemble
et c'est plus noble de ne pas se mêler de cette question que
de lui faire une guerre ouverte qui le perdrait à coup sûr. »
On a remarqué qu'au bal de Razoumoffsky il n'y avait per-
sonne de la légation française.
Cela et la déclaration d'hier sur le Congrès rapportée par
les gazettes ne mettront pas le public de bonne humeur.
662. Paris, 23 octobre 1814 (F. 3. 4523 ad 3565).
GROTE (1) au Comte de MUNSTER
(Inlercepta) (en français) (analyse). ?
L'opinion publique et le mécontentement en France.
L'esprit public ne s'est pas amélioré en France depuis la
1. Grote (Charles-Auguste Otto, comte de) (1747-1830). D'abord au service
de Hanovre (1768-1775), puis conseiller intime de l'électeur de Cologne,
passé en 1804 après la sécularisation de Cologne au service de Prusse. Mi-
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 463
lettre du 18. Au contraire, le mécontentement augmente même
parmi les personnes qui n'ont jamais eu d'idées subversives,
même parmi d'anciens émigrés qui n'ont rien appris, ne veu-
lent pas se rendre compte de la difficulté de la situation faite
à Louis XVIII, se flattent au contraire qu'on annulera la vente
des biens nationaux et voudraient remettre tout sur l'ancien
pied, tout comme parmi ceux qui, ayant été partisans des
idées nouvelles, tremblent à la pensée de représailles possibles
et qui protestent énergiquement contre la violation de la
Charte qui a proclamé le pardon et l'oubli.
663. Paris, 24 octobre 1814 (F. 3. 4523 ad 3565).
Anonyme à GAGERN [intercepta) (en français).
Wellington partisan de l'annexion du Luxembourg à la Prusse. État inquié-
tant de l'esprit public en France. Étonnement que lui cause l'attitude de
Talleyrand et des diplomates français.
M. Fagel(l) a reçu la nuit dernière un courrier de La Haye
avec des dépêches relatives à l'objet dont Votre Excellence
m'a écrit le 8. Il en a été itérativement parlé à lord Welling-
ton qui persiste à croire que Luxembourg etc., etc., possédés
par les Prussiens, seraient d'une meilleure défense pour les
Etats d'Orange que s'ils appartenaient à ces Etats.
Il est difficile de discuter avec un maître tel que lord W^el-
lington. Il veut que les Etats d'Orange s'étendent de Dinant
jusque sur le Rhin à Coblence. Au moyen de cela, le Luxem-
bourg, département prussien, serait séparé des autres Etats
prussiens et il faudrait leur accorder une route militaire à tra-
vers les Etats d'Orange et les nôtres. Je vois que dans tout
cela il y a encore beaucoup de vague et beaucoup de matières
inflammables.
nistre auprès du duc de Holstein en 1806 après l'occupation de Hambourg,
où il est de nouveau accrédité de 1807 à 1809. Fait comte en 1809. Commis-
saire général des Départements de l'Elbe, du Weser et de l'Ems en 1812. Mi-
nistre de Prusse à Dresde en 1813, puis de nouveau à Hambourg a);rès un
séjour à Paris en 1814.
1. Fagel iRobert, baron de, 1772-1858 d'une vieille famille de Hollande,
entra fort jeune dans l'armée, fit contre la France les campagnes de 1793 et
1794, s'expatria lors de la chute de la maison d'Orange, et ne revint en Hol-
lande qu'en 1813. Nommé Ministre à Paris en 1814, il y resta jusqu'en 1854.
464 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Celle-cî allant par une occasion sûre, je puis ajouter Tobser-
vation qu'en France l'esprit public est loin d'être amélioré. Le
militaire et le civil ne respirent que guerre et vengeance et
portent une haine indélébile aux étrangers, surtout aux An-
glais. Il est douteux que le Gouvernement partage ces dispo-
sitions. On croit qu'il se juge encore trop peu affermi ; qu'il
craindrait pour sa propre sûreté, s'il se laissait aller à suivre
cette impulsion générale. Le nombre des mécontents augmente
depuis quelque temps. D'imprudents amis des Bourbons et
surtout de perfides journalistes en sont la cause.
J'avoue que le langage et la conduite des diplomates fran-
çais, j compris M. de Talleyrand et notre brave L. T. (1),
m'ont paru depuis plusieurs mois fort suspects et que les obser-
vations ajoutées dans le Moniteur du 22 à la Déclaration du
8 octobre, ainsi que ce qu'on dit d'une Note de M. de Talley-
rand du 4 octobre (2), m'ont confirmé dans cette opinion.
664- Londres, 18 octobre 1814 iF, 3. 4523 ad 3565).
GREUHM à HARDENBEBG [intercepta) en français)
(Sous le couvert de Munster).
Affaires d'Amérique. Polémique entre les journaux de Londres et de Paris.
Le pavillon couvre la marchandise.
Il paraît, d'après les lettres particulières reçues d'Amérique,
que le Congrès s'assemblera à Lancaster (3) et que la résidence
du Président sera provisoirement établie dans cette ville.
Ces lettres communiquent que le général Armstrong, Mi-
nistre de la Guerre, a donné sa démission et les observations
qu'elles ajoutent font croire que la retraite de ce personnage
suffirait pour apaiser le mécontentement que la destruction de
Washington et la conduite des affaires militaires avaient ré-
pandu dans les Etats voisins.
On mande que les villes de Philadelphie et de New- York
1. La Tour du Pin Gouvernet.
2. Doit être la lettre de Talleyrand à Gastlereaghdu 5 octobre sur la marche
et les principes à suivre dans les occupations du Congrès.
3. Ville située dans l'Etat de Pensylvanie.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 4Go
ont chacune voté un million de dollars pour être employés à
leur défense.
L'animosité des journaux de Londres contre ceux de Paris
a beaucoup augmenté par les observations que ceux ci ont faites
sur la destruction de Washington et par l'intérêt qu'on paraît
prendre en France à la cause des Etats-Unis.
Le Courier, journal ministériel, répond à un article de la
Gazette de France, annonçant que la Russie et la France
allaient au nom de l'humanité stipuler sur les droits maritimes,
que chaque proposition, tendant à vouloir établir que le pa-
villon couvre la cargaison, serait re jetée avec fermeté et indi-
gnation par lord Castlereagh et que l'Angleterre clouerait plu-
tôt son pavillon au grand mât et coulerait à fond ses vaisseaux
qu'elle n'accéderait à de telles propositions.
665. Vienne, 3 novembre 1814 (F. 3. 4231 ad 3565).
ROSENGRANZ (1) à SGHlMxMELMANN (2) (à Copenhague)
[Intercepta) (en français).
Les Conférences des ministres. Castlereagh chez Alexandre et son entretien
avec lui au sujet de la Pologne. La crise, cause du retard apporté à l'exé-
cution des promesses faites au roi de Danemark par Alexandre.
Les ministres des principales Cours ont eu, ces jours-
ci, de fréquentes conférences, et il est permis de se persuader
que la crise du moment aura incessamment un résultat. Pour
y parvenir plus sûrement, lord Castlereagh a dû avoir hier une
audience de l'Empereur Alexandre pour lui faire des représen-
^1. Rosencranz (Niels, baron) 1757-1824) d'une vieille famille danoise. Page
prince royal Frédéric (1773), oflicier de cavalerie (1776), passé dans la
Iploraatie (1783 1, secrétaire pendant quatre ans aux législations de la Haye
»int-Pétersbourg et Stockholm, ministre résident à Varsovie (1787), envoyé
ttraordinaire et ministre plénipotentiaire à Saint-Pétersbourg (1790), il n'y
Uta que peu de temps à cause de la santé de sa femme (née princesre Via-
(»msky; qu'il dut emmener en Italie, ministre à Berlin (1796), au Congrès
Rastatt (1798-1799), à Saint-Pétersbourg (1799-1801), il y revint en 1802
y resta jusqu'en février 1804. Ministre à Berlin il alla deux fois à Paris
tmme envoyé extraordinaire. Nommé le 27 avril 1810, ministre des affaires
rangères, il resta en fonction jusqu'à sa mort ^grano duc Nicolas Mikhaï-
j>viTCH. Portraits Russes, IV, 3, 172).
[2. Schimmelmann (Ernest-Henri, comte) (1747-1831), ministre des Finances
du Commerce de 1784 à 1814. Ministre des Affaires étrangères en 1814.
T. I. 30
466 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
talions, au nom aussi de l'Autriche et de la Prusse^ relative-
ment à la Pologne (1), ou plutôt au duché de Varsovie que ce
souverain prétend garder pour soi.
Ce point décidé, les autres questions, à ce que l'on prétend,
seront décidées sans beaucoup de difficultés. La crise actuelle
dans les négociations est sans doute la seule cause qu'il n'a
pas encore été donné suite à la promesse que l'Empereur de
Russie donna au Roi avant de partir pour la Hongrie (2).
666. Vienne, 5 novembre 1814 (F. 3. 4336 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR
Bordereau journalier et Rapport du 5 novembre.
Ce que Binder a dit chez la Bagration. Ordres donnés par Hager à la suite
du billet de Hacke à Dalberg.
Il appelle son attention sur ce que le baron Binder a dit chez la
princesse Bagration et sur le billet du baron Hacke à Dalberg.
Tout cela ne facilitera pas l'action de la police qui, grâce aux
agents placés par elle à la Légation de France, s'est procuré
déjà un certain nombre de papiers et a su ainsi, que Hacke
avait, sur la demande de l'Ambassade de France, fait une note,
dans laquelle il s'élève contre la prise de possession de la Saxe
par la Prusse. Hacke s'est aperçu de cette surveillance en exa-
minant le cachet d'une de ses lettres.
Hager a, en conséquence, donné des ordres au Cabinet noir
[Geheime Behœrde)et aux agents placés à la Mission française
pour que la Manipulation se fasse avec encore plus de soin.
1. Lettre de lord Castlereagh à l'Empereur Alexandre, du 4 novembre, en
réponse au Mémorandum russe. (Cf. Gentz, Tagebûcher, 1,326. Mercredi 2 no-
vembre... chez lord Castlereagh qui m'a lu la réponse de l'Empereur de Rus-
sie et une partie de sa réplique...)
1. Promesse évidemment relative à l'exécution des clauses du traité de pan
entre la Russie et le Danemark, signé à Hanovre le 8 février 1814. L'article VJ
de ce traité décidait que les troupes russes ne pourraient frapper le Holsteir
d'aucune contribution et « à la mi-octobre Alexandi'e n'avait pas encore donm
l'ordre de retirer son armée qui occupait et dévorait le Holstein » (Cf. lei
Ambassadeurs de France à Jaucourt. Vienne, 16 octobre 1814).
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 467
667. Vienne, 4 novembre 1814 (F. 3. 4231 ad 3565).
(Extraits d'Inlercepla divers) (analyse du cabinet noir).
Heilmann à son père (2 novembre). (Malgré toutes les diffi-
cultés qui restent à vaincre, l'ouverture du Congrès est cepen-
dant un grand pas de fait. Il lui semble que l'horizon est plus
clair et croit qu'on a dû trouver un moyen de s'entendre sur
la Saxe et la Pologne).
Salmour à La Tour du Pin (avec une lettre particulière à
faire parvenir à Paris à la princesse Poniatowska).
668. Vienne, 4 novembre 1814 (F. 3. 4231 ad 3565).
Rapport à HAGER
Nesselrode a défendu sa porte à tout le monde ce matin
pour travailler avec Anstett.
Pozzo di Borgo a dîné, le 3, chez la princesse Bagration avec
le prince royal de Wurtemberg, Potocki et Anstett.
669. Vienne, 4 novembre 1814 (F. 3. 4231 ad 3565). ,
Rapport à HAGER
On a organisé un service de surveillance chez Noailles.
On n'a pas pu se procurer aujourd'hui des papiers chez Tal-
leyrand, mais on a ramassé quelques chiffons de la comtesse
Périgord et du secrétaire de Talleyrand.
Vienne, 4 novembre 1814 (F. 3 4231 ad 3565).
Rapport à HAGER
-.e Cardinal Gmsalvi est très satisfait de l'audience
l'Alexandre lui a donnée le 'A au matin.
468 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
671. Vienne, 4 novembre 1814 (F. 3. 4558 ad 3565).
Rapport à HAGER
D'Arnay est manifestement inquiet parce qu'on n'a encore
rien décidé pour le Prince Eugène, mais il ne croit pas que
Consalvi réussira à faire rendre les Légations au pape.
672. Vienne, 4 novembre 1814 (F. 3. 4231 ad 3565).
Rapport à HAGER
Surveillance de Dalberg. Pourquoi on n'a pas ramassé de chiffons
chez Dalberg.
Dalberg est resté pendant trois heures ce matin chez la
comtesse Schœnborn.
Le baron Hacke, ayant conseillé à Talleyrand et à Dalberg
d'avoir l'œil ouvert sur les affiliés à la police qu'ils ont chez
eux, l'agent a cru prudent de ne pas ramasser de chiffons dans
le bureau de Dalberg.
673. Vienne, 4 novembre 1814 (F. 3 ad 3565).
Rapport à HAGER
La France et les projets d'agrandissement de la Bavière. Montgelas e
Wrede hostiles aux idées préconisées par la France. Les partisans du rc
de Saxe reprennent confiance.
On prête à la Bavière (1) le projet de vouloir, avec l'appuP
de la France, devenir la troisième puissance en Allemagne e'
y jouer un rôle à part. Ce serait le résultat du séjour fait
Munich par Dalberg avant son arrivée à Vienne.
1. Cf. d'Angebkrg. Séance du 20 octobre 1814. Déclaration au Comité d'A
lemagne, p. 307. Projet relatif aux objets sur lesquels le Comité militai
devra délibérer, présenté par la Bavière. Séance du 22 octobre, page 32
326 et Déclaration supplémentaire du Roi de Bavière, pages 326-327. Propj ^
sition supplémentaire de la Bavière. Séance du 24 octobre 1814, p. 335. Pr i
position de la Bavière concernant le 9* article des 12 points de délibératic
Séance du 26 octobre, page 341.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 469
D'autre part on dit que Montgelas, qui a été assez froide-
ment traité à Paris, et Wrede sont hostiles aux idées préconi-
sées par la France.
Les amis du roi de Saxe se reprennent à espérer et sont
plus confiants qu'il y a quelques jours.
674. Vienne, 4 novembre 1814 (F. 3. 4558 ad 3565).
©©à HAGER (en français).
l^robabilité d'une guerre entre l'Autriche et la Russie. Biuits d'une entente
secrète entre Alexandre et Louis XVIII. Metternich, laBagration, la Sagan.
Le Congrès. La comtesse Callenberg. La Grande-Duchesse Catherine et
la Prusse. Munster et la Comtesse Lippe.
Dans la coterie Stadion, on croit fermement que l'Autriche
sera l'an prochain en guerre avec la Russie.
D'après une lettre de Saint-Priest (1) remise à Stackelberg
par Noailles, on travaillerait à une entente secrète entre
Louis XVill et la Russie.
Metternich va très rarement chez la princesse Bagration. Il
retourne assidûment chez la Sagan à la suite de la grande ex-
plication qu'il a eue avec elle à cause de la fameuse phrase
contenue dans une lettre où elle disait de lui; « Un Ministre des
Affaires étrangères qui a perdu la confiance des Puissances
étrangères ne peut guère rester en place. »
L'opinion publique n'est pas en faveur de Metternich que
^ouis XVIII et la Russie voudraient voir remplacé par Stadion.
Chez Arnstein, Keller, le baron Bildt, los Rios et les Prus-
iens ont encore répété que le (>ongrès ne marche pas.
On se demande ce que la comtesse Callenberg, chez laquelle
voit beaucoup d'Italiens, fait à Vienne, et si elle est, comme
^alberg l'affirme, au service de Murât.
On a dit hier chez Eskeles que la Grande-duchesse d'Olden-
irg marchait pour la Prusse qui comptait absolument sur elle.
On dit enfin qu'après le Congrès Munster épousera la com-
îsse Lippe (2).
1. Saint-Priest (Emmanuel-Louis-Marie Guignard, Vicomte de) Colonel au
Brvice de la Russie, qui rentrait à ce moment en France et devint gentilhomn>e
Ifhonneur du duc d'Angoulême.
[2. VVilhelmine-Charlotte, sœur du prince régnant de Schaumburg-Lippe,
Se en 1783, épousa en effet Miinster le 7 novombie 1815.
470 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
675. Vienne, 4 novembre 1814 (F. 3. 4231 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Singuliers propos tenus à dîner chez la princesse Bagration par Pozzo di
Borgo, Anstett et Binder. Louis XVIII et la France. Portrait du [rince
royal de Wurtemberg.
Le prince royal de Wurtemberg, Pozzo di Borgo, le baron
Binder et Anstett ont dîné hier chez la princesse Bagration.
Deux choses m'ont surpris à ce dîner. L'une est la manière
franche et loyale avec laquelle Pozzo, secondé par Anstett, a
parlé à ce dîner. Les deux ministres ont émerveillé par les opi-
nions qu'ils ont émises, sans y être forcés.
Pozzo a dit que la ruine des Empires vient de leur rage de
trop s'étendre et que la fable des géants s'explique. Ils ont
voulu être si grands qu'ils ont touché au ciel et Jupiter les a
rendus fous et ils ont été écrasés.
Anstett a soutenu qu'il fallait la justice en tout, rien que la
justice et rendre à chacun ce qui lui est dû.
Ces vérités dans la bouche des Ministres de celui qui veut
la Pologne en entier pour lui et ôter un royaume au roi de
Saxe pour le donner à son allié n'ont pas été sans me surprendre.
Mais un autre propos me frappa bien davantage, celui de Bin-
der, qui déclara à deux reprises et avec force, que l'idée d'éta-
blir une régence en France avec Marie-Louise était l'idée la
plus folle et la plus ridicule qu'on ait jamais pu concevoir. Si
tout autre que Binder avait émis cette appréciation, on aurait
peut-être été de son avis et nullement frappé. Mais Binder (1),
un de nos Ministres, un des favoris de Metternich, qui sait
que cette idée était celle du Cabinet qu'il sert, il y a là plus que
de lelïronterie. Il faut croire qu'il a voulu attaquer Metter-
nich, ou qu'il le croit ébranlé, ou qu'il est très fâché contre lui.
Tout ce qu'a dit Pozzo sur la France et Louis XVIII était
parfait. Il l'a en outre très loué, parce qu'il met son armée sur
le pied de paix et a critiqué les autres qui se ruinent à tenir
les leurs sur le pied de guerre.
1. Gf Gentz, Tagebûcher, I, 73. Jeudi 29 juin 1809... J'ai eu avec lui (Bin-
der) qui arrivait de Pétersbourg où il avait précédé Schwarzenberg,une con-
versation de quatre heures, une des plus intéressantes que je puisse imaginer. Bj;;
C'est un homme de beaucoup de moyens, d'excellents principes, d'une âme' Bii
forte et élevée... Hll
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 471
Le prince royal de Wurtemberg a de l'esprit. Il doit être un
bon militaire, mais il est critiqueur, malin, envieux, et pour
le cœur il doit en avoir un à peu près semblable à celui du
roi son père.
676. Vienne, 6 novembre 1814 (F. 3. 4231 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 6 novembi'e (Analyse).
A propos du projet du Gouvernement français d'enlever Napoléon de Tîle
d'Elbe. Il demande à l'Empei^eur l'autorisation de compléter ses moyens
insuffisants d'informations. (J'ai cru devoir joindre à cette demande la
réponse de Bellegarde (de Milan, 22 novembre) à la lettre de Hager du 5
novembre et l'approbation de l'Empereur en date du 23 novembre.)
Hager a fait remarquer à l'Empereur, à propos du projet
conçu par le Gouvernement français d'enlever Napoléon de
l'île d'Elbe qu il n'a à sa disposition, comme éléments d'in-
formations que les intercepta, les chiffons, ses agents à
Vienne et Bellegarde (1) et Strassoldo, (2) en Italie, dont les
communications mettent longtemps à lui parvenir. Il prie en
conséquence l'Empereur de faire compléter ses renseignements
par les voies plus sûres et plus rapides du grand-duc de Tos-
cane, de Marescalchi et de Magawly Cerati (3) à Parme et par
les consuls de Livourne et de Gênes.
Cette proposition reçut le 23 novembre l'approbation de
l'Empereur.
Le même jour, 5 novembre, Hager s'adressait directement
à Bellegarde et à Strassoldo et le 22 novembre, Bellegarde lui
^ expédiait la dépêche suivante (en français).
« J'ai reçu la lettre de V. E. du 5 courant par laquelle elle
1. Bellegarde (Henri, comte de) (1756-1845), Feld-Maréchal, était à ce moment
Commissaire général Impérial en Italie.
2. Strassoldo (Jules-Joseih, comte de/ (1771-1830), Commissaire Impérial à
Parme, Adjoint au Commissaire Impérial de Lombardie, pjis Directeur des
Postes et un peu plus tard, en 1818, Président du Gouvernement de la Lombardie.
3. Magavvly Cerati (Henri, comte de), d'origine irlandaise. Depuis le 6 août
1^14, Ministre d'Etat des duchés de Parme, Plaisance et Guastalla.
472 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
« me communique le plan qu'on suppose au cabinet français
« d'enlever Napoléon. Mais, comme je n'ai aucune connais-
« sance des personnes y impliquées, je ne suis pas à même de
« donner sur cela à V. E. aucun éclaircissement. Peut-être
« pourrai-je lui en fournir sous peu quand j'aurai le rapport
« de ce qu'un homme très adroit (1) aura pu découvrir en
« général dans un voyage qu'il a fait à l'île d'Elbe et dont il
« m'a promis de me rendre compte, et je n'omettrai sûrement
« pas de porter à la connaissance de V, E.tout ce que l'homme
« en question pourra me communiquer d'intéressant. »
677. Vienne, 4-5 novembre 1814 (F, 3. 4453 ad 3565).
Iiilercepta divers analysés par le Cabinet Noir
Extraits du bordereau
Prince Frédéric de Prusse (2) à la princesse Golloredo
Mannsfeld (3 novembre) (Lettre de condoléance).
Stackelberg au cardinal Gonsalvi (Ordre d'Alexandre de
régler avec lui les questions pendantes en Russie entre les
cours de Rome et de Pétersbourg.)
Noaiiles au général Olsufieff (5 novembre), (lettre peu
curieuse).
Gayl (3) à la comtesse Brignole. (Il fera parvenir la lettre
à la reine de Westphalie et la remettra au baron Malsburg.) Il
la remercie de ce que grâce à elle il a pu saluer le roi de
Rome, et viendra la voir avant de partir.
Stackelberg au colonel Genzowski. (11 a reçu sa lettre que
Wolkonsky remettra à l'empereur.)
1. Il s'agit là d'Ettori.
2. Il doit y avoir là un lapsns calaini de la Manipulation. Le prince royal,
plus tard Frédéric Guillaume IV, était resté à Berlin et je ne crois pas qu'il
puisse s'agir ici du prince Frédéric, né en 1794, petit-fils du roi Frédéric Guil-
laume II, le neveu et successeur du grand Frédéric. Il s'agit plus probable-
ment d'une lettre du prince Guillaume ou du prince Auguste.
3. Le baron de Gayl et le baron de Malsburg faisaient tous deux partie de
la suite de Jérôme et de l'ex-reine de Westphalie. « Gayl, homme de con-
fiance du couple ci-dessus allait et venait, écrit M. Frédéric Masson,et Mals-
burg faisait les commissions à Vienne. » Malsburg avait été à Cassel le grand
écuyer du roi.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 473
Gaertner au comte de Munster (3 novembre). (« Veuillez jeter
un coup d'œil sur le journal officiel que je vous envoie [Rhei-
nischer Mercur, n" 138 du 25 Octobre 1814). Il faudrait faire
connaître à l'empereur Alexandre « die Bûrger-Bauern und
Sau Hetze » qui se fait en Wurtemberg et en Bade. Ces deux
gouvernements sont, comme le montrent ces articles, bien
dignes de leur créateur Napoléon. »)
Envoi à quatre heures à Talleyrand d'un billet de Harden-
berg (intercepté et communiqué au cabinet noir).
678. Vienne, 5 novembre 1814 (F. 3. 4558 ad 3563).
Rapport à HAGER 1
Marie-Louise, emploi de la journée du 4 novembre.
Marie-Louise a reçu la visite du prince Eugène et du prince
Antoine de Saxe. Elle a été voir l'empereur et a failli avoir un
accident de voiture. Le soir, elle a écrit des lettres avec M"* de
Brignole jusqu'à minuit.
679. Vienne, 5 novembre 1814 (F. 3. 4558 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
D'après le dire du Grand-duc Constantin, la Russie ne re-
nonce en rien à ses prétentions sur le duché de Varsovie dont
le Grand-duc a la promesse d'être nommé vice-roi. Il aurait
près de lui le prince Adam Czartorjski.
680. Vienne, 5 novembre 1814 (F. 3. 4558 ad 3565).
© © à HAGER (en français).
On parle dans le monde d'un duel qui aurait eu lieu entre
Dalberg et un officier russe, et dans lequel le duc aurait été
légèrement blessé.
474 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
681. Vienne, 5 novembre 1814 (F. 3. 4558 ad. 3565).
@© à HAGER (en français).
Explications aigres-douces entre le Grand-duc de Bade et Hacke. Concours
de la France et de la Bavière en cas de guerre à cause de la Saxe. L'Au-
triche refuse le concours de la France contre Murât.
Le grand-duc de Bade aurait, dit-on, reproché à son Mi-
nistre le baron Hacke d'être trop français et trop lié avec Dal-
berg et Talleyrand.
Le grand-duc a été mis en garde par ses sœurs, Timpéra-
trice de Russie et la reine de Bavière. Hacke ne s'est pas
laissé intimider et a vertement répondu au grand-duc.
On dit maintenant que la France mettrait 120.000 hommes
et la Bavière 60.000 à la disposition de l'Autriche, en cas de
guerre à cause de la Saxe. La France aurait en outre offert à
l'Autriche, qui l'aurait refusé, de faire marcher 50.000 hommes
contre Murât. On craint que cette marche des Français contre
Naples ne fasse éclater une révolution en Italie.
682. Vienne, 5 novembre 1814 (F. 3. 4558 ad 3565).
© © à HAGER (en français) (analyse).
Rapport sur la requête des maréchaux de France deman-
dant le maintien des possessions qui leur ont été données par
l'Usurpateur dans différents pays.
Bresson de Valensole, porteur d'une lettre du maréchal Ney
relative à cette question, a été reçu par Alexandre.
On continue à mener une campagne acharnée contre Met-
ternich.
Alexandre a déclaré que les affaires ne pourraient prendre
une bonne tournure, tant que le prince de Metternich sera à la
tête du département des Affaires Etrangères.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 475
683. Vienne, 5 novembre 1814 (F. 3. 4558 ad 3565).
LŒWENHIELM à ENGESTRÔM (inlercepta) (en français).
Le congrès défini par Metternich et Gastlereagh. Protestation de la France
et de l'Espagne. Difficultés qui en résultent et causes de ces embarras.
Le prince de Metternich et lord Gastlereagh ont manifesté
leur opinion que le Congrès n'est à considérer que comme une
réunion de toutes les puissances de l'Europe en un même lieu,
non pas pour multiplier les difficultés des combinaisons poli-
tiques, mais pour les faciliter, abréger les distances qui séparent
les Etats et par conséquent rendre les communications
promptes et décisives, et qu'ils ne voyent, dans le Congrès,
aucun autre but, ni rien qui constitue une Assemblée qui,
comme telle, aurait un droit délibératif sur aucune question
particulière.
Les plénipotentiaires de France et celui de l'Espagne ont
formellement et vivement protesté contre cette conception.
Ils ont demandé alors ce qu'était ce Congrès, puisqu'on n'y
voyait aucun but dans son assemblée générale et ont trouvé
une contradiction manifeste entre l'appel fait dans le traité de
Paris pour la formation du Congrès et la déclaration anté-
rieure du 8 octobre pour son ouverture le 1" novembre.
Il est, selon ce qu'il me paraît, impossible de sortir de ces
difficultés avec les honneurs d'une logique ordinaire. Le mal
vient de ce qu'on a imprudemment à Paris proclamé le Con-
grès en lui donnant le nom, sans réfléchir alors aux difficultés
que cela aurait dans la pratique.
Je ne puis nier que les plénipotentiaires français ne puissent
avoir pour eux le principe des anciens Congrès et celui qui
semble découler de la nature même d'une pareille réunion de
plénipotentiaires. Mais d'un autre côté, les grandes puissances,
savoir le comte de Nesselrode pour la Russie et le baron de
Humboldt pour la Prusse, ont déclaré dans notre dernière
séance (1) qu'ils ne comptaient pas soumettre leurs arrange-
ments au jugement d'aucune assemblée quelconque, ni celle
du conseil préparatoire, ni celle du Congrès en général. La
seule démarche, à laquelle les plénipotentiaires russes, prus-
1. Cf. d'ÂNOBBBRG 361. La séance des Huit du 31 octobre.
476 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
siens, anglais et autrichiens se soumettent vis-à-vis du Con-
grès, est la connaissance qu'ils veulent donner à toute TEurope
de leurs arrangements respectifs en demandant sa sanction,
mais sans que cela oblige aucune des autres puissances à sanc-
tionner implicitement ces mêmes arrangements.
La différence des opinions vient de ce que les plénipoten-
tiaires français entendent le mot Congrès dans son acception
ordinaire, et que les ministres des autres puissances ne veulent
pas s'en tenir à cette notion connue, mais le considèrent sim-
plement comme une réunion de toutes les puissances sur un
même point afin de faciliter leurs arrangements.
Les puissances signataires se fondent sur le traité de Paris
qui exclut la France de toute voix délibérative dans les arran-
gements à faire par les alliés quant à la distribution des pavs
conquis, tandis que la France, qui ne peut y être indifférente,
cherche à prendre toute la connaissance à laquelle elle croit
avoir droit par sa place parmi les puissances de l'Europe. Voilà
ce qui constitue le fond de la question que le prince de Tal-
lejrand cherche à gagner en faisant adopter des formes qui y
ramènent toujours, en dépit du traité de Paris et en dépit de
premières décisions du conseil préparatoire. On ne saurait se
dissimuler l'embarras où l'on se trouve pour sortir de cette
question.
D'un côté l'iiurope, qu'on a appelée à un Congrès et à la-
quelle on a récemment annoncé son ouverture, a droit à le voir
commencer, et l'Europe ne conçoit l'idée d'un Congrès que
comme une Assemblée où tous les intérêts seront discutés et
sanctionnés, d'autant plus qu'il n'en est aucun qui n'alfecte le
bien-être de toutes les autres puissances. C'est ce sentiment
qui est vivement soutenu par la France. D'un autre côté, la
Russie et surtout l'Angleterre, de même que la Prusse et
l'Autriche ne veulent pas soumettre leurs arrangements aux
délibérations des autres puissances. Il faut donc chercher des
faux-fuyants, en attendant que les puissances, étant d'accord
sur leurs grands intérêts, puissent en donner à connaître le
résultat, et faire ainsi de la première séance du Congrès la der-
nière.
Dans la dernière séance du Conseil préparatoire aucune dé-
cision n'a été prise (1) Lord Castlereagh, pour calmer la dis-
1. Cf. d'ANGEBHRG 361. Protocole de la séance du 31 octobre 1814.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 477
cussion, a observé qu'il valait mieux rejeter à la fin du Con-
grès tout ce qui tendait à le définir et tâcher d'arriver au but
qu'on s'était proposé par la réunion actuelle des plénipoten-
tiaires, en mettant tout de suite en activité les différents comi-
tés, en les composant toujours des puissances intéressées. Lord
Gastlereagh pensait qu'on n'avait besoin pour cela d'aucun exa-
men théorétique sic) sur les attributions du Congrès général
et du Conseil préparatoire. Il observa que, sans» aucune dis-
cussion, il s'était déjà formé deux comités, celui des affaires de
Pologne (?) et celui de la Constitution de TAUemagne et qu'il
n'y avait donc qu'à former de mâme la commission pour la
Suisse et celle pour l'Italie.
Le prince de Metternich se déclara volontiers du même avis,
mais observa que, quant à l'Italie, la multiplicité de ses diffé-
rents intérêts exigerait peut-être plusieurs comités séparés.
Comme aucun des autres plénipotentiaires des huit puissances
n^était prêt à s'expliquer sur cette dernière considération, la
séance fut levée sans qu'aucune décision formelle ne fût prise,
ni aucun jour fixé pour la prochaine réunion du Conseil pré-
paratoire (1). En attendant, on s'occupe confidentiellement de
la manière de former les commissions qui doivent traiter les
affaires d'Italie, mais cet objet, tenant à une décision majeure
relative au Royaume de Naples, ne sera probablement de sitôt
réglée.
684. Vienne, 5 novembre 1814 (F. 3. 4358 ad 3565).
MAVROJENY au Prince de MOLDAVIE {infercepla) (en français).
La Pologne et la note de Gastlereagh, Sympathies de Gastlereagh pour la
Prusse. L'occupation provisoire de la Saxe. Repnin.
Jusqu'ici on n'a traité au Congrès que la question de la
Pologne.
Lord Gastlereagh a combattu dans une note l'idée du réta-
blissement d'une Pologne (2) indépendante.
1. Cf. Talleyrand au Roi. Vienne, 6 novembre, n" 10 et les ambassadeurs
du Roi au Congrès du Département, dépêche n" 11 bis.
2. Cf. d'Angeberg, I, 350. Lettre de l'Empereur Alexandre à lord Gastle-
reagh en réponse à sa lettre du 14 octobre (Vienne, 30 octobre avec mémo-
randum annexé et Ibidem, 393-394. Lettre de lord Gastlereagh à l'Empereur
478 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Quant aux affaires d'Allemagne, ce plénipotentiaire paraît
y prendre un intérêt moins direct et il semble plutôt favoriser
l'agrandissement de la Prusse, le croyant nécessaire à sa cause
d'ajouter à la force de cette puissance pour la mettre à même
de résister conjointement avec l'Autriche, d'un côté à l'exten-
sion de la Russie, de l'autre à une invasion de la part de la
France.
L'occupation provisoire de la Saxe par les Prussiens aura
lieu incessamment. Il est déjà parti d'ici plusieurs employés
chargés de l'administration civile. Il a été-déclaré à la Prusse
que cette occupation ne devrait porter aucun préjudice à la
décision définitive du sort de la Saxe...
On croit que le prince Repnin, qui jusqu'ici était gouver-
neur en Saxe, aura le gouvernement de la Grimée à la place du
duc de Richelieu, qui se trouve aussi à Vienne.
685. Vienne, 7 novembre 1814 (F. 3. 4583 ad 3565.
HAGER à L'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 7 novembre.
686. Vienne, 6 novembre.
à HAGER
Surveillance du prince Eugène, de Stein, de Gaertner et de Noailles.
Après le théâtre du Kaerntnerthor, le prince Eugène a été 362
Faerbergasse chez une M""« Suzanne, qui a une très jolie fille.
Stein est allé à deux heures chez l'Empereur de Russie,
après avoir envoyé à Hardenbergun paquet qu'on a pu d'abord
transmettre à la manipulation.
Gaertner. Les plénipotentiaires des princes allemands et des
princes médiatisés veulent aussitôt après la vérification de
Alexandre sur la Pologne, et deuxième mémorandum de lord Castlereagh sur
la Pologne en réponse au mémorandum russe du 20 octobre. Vienne, 4 no-
vembre.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 479
leurs pouvoirs renouveler leur proposition ou se placer sous la
protection de l'Autriche (1).
Noailles. On a trouvé dans sa voiture de voyage une lettre
au Général Olsufîelï et une autre peu intéressante adressée au
prince Jean Liechtenstein.
687. Vienne, 6 novembre 1814 (F. 3. 4594 ad 3565.
Rapport à HAGER
Incident causé par l'arrêt à la douane d'un courrier et de dépêches
de Talleyrand.
Un courrier de Talleyrand est arrivé le 5. La Douane a re-
tenu, non seulement ses effets, mais ses dépêches. Dalberg,
informé du fait, court chercher Talleyrand chez Zichy. On se
rend aussitôt chez Metternich et après l'avoir vu, Talleyrand
alla lui-même assister à la délivrance de ses dépêches.
688. Vienne, 6 novembre 1814 (F. 3. 4594 ad 3565).
Rapport à HAGER
Les Polonais sont pleins de confiance et croient de plus en
plus à la reconstitution de la Pologne.
689. Vienne, 6 novembre 1814 (F. 3. 4583 ad 3565).
00 à HAGER
La partie de chasse offerte par le comte Almasy. Les talents de l'Empereur
Alexandre comme siffleur. La campagne contre Metternich. La Bagration
et la Sagan.
Le 4, après la chasse offerte à l'Empereur de Russie par le
1. Cf. d'Angeberg, p. 329-330. Mémoire adressé à l'Empereur d'Autriche
par une députation des Etats médiatisés, présenté dans l'audience de ce jour
32 octobre. Ibidem. P. 441-447. Note des plénipotentiaires de 29 princes sou-
verains et villes libres d'Allemagne aux princes de Metternich et de Harden-
berg et au Comte de Munster, 16 novembre 1814. Ibidem, 498-500. Note de
«Gaertneraux plénipotentiaires d'Autriche, de Prusse et de Hanovre (Vienne,
H décembre 1814).
P
480 AUTOUR DU COiNGRÈS DE VIENNE
comte Almasy (1), les dames des familles Almasy et Zichy
chantèrent dans le salon et le tzar les accompagna en sifflant.
Il paraît qu'il a pour cela un talent particulier.
Les intrigues contre Metternich continuent. Ses amis et ses
défenseurs affirment que toute cette brouillerie ne serait pas
arrivée, si, dès le mois d'août, la police avait fait partir la Ba-
gration et la Sagan.
690. Vienne, 6 novembre 1814 (F. 3. 4583 ad 3565).
... à HAGER
Le grand'duc de Bade a choisi pour ses plénipotentiaires au
Congrès, non pas le baron Hacke, mais le baron Marschall (2),
frère du ministre de Nassau, et le baron de Berckheim. Hacke a |
répondu aux reproches plus ou moins mérités du grand-duc en
lui disant ses vérités et en demandant sa retraite.
691. Vienne, 6 novembre 1814 (F. 3. 4594 ad 4565).
Rapport à HAGER
La Duchesse de Sagan, Alexandre et Metternich.
La duchesse de Sagan, paraissant très occupée dans une con-
versation avec Metternich, Alexandre lui dit : « Madame la
duchesse ^n'occupez pas le prince de Metter?iich d'objets pareils,
il en a de bien plus essentiels en tête. »
692. Vienne, 6 novembre 1814 (F. 3. 4583 ad 3565).
ee à HAGER
Les Grecs et le voyage d'Alexandre en Hongrie. Consalvi et Rechberg. Les
différentes opinion sur Metternich. Les Prussiens et son bal masqué.
On avait eu, d'après ce qu'on a dit devant moi chez Puffen-
dorf, quelques appréhensions au sujet du voyage de l'Empe-
1. Voir pour plus de détails sur cette chasse, le N" 311 du Beobachter,
7 novembre 1814, page 1705.
2. Marschall (Charles-Guillaume baron de), ministre d'Etat, envoyé extra-
ordinaire et ministre plénipotentiaire de Bade près la Cour de Wurtemberg.
I
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 481
reur Alexandre en Hongrie à cause des manifestations russe-
philes auxquelles on craignait de voir se livrer la grosse colonie
grecque qui est en Hongrie. Mais l'Empereur s est conduit en
Hongrie de façon à rassurer tout le monde. Il ne s'y est occupé
que des jolies femmes, a à peine regardé les hommes et a com-
plètement ignoré les vieux, si bien que le clan masculin est
loin d'être chaud pour Sa Majesté Russe.
Le comte Rechberg, auquel Consalvi vient de rendre visite,
dit partout que le futur pape a été chez lui, et déclare que le
cardinal ne saurait manquer d'être acclamé par le conclave
lors de la prochaine vacance du trône pontifical.
Acerenza-Pignatelli, parlant au baron Bûhler, lui a dit que
son archiduchesse (l'archiduchesse Béatrix) avait une piètre
idée des talents politiques et de l'habileté ministérielle de Met-
ternich.
Aucun des membres de la Légation de Prusse ne paraîtra
au bal masqué chez Metternich à cause des trop grosses dépenses
qu'occasionne l'acquisition d'un domino blanc ou d'un costume.
On a remarqué chez Etienne Zichy que, lors de la dernière
réception, Alexandre a affecté de s'entretenir longuement et
aimablement avec Metternich. Il y a du reste bien des maisons,
chez Esterhazy, chez Charles Liechtenstein entre autres, où
l'on défend hautement le prince et où on approuve nettement
l'attitude qu'il a prise à l'égard d'Alexandre et sa résolution
de s'opposer au rétablissement du royaume de Pologne.
693. Sans lieu (1), 25 octobre 1814 (F. 3. 4583 ad 3565).
Anonyme à la Comtesse Douairière GOLLOREDO {Intercepta)
(en français).
La France est tranquille. Le seul danger vient de l'île d'Elbe.
Faute qu'on a commise en y mettant Napoléon.
La France est assez tranquille, mais elle le serait davantage
sans le voisinage de l'île d'Elbe, dont le propriétaire et sa famille
1. Plus que probablement de Paris, puisque Noailles en partit ce même jour,
mystérieusement, comme le prouve le passage suivant de la dépèche de Jau-
court à Talleyrand, en date du 25 octobre. « Monsieur de Noailles n'a dit que
ce matin son départ; il ne l'a pas même dit à toute sa famille. On n'en par-
lera pas. »
T. I. 31
482 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
intriguent tant qu'ils peuvent et cherciient à soulever, soit les
personnes qui leur sont dévouées, soit ceux qui, n'ayant aucune
propriété, ne se plaisent que dans l'anarchie et dans la discorde.
Il est bien étonnant que les souverains, qui ont tant fait pour
le bonheur et la tranquillité de l'Europe, ont laissé subsister
au milieu d'eux un foyer qui pourrait tôt ou tard rallumer l'in-
cendie si les circonstances sont favorables. Tous les honnêtes
gens sont au comble de leurs vœux et les coquins sont mécon-
tents. On ne peut croire que c'est par politique que les puis-
sances ont laissé subsister près de nous un foyer de discorde
qui peut devenir dangereux. C'est le comte Alexis de Noailles
qui vous fera parvenir cette lettre. J'ai à peine le temps d'écrire
ne prévoyant pas qu'il partirait si tôt.
694. Vienne, 5 novembre 1814 (F. 3. 4583 ad 3565).
DALBERG à MARESGALGHI (à Parme) [Inlercepla) (en français).
il le félicite de son admission au service de l'Autriche. C'était là son propre
désir. Raisons pour lesquelles il est entré au service de la France. Il ne
sait s'il y restera. Pourquoi il est à Vienne. 11 prendra son parti après le
Congrès. L'Espagne réclame Parme. Les Légations et Rome.
Votre affaire, mon cher ami, est finie. Vous devez en avoir
reçu la nouvelle. Je vous félicite maintenant de servir d'une ma-
nière si honorable l'Empereur d'Autriche. Depuis dix-sept ans,
c'était l'objet de mon ambition. La cession de la rive gauche
du Rhin, le devoir d'y conserver l'héritage de mes pères, la
menace de ce diable-homme qui nous a fait tant de mal, le
mariage de cette bonne Impératrice Marie-Louise et le destin,
qui voulait que je concourusse aux événements du jour, me
fixèrent en France. Je ne sais, mon ami, si j'y resterai. Les ins-
tructions, si saines et si nobles, que le roi de France a données
à ses ministres, m'ont déterminé à paraître ici et à travailler
avec zèle au bien général. Vous savez qu'il est dans mes prin-
cipes et mon caractère de ne pas composer avec la vérité et la
justice. Lorsque le Congrès sera fini, je verrai quel parti j'au-
rai à prendre. Je voyagerai peut-être quelques années et je
mourrai en homme de bien sous le soleil de votre patrie que
j'aime.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 483
Vous, VOUS voilà fixé, je vous en félicite. Les Espagnols
demandent fermement le pays où vous êtres. On pourrait aisé-
ment compenser cette possession avec les Lég-alions. L'admi-
nistration des Romains n'est pas la plus éclairée.
695. Vienne, 26 octobre 1814 (F. 3. 4589 ad 356 J).
SGHWARZ au général baron REUTER (à Stuttgart).
{Intercepla du 6 novembre) (en allemand).
Lenteur des affaires. Pas de changemants dans les esprits.
Défaveur des Anglais. Progrès et vogue des Français.
Ici tout marche son petit train. On raisonne beaucoup, on a
écrit beaucoup mais on n'avance guère. L'esprit public est le
même qu'il y a quatre mois. On veut qu'il y ait tous les jours
quelque chose de neuf. On ne peut s'habituer à une vie calme,
dépourvue de grands événements. Les Anglais, dont on a si
fort apprécié la générosité pendant la Coalition, commencent
à perdre de leur prestige et on profite de chaque occasion pour
les ridiculiser. En revanche, on montre tous les jours aux Fran-
çais combien on s'intéresse à leur bonheur et à leur pros-
périté.
696. Vienne, 8 novembre 1814 (F. 3. 4594 ad 3565).
HAGER à L'ExMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 8 novembre 1814.
JLa redoute du 6. Alexandre I" et le Domino noir. Le grand-duc de Bâde
et la Morel.
Alexandre s'est beaucoup amusé à la Redoute. Il s'est énor-
mément occupé d'un masque avec un grand chapeau à plume
noire qu'on crut être la comtesse Esherhazy-Roisin. De 2 heures
là 3 h. 1/2, deux dominos noirs l'ont intrigué, lui et le roi de
! Prusse. La beauté de M"* Morel a cette fois encore produit un
484 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
grand effet. Elle a causé avec le comte Schœnfeld et le prince
Narischkine. Puis ce fut le prince de Ligne, qui la prit sous
sa protection et resta longtemps auprès d'elle. Le grand-duc
de Bade n'a pas osé se montrer avec elle dans la salle, mais
il n'a pas cessé de rôder autour d'elle et ne l'a jamais perdue
de vue un instant.
Le prince Charles de Bavière a papillonné partout sans se
fixer nulle part.
697. Vienne, 7 novembre 1814 (F. 3. 4064 ad 3565).
Rapport à HAGER
L'agent fournit les noms des deux Français qui ne sont pas
entrés au service de Marie-Louise, mais qui cherchent une place
et auxquels elle a donné de l'argent pour rentrer en France.
On dit que Bausset ira le mois prochain en Italie et on pense
que l'île d'Elbe est le but de son voyage.
698. Vienne, 7 novembre au soir (F. 3. 4064 ad 3565).
Rapport à HAGER
Le grand-duc Constantin est parti ce soir de bonne heure de
chez la princesse Bagration pour aller rejoindre une très belle
actrice française engagée à Saint-Pétersbourg, Séraphine Lam-
bert.
699. Vienne, 7 novembre 1814 (F. 3. 4604 ad 3565).
Rapport à HAGER
Il a été jusqu'à ce jour impossible de rien intercepter ou
saisir chez le général Jomini parce que, dès qu'il s'absente
pour se promener ou aller au théâtre, il y a toujours chez lui,
ou son aide de camp, ou le serviteur de confiance qui lui a été
donné par Alexandre. ^Mj!
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 485
700. Vienne, 7 novembre 1814 (F. 3. 4604 ad 3565).
Rapport à HAGER
Le prince Adam Gzartoryski expédie lui-même ses lettres
ou les fait expédier par son domestique dont il est absolument
sûr. II détruit et brûle lui-même avec soin toutes les lettres
qui lui arrivent.
701. Vienne, 7 novembre 1814 (F. 3. 4594 ad 3565).
Rapport à HAGER
Autant les Russes envisagent sans appréhension l'éventualité
d'un conflit armé avec l'Autriche, autant au contraire les Prus-
siens la redoutent et font des vœux pour le maintien de la
paix en Allemagne.
Le comte de Rechberg, de son côté, prêche l'entente entre
la Bavière et l'Autriche qui n'ont que des intérêts communs.
Wrede a dit tout haut ces jours-ci : « On ne peut laisser
la Prusse prendre la Saxe et mon Roi ne le permettra pas,
même si l'Autriche ne bougeait pas. »
I
702. Vienne, 9 novembre 1814 (F. 3. 4594 ad 3565).
.... à HAGER
La déclaration de Munster et les espérances des petits Princes et des
Médiatisés. L'opinion et les espérances des membres de la légation de Prusse.
La publication de la note du comte de Munster, relative à
l'acceptation de la couronne royale par le Hanovre, a augmenté
encore l'espoir, caressé par les petits princes allemands et par
les Médiatisés, du rétablissement du Saint Empire Allemand
et delà reconstitution du Corps germanique.
On rencontre tous les soirs chez la vieille comtesse douai-
486 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
rière Pergen Groschlag, les comtesses Schœnborn, Colloredo,
la Landgrave Fûrstenberg(l), les comtesses Groschlag, Ghotek,
Hoyos, Gobenzl et Gallenberg et la princesse Batthianyi (2),
peu d'hommes, à Texception des comtes Gallenberg, Kûnigl,
Marschall, Bentheim (3) et de M. de Spaen. Ges vieilles dames
colportent toutes les anecdotes qu'elles peuvent ramasser sur
le compte des souverains et de leurs suites et déblatèrent de
leur mieux contre Metternich.
Les personnes, faisant partie, à différents titres, de l'ambas-
sade de Prusse, ne cessent de dire cliez Arnstein que leur Roi
est si honnête et si loyal qu'il désire et espère que l'empereur
Alexandre, qui tient tant à sa réputation de loyauté et de
magnanimité, finira par constituer au profit de la Maison de
Saxe une sorte de royaume de Pologne, ce qui lui permettrait
de se tirer d'affaire et de tenir la parole qu'il a donnée à Paris.
Dans ce cas, le roi de Prusse gardera la Saxe, qu'il prendrait
à contre-cœur, s'il en était différemment, à cause du caractère
particulièrement odieux qu'aurait alors cette absorption. Ils
disent que le Hanovre doit cesser défaire partie de l'Allemagne,
dans le sein de laquelle il convient au contraire d'admettre le
Danemark, et que jusqu'à présent l'entrée des Prussiens en
Saxe ne doit être considérée que comme une opération con-
sistant à y relever les troupes russes.
A l'heure qu'il est, la Pologne est, à leur sens, la seule question
préjudicielle. Si Alexandre cède sur ce point, si la Maison de
Saxe obtient la Pologne, si la Saxe est attribuée à la Prusse pour
l'indemniser de la cession de ses provinces polonaises, si l'on
donne le Hanovre au Danemark, tout s'arrangera facilement
et rapidement et on aura établi en Europe un équilibre qui
devra assurer au moins quinze à seize ans de paix profonde.
1. 11 s'agit ici ou bien de la princesse Thérèse Schwarzenberg, mariée en
1801 au landgrave Frédéric Egon Fûrstenber^^ ou plus probablement de sa
belle-mère la comtesse Sophie-Thérèse d'Oettingen-Wallerstein, mariée en
1772 au landgrave Joachim-Egon de Fiirstenberg.
2. Probablement la princesse Louis Batthianyi, née comtesse Elisabeth
Pergen.
3. Très probablement le comte Alexandre-Frédéric de Benlheim-Steinfurt
(1781-1866).
m l'ouverture du congrès. — la saxe et la POLOGNE 487
703. Vienne, 7 novembre 1814 (F. 3. 4594 ad 3565).
.... à HAGER
A en croire le prince Koglowski (1), Alexandre désirerait
ardemment la fusion des Eglises grecques et romaines, parce
qu'il médite de vastes projets et que de plus, il se sert pour
le moment des Jésuites afin de gagner, grâce à eux, les Polo-
nais. On dit que les Russes n'ont en aucune façon désiré voir
Schwarzenberg et Stadion prendre part aux discussions du
Congrès (2).
704. Vienne, 7 novembre 1814 (F. 3. 4594 ad 3565).
Rapport à HAGER
. Les Saxons sont pleins d'espoirs et d'autre part, les Prus-
siens prétendent que l'occupation de la Saxe par leurs troupes
sera, non pas provisoire, mais définitive.
705. Vienne, 7 novembre 1814 (F. 3. 4064 ad 3565).
Rapport à HAGER
La note apportée par Noailles (3) et relative à la Saxe
semble avoir produit de l'effet et avoir causé ainsi la remise
fde l'exécution des mesures projetées.
1. Kozlowski ! Pierre-Borissovitch, prince) (1783-1840), Ministre de Russie à
^Turin.
2. Cf. d'Angeberg, 381. Metternich à Hardenberg. Note du 2 novembre 1814
, relative à la frontière de la Vistule.
3. Dépêche 11 bis. Les Plénipotentiaires du roi au Département. Vienne,
[« novembre. « Les instructions supplémentaires du roi apportées par M. de
iNoailles avaient mis les plénipotentiaires dans la possibilité de faire des
^insinuations sur la part active que la France prendrait pour arrêter un équi-
: libre réel et durable et pour empêcher que la Russie ne s'empare du Grand-
Duché de Varsovie et la Prusse de la Saxe. »
488 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
706. Vienne, 7 novembre 1814 (F. 3. 4064 ad 3565).
Nota à H AGER (en français).
Les questions de Saxe, de Pologne, de Belgique et des Légations toujours
en suspens. Le mémoire de la France sur le sort de la Saxe.
Il y a encore eu des disputes au Congrès sur le sort de la
Saxe, de la Pologne, et de la Belgique, et rien n'est décidé, pas
plus quant aux Légations qu'au sujet du prince Eugène.
11 paraît certain que la France a présenté au Congrès une
note (1) très raisonnée sur la Saxe et l'équilibre politique, qu'à
présent on s'occupe de réformer et de modifier en ce qui avait
été préparé d'après les mesures précédemment adoptées.
707. Paris, 27 octobre 1814 (F. 3. 4064 ad 3565).
FAGEL à SPAE?> {iiiiercepUi) (en français).
Wellington et l'extension à donner aux Etats du Prince d'Orange.
Attribution du Luxembourg à la Prusse. Liège et le duché de Nassau.
Je crois bien faire d'envoyer à Votre Excellence la copie de
la lettre que j'expédie à la Haye.
« Messieurs, m'étant rendu, suivant vos ordres, chez le duc
de Wellington, voici à peu près le résultat de l'entretien qu'il
m'a accordé.
« Wellington écrira à lord Castlereagh (2) pour insister sur
la nécessité de donner aux nouveaux Etats du prince d'Orange
une frontière qui, ne raccourcissant pas la ligne de défense
contre la France, n'en étende pas trop le front. Sous ce rap-
port, le Luxembourg ne conviendrait pas, puisque, comme le
dit Wellington, les Etats du Prince deviendraient toute fron-
tière. La forteresse de Luxembourg, devant être attribuée aune
puissance militaire autre que la France, doit pour cette raison
être donnée à la Prusse.
1. Cf. d'Angeberg, 376-378. Mémoire raisonné sur le sort delà Saxe. Vienn;;,
2 novembre 1314.
2. Cf. Letters and Despatches of lord Castlereagh, t, X, 176-178. The Duke
of Wellington to lord Castlereagh. Paris, October 27-1814.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 489
« Wellington désapprouve la cession de ce duché à la Bavière
hostile à l'Angleterre. Il trouve qu'il y a pour le prince d'O-
range avantage à ce que le duché soit à la Prusse qui appuye-
rait ainsi la gauche des Etats de ce prince. »
Wellington ayant fait encore remarquer qu'on a omis de re-
parler du projet de Hardenberg, l'échange du pays de Liège
contre le- Nassau, Fagel lui a fait observer que cela venait de
ce que le prince d'Orange, tenant par-dessus tout à ses Etats
héréditaires, s'opposera de toutes ses forces à un pareil
échange.
708. Paris, 21, rue de l'Université, 31 octobre 1814 (F. 3. 4064 ad 3565).
Anonyme à SPAEN (à Vienne) (analyse).
Même sujet que la pièce précédente. L'auteur de la lettre ne partage pas
l'avis de Wellington sur Luxembourg. Le pacte de famille et Murât.
L'auteur de cette lettre est curieux de connaître l'effet pro-
duit par la lettre de Wellington à lord Gastlereagh (1). Il ne
partage pas du reste les idées de Wellington sur la place et le
duché de Luxembourg.
Il ajoute en Post scriphim :
« Quelques personnes prétendent que la Cour de France veut
faire une union étroite entre les différentes branches des Bour-
bons. Si cela se fait, cela pourait devenir dangereux pour
Murât. »
709. Stuttgart, 1" novembre 1814 (F. 3. 4064 ad 3565).
KÙSTER (2) au roi de PRUSSE (intercepta) (en français).
Projet d'une nouvelle constitution de la Confédération germanique. La Confé-
rence du 19 octobre et les observations du roi de Wurtemberg. Ses vues et
ses projets. Il désire voir régner la discorde au Congrès. Ses idées sur le
Hanovre. La constitution wurtembergeoise.
Le roi de Wurtemberg a dernièrement communiqué à ses
Ministres ici le plan de la nouvelle constitution de la Confédé-
1. Voir note précédente.
2. Ministre de Prusse à Stuttgart.
490 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
ration Germanique, tel qu*il doit avoir été concerté à Vienne
entre les Minisires de l'Autriche, de la Prusse et de l'Angle-
terre-Hanovre, dans la conférence du 19 octobre (1).
Les remarques, écrites de la main du Roi pour accompagner
cette communication, ont fait voir que Sa Majesté Wurtem-
bergeoise n'est rien moins que satisfaite de ce plan, d'abord
parce qu'il a été fait par les puissances sans le concours de la
Bavière et du Wurtemberg et de manière à ne laisser à ces
deux Corps que le rôle secondaire d'y accéder, mais ensuite
parce qu'au dire de Sa Majesté il n'épuise pas la matière et que
ses idées principales ne s'accordent pas entièrement avec les
vues de Stuttgart.
Les négociations de cette Cour auprès du Congrès se diri-
gèrent constamment vers le double but, et de conserver pour
l'administration intérieure la souveraineté la plus illimitée pos-
sible, et d'étendre pour l'extérieur aussi loin que possible son
influence dans les affaires générales de l'Allemagne.
C'est pour cela que le roi de Wurtemberg avait d'abord ap-
puyé l'idée d'un sénat de Rois à établir dans la Confédération
Germanique et à composer de l'Autriche, Prusse, Bavière,
Wurtemberg, Hanovre même, avec une double voix pour cha-
cune des deux premières puissances afin de décider en dernier
ressort, sans le concours des autres Etats allemands, non seu-
lement les affaires militaires, mais toutes les affaires générales
et majeures de l'Alllemagne entière.
Il paraît même que le Roi avait ajouté, il y a quelque temps,
l'idée de partager le Corps Germanique dans le Nord et le Sud,
parce qu'alors les intérêts de l'Autriche et de la Prusse auraient
été divisés ; que l'activité du Sud pour balancer le Nord se-
rait devenue plus importante, et que le Wurtemberg aurait eu
plus de poids dans les affaires séparées du Sud.
Il est certain que dans le principe, le roi a pris dans ce sens
quelques ouvertures vagues du prince de Metternich et donné
en conséquence des Mémoires détaillés en régalant de ceux-ci,
sinon le Congrès même, du moins ses ministres ici, auxquels
en général il écrit maintenant beaucoup sur les négociations de
Vienne, sous le sceau du plus grand secret, et quelquefois
même avec ordre de brûler ses dépêches après lecture.
1. D'Angeberg. 310-315. 20 octobre 1814. Déclaration du roi de Wurtem-
berg au comité des affaires d'Allemagne de ce jour sur les douze points pré-
sentés comme bases de la constitution allemande.
l'ouverture du congrès, — LA SAXE ET LA POLOGNE 491
Je ne saurais passer ici sous silence que dans le même es-
prit, le Roi, écrivant à ses Ministres d'ici, s'attache souvent à
relever tout ce qui pourrait marquer quelques discussions entre
les Grandes Puissances. Il l'a fait nommément lors de la pro-
rogation du Congrès au 1" novembre qu'il attribuait d'abord
à des discussions avec la Russie au sujet de la Pologne, et il
ne demanderait peut-être pas mieux que de voir en général
régner la discorde là où maintenant la plus belle harmonie réu-
nit les souverains alliés pour le salut de l'Europe.
Quant à la nouvelle dignité royale de Télectorat de Hanovre,
le roi de Wurtemberg l'avait tout de suite annoncée par un
billet de quatre lignes à la reine comme un événement fort
agréable pour eux deux. Personne n'a pu douter de ceci, vu
que par la nomination d'un nouveau roi, dont les Etats alle-
mands se trouvent de plus être inférieurs à ceux du roi de
Wurtemberg, celui-ci pourrait se flatter de n'avoir plus à jouer
le dernier rôle parmi les têtes couronnées. Mais on a parlé
dernièrement à la cour de discussions entre les ministres du
nouveau royaume de Hanovre et ceux de Wurtemberg sur le
rang des deux rois, discussions qui ont dû afîecter le roi à tel
point qu'il en a été quelque temps malade, mais qui s'aplani-
ront à la satisfaction générale, comme on l'espère ici.
Un autre sujet de mécontentement lui vient des justes soins
que prend le Congrès à donner aux Etats allemands une bonne
Constitution intérieure. Le roi, soit sur une sommation quel-
conque faite de la part des souverains alliés, soit pour avoir
l'air de les avoir prévenus à légard de son propre royaume,
a déjà enjoint il y a quelques semaines, à son ministre d'Etat,
Mandelslohe de faire dresser un plan de Constitution Wur-
tembergeoise, et ce ministre en a chargé le conseiller de jus-
tice Georgi, homme très versé dans les affaires de ce pays et
qui était autrefois au service des Etats de Wurtemberg. Cette
constitution doit comprendre deux Chambres, la première
composée des nobles, la deuxième, des représentants des villes
et des propriétaires de biens ruraux et leur assigner une part
décisive à la législation et aux impositions publiques.
710. Vienne 6 novembre 1814 (F. 3. 4601 ad 3555).
HAGER à L'ExMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 9 novembre.
492 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Vienne, 8 novembre 1814.
Rapport à L'EIMPEREUR
Envoi de chiffons provenant de chez Talleyrand et Dalberg,
ramassés chez ce dernier pendant qu'il était au Théâtre.
Dalberg avait eu, le 6, un entretien secret avec Reinhard(l),
1
711. Vienne, 8 novembre 1814 (F. 3. 4604 ad 3565). *
Rapport à HAGER
Ilumboldt remplace Hardenberg à la conférence du 7. Lettre de Hardenberg
à Nesselrode interceptée par l'agent.
Hardenberg a confié le 7 son portefeuille à Humboldt, qui
le remplaça à la conférence chez Metternich à laquelle assis-
tèrent Munster, le comte Hardenberg, Wrede,Wintzingerode,
Wessenberg et Martens. Humboldt est rentré à quatre heures,
et Hardenberg envoya aussitôt à Nesselrode une lettre (que
l'agent a pu envoyer en communication).
712. Vienne, 8 novembre 1814 (F. 3. 4313 ad 3565).
{I nier cep la).
Nesselrode a reçu le 8 une longue lettre de Hardenberg
qu'on a réussi à intercepter.
Interceptés 56 lettres et paquets adressés à Castlereagh.
713. Vienne, 8 novembre 1913 (F. 3. 4604 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français) (analyse).
Le duc de Weimar continue d'exposer au prince de Ligne
son «désir de jouir tranquillement de ses petits Etats. Il dément
1. Jean de Reinhard, bourguemestre de Zurich, l'un des trois délégués de l«r
Diète helvétique au Congrès.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 493
tous les projets qu*on lui prête et déclare qu'il ne veut se mê-
ler de rien.
Il prétend même que jamais l'avidité de l'Empereur de Rus-
sie ne s'est mieux dévoilée qu'à présent et considère Oit comme
l'un des plus dangereux parmi ceux qui inspirent des idées à
Alexandre.
714. Vienne, 8 novembre 1814 (F. 3. 4312 ad 3565).
00 à HAGER (en français).
Ceque lesViennoispensentd'Alexandre,des rois de Prusse et de Danemark.
La conduite d'Alexandre en Hongrie.
Alexandre n'a pas su se rendre aussi sympathique qu'il l'au-
rait pu et dû. On constate en général qu'il était plus populaire,
plus apprécié avant qu'on ait pu le connaître. On lui reproche
de n'avoir aucun intérêt pour les choses de TArt. On est en-
core à attendre de lui un trait témoignant de sa part quelque
originalité ou quelque mouvement spontané. Les dames, qui
exercent une action si considérable sur l'opinion, ne lui sont
en général pas favorables. Elles se l'étaient figuré tout autre
qu'il ne leur est apparu. Elles s'attendaient à voir un Apol-
lon et à n'avoir qu'à admirer sa conduite et ses manières. Elles
ont été profondément déçues.
Le roi de Prusse est peut-être personnellement préféré à
Alexandre, mais il porte le poids des faussetés et des préten-
tions de son gouvernement et de son entourage qui affecte de
professer un certain mépris à l'adresse des Autrichiens.
Le roi de Danemark est le seul qui ait beaucoup gagné dans
l'opinion. On le plaint et on s'intéresse vivement à lui.
Lors de la présentation qu'on fit à Alexandre de la noblesse
hongroise, il afficha le plus parfait dédain, daigna à peine leur
parler et adressa tout au plus quelques mots à de jeunes offi-
ciers. Au bal donné par la comtesse Sandor, il n'échangea pas
un mot avec elle, il n'y resta que quelques minutes pour se
rendre à la Redoute où il passa le reste de la nuit à danser
avec la fille d'un apothicaire. Il a mis le comble à tout cela en
laissant libre cours à sa colère lors de la visite qu'il fit au
494 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
tombeau de sa sœur à Urœm? (1 ), parce que la liturgie n'était pas
la même que celle qu'il avait l'habitude d'entendre à Saint-
Pétersbourg.
715. Vienne, 8 novembre 1814 (F. 3. 4312 ad 3565).
à HAGER (en français).
Le 7 au soir, Czartoryski, en rentrant du théâtre an der'
Vrfe;z, reçut un paquet du Grand-duc Constantin. Après Tavoir
lu, il fit atteler, se rendit chez Capo d'Istria, qu'il fit réveiller,
resta une heure avec lui, et de là alla chez lord Stewart, chez
lequel il resta jusqu'à 3 heures du matin.
716. Vienne, 8 novembre 1814 (F. 3. 4657 ad 3565).
Rapport à HAGER
Analyse d'une conversation que l'agent a eue le 8
avec le lieutenant colonel prussien Von R... (2) attaché à Stein.
Très violent et très dur pour le Congrès, le colonel croit que
si cet état de choses ne change pas à bref délai, on va au-devant
d'événements d'une extrême gravité.
Le colonel affirme qu'avant de partir pour Varsovie le grand-
duc Constantin a eu, la veille encore, de longues conférences
avec La Harpe et Gzartorysky. 11 n'a pas fait mystère du mé-
contentement et du dépit de Stein.
717. Stuttgart, 6 novembre 1814 (F. 4.4464 ad 3565). jf
La REINE de WURTEMBERG au ROI (à Vienne) {Intercepta)
(en français.)
Le divorce et le nouveau mariage de Marie-Louise. Le Roi de Prusse. La %
Grande-duchesse Catherine. Les espérances et les visées de Bade. Avidité
de la Bavière et de la Prusse. Mécontentement du grand-duc de Hesse.
1. La grande-duchesse Alexandra Pawlovvna, morte en 1801, et qui avait
épousé l'archiduc Palatin.
2. Au lieu du lieutenant-colonel von Riihl indiqué par l'agent il s'agit pro-l
bablement du lieutenant-colonel von Thiele.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 495
On assure qu'avant peu il y aura des changements inatten-
dus, que l'Impératrice Marie-Louise sera séparée et remariée.
Mais à qui ? C'est le secret de la comédie.
Toute l'Europe veut donner une épouse au roi de Prusse.
Mais il ressemble à la Grande-duchesse Catherine, à qui on ne
manque pas de donner tous les jours un mari.
A Carlsruhe, on se flatte d'obLenir Fulde au lieu du Pala-
tinat qu'on s'imagine devoir vous retomber. Enfin cela fait hon-
neur au secret des cabinets que rien ne soit connu des négo-
ciations qui ont lieu à Vienne.
Après la Prusse, personne n'est plus avide que la Bavière,
et cela m'amuse à lire les louanges qu'elle se donne à tout
moment touchant la sagesse de son gouvernement. Je crois
que ses sujets ne sont pas du même avis.
Je ne vois pas avec autant d'indifférence son avidité et sous
mille vœux, mon cher ami, je souhaite aussi que vous soyez
à même d'y mettre des bornes.
Le Grand duc ou Electeur de Hesse ne doit pas avoir été
fort enchanté de son séjour à Vienne.
718. Vienne, 10 novembre 1814 (F. 3. 4312 ad 3565).
HAGhlR à L'EMPEREUR
Bordereau et Rapport journalier du 10 novembre
Le grand-Duc de Bade et Joséphine Morel que Hager
a dû renoncer à faire partir.
Il lui fournit des indications sur Joséphine Morel, la maî-
resse du grand-duc de Bade, née en Hongrie, élevée en France
(t revenue à Vienne où elle a eu une liaison avec le comte G...
Elle n'a par tardé à faire la connaissance du grand-duc de
ide et peu de temps après elle a fait venir son mari.
Hager a voulu la faire partir. Il a dû renoncer à ce projet
levant l'intervention indirecte du grand-duc, qui lui a envoyé
cet effet le prince Trauttmansdorfî.
496 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
719. Vienne, 9 octobre 1814 (F. 3. 4312 ad 3565).
Rapport à HAGER
Le prince Eugène a dîné le 7 chez Marie-Louise, et le 8, il
a fait une longue visite à Séraphine Lambert.
720. Vienne, 9 novembre 1814 (F. 3. 4312 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
Appréciations de Labrador sur le Congrès. L'Europe ne fera que changer
de maître, Alexandre au lieu de Napoléon/Nécessité d'une nouvelle crise.
Labrador prétend que les autres monarques n'ont pas d'aussi
nobles pensées que son roi ; ils n'ont pour but que leur agran-
dissement et non le bien-être général.
L'Europe n'aura gagné dans cette terrible lutte que de chan-
ger de maître. Au lieu de Napoléon, elle aura Alexandre.
Labrador croit à la dissolution du Congrès et que ce sera
seulement une nouvelle crise qui pourra faire renaître en]Eu-
rope un nouvel ordre de choses, une ère de justice, de calme
et de paix.
721. Vienne, 9 novembre (F. 3. 4641 ad 3565).
Rapport à HAGER
Le roi de Prusse personnellement aurait consenti au réta-
blissement et au maintien de la Saxe, mais Hardenberg et
surtout Humboldt s'opposent de toutes leurs forces à cette
concession et insistent sur l'annexion de ce royaume.
722. Vienne, 9 novembre 1814 (F. 3. 4312 ad 3565).
©©à HAGER (en français).
L'Empereur d'Autriche, le Prince Antoine et la Saxe. Les notes de Castle-
reaghet de Noailles. Bruit de départ de la duchesse de Sagan. Les salons]
Stadion et Pergen. Convention secrète entre la Pritsse et la Russie. Alexan-
dre et l'enterrement du Congrès Les médiatisés, lord Stewart et le prince]
Eugène. Alexandre et le Prince Jean de Liechtenstein.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 497
Après avoir signalé les menées de la famille Zichy contre
Metternich, il lui mande que ;
L'Empereur d'Autriche a dit ces jours-ci au prince Antoine
de Saxe : « Les affaires de Saxe vont mieux. Le roi se tire
d'affaire en cédant la Lusace et Wittenberg à la Prusse. »
Gastlereag'h et Noailles ont remis des Mémoires en faveur
de la Saxe (1).
La Sagan partira, dit-on, de Vienne le 29 et irait dans ses
terres de Bohème.
Tous les soirs, aux thés de la comtesse Stadion, femme du
Ministre, tous les Schônborn, tous les Stadion, Isenburg, Er-
bach, Solms, Linden, Lœwenstein, tous les princes médiati-
sés, le général Steigentesch.
La Prusse proteste contre les pouvoirs donnés par la Saxe
à Schulenburg qui doit représenter son roi à Vienne. Elle a
signé une convention secrète avec la Russie (2).
On dit aussi qu'Alexandre laissera à Vienne Nesselrode et
Anstett pour enterrer le Congrès.
Montgelas doit arriver aujourd'hui, dit-on. Le Congrès ne
marche pas.
Les Médiatisés ont l'air de devenir un peu plus raisonna-
bles. Quelques-uns d'entre eux reconnaissent déjà qu'il est
ipresque impossible de revenir à l'ancienne Constitution de
ll'Empire, et par conséquent de leur rendre leur ancien statut.
On continue de raconter les histoires les plus incroyables
le compte de lord Stew^art.Se trouvant avec le Vice-Roi,
lui dit : « J'ai bien du plaisir à faire votre connaissance per-
melle après avoir été vis-à-vis de vous et vous avoir battu
Espagne. »
[Le Vice-Roi lui répondit : « Peut-être avez-vous combattu
Espagne ? Mais moi, Beauharnais, je n'ai jamais été en Es-
jne. Mais je me flatte peut-être, et je crois que, si j'avais
l'honneur d'être vis-à-vis de vous, Mylord, j'aurais eu
mneur de vous battre. »
Cf. d'Angeberg. Mémoire raisonné sur le sort de la Saxe et de son sou-
lin présenté au point de vue français. Vienne, 4 novembre, 376-379 et lettre
îrdCastlereagh à l'Empereur Alexandre avec mémorandum annexé. Vienne,
svembre 393-401.
2, Il s'agit probablement de la convention du 28 septembre 1814 (Cf. Mxn-
W. Recueil des traités conclus par la, Russie, t. VII, 158 et suivantes. Cf.
ue 729, allusion à une convention passée à Paris entre la Prusse et la Rus-
T. I. 32
498 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
On se moque également beaucoup de lord et de ladj Castle-
reagh qu'on voit partout dans les rues, dans les boutiques se
promener en se donnant le bras, qui entrent dans tous les
magasins, se font montrer tout ce que contient l'établissement,
puis s'en vont sans jamais rien acheter.
On s'est également fort amusé aux dépens de lady Castle-
reagh qui s'est taillée un certain succès en paraissant au bal
masqué d'hier chez Metternich avec le ruban de l'Ordre de la '
Jarretière dans sa coifïure. I
L'Empereur Alexandre traite si particulièrement mal le]
prince Jean de Liechtenstein, auquel il ne pardonne pas le rôle'
qu'il joua, lors de la signature des traités de 1805 et de 1809,
que le prince n'osa pas donner suite à son projet d'offrir une
fête à l'Empereur.
723. Vienne, 9 novembre 1814 (F. 3. 4311 ad 3565).
GŒHAUSEN à HAGER
L'inconduite des Russes logis à la Burg. Les grossièretés et les brutalités
du Grand-Duc Constantin.
L'agent D... rend compte que les Russes logés à la Burg
ne se contentent pas d'y être fort malpropres, mais s'y con-
duisent fort mal et y reçoivent constamment des filles.
Les cours de Russie et d'Angleterre ont, paraît-il, offert il
l'Empereur de l'indemniser de ses énormes dépenses, mai;|
l'Empereur a décliné cette offre.
On est de plus en plus mécontent de l'attitude du Grandi
duc Constantin. On raconte que tout dernièrement, chez l[
comte Stackelberg, il aurait pris pour plastron un coratl
Esierhazy et se serait si fort moqué de lui à cause de la perj
ruque que le comte persiste à porter, que celui-ci ne
s'empêcher de dire tout haut, qu'il était bien triste de devoij
constater combien on avait négligé l'éducation du Grand-du(|
Tout dernièrement aussi, comme il se promenait à cheval
par un fort mauvais temps dans le parc de Schœnbrunn,
répondit par des jurons et des grossièretés aux observatioij
des gardes et des jardiniers qui le priaient de ménager M
allées.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 499
V24. Vienne, 9 novembre 1814 (F. 3. 4312 ad 3565).
HEGARDT à ENGESTROEM {Inlercepta){en français).
Difficultés croissantes des questions de Saxe et de Pologne. La représentation
des petits princes allemands au Congrès. Les fêtes et les bals. Le dey
d'Alger et Napoléon.
Nous sommes toujours dans l'attente d'apprendre la déci-
sion de cette importante question de la Pologne et de la Saxe,
qui forme le principal obstacle à l'ouverture du Congrès et
qui semble devenir plus épineuse et plus difficile à résoudre,
à mesure qu'elle est plus discutée et considérée sous plusieurs
points de vue.
Le bureau de vérification a reçu un grand nombre de pleins
pouvoirs dont la validité va être examinée. Le duc de Campo
Chiaro et le prince Gariati en ont présenté comme plénipo-
tentiaires de Naples. Les petits princes et les dynasties de
TAllemagne, se cotisant par douzaine et vingtaine, ont aussi
envoyé leurs fondés de pouvoirs au Congrès.
11 y a des gens qui se sont formé une idée du Congrès,
comme s'il était un tribunal devant lequel toutes sortes de
prétentions et de réclamations puissent être portées. En at-
tendant le dénouement de tant de discussions très sérieuses,
les fêtes et les divertissements se succèdent sans interruption
tous les jours.
Le Consul d'Autriche à Civita Vecchia a annoncé, dit-on,
que le Dey d'Alger ne reconnaît pas le pavillon de l'île d^lbe
et a même ordonné à ses corsaires de se saisir de la personne
de Napoléon, s'il y avait moyen, et de l'amener à Alger.
725. Vienne, 9 novembre 1814 (F. 3. 4312 ad 3565).
LŒWENHIELM à ENGESTRŒM [Intercepta) (en français)
(analyse).
La réunion de la Norvège à la Suède. Gravité de la situation à cause
des questions de Saxe et de Pologne.
Il lui annonce que Nesselrode et Castlereagh lui ont fait
part, le 8 au soir, de la réunion détinitivement elîectuée de la
Suède et de la Norvège.
500 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
«.... Les affaires éprouvent encore une grande stagnation
motivée par l'extrême difficulté d'allier les vues de la Russie
sur la Pologne avec la sécurité de F Aile magne, de la Prusse
et de TAutriclie.
« Cette dernière surtout se plaint de la frontière militaire
qui serait le résultat des cessions à faire à la Russie. »
726. Vienne, 9 novembre 1814 (F. 3. 4313 ad 3565).
Comtesse de REGHBERG au Comte de GŒIRTZ (Intercepta)
(en français).
La Russie finira par céder sur la question de Saxe. La note de Castlereagh
du 4 novembre à l'Empereur Alexandre. L'attitude de la France. Tension
des rapports entre Alexandre et Metternich.
Oui, mon adoré Père, il n'est plus douteux que vous ne
puissiez quitter bientôt vos habits de deuil. Tous ceux qui
l'avaient adopté ont des figures rayonnantes de joie et d'es-
pérance. On croit généralement que lEmpereur Alexandre
finira par céder et on prétend qu'il y a des arrangements pris
entre l'Autriche et la Prusse en faveur de la Saxe.
Lord Castlereagh a remis une note très forte à l'Empe-
reur Alexandre relativement à la Pologne (1). La France s'ex-
prime avec l'énergie des temps de Napoléon. On tient ferme
ici. Trois fois, l'Empereur Alexandre a fait demander au prince
de Metternich de se rendre chez lui, et trois fois, il a fait
répondre que cet entretien ne pourrait apporter des change-
ments à ce qu'il avait eu l'honneur de lui exprimer antérieu-
rement ; qu'il avait remis à son Conseil tous les différends de
la Pologne et que sans être traître à la Patrie, il ne pourrait
céder sur aucun point (1).
727. Vienne, 11 novembre 1814 (F. 3. 4645 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 11 novembre.
Envoi de divers intercepta parmi lesquels à signaler :
1. Conférence du 28 octobre à laquelle prirent part StadionfDukajSchwar-
zenberg, Metternich et Wessenberg.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 501
Kisseleff à Zakrzewitzki (en russe). (Lettre particulière).
Stewart à Castlereagh (8 nov.). (Envoi d'un mémoire mili-
taire de Knesebeck.)
Sontheim au baron Triebenfeld (9 nov. ) (A propos des dettes du
duc Louis de Wurtemberg (1) que le roi n'entend pas payer).
H... à Lamb (Naples, 15 août). (Demande à servir dans la
marine autrichienne.)
Gaertner à Munster (9 novembre). (Mémoires: 1" du duc de
Groy relatif au comté de Dulmen ; 2* du comte de Solms Wil-
denfels relatif au fief de Wildenfels. Plus un paquet de jour-
naux et une lettre privée au conseiller Feuerbach).
Anonyme à Ruffo, (contenant une lettre privée de Lucchesi (2)
(de Palerme) à son frère à Vienne sur le service funèbre pour
le repos de Tâme de la reine Marie-Caroline).
728. Vienne, 10 novembre 1814 (F. 3. 4641 ad 3565).
GOËHAUSEN à HAGER
Objet de la Mission de Malczewski à Vienne.
Le major Malczewski, aide de camp de Murât, n'a pas caché
à l'agent Auguste von Wolfersdorf qu'il était venu à Vienne
par ordre de Murât afin de savoir de la bouche de Metternich
de Schwarzenberg ce que l'Autriche comptait faire à son
ard et alin de leur faire connaître ses intentions absolument
mnêtes et loyales.
(Malczewski est arrivé à Vienne le 30 octobre.)
11. Wurtemberg (Louis, duc de) ffère du duc Eugène et de l'Impératrice
Birie Fedorowna, neveu de la landgrave de Hesse-Gassel, née princesse de
àndebourg-Schwedt, sœui* de la princesse de Montbéliard, marié en 1784
BC la princesse Marianne Gzartoryska, sœur du prince Adam, divorcé en
|2 et remarié plus tard avec une duchesse de Nassau-Weilburg. Il avait
de son premier mariage un fils, le prince Adam de Wurtemberg, mort
itenant général au service de Russie (Barohnb d'Oberkirch. Mémoires. I.
• et note 142).
.Lucchesi (duc) fut à plusieurs reprises ministre de Ferdinand IV. Il mou-
à Palerme peu de temps avant le départ du roi pour Naples.
502 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
729. Vienne, 10 novembre 1814 (F. 3. 4657 ad 3565).
e 0 à HAGER
Pourquoi Montgelas ne vient pas à Vienne. L'attitude des différentes puis-
sances dans les questions de Saxe et de Pologne. Rôle attribué à Schwar-
zenberg et à Stadion.
Montgelas, qui est en très mauvais termes avec le prince
royal de Bavière, ne' viendra pas à Vienne.
L'Angleterre, l'Autriche et la France refusent de recon-
naître la convention secrète passée entre la Prusse et la Russie
à Paris, par rapport à la Saxe et à la Pologne et qui a été
suivie d'une alliance offensive et défensive. Elles ne s'occupe-
ront de quoi que ce soit avant le règlement définitif des affaires
de Saxe et de Pologne.
On prétend que l'Empereur d'Autriche se sert de Schwar-
zenberg et de Stadion, tous deux très en grâce auprès d'A-
lexandre, pour arranger les affaires de Pologne et de Saxe.
730. Vienne, 10 octobre 1814 (F. 3. 4641 ad 3565).
à HAGER
Pourquoi on n'a rien ramassé la veille chez Dalberg.
Dalberg étant resté presque toute la journée avec Talleyrand,
il a été impossible de rien se procurer chez lui.
731. Vienne, 10 novembre (F. 3. 4641 ad 356ô).
FREDDI à HAGER (en français) (Rapport de chez le Noncell^
Opinion de La Harpe sur la Pologne. La Saxe et Metternich.
Le Roi de Prusse et la Saxe
La Harpe et Miranda étaient parmi les convives invités pai| |
le Ministre de Suisse Mûller au dîner qu'il donna avant-hier |: §
La Harpe, selon les assertions de Miranda (1), fît des obseri
1. Miranda (Chevalier de), Chargé d'affaires de Portugal à Vienne.
m
l'ouverture du congrès. LA SAXE ET LA POLOGNE 503
valions très judicieuses sur Tétat actuel des choses et sur le
besoin impérieux de réformer et de constituer sur d'autres
bases le système politique de l'Europe, et après avoir, avec
une saine logique appuyé ses raisonnements et avoir dit que
« la Politique a des yeux et point d'entrailles », il assura que
le sort de la Pologne et de la Saxe était irrévocablement fixé,
bon gré ou malgré les autres puissances du parti de l'oppo-
sition.
La Harpe jugea aussi la conduite et les talents de M. de
Metternich,qui selon lui, n'était pas en état de se mesurer avec
les Hardenberg, Talleyrand, Stein, etc.,*etc., et qu'il croyait,
attendu les bruits dont la ville était pleine, qu'il touchait à la
fin de son Ministère. « Les qualités brillantes du prince de
Metternich et ses dehors gracieux, son penchant à la plaisan-
terie le rendent plus propre à la place d'ambassadeur que de
premier Ministre. On l'enverra probablement à Paris où il a
des liaisons assez distinguées. C'est absurde en politique, et
c'est en outre dangereux pour la cause de l'Autriche, que
d'avoir un Ministre qui est méprisé par les nationaux et haï
par les étrangers. C'est une chose bien étonnante que d'en-
tendre l'opinion publique aussi prononcée contre le Ministre. »
M. de Mirande m'a répété mot pour mot cette conversation
de M. de La Harpe. Il m'a aussi parlé hier au soir d'avoir en-
tendu confusément dire qu'un courrier français venant de
Paris fut arrêté avant hier aux Lignes (1) pour cause de contre-
bande et conduit à la douane pour les inspections prescrites
par les lois, ce qui avait donné lieu à des plaintes de ?»L de
Talleyrand. Il m'a demandé des nouvelles sur cette affaire, sur
quoi je lui répondis que j'ignorais entièrement le fait.
Le comte Zicliy, ministre à Berlin, actuellement ici, ayant
été faire sa cour avant-hier au roi de Prusse, celui-ci lui dit
qu'avant le 15 décembre il ne pourrait pas partir, et il lui an-
nonça que dans le même temps il s'arrêterait en route à Dresde
pour régler les affaires de ses nouveaux Etats.
1. On appelait lignes les limites et barrières de l'octroi de Vienne qui
n'ont disparu, pour être reportées plus loin, que tout récemment, lors de
Textension donnée à la capitale.
504 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
732. Vienne, 10 novembre 1814 (F. 3. 4641 ad 3565).
H... à HAGER (en français).
Conséquences probables du Congrès. Probabilités de guerre. Agrandisse-
ments et échanges. Le Palatin et la Grande-duchesse Catherine. Les bruta-
lités et les originalités du Grand-duc Constantin.
Des spéculateurs ou des gens mal pensants répandent le
bruit que le Congrès durera fort longtemps à cause des dis-
sentiments entre les Plénipotentiaires et que la guerre avec
la France recommencçra au prinlemps.
D'autre part, on dit que l'Autriche s'agrandira en Italie, en
Autriche antérieure, en Pologne, en Silésie; que la Prusse
s'agrandira, mais moins qu'on ne le croit, et qu'une partie de
la Saxe sera attribuée à Weimar.
Le Danemark cédera le Seeland à l'Angleterre et recevra en
échange des territoires du côté du Hanovre.
A la Cour, on a remarqué que le Palatin de Hongrie re-
cherche la société de la duchesse d'Oldenburg, et que, lors de
son départ pour Varsovie le Grand-duc Constantin a fait at-
tendre les voitures jusqu'à une heure de l'après-midi. On lui
prête pas mal d'actes de brutalité et d'immoralité.
733. Gènes, 24 octobre 1814 (F. 3. 4641 ad 3565).
DALRYMPLE au Marquis BRIGNOLE
{Intercepta) (en français) (analyse).
Doléances sur le sort probable de Gènes.
Expédient qui pourrait la sauver momentanément.
Dalrymple (1) regrette que les négociations ne marchent
pas mieux. Il s'efforce d'adoucir le sort de Gênes qui, de toute
façon, n'aurait pas conservé longtemps son indépendance, me-
nacée et convoitée par la France et par le Piémont. Le seul
moyen de se sauver, pour le moment, serait de tenir à Gênes
une garnison anglaise jusqu'au règlement définitif des affaires
de l'Europe. L'Angleterre est intéressée en effet à veiller sur
le sort et le commerce de Gênes.
1. Dalrymple (sir John Hamilton Macgill, Huitième comte Stair) (1771-
1853), à ce moment brigadier et commandant les troupes anglaises en garni-
son à Gênes.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 505
734. Gènes, 1" novembre 1814 (F. 3. 4641 ad 3565).
DALRYMPLE au Marquis BRIGNOLE [lalercepta) (en français).
Il ne faut pas encore désespérer. The chapter of accidents y
comme on dit en anglais, pourra produire quelque chose.
735. Vienne, 12 novembre (F. 3. 4657 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 12 novembre.
736. Vienne, 11 novembre 1814 (F. 3. 4657 ad 3565).
Rapport à HAGER
Surveillance de Stein. Papiers interceptés chez lui et envoi
de chiffons ramassés chez Dalberg.
Stein a reçu, le 10 à dîner, deux lettres de Hardenberg et
un gros paquet destiné au Conseiller d'Etat prussien Stœge-
mann. Ces pièces ont été communiquées à qui de droit {am
gehœrigen Ort, c'est-à-dire « Le Cabinet Noir »).
On a trouvé le 10 dans le cabinet de Dalberg un certain
nombre de chiffons à peine déchirés et qu'il a été facile de
reconstituer.
737. Vienne, 11 novembre 1814 (F. 3. 4657 ad 3565).
Rapport à HAGER
Ordre de savoir ce qui s'est passé à Schœnbrunn entre Marie-Louise
et un officier français.
On prétend que Marie-Louise a reçu le 9 à Schœnbrunn un
officier français revenant de captivité nommé Areldi. Ordre a
été donné de se renseigner exactement sur ce point et de sur-
veiller cet individu.
506 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
738. Vienne, 11 novembre 18U (F. 3. 4657 ad 3')65).
Rapport à HAGER
Bruit de brouille entre le Grand-duc de Bade et la Morel,
le Grand-duc et la Comtesse Festetics.
Le bruit court que le grand-duc de Bade serait presque com-
plètement brouillé avec la Morel (dont le mari et les enfants
sont à Baden) à cause des infidélités qu'elle lui aurait faites
par trop ouvertement. En revanche, il est très assidu chez la
Comtesse Festetics.
739. Vienne, 12 novembre 1814 (F. 3. 4657 ad 3565).
GŒHAUSEN à IIAGER
Objet du voyage du Grand-Duc Constantin en Pologne. Agrandissements pro-
bables de l'Autriche et de la Prusse. La censure et une brochure sur la
Central Verwaltung.
On m'assure que le grand-duc Constantin, parti pour Var-
sovie par ordre de l'Empereur, serait chargé d'y former deux
nouveaux régiments de cavalerie.
On prétend que l'Autriche recevra au Congrès un accrois-
sement de plusieurs millions de sujets, qu'on lui donnera
Alexandrie en Piémont, et qu'au lieu de huit millions de sujets
la Prusse en aura désormais onze.
G. signale la publication d'une brochure sur la Central
Verwaltung .
On est curieux de voir ce qu'en dira la Censure. Il paraît
que la brochure est assez dure pour Stein.
740. Vienne, 9 novembre 1814 (F. 3. 4657 ad 3565).
SCIIMIDT à HAGER
Zerboni di Sposetti. Les questions de Saxe et de Pologne. Les conférences B
du 5 et du 6 entre le roi de Prusse et Hardenberg. La supprématie en Aile- t
magne. if
rf
Zerboni, d'après ce que me raconte l'agent H..., se tient sur ;t
la plus extrême réserve sur toutes les questions politiques et i t
l'ouverture; du congrès. — la saxe et la POLOGNE 507
affecte d'en savoir plus long et de les connaître mieux que tout
le monde. Tout ce que j'ai pu tirer de lui se borne à peu de
chose, puisque d'après lui, l'affaire de la Saxe est si peu réglée
que la Pru<;se maintient encore ses prétentions sur la Pologne.
Gomme ses collègues, il affirme que rien n'est encore décidé
et qu'il y a eu samedi et dimanche deux grandes conférences
à ce propos entre le roi de Prusse et Hardenberg.
Ce fait a été confirmé à l'agent H... par les Conseillers d'Etat
von Klewàtz et Staegemann. Du reste tous ces Messieurs
disent qu'en fin de compte il faudra qu'on se prononce sur la
question de la suprématie en Allemagne, suprématie qui ne
peut appartenir qu'aux Habsbourg ou aux Hohenzollern.Pour
le moment, la balance semble pencher en faveur des Habs-
bourg,
741. Vienne, 10 novembre 1814 (F. 3. 4657 ad 3565).
0 e à HAGER.
Les singuliers propos tenus par les Médiatisés.
Le sort probable de la Pologne.
Voici les singuliers propos qu'ont tenus chez la Comtesse
d'Orsay, veuve du Comte François Zichy, née Lodron, le
prince de H&henlohe-Bartenstein (1) et quelques princes Mé-
diatisés : « Ne va-t-on pas transférer en Suisse la Maison de
Wurtemberg et se servir du territoire Wurtembergeois pour
rendre aux Médiatisés en Souabe leur statimi pristinum {sic),
pour donner à la Bavière, à Bade, à la Hesse, au Nassau des
équivalents en échange de ce qu'ils auront à rétrocéder aux
1. Hohenlohe (Waldenburg-Bartenstein, Louis-Alexis-Joachim, prince de)
(1765-1829), quitta le service palatin pour faire les campagnes de 1792-1794 à
l'armée de Condé, passa ensuite d'abord auservicedela Hollande, puis en 1795
au service de l'Autriche et fit en qualité de colonel les campagnes de 1796 à
1799. Général-major en 1799, feld-maréchal lieutenant en 1806, il céda ses
possessions en novembre de cette même année à son fils aîné. Napoléon lui
fit à plusieurs reprises des offres de lui conserver ses Etats, qui furent an-
nexés au Wurtemberg, s'il consentait à entrer dans la Confédération du Rhin,
offres qu'il refusa. Après avoir fait avec les Autrichiens les campagnes de
1813 et 1814, il entra en 1815 au service de Louis XVIII en qualité de lieu-
tenant général pour prendre rang du 28 février 1806 d'inspecteur d'infanterie.
Hohenlohe, qui commanda une division à la campagne d'Espagne en 1823, reçut
en 1827 le bâton de maréchal à la mort de M. de Vioménil.
508 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Médiatisés ? C'est là le seul moyen de venir en aide et de
rendre justice aux Médiatisés. Si l'on ne s'y décide pas, il y
aura un soulèvement général en Souabe, en Franconie, sur le
Rhin. La France et la Belgique s'en mêleront et une nouvelle
guerre générale sortira de tout cela.
Si au contraire, on prête Toreille à ce que dit le libraire
Hurter, de Fribourg, qui vient d'arriver à Vienne, on entend
un tout autre son de cloche. D'après lui, la Souabe ne veut
à aucun prix pas plus du retour des Médiatisés que se voir
incorporée au Wurtemberg et à Bade, et désire être attribuée
à l'Autriche.
On affirmait ces jours-ci chez la vieille comtesse Lubomirska
que la Pologne, constituée en royaume, mais ayant une Cons-
titution propre, sera incorporée à la Russie. L'Empereur de
Russie deviendra roi de Pologne et il existera à l'avenir entre
la Russie et la Pologne un statut analogue à celui entre l'Au-
triche et la Hongrie.
742. Vienne, 13 novembre '814 (F. 3. 4663 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR
Bordereau et Rapport joui-nalier du 13 novembre {Intercepta).
Extrait du bordereau des pièces passées â" la manipulation.
Comte de Rechteren-Limpourg au Comte de Munster (Ei-
nersheim, 25 octobre); (brochures sur le comté établissant sa
parenté avec Munster).
Stein au Président de Régence von Burg (11 novembre).
(Mémoires sur la Constitution de la Confédération Germa-
nique).
743. Vienne, 12 novembre 1814 (F. 3. 4663 ad 3565 .
©©à HAGER
On assure que les affaires de Saxe et de Pologne vont s'ar-
ranger et que l'Empereur Alexandre est plus disposé à faire
des concessions.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 509
On espère qu'Alexandre ne tardera pas à partir et qu'alors
on commencera à travailler sérieusement.
744. Presbourg, 12 novembre 1814 (F. 3. 4663 ad 3565,'.
G. G. à HAGER (en français).
La question de Pologne et le Congrès. Alexandre et Metternich.
Inquiétude et mécontentement qui régnent en Hongrie.
Les nouvelles arrivées ici de Vienne affirment que le désac-
cord, qui règne au Congrès, vient de ce qu'Alexandre réclame
toute la Pologne dont le Grand-duc Constantin deviendrait le
Roi. Metternich lui ayant représenté que c'était chose impos-
sible, contraire aux traités signés à Paris et à l'équilibre euro-
péen, Alexandre répondit qu'il insisterait sur ce point, qu'il
ne connaissait pas d'autre équilibre que celui-là (en frappant
sur son épée (1).
On est très inquiet ici où Ton croit savoir qu'ordre va être
donné aux Comitats de fournir au plus vite les conscrits encore
laissés dans leurs foyers. La hausse du change et le renchéris-
sement des vivres augmentent les craintes et le mécontentement
du peuple qui est furieux contre la Prusse et la Russie.
745. Vienne, 11 novembre 1814 (F. 3. 4663 ad 3565).
e 0 à HAGER
68 renseignements d'Elkam. Le Roide Bavière. Alexandre, Le prince Eugène..
Le banquier Elkam est certainement mieux informé que per-
mne au monde sur tout ce qui se passe chez le roi de Ba-
vière. Il sera bon de ne pas perdre de vue le conseiller bava-
)is von Ringel, arrivé depuis peu de jours, qui habite tout à
^té de son roi et qui est le véritable faiseur (sic) et le fac-
Hum de Montgelas.
On en raconte de toutes sortes sur le compte d'Alexandre qui
'assied bien rarement à son bureau, passe toutes ses matinées
ses journées à assister au exercices et aux manœuvres des
1. Cf. Pallain. Correspondance inédite de Talleyrand et de Louis XVIII.
Palleyrand au roi. Vienne, 31 octobre 1814. Dépèche N" 9. Pages 86-87.
510 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
troupes, à se promener à cheval ou en voiture, à aller à la
chasse, à faire des visites, et toutes ses soirées jusqu'après
minuit à danser. On a été très étonné de le voir aller à trois
reprises chez le prince Eugène qui aurait fait sa conquête grâce
aux louanges dont ill a comblé. Les Autrichiens et les étran-
gers disent à l'envi qu'Alexandre, qui s'était déjà rendu ridi-
cule à Paris où il avait laissé une assez mauvaise réputation,
se rend plus ridicule encore, presque méprisable même, à
Vienne où il laissera un détestable souvenir.
De ce qu'on n'a pas renouvelé hier les contrats de location
faits parla Cour, on veut en conclure que d'ici au 16 décembre
au plus tard, l'Empereur Alexandre nous aura quittés.
746. Vienne, 12 novembre 1814 (F. 3. 4643 ad 3565).
.... à HAGER
L'opinion d'Anstett. Alexandre. La Pologne. La {guerre et ses dangers pour
l'Autriche. Avantages pour l'Autriche d'une attitude expectante.
Anstett était encore aujourd'hui dans les mêmes dispositions
d'esprit que lors de notre dernier entretien. Il avait été souf-
frant pendant trois jours et affirmait que ce malaise n'avait
d'autre cause que la bile qu'il ne cesse de se faire. Comme je
faisais à ce propos allusion au bruit, qui courait depuis quelques
jours et d'après lequel on se serait mis d'accord sur la Polo-
gne, à l'exception toutefois de Cracovie et de quelques points
à céder à la Russie, il me dit :
« On ne s'est mis d'accord sur rien. On est encore plus loin
de s'entendre que jamais. Peu nous importe d'ailleurs que vous
et vos amis et complices, vous cédiez ou non. Nous sommes
décidés à garder ce qui est à nous, et tel est le cas pour la
Pologne. Nous l'avons et nous la garderons, y compris même
Cracovie et autres points, parce que sans cela, quelle valeur i
aurait-elle pour nous. Cela ne peut vous contrarier au point
de vue militaire, parce que vous êtes maîtres de l'autre rive de
la Vistule et nous sommes dans l'impossibilité de fortifier la
nôtre de façon à vous empêcher de bombarder et de détruire
quand bon vous semblera les ouvrages que nous y élèverions.» ?
Moi : « C'est donc pour prendre possession du pays que le i
grand-duc Constantin est parti d'ici en toute hâte? » '
l'ouverture du COxNGRÈS. LA SAXE ET LA POLOGNE 511
Lui : « Son départ a été motivé bien moins par cette prise
de possession que par d'autres considérations militaires. Son
départ est encore une de ces manifestations brusquées dont
nous sommes coutumiers et j'avais appelé l'attention de l'Em-
pereur sur le mauvais eiîet que cela ne manquerait pas de pro-
duire et sur les inquiétudes qui en seraient la conséquence.
D'autres hommes, qui poussent l'Empereur à faire des avances
aux Polonais, ont réussi à faire accepter leurs idées. Le temps
montrera à quoi ces avances auront servi. »
Moi : « Dans ces conditions, la guerre me semble à la fois
prochaine et inévitable. »
Lui: « Mais non ! Votre souverain a solennellement déclaré et
promis à mon Maître que tant qu'il vivrait il ne ferait jamais
la guerre à la Russie. Je ne saurais vous dire comment il s'y
prendra pour tenir sa parole dans quelques années. Mais pour
le moment, il fera bien de ne pas la violer. Vous avez laissé
passer le moment opportun. Votre Metternich aurait dû parler
haut et ferme à Paris. Il aurait pu alors faire prévaloir sa vo-
lonté, mais il lui aurait fallu à cette heure imposer silence à
l'insinuant Talleyrand.
« Actuellement, vous ne pouvez nous faire la guerre. Vos
armées ne sont pas concentrées et nous, nous avons cinq cent
mille hommes en première ligne à peu de distance de votre
frontière.
« Notre cavalerie est réunie et bien mieux montée que la
vôtre. Notre artillerie est deux fois plus nombreuse et autre-
ment bonne que la vôtre et nos soldats marchent mieux et plus
vite que les vôtres. La supériorité de vos généraux ne saurait
compenser toutes ces causes de faiblesse, toutes ces lacunes.
Ah 1 si vous aviez les mains libres en Italie, si vous pouviez
compter sur l'appoint et le concours de 200.000 Français, qui
après avoir traversé l'Allemagne pourraient dans une quinzaine
de jours être rendus sur notre frontière, si encore vous pou-
viez compter sur l'Allemagne ! Ce qui n'est pas le cas, puisque
V opinion y est encore en notre faveur et que nous avons la
^gesse de l'entretenir dans ces sentiments. Ah, alors ! vous
pourriez vous flatter d'obtenir quelque chose en nous mena-
çant de la guerre. Mais pour le moment vous avez trop de
points faibles. Nous vous aurons envahi, inondé de troupes,
écrasé avant que, sans faire entrer en ligne de compte vos
auxiliaires éventuels, vous ayez concentré votre armée. Au
512 AUTOUR DU CO>'GRÈS DE VIENNE
premier mot de guerre, c'ea est fait de votre Galicie. Les habi-;
tants n'auront rien de plus pressé que de saisir l'occasion au
vol. Nous entrerons aussi en Transylvanie, nous soulèverons
l'Italie où le feu couve encore sous la cendre et nous travaille-
rons en outre la Hongrie. »
Je lui rappelai à ce moment que dans un de nos derniers
entretiens, il m'avait affirmé qu'en cas de guerre la Russie ne
recourrait pas à ce moyen.
« Un homme comme mon Empereur, me dit-il, ne néglige
rien lorsqu'on rompt avec lui ou lorsqu'on veut s'opposer à lui.
Le cabinet sera modifié. Je n'en fais plus partie, car j'insiste
sur ma demande de mise à la retraite, et si l'on vient à la
rupture, on fera feu de tout bois. On n'abandonnera pas l'idée
qu'on a caressée depuis si longtemps de faire de la Hongrie un
royaume indépendant. Mon maître est d'avis que l'Autriche
devrait s'estimer heureuse si on offrait la couronne au Palatin.
Songez-y. C'est à tout cela que vous vous exposeriez dans ce
cas et de plus, je vous le répète, nous vous créerions de ter-
ribles difficultés en Italie.
« Aussi, en admettant que notre Empereur constitue et pro-
clame le royaume de Pologne, n'essayez pas de protester, cela
ne servirait à rien. Vous le savez, mon cher, bien des gens le
savent, et mon Empereur le sait mieux que personne, que je
me suis, dans son intérêt même, opposé de toutes mes forces
à ce projet. Maintenant je suis un homme mort, puisque je
persiste dans mes idées de retraite, et vous devez considérer
mes paroles comme des voix d'outre-tombe. L'Autriche, la
France, l'Allemagne ne veulent pas que la Pologne soit à la
Russie. Elle va donc l'acquérir dans des conditions des plus
défavorables. L'orgueil des Polonais, toujours avides de nou-
veautés, est flEîtté par cette combinaison ; mais ce que je puis
vous affirmer sur mon honneur, c'est que tous les Russes sont
hostiles à cette idée, et, comme je connais la situation à fond,
j'ai grand peur que la réalisation de ce programme ne coûte,
avant qu'il soit longtemps, la vie à l'Empereur.
« Il ne faudra pas beaucoup plus d'un an pour que les Polo-
nais mécontents ne recommencent à s'agiter. Si la guerre vient
à éclater maintenant à ce propos, la Russie tout entière, qui
me se rendra pas un compte exact du but réel, de la cause vé-
ritable de ce conflit, soutiendra de toutes ses forces son Empe-
reur, autour duquel elle se massera, tandis que vous, vous res-
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 513
terez seuls, ou à peu près seuls. Si au contraire vous manœu-
vrez de telle façon qu'aucun traité ne vienne consacrer la prise
de possession de la Pologne, si vous commencez petit à petit
une campagne tendant à faire croire aux Polonais que vous
voulez les arracher à la domination russe pour les rendre in-
dépendants, vous les aurez tous de votre côté, ou tout au moins
vous provoquerez des discussions si vives, que les Russes eux-
mêmes refuseront d'appuyer et de soutenir leur Empereur. »
Ces déclarations, et d'autres du même genre que la mau-
vaise humeur et le dépit arrachèrent à Anstett, me prouvèrent
qu'il était toujours aussi monté contre Nesselrode et les deux
autres plénipotentiaires russes. Je vous ai répété fidèlement
ce qu'il m'a dit et laisse à votre haute sagesse le soin de voir
si ces déclarations vous paraissent réellement dictées par une
juste appréciation des conjonctures actuelles, ou si au con-
traire Anstett a essayé d'abuser de ma confiance et de ma
crédulité et de se servir de moi pour répandre et vous sou-
mettre un tissu de fausses considérations.
747. Vienne, 12 novembre 1814 (F. 3. 4374 ad 3565;.
.... à HAGER (en français).
Pourquoi Anstett demande à rentrer en Russie. Son opposition aux vues
d'Alexandre sur la Pologne. La guerre lui semble inévitable parce qu'A-
lexandre ne cédera pas.
w Anstett, désolé de voir que l'Empereur Alexandre se refu-
Iftait à écouter ses conseils, lui a écrit pour lui demander la
permission de rentrer chez lui.
L'Empereur très contrarié a essayé de le faire renoncer à
[cette idée, et lui a fait toutes sortes d'avances ; mais Anstett
m'a pas encore cédé. Son amour-propre est froissé, et de plus
•y a une trop grande divergence de vues et d'opinions entre
îux, et Anstett ne peut guère aller jusqu'à admettre les prin-
îipes qu'on paraît avoir adoptés.
Anstelt n'en continuait pas moins jusqu'ici à faire une foule
travaux qu'Alexandre lui avait envoyés, mais il n'en est
ylvLS ainsi depuis cinq ou six jours.
; D'après ce qu'il m'a encore dit, Anstett continue à être
|)pposé à la reconstitution du royaume de Pologne. Il croit la
ï. I. ^ 33
514 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENiNE
chose impossible, parce qu'Alexandre devrait alors faire pour
la Pologne plus qu'il ne fait pour la Russie et favoriser les
Polonais, qui ont cependant combattu dans les rangs des Fran-
çais, au détriment des Russes qui ont versé leur sang pour lui.
Anstett semble croire du reste qu'Alexandre restera inébran-
lable sur la question de la Pologne et croit par conséquent à
la guerre entre les deux Empires.
748. Vienne, 12 novembre 1814 (F. 3. 4643 ad 3565).
e 0 à HAGER
Les sommes dépensées à Vienne par les souverains et les missions. Les
prouesses cynégétiques et l'impopularité du Roi de Wurtemberg. Les avan-
tages deFAvent.
Le banquer Elkam a dit hier à la soirée que le Conseiller
d'Etat Russe Ott donne tous les vendredis, que jusqu'à ce
jour, y compris les Anglais, les souverains et les hommes
d'Etat n'ont guère dépensé qu'un million de florins. L'Empereur
de Russie n'a pris jusqu'ici que 100.000 florins en papier et
6.000 ducats en or, les Bavarois, 60.000 florins papier. Quant
au roi de Wurtemberg, il a apporté du numéraire, et il paraît
qu'il spécule sur le change. Gomme le fait très justement re-
marquer Elkam, on ne s'aperçoit que bien peu à Vienne de
cet apport et de ce mouvement d'argent.
Les souverains étrangers, les secrétaires d'Etat et leurs
suites sont les hôtes de l'Empereur et entièrement défrayés
par lui. Les ambassades envoyées au Congrès, Talleyrand,
Hardenberg, Labrador, Castlereagh, Lœwenhielm n'ont pas^
de vrai train de maison et ne donnent pas de fêtes. A Paris,
le séjour des souverains, qui y vivaient à leur compte per-
sonnel, a rapporté à la ville 20 millions.
On a parlé de la chasse au sanglier d'avant-hier. Le roi de-
Wurtemberg à lui seul en a tué 32. « C'est, à dit à ce propos-
le baron Linden, à cette malheureuse passion pour la chasse-
que mon roi doit son impopularité. >
« Dieu merci », a-t-on encore dit ce soir-là, « nous voilà en
plein Avent. On ne dansera plus. L'Empereur de Russie devra ,
rester chez lui, et peut-être pourra-t-on enfin travailler un
peu ».
l'ouverture du COxNGRÈS. LA SAXE ET LA PULOG.NE 515
749. Bologne, 30 octobre 1814 (F. 3. 4663 ad 3565).
^•LISA BAGIOCGHI au Comte ALmNl{In(.ercepla) (on français).
Elle demande la restitution de sa fortune particulière, fait appel à
Alexandre et à Pozzo di Borgo et renonce au duché de Piornbino.
M. le comte Aldini, je reçois votre lettre du 21. Vous de-
vez sentir combien je désire que Ton me rende mes eiïets et
mes propriétés particulières avant Thiver. Je n'attends que
cette décision pour acheter une maison et m'établir définiti-
vement à Bologne.
Le prince a eu autrefois des relations d'amitié avec le comte
Pozzo di Borgo. Je joins ici une lettre pour lui. Dans le cas
où vous jugeriez qu'elle serait utile à la réussite de mes de-
mandes, remettez-la lui. Lorsque l'Empereur de Russie était
à Paris, il m'avait fait assurer qu'il s'intéressait à ce qu'on
me rétablît dans ma principauté de Lucques. Tous les droits
sont pour nous. Tâchez qu'il prenne ma défense. L'Empereur
Napoléon ne pouvait pas renoncer pour mon mari, pour qui il
n'a rien stipulé dans le traité de Fontainebleau. Quant à la
principauté de Piombino, je l'abandonne et vous autorise à le
dire au Congrès. Cette principauté m'ayant été donnée par un
sénatus-consulte de l'Empereur Napoléon, je me regarde
comme indemnisée par les 300.000 francs que m'accorde le
traité.
Faites valoir mes droits avec la chaleur dont vous êtes ca-
pable, et si vous ne parvenez pas à obtenir ce que je regarde
comme un droit, je n'en conserverai pas moins une éternelle
reconnaissance de tous vos soins et de la grâce que vous avez
mise à défendre ma cause dans un moment où la moindre pi-
tié pour ma famille peut être dangereuse.
>0. Bologne, 30 octobre 1814 (F. 3. 4663 ad 3565).
ÉLISA BAGIOCGHI à POZZO DI BORGO
(sous le couvert d' Aldini {Intercepta) (en français).
Droits du prince Félix sur Lucques. Elle fait appel à la protection
qu'Alexandre lui a promise.
Ayant appris que votre Excellence était arrivée à Vienne,
516 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
je charge M. le comte Aldini de lui remettre cette lettre. Il
a bien voulu se charger de défendre les droits du prince, mon
époux, à la principauté de Lucques. Ce pays s'est donné vo-
lontairement à lui, et pour sortir de l'anarchie, où il vivait
depuis si longtemps. Lucques a été pendant dix ans exemptée
de conscription. Elle n'a donné ni un seul homme, ni un sou
contre la Coalition. Lord Bentinck nous a chassés dans le mo-
ment où nous avions la plus grande confiance dans les Puis-
sances Alliées. Je me suis adressée, il y a six mois, à Sa Ma-
jesté l'Empereur de toutes les Russies.Tous les jours, j'entends
citer des traits de générosité, de grandeur d'âme de cet illustre
monarque. Je mets sous sa protection les droits du prince de
Lucques et de mon fils.
Je sais combien Votre Excellence est appréciée de l'Empe-
reur Alexandre. Elle peut, en plaidant ma cause et en intéres-
sant son souverain en ma faveur, rendre à la tranquillité et
au bonheur une personne qui sera toujours reconnaissante des
bienfaits qu'Elle aura répandus sur sa famille.
751 . Vienne, 12 novembre 1814 (F. 3. 4344 ad 3565).
Princesse BAGRATION au Comle LITTA (son beau-père)
(Analysée par Nota) {Intercepta).
Le Congrès. Les souverains. Leurs ministres. Résultats et conséquences
du Congrès pour Alexandre.
Lettre sans grand intérêt d'après Nota,« mais écrite, dit-il,
avec esprit et qui ferait honneur à qui que ce soit » et qu'il
résume en ces termes :
La princesse commence par dire que : «Le Congrès n'avance
pas ; que dans le temps que les souverains sont très bien en-
semble et samuseat, leurs ministres se disputent et mai-
grissent de chagrin. Ils ont l'air de ne pas s'entendre, parce
qu'ils ne se comprennent que trop. Chacun des coalisés veut
s'agrandir. Ils semblent s'être donné le mot de montrer du
caractère et de tenir ferme et ils n'en démordent pas. Cela ne
peut pas durer longtemps, car tous tirent de leur côté. »
La princesse ajoute que : « Si on prophétise, elle croit que
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 517
son Empereur finira par emporter la pièce, pour la raison qu'il
est le plus fort. Mais, ajoute-t-elle, Dieu veuille que ce soit pour
son bonheur et celui de ses sujets. Car Dieu sait quelles peu-
vent être pour nous-mêmes les conséquences de ce triomphe
auquel il tient si fort. »
752. Vienne, 12 novembre 1814 (F. 3. 4374 ad 3565 .
Duc de BRUNSWICK à la MARGRAVE de BADE [Intercepta)
(en français) (1).
Stagnation des affaires du Congrès. Les exigences de la Russie. Pologne, Saxe
et Murât. Les princes allemands, le projet de constitution et les résolutions
des Princes.
Les affaires du Congrès n'avancent pas. On en est où on en
était au commencement. Les grands objets de l'Europe sont
indécis (sic).
La Russie tient à ses volontés. Elle demande toute la Polo-
gne pour elle, la Saxe pour la Prusse et Murât restera proba-
blement en place, comme il dit et doit avoir une armée de
80.000 hommes et qu'elle s'augmente de jour en jour par les
mécontents italiens et français.
Les princes allemands n'ont pas reçu de communications
des cinq souverains qui ont voulu traiter sur la Constitution
Germanique, probablement ne sachant que leur dire et étant
aussi peu d'accord sur les principes que les Hauts Alliés. Une
vingtaine de princes allemands se sont conséquemment joints et
nous avons adopté pour principe de ne pas accéder à des pro-
positions sur la Constitution sans l'aveu de tous. Voilà où nous
sommes après deux mois.
753. Vienne, 12 novembre 1814 (F. 3. 4374 ad 3565).
HEGARDT à ENGESTROËM (/nferce/)fa) (en français).
Tension et dangers de rupture entre la Russie et l'Autriche à la suite de la
scène du 24 octobre entre Alexandre et Metternich. Départ du grand-duc
Constantin pour la Pologne. Le projet autrichien de Constitution de TAUe-
magne. Causes de l'opposition qu'il rencontre. Craintes et bons mots des
Viennois.
La froideur et la mésintelligence entre la Russie et l'Autri-
1. 11 s'agit très probablement ici de la Margrave Amélie-Frédérique, fille de
..ouis IX, landgrave de Hesse-Darmstadt, née le 30 juillet 1754, veuve le
14 décembre 1801 du prince héréditaire Charles-Louis de Bade.
518 AUTOUR DU COiNGRÊS DE VIENNE
che sont sur le point de faire naître l'appréhension d'une rup-
ture prochaine que l'on tâchera de prévenir, s'il est possible
pour la moment, ou du moins d'en éviter l'éclat.
Je crois que le prince de Metternich a manifesté avec beau-
coup de franchise à l'Empereur Alexandre que la cour de
Vienne ne pouvait prévoir les projets du Cabinet de Saint-Pé-
tersbourg relativement à la Pologne, comme étant incompatibles
avec l'équilibre de l'Europe et la sûreté de l'Autriche, et qu'on
croit par conséquent que la Russie s'en désistera, si elle veut
maintenir la bonne intelligence avec les autres puissances.
L'Empereur Alexandre, irrité de ces représentations, ré-
pondit au prince de Metternich en lui demandant si on vou-
lait lui dicter des lois et le frustrer de ce qu'il possédait, ajou-
tant que, « si c'était pour cela qu'on l'avait invité à Vienne,
on s'y tromperait fort ; qu'on n'avait qu'à envoyer quelqu'un
en Pologne compter les forces russes et qu'ensuite on juge-
rait peut-être prudent de lui parler sur un autre ton ».
Celui qui m'a raconté cet entretien prétend que le prince
de Metternich fut tellement déconcerté de la réponse brusque
et énergique de l'Empereur de Russie quen se retirant il a
eu de la peine à trouver la porte (1).
On apprend qu'à la suite de cette scène il fut proposé d'ad-
joindre le prince de Schwarzenberg et le comte Stadion au
prince de Metternich pour traiter avec la Russie ; mais tous
deux s'en sont excusés en prétendant divers empêchements, et
on soupçonne maintenant que le départ du grand-duc Cons-
tantin pour la Pologne a été, m'assure-t-on, motivé par cette
crise, et que ce prince est chargé d'organiser une armée polo-
naise.
Le public de Vienne, si avide de spectacles et de divertis-
sements, commence cependant à se lasser des fêtes continuelles,
et celle du départ des Augustes étrangers lui serait peut-être
la plus agréable, d'autant plus qu'il attribue à leur séjour
prolongé dans cette capitale la cherté excessive qui augmente
journellement ici et qu'il craint que la dépense extraordinaire,
que l'Empereur fait pour régaler ses hôtes, ne soit reprise sur
ses sujets moyennant des contributions qu'on appelle ironi-
1. « Alexandre, parti le 24 au soir pour la Hongrie, avait eu ce jour même II
une scène des plus orageuses avec Metternich. » (Cf. Talleyraniau roi, Vienne,
31 octobre et Ge.ntz, Tagebûcher, I, 323).
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 519
quement « Burgeinquartierimgs Sleiier » (Impôt du caserne-
ment à la Burg). 11 est à supposer que l'Empereur lui-même
serait bien aise de voir partir aussi tous ces souverains qui,
avec leurs familles et des suites nombreuses, vivent ici à ses
frais et qui du reste le gênent par le soin qu'il faut prendre
de les amuser et en l'obligeant lui-même à mener un train de
vie auquel il n^est pas accoutumé et qui n'est pas de son goût.
C^est l'Autriche qui a proposé au Comité Allemand les 12 ar-
ticles pour servir de base à la nouvelle Constitution de l'Alle-
magne (1). Mais elle trouvera de l'opposition, tant de la part de
quelques puissances étrangères que de celle de plusieurs princes
allemands, surtout des souverains de Bade et de Hesse, qui se
trouvent préjudiciés, en ce que le rang, qu'on leur destine dans
la nouvelle Confédération Germanique, serait subordonné à
celui des rois de Bavière et de Wurtemberg, qui eux-mêmes ne
regardent pas l'honneur d'être membres du Directoire exécutif
de la Confédération comme une compensation des sacrifices
qu'ils doivent faire d'une partie de leurs droits de souverai-
neté, nommément de ceux qui concernent leurs relations avec
les Puissances hors de l'Allemagne, et effectivement ils seraient
à cet égard moins souverains comme Rois qu'ils ne l'étaient
jadis comme Electeurs et Etats du Saint Empire Romain.
On croit que l'Autriche et la Prusse, ayant quatre voix au
Directoire, décideront, aussi souvent qu'elles seront d'accord,
de la politique générale, de la paix ou de la guerre de la Con-
fédération Germanique.
754. Vienne, 14 novembre 1814 (F. 3. 4344 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 14 novembre.
Il lui rend compte que, conformément aux ordres que Sa
Majesté lui a donnés le jour même, il a fait cesser la surveil-
lance du duc de Richelieu, qui n'a rien à voir avec les affai-
1. Cf. d'Angeberg, 382-392. Huitième protocole du Comité des afTaires
d'Allemagne. Séance du 3 novembre 1814. Notes et propositions relatives aux
12 points de délibération.
520 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
res du Congrès, mais qu'il a donné à la poste l'ordre de sai-
sir la lettre que le Major Malezewski a envoyée à Varsovie.
755< Vienne, 13 novembre 1814 (F. 3. 4374 ad 3565).
Rapport à HAGER
Anstett s'est mis le H dans une grande colère, parce qu'on
a quelque peu tardé à lui remettre une lettre de la princesse
Bagration apportée chez lui pendant qu'il était sorti.
756. Vienne, 13 novembre 1814 (F. 3. 4563 ad 3565).
Rapport à HAGER
Gomme de coutume, on a brûlé le 11 chez Hardenberg en
présence de Jordan et de l'homme de confiance du prince tous
les papiers de la Chancellerie. Malgré cela, on a pourtant pu
parvenir à en ramasser des fragments lisibles et utilisables.
757. Vienne, 13 novembre 1814 (F. 3. 4374 ad 3565).
Rapport à HAGER
Ste;n a envoyé le 12 à la poste prussienne de campagne un
gros paquet de pièces, adressé au Kammergerichtsrath Eich-
horn, qu'on a cependant pu communiquer préalablement à qui
de droit, ainsi que deux lettres, l'une de Vrints, l'autre de
Solms reçues ce matin.
758. Vienne, 13 novembre 1814 (F. 3. 4663 ad 3565^
Rapport à HAGER
Arrivée à Vienne du comte Etienne San Vitale, de Parme,
l'ouverture du congrès, — LA SAXE ET LA POLOGNE 521
qui va prendre possession de ses fonctions dé Grand Cham-
bellan de Marie-Louise (1).
La Suisse fait actuellement l'objet de toutes les conjectures;
on prétend qu'elle sera partagée.
759. Vienne, 13 novembre 1814 (F. 3. 4663 ad 3565).
Rapport à HAGER (on français).
La Harpe a dit, le 12, que si la Pologne causait des embarras,
les Anglais en faisaient naître bien d'autres avec l'Amérique,
et qu'eux aussi sont causes du retard qu'on éprouve dans les
affaires.
Les Polonais espèrent beaucoup du voyage du grand-
duc Constantin qui deviendrait le commandant en chef de
toutes les troupes russes et polonaises stationnées dans le
grand-duché et s'élevant à plus de 200.000 hommes.
760. Vienne, 13 novembre 1814 (F. 3. 4344 ad 3565).
ee à HAGER
L'mpératrice de Russie et la reine de Bavière. Dettes du Grand-duc Constantin.
Ce qu'Humboldt dit de Metternich et sur le Congrès.
Quand l'Empereur Alexandre dîne dehors, l'Impératrice
dîne avec sa sœur, la reine de Bavière.
Le grand-duc Constantin est parti en laissant des dettes
1. Cf. MÉNEVAL, Mémoires, III, 350. Marie-Louise à Méneval, 15 août 1814...
« Mon père a aussi nommé M. de San Vitale mon grand chambellan, sans me
consulter. Cela me peine et me fâche... » Ibidem, 377. « La présentation à
Marie-Louise du comte San Vitale comme grand chambellan de la duchesse
de Parme eut lieu dans le courant de novembre ». Le comte Etienne San Vi-
tale avait épousé en 1787 la princesse Louise (morte en 1818), fille unique du
prince Jean de Gonzague, issu des Marquis de Luzarra. (Cf. de Courcblles,
Histoire Généalogique, etc. Tome VIII). San Vitale, d'abord garde du Corps,
puis gentilhomme de la chambre du duc Ferdinand de Parme, devint, lors
de l'établissement de la domination française, dans le duché, membre de la
commission de liquidation de la dette, podestat de Parme en 1806, président
de la députation municipale en 1813, fut créé baron de l'Empire en 1814 et
nommé conseiller privé par Marie-Louise en 1816.
522 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
chez tous les fournisseurs et sans donner un sou aux gens
attachés à son service.
Humboldt a dit chez Eskeles que Metternich est plus bran-
lant que jamais, qu'il ne pourra se maintenir, que le Congrès
finira sans qu'on ait rien fait, mais qu'il n'y aura pas de guerre.
761. Vienne, 13 novembre 1814 (F. 3. 4344 ad 3565).
Rapport à HAGER
Le roi de Wurtemberg fait dire partent qu'il a l'intention
de rentrer dans ses Etats le 20 ou le 21 de ce mois.
762. Vienne, 13 novembre 1314 (F. 3. 4374 ad 3565).
ee à HAGER
Humboldt et la situation. Les résultats probables du Congrès. Ce qu'on dit
chez Rechberg. Bade, Nassau et Hesse-Darmstadt mécontents des projets
de constitution allemande de Steln.
« Humboldt a dîné hier chez moi, m'a raconté hier soir
M"' d'Eskeles. Il m'a dit que la situation de Metternich est
fort compromise et qu'il lui semblait peu probable qu'elle
puisse se raffermir ; que le Congrès s'achèverait sans grandes
secousses et qu'il n'y avait aucune crainte de guerre. Dans le
public on s'était mis dans la tête que le Congrès devait finir,
à peine commencé ; mais les gens sensés avaient compris qu'il
durerait forcément longtemps, parce qu'il faut du temps pour
faire du bon ouvrage.
Le roi de Prusse réclame la Saxe, non pas pour satisfaire sa
soif de conquêtes, mais parce que seul ce royaume peut l'in-
demniser de la cession de la Pologne prussienne. Il perd plu-
sieurs provinces, ne reçoit pas la Poméranie Suédoise (1), qu'on
laisse à Bernadotte, parce qu'il lui a fallu conquérir la Nor-;
vège, qu'on avait espéré pouvoir céder à l'amiable à la Suède.
L'Empereur de Russie soutient ces demandes de Bernadotte i
t. La Poméranie suédoise finit par échoir au Danemark qui ne tarda pas,
à la rétrocéder à la Prusse contre le Lauenburg et une assez forte somme]
d'argent.
l'ouverture du congrès, LA SAXE ET LA POLOGNE 523
et garantit aux Danois une compensation en Allemagne en
échange de la Poméranie Suédoise qu'on a pu leur attribuer.
En renonçant à ses provinces polonaises, la Prusse perd une
assez grande étendue de territoire, que peut seule lui compenser
l'attribution de la Saxe, mais de la Saxe tout entière. 11 lui
est impossible de se contenter de la Lusace.
L'Empereur de Russie est faux et entêté et on ne saurait
prendre trop de précautions quand on traite avec lui.
J'ai entendu dire chez le comte de Rechberg que la Russie
avait, il est vrai, cédé lors de la séance d'avant-hier (1) Gracovie
à l'Autriche et Thorn à la Prusse, mais qu'en somme cela ne
servait à rien et que cela ne suffisait pas pour se permettre de
dire que les affaires du Congrès allaient mieux.
D'autre part, les représentants au Congrès de Nassau, de
Hesse-Darmstadt et de Bade sont loin d'être satisfaits des
mesures proposées par Stein, qui élabore un projet d'organi-
sation intérieure des différents Etats de l'Allemagne, et d'ap-
prouver les idées et les principes qu'il veut mettre en pratique.
r63. Vienne, 13 novembre 1814 (F. 3. 4374 ad 3565).
HEGARDT à ENGESTROEM (Intercepta) (en français) (analyse).
Aucun grand changement. Apparence toutefois d'un rappro-
chement sur les questions de Saxe et de Pologne. On laisserait
au roi de Saxe environ 1.500.000 sujets.
Mémoire remis à la Prusse et à l'Autriche par les Plénipo-
tentiaires des princes allemands, qui n'ont pas pris part aux
conférences du Comité (2) chargé de préparer les affaires d'Al-
lemagne, et par lequel ils entendent réserver leurs droits et
demandent que la confection du Pacte fédératif soit confié au
Congrès général des Etats Allemands. D'après le projet qu'ils
comptent soutenir, la Prusse et l'Autriche, au lieu d'être
membres de la Diète fédérale, ne seraient plus que les garants
de la Constitution.
1. Séance du 11 novembre, ou plutôt une conférence entre Metternich, Har-
denberg et Nesselrode.
2. Cette note des Plénipotentiaires de vingt-neuf princes souverains et
villes libres d'Allemagne, ne fut remise à Metternich, à Hardenberg et à
Munster que le 16 novembre (Cf. d'Angebbro, 441-449).
524 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
764. Vienne, 15 novembre 1814 (F. 3. 4374 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR
(Bordereau et rapport journalier du 15 novembre)
(F. 3. 4669 ad 3565).
Surveillance de Marie-Louise. Cornacchia. Neipperg.
La personne, que Marie-Louise a reçue le 10 et qu'on disait
être un officier nommé Aroldi, n'était autre que le baron
Cornacchia (1), gouverneur de Plaisance.
On a dit ces jours-ci pendant le dîner à Schœnbrunn que
Neipperg allait être envoyé en mission à Turin.
765. Vienne, 14 novembre 1814 (F. 3. 4373 ad 3565).
EMPEREUR à HAGER
Ordre de continuer de surveiller de près le Hofsekretser
Schlegel qui travaille avec et chez Gagern.
766. Vienne, 14 novembre 1814 (F. 4363 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
Effectif des troupes russes et polonaises en Pologne. Célébration
de l'anniversaire de la mort de Poniatowski.
On peut évaluer, sans crainte de se tromper, à 200.000 hom-
mes le chiffre total des troupes polonaises et russes du grand-
duché, qui doivent être placées sous les ordres du grand-duc
Constantin.
Pour obvier au manque de vivres, les Russes en ont tiré
des grands magasins de l'intérieur de l'Empire. On affirme
qu'ils ont un parc d'artillerie de 200 pièces à TormassofF (fron-
tière de Galicie).
Pour ménager l'amour-propre et l'orgueil des Polonais, tous
1. Cf. Annexe XXI.
il
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 525
les généraux russes ont assisté en grande tenu.e à la cérémo-
nie funèbre célébrée le 18 octobre, anniversaire de la mort de
Poniatowski, et toute la garnison a rendu les honneurs.
767. Vienne, 14 novembre 1814 (F. 3. 4374 ad 3565).
© 0 à HAGER
Lettre du Prince régent à Alexandre relative à la Pologne et à la Saxe.
Grand effet produit sur Alexandre par les paroles de Talleyrand lors de
son audience.
Lord Cathcart vient de remettre à Alexandre une lettre du
prince régent relative à la Pologne et à la Saxe, dans laquelle
il adjure l'Empereur de renoncer à ses projets. Alexandre a
cédé. Il rend Gracovie à TAutriche, Thorn et Posen à la
Prusse. La Russie se contentera de la gauche de la Vistule,
mais la Prusse aura toute la Saxe.
Dans la nouvelle audience que Talleyrand a eue chez Alexan-
dre, audience dans laquelle il a protesté vivement contre les
intentions de la Russie et a parlé même de recourir s'il le
fallait à la force, Alexandre a dit « Soit, vous aurez la
guerre(l)... » et Talleyrand de répondre : « Sire vous perdrez
votre gloire de pacificateur du monde, la seule gloire à laquelle
vous prétendiez aspirez à Paris. »
On dit que ces paroles ont fait un grand effet sur Alexandre.
763. Vienne, 14 novembre 1814 (F. 3. 4374 ad 3565).
0 © à HAGER
Le bal chez Palffy décommandé. La dansomanie d'Alexandre. Un calembour
du prince de Ligne. Bruit de disgrâce de Binder. Le Carrousel. Les dé-
penses des dames pour leurs toilettes. Les intrigues du duc de Weimar et
le mécontentement des Médiatisés.
11 devait y avoir aujourd'hui chez François Palffy un bal,
auquel l'Empereur de Russie et son valet de chambre (c'est le
1. L'agent de Hager est quelque peu en retard puisqu il fait ici allusion à
la première audience qu'Alexandre accorda à Talleyrand et dont celui-ci ren-
dit compte au roi dans sa dépêche n' 3 de Vienne, 4 octobre 1814. (Pallain,
Correspondance inédite de Talleyrand et de Louis XVIII, page 22.)
526 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
nom qu'on a donné au rei de Prusse) avaient promis d'assis-
ter. Palfîy avait décidé de n^y convier aucun des archiducs.
11 voulait de cette façon faire pièce à la Cour d'Autriche et se
venger de Taffront que l'Empereur lui avait fait en rayant son
nom de la liste des chambellans désignés pour assurer le ser-
vice d'honneur auprès des souverains étrangers. Or, on vient
de faire connaître qu'il y aurait ce soir réception à la Cour. Le
bal de Palfîy n'auia donc pas lieu, et on se moque et on rit à
l'euvi du pauvre Pallîy.
L'Empereur de Russie est un enragé danseur et les Vien-
nois disent de lui qu'il est atteint de la dansomanie.
Un calembour qu'on prête au prince de Ligne : « Comment
avez-vous trouvé tous ces bals, Prince ? »
« Gomme ça, répondit-il, partout on se trouve dans une
pluie de Sires (cires). »
Le comte Ossolinsky racontait hier que Stcin et La Harpe
venaient assez souvent à la bibliothèque de la Cour, qu'on y
avait souvent parlé de la Pologne et qu'il s'était étonné avec
eux de la singulière idée de l'Empereur de Russie, qui veut
augmenter l'importance des bourgeois et des paysans, ou plutôt
créer des classes qui n'existent pas.
D'après le dire de M. de Hammer, le baron Binder serait en
disgrâce et ce serait à Floret qu'on aurait confié la rédaction
des Procès-verbaux du Congrès. Toujours d'après le même,
Hudelistjle baron Kruft (1) et le baron Hope, trois personnages
que Metternich a comblés de ses faveurs, ne se gênent guère
pour critiquer et censurer la politique du prince.
On s'occupe et on parle beaucoup du carrousel (i) dans les
salons. Il paraît que la moindre des écharpes, que les dames
donneront à leurs cavaliers, coûtera LOOO florins. Les dames
et toute la haute société ne font que gémir des dépenses
énormes que leur occasionnent la présence des souverains et
les fêtes incessantes. On entend dire, de tous côtés et sur tous
les tons, que les dames n'arrivent plus à se suffire avec leur
budget ordinaire et que leurs maris en sont déjà réduits à
combler le déficit déjà assez sensible de leur caisse.
Le duc de Weimar intrigue, paraît-il, par le canal des deux
grandes-duchesses, en faveur de la Prusse et contre la maison
royale de Saxe. Pour la peine, on lui donnera Erfurt.
1. Un des Conseillers du Ministères des Affaires étrangères.
Le Carrousel du 23 novembre.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 527
Les représentants de Bade, de Nassau et de Hesse-Darms-
tadt au CongTès sont, comme les Médiatisés, très montés
contre la Prusse. Le baron de Tûrkheim, ministre de Hesse-
Darmstadt, fait partout l'éloge de . la brochure politique que^
le baron de Gagern va publier dans quelques jours.
769. Vienne, 14 novembre 1814 (F. 3. 4374 ad 3565).
Rapport à IIAGER (en français).
La Hollande et l'Angleterre. L'empereur Alexandre.
Le refus d'une dame anglaise de danser avec lui.
L'Ambassade hollandaise ne paraît pas pressée dans ses
affaires. La lenteur qu'elle y apporte fait supposer que le prince
d'Orange craint des changements de la part des Anglais. Ceux-
ci disent que pour les Indes les Hollandais demandent trop et
qu'après tout, c'est bien à eux à dicter la loi, puisque l'Angle-
terre atout fait et que le prince d'Orange n'est que son lieute-
nant.
Dans un bal non officiel, l'Empereur de Russie offrit son
bras à une dame anglaise pour danser et reçut un refus. Une
demoiselle, qui se trouvait près de la dame, lui dit : « Mais,
madame, ne reconnaissez- vous pas l'Empereur? On ne refuse
jamais un souverain. »
L'Anglaise répondit : « Chez nous, mademoiselle, on a la
liberté de refuser le Roi et les Princes, et les Anglaises portent
cette liberté partout où elles vont. »
770. Vienne, 14 novembre 1814 (F. 3. 4374 ad 35Ô5).
CASTLEREAGH à SAINT-MARSAN (intercepta) (en français)
(analyse).
Il le prévient qu'il a désigné Clancarty pour représenter
l'Angleterre dans la commission qui doit discuter les affaires
de Gênes et lui fait savoir qu'il désire que cette commission
commence ses séances aussitôt que possible. Brignole n'écrira
Ià Gênes que d'accord avec eux deux et il lui propose d'envoyer
leurs trois dépêches par le même courrier.
Ô28 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
771. Vienne, 16 novembre 1814 F. 3. 4362 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 16 novembre 1814.
Vienne, 15 novembre 1814. Rapport à Hager (F. 3 4362 ad 3565).
Pièces interceptées chez Castlereagh le 14 une lettre de Saint
^larsan et une à Stratford.
Envoyé à la manipulation un paquet adressé à lord Stewart
€t à lord Cathcart et qui m'a été apporté par mon secrétaire.
(Note de Hager).
Communiqué le 14 à qui de droit deux lettres du cabineti
du roi de Wurtemberg au comte Wintzingerode et au conseil-
ler intime von Hartmann.
Pris chez Talleyrand un billet insignifiant adressé à Castle-
reagh.
Pris chez Dalberg tout ce qu'il y avait dans son cabinet et
chez Noailles, une seule pièce.
Pozzo di Borgo à Stein(13 novembre). Mémoire de 7 feuilles
sur la Suisse et l'intégrité nécessaire de ce pays.
Pozzo di Borgo à Solms-Laubach et à Vrints (Lettres peu
importantes).
772. Vienne, 15 novembre (F. 3. 4362 ad 3565 .
© © à HAGER (en français).
Le 14, Hardenberg envoie deux paquets de papiers, l'un à
10 heures à Talleyrand, l'autre à 11 heures à Wrede. Tous
deux ont été, avant d'être remis à leurs destinataires, trans-
mis d'abord à qui de droit.
Zerboni di Sposetti est parti le 14 pour Varsovie.
773. Vienne, 15 novembre 1814 (F. 3. 4362 ad 3565).
© © à HAGER (en français^-
On prétend que le Pape va prononcer la nullité du mariage
de Marie -Louise et de Napoléon.
l'ouverture du congrès. LA SAXE ET LA POLOGNE 529
Le major Malczewski proclame partout la grande popula-
rité dont jouit Murât et le réel attachement que les Napoli-
tains auraient pour lui.
Il affirme également que Joachim ne s'est jamais et en
aucune façon rapproché de Napoléon.
774.
Vienne, 15 novembre 1814 (F. 3. 4362 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
« La Sérénissime République de Gênes a enfin péri sous^les
coups meurtriers (sic) de l'ambition et de la révoltante injus-
tice des Monarques co-partageant l'Europe (1) », ainsi s'est
exprimé hier soir Gallesio (2).
775.
Vienne, 15 novembre 1814 (F. 3. 4362 ad 3565).
Rapport à HAGER
Nombreux rapports sur les conférences de Gagern ave 3 les
[princes médiatisés et les plénipotentiaires des petits Etats al-
lîemands du 11 au 15 et sur ses entretiens avec les Ministres
let Plénipotentiaires de France.
16. Vienne, 15 novembre 1814 (F. 3. 4362 ad 3565).
Von L... à HAGER
Notice sur Kiister.
|Le conseiller intime von Kûster, ministre de Prusse auprès
Cours de l'Allemagne du Sud, est, après Humboldt, le
psonnage le plus marquant parmi les hommes d'Etat prus-
ms.
.Cf. dAngeberg, 424-427. Troisième protocole de la séance du 13 novembre
:de3 Pléuipotentiaires des huit puissances signataires du traité de Paris.
>tocole de la séance sur la cession de Gènes à la Sardaigne).
Gallesio di Finale (Georges), secrétaire du marquis Antoine de Brignolc-
T. I.
34
530 AUTOUR DU CONGRÈS BE VIENNE
Elève des Dohm (1), Bischoffswerder (2), Lncchesini (3| et
iïaugwitz (4), il fut l'un des instruments dont ils se servirent
pour provoquer des mouvements révolutionnaires à Liège et
dans les Pays-Bas, y remplit êes missions se.crètes- pendant
plusieurs années et commença sous leurs auspices so'H éduca-
tion diplomatique. Pendant toute cette période de préparation
de la révolution des Pays-Bas, il se rendit à plusieurs reprises
à Bruxelles, y fit de longs séjours et y épousa une jeune fille
d'Aix-la-Chapelle, dont l'oncle était un riche bourgeois bruxel-
lois et qui s'appelait, je crois, Obermana.
Serviteur dévoué et actif, Kiister fut l'un des fondateurs des
sociétés secrètes prussiennes à l'étranger et sans faire le
moindre bruit dans le monde, différant en cela de Stein etd©
Gruner,il contribua, au moins autant qu'eu's, à l'organisation
de ces groupements et à leur diffusion au dehors. Tant comme
membre de ces sociétés que comme chargé d'affaires à Cas-
sel, il réussit à organiser ces sociétés dans le royaume de
Westphalie, et c'est en somme à lui qu'est due en réalité la,
f
1. Dohm (Ghristian-Gonrad-Guillaume) (1757-1825), d'abord précepteur en
1772 des pages du prince Ferdinand de Prusse, frère de P'rédéric le Grand,
conseiller intime des archives et de* guerre au département des' Affaires- Etran-
gères de Berlin (1779), puia Ministre ajiprès des cei-cles de, Westphali-e ek.dfl
Bas-Rhin et auprès de rélecteur de Gologne, chargé en 1792 de surveiller lea
négociations secrètes de l'Autriche avec la Révolution française, anobli pari
Frédéric Guillaume II, troisième plénipotentiaire de Pi-usse au Congrès d^(
Rastatt (1797), président de la chambre des Domaines en 1804, passé au ser-
vice de Westphalie après ïilsit, Miniatre du roi Jérôme à la Cour de Saxe, il|
rentra dans la vie privée en 1810.
2. Bischoffswerder (Jean-Rodolphe von) (1737-1S03), Général, Ministre d«l
Frédéric Guillaume II, dont il était l'inséparable et le favori, l'un des artisarrf|
de la décadence de la Prusse.
3. Lucchesini (Jérôme, marquis) (1752-1825?, b-ibLiothécaire et lecteur de Fré-I
déric II, chargé de différentes missions diplomatiques par Frédéric Guillaume III
Ministre plénipotentiaire au Congrès de Reicbenbach (1791), Ministre de Prussil
à Vienne (1793-1797), Ambassadeur extraordinaire à Paris (1803), il signa eil
1805 àCharlottenburg avec Napoléon un amoistice que le roi refusa de ratiOerj
Il prit alors sa retraite et devint un peu plus tard chambellan d'ElisaBonapartej
4- Haugvvitz (Ghristian-Henri-Ch»Fles, comte de) ,1752-1832), Ministre- d[
Prusse à Vienne (1792) et la même année Ministre de cabinet à Berlin, l^lwj
des auteurs et des signataires du traité de Bâle (1795). Ministre des Affairai
Etrangères (1802), il se retira dans ses terres en août 1804, découragé et désefj
péré parla politique de Napoléon, avec lequel il dut cependant, sur les instance!
de aon roi, consentir à aller négocier, et fut ainsi appelé à apposer sa signaturij
d'abord sur le traité de Schonbrunn, puis sur le traité signé à Paris le 15 jail
vier 1806. Il ne parvint pas néanmoins à détoumerla Prusse de la guerre etscf
licita et obtint sa retraite en novembre 180€. A partir de ce moment, il ra8|
définitivement éloigné des affaires.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 53É
chute de ce royaume. Envoyé à la fin de 1811 ou au com-
mencemeit de 18 î^ à Bruxelles par le gouvernement prus-
sien sous le prétexte d'y rendre visite aux parents de sa femme,
mais en réalité pour se rendre un compte exact de l'état des
esprits, il y fut mal reçu en sa qualité de Prussien, n'y put
rien faire et rédigea à son retour un rapport naturellement pea
favorable aux pays qu'il venait de visiter.
En 1813, on l'envoya en Bohême, apparemment pour y li-
quider les comptes, en réalité pour renseigner son gouverne-
ment et y préparer les esprits en vue d'une union avec l'Al-
lemagne.
Kiister appartient, en raison même de ses idées et de ses
aspirations, au parti ultra-prussien. Ennemi de Hardenberg il
est tm ardent partisan et admirateur de Humboldt (i). Pen-
dant son séjour en Bohême, il proposa au roi de relever le
comte de Goltr de ses fonctions et de les confier à Humboldt,
le seul homme capable, à son aris», d'agir sur Tesprit de l'Em-
pereur de Russie, de faire aboutir les projets et les vues de
la Prusse, grâce à la confiance qu'il réussirait à inspirer, et
d'assurer à la Prusse la place qu'elle doit avoir et l'influence
qu'elle doit exercer en Russie.
Lorsqu'on apprit à Prague que le roi avait confié à Bûlow
le ministère des Finances, Kùster ne put dissimuler la décep-
tion que lui causait cette nouvelle. 11 ne craignit pas de dire
à ses subordonnés qu'on avait trompé le roi, que Bûlow
méritait tout au plus de reprendre à Magdebourg les fonc-
ions de président de Chambre qu'il occupait en 180G. Il
jouta que Biilow, passé au service de Westphalie, n'avait
missionné que parce qu'il avait su qu'on était sur le point de
mettre à pied. Ce fut à ce moment seulement que Bûlo^w
devint prussien, et qu'entré dans les sociétés y rendit des
rvices qui auraient été largement payés par l'oubli de sa
jéfection et la restitution de ses anciennes fonctions de prési-
ent de Chambre à Magdebourg. Mais les choix du chancelier
aient exclusivement dus à la faveur, à la protection et ins-
rés par sa cupidité et ses besoins d'argent. 11 voulait avoir
ns le poste une personne sûre et qui se garde bien de ré-
1. Gagern semble n'avoir pas été de cet avis. Ekîrivant au Statiiouder de
Hollande aussitôt après ran-ivée de Kiister, il lui disait: « On lui suppose l'in-
tention de rectifier les erreurs de M. de Humboldt». G-agbhn, Meirt Antheil
an dsr Politik., II, 89.
532 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
vêler au roi ses tripotages avec les Juifs et les fournisseurs.
Pour mieux prouver ses dires, Kûster racontait que, lors de
la première guerre entre la France et de la retraite au delà
du Rhin, le chancelier avait fait tort à son gouvernement de
rien moins que de 130.000 sacs d'avoine qui n'avaient jamais
été livrés et qui, grâce à de fausses déclarations, passèrent pour
avoir été pris par l'ennemi. On l'avait à ce moment accusé de
ce détournement, mais la Lichtenau (1) et les ministres d'alors,
dont il était la créature et le protégé, l'avaient tiré d'affaires
en démontrant au roi que cela ne concernait en rien la Prusse,
que ces livraisons étaient à la charge de l'Angleterre qui serait
forcée de payer et qu'ainsi cet incident profiterait à la Prusse.
Kûster proposa au roi de témoigner par des cadeaux en ar-
gent sa gratitude à Metternich, Stein et Gentz. Celui qu'on
aurait fait à Metternich aurait été d'un demi-million de thalers.
Kûster affirmait qu'en raison de leur situation particulière assez
embarrassée ces trois personnages auraient accepté ces présents
avec joie, et que liés ainsi à la Prusse, il leur serait impossible
de contrecarrer ses projets. C'eut été un million placé à gros
intérêts et qu'on aurait largement récupéré à la paix. La propo-
sition plaisait au roi, mais on ne put y donner suite à cause de
l'épuisement du trésor. Kûster proposa alors au roi de pren-
dre cette somme sur sa cassette particulière, mais on se garda
bien de lui répondre.
Kûster avait conseillé encore à son gouvernement de se ser-
vir du prétexte de l'épuisement de la Silésie et de l'impossibi-
lité d'y recruter les régiments que cette province devait four-
nir, soit pour demander l'autorisation de lever au moins quatre
régiments en Saxe, soit encore pour exiger la cession immédiate
de la Lusace, en ajoutant qu'étant désormais en possession de ces
territoires, il serait bien autrement simple de régler définitive-
ment cette question lors de la conclusion de la paix.
Kûster est un de ces réformateurs qui veulent l'union, l'unité
absolue de la Prusse et la disparition radicale du provincia-,
lisme. Il a collaboré à tous les projets qui tendent à ce but et
qu'on se propose d'appliquer. Il diffère cependant sensiblement
1. Lichtenau(\Vilhelmine, comtesse de)(17.ï4-1820), filJe de M. Euke,la mal-
tresse de Frédéric Guillaume II. Frédéric Guillaume III la traîna devant lesj
Tribunaux, la fit emprisonner et ne lui rendit la liberté qu'après une captivité 1
de trois ans et en échange d'une renonciation aux biens qui lui avaient ét.él
donnés et dont Napoléon lui rendit une partie en 1811.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 533
SOUS un rapport de tous ses compatriotes. Il est calme, a une
excellente tenue, est d'un abord facile, aimable et poli. Il parle
peu et à voix basse, mais il possède au plus haut degré l'art de
poser des questions. Il est ce que les Français appellent « un
bon entendeur ».
Un fait, dont j 'ai été témoin, permettra de se rendre un compte
exact de ses sentiments à l'égard de TAutriche. Le conseiller
provincial von Zastrow^, un vrai Poméranien, était venu à
Prague ; il se trouva à table à côté de moi le 2 octobre 1813.
J'étais assis entre lui et le conseiller d'Etat prussien Scharnwe-
ber qui, comme j'avais un vêtement bleu et comme je causais
intimement avec Zastrow, qui était mon voisin de chambre, me
prit pour un Prussien. Après s'être félicité avec nous des heu-
reux événements des dernières semaines, Zastrow proposa de
célébrer par une illumination et un banquet la fête de l'Empe-
reur d'Autriche (1), afin de lui mieux témoigner la reconnais-
sance générale et bien lui prouver que c'est à lui que nous devons
d'être là.
Scharnweber combattit cette idée en disant qu'augmenter le
prestige de l'Empereur d'Autriche équivalait à une diminution
correspondante de celui du roi de Prusse. Il ajouta qu'on ne lui'
devait aucune reconnaissance, qu'on était parfaitement quitte,
puisque c'étaient les Prussiens qui avaient sauvé la Bohême.
Kûster alla plus loin encore. Il recommanda, ce qui arriva, du
reste, à tous ceux qui étaient au théâtre de s'abstenir de joindre
leurs applaudissements à ceux du public (2). Il redonna les
mêmes instructions lors de l'anniversaire de l'Impératrice.
777. Vienne, 15 novembre 1814 (F. 3. 4362 ad 3565).
Nota à HAGER (en français)-
Les désirs des Polonais et les belles paroles d'Alexandre.
Le prince Eugène et Gastlereagh. Alexandre et les Viennois,
[Hier la comtesse Waldstein, née Rzewuska, a assuré avoir
rlé à bien des militaires polonais, et entre autres au général
^eissenwolf,et que ces Messieurs sont bien loin d'être du parti
Le 9 octobre.
Le 13 décembre.
534 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
russe, qu^ils voudraient avoir un prince autrichien pour roi, et
notamment l'archiduc Ferdinand, frère de rimpératrice qui est
un bon -et brave soldat et qui s'est fait aimer de tout le monde
quand il a été en Pologne (1).
La comtesse Waldstein a ajouté que, s'étant présentée à
Alexandre comme sujette russe à cause de sa famille qui a
presque toutes ses terres en Pologne russe, Alexandre lui a
dit : « Vous n',êtes pas ma sujette. Les Polonais sont mes
compatriotes. Nous ne sommes qu'une nation, nous avons la
même langue, les mêmes usages, les mêmes intérêts. » Elle
assure cfu'il a tenu les mêmes propos à tous les Polonais qu'il
a vus à Vienne et ailleurs depuis six mois.
Le vice-roi va invariablement tousles soirs chez Castlereagh
qu'il cajole autant qu'il peut, et on m'a assuré qu'il est très
bien reçu.
Alexandre perd tous les jours davantage dans l'esprit des
Viennois. J'ose dire que si son entêtement ambitieux nous for-
çait à la guerre, elle serait pour nous et pour presque toute
rAllemagne une guerre nationale. Ses belles phrases n'attrap-
pent plus personne, tout comme sa philanthropie qui n'est
qu'une ambition sans borne et qui perd son masque à force de
s'y enfoncer.
77S. Vienne, 15 novembre 1814 (F. 3, 4362 ad 3565).
e© à HAGER
Un mot malheureux d'Alexandre. Désenchantement des Polonais, Revire-
ment de l'opinion publique en faveur de Metternich. L'opinion publique se j
rassure.
« Je déteste les scribes, je suis militaire, je n'aime que les!
militaires », voilà ce que l'Empereur de Russie répète à tousf
les échos, et c'est là ce que les Viennois, ce que tout particu-
lièrement le comte Charles Zichj et sa si nombreuse familkj
considèrent comme une injure à l'adresse de tous les ministresj
qui ne sont pas militaires.
1. En 1809,
l'ouverture du C0N€JIÈS. LA &AXfi lET LA POLOGNE 535
Les Polonais n'ont pas l'air d'être fort enthousiasmés par
le projet d'Alexandre de devenir roi de Polog-ne. Ils craignent
rinfluence par trop démocratique de La Harpe et de Stein.
Bien des gens, qui étaient jusqu'ici les adversaires de Met-
ternich, approuvent la fermeté de caractère dont il a fait preuve
avec l'Empereur de Russie. « Si Metternich disait Amen à
toTit ce que la Prusse et la Russie demandent, proposent et
prescrivent, le Congrès serait fini demain. Mais montrer les
dents à la Russie et à la Prusse, leur résister et leur imposer
des modification^?, c'est là le fait d'un grand ministre. »
Le roi de Danemarck commence à paraître au thé dans les
salons particuliers, par exemple chez la princesse Marie Es-
terhazy (1).
Depuis trois ou quatre jours le public esst un peu plus ras-
suré et comprend qu'on ne pouvait pas précipiter les choses
et brusquer les solutions. Dalberg m'a >dit hier à l'oreille :
« Nos aiîaires marchent bien,, quoique lentement. »
779. Berlin, 8 novembre 1814 (F. 3. 4362 ad 3565).
GAR.AJVLVN à TALLEYRAND [Intercepta) (analyse).
Emploi qu'il a fait du crédit de 50.000 francs. Il serait bon de recommander
-au g-énéral Dupont ceux qui ont secouru les blessés français .
Après lui avoir accusé réception de ses dépêches et l'avoir
remercié des mesures prises p^r la France il lui parle de l'em-
ploi qu'il a fait du crédit de 50.000 francs qui lui a été ouvert.
;11 le prie ensuite de recommander au général Dupont les
demandes qu'il lui a déjà adressées et cellics qu'il fera «n fa-
tjireur de ceux qui se sont distingués par leur charité et leur
Itftenveillaace envers les blessés et les malades français* Leur
îonduite est d'autant plus méritoire qu'au moment où ils l'ont
Itenue, l'animosité faisait un crime de paraître humain envers
tout ceux qui portent le nom de Français.
■1. Esterliazy (princesse Marie-Josépliine, ntie Liechtenstein), née en 1766,
lariée en 1783 à Nicolas, prince Esterbazy do GalanLa, feldzeugmeister au-,
Uri chien.
536 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
780. Berlin, 9 novembre 1814 (F. 3. 4362 ad 3565;.
CARAMAN à TALLEYRAND (1) (Intercepta) (analyse).
Il lui fait part des réclamations vaines qu'il a adressées au
gouvernement prussien contre les mesures vexatoires dont a
été l'objet de la part du conseiller Frank à Magdebourg le
commissaire des guerres Nogarède, adjoint au commissaire du
roi pour la remise de cette place, et qu'on y retient prison-
nier. Caraman le prie de saisir Hardenberg de cette affaire.
781. Vienne, 6 novembre 1814 (F. 3. 4362 ad 3565).
Prince ANTOINE DE SAXE au Roi de SAXE
{Intercepta) (en français).
Amélioration de leur situation. L'opinion publique. L'Autriche et la France
leur sont favorables. Le changement de résidence du Roi et l'Empereur
d'Autriche .
J'ai l'honneur de vous écrire ces lignes par une occasion sûre.
Je vois par votre gracieuse lettre, que le courrier Seipt m'a
remise, que vous êtes surpris de ce que je vous écrivais dans
ma dernière. Je puis cependant vous assurer que tout ce que
je vous disais dans ma précédente n'est que trop conforme à
la vérité. Cependant, grâce à Dieu, il paraît que les choses ont
dliangé en notre faveur et que l'opinion générale fortement
prononcée fera un bon effet pour nous. L'Autriche remue ciel
et terre en notre faveur et la France s'est déclarée hautement.
Je m'empresse de vous marquer cette lueur d'espoir, désirant
pouvoir vous la confirmer bientôt. En attendant, si les choses
sont telles, les questions que je vous ai faites dans ma der-
nière seront inutiles, mais ce que je vous dis aujourd'hui ne
date que de peu de jours.
P.-S. — Quant au changement d'habitation il y a longtemps
que j'en ai parlé à mon beau-frère (2), il ne tient certainement
1. Ces deux pièces existent aux Archives des Affaires Etrangères, mais
portent toutes deux la date du 8 novembre.
2. L'Empereur d'Autriche.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 537
pas à lui que cela ne se fasse et que cela ne soit fait depuis
longtemps.
782. Vienne, 9 novembre 1814 (F. 3. 4362 ad 3565).
PIQUOT (1) à S... A... (Intercepta) (en français).
La vérification des pouvoirs. Comité des affaires d'Allemagne. Vues opti-
mistes sur les grandes questions et l'accordprobablesur la Pologne. Voyage
projeté des souverains à Graz, Trieste et Venise. Départ possible des rois
de Bavière et de Wurtemberg. Noailles, quatrième plénipotentiaire de la
France.
Je n'ai eu aucune notion à mander à Votre Altesse par la
dernière poste. Aujourd'hui encore, je ne puis asseoir un juge-
ment sur la nature et Tissue du Congrès.
Mes lettres précédentes ont mandé à Votre Altesse qu'à la
suite de la déclaration du premier de ce mois, on allait s'occu-
per de la vérification des pouvoirs des ministres accrédités au
Congrès. On s'en occupe encore, et après qu'on les aura véri-
fiés, on procédera à la formation d'un protocole dans lequel les
ministres de Russie, de Prusse et d'Angleterre feront rapport
au comité des autres puissances de la vérification achevée. Après
quoi, on décidera sur l'admission des plénipotentiaires d'Au-
triche, Prusse, Bavière, Hanovre et Wurtemberg.
On m'assure même que la cour de Bade, qui a voulu faire
partie de ce comité, n'ayant pu y parvenir, vient d'en créer un
sous sa présidence et composé des cours de Hesse, Saxe et
Anhalt. On croit que ce comité veut délibérer sur les affaires
demandes ; mais la cour de Bade ne prendra pas part à ces
[élibérations. On ignore en attendant pour quel parti le grand-
c de Bade se déclarera après l'arrivée des nouveaux pléni-
itentiaires qu'il vient d'appeler au Congrès.
Quant aux affaires qui regardent l'Europe en général, elles
sont guère plus avancées quoiqu'on ait raison de croire que
inion parfaite, qui existe entre les cours de Russie, Vienne et
irlin, ne pourra que contribuer à leur prochain aplanisse-
[ent. On ne paraît pas être d'accord sur les affaires de la Po-
ne, mais l'intimité parfaite entre les trois souverains ne sau-
fl. Piquot, Conseiller d'ambassade à la légation de Prusse à Vienne.
538 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIE?i?{E
rait faire douter qu'on ne se mette Lientôt d'aeeord sur ce
point important.
Les empereurs d'Autriche et de Russie et le roi de Prusse
vont se rendre à Graz (1) et pourraient même aller jusqu'à
Trieste et Venise.
Le grand-duc Constantin est Tetourné à Saint-Pétersbourg,
et on croit que les rois de Bavière et de Wurtemberg pour-
raient bien quitter Vienne pendant l'absence des souverains.
Le comte Alexis de Noailles vient d'arriver ici, il y a quel-
ques jours, en qualité de quatrième plénipotentiaire de France.
Les trois autres sont le prince de Talleyrand, le duc de Dal-
berg et le comte de la Tour du Pin.
783. Copenhague, 1" novembre 1814 (F. 3. 436.2 ad 3565).
Marquis de BONNAY (2) au Comte de la TOUH DU PIN
(à Vienne) [Intercepta) (analyse i.
La France et le Congrès. Ce qu'il aurait dû être et ce qu'il sera.
Les souverains n'ontrien appris.
Après l'avoir félicité du rôle que la France va jouer ei joue
déjà au Congrès il lui dit : « Si l'expérience du passé, que
dis-je, du présent n'était pas perdue pour les rois, comme pour
d« reste des hommes, on aurait pu croire que le Congrès allait
poser les bases d'un ordre public solide et durable; on aurait
pu s'attendre à en voir sortir une seconde paix de Westpha-
lie. Je crains bien qu'il n'en résulte autre chose que la triste
certitude que les troubles de l'Europe ne touchent pas à leur
fin. Il a fallu près de vingt ans pour ouvrir les yeux des sou-
verains par rapport à la France révolutionnaire. Combien en
faudra- t-il pour les désabuser de la sottise et des malheurs de
leurs ambitions rivales?
1. Ce voyage n'eut pas lieu.
2. l^onnay (Charles-François^ marquis de), laé à la Grange (Nièvre) te
22 juin 1750, mort à Paris le 25 mai 1825, page de la petite écurie, merabneet
président de la Constituante, Emigré, Ministre à Copenhague en 1814, Pair
de France et Heutenant-généràl en IslS. M""* de Staël disait de lui (en lej
voyant pendant l'été de 1811) qu' « il avait l'air du spectre de l'ancien ré-
gime » (Babonke du Montet. Souvenirs, 57).
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 539
784. Vienne, 17 novembre 1814 (F. 4. 4376 ad 3565),
Vienne, 17 novembre 1814 (F. 4. 4688 ad 3565).
HAGER à UEMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 17 novembre.
11 lui signale les fréquentes conférences que le grand-duc
de Bade a tenues avec ses Ministres pendant les derniers jours
et annonce que M"* Morel a été introduite secrètement chez
le prince le 14 au matin.
735- Vienne, 1« novembre 1814 (F. 3. 4362 ad 3563).
© © à HAGER
Pendant le bal que Gagern a donné le IT), il s'est retiré dans
son cabinet et j est resté assez longtemps en conférence seul
avec Munster. 11 a, aussitôt après cet entretien, écrit pendant
près de deux heures.
Le bal a fini à 3 heures du matin.
786. Vienne, 16 novembre 1814 (F. 4376 ad 3565).
Rapport à HAGER
Anstett est allé le 13 au soir chez la princesse Bagration
qui, quoique souffrante et couchée, Ta reçu ainsi que le prince
de Ligne et le comte Gameville.
787. Vienne, 16 novembre 1815 (F. 4. 4376 ad 3565).
GOEHAUSEN à HAGER
Envoi d'un rapport de Weyland sur le tort que fait à la
Prusse sa politique à l'égard de la Saxe. On approuve en gé-
540 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
néral, même en Prusse la brochure : Sachsen und Preussen.
M. von Uhde, secrétaire du prince Auguste de Prusse, a lui-
même dû reconnaître que cette brochure (qui fut saisie par la
police) était en somme l'expression de la vérité.
L'Autriche gagne de plus en plus la confiance des princes
allemands, jadis tout acquis à la Prusse.
788. Vienne, 15 novembre 1814 (F. 4. 4376 ad 3565).
Rapport à HAGER
Le nouveau plénipotentiaire badois, baron Marschall, frère
du plénipotentiaire de Nassau-Weilburg, est tout acquis aux
idées de la Prusse. Lors de la réunion des plénipotentiaires
des princes allemands chez Tûrkheim la semaine dernière, on
a voulu faire prendre et signer l'engagement de ne pas con-
clure de conventions particulières et séparées. On a remis la
décision à la prochaine réunion, mais il n'en a plus été question.
789. Vienne. 16 novembre 1814 (F. 4. 437Ô ad 3565).
Rappobt à HAGER (en français).
Joie et espoirs des Polonais. L'Autriche cédera ou ce sera la guerre.
Disgrâce de Nesselrode. Faveur et influence de Gzartoryski.
Les Polonais sont au comble de la joie. Ils disent que, grâce
à Alexandre, la cause de leur patrie va enfin triompher et ils
ajoutent que, si l'Autriche continue à s'opposer à la recons-
titution de la Pologne, la guerre est inévitable.
D'après eux, Nesselrode serait en disgrâce et ce serait Gzar-
toryski qui dirigerait en réalité la politique.
Il paraît en effet certain que Gzartoryski ne quitte presque
jamais Alexandre, et les Russes eux-mêmes disent que c'est
par sa protection qu'on obtient les grâces de l'empereur.
l'ouverture du congrès. LA SAXE ET LA POLOGNE 541
790. Vienne, 16 novembre 1814.
0 0 à HAGER (en français).
Conversation du prince de Ligne avec Alexandre sur la Saxe et la Pologne.
Le prince de Ligne s'est ménagé une conversation avec
l'empereur de Russie relativement à la Pologne et à la Saxe.
Sa Majesté lui fît observer que, quant à la Pologne occupée
par ses troupes, cela entrait tout à fait dans le système d'ar-
rondissement, comme on pourrait s'en convaincre en jetant les
yeux sur les cartes.
Le prince voulut alors présenter ses objections contre la
réunion de la Saxe à la Prusse. Sur cela, Sa Majesté lui dit :
4C Je ne peux continuer la conversation, car on m'attend »,et il
quitta ainsi le prince.
791. Vienne, 16 novembre 1814 (F. 4. 4376 ad 3565).
00 à HAGER (en français).
Ce que Dalberg a dit le 14 sur le Roi de Prusse; la Saxe, la Pologne, la Prusse,
l'Autriche. Ce qui résultera de l'attitude de Metternich. Question que Dal-
berg lui pose sur la police, sur Hager, sur Sickingen. Ses réponses. Dalberg
n'a pas de soupçons sur lui. Le prince Eugène et la Bigottini.
Voici en quelques mots ce que Dalberg a dit la veille devant
moi : « Il nous est absolument impossible d'avoir confiance
dans les Russes, les Prussiens et les Autrichiens. »
Le roi de Prusse est évidemment à la discrétion d'Alexandre,
et bien plus que cela ne convient à ses Ministres et que cela
16 correspond à l'intérêt même de la Prusse.
Après m'avoir montré la proclamation de Repnin à Dresde
lu 31 octobre, Dalberg m'avoua que l'affaire de la Saxe sem-
blait décidée. Les Russes disent : « Nous avons la Pologne.
Nous verrons bien qui nous la prendra », et les Prussiens
disent la même chose pour la Saxe.
La Bavière déclare de son côté qu'elle ne signera rien qui
ait rapport au' Corps Germanique, avant qu'on n'ait rendu la
Saxe à son roi. La nouvelle Confédération allemande ne peut
54.2' AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
pourtant pas garantir à la Prusse la possession de la Saxe vo-
lée à son roi. Les affaires de Pologne et de Saxe arrêtent Ibb
affaires d'Allemagne. La Bavière a fait au mois de mai une
grosse faute à Paris, celle de ne pas apposer sa signature sur
le traité. La Bavière siégerait maintenant au Congrès, et bien
des choses marcheraient autrement.
Dalberg alla même plus loin et me dit : « Ce qui manque au
cabinet autrichien, c'est un systèmey de la suite, du caractère
et des principes. Si Metternich marche avec nous, la Prusse
devra céder, se contenter du tiers de ses prétentions, et noua
rétablirons le roi de Saxe en lui restituant Les deux tiers de
son royaume. Si non, on va droit à la guerre. Cet état de
choses et la mise sur pied de guerre de l'armée française nous
coûtent déjà 40 millions. Nous avons tenu quatre séances au
Comité des Huit. Nous avons donné Gênes au Piémont. Nous
allons maintenant nous occuper de la dotation de Marie-
Louise. »
lime faut maintenant appeler l'attention de Votre Excellence
sur ce que je vais avoir Thonneur de lui communiquer. De-
puis la réception de l'avis confidentiel de Votre Excellenca
du 17 octobre, me faisant savoir que l'Ambassade de France
m'avait démasqué et m'induisait volontairement en erreur, je
m'étais rigoureusement tenu à l'écart. Or, le 30 octohre, Dal-
berg me rechercha chez Stackelberg, puis vint à moi dans le
jardin chez Metternich et me fît de telles avances que je l'allai
voir hier matin et qu'il me retint avec lui pendant deux gran-
des heures. Au cours de cette longue conversation, il me de-
manda, entre autres, sur quel pied le comte Sickingen(l) était |
avec l'empereur d'Autriche et avec Metternich. Le comte Sr-
ckingen est-il un des agents de la police secrète autrichienne ?^j
La police secrète de Vienne a-t-elle, comme celle de Paris, des|
Agents et des affiliés dans le grand monde, qui sont reçus parH
tout et fréquentent la haute Société? Qui est le chef de la polics'^i
secrète de Vienne? Quelle espèce d'homme est le baron de Ha-j
ger ? Peut-on vivre avec sa famille à Vienne avec 50.000 francs
de rente?
Je lui ai répondu : « D'après ce que j'en sais, le comte Si-
1. Sickmgen(cointe de);de la famille du célèbre capitaine allemand Franz
de Sickingen (1481-1523). Cf. à propos de son rôle auprès de l'Empereur et da
Metternich, Talleyrand au roi, Vienne 31 octobre, dépêche n" 9 et Vienm»
17 novembre, dépêche n» 12(Pah,ain, Correspondance inédite. Pages 88 etl29).
l'ouverture du congrès. LA &AXE ET LA POLOGNE 543
ckingen est très en grâce auprès de TEmpereur et de Metr
ternich et jouit de leur confiance. Il n'est pas un agent de la
police secrète de Vienne et je ne l'ai jamais entendu dire. Je
n'ai pas davantage entendu dire que cette police ait des agents
dans la haute Société. On ignore, quel est le chef de la police
secrète. Il n'en est fait aucune mention sur le Staats Kalender,
Le baron Hager est le chef de la police et de la censure de la
Cour, et figure comme tel dans l'Annuaire. Je ne connais le
baron Hager que de vue, parce que je le rencontre dans le
monde et le vois dans les salons ; mais, il se montre très rare-
ment dans la haute Société. 11 jouit d'rine excellente réputation
dans le public, passe pour un homme foncièrement loyal et
honnête, et je n'ai jamais entendu dire qu'il s'occupe d'espion-
nage, etc., etc. >
« Je comprends fort bien, m'a dit Dalberg, que vous n'ayez
pas à Vienne ces choses- dont nous ne pouvons nous passer à
Paris. Vous n'en avez pas besoin avec vos braves Autrichiens.
Vous n'avez pas, comme nous à Paris, à craindre à toute mi-
nute une révolution. »
Nous nous séparâmes dans de telles- conditions qu'il m'est
impossible de croire que Dalberg- puisse avoir l'ombre d'un
soupçon sur mon compte.
Hier soir, grande et nombreuse assemblée chez Arnstein. Il
y avait le comte Bernstorff, le baron Kaiserstein, M""" de Bildt,
le prince de Mecklemburg, lord Stewart, le baron Sinclair (1),
le comte Gapo d'Istria, le vieux prince Metternich, des Russes,
des Prussiens, Rutfo, Medici, le duc d'Acerenza-Pignatelli, le
comte Solms, le comte Degenfeld, les Dietrichstein. On y a
dit qa' Alexis de Noailles était un homme d'une rare piété, un
visiteur assidu des églises.
Le prince Eugène a, à l'occasion de la représentation à son
bénéfice, donné une magnifique bagne à la Bigottini, qui avant
son mariage, a été sa maîtresse à Paris.
t Conseiller intime de (lesse-Hombourç.
544 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
792. Vienne, 16 novembre 1814 (F. 3. 4376 ad 3565).
@ © à HAGER (en français).
Jugement sévère porté sur Alexandre par des personnes de son entouragCi §|
sur le roi de Prusse par l'opinion publique de Vienne. .cl
Des personnes, qui touchent de près à l'Empereur de Rus-
sie et qui ont pu l'étudier à fond, persistent à dire qu'Alexandre
a, lui aussi, le cerveau un peu dérangé et qu^il finira comme
son père. Le genre de vie, qu'il a mené à Paris, en France et
en Autriche, à Londres et à Vienne, l'a déconsidéré partout
et le bruit de la mauvaise réputation, qu'il s'est acquise, est
parvenu jusqu'en Russie. Ces personnages vont même jusqu'à
dire, que ni les ministres, ni l'armée, ni même la population,
que nul, en un mot, n'a confiance en Alexandre, que personne
ne l'aime, ni l'estime. On lui reproche Tilsit, l'incendie de
Moscou, et toutes les sottises qu'il a faites à Paris avec sa
Constitution et qu'il se dispose à renouveler à Varsovie. On
les entend répéter à tout propos que : « Les événements de
1813 et 1814 prouvent qu'Alexandre n'est ni un général, ni
même un soldat, mais un simple brouillon, un homme sans
caractère qui passe sans transition et sans motif d'un extrême
à l'autre, un homme qu'on ne saurait craindre d'avoir pour
ennemi et qui ne mérite aucune considération personnelle. »
Ils ajoutent que la Russie est pour le repos et la liberté du
Continent un danger bien autrement grand que la France ; que
le roi de Bavière, le grand -duc de Bade, le roi de Wurtemberg,
ainsi que les princes et ministres allemands présents à Vienne,
détestent Alexandre et n'aiment pas plus la Russie que son
empereur.
Le roi de Prusse et ses ministres n'ont pas, eux non plus,
gagné du terrain depuis qu'ils sont ici. L'opinion publique
n'a pas confiance en eux et ne leur accorde aucune considéra-
tion. Le roi s'est rendu méprisable par la servilité dont il fait'
preuve à l'égard de l'empereur de Russie, En revanche, on
approuve l'amitié qu'il témoigne à la princesse de Thurn et
Taxis. On constate du reste que le roi manque absolument de i
caractère et dépend entièrement de son entourage et de ses
ministres.
Le ministre russe Stein, qui travaille de concert avec La'
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 545
Harpe, qui au mois de mai a perpétré à Paris la malheureuse
Constitution, qui pousse à l'établissement en Pologne d'un
gouvernement représentatif, qui cherche à introduire dans les
Etats de la Confédération germanique une organisation par-
lementaire, a peut-être plus d'influence dans le cabinet prus-
sien que Jacobi, Staegemann, Jordan, etc., etc., que Hardenberg
et que Humboldt. Le comte Solms ne s'est pas gêné pour
dire plus d'une fois en ma présence que le prince Hardenberg
était un bien pauvre Sire. A l'appui de ces dires, on invoque
des proclamations déjà anciennes, toutes imprimées, du baron
Stein, dans lesquelles il proclame la nécessité de fondre toutes
les petites nationalités allemandes en une seule nation, tous
les différents Etats en une seule monarchie allemande.
793. Vienne, 14 novembre 1814 (F. 4. 4376 ad 3565).
GOUPY à la reine d'ETRURIE (1) Intercepta) (en français)
(par la police).
Première séance du Congrès le 13 pour les affaires d'Italie. Cession de Gênes
au Piémont. Impossibilité d'avoir la Toscane. Conférence avec Castlereagh.
Reconnaissance des droits de la Reine sur Parme et de la légitimité d'une
compensation qui ne pourra être que les Légations. Démarches qu'il fera
pour obtenir Lucques et Massa Carrara. On ne rendra pas les Légations
au Pape.
Je me hâte de répondre à la lettre, dont Votre Majesté a
daigné m'honorer le 29 du mois passé, en L'instruisant de ce
qui a été décidé hier dans une session des Ministres qui com-
Iposent le Congrès.
La première, la seule question qui ait été traitée jusqu'à ce
[our relativement à l'Italie, a été celle qui regarde la répu-
ïlique de Gênes, et malheureusement la décision, qui a été
)rise à son égard, nous prive entièrement de l'espérance de
)Ouvoir obtenir ce territoire pour indemnité, puisqu'il y est
)rononcé qu'il fera partie du royaume de Sardaigne auquel
)n le réunit.
l.Etrurie (La reine d'infante Marie-Louise) (1782-1824), fille du roi Charles IV
li'Espagne, duchesse de Parme puis reine d'ELrurie, veuve le 17 mai 1803,
jlevint duchesse de Lucques en ISlT.lille avait A Vienne un fondé de pouvoirs
nommé Goupil des Hautes Bruyères, qu'assistait l'ambassadeur d'Espagne
Labrador. (Cf. PALL.vI^J. Correspondance inédite de Talleyrand, 839.)
T. I. 35
546 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
J'ai eu l'honneur de faire connaître à Votre Majesté que
j^étais convaincu qu'il nous serait impossible d'obtenir la res-
titution de la Toscane, et cela est aujourd'hui démontré. Ainsi
nous n'avons plus à opter qu'entre les objets de compensa-
tion sur lesquels nous pourrions jeter nos vues et diriger nos
démarches.
La conférence, que je viens d'avoir avec lord Castl'ereagh,
m'a confirmé dans l'opinion où je n'ai jamais cessé d'être qiie
Ses droits aux d'uchés de Parme, Plaisance et Guastalla étaient
reconnus et qu'ils seraient rendus sans difficulté. J'ai su de
plus qu^on ne pouvait contester à Votre Majesté une com-
pensation quelconque pour la différence qui existe entre les il
revenus de ces Etats et ceux de la Toscane. Mais j'ai Fhon-
neur de lui répéter que, puisqu'il faut renoncer à trouver cette
compensation dans le territoire de Gênes, M. de Labrador et \
moi, nous serons très embarrassés pour les moyens d'en ob-
tenir une, s'il faut absolument exclure les Légations. Je me
propose de faire céder à Votre Majesté le duché de Massa
Carrara et la république de Lucques en donnant l'équivalant
à la duchesse de Modène dans les Légations que Votre Ma-
jesté refuse. Mais je crois qu'il serait bien plus avantageux
pour Elle de les avoir que d'en laisser disposer en faveur de
tout autre souverain.
En dernière analyse, il faut que Votre Majesté sache que, 1î
quelque chaleur que le Cabinet de Sa Sainteté puisse apporte r^p
dans la réclamation qu'il fait de ces Légations, elles ne lui'Pii
seront pas rendues, qu'EUe a donc à examiner d'après cettejF
assurance s'il Lui convient d'y renoncer. Je La supplie de me] ki
donner sur ce point la réponse la plus prompte. JlFâi
i
794. Vienne.. 16 novembi-e 1814 (F. 4. 4376 ad 3565 .
MAVROJENI au Prince de MOLDAVIE {Intercepta} (en français)!
La cession de Gènes. La Russie intraitable sur la Pologne. Gravité de la situa-
tion. Repnin et la déclaration de cession provisoire de la Saxe. Mémoire dVi
14 octobre du duc de Coburg à Gastlereagh sur la nécessité du maintien de
la Saxe.
Par une convention avec les cours alliées, qui fut jusqu'ici
tenue secrète, l'acquision du pays de Gênes a été assurée auj
l'ouverture du congrès. LA SAXE ET LA POLOGNE 547
oi de Sardaig-ne (1). Cet arrangement va s'exécuter ; car il
st parti d'ici, il y a quelques jours, des courriers pour Gênes
t Turin, qui portent l'avis de l'incorporation du pays de Gênes
lUX Etats du Piémont. Gênes aura son Sénat et une consti-
ution particulière. Gomme de tout temps, le Piémont a servi
[e boulevard pour l'Italie contre la France, il paraît qu'on a
âgé nécessaire de donner plus de force au Piémont pour pou-
oir soutenir ce rôle aussi à l'avenir.
Les tentatives de ramener la 'Russie de ses projets sur la
ologne sont restées jusqu'ici sans succès. Les Russes disent
u'ils ont fait une guerre juste en poursuivant un ennemi qui
Jt venu les attaquer chez eux, que leur pays a été dévasté,
a'ils ont conquis le duché de Varsovie par la valeur de leurs
mes, et que c'est eux qui ont donné à l'Europe le signal de
révolter et de courir sus à Napoléon, l'ennemi commun;
l'en conséquence, ils peuvent prétendre à être indemnisés de
ors pertes et récompensés de leurs services par une province
leur portée, telle que le Duché de Varsovie.
L'Angleterre, qui est encore intéressée par son commerce
e tout le cours de la Vistule ne dépende pas de la Russie
aie, n'applaudit pas à ces arrangements, ainsi que la France.
Prusse, qui ne peut pas manquer d'en sentir la force, se
ne à demander qu'elle soit restituée dans létat où elle se
uvait en 1803, et elle regarde le royaume de Saxe comme un
livalent très à sa convenance contre la perte de ses anciennes
vinces polonaises.
pe part et d'autre, on s'est presque épuisé en paroles et en
jonnements pour pouvoir se convaincre, et la crainte n'est
vaine que ce conflit d'opinions n'entraîne un refroidisse-
et même plus. En attendant, les Prussiens s'emparent
ministration de la Saxe et le prince Repnin (^) a fait
,er {sie} aux autorités la circulaire qui se trouve dans
elle de Francfort.
utriche et l'Angleterre n'ont cependant donné leur adhé-
u'à l'administration provisoire de la Saxe par la Prusse.
de Goburg a présenté à lord Gastlereagh un M.émoire(â),
d'Ar<GEBERG, 171. Articles séparés et secrets du traité de Paris.
d'ANGEBERG, I, 413. Déclaration du prince Repnin, de Dresde, 8 no-
aux autorités saxonnes.
d'ANGEDERG, I, 293-295. Lettre du duc régnant de Saxe-Coburg-Saal-
jrd Gastlereagh, examinant la question du droit vis-à-vis de la Saxe
lestioa générale. Vienne, 14 octobre 1814.
548 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
dans lequel il prouve que la suppression de la Saxe serait con-
traire autant au droit qu'à l'intérêt général de l'Europe.
Il dit entre autres (1) : « Vous voulez, Mylord, que la Prusse
< soit forte! C'est l'affaiblir que lui donner une population,
« qui d'un siècle n'oubliera pas ses sentiments pour son ancienne
« dynastie Vous voulez unir l'Autriche à la Prusse. La Saxe
« donnée à cette dernière suffirait seule pour les diviser Vous
« voulez diviser la Prusse et la' Russie. Vous n'y parviendrez
« pas. [1 y a entre ces deux souverains des liens personnels
« qu'il n'est au pouvoir de personne de rompre. L'affection
« à part, vous unissez leurs intérêts, quand vous pensez les
« séparer. Car la Prusse sera appuyée par la Russie dans say
« projets d'agrandissement en Allemagne et la Prussl
« appuyera de son côte les desseins de la Russie sur l'empin
« Ottoman renversé, la paix de l'Europe ébranlée, et ton
« cela par suite de votre plan. »
795. Vienne, 18 novembre 1814 (F. 4. 4405 ad 3565).
HAGER à l'EMPEREUR. (F. 4. 4699 ad 3565).
(Bordereau et rapport journalier du 18 novembre 1814). j.
Résumé des rapports sur les perquisitions faites chez Vernègues
et chez le comte Bethusy.
La perquisition secrète faite chez le conseiller d'état r
Vernègues en relations suivies avec Anstett, Talleyrandf
Gzartoryski a donné peu de résultats. On y a trouvé beaucc»|
de papiers en russe que les commissaires adjoints à l'a
n'ont pu lire. On la recommencera avec une personne conna
sant cette langue.
Rapport sur le comte Bethusy, que Metternich croit êt__
chef de la police secrète prussienne. La surveillance n'a™»".
encore donné les résultats désirés.
1. Cf. d'ANGEBERG, page 294.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 549
796. Vienne, 17 novembre 1814 (F. 4. 4405 ad 3565).
GŒHAUSEN à HAGER
Perquisition chez Vernègues.
Détails sur la perquisition faite chez Vernègues d'après les
ndications du Hofkammer Kanzellisten Desclairs. D'après
)esclairs, le chevalier Butassy (?) serait le frère de Vernègues.
Rapport de Schmidt sur les différentes opérations de la
)erquisition faite par lui-même, le protocoliste Fino et les ser-
uriers de la Police. On y a trouvé, entre autres, une clé, dont
>n a pris l'empreinte et qu'on a copiée, et un certain nombre
e papiers qu'on a pu lire et dont on fournit copie. Il reste
me foule de papiers en russe qu'on n'a pu déchiffrer.
97. Vienne, 17 novembre 1814 (F. 4. 4405 ad 3565).
GŒHAUSEN à HAGER
Renseignements sur le comte Bethusy.
Le comte Bethusy, supposé être le chef de la police secrète
ussienne et venu de Berlin avec ses deux fils, parle d'aller
3US peu à Graz et serait un grand favori de Louis XVIII et
Alexandre. Il expédie lui-même ses lettres (énumération des
isites qu'il a reçues et des mesures prises, tant pour le sur-
eiller de près que pour examiner les papiers qu'il a chez lui).
J8. Vienne, 17 novembre 1814 (F. 4. 4405 ad 3565 .
Rapport à HAGER
Intercepté chez Hardenberg les lettres qu'il a écrites le 16,
[prince Auguste de Prusse, à Kûster, Gagern, et Humboldt.
Chez Stackelberg : deux lettres, l'une au général Tschaplitz,
lUtre à Piquot.
Lettres interceptées, la plupart relatives à des affaires privées
luf une de Planta à Clancarty (16 novembre) réclamant le
SSO AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
renvoi de la lettre de lord Gastlereagh à Hardenberg au sujet
de la Saxe, et qui lui a été transmise il y a trois semaines,
et une de Mme de Kùster à son mari, lui signalant l'indiffé-;
rence manifestée par le public à la représentation de galai
donnée à l'occasion de la fête du roi (de Wurtemberg). :
Envoi avec le rapport du 17 d'un pçiquet de lettres et de
mémoires reçus pendant la nuit et qn'on vient de tirer du]
bureau de Dalberg.
799. Vienne, 17 novembre 1814 (F. 4. 4405 ad 3065).
Rapport à HAGER
1
Surveillance du duc de Brunswick très mécontent de la toiir-
nure prise par les affaires d'Allemagne.
800. Vienne, 17 novembre 1814 (F, 4. 4405 ad 3565).
Rapport à HAGER
Noailles et l'expédition de ses lettres.
Noailles expédie ses lettres 'de chez Talleyrand où, comm^
on l'a déjà dit, il est d'autant plus difficile de les intercepter,
même momentanément, que la surveillance est exercée par
Français qui note sur un registre les heures des expéditions
des arrivées des pièces. On doit donc se borner, comme
vient de le faire, avec succès, à ramasser des chiffons.
801. Vienne, 17 novembre 1814 (F. 4. 44iff5 ad 3565).
GŒHAUSENà HAGER
Note de protestation des petits Etats allemands rédigée par Gagern,
en date du 16 novembre.
Les représentants des petits Etats allemands, à l'exeeptio 1 ,^
de la Bavière, du Wurtemberg et de Bade, ont signéhier soîI :,]
l'ouverture du congrès. LA SAXE ET LA POLOGNE 531
à ruaaammité nue note, qu'ils firent remettre à Metternich et
dans laquelle ils protestent contre tout ce qui a été fait et se
fera pour l'Allemag-ne et exposent leurs vues et leurs désirs.
Holstein, Brunswick, Mecklembourg, Hesse-Cassel, Hesse-
Darmstadt, Maisons de Saxe et de Reuss, Nassau, Lippe, les
villes libres, etc., etc. (Note rédigée par Gagera) (1).
802. Vienne, 17 novembre 1814 (F. 4. 4405 ad 3565).
Rapport à HAGER
Propos tenus par Dalberg et La Tour du Pin sur la Saxe, la Pologne et
l'Italie, etc. Trauttmansdorff et la comtesse de Ïalleyrand-Périgord. Rad-
ziwill et la Pologne. Repnin et la Saxe.
La France, ont dit Dalberg et La Tour du Pin, ne permettra
jamais que l'Empereur Alexandre soit roi de Pologne, le roi
de Prusse, roi de Saxe et l'Empereur d'Autriche, roi d'Italie.
Voilà les points principaux, d'où dépend le rétablissement de
l'équilibre européen. La France s'occupera aussi du droit mari-
time et de la traite des nègres.
Le Grand écuyer (2) Trauttmansdorff fait une cour assidue
à la comtesse de Tallejrand-Périgord.
Radziwill croit que la Russie insistera sur la question de
Pologne. Au fond, il reste personnellement toujours très Prus-
sien, quoique sujet russe et malgré la restitution de ses biens,
faite au prince Dominique Radziwill.
Pour la Saxe, Repnin doit venir à Vienne après avoir fait
la remise de son Gouvernement aux Prussiens. Radziwill
doute fort cependant que la Prusse garde la Saxe, dont, dans
ce cas, le prince Guillaume de Prusse deviendrait le vice-roi.
|803. Vienne, 17 novembre 1814 (F. 4. 4405 ad 3565).
FREDDI à HAGER (en français).
L'opinion du aonce sur la faveur imméritée de Metternich
et de l'injuste disgrâce de Stadion.
C'est une chose bien étonnante, m'a dit le nonce, de voir
1. Cf. d'ANGEBERG, 441-445.
^2. Il s'agit ici du comte ïrauttmansdorff.
552 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Metternich comblé d^honneurs et de dons, tandis que Stadion,
qui a été le premier instrument de l'heureuse issue de la
guerre, n'a rien obtenu. L'Empereur aurait au moins dû
racheter les biens, que le comte de Stadion possédait eri Wur-
temberg et qui lui furent confisqués par ordre du tyran, et par
ce trait de générosité, récompenser tant d'éminents et d'avan-
tageux services que le comte de Stadion avait rendus pour le
bien de la monarchie autrichienne et même de l'Europe
entière.
804. Paris, 5 novembre 1814 (F. 4.4405 ad 3565).
FAGEL à GAGKRN [intercepta] (en français).
On augure naal du Congrès. On s'attend au retour prochain de Taileyrand. Il
espère que le prince d'Orange deviendra roi. Les arrestations à Paris et
l'état des esprit en France.
Je suis peu enchanté de ce que Votre Excellence me dit du
Congrès et de la politique. Nous ne savons pas grand'chose
ici ; mais tout le monde s'accorde à regarder comme très em-
brouillées les affaires les plus importantes. Allemands, Anglais
et Français voient également en noir. Ces derniers assurent
que Taileyrand sera de retour ici, rébus infactis, avant quinze
jours. Ce que je désirerais, rébus sic stantibus, pour nous autres
ducaux, c'est que comme il y a cinq rois, (sonst hatte man an
den Heiligen drei Kœnigen schon zu viel){[) il pût y en avoir
six et que le sixième (Orange) fût, comme les autres, agrégé
à la Confédération Germanique.
J'apprends avec plaisir que le prince n'est pas contraire à
un tel plan, et je le crois fait pour obtenir l'approbation de
Votre Excellence.
On a fait ici ces jours-ci des arrestations (2). On parlait
de conjuration. Le fait est qu'un officier supérieur s'est
avisé de vouloir enrôler des volontaires pour les mener à
Sa Majesté Haïtienne et que, comme de raison, on a trouvé
1. Jusqu'ici on trouvait déjà beaucoup d'avoir les Trois Rois. ;
2. Cf. dans Polovtsof, Correspondance diplomatique, etc., t. 1, p. 113, Dé-
pèche n° 105. Boutiaguine au comte de Nesselrode, Paris, 8 novembre 1814, li^
à propos des arrestations et du général Dufour. IsgpQ
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 553
Je procédé fort incongru et qu'on a coffré l'aventurier. Cela
n'empêche pas que le mécontentement aille toujours son train.
Je ne pense pas que cela puisse avoir des suites dangereuses.
On parle trop haut pour cela. Les Français n'ont cessé d'être
mécontents, ou de se dire tels, que sous Bonaparte, parce
queBicêtre ou Vincennes leur fermaient la bouche. Du moment
qu'on les laisse parler, (et Dieu sait qu'ils en ont la pleine
faculté à présent) je ne crois pas qu'il y ait rien à craindre.
Ce qui me paraît plus dangereux, c'est leur animosité contre
les étrangers. Que ce sentiment violent et haineux soit par-
tagé par le gouvernement ou non, il me paraît également
menaçant et dangereux, car il ne peut aller qu'en croissant.
805. Londres, 23 octobre-4 novembre 1814 (F. 4.4405 ad 3565).
LIEVEN (1) au comte de NESSELRODE (intercepta) (en français).
Suspension du licenciement d'une partie de l'armée anglaise et des milices.
Causes de cette mesui'c. Satisfaction causée par la création du Royaume
de Hanovre. Retrait de la garnison anglaise de Madère.
Le gouvernement a suspendu le licenciement des régiments
de milice et des seconds bataillons dans l'armée. Le prétexte,
qu'il donne pour cette mesure, est fondé, pour la milice sur
la situation toujours précaire des affaires en Irlande, et quant
aux seconds bataillons, sur la guerre d'Amérique.
Quelque plausibles que paraissent ces raisons, je croirais,
d'après mes propres observations, pouvoir en donner une à
votre Excellence qui semble l'emporter sur toute autre. C'est
l'état, incertain encore, des affaires de l'Europe, à côté duquel
le gouvernement britannique ne perd pas de vue l'esprit in-
quiet de la nation Française, tout en rendant justice aux dis-
positions pacifiques de son Souverain et de ses ministres. En
effet, les relations entre les deux cabinets sont celles d'une par-
faite amitié et deviennent plus intimes tous les jours.
l.Lieven i Christophe Andreiévvitch'i, Major Général russe, d'abord protégé
par Paul I", nommé par Alexandre I»"^ en 1810 ministre à Berlin puis en 1812
d'abord ministre et peu après ambassadeur de Russie à Londres. Il y resta
Jusqu'en 1834 Rappelé par l'Empereur Nicolas, il devint gouverneur du futur
empereur Alexandre. Fait prince en 1826, Lieven mourut à Rome en 1838.
554 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
M'étant trouvé à Brighton lors de l'arrivée des dépêches
de Vienne relatives à l'adoption du nouveau titre de Roi de
Hanovre, j'ai été téiAoin de la satisfaction que le Prince Régent
a éprouvée à cette occasion.
Le gouvernement britannique s'occupe peu à peu de l'exé-
cution de ses engagements dans les traités de paix. En consé-
quence, il vient de retirer de l'île de Madère la garnison an-
glaise qui loccupait depuis plusieurs années.
8C6. Vieime, 19 novembre 1814 (F. 4. 4773 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier. Vienne, 19 novembre 1814.
Envoi des pièces et rapports du 18.
Il lui rend compte qu'en attendant qu'on puisse fouiller chez
le comte Bethusy et ouvrir ses lettres, on a pris l'empreinte ?
de son cachet.
807. Vienne, 18 novembre 1814 (F. 4. 743 ad 3565).
Rapport à HAGER {Intercepta).
Stein à Humboldt, auquel il envoie la note de protestation,
qui lui a été remise par les ministres Wurtembergeois Wint-
zingerode et Linden (1), contre la façon dont le Congrès pré-
tend régler les affaires d'Allemagne.
808. Vienne, 18 novembre 1614j(F. 4. 4743 ad 3565).
Rapport à HAGER.
Le prince Eugène a rendu visite d'abord à M"* Susane, pi
à Séraphine Lambert, avant d'aller chez la princesse Bagration.,
1. Cf. D'Angébehg, 439-440. Note du comte de Wintzingerode et du baroaV
de Linden, Plénipotentiaires du Wurtemberg aux divers membres du Comité
cliargé des affaires Allemandes en date de Vienne le 16 novembre 1S14.
V)
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 555
809. Vienne, 18 novembre 1814 <F. 4. 4743 ad 3565).
Rapport à HAGER
Les affaires de Pologne et de Saxe sont stationnaires. Tal-
leyrand ménage la résistance de la Bavière. Les Prussiens
sont plus irrités contre Hudelist que contre Metternich et af-
firment que c'est Hudelist qui tient tous les fils de la politi-
que autrichienne.
810. Vienne, 18 novembre 18U (F. 4. 4743 ad 3565%
Rapport à HAGER (en français).
Talleyrand a dit à Alexandre et au roi de Prusse, qui s'éle-
vaient vivement contre la conduite du roi de Saxe en 1813 :
« Vous êtes dans le même cas. Vous n'avez fait la guerre
qu'aux succès de Napoléon, mais non à ses intentions (1). »
On prétend que Stein, qui ne désapprouve nullement la bro-
chure Preussen and Sachsen pourrait bien y avoir collaboré
ou l'avoir inspirée.
811. Vienne, 16 novembre 1814 (F. 4. 4745 ad S565).
Rapport à HAGER (en français).
Pourquoi l'Angleterre favorise l'agrandissement de la Prusse.
L'aveuglement de la Russie.
Les Anglais persistent toujours à soutenir que la politique
exige l'agrandissement de la Prusse dans la plus grande éten-
due possible. C'est la seule puissance, disent-ils, que nous
pouvons énergiquement opposer à la Russie. Celle-ci, par son
entêtement sur la Pologne, entre aveuglément dans toutes les
2. Cf. Pièce 650. Talleyrand aurait tenu un propos à peu près semblable,
non pas dans un entretien avec les souverains, mais au cours d'une confé-
rence aT«c les ministres des alliés. Voir la lettre de Mavrojeni au prince de
Moldavie, en date du 1" novembre.
556 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
concessions qu'on propose en faveur de la Prusse et ne voit
pas qu'il se forme ainsi un colosse formidable contre elle. Mais
notre politique est plus prudente que la sienne, et si la Russie
conserve la Pologne, nous trouverons d'autres moyens de la
balancer.
812. Vienne, 17 novembre 1814 (F. 4. 4743 ad 3565).
L... à HAGER
Alexandre, son entêtement, l'indisposition de l'empereur d'Autriche et la
tension des rapports entre les deux empereurs. Le roi de Prusse. L'affaire
de Saxe. Hardenberg et Stackelberg.
L'empereur Alexandre, vient de me dire le major prussien
comte Reichenbach, a tranché le Nœud Gordien. Il ne rendra
rien à l'Autriche, pas même Cracovie,et persiste à dire que, si
on veut lui reprendre la Pologne, il s'y opposera par tous les
moyens dont il dispose et ne reculera pas devant la guerre. Ces
propos ont tellement contrarié l'empereur d'Autriche qu'il en
est tombé malade, et c'est là la raison pour laquelle le voyage
en Styrie n'a pas eu lieu. Alexandre a même un moment songé
à quitter la Burg et à aller habiter l'hôtel de Razoumofîsky.
Il aurait sans aucun doute donné suite à ce projet s'il n'en
avait été dissuadé par les dames russes (1).
La façon dont la Berliner-Zeitung a annoncé la prise de
possession de la Saxe par la Prusse a fortement déplu au roi.
« C'est, a-t-il dit, une absurdité, puisque je n'ai pas encore la
Saxe. Il faut donner une bonne leçon au Censeur pour lui ap-
prendre à ne pas aller plus vite que les violons. »
Le chancelier (Hardenberg) a eu plusieurs explications fort
vives avec le roi, qui a cédé aux conseils du général Knese-
beck. Le général a dit au roi, que Hardenberg avait assuré-
ment des sympathies et des faiblesses pour l'Autriche, mais
que d'autre part le roi ne pouvait dans ce moment se passer
d'un homme qu'il lui serait impossible de remplacer. La nation
tient à Hardenberg, a confiance en lui et n'accepterait pas son
1. 11 s'agit là bien probablement de l'intervention des deux grandes-du-
chesses, sœurs d'Alexandre.
' l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 557
remplacement par quelque obscur conseiller d'Etat. Humboldt
lui-même est encore trop neuf et n'est connu que depuis la
guerre. On n'a pas encore oublié qu'il avait fait assez triste
figure, lorsqu'il était à la tête de l'Instruction et des Cultes et
qu'on avait dû le relever de ses fonctions. De pareils collabo-
rateurs rendraient le roi impopulaire et, dans le cas d'une
guerre provoquée par de semblables ministres, il risquerait
fort d'être abandonné par son peuple. Rien n'empêchait du
reste le roi de prendre conseil de ces personnes, afin de diriger
et de modifier de cette façon les propositions et les vues du
chancelier, et le général aurait de la sorte obtenu que le roi, qui
signait dans le temps sans autre forme de procès les pièces
que lui présentait le chancelier, ne le fait plus maintenant
qu'après avoir pris son avis et consulté ces personnes.
Reichenbach commence du reste à se rallier lui-même au
chancelier, parce qu'il est en bons termes avec le général, avec
lequel il a été jadis en Silésie et parce qu'il dépend mainte-
nant du conseil d'Etat Beguelin, une créature du chancelier,
auquel ce dernier appartient corps et âme.Hardenberg aurait,
paraît-il, dit à Beguelin : « On me malmène, mais c'est moi
qui ai sauvé le roi et le pays. Je ne me laisserai mettre de-
hors que lorsque mon œuvre sera achevée. »
Reichenbach m'a encore dit que le roi a donné ordre de
répondre à la brochure Sachsen und Preussen. Cette réponse
paraîtra sous peu (i).
813. Vienne, 18 novembre 1814 (F 4. 4765 ad 3565).
@© à riAGER (en français).
Jugement des Viennois sur Alexandre et le roi de Prusse.
L'empereur Alexandre et le roi de Prusse sont devenus
l'objet du mépris général. Le libertinage outré du premier et
le maintien sévère du second ont armé la satire contre eux.
Leurs démarches ont été épiées et leur conduite privée soi-
1. 11 s'agit de la brochure Preussen und Sachsen, dont l'auteur serait le
conseiller intime prussien Hoffmann. L'autre brochure également anonyme
aui'ait été rédigée par un bavarois, le baron von Ar jtin. i
5o8
AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
gneusement observée; la manière dont ils se sont conduits aux
redoutes publiques, tout a contribué à les faire juger avec
sévérité, de sorte qu'on ne parle d'Alexandre que comme d'un
honteux libertin, de Frédéric-Guillaume que comme d'un
rusé fripon.
814.
Vieans, 20 novembre 1814 (F. 4,4441 ad 3565).
HAGER à L^EMPEREUR (F. 4. 4773 ad 3565)
(Bordereau et rapport journalier du 20 novembre).
Liste et envoi le 19 novemJ>re (F. 4. 4441 ad 3565) de let-
tres expédiées par Stein et Stackelberg et de quelques autres
reçues par Wrede, Recbberg, Besserer (sans grand intérêt).
Liste et analyse des principaux papiers trouvés et dépouillés
chez le chevalier Bresson de Valensole : (Lettre de Bresson
aux maréchaux du 18 octobre, dans laquelle il rend compte
de son entretien avec Tallejrand et une autre du â9 octobre,
sur son entretien] avec Nesselrode. Lettre à Nesselrode, au
sujet des datations du maréchal Ney, dont il est le manda-
taire. Lettre à Nesselrode, pour les biens du duc d'Albuféra.
Note en faveur des maréchaux adressée à Metternich. Note à
Hardenberg pour Davout.)
815.
Vienne, 19 novembre 1814 (F. 4. 4451 ad 3565).
Rapport à HAGER
Intercepté, le 18, deux paquets envoyés par Stein à Hedem-
mann
Annonce de la perquisition qui sera faite chez le comte
Bethusy.
On a fouillé le bureau de Noailles et communiqué les pa- Hlj
piers qu'on y a trouvés et dont on a fait prendre copie.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 359
816. Vienu€, 19 novembre 1814 (F". 4. 44il ad 3565).
Rapport à ITAGER
L'agent 0, qui renseigne sur le ministre de Suède, Bîldt,
sur La Harpe, Radziwill et Ott, a réussi à se donner chez exix
l'air d'un patriote Polonais militant.
Un autre, qui n^a plus pour le renseigner M. Szuyski, a
gagné la confiance de Godakowski (1) et de quelques autres,
en leur prouvant qu'il avait encore une partie de sa fortune
dans le district de Tarnopol cédé en 1809, à la Russie.
817. Vienne, 19 novembre 1814 (F. 4. 4441 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
San Vitale et les craintes de Marie-Louise au sujet de Parme
et des intentions du Congrès. Les désirs des' Parmesans.
Le comte de San Vitale n'est pas encore en activité de ser-
vice auprès de Marie-Louise, qui lui a manifesté ses craintes
sur son sort et les doutes qu'elle a sur la décision du Congrès,
qui ne lui a pas encore attribué Parme, quoique ce duché lui
ait été reconnu par traité.
San Vitale a ajouté que, malgré les rapports optimistes du
ministre Magawly Gerati, les Parmesans désirent en réalité
voir revenir dans le duché le petit-fils du feu duc.
|818« Vienne, 19 novembre 1814 (F. 4. 4441 ad 3565).
©© cà HAGER
Un mot de la duchesse de Sagan sur ses maris. Ce qu'on pense
chez la Bagration.
^La duchesse de Sagan a dit à sa digne amie, la comtesse
Patriotes et hommes politiques Polonais qui gravitaient autour de Czar-
toryski et de Lubomirski et qui fréquentaient les salons polonais, tels que
îelui du comte Skarbek par exemple.
560 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Fuchs (i) : « Je me ruine en maris (faisant ainsi allusion aux
rentes qu'elle sert à Louis de Rohan et à Troubetzkoï). Je ne
me passerai plus cette fantaisie et jamais je ne prendrai plus
de mari (2). »
A l'une des dernières soirées de la Bagration, à laquelle
assistait avec ses parents une des filles du prince Starhemberg,
on jouait aux jeux innocents, aux gages, aux petits papiers.
Pendant ce temps la jeune fille s'en alla dans le salon le plus
éloigné avec un Russe qui ferma la porte à clef. Le prince
s'en aperçut et fit sauter la serrure. Une fois de plus, on a
répété que la maison de la Bagration était un B,.. et qu'on
s'étonnait de voir une mère j conduire sa fille.
819. Vienne, 19 novembre 1814 (F. 4. 4441 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Bruits de départ de Gastlereagh et d'Alexandre. Diatribe de Kozlowski sur ^Jo
l'Autriche, Langenau, la Prusse et la Saxe ; ce qu'en dirait Napoléon. La
retraite de RoumiantsofT et la situation faite à Nesselrode. Préparatifs mi-
litaires de la Prusse. Un mot du prince royal de Bavière.
On parle de plus en plus du départ d'Alexandre, qui aurait ï
lieu le 12 ou le 13 et de celui de lord Gastlereagh, qui va avoir
un vilain moment à passer avec le Parlement, qui le rend res- |
ponsable de tout ce qui se passe et des difficultés actuelles. J
Le prince Kozlowski a dit à ce propos, hier chez Naris- j
chkine, en s'adressant à moi : « Vous, messieurs les Autri-;j
chiens, vous commencez à être les plus difficiles. G'est votreÉ
Langenau qui, par haine personnelle contre les Prussiens, et
parce qu'il s'agit de sa patrie, cherche à embrouiller les choses.
11 paraît qu'il cherche l'occasion de déployer ses talents et
c'est pour se faire un grand nom^ qu'il brouille tout le monde
et échauffe les têtes. »
1. La belle comtesse Laure de Fuchs, dont le salon était alors l'un d
plus brillants et des plus recherchés de Vienne,
2. La duchesse ne se tint pas parole, puisque cinq ans plus tard elle épousa
Schluleabourg.
h
i '•
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 561
Puis il dit au comte Golovkine (1). « Connaissez-vous le
libelle Preussen und Sachsen, On dit que c'est par le fameux
avocat du roi de Saxe, traitre à la chose sacrée de l'Europe et
surtout de l'Allemagne. »
Comme j'essayais de calmer le prince, il me dit : « Je sou-
haite que vous, les Autrichiens, vous n'ayez pas à vous en re.
pentir. Je donnerais quelque chose pour entendre à présent
Napoléon donner son opinion. Il a eu raison de dire : «/'ai tel-
lement embrouillé les choses que je suis curieux de voir com-
ment ils s'arrangeront. »
Un peu plus tard, comme on parlait de la retraite de Rou-
miantsoff (2 , Golovkine a dit en français à Kozlowski : « Ce
a'est pas Nesselrode qui a pris la place de Roumiantsoff, c'est
'Empereur lui-même qui fait tout ; il est capitaine étant mi-
listre de la Guerre, ministre des Affaires Etrangères ; Nessel-
ode n'est que son secrétaire privé ».
Des discours tenus dans l'entourage du roi de Prusse par
e lieutenant-colonel Thiele, chef du bureau militaire, et le major
îedemann, il résulte manifestement qu'ils considèrent la rup-
ure avec l'Autriche comme inévitable et qu'on prend en se-
îret, en Prusse, des mesures pour s'y préparer. Mais l'opinion
mblique, et même celle de l'armée, y est nettement opposée.
En visitant hier le bureau topographique, le prince royal de
iavière n'a pu s'empêcher de donner le conseil d'envoyer des
fficiers faire des levés en territoire russe.
|20. Vienne, t9 novembre 1814 (F, 4. 4441 ad 3565).
LŒIWENHIELM à ENGESTROEM [intercepta)
(en français) (analyse).
Proposition faite par Metternich à Labrador relativement
aux affaires de Toscane.
iDans la dernière séance, le prince de Metternich a proposé
Ministre de Russie à Stuttgart, Golovkine ( Georges- Alexandrovitch,
|mte) conseiller privé actuel avait été appelé à Vienne ; il y resta pendant
itela durée du Congrès.
Roumiantsolî (Nicolas-Petrovitch, comte) (1750-1826', débuta dans la di-
|>matie en 1791. Successivementchambellan à Tavènement d'Alexandre, séna-
r, ministre du Commerce, puis des Affaires Etrangères, partisan de l'alliance
içaiseet de Napoléon, en disgrâce en 1812, il quitta les affaires et se consa-
aux sciences et à la littérature.
T. I. ' 36
562 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
au plénipotentiaire d'Espagne d'entrer avec lui en négociations
relativement aux affaires de Toscane, àlapossession de laquelle
la reine d'Etrurie veut faire valoir ses droits. Metternich et
Labrador, ne se reconnaissant pas mutuellement comme plé-
nipotentiaires de la Toscane, dont la possession est en litige,
convinrent de traiter en leurs qualités de ministres et de
plénipotentiaires d'Autriche et d'Espagne, afin de n'être pas
arrêtés par le refus de reconnaître leurs pleins pouvoirs res-
pectifs.
Le prince de Metternich, ayant proposé de s'adjoindre les
ministres des Puissances dont ils réclamaient l'intervention
officieuse, l'Autriche a appelé l'Angleterre de son côté et La*
brador, les plénipotentiaires de Russie. Il fut convenu égale-»
ment que M. de Labrador donnerait aujourd'hui au prince de
Metternich le Mémoire, dans lequel il établit les droits de la
reine d'Etrurie.
Le prince de Metternich ayant déclaré au Conseil prépara?!
toire qu'il n'avait aucune autre proposition à lui faire, le GonI
seil leva la séance. !]
m
821. Vienne, 19 novembre 1814 (F. 4. 4441 ad 3565).
HEGARDT à ENGESTROEM (intercepta) en français).
Bruits de concessions de la part de la Russie et espérance d'un règlement de?
questions de Pologne et de Saxe.
Les négociations préparatoires sont à peu près dans le?
mêmes termes. Hier cependant on a dit qu'il y avait quelque
apparences d'un rapprochement et d'un aplanissement des dj
férends au sujet de la Pologne, et que la Russie paraissait
posée à borner ses prétentions sur le duché de Varsovie
partie qui est située sur la rive droite de la Vistule. Co
la Prusse, moyennant cette modération de la Russie, recou
1. Cf. d'ANGEBERG, 500-503, 4'"' protocole de la séance du 9 décembi
S"" protocole de la séance du 10 décembre des plénipotentiaires des Hi
Puissances signataires du traité de Paris. 11 n'est fait aucune mention
affaires de Toscane dans le procès-verbal de la séance du 13 novembre (/j
425), et ce fut seulement dans la séance du 10 décembre qu'on adopta la pn
position d'inviter la France, la Russie et l'Angletei-re à intervenir dans j;
discussion de la question de la Toscane et qu'on désigna comme plénipote | iv *l
tiaires Labrador, Wessenberg, Noailles, Glancarty et Nesselrode. h ,'^
■in,
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 563
'ait une partie considérable de ses provinces polonaises cédées
3ar le traité de Tilsit, on croit qu'elle se contentera des deux
Lusaces avec une population de 4 à 500.000 âmes, et que la
5axe proprement dite, à quelques cessions près pour^faire une
■routière plus convenable à la Prusse, pourrait être conservée
kson roi,à qui il resterait pourtant environ 1.500.000 sujets.
522. Vienne, 19 novembre 1814 (F. 4. 4441 ad 3565).
CAMPOCHIARO à GALLO {intercepta) (en italien) (analyse).
Il Pentretient de la déclaration faite par Roccaromana en
lassant par Ancône (1), où il aurait annoncé que Murât avait
té reconnu par le Congrès. Il lui fait remarquer que la|Rus-
ie et la Prusse n'ont pas caché qu'elles l'avaient reconnu, que
Angleterre n'avait pas nié qu'elle avait eu des relations offî-
Lelles avec le Chef du Gouvernement de Naples. Mais qu'à
m avis, il serait sage de ne rien publier à ce propos dans le
)yaume. Il espère du reste que cet incident ne donnera pas
BU à des réclamations.
J3. Vienne, 19 octobre 1814 (F. 4. 4441 ad 3565).
BRESSON de VALENSOLE aux maréchaux de France
{intercepta) (en français) (analyse).
Talleyrand, auquel il s'est adressé avant de faire aucune
jtre démarche, lui a répondu : « Le principe des dotations a
! abandonné. Nous ne pouvons plus obtenir que des excep-
is particulières. J'ai l'ordre du roi et je travaille de cœur
ir Messieurs les Maréchaux.
Te suis fort aise que vous veniez pour le prince de la Mos-
wa et autres. Ce n'est pas inutile. Agissez. Je vous appuye-
de tout mon pouvoir. Nous marcherons ensemble. Vous
ivez compter sur moi. »
F*ai dit au prince que j'ai une lettre pour M. de Metternich
Isujet du Monte Napoleone : « C'est au mieux, m'a-t-il dit ;
Cf. pour plus de détails sur la déclaration faite à Ancône par Roccaromana
général Carrascosa et sur ses conséquences, G' Weil, Joaçhim Murât, La
lière année de tègne, l, 363-365.
564
AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
insistez, insistez, sur ce Monte Napoleone. Je lui en ai parlé,
mais attaquez-le vivement là-dessus. »
Bresson ajoute qu'il est allé chez Metternich, mais n'a pu
le joindre, qu'Alexandre l'a reçu quelques heures avant l'ex-
pédition de cette lettre. « Sa Majesté, écrit-il, me dit qu'EUe
fera ce qui est juste en autorisant Nesselrode. »
824.
Vienne, 21 novembre 1814 (F. 4. 4781 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 21 novembre 1814.
Vienne, 20 novembre 1814.
Rapport à HAGER
Le 19 après-midi F... a examiné les papiers du Gomt
Bethusy sans y rien trouver. Il ne reste plus à dépouiller qî
f on copie de lettres.
825. Vienne, 20 novembre 1814 (F. 4. 4781 ad. 3565).
Rapport à HAGER
Analyse de quelques intercepta.
Anonyme à la princesse Louise de Wurtemberg.
Radziwill à Trembinsky (1) (à Minsk), 19 novembre. (Ilj
conseille de se trouver à Varsovie lors du retour de TEi
reur. Radziwill accompagnera Alexandre afin qu'on pi
délibérer sur diverses combinaisons.)
Anonyme (2) au prince de Schœnburg-Waldenburg. (Il
1. Gentilhomme polonais, mari d'une prmeesse Radziwill, fille du ps
2. Probablement Gagern qui représentait aussi à Vienne le prit
Schœnburg-Waldenburg.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 565
envoie copie des articles discutés ce jour (1) dans la conférence
des ciiiq Etats allemands.)
826. Vienne, 20 novembre 1814 (F. 4. 4781 ad 3863).
Nota à HAGER (en français).
Nouvelles politiques coatradictoires recueillies dans les salons politiques.
On affirme dans le grand monde que Parme fera retour à la
Reine d'Etrurie, que Marie-Louise résidera à Prague, que l'Au-
triche aura les trois Légations, que le roi de Prusse se char-
gera du sort de la Maison de Saxe, que Luxembourg sera
donné au prince d'Orange et que Murât sera pensionné par
l'Angleterre.
On racontait d'autre part qu'Alexandre (2), obligé de renon-
ler à ses projets sur la Pologne, en serait tombé malade, que
a Prusse renonçait à la Saxe, que le roi de Bavière était plus
uonté que jamais contre la Prusse. Il paraît positif qu'A-
exandre a promis aux Suisses qu'on ne toucherait pas à leur
)ays, ni à leurs institutions. Les provinces rhénanes sont très
nécontentes des résolutions du Congrès à leur égard.
J27. Vienne, 20 novembre 1814 (F. 4.4781 ad 3565).
©©à HAGER (en français).
La Russie semble modérer ses exigences sur la Pologne. En
evanche, le prince Antoine de Saxe a bien peu d'espoir pour
on pays, si peu même qu'il songe à venir s'établir à Prague.
|ln vient de recevoir la protestation que le roi de Saxe a rédi-
ée à Berlin (3) et on espère qu'elle sera publiée par le Beo-
achter.
1. 16 novembre. Cf. d'ANOEBBRG, 438-449. Treizième protocole des afîaires
'Allemagne et remise de notes par Wintzingerode et. Linden, les plénipo-
mtiaires de 29 princes souverains et villes libres, les plénipotentiaires du
oc de Bfunswick, de Bade, du prince de la Leyen, etc.
2. Cf. d'ANGEBERG, 450-456, lettre de l'Empereur Alexande en réponse à la
ttre du 4 novembre de Lord Gastlereagh. Vienne, 9-21 novembre 1814.
3. Cf. d'ANGEBERG, 401-403, protestation du roi de Saxe. Friedrichsfeld,
novembre 1814.
566 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
828. Vienne, 20 novembre 1814;(F. 4. 4781 ad 3565).
ee à HAGER
Le mot du prince de Ligne et sa réponse à Alexandre. Mot de la Tour
du Pin sur Metternich. Le Congrès et le Code Napoléon.
« Le Congrès ne marche pas, il danse », a dit ces jours-ci le
prince de Ligne, et comme Alexandre le lui reprochait, il
ajouta : « Oui Sire, il se peut bien que j'aie fait cette plaisan-
terie. Mais il me paraît qu'il en est bien ainsi. »
La Tour du Pin a dit hier soir : « Le Prince de Metternich ^
« n'est entreprenant qu'avec les femmes. D'après ce qui se |
« passe avec la Pologne et la Saxe, il ne peut plus y avoir 1
« d'équilibre sur le Continent. L'Autriche y passera avant la "
« France. Elle sera enveloppée à la fois par la Prusse en
« Bohème et parla Russie en Hongrie et en Galicie. » : ji
On prétend qu'on va proposer au Congrès l'abrogation géné-^
raie du Code Napoléon. 4
829. Vienne, 20 novembre 1814 (F. 4. 4781 ad 5565).
©©à HAGER (en français).
Caractère politique de la chasse chez le prince Esterhazy. Aggravation |
et gravité de la situation d'après Gaertner.
Je reviens de la chasse donnée à Eisenstadt par le princ(
Esterhazy. Elle a eu un caractère nettement politique, puis-
qu'il n'y avait là ni Prussiens, ni Russes. Mais lord Castle-
reagh, Wrede, le duc de Saxe-Weimar, etc.
Gaertner, que j'ai rencontré aujourd'hui à Laxenburg, a ei
la même impression que moi.
Il m'a dit de plus que les affaires lui semblaient se gkU
fortemetit. L'Autriche renforçait son armée. La Prusse venait
d'envoyer à Berlin un colonel chargé d'y porter des ordre
analogues. Hardenberg est très monté contre Metternich, par*
que, bien qu'il ait réussi^ non sans peine, à amener son roi|
s'éloigner de la Russie et à se rapprocher de l'Autriche, '
prince de Metternich n'en avait pas moins cru devoir tenir
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 567
! une conférence secrète avec la France, la Bavière et l'Angle-
! terre. La Prusse n'a donc plus autre chose à faire qu'à se lier
iplus étroitement que jamais avec la Russie.
830. Vienne, 20 novembre 1814 (F. 4. 4781 ad 3565).
e e à HAGER
Les fiançailles Gobourg-Kohary. Les embarras delà Cour d'Autinche au sujet
des tableaux vivants. Imminence d'un soulèvement général en Italie.
Il paraît que le second des Cobourg, le prince Ferdinand,
qui est au service de l'Autriche, va épouser M"" Kohary (1)
qui, on le sait, est une riche héritière.
On raconte qu'on est danslesplus grands embarras à propos
des tableaux vivants qu'on veut représenter à la Cour pendant
l'Avent. L'Empereur de Russie s'oppose à ce qu'on figure des
tableaux de sainteté, donc pas de Madones, pas de Madeleines,
t le Roi de Prusse n'admet pas qu'on choisisse une scène
;irée de l'Ancien ou du Nouveau Testament.
On parle beaucoup des Mémoires de la Reine d'Etnirie écrits
oar elle-même qui viennent de paraître. Le comte Antonelli,
jueje crois être, — et j'ai de bonnes raisons pour cela, — un
igent secret bavarois, a dit hier devant moi que l'Italie était
>ien plus près d'un soulèvement général qu'on ne le sait, et sur-
tout qu'on ne le croit.
531. Vienne, 22 novembre 1814 (F. 4.4442 ad 3368).
HAGER à L'EMPEREUR (F. 4. 4795 ad 3565).
Bordereau et rapport journalier du 22 novembre.
Envoi de nombreux intercepta, mais pour la plupart sans
:rand intérêt.
1. Marie Antonia, comtesse, puis princesse Kohary, épousa en effet Ferdi-
and de Cobourg, mais un peu plus tard, dans les premiers mois de 1816.
Saxe-Goboupg (Ferdinand-Georges-Auguste, duc de» (1785-1851), Irère du
VC régnant Ernest, marié à la princesse de Kohary. Il en eut trois enfants
ont l'un, Ferdinand, épousa dona Maria II, reine de Portugal, et l'autre le
rince Auguste, la princesse Glémentine, fille de Louis-Philippe. Sa fille Vic-
jria épousa en 1840 le duc de Nemours. Le duc Ferdinand est le grand-père
u Cobourg de Sofia.
568 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
On peut tout au plus signaler les pièces suivantes : Tchernit-
cheff à Kozlowski ; anonyme à Noailles ; anonyme à Capo d'Istria.
Paquets interceptés chez lord Gastlereagh.
Stein à Capo d'Istria (envoi de deux mémoires manuscrits et
d'un mémoire imprimé).
Stein à La Harpe (Mémoire sur la Suisse, avec prière de le lui
retourner).
832. Vienne, 21 novembre 1814 (F. 4. 4823 ad 3565).
EMPEREUR D'AUTRICHE à HAGER
Analyse de ses ordres en date de ce jour.
Approbation des mesures proposées par Hager et de celles
contenues dans son rapport du 18 novembre.
Ordre de faire surveiller le major Malczew^ski, de mettre
Schwarzenberg au courant de ses relations avec le lieutenant
Zalokovsky (du régiment de uhlans Schwarzenberg) (1) et du
projet de cet officier d'aller à Varsovie (2) et enfin de surveil-
ler de près le comte Bethusy pendant son séjour à Graz et pen-
dant tout le temps qu'il restera en Autriche.
833. Vienne, 21 novembre 1814 (F. 4. 4442 ad 3565).
FREDDl à HAGER (en français).
Rapport de chez le Nonce. Bruit persistant de Tannulation
du mariage de Marie-Louise.
On ne révoque plus en doute que le Pape ait frappé de nul-^|
lité le mariage de Bonaparte avec l'archiduchesse Marie-Louise.'
On donnait pour certain que la Cour de Vienne avait déjà pris-
des dispositions pour éluder les anathèmes du Vatican et qu'ellei
venait de faire partir les deux généraux KoUer et Neipperg
pour l'île d'Elbe et pour Rome (3).
1. Cf. Ibidem, 4 décembre 1814 (F. 5. 4927 ad 3565). Hager à l'Empereurî
(Bordereau et rapport journalier). Il lui mande que : « l'officier, dont on a.*
signalé les rapports avec le major Malczewski, s'appelle Sologowski. Il est en|
congé et appartenait au régiment de uhlans Merveldt. Avis de ces faits a ét^
donné à Schwarzenberg. » |
2. Voir à cet effet, une note de Hager au prince de Schwarzenlerg en date du .
24 novembre.
3. Aucun de ces deux généraux ne reçut semblable commission. ,
1
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 569
834. Vienne, 21 novembre 1814 (F. 4. 4442 ad 3565).
© © à HAGER (en français).
Mot d'Alexandre à la comtesse Szechenyi au bal de chez Palffy,
Au bal chez le comte François Palffy, Alexandre, qui admire
beaucoup la beauté de la comtesse Szechenyi-Guilford, lui dit :
« Votre mari est absent. Il serait bien agréable d'occuper pro-
visoirement sa place. »
La comtesse lui répondit : « Est-ce que Votre Majesté me
prend pour une province. »
On a raconté chez Bartenstein que l'Empereur Alexandre
ne désarme pas contre Metternich et qu'il a dit à l'Empereur
François avant son indisposition : « Votre Metternich veut nous
brouiller ensemble. »
Tous les soirs, excepté le lundi, il y a maintenant souper
ouvert chez Castlereagh à 11 heures du soir. Y reste à souper
qui veut. On y rencontre toujours tous les Anglais et Anglaises,
la Jablonowska, la Waldstein-Rzewuska, la Lubomirska et
un petit nombre d'autres personnes.
Dalberg a dit hier chez Trauttmansdorff, qu'il ne croit pas
que l'Empereur de Russie veuille risquer de s'engager dans
une nouvelle guerre et que l'Autriche n'avait qu'à tenir bon
et à augmenter ses préparatifs et ses démonstrations. Linden,
;Tûrkheim et quelques autres ont tenu le même langage.
835. Vienne, 21 novembre 1814 (F. 4. 4442 ad 3565).
©©à HAGER (en français).
Le prince Charles de Bavière. Le grand-duc de Bade et M™" Morel.
Le prince Eugène et les dominos noirs.
Le prince Charles de Bavière a été très réservé à la redoute
le Sainte-Catherine. On prétend que cette réserve lui a été
imposée par son état de santé. Il ne serait pas tout à fait remis
l'une petite anicroche amoureuse.
Le grand-duc de Bade y est resté jusqu'à 4 h. 1/2, mais il
le s'est occupé que de sa Morel.
570 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Le prince Eugène a eu une conversation des plus animées
avec deux dominos noirs.
836. Vienne, 21 novembre 1814 (F. 4. 442 ad 3565).
©e à HAGER
La partie de chasse d'Eisensladt et le mot de Wrède à Castlereagh.
Craintes et espoirs des Polonais.
A la chasse donnée par le prince Esterhazy à Eisenstadt,
Wrede a dit à lord Castlereagh : « Oui, Mjlord, nous avons
« terrassé un monstre. Mais il faut prendre garde de ne pas
« lui en substituer un autre. 11 faut mettre une digue à Tam-
« bition de la Russie et de la Prusse. »
... On dit généralement parmi les Polonais que depuis deux
jours TEmpereur de Russie se montre plus flexible aux vues
de l'Autriche (1). Mais ils ne désespèrent pourtant pas de la
réussite de leurs souhaits patriotiques, disant que cela ne sera
pas possible tout d'un coup et ne voulant qu'une espèce de
constitution en nation, qui leur permettra de parvenir un jour
à l'accomplissement de leurs désirs.
837. Vienne, 21 novembre 1814 (F. 4. 4462 ad 3565).
Rapport à HAGER
Anstettsur Alexandre et la Pologne. Les préparatifs et les armements. Pro-
jets d'Alexandre en cas de guerre. L'Autriche et la France. Causes de la
disgrâce d'Anstett et son départ prochain.
D'après ce qu'Anstett m'a dit en confidence, Alexandre
persiste dans ses vues et ses idées sur la Pologne comme dans
ses préparatifs. Le menacer d'une guerre à ce propos, ce serait ;
jouer son jeu. Il presse les armements et l'incorporation desi
Polonais (il y en a 72.000 denrégimentés). En cas de guerreJ
il soulèvera la Galicie et la Hongrie. Malgré le mystère qu'on j
1. Allusion à la lettre d'Alexandre à lord Castlerei^gh. Cf. d'ANGEBERG, 450-
456.
Il
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 571
en fait, il sait que TAutriche arme et approvisionne ses places...
Il sait aussi que pour rester bien avec la France et avoir son
concours, l'Autriche est toute disposée à abandonner Murât.
Anstett ne m'a pas caché qu'il a encouru la disgrâce
d'Alexandre pour avoir essayé de le dissuader de ses projets
sur la Pologne.
Anstett compte réellement partir sous peu, puisqu'il ne peut
pas prendre part aux séances et aux travaux du Congrès.
838. Vienne, 19 novembre 1814 (F. 4. 4442 ad 3565).
HARDENBERG à lord GASTLEREAGH(mferce/)/a) (en français).
Le Soussigné s'empresse de répondre à la note de Mylord
Castlereagh en date du 11(1). Il se fait un devoir de renouveler
par écrit la déclaration qu'il a déjà faite que : « Loin d'avoir
autorisé l'insertion de la pièce, dont il est question dans cette
note, dans les gazettes étrangères, il n'en avait pas même la
moindre connaissance. »
11 vient d'ordonner des recherches exactes sur ce sujet et aura
l'honneur de faire part des résultats à Son Excellence. En at-
tendant, il est charmé de pouvoir le prévenir que la pièce sus-
mentionnée n'a pas para dans les gazettes de Berlin et que le
Censeur en a même défendu l'impression.
839. Stuttgart, 4-16 novembre 1814 (F. 4. 4442 ad 3565).
BOUTINIEFF (2) à NESSELRODE (intercepla) (en français).
Préparatifs pour la réception du tzar. Appel à Vienne de diplomates wur-
temburgeois. Satisfaction causée au roi par la célébration de sa fête à
Vienne.
Tous les prépara tifs pour la réception de l'Empereur devaient
[être achevés pour la lin du mois, quoique le courrier, arrivé
1. Cf. Pallain. Correspondance inédite de Talleyrand et de Louis XVIII,
iTalleyrand au roi, Vienne, 17 novembre 1814, dépêche n° 12, pages 130-131.
iNote relative à une note confidentielle de lord Castlereagh au prince de Har
Idenberg en date du 11 octobre 1814, et dans laquelle il répondait à une de-
[iltande d'occupation de la Saxe par l'administration prussienne.
2. Secrétaire de la Légation à Stuttgart (1814), plus tard Ministre de Russie
là Constantinople.
S72 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
avant-hier de Vienne, n^ait encore rien apporté de positif même
sur le départ du Roi, qui doit précéder de quelques jours Sa
Majesté Impériale, On parlait hier du voyage prochain du comte
Zeppelin(l) à Vienne, qui doit y avoir été demandé à la suite du
peu de succès des plénipotentiaires du roi à Vienne jusqu'ici.
On dit aussi que la comte Wintzingerode (2) fils avait été aussi
appelé à Vienne. Le comte de Dillen croit que le roi a été ex-
trêmement sensible et satisfait de l'attention avec laquelle on a
fêté son jour de naissance à Vienne.
840. Vienne, 21 novembre 1814 (?. 4. 4442 ad 3563).
GORSINI au grand-duc de TOSCANE (intercepta) (analyse).
Son appréciation sur la question de la Toscane.
Il croit et a dit à Metternich que la restitution de la Tos-
cane au grand-duc n'est pas une question qui doive entrer
dans les attributions du Congrès, pas plus du reste qu'aucune
question d'indemnité.
De son côté, Metternich lui a déclaré la veille, que la recon-
naissance du souverain, qui régnera sur la Toscane, n'est en
effet pas une question qui soit du ressort du Congrès, puisqu'elle
est basée sur des traités déjà anciens. Il lui a dit de plus, qu'il
se proposait de rédiger et de remettre une note conçue dans
ce sens, mais qu'il attendrait pour faire cette manifestation
d'avoir reçu la note que Labrador lui a annoncée.
841. Vienne, 23 nov.-mbre 1814 (F. 4. 4462 ad 3565).
HAGER à l'EMPEREUR
(Bordereau et rapport journalier du 23 novembre
(F. 4. 4828 ad 3.565).
Intercepta et projets de l'ex-roi Jérôme. Envoi de chiffons venant de chez
Dalberg et Nesselrode. Les affaires de Saxe.
I
Il appelle son attention sur la pièce interceptée contenant J
1. Ministre plénipotentiaire de Wurtemberg à Paris.
2. Wintzingerode (Ghirles-Frédèric-Levin, comte), né en 1778, fils du mi-
nistre d'état du roi de Wurtemberg. Il avait été ministre successivement à
Karlsruhe, Munich, Paris, Saint-Pétersbourg,Vienne, puis au quartier général
des Souverains Alliés en 1814.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 573
l'exposé des projets de rex-roi de Westphalie, qui voudrait se
rendre par Ferrare à Bologne. Comme le montre ce document,
Jérôme voulait d'abord aller à Rome, où son frère Lucien l'in-
vitait à venir le rejoindre.
Hager signale ensuite les Chiffons venant de chez Dalberg
et Nesseirode.
« Sa Majesté, écrit-il, verra ensuite \ que l'état des affaires
en Saxe inquiète Stein et que le colonel von Miltitz, qui vient
d'en revenir, en rapporte une mauvaise impression.
842. Trieste, 14 novembre 1814 (F. 4.4462 ad 3565).
JÉRÔME NAPOLÉON à FÙRSTENSTEIN(l)
[Intercepta] (en français).
L'insécurité et la saisie des correspondances par la poste. A cause du pape,
il s'établira à Bologne. Il lui conseille de faire sa cour à Marie-Louise et au
roi de Rome.
Le comte de Malsbourg est arrivé hier soir. Je ne puis m'ex-
pliquer comment il se fait qu'étant parti le 8 au soir, vous
n'eussiez pas reçu les lettres que je vous ai écrites sous le cou-
vert de MM. Arnstein et Eskeles, en date du 28 et 31 du mois
dernier. Priez ces Messieurs de les réclamer. Je vous ai égale-
ment écrit le 5 et le 7 et dans cette dernière, deux lettres pour
le baron de Gayl se trouvaient incluses. Je connaissais déjà
la curiosité des postes, mais je pensais qu'une fois satisfaite, on
ne pousserait pas l'indiscrétion jusqu'à arrêter la correspon-
dance si longtemps.
D'après ce que j'apprends du pape, je préfère m'établir à
Bologne et j'irai avec plaisir par eau jusqu'à Ferrare, si par
ce moyen il y avait possibilité d'obtenir mes passeports plus
tôt. Sinon, j'attendrai jusqu'à la fin du Congrès, s'il le faut
absolument.
1. Fiirstenstein (Le Camus, comte de). Ministre secrétaire d'Etat aux Affai-
res Etrangères du royaume de Westphalie, envoyé à Paris par la reine Cathe-
rine pour obtenir la restitution des objets, bijoux et valeurs volés parMau-
breuil, revenu à Graz par ordre de la reine le 15 septembre 1814 (cf. Afe'moires
et correspondance du roi Jérôme et de la reine Catherine, t. VL Cf. Wel-
VERT. Napoléon et la Police, pages 200-311).
574 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Je VOUS autorise à avancer à M. Lebon (1) une somme de
2.000 francs. Dites à M. R... que ni moi, ni la reine, n^avons
reçu la lettre qu'il dit avoir écrite avant celles qu'il a remises
au comte de Malsbourg.
Je vous engage à demander à faire votre cour à l'impératrice
Marie-Louise et au roi de Rome, si toutefois vous n'y voyez
pas d'inconvénient. Mais pour peu que cela puisse donner le
moindre ombrage, n'en faites rien. Vous me donnerez seulement
des nouvelles de leurs santés.
N'oubliez pas de numéroter vos lettres à commencer de
celles que vous m'écrirez en réponse à celle-ci.
843. Vienne, 21 novembre 1814 (F. 4. 4442 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
Les conséquences des affaires de Pologne et de Saxe. Regrets tardifs
de l'Angleterre. La perfidie de la Russie et de la Prusse.
« En formant un royaume du Duché de Varsovie et de la
Lithuanie, a dit ces jours-ci Talleyrand au prince de Ligne,
et en leur donnant une Constitution, les Russes ne pensent
pas qu'ils auront en Lithuanie tous les nobles entre eux, parce
que dans ce pays, ils ont depuis longtemps joui des privilèges
de la noblesse russe envers leurs paysans. D'un autre côté, la
Saxe produira une révolution et la révolution de la Saxe ne
sera pas une petite explosion ; elle aura bien des partisans et
du soutien en Allemagne.
Le cabinet anglais voit à présent sa faute. En criant qu'il
fallait punir le roi de Saxe et en donnant la Saxe à la Prusse,
l'Angleterre a agi contre ses intérêts. Il est vrai de dire que
la Russie et la Prusse ont trompé les autres coalisés. L'as-
tuce de leurs cabinets est connue à présent. La Russie et la
Prusse ont placé des armées dans les pays que ces puissances
voulaient conserver par la suite. Les autres ont été aveuglés
là-dessus. A présent, qui réparera les choses ? C'est trop tard.
Il faut leur dire comme à Georges Dandin : « Tu l'as voulu. »
1. Intendant et homme de confiance d'Elisa Bacciochi.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 575
844. Vienne, 22 novembre 1814 (F. 4. 4462 ad 3565).
STEIN à HARDENBERG {intercepta) (en français).
Je vous renvoie, mon Prince, les papiers sur l'affaire des
conseillers saxons. Dans l'instant entre chez moi Miltitz, me
donnant tous les détails importants. Veuillez me dire, je vous
conjure, quand vous pourrez le voir chez vous.
845. Vienne, 22 novembre 1814 (F. 4. 4462 ad 3565).
e© à HAGER
Alexandre a fait appeler, le 20, Gzartorjski par un feldjœ-
gei\ qui lui porta Tordre d'apporter à l'Empereur tous les pa-
piers qu'il doit avoir préparés.
Gzartoryski est resté deux heures chez l'Empereur.
846. Vienne, 22 novembre 1814 (F. 4. 4462 ad 3565).
Rapport à HAGER
Lettres interceptées dans le Cabinet d'Alexandre et chez Stein.
On a intercepté et envoyé à la manipulation deux lettres
du Cabinet de l'Empereur adressées à Tchernitchelf et à Gapo
d'Istria, et quatre lettres prises chez Stein.
On n'a rien trouvé dans les papiers de Bethusy.
847. Vienne, 22 novembre 1814 (F. 4. 4462 ad 3565).
Rapport à HAGER
On lui signale les visites presque journalières du prince Eu-
gène chez Séraphine Lambert.
576 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
848. Vienne, 22 novembre 1814 (F. 4.4462 ad 3565).
© © à HAGER (en français).
Craintes de Gornacchia au sujet de Parme et de Marie-Louise à laquelle on
donnerait les Légations. Les fautes de la cour de Vienne et la réapparition
de Napoléon.
Gornacchia, l'envoyé de Parme, tremble pour la destinée de
Parme et de Plaisance qu'il craint de voir attribuer au petit
roi d'Etrurie, pendant que Marie-Louise aurait les Légations.
« Les conseils des rois, a dit à ce propos Guicciardi, sont
un sanctuaire dont le temps seul ôte les voiles. Nous verrons
alors les fautes que le cabinet autrichien a commises dans les
négociations qui ont préparé et accompagné le Congrès. La
guerre en sera le résultat, et vous verrez alors Bonaparte re-
paraître sur la scène du monde. »
849. Vienne, 22 novembre 1814 (F. 4. 4462 ad 3565).
© © à HAGER (en français).
Les soirées de la princesse Bagration. Metternich. Le langage de
l'ambassade de France sur la Saxe et la Pologne.
La princesse Bagration donne tous les jeudis et tous les
dimanches des soirées à ses amis.
Metternich n'est pas venu chez elle depuis plusieurs se-
maines.
L'Ambassade de France continue à tenir le même langage
sur la Pologne et la Saxe. Elle espère que le prince de Met-
ternich ne montrera pas dans sa tâche la même négligence
que dans sa vie privée.
850. Vienne, 22 novembre 1814 (F. 4.4462 ad 3565).
© © à HAGER
Le prince royal de Wurtemberg continue de passer presque
tout son temps chez la princesse Bagration, dont il serait de-
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 577
venu ramant. Il y est tous les jours et tous les soirs, en part
le dernier et rentre chez lui vers les trois heures du matin.
851. Vienne, 24 novembre 1814 (F. 4. 4823 ad 3565).
HAGER à l'EMPEREUR
(Bordereau et Rapport journalier du^24 novembre).
Sur la surveillance du prince Repnin et la liaison du feld-
maréchal prince de Wrede avec M"' Ripp qu'il a connue lors
d'un précédent séjour à Vienne. Il y va maintenant tous les
soirs.
|852. Vienne, 22 novembre 1814 (F.54. 4823 ad 3565).
Rapport à HAGER
Envoi de chiffons et ds papiers pris et ramassés chez Tal-
leyrand et chez Dalberg.
Il53. Vienne, 22 novembre 1814 (F. 4. 4823 ad 3565).'^
Nota à HAGER (en français).
e qu'au dire de d'Arenberj Tallsyrand pense ds la gravité de la situation
de l'Europe. Critiques que lui inspire la conduite des alliés.
Le prince Philippe d'Arenberg (1), qui fréquente beaucoup
ambassade de France, a dit hier chez lui, à un ami, que Tal-
1. Philippe-Josiph, prince d'Arenberg, né le 4 octobre 1794, troisième frère
u duc Prosper-Louis. Le prince Philipps mourut quelques mois plus tard, le
mars 1815, à Vienne d'une chute de cheval.
s Etats des ducs d'Arenberg avaient été en partie réunis à la France par
aité de Luaéville, et ceux-ci avaient reçu en échange le comté de Meppen
fort de Rechlinghausen. En 1803, le duc régnant, Louis Angelbert abdiqua
veurde son fils Prospar-Louis, né en 1785. Celui-ci devint en 1806 sé-
ur de l'Empire Français, entra dans la Confédération du Rhin en 1807,
en 1808 un régiment do chasseurs, avec lequel il fut envoyé en Espagne,
t fait prisonnier et conduit en Angleterre. En 1810, Napoléon disposa de
8 Etats qui furent, en partie annexés à la France, ea partie réunis au grand-
iché de Berg. En 1815, les Etats du duc d'Arenberg furent attribués au
anovre et à la Prusse et le duc devint membre de la Chambre Haute du
anovre (Talleyrand, Mémoires II. Note 219).
T I 37
578 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
leyrand s'était e xprimé de la façon suivante sur les affaires de
l'Europe.
« Les alliés ont voulu se débarrasser de Bonaparte. Ils ont
déclaré que les choses seraient remises sur le pied de janvier
1792, et loin de tenir parole, ils menacent TEurope d'un bou-
leversement pire encore que celui que la France avait à craindre
sous Napoléon.
« La France voit avec inquiétude qu'on lui prépare un voi-
sin dont la force lui permettra peut-être un jour de dicter la
loi aux Français. » Et il a conclu en disant que « les Pays-
Bas étaient en ce moment la pomme de discorde, et que, si
ces pays n'appartenaient plus à l'Autriche, ils ne pouvaient
être qu'à la France » .
854 Vienne, 23 novembre 1814 (F. 4. 4823 ad3565).
GŒHAUSExN à HAGER
On affirme que le général Koller part décidément pour Tile '
d'Elbe et qu'il a reçu la mission de décider Napoléon à consen-
tir à l'annulation de son mariage.
i^ï,
855- Naples, 8 novembre 1814 (F. 4. 4462 ad 3565). |
MERCEY au chevalier GUIBOURD (à Vienne)
Sous couvert du comte de MIER (à Blumenburg) {intercepta)^
Caroline attend impatiemment le retour de Filangieri. Effet produit par
départ de Tuyll. La reine désire le retour de Guibourd. L'accord est coi
plet entre Murât et Caroline. Départ de Pauline. Arrivée de la princes
de Galles.
Sa Majesté me donne l'aimable commission de vous écri:
Prévenue trop tard du départ du baron de Tuyll (1), Eï
n'a pu le faire Elle-même. Elle attend impatiemment l'arrivé (
du général Filangieri, par qui Elle espère recevoir de bonnes j
1. Tuyll van Seroskerken (Fédor-Wassiliévitch, gfénéral baron), chargé||
par la Russie d'une mission diplomatique à Naples, plus tard ministre deii
Russie à Rio de Janeiro. ffl
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 579
louvelles. Elles viendraient à point en ce moment puisqrj'elles
létruiraient TefTet fâcheux que peut produire sur Fesprit des
Sfapolitains le départ subit du baron de Tuyll.
Sa Majesté a voulu plusieurs fois vous envoyer des modèles
le verre pour Lui en faire faire de semblables, mais toujours
1 y a eu des obstacles et toujours Elle l'a regretté.
Elle souhaite votre retour, cela est naturel. Je le souhaite
)our vous (1). Je voudrais ne pas le désirer pour moi, car c'est
vec une impression bien triste que vous me reviendrez détrôné,
t je conçois par expérience combien il en doit coûter pour
jandonner son trône.
Dans une lettre reçue dans le temps, il semblait qu'il y eût
e l'orage dans le ménage. C'est une erreur. Quelques nuages
bscurcissent parfois momentanément le ciel, mais le moindre
ouffle les dissipe et le calme revient en peu d'instants. L'opi-
ion qu'on avait à cet égard est donc loin de la vérité et Ton
t disposé à tout pour conserver cette précieuse tranquillité,
ont l'apparence serait nécessaire, même si elle n'existait pas
éellement.
P. -S. — La princesse Pauline est repartie il y a huit ou dix
lurs. La princesse de Galles (2) arrivera demain à Naples.
le loge à Ghiaja dans le palais qu'habitait Saliceti.
>6. Vienne, 23 novembre 1814 (F. 4. ad 3565).
LESPINE au Marquis CAVAGNA (à Paris) {intercepta)
(en français).
iL'opinion générale paraît se prononcer au Congrès contre
prétentions de la Russie, et on dit depuis hier que, crai-
lant de se brouiller avec les autres puissances, l'Empereur
lexandre a adopté ou va adopter des idées plus générales et
le les choses paraissent s'arranger.
Guibourd ne revint à Naples que le 28 février 1815.
Caroline de Brunswick, femme du Prince-Régent, célèbre surtout par ses
atures, ses dissentiments conjugaux et par les deux procès que son mari
lintenta.
580 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
857. Vienne, 23 novembre 1814 (F. 4. 4562 ad 3565).
Comtesse de REGHBERG au Comte de GŒRTZ
(intercepta) (en français).
Alexandre ne semble pas disposé à céder. Ton de sa réponse à la note an-
glaise du 4 et sa conversation avec Hardenberg. Trisiesse des fêtes au mi-
lieu de ces inquiétudes. On croit que le Roi de Prusse n'approuve pas
Alexandre.
Le ciel politique s'obscurcit de plus en plus. Les deux par-ïj
tis paraissent également fermes et inébranlables. L'Empereur!
Alexandre a répondu par un style poli à la note anglaise dul
4 de ce mois, (1) mais de manière à ne pas faire espérer qu'il
céderait sur aucun point.
Les espérances du public se fondent sur une conversation
qu'Hardenberg, généralement considéré et estimé ici, doit avoif
eue avec Alexandre (2). Les personnes les mieux instruites
doutent cependant qu'elle réponde à leurs souhaits.
La Providence, qui a tout miraculeusement conduit, ne novLfk
abandonnera pas, et des événements inattendus peuvent encoref
tout conduire au bien et concilier les esprits. Combien son'
tristes toutes ces fêtes que nous voyons préparer, quand l'espr;
et le cœur ne sont pas libres !
On croit généralement dans le public que mon compatrio
(le roi de Prusse) n'approuve pas les idées de son ami, qu
lui manque seulement la force et le courage de s'expliq
vis-à-vis de lui.
858. Vienne, 23 novembre 1814 (F. 4. 4502 ad 3565).
HEGARDT à ENGESTRŒIM (intercepta) (en français).
Légère diminution de la tension. Lord Castlereagh et Alexandre. Ce qt
fera de la Pologne. Désillusion que causeront les résultats du GongrèsJ
protestation des Etats de Saxe et ses conséquences probables.
Il y a quelques jours le Congrès de Vienne parut aboi
1. Cf. d'ANGEBERG, 450-456. Lettre de l'Empereur Alexandre en répor
la lettre du 4 novembre de lord Castlereagh et deuxième mémorandum rt
Vienne, 21 novembre 1814. Cf. Ibidem, 394-401. Deuxième Memorandur
lord Castlereagh sur la Pologne. Vienne, 4 novembre.
2. 11 doit s'agir ici de la conversation qu'Hardenberg eut avec Alexai
le 23 novembre ; il lui remit ce jour-là son Mémoire.
l'ouverture du congrès. LA SAXE ET LA POLOGNE 581
plutôt à rallumer la guerre qu'à consolider la paix générale.
Maintenant on est plus rassuré à cet égard, vu qu'on croit pou-
voir espérer que TEmpereur Alexandre laissera diriger tant
soit peu ses prétentions au gré des cabinets de Vienne et de
.ondres et consentira à en faire un objet de négociations au con-
seil préparatoire. On se flatte qu'il renoncera à ériger un royaume
de Pologne à sa convenance et se contentera de la frontière
de la Vistule, abandonnant le reste du duché de Varsovie à la
russe et à l'Autriche. C'est, dit-on, lord Castlereagh (1) qui
a réussi à persuader l'Empereur de Russie à faire ce sacrifice
à la tranquillité de l'Europe. Il est cependant fort incertain si
Alexandre a fait autre chose que laisser entrevoir la possibi-
ité de quelques modifications afin d'éviter une rupture ouverte
avec les Cours de Vienne et de Londres qui semblent d'accord
sur les moyens de se prémunir contre la prépondérance de la
Russie.
Les grandes espérances, que l'on avait conçues du congrès
Je Vienne, se sont presque évanouies. On s'en promet encore
n accommodement momentané et pour les circonstances, des
îxpédients pour réprimer, mais non pour éteindre le feu qui
îouve sous la cendre.
On m'a parlé d'une protestation des Etats de la Saxe contre
e dépouillement de leur roi, dans laquelle ils ont réclamé la
protection de l'Autriche. L'opinion générale est que ce ne sera
las en vain et que le roi de Saxe, en se prêtant à la cession
,e la Lusace,de Wittemberg et de Torgau, pourrait bien sau-
er le reste de son royaume.
i59. Vienne, 25 novembre 1814 (F. 4. 4834 ad 3565).
HAGER à TEMPEREUR (F 4. 4502 ad 3562).^
Bordereau et Rapport journalier du 25 novembre 1814
Il lui soumet le programme des fêtes préparées pour la ré-
iption des souverains à Graz.
1. Cf. d'ANGEnERG,393-i01. Lettre de lord Castlereagh à l'Em; ereur Alexan-
|e, 4 novembre. Deuxième mémorandum de lord Castlereagh sur la Pologne
4 novembre. Ibidem, 418-419. Note de Metternich à Hardenberg au sujet
propositions à faire à la Russie, 12 novembre. Ibidem, 450-456. Lettre
Llexandre en réponse à la lettre du 4 novembre de lord Castlereagh et
kuxième mémorandum russe, 21 novembre. Cf. Talleyrand au roi. Dépêche
12, Vienne, 17 novembre 1814. (Pallain. Correspondance inédite, page 118.)
582 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
860. Vienne, 24 novembre 1814 (F. 4. 4834 ad 3565).
HAGER àl'EMPEREUR
Bordereau d'envoi d'm/crcepia et de chiffons.
Il lui rend compte qu'il a fait envoyer à la Manipulatioii|
une lettre de l'Empereur de Russie au Kastellanvon Génie et
une du roi de Prusse au baron de Maltzahn, plénipotentiaires
d'Oldenburg, ainsi que des chiffons provenant du bureau du
duc de Dalberg et une invitation à dîner pour le 25 de Tal-
leyrand à Saint-JVlarsan (1). ]
861. Vienne, 24 novembre 1814 (F. 4. 4834 ad 3565).
I
Rapport à HAGER j
Quelques extraits de la longue liste des pièces interceptées, déchiffrées,
copiées ou analysées par le cabinet noir.
Le comte Bethusy au colonel baron von Ende (2) (envoi d
lettres suivantes à transmettre). Bethusy à Platzmann et
Leipzig ; Betiiusy au D' Heyme. bourgmestre de Dresde ;
Baronne Marschall à son mari ;
M"" Kuster à son mari (Stuttgart 15 et 16 nov.): toutes
lettres d'ordre absolument privé.
Stein à Hardenberg (13 nov.) (Envoi d'une lettre de Repnin.]
Stein à Capo d'Istria (Envoi d'une note relative à l'adm:
sion de la France aux séances de la Commission des affai
de la Suisse).
Stratford à Glancarty et lord Bathurst au même : peu
téressantes.
Leblanc au duc de Brunswick (Londres, 11 novembre
n'a pas encore pu retrouver les lettres qui manquent).
1. On lit en effet à cette date dans le Diario de Saint-Marsan. « Le 25,
chez Talleyrand.il s'habille parce que Trauttmansdorffet Wrbna viennent l
billes. Soirée dansante chez Stackelberg. Effet que produit que tous les S(
verains soient tous les jours en frac en société. Joué... Perdu 280 florins
2. De la suite du grand-duc de Bade.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 583
832. Vienne, 24 nov. 1814 (F. 4. 4834 ad 3565).
Rapport à HAGER
Intercepté et envoyé à la manipulation une grosse lettre
adressée à Hardenberg et un fort paquet destiné à Capo d'Is-
tria (le 23 novembre) .
863. Vienne, 24 novembre 1814 (F. 4. 4834 ad 3565).
... à HAGER
Une nouvelle perquisition faite chez le comte Bethusy le 22
n'a rien donné.
864. Vienne, 24 novembre 1814 (F. 4. 4834 ad 3565).
... à HAGER
Intercepté et communiqué deux lettres de Linden au baron
von Marchai et à Kûster.
865. Vienne, 24 novembre 1814 (F. 4. 4834 ad 3565).
... à HAGER
Intercepté une lettre anonyme (peu intéresssante) de Vienne
. 24 novembre à M"* de la Chaux, chez la Reine de Suède à
Karlsruhe.
866* Vienne, 24 novembre 1814 (F. 4. 4834 ad 3565).
... à HAGER
Intercepté chez Noailles deux lettres, une au baron Sala, à
Botzen, l'autre à l'évêque de Bàle.
584 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
867. Vienne, 22 novembre 1814 (F. 4. 4834 ad 3565).
... à HAGER
Rapport sur les nombreuses conférences qui se sont tenues
chez le grand-duc de Bade, les 19, 20 et 21 novembre. K
868. Vienne, 24 novembre 1844 (F. 4. 4834 ad 3565).
Rapport à HAGER
Jomini va tous les jours, au moins une fois, souvent deux,
chez Alexandre, et chaque fois il lui porte des papiers. Il en
est de même pour La Harpe.
869. Vienne, 24 novembre 1814 (F. 4. 4834 ad 3565).
î
... à HAGER I
L'attitude, le découragement et les avances des Prussiens. Quelques motsl:
d'appréciation du prince Guillaume. Hardenberg et Humboldt impatients de ;
quitter Vienne. Départ pruchain et découragement de Jomini. Le carrou-
sel et les bijoux des dames de Vienne.
Dès que le baromètre politique oscille, je m'en aperçois à la/^^;,
nature des entretiens que j'ai avec mes amis étrangers et à la:||
fréquence de leurs visites. Depuis trois jours, mes Prussiens-'
viennent à tout propos et à tout instant chez moi, à l'exception'
naturellement du colonel Braun, qu'on a expédié à Neisse avecf
l'ordre de mettre, à tout événement et en cas de rupture, les for-
teresses de Silésie en état de défense. Ce qui m'a le plus frappé
sous ce rapport, c'est le soin qu'a pris le major Hedemann de
rejeter sur les Russes la responsabilité de tout ce qui pourrait
arriver. En un mot, les Prussiens tiennent de nouveau exacte-,
ment le même langage que celui auquel ils nous avaient habi
tués pendant les premiers temps de leur séjour ici. Ce sont lefl Ini
Russes, qui leur gâtent un temps qui sans cela aurait été pie:
de charmes pour eux. Ce sont ces imbéciles, qui leur gâtent
leur empoisonnent tout ici.
Mais ce qui est encore plus significatif, c'est que, dep
L^OUVERTURE DU CONGRÈS. — LA SAXE ET LA PvOLOGNE 585
quelques jours, ils semblent s'être donné le mot pour nous faire
croire, que leur roi désire ardemment que l'Empereur d'Au-
triche redevienne Empereur d'Allemagne. « Ce n'est que de
cette façon, disent-ils maintenant, que les esprits se calmeront
en Allemagne et qu'un rapprochement réel et sérieux pourra se
faire entre l'Autriche et la Prusse, désormais affranchies de la
tutelle de la Russie. » Telles sont actuellement les paroles du
prince Guillaume de Prusse, qui ne songe plus qu'à une seule
chose, la vice-royauté de la Saxe, et qui rumine déjà dans sa
tête tout ce qu'il compte faire dans ce pays. Je communique-
rai sous peu à Votre Excellence ce que je saurai de ses pro-
jets. Pour le moment, je puis affirmer une seule chose, c'est
qu'il est triste et découragé.
Le prince de Hardenberg a dit mardi dernier chez Anstett,
qup le séjour à Vienne, qui lui avait toujours fort déplu, lui de-
venait de jour en jour plus intolérable. C'est là ce que le duc
d'Acerenza a raconté devant la maîtresse de la maison et plu-
sieurs personnages, parmi lesquels se trouvait Serracapriola
qui ajouta : « Humboldt m'a dit exactement la même chose. »
Jomini part dans quelques jours, très découragé et très dé-
pité. Son aide de camp m'a affirmé que la grande armée russe
avait reçu l'ordre de rentrer en Russie.
Tous les étrangers ont été émerveillés du Carrousel d'hier
et stupéfaits de la splendeur des bijoux des dames. Les Prus-
siens m'ont dit : « Avec cela il y a de quoi couvrir les frais de
trois campagnes. »
Un banquier de Florence, grand connaisseur en bijoux et
quia vu les pierreries des dames des différentes capitales'de
l'Europe, a déclaré qu'il lui était impossible d'estimer la valeur
de ceux qu'on lui a exhibés hier.
870. Vienne, 24 novembre 1814 (F. 4. 4834 ad 3565).
0 © à HAGER (en français).
Craintes des Polonais. Refroidissement des rapports entre Alexandre et le
Roi de Prusse. Concentration autrichienne en Galicie. Ce qu'on pense du
Congrès.
Les Polonais craignent qu'Alexandre ne cède à la fin. Ils
lont surtout décontenancés par le bruit qui court que la bonne
586 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
intelligence entre les Monarques de Russie et de Prusse serait
quelque peu troublée par les aifaires de Saxe.
On a remarqué que le roi de Prusse, qui venait jusqu'ici deux
ou trois fois par jour chez Alexandre, avait laissé passer deux
jours entiers sans le voir. Ils en augurent mal.
Au reste tout le monde croit que le Congrès de Vienne aura _
le même sort que celui de Rastatt, c'est-à-dire qu'on en finira m
par avoir recours aux armes.
La nouvelle de l'ordre donné de concentrer les troupes au-
trichiennes en Galicie a produit beaucoup d'effet sur les Po-
lonais.
871. Paris, 4 novembre 1814 (F. 4 4834 ad 3565).
WELLINGTON à TALLEYRAND (en français).
Il le prie de faciliter au chevalier Mackintosh(l) ses recher
ches historiques au dépôt des Affaires Etrangères, où on lui |î
fait des difficultés.
872. Vienne, 24 novembre 1814 (F. 4. 4834 ad 3565).
DALBERG à son oncle (le Prince Primat) {chiffon).
Impossible d'avoir pour Adalbert le poste de La Haye déjà donné à la Tour
du Pin ; Compliments de M"" Edmond de Périgord. Le Congrès. Rôle de
la France. Solution donnée à l'affaire de Gênes et à la succession de Sar-
daigne.
Mon cher oncle, j'ai reçu en même temps que la lettre qu^i
vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, celle par laquelle Adal--
bert me témoigne le désir d'obtenir la Légation de La Haye,
qu'on lui avait assurée être vacante. Le roi en a disposé depuis
plusieurs mois. Elle est donnée à M. de La Tour du Pin, qui
doit se rendre en Hollande, aussitôt que le Congrès de Vienne,
où il est un des ambassadeurs du roi, sera terminé.
1. Cf. pour Mackintosh les dépêches de Jaucourt à Talleyrand, de Paris, j
le 22 nov. et le 27 novembre, à propos des difficultés de d'Hauterive avec
Mackintosh et des exigences de ce dernier.
I/'OUVERTURE DU CONGRÈS. — LA SAXE ET LA POLOGNE 587
Je viens d'écrire à Adalbert(l)pour lui demander de me faire
connaître ce qui pourrait lui convenir. Je regrette qu'il ne lui
ait pas été possible de revenir plutôt. Cependant je ferai, vous
n'en pouvez douter, mon cher oncle, tout ce qui dépendra de
moi pour lui être utile.
M"' Edmond (la Comtesse de Périgord) est bien reconnais-
sante de votre souvenir et me charge de vous présenter ses
compliments respectueux. Les bals et fêtes n'ayant pas dis-
continué, elle est une des personnes les plus occupées du Con-
grès.
Notre Congrès avance bien peu. Cependant je crois que la
fermeté, avec laquelle nous soutenons les principes de toute
équité, finira par avoir un heureux résultat ? Déjà la ville de
Gênes et son territoire viennent d'être réunis au royaume de
Sardaigne, et la succession de cette couronne est assurée dans
la branche de la Maison de Carignan.
873. Vienne, 24 novembre 1814 (F. 4. 4834 ad 3565).
DALBERG à son cousin AI) ALBERT (1) {chiffon).
Reproduction presque littérale de la lettre précédente jus-
qu'à ces mots : « M'"" Edmond ».
874. Vienne, 24 novembre 1814 (F. 4 4834 ad 3565).
Chiffon pris chez DALBERG
Relevé de sa main de diverses menues dépenses.
Du 20 au 30 septembre. . . . . . 120 florins
Du 1" au 81 octobre 372 »
Autres abonnements en octobre et béné-
fices 139 »
Bénéfice de Deshayes 100 >
Mde Bigottini 180 »
Total. . . . "911 r
1. Je n'ai malheureusement pas pu parvenir à découvrir qui était cet Adal-
bert, cousin de Dalberg.
583 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
875. Stuttgart, 19 novembre 1814 (F. 4. 48U ad 3565).
BOUTINIEFF à GOLOVKINE [intercepta) (en français)
Causes du retard du retour du Roi de Wurtemberg. Préparatifs pour la
réception d'Alexand:e. Enormes dépenses occasionnées par ces fêtes et
surtout par les chasses.
Je sors dans ce moment de chez le comte Mandelsloh, qui
m^a confié que le retour du Roi paraissait encore très éloigné.
Sa Majesté a désigné elle-même les officiers qui doivent être
expédiés à tour de rôle à Vienne. Cette désignation va jus-
qu'au 11 décembre, et Mandelsloh ne doute pas que cela soit
prolongé jusqu'à Noël, vu, a-t-il dit, que l'Empereur Alexandre
ne quittera probablement pas Vienne, avant d'avoir consolidé
le grand œuvre de pacification universelle qu'il a si glorieuse-
ment commencé, et que, de son côté, le Roi de Wurtemberg ne
paraît pas vouloir s'en retourner sans savoir à quoi s'en tenir
sur la Constitution future de l'Allemagne et de celle de chaque
Etat en particulier.
En attendant, les préparatifs pour la réception de l'Empe-
reur se continuent avec activité. J'ai entendu assurer à des
gens informés qu'ils pourront coûter au delà d'un million de
florins, dont ceux de la chasse formeront les trois quarts.
On est généralement révolté des charges rigoureuses que
les préparatifs de cette chasse causent au pays, d'autant plus
qu'on est d'opinion que S. M. l'Empereur de Russie (outre
qu'EUe n'a pas le goût de la chasse) ne saurait applaudir aux
sacrifices qu'elle occasionne.
876. Paris, 17 novembre 1814 (F. 4. 4834 ad 3565).
GOLTZ au Prince HARDENBERG [iatecerpta) (en français)
L'Opposition de l'Espagne au maintien de Murât à Naples.
L'affaire Casa Flores. Retard apporté au départ du comte de Laval,
Je profite du départ d'un courrier anglais pour transmettre
à Votre Altesse un rapport qui vient d'arriver du baron Wer-
ther. D'après une dépêche du Chargé d'Affaires d'Autriche à
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 389
Madrid, que le général Vincent (1) a bien voulu me faire lire,
ce rapport doit contenir, avec quelques notions intéressantes
sur les affaires intérieures de l'Espagne, la nouvelle que, par
suite d'un Mémoire que l'Ambassadeur de Sicile a remis au
roi Ferdinand, ce souverain vient de donner à Labrador l'or-
dre le plus positif de déclarer au Congrès qu'il ne reconnaîtrait
jamais le roi Joachim et d'insister sur la réintégration du roi
des Deux-Siciles dans tous ses Etats.
Quoique la réponse de la Cour de Madrid à la Cour de
France relative au renvoi du comte de Casa Flores (2) soit, à
ce que m'avait assuré le duc de Wellington, conçue dans des
termes modérés, elle doit cependant avoir laissé entrevoir assez
de mécontentement pour décider cette dernière Cour à retar-
der encore le départ du comte de Laval (3).
(Le reste étant écrit avec un nouveau chiffre n'a pu être
mis au clair).
877. Madrid, 2 novembre 1814 (F. 4. 4834 ad 3565).
WERTHER (4) au Prince de HARDENBERG [inlercepta)
(analyse).
Dépêche relative à l'arrestation d'Espoz y Mina (5) et au ren-
voi de Casa- Flores, ainsi qu'aux plaintes et observations de la
Cour de France.
1. Vincent (Charles-Nicolas, baron de), ni à Florence en 1757, chambellan,
conseiller intime, feld-maréchal lieutenant, ambassadeur d'Autriche à Paris,
mort à Biencourt (Lorraine) en 1834.
2. Casa Flores (Juan- Antonio, comte de) (1760-1823), prisonnier de guerre
en France jusqu'en 1814, Chargé d'Affaires d'Espagne à Paris lors de la Res-
tauration jusqu'à l'arrivée du comte de Perelada.
3. Laval (Anne- Adrien-Pierre de Montmorency, duc, puis prince de), Pair
de France, né à Paris le 29 octobre 1768, mort le 14 juin 1837. Fait prince
par Louis XVIII en 1814. Ambassadeur en Espagne, il y resta pendant les Cent
Jours.
4. Werther (Henri-Auguste-Alexandre, baron) (1772-1859), quitta l'armée
comme capitaine en 1807. Entré en 1810 dans la diplomatie, Ministre à Ma-
drid, mais résidant presque tout le temps à Berlin, à Londres (1819-1824), à
Paris (1824-1837), Ministre des Affaires Etrangères à la mort d'Ancillon, de
1837 à 1841.
5. Espoz y Mina (Francisco) (1784-1835), chef de partisans espagnols, prit
en 1814 les armes contre Ferdinand VII, essaya de s'emparer de Pampelune
(25 septembre 1814) et dut se réfugier en France.
590 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENKE
Werther mande en outre que, d'après des lettres de Flo-
rence émanant d'un des ministres du grand-duc, on a arrêté
dans cette ville des agents de Napoléon, qui recrutaient pour
lui et étaient porteurs de lettres adressées à des personnes de
sa famille.
878- Londres, 11 novembre 1814 F. 4. 4834 ad 3565).
FERNAN-NUNEZ (1) au Chevalier CAMILLE DE LOS RIOS
Je te conseille, malgré les belles paroles que Labrador te pro-
digue, de ne pas trop te fier à lui. Je sais, pour l'avoir éprouvé
par moi-même, ce qu'il vaut. Quand il est devenu ministre,
il m'a écrit les choses les plus flatteuses, mais il a agi tout
autrement à mon égard. Gomme ton ami et ton frère, je te
conseille de faire attention.
879. Londres, 11 novembre 1814 (F. 4. 4834 ad 356&).
GREUHM à HARDENBERG {inlercepta) (analyse).
Sous couvert Munster.
Il lui annonce que le prince Régent du Brésil s'est décidé à
y rester au moins provisoirement et va publier une proclama- :\
tion dans laquelle il exposera les motifs de sa résolution.
880. Vienne, 26 novembre 1814 (F. 4. 4613 ad 3565).
HAGER à l'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 26 novembre 1814.
Il signale à l'Empereur une lettre écrite à l'encre sympa-
thique que Te hernitcheff a envoyée à M^^® Idzstein (2) à Francfort.
1. Fernan-Nunez (Carlos Guttierez de los Rios, comte de, duc de Montei-
lano) (1778-1821), ambassadeur ^'Espagne à Londres, chargé d'une négociation
à Paris où il devint ambassadeur en 1817.
2. Probablement une des personnes appartenant à la famille de von Idzs-
tein, directeur de la police du temps du prince-primat.
l
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 591
Il est hors de doute que cette lettre, comme celles écrites
précédemment de la même façon et à la même adresse, est de
l'Empereur Alexandre et a pour destinaire M"" Bethmann.
881. Vienne, le 23 novembre 1814 (F. 4. 4613 ad 3565).
Anonyme (Empereur ALEXANDRE) à LOUISE
(M-»» BETFIMANN) (I)
[intercepta à l'encre sympathique).
Sous le couvert de M''* Idzstein, à Francfort-sur-le-Main.
Enfin j'ai eu de tes nouvelles, ma bien aimée.
Mes yeux privés de te lire depuis si longtemps ont eu le
bonheur de contempler cette écriture chérie, dont la vue seule
me prouve combien tu m'es chère, combien tout dans l'univers
s'efface à mes yeux lorsqu'il me vient quelque chose de toi. Et
ce qui met le comble à mon bonheur, c'est la certitude que tu
te portes bien, que le seul petit être, dont tu prétends si in-
génieusement que tu puisses être chalouse^ en un mot, l'objet
de tes tendres affections (2) bien.
Aussi, comment après de telles nouvelles t'exprimer tout ce
qui s'est passé au fond de mon cœur. Il me faut tous les sen-
timents de mon devoir, toute 1 (2) l'imprudence que je com-
mettrais si je précipitais les choses, pour ne pas voler dans
tes bras et y expirer de bonheur.
J'avais hasardé de t'écrire deux fois, même avant d'avoir
eu de tes noiivelles. Je t'ai adressé mes lettres, toujours comme
par le passé, sous le couvert de notre amie, et tu ne m'en dis
pas un mot, ce qui me fait craindre que le tout ne se soit
égaré.
La manière, dont tu m'as fait parvenir la tienne, est très
bonne et très sûre. Je te conjure à genoux de m'écrire encore.
Adieu, mon unique aimée.
Le 23 novembre 1814. Je te prie de mettre la date sur tes
lettres.
1. Louise-Frederique Boode, d'Amsterdam, avait épousé en 1810 Simon-
Maurice de Bethmann.
2. Mots effacés dans le texte et qu'on n'a pu faire revenir sur la feuille
écrite à l'encre sympathique.
592 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
882. Vienne, 28 novembre 1814 (F. 4. 4613 ad 3565).
Rapport à HAGER
Intercepta divers.
Stein à Staegemann (comptes de postes).
Nesselrode à Keller (Il veut conférer avec lui et a une com-
munication à lui faire de la part d'Alexandre) et à Struwe (1)
(à Hambourg) (le remercie de ses rapports).
Lettres (pour la plupart peu importantes) apportées par cour-
rier à Castlereagh et aux Anglais de marque à ce moment à
Vienne, de Stackelberg au conseiller Strat, à Hambourg et au M
général Keller.
Tchernitcheff à M"' Idzstein.
Gaertner (Mémoire relatif à la maison d'Anhalt-Bernburg
Schaumburg).
883. Vienne, 25 novembre 1814 (F. 4. 4613 ad 3565).
... à HAGER
Envoi de chiffons ramassés chez Dalberg,Talleyrand, Noailles
et La Tour du Pin.
L'agent rend en outre compte qu'un voleur a essayé de for-
cer le secrétaire du baron Thugut (2).
884. Vienne, 24 novembre 1814 (F. 4. 4613 ad 3565).
e e à HAGER
On prétend que Marie -Louise_, accompagnée parla comtesse
GoUoredo^a assisté masquée à la Redoute de la Sainte-Cathe-
1. Struwe (Henri-Antonovitch'K 1770-1851!. Secrétaire de Légation à Ham-
bourg (1796), à Brunswick (1798), à Gotha (1800),à Stuttgart (1801-1805). Con-
seiller de Légation à Gassel (1809-1811). Envoyé par Roumiantzofî à Athènes
pour y recueillir des nouvelles sur les intentions da Napoléon, les mouve-
ments de son armée et les tendances de l'esprit public en Allemagne; placé
en 1814 auprès du prince Repnin en Saxe. Chargé d'affaires de Russie à
Hambourg (1815). Ministre résident auprès des villes hanséatiques (1820). ,.
Conseiller d'Etat (1821). Conseiller intime (1843). Rentré dans la vie privée:
en 1850, il resta à Hambourg et y mourut en janvier 1851. '
?. L'ancien ministre des Affaires Étrangères d'Autriche (1734-1818).
I
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 503
rine. On dit aussi qu'elle a régulièrement assisté aux répéti-
tions du Carrousel.
885. Vienne, 25 novembre 1814 (F. 4. 4613 ad 3565).
0 e à HAGER
On approuve en général dans le monde diplomatique la net©
parue dans le Beobachter du 24 (1).
886. Vienne, 25 novembre 1814 (F. 4. 4613 ad 3565),
0 0 à HAGER
La note du grand-duc de Bade. Schulenburg et son admission iau Congrès.
La note (2), dans laquelle le grand-duc de Bade expose ses
griefs et ses réclamations, a été faite sur son ordre par Hacke.
On dit que Schulenburg sera admis au Congrès comme re-
présentant et envoyé du roi de Saxe (3). Les Prussiens en sont
naturellement furieux.
887. Vienne, 25 novembre 1814 (F. 4. 4613 ad 3565).
0 0 à HAGER (en français).
Gapo d'Istria sur Mural et l'Italie. La Suiste. Dalberg.
«Croyez, m'a dit Gapo d'Istria, qu'il y a beaucoup de fermen-
iation en Italie. Nous en avons des informations très sûres. Que
fait donc le Gouvernement d'ici? Veut-il mettre encore ce pays
feu et à sang ? On se fie à Murât, parce qu'il a offert son
irmée à l'Autriche. Mais, croyez-moi, Murât est le chef des
1. Note sur le Congrès parue dans la Prager Zeilung du 22 et reproduite
lans VOesterreichischer Beobachter du 24 novembre (Pages 791-792).
2. Cf. Angeberg, 456-458. Note des Plénipotentiaires des grands-ducs de
Jade et de Hesse et du duc de Nassau au baron de Stein au sujet de la li-
quidation des frais de la guerre. Vienne, 21 novembre 1814.
3. Cf. Gbntï. Tagebucher, I. 332-333.
ï. I. 38
s 94 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
'Maçons et des Indéppidentistes d' Italie ^^i vous n'avez qu'à
lire attentivement ce qui sort de sa boutique et vous y verrez
toujours ces mots à' Unité, à' Indépendance et àe force natio-
nale, par lesquels il essaie de chauffer les Italiens pour grossir
son parti en Italie. Il faut être aveugle pour ne pas le voir.
Votre Cour s'entête dans cette politique. Elle s'en repentira.»
Il me parla ensuite de la Suisse et de la convenance de faire
venir la France dans cette négociation, mais il regrettait qu'on
ait choisi pour cela Dalberg.
888. Vienne, 25 novembre 1814 (F. 4. 4613 ad 3565).
GENTZ au Prince de VALAGHIE (l) {intercepta) (en français).
.......Je vous supplie de ne pas croire que d'autres occupations,
quelqu'intéressantes ou nécessaires qu'elles fussent, pourront
jamais m'empêcher de remplir mes devoirs envers Votre Altesse.
J'ai toujours eu soin de mettre sous vos yeux toutes les
parties du tableau politique de l'Europe, et je crois qu'il n'y
a pas aujourd'hui une Cour en Europe qui soit plus exactement
informée de l'état des choses que Votre Altesse.
Si mes rapports ne sont pas plus fréquents, ce n'est abso-
lument que la marche des événements que vous devez en
accuser.
Je vous ai fait entrevoir dans toutes mes dépêches que les
affaires du Congrès marcheraient lentement. Tout ce que je
vous ai annoncé est arrivé. Le Congrès a duré deux mois.
Jusqu'ici il n'y a qu'une seule question qui soit décidée, celle
de la réunion de Gênes au Piémont...
La question de la Saxe, celle des autres arrangements ter-
ritoriaux en Allemagne, celles qui regardent l'Italie sont toutes
dans la même position dans laquelle je vous les ai présentées
dans mon n° 71.
Depuis le 15, il n'y a pas eu de conférence générale. Je ne î^
crois, pas qu'il y en aura, avant que les négociations particUî? I '
lières aient fait quelque progrès sensible. ™F^
1. Il m'a semblé inutile de reproduire ici les deux paragraphes de cette '
dépêche qui ont été publiés par Klinkowstroem dans Oesterreich's Theil-
nahme, etc., etc. (p. 481-482).
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE S9o
889. Vienne, 27 novembre 1814 (F. 4. 41^ ad 3565).
HAGER à l'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 27 novembre.
Il lui signale, entre autres, la lettre interceptée adressée par
le roi de Prusse à Marie-Louise et l'appui que le Nonce veut
donner à la réclamation formulée par des moines des Pays-Bas
au sujet de fonds déposés dans une banque de Vienne.
I
890. Vienne, 23 novembre 1814 (F. 4. 4549 ad 3565).
Le Roi de PRUSSE à S. M. l'IMPÉRATRIGE MARIE-LOUISE
(intercepla) (en français).
Madame Ma sœur,
J'ai eu l'honneur de recevoir Votre lettre du 21 de ce mois(l)
~\X je suis extrêmement flatté de la confiance que Votre Majesté
Impériale veut bien me témoigner.
Je vous prie de croire, Madame ma Sœur, que je serai tou-
burs très pressé d'y répondre et de concourir de tous mes
jioyens à ce qui pourra contribuer à Votre satisfaction.
Les liens d'alliance et de bonne amitié qui m'unissent à Vo-
ire Auguste Père seront pour moi un nouveau motif à soutenir
|js intérêts de Votre Majesté Impériale.
Vienne, 26 novembre 1814 (F. 4. 4549 ad 3565).
Rapport à HAGER {intercepta){en français).
Note sur le moine de labbaye de Grimberge, prèsde Bruxeî-
J, qui a rédigé une note dans laquelle, partant de ce fait que
abbayes et les couvents allaient être rétablis en Belgique,
[réclame les sommes déposées à leur nom dans les banques
].. Lettre dans laquelle elle invoquait le Traité de Fontainebleau et faisait
loir ses droits et ceux du roi de Rome- sur Parme et Plaisance.
596 AUTOUR DU CO^'GRÈS DE VIENNE
de Vienne. Le même moine travaille aussi en faveur du réta-
blissement de l'Université de Louvain.
892. Vienne, 27 novembre 1814 (F. 4. 4549 ad 3565).
Intercepta divers du 25 au 26 novembre, peu importants,
sauf : 1° un paquet du grand-veneur von Lassberg (contenant
la protestation du roi de Saxe); 2^ la copie du Mémoire remis
à Metternich et à Hardenberg et signé par les plénipoten-
tiaires allemands (1) qui demandent à prendre part aux séances
de la commission des affaires d'Allemagne et exposent uney
partie de leurs vues sur ces affaires et 3° une dépêche de
Planta (2) à Clancarty (le priant de lui renvoyer les pièces re-
latives à la Pologne, à l'exception de celle qu'il vient de lui
transmettre, ce matin 25 novembre).
Intercepta de 2 paquets envoyés à la Manipulation le 24 et
pris chez Stackelberg, dont l'un est adressé au conseiller de
Légation prussien Piquot.
893. Vienne, 26 novembre 1814 (F. 4. 4549 ad 3565).
... à HAGER
Le comte de Schulenburg paraît complètement rassuré par
l'attitude de l'Autriche sur l'issue, favorable à son roi, de la
question de Saxe.
894. Vienne, 25 novembre 1814 (F. 4. 4549 ad 3565).
Rapport à HAGER
Sur les visites du prince Eugène à Séraphine Lambert et à p
la princesse Bagration et sur la continuation des conféi;enccs r
de La Harpe avec Alexandre. jh
1. Cf. d'ANGEBERG, 441-444. Note des plénipotentiaires de 29 princes souve-»-
rains et villes libres d'Allemagne aux princes de Metternich et de Harden-
berg. Vienne, 16 novembre 1814. f-<'<ii
2. Planta (Joseph) (1787-1747) entré au Foreign Office comme commis «s I^Cjjj
1802, remarqué en 1807 jar Canning qui fit de lui en 1809 son secrétaire par-i: j|j
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 597
895. Vienne, 26 novembre 1814 (F. 4. 4549 ad 3565).
Rapport à HAGER
En faisant une nouvelle perquisition le 25 chez le comte
Bethusy, on a trouvé une note autobiographique dont on n'a
encore pu copier que le commencement.
896. Vienne, 23 novembre 1814 (F. 4. 4549 ad 3565).
0 K. à HAGER
Les uns affirment que dans deux jours Alexandre sera réta-
,d\i, tandis que les autres prétendent qu'il en a au moins pour
lix à quinze jours (1).
{97. Vienne, 25 novembre 1814 (F. 4, 4550 ad 3565).
STACKELBERG à BENAKY (-2) (à Venise) (intercepta)
(en français).
Indisposition de l'Empereiir. Rien de fixé pour le départ
de l'Empereur et des souverains.
S M. TEmpereur, notre Auguste Maître, ne fait guère que
remettre d'une indisposition qui l'avait obligé pendant
lelques jours de garder la chambre. Rien n'annonce que le
^part de Sa Majesté, ainsi que celui des autres souverains réu-
dans cette capitale, soit très prochain et on s'y livre même
'espoir que le moment en est éloigné. Les feuilles publiques
ilier, il devint en 1813 le secrétaire de Gastlereagh qu'il accompagna à
pis et à Vienne, et, en 1818 à Aix-la-Chapelle. Après avoir été de 1827 à
|0 l'un des joint secretaries of ihe Treasary, il fut nommé conseiller
ré en 18 i4. Membre du Parlement dès 1827, il ne renonça au mandat de
électeurs pour cause de santé qu'en 1844.
On avait parlé d'un érysipèle. Dans sa dépêche n" 12 du 17 novembre,
lleyrand mandait au roi; « L'Empereur de Russie est indisposé assez pour
lir gardé le lit ; mais ce n'est qu'une indisposition. » El il ajoutait dans sa
féche n" 14 'iu 30 novembre : « L'Empereur est rétabli et sort. » Voir plus
dans un rapport du 2 décembre la version donnée par un des agents qui
veillent la princesse Bagration.
Consul de Russie en Pouille et aux Iles Ioniennes.
S98 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
de Vienne, qui vous parviendront sans doute, offrant un aperçu
exact et de ce qui se passe ici et des événements politiques
en général, je m'abstiens de vous en rien marquer.
898. Vienne, 26 novembre 1814 (F. 4. 4549 ad 3565).
Rai'Port à HAGER (en français).
La note, d'ailleurs très bien faite, publiée par le Beobachter
et destinée à satisfaire la légitime curiosité du public sur les
travaux du Congrès, a produit.un effet diamétralement opposé.
Le prince Eugène, alité depuis deux jours, a reçu le 25 la
visite du Cardinal Consalvi. D'Arnay prétend que le vice-roi
aura les Légations, tandis que chez Aldini on croit au contraire
que l'Autriche les gardera.
899. Vienne, 26 novembre 1814 (F 4. 4549 ad 3565).
Rappokt à riAGER
La Bavière refuse de rendre Salzbourg et rinn-Viertel,tant
que l'Autriche tiendra garnison à Mayence.
L'auteur de la hvochuve. : Preussen und Sachsen, serait, dit-
on, le conseiller aulique Gentz (1).
Metternich a fait un coup de maître en gagnant à ses vues
sur la Saxe Wrede, Wintzingerode, et surtout le roi de
Bavière.
900. Vienne, 26 novembre 1814 (F. 4. 4549 ad 3565). ™
9
... à HAGER (en français). '
Découragement et projets de démission de Hardenberg. Humboldt, cause de
la crise. La France, l'Autriche et la Bavière favorables à la Cour de Saxe.
Causes de la résistance de la Bavière, décidée, s'il le faut, à la guerre e^
qui sera soutenue par la France le^cas échéant, ^
Hardenberg est tellement mécontent de la tournure prise
1. Gentz n'était pour rien dans la confection de cette brochure publiée ano-
nymement, mais faite par ordre du gouvernement prussien, probablement
par le conseiller intime Hoffmann, en réponse à l'autre brochure anonyme :
Sachsen und Preussen.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 599
par les affaires qu'il a été sur le point de démissionner. Oa
m'a aftirmé de bonne source qu'Humboldt est cause de la scis-
sion qui s'est produite, surtout parce qu'il pousse Alexandre
à ne pas céder sur la question de Pologne et qu'il compte
ainsi assurer la Saxe à la Prusse. La France, l'Autriche et la
Bavière s'y opposent énergiquement.
J'ai su par le comte Charles de Rechberg, le confident du
roi de Bavière, que ce prince ne se prêtera à aucune négocia-
tion et qu'il exigera le maintien intégral des conditions qui lui
garantissent lintégralité de son territoire et qu'il a posées lors
de son entrée dans la coalition (1).
Wrede, qui n'est certes pas un diplomate et qui n'est que
le porte-parole de Montgelas, considère, du reste tout comme
Alontgelas lui-même, la cession de la Saxe à la Prusse comme
le précurseur de la perte inévitable de la Bavière, qui est en
dernier ressort décidée à la guerre qu'elle fera de concert avec
la France. Le roi compte en conséquence partir d'ici avant la
mi-décembre. On fait déjà emballer les tableaux et les objets
d'art qu'il a achetés ici.
Le prince royal de Bavière, que Rechberg a accompagné
dans ses voyages, partage entièrement et en toutes choses les
idées du roi. Mais malgré cela on espère que tout se terminera
et se réglera à l'amiable, surtout en présence du ton énergie
que de notre Cour.
901. Vienne, 26 novembre 1814 (F. 4. 4549 ad 3565).
©e à IIAGER
iLes Prussiens et la note du Beobachter. Les Médiatisés. L'opinion du public
viennois sur les principaux hommes d'Et >t du Congrès. La Sainte-Cathe-
riae.
Les Prussiens ne sont que médiocrement satisfaits de l'arti-
île du Beobachter du 24. D'après eux cette note aurait pour
1. Cf. ïalleyrand. Dépêche n» 12. Vienne, 17 novembre, page 133 : « La cir-
îulaire du prince Repnin a été le signal que la Bavière attendait pour dé-
ilarer qu'elle ne souscrirait à aucun arrangement et n'entrerait dans aucune
igue allemande que la conservation du royaume de Saxe n'eût été préalable-
oent assurée... » Cf. Ibidem Dépèche n" 13. Vienne, 25 novembre (page 148)
On a même déjà fait un plan de campagne à la chancellerie de guerre. Le
•rince de Wrede en a fait un de son côté. L'Autriche, la Bavière et autres
600 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
effet de faire croire aux Médiatisés qu'eux aussi, les maisons
de Nassau,Darmstadt, Hesse-Cassel, Anhalt, Reuss, Mecklem-
bourg, etc., etc., ne tarderont pas à siéger au Congrès. Ces
princes ne se gênent pas pour dire: « Nous aussi, nous avons
fourni nos contingents aux souverains alliés ; nous avons si-
gné des conventions d'alliance, tout comme la Bavière, le Wur-
temberg, et Bade. Nous avons, nous aussi, le droit de siéger
au Congrès, de réclamer une indemnité et le remboursement
de nos dépenses. »
Les Français continuent à déblatérer tout haut contre les
Russes et contre Alexandre. Ils vont jusqu'à dire que loin de
s'agrandir, la Russie devrait au contraire restituer quelques-
imes de ses acquisitions.
Talleyrand, Humboldt et Stein sont considérés dans le pu-
blic comme des hommes éminents, tandis qu'on n'a qu'une
assez piètre idée des talents de Razoumoffskv, de Nesselrode
et de Stackelberg.
Le monde élégant s'est retrouvé le soir chez la Bagration
pour la Sainte-Catherine (le 25). Malgré cela, la princesse Ja-
blonowska, le prince royal de Wurtemberg, le cardinal Con-
salvi, Wrede, le prince de Nassau, le jeune prince de Reuss ',
le commandeur Ruffo et pas mal d'Anglais ont passé la soirée
chez Castlereagh.
Le même jour, le prince Rosenberg a donné, en l'honneur de
saKatinkaBuchvvieser,un dîner auquel avaient été conviés Pe-
tite Aimée (2) avec le grand écuyer, le comte Trauttmansdorff
et le comte Rechberg avec sa danseuse de Munich. La mère
Buchwieser a dit ces jours-ci : « Ma fille a fait une bêtise en
se mettant avec le prince Rosenberg. Elle aurait dû rester avec
le prince Ghika (3j. Il payait mieux. »
Etats Allemands feraient marcher 32.000 honvnes... » Et un peu plus loin,
pag^e 150 : « Les affaires de l'Allemagne sont suspendues par le refus de la
Bavière et du Wurtemberg, de prendre part aux délibérations jusqu'à ce que
le sort de la Saxe soit fixé. »
l.Le prince héréditaire Henri XIX de Reuss-Greitz, né en 1790 et qui épousa
une princesse de Rohan-Rochefort, ou le prince héréditaire de Reuss-Schleitz
Henri LXII, né en 1785.
2. La Buchwieser était une danseuse du ballet de Vienne. Petite Aimée,
était une des danseuses venues de Paris.
3. Il s'agit ou de Grégoire Ghika qui devint prince de Valachie en 1821
ou de son frère cadet Alexandre.
l'ouverture du congrès. LA SAXE ET LA POLOGNE GOl
902. Vienne, 26 novembre 1814 (F. 4. 4549 ad 3565. '
0© HAGKR (en français).
I/Angleterre et son attitude par rapport à l'agrandissement de la Prusse.
Cause de ses ménagements envers cette puissance. Un mot du l'rince de
Ligne.
J'ai parlé hier avec l'anglais Park et l'ai questionné sur les
sentiments de ses compatriotes relativement à la Prusse. Il m'a
dit : « Quand l'Angleterre a consenti à l'agrandissement de la
« Prusse, elle n'a pas supposé que la Prusse embrasserait le
« parti de la Russie contre les intérêts de l'Allemagne. Mais
« cela ne trouble pas beaucoup les Anglais. Tout bien consi-
<^ déré,ils feront bien comprendre raison aux Prussiens, qu'il
« s'agissait de s'opposer à l'agrandissement de la Russie. Quant
« à l'Allemagne, si elle veut se brouiller par rapport à la
« Prusse et se liguer même avec la France pour cela, les An-
« glais ne s'en mêleront pas et resteront spectateurs pour ne
« pas froisser la Prusse, qui peut être la plus utile à l'Angle-
♦> terre sur le Continent. Car les animosités entre nations ne
« seront pas éteintes. Le Français sera toujours le rival de
« l'Anglais, le Prussien, de l'Autrichien, le Russe, du Turc.
« D'après cela, le Prussien est plus à craindre pour la France
« que les autres Puissances et la position, que l'Angleterre a
« donnée à la Prusse, la met en état de soutenir les Anglais
« contre les Français. Ce qui pour ma patrie est le principal. »
Le Prince de Ligne a dit hier : « J'ai bien peur que cela ne
« finira pas dans un jeu de piquet, et si l'Angleterre ferme sa
« bourse aux Prussiens et aux Russes, on peut prédire qui
« gagnera. »
'
03. Vienne, 26 novembre 1814 (F. 4. 4550 ad 3365).
L... à HAGER (en français).
La cession de la Saxe à la Prusse promise par un article secret du traité de
Kalisch en échange de la Pologne à la Russie. L'ignorance primitive de
l'Autricha et l'attitude subséquente de Metternich Les mesures prises par
Alexandre avant l'ouverture du Congrès. Dissentiments d'IIardenberg avec
«es collègues Le roi refuse sa démission.
La cession de la Saxe a été, d'après ce qu'on m'affirme, pro-
li
602 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
mise à la Prusse par un article secret du traité de Kalisch (l)en
échange de l'attribution de la Pologne à la Russie, et cet article
n'avait pas été communiqué dans toute sa teneur à TAutriche,
lors de son entrée dans la Coalition. Plus tard sur le Rhin, Met-
ternich a eu vent de la chose, mais il a cru plus sage de la tirer
en longueur, parce qu'il craignait de voir la Prusse rentrer
chez elle. On en parla à Paris et à Londres, mais sans conclure.
On dit même qu'Alexandre a pour cette raison été sur le point
de ne pas aller à Vienne et ne le fît qu'après avoir, de Paris,
donné l'ordre de masser des troupes dans le grand-duché de
Varsovie, où il envoya son frère Constantin. Telle était la si-
tuation lors de l'ouverture du Congrès.
Dès le début, Hardenberg, qui naturellement aurait voulu
céder, a trouvé de Topposilion de la part de Stein, Humboldt,
Knesebeck et Jordan. Mais l'Empereur Alexandre, qui ne veut
pas entendre raison, se flattait encore de pouvoir, par un coup de
force, donner la Saxe à la Prusse. Mais comme de leur côté les ^
Puissances déclaraient nettement qu'elles ne céderaient pas,
même devant la menace d'une guerre, la situation est devenue
si grave qu'Hardenberg, fort malmené par Alexandre, a offert
sa démission à son roi qui la refusa sur le conseil de Knese-
beck. Celui-ci insista en effet sur l'impopularité qu'une guerre
vaudrait au Roi, et le Roi se résigna à garder Hardenberg,
bien qu'il le sache tout acquis aux vues de l'Autriche. Aussi
les Russes et ceux des Prussiens, qui croyaient déjà tenir la
Saxe, sont-ils pour le moment fort découragés. Au lieu de l'an-
nexion de la Saxe, ils sentent qu'on devra se contenter d'une
occupation provisoire.
On dit que Humboldt, qui se croyait déjà chancelier, quit-
tera Vienne le 6 décembre, ira à Berlin et de là à Paris comme
ambassadeur (Renseignements de l'agent H... basés sur les
documents qui lui ont été fournis par les Prussiens et par ceux
qu'il a ramassés chez eux).
1. Article 2 secret du traité de Kalisch, 16-28 février 1S]3... « S. M. l'Em-
pereur de toutes les Russies garantit à S. M. le Roi de Prusse avec ses pos-
sessions actuelles, plus particulièrement la vieille Prusse, à laquelle il sera
joint un territoire qui, sous les rapports tant militaires que géographiques,
lie cette province à la Silésie. » Cf. d'ANGEBBRO, p. 2.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 603
904. \'icnne, 24 novembre 1814 (F. 4. 4550 ad 3565).
V. L... à HAGER
Autres renseignements de l'agent II... sur la Pologne et la Saxe.
Quoiqu'on dise que la Pologne restera telle qu'elle était en
1806 et que la Saxe reviendra à son roi, qui abdiquera en faveur
du prince Antoine, l'agent H... affirme que la Prusse n'a pas
encore consenti à renoncer à la Saxe.
905. Vienne, 26 novembre 1814 (F. 4. 4549 ad 3565).
.MAVROJENI au Prince de MOLDAVIE (in(ercepla) en français).
L'article du Beobachler. h'audience d'Hardcnberg chez Alexandre. La Russie
et la Prusse semblent vouloir modérer leurs prétentions.
On croit ici que le prince de Metternich lui-même est l'au-
tour de l'article que donnent nos feuilles publiques (1) sur les
négociations de Vienne et sur le mode du travail qui caracté-
rise le Congrès, et qu'il a voulu donner par là une espèce de
compte rendu sur le travail du Congrès.
Il semble qu'on a été dans l'erreur sur le but que l'audience
du prince de Hardenberg chez l'Empereur de Russie devait
avoir eu (2) ; au moins ne remarquait-on pas de changement
saillant dans les dispositions. On prétend pourtant qu'Alexandre
a témoigné que son amitié pour son allié, l'Empereur d'Au-
triche, pourrait l'engager à accorder des modifications sur
plusieurs points.
11 est encore positif que la Prusse elle-même ne vise plus à
toute la Saxe et qu'elle voudrait se contenter d'environ la
moitié de ce pays.
L'Empereur de Russie doit avoir demandé que le cabinet
d'Autriche articule jusqu'à quel point il désirerait que la Rus-
sie cédât. Mais cette proposition doit avoir été déclinée.
On voudrait aussi que le roi de Saxe accepte quelque équi-
1. L'article du Beobachter du 24 novembre.
2. Alexandre donna audience à Hardenberg le 24 au matin.
604 AUTOUR DU COXGRÈS DE VIENNE
valent pour ses Etats héréditaires ; mais après la protestation
solennelle, faite à plusieurs reprises, qu'il ne donnerait pas son
consentement à de pareilles offres, elles ne pourront pas avoir
de succès.
Tous ces essais prouvent cependant qu'on commence à être
moins dur dans les prétentions et que des vues modérées pren-
nent faveur.
908. Vienne, 26 novembre 1814 (F. 4. 4550 ad 3564).
HEGARDT à ENGESTROEM {intercepta)
(analyse de 1 article du Beobachter du 24).
A propos d'un article sur le Congrès attribué à Metternich,
mais qui émane de la Chancellerie et doit donner au public
une idée de ce Congrès qu'on définit d'une manière négative
en disant « qu'il ne ressemblé à aucun Congrès précédent ».
Le mode de traiter les affaires par communications confiden-
tielles choque un peu ceux, dont l'existence politique et les
intérêts peuvent y être discutés sans leur participation.
907. Vienne, 28 novembre 1814 (F. 4. 4550 ad 3565).
IIAGER à l'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 28 novembre.
Intercepta divers des 2», 20 et 27 novembre.
Stackelberg à Piquot (25 novembre) (peu important).
Addington (Zurich, 17 novembre) à Canning (à Vienne).
(Le comte de Talleyrand (1) essaye de faire un traité de com-
merce avec la Suisse et diverses indications sur les affaires de
Suisse et les troubles de Soleure.)
1. Talleyrand (Auguste-Louis, comte de) (1770-1832) cousin de Talleyrand,
accompagna en 1788 son père, ambassadeur à Naples, et ne rentra en France
qu'en 1799. Chambellan de Napoléon, puis ministre plénipotentiaire, d'abord
près du grand-duc de Bade, puis en Suisse. Accrédité en la même qualité
par Louis XVIII, il resta dans ce poste jusqu'en 1823. Pair de France en
avril 1825, il refusa de prêter serment à Louis -Philippe.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE C05
Du 20 novembre.
Roi de Wurtemberg au prince de HohenzoUern-Hechin-
gen (1) (lettre de condoléance).
Prince Eugène de Wurtemberg (Karlsruhe, H novembre)
à son frère Ferdinand (2). (Il lui recommande le comte Bethusy,
porteur de cette lettre et auquel il lui conseille de confier les
siennes, quand il aura quelque chose de confidentiel à lui com-
muniquer.)
Stein àGapod'Istria(26novembre).(Illuienvoie les Mémoires
sur la Suisse qu'Humboldt a lus et le prie, après les avoir lus,
de les transmettre à lord Stewart. L'une des mesures propo •
sées est soit un arbitrage amical ou une intervention d'autorité
des principales Puissances. L'autre est le protocole de la séance
du Comité pour la Suisse, du 15 novembre.)
Roi de Prusse au prince de Schwarzburg-Rudolstadt(3) (sous
le couvert de Wintzingerode (24 novembre). (Il le remercie de
la notification qu'il lui a fait tenir de la reprise du gouverne-
ment de sa principauté.)
Castlereagh à Lord Clancarty (Renvoi des papiers et dépê-
ches de la Haye).
Plus un lot de chiffons et papiers pris le 26 chez Talleyrand
et Noailles.'
908. Vienne, 27 novembre 1814 (F. 4. 4500 ad 3565).
Rapfort à HAGER
On a réussi à établir à partir du 24, ce qui avait été impos-
sible jusque-là, une surveillance directe en plaçant un affîdé
chez Humboldt.
1. Hohenzollern-Hechingen (Frédéric-Hermann, prince de) (1776-1838). Il
avait succédé à son père le 2 novembre 1810.
2. Deux frères du roi, l'un Eugône-Frédéric-Henri, duc de Wurtemberg
(1758-1822)avait épousé en 1787 la princesse Louise de Stolberg-Geldern, veuve
du duc Auguste-Frédéric-Gharles de Saxe-Meiningen; l'autre Ferdinand-Fré-
déric-Auguste, né en 1763, feld-maréchal autrichien, avait épousé en 1795 la
princesse Alberline-Wilhelmine-Amélie de Schwarzburg-Sondershausen etse
remaria en 1817 avec 'a princesse Pauline de Metternich, sœur du chancelier.
3. Schwarzburg-Rudolstadt (Frédéric-Gunther, prince dej (1793-1867), prince
régnant depuis le 28 avril 1807.
60G AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
909. Vienne, 27 novembre 1814 (F. 4. 4550 ad 3565\
... HAGER
Le comte Bethusy fournit tous les jours des rapports secrets,
soit au Conseiller intime Jordan, soit à Hardenberg en per-
sonne.
910. Vienne, 27 novembre 1814 (F. 4. 4550 ad 3565).
Rapport à HAGER
Le prince Repnin est on ne peut plus mécontent du rôle
qu'on lui a fait jouer. Il avait affirmé à Dresde que la Saxe
était définitivement réunie à la Prusse. Arrivé ici, il voit que
cela est loin d'être décidé et se plaint en disant qu'on Ta
poussé à se compromettre.
911. Vienne, 27 novembre 1814 (F. 4. 4550 ad 3565).
... à HAGER
On dit et on afjSrme que le général KoUer va aller ces jours-
ci à l'île d'Elbe, afin de décider Napoléon à consentir à Tannu-
lation de son mariage avec Marie-Louise, que le Pape est tout
disposé à prononcer.
Gela fait, le roi de Prusse épouserait Marie-Louise à laquelle
il fait de fréquentes visites.
912. Vienne, 27 novembre 1814 (F. 4. 4550 ad 3565).
Rapport à HAGER (analyse).
Les affaires de Suisse. La Pologne et la Saxe. La France,
TEspagne et Murât, la Toscane et la reine d'Etrurie.
Note sur la première séance du comité sur les affaires suisses
tenue le 15 novembre (1) chez lord Stev^art.
1. Cf. d'ANGEBERG, 430-434. La première séance du comité des affaires de la
Suisse eut lieu le 14 novembre. La 2">« séance se tint le 15. On y discuta les
propositions russes.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 607
Délibération sur les Mémoires remis par les députés suisses,
sur la Constitution nouvelle à donner à la Confédération hel-
vétique. Ils demandent que les Alliés acceptent le nouveau
pacte fédéral de la Confédération et garantissent l'indépen-
dance et la neutralité de la Suisse, à laquelle on rendra tous
les territoires que la France lui avait enlevés.
L'agent ne sait rien de précis sur la Pologne et la Saxe,
mais il insiste sur les efforts faits par la France et l'Espagne
pour renverser Murât et sur les démarches de l'Espagne, qui
réclame la Toscane et Parme pour la reine d'Etrurie.
913. Vienne, 25 novembre 1814 (F. 4. 4550 ad 3565).
HEILMANN à son père (à Bienne) {intercepta) (en français).
Les affaires de Suisse, la maladie de Wessenberg et l'opinion de
Capo d'istria.
... Capo d'istria m'a dit : « Si vous écrivez à vos conci-
toyens, dites-leur qu'ils doivent se tranquilliser, attendre avec
calme la décision et ne pas croire à tous les contes, puisque,
comme je vous le dis, rien n'est décidé. De deux choses l'une :
Ou vous serez un canton, et alors les droits de Bienne sont
positifs ; ou vous serez joints à celui de Berne, et alors on vous
fera des conditions dont vous serez contents. Je vous pré-
viendrai sûrement quand il sera question de quelque chose. »
914. Vienne, 27 novembre 1814 (F. 4. 4550 ad 3565).
L... à HAGER
Hardenberg chez Alexandre le 23. Les concessions de l'Empereur de Russie.
Les frontières de la Polof^ne du côté de la Prusse et de l'Autriche. Le roi
de Prusse pense au départ. Le méconti^ntemenl d'Alexandre.
D'après les dires du comte de Reichenbach, le Congrès finira
pacifiquement, et ce résultat serait en grande partie dû au
prince de Hardenberg. Le soir du Carrousel, l'Empereur de
C08 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Russie le fît appeler afin de conférer avec lui (1) et le prince
aurait réussi à modifier ses vues sur la Pologne et à modérer
ses prétentions. Il a appelé l'attention de l'Empereur sur
l'Union secrète polonaise de 1794, qui n'a jamais cessé d'exis-
ter, et surtout sur le fait qu'on y déclara formellement qu'on
ne saurait pardonner à la Russie l'anéantissement de la Pologne.
Cette union, cette fédération existe encore et existera jusqu'au
jour, où la Pologne aura recouvré son existence et son indé-
pendance. Elle s'étendra au contraire et se développera mal-
gré tout ce qu'on fera pour l'étouffer et la détruire.
Tous les Polonais quelque peu considérables et influents font
partie de cette Société. Le prince Adam Gzartoryski a été un
de ses premiers adhérents, un de ses promoteurs et ne cessera
jamais d'en faire partie. Le prince Radziwill appartient, lui
aussi, à cette Société.
L'Empereur Alexandre, très frappé par ces communications,
s'est départi d'une partie de ses prétentions et a accepté une
combinaison qui semble de nature à satisfaire la Prusse et
l'Autriche
On aurait déterminé les points principaux de la frontière
prussienne du côté de la Pologne, et il ne resterait plus qu'à
en fixer le tracé définitif. Kalisch serait, sur la route de Var-
sovie à Glogau, la dernière ville russe. De là, la frontière s'in-
fléchirait à droite jusqu'à la Wartha, qui séparera les deux
Etats, laissant ainsi Posen et Gnesen à la Prusse. La frontière
rejoindrait ensuite laNetzeet la Vistule.de sorte que Bromberg
et Thorn resteront à la Prusse, qui aurait ainsi les territoires?
et les frontières que Frédéric II avait si ardemment désirés.
Le Ghancelier aurait, me dit-il, remporté encore un autre
succès.
Grâce à lui, la Prusse a en quelque sorte rempli le rôle
d'intermédiaire, de médiateur entre la Russie et l'Autriche,
et jouira par conséquent vis-à-vis de chacun de ces deux cabi-
nets d'une position exceptionnellement favorable,
L'Empereur de Russie aurait, d'autre part, consenti à laisser
à l'Autriche Cracovie et une bande de terrain entre la Vistule
et le Bug, avec une population de 400.000 âmes.
l.« Bruits sur un changement dans les dispositions de l'Empereur de Ru»-|
sie, lit-on à la date du 21 dans les Tagebûcher de Gentz ». Mais il n'en est!
pas moins positif qu'Hardenberg conféia le 23 avec Alexandre et lui remitf
même un Mémoire.
h
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 609
Le roi de Prusse croit si fort que toutes les. difficultés sont
aplanies qu'hier 20, il a parlé à ses aides de camp de son pro-
chain départ et des quelques petits achats qu'il lui fallait faire.
Le roi a raconté aussi à ses aides de camp qu'à la dernière
Redoute plusieurs personnages haut placés se seraient demandé
à haute voix, dès qu'ils l'aperçurent, s'ils avaient déjà lu la
brochure : Sachscn und Preiissen.
L'Empereur Alexandre est, paraît-il, très froissé de la façon
dont on parle de lui, et très irrité de ce que le prince de Li-
gne se soit permis de dire, en faisant allusion à lui : Le con-
grès danse, mais ne marche pas.
915. " Vienne, 27 novembre 1814 {F. 4. 4549 ad 3565).
Comte de GORTZ à son oncle (à Rûdesheim) {inlercepla)
(en français) (analyse).
Il a résolu de prolonger son séjour d'une quinzaine de jours
dans l'espoir d'avoir de meilleures nouvelles à lui transmettre
« du malade (1), auquel nous nous intéressons. Il n'y a pas à
désespérer de l'heureux effet des crises que son état pourrait
amener ».
916. Hambourg, 18 novembre 1814 (F. 4. 4462 ad 3565).
BOCKELMANN à ROSENCRANZ [inlercepla] (en français)
(analyse).
Arrivée d'un aide de camp de Bennigsen, porteur des ordres
pour le départ des troupes russes. La date n'est pas fixée,
mais elle ne passeront pas l'hiver ici. Bennigsen fixera la
date au retour des courriers qu'il a envoyés, l'un à Vienne,
l'autre au prince royal de Suède.
1. La Saxe et son roi.
T. I. 39
610 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
917. Vienne, 29 novembre 1814 (F. 4. 4890 ad 3565).
HAGER à l'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 29 novembre 1814.
Il appelle entre autres son attention sur le rapport de
918. Vienne, 28 novembre 1814 (F. 4. 4890 ad 3565).
e© à HAGER (en français).
On parle beaucoup de la liaison de la comtesse de Périgord
avec le prince Trauttmansdorff. On dit que le départ d'Alexan-
dre est fixé au 17 et que les rois de Bavière et de Wurtemberg
partiront un peu plus tôt.
919. Vienne, 28 novembre 1814 (F. 4. 4890 ad 3565).
Rapport à HAGER
La surveillance du prince de Hesse. Le grand-duc de Bade et la Morel.
La Toussaint et Starhemberg.
On a établi une surveillance chez le prince héritier de Hesse-
Darmstadt (1).
La comtesse Gatterburg (2) a affirmé à M. von D... que le
grand-duc de Bade a rompu avec la Morel à laquelle il donne
une pension.
Il l'aurait remplacée par M"" Toussaint et pour être plus à i
l'aise, il a envoyé ses fils à l'hôtel à VEmpereur Romain.
M^'" Toussaint aurait de son côté rompu avec Starhemberg, j
qui ne pouvait payer ses dettes s'élevantàplus de 10.000 florins.
1. Né en 1777, fils du premier grand-duc de Hesse-Darmstadt, Louis I"', cel
prince, qui monta sur le trône en 1830 sous le nom de Louis II, beaucoup moins!
libéral que son père, eut de fréquents conflits avec les Etats et prit pour CQ-
Régent après la Révolution de février 1848 son fils, qui lui succéda bienW^I
sous le nom de Louis III. Il avait épousé le 19 juin 1804 Wiihelmine-Louisftf
fille de Charles-Louis, à ce moment prince héi'éditaire de Bade.
2. Serait-il ici question de la femme du major comte Joseph Gatterbur|&|
chevalier de l'ordre de Marie-Thérèse (1776-1777).
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 611
920. Vienne, 28 novembre 1814 (F. 4. 4890 ad 35B5)
Rapport à HAGER
Jomini a porté hier un volumineux travail à Alexandre et,
l'aide de camp du général étant sorti presqu'en même temps
que lui, on a pu ramasser chez lui quelques papiers et chiffons.
921. Vienne^ 28 novembre 1814 (F. 4. 4890 ad 3565).
Rapport à HAGER {intercepta)
Czartoryski à Stein (27 novembre) (Ayant à une heure une
entrevue avec Nesselrode, il ne pourra se rendre que plus tard
à la conférence chez Hardenberg).
Plus deux autres intercepta^ dont l'un à Campochiaro, tous
tous deux insignifiants.
922. Vienne, 28 novembre 1814 (F. 4. 4890 ad 3565).
Rapport à HAGER
Alexandre et le Roi de Prusse font depuis quelques jours des
ivances au grand-duc de Bade qu'ils cherchent à attirer à eux.
►23. Vienne, 28 novembre 1814 (F. 4. 4890 ad 3565).
à HAGER
Le 27, le duc de Campochiaro a fait transporter à Schœn-
)runn une grande boîte que son propre fils, accompagné de
son secrétaire, a remise, avec deux paquets cachetés contenant
"des lettres, à Marie-Louise, non pas dans son salon, mais dans
sa chambre.
612 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
924. Vienne, 28 novembre 1814 (F. 4. 4890 ad 3565).
Rapport à HAGER
On croit au règlement définitif des difficultés. L'Autriche,
soutenue par la France, la Bavière et le Wurtemberg, a, dit-
on, obtenu le maintien du Royaume de Saxe.
Les petits princes allemands persistent à réclamer FEmpe-
reur d'Autriche comme chef de la Confédération (1).
925. Vienne, 26 novembre 1814 (F. 4. 4890 ad 3565).
0... à HAGER
L'état d'esprit d'Alexandre. On craint pour lui qu'il ne finisse
comme son père, par la folie.
« On parle de plus en plus du singulier état d'esprit de
l'Empereur Alexandre et on craint de plus en plus de le voir
marcher sur les traces de son père. La première remarque a
été faite à ce propos par Anstett dans une conversation avec le
comte Broniewski (2) et à propos de l'insurmontable entête-
ment de l'Empereur. »
On raconte aussi qu'après son fameux entretien avec Alexan-
dre, Talleyrand aurait dit que la violence de l'Empereur lui
avait fait croire qu'il se trouvait devant un second Napoléon.
Le ministre de Suède a fait les mêmes remarques.
Les observations, que les diplomates du Congrès ont été
amenés à faire à Alexandre, ont permis de voir son vrai ca-
ractère et de se convaincre de la grandeur et du danger de ses
caprices et de ses fantaisies.
Hier vendredi, j'ai rendu visite à l'archevêque Ignace (.3)
qui au cours de la conversation m'a dit, lui aussi, qu'il avait
été frappé du changement qui s'était opéré dans le caractère
d'Alexandre.
1. Cf. d'ANGBBERG, 16 novcmbre, 441-446 ; 24 novembre, p. 461.
2. Patriote polonais, grand propriétaire terrien en Galicie.
3. Archimandrite de Jassy.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 613
926. Vienne, 28 novembre 1814 (F. 4. 4890 ad 3565).
GOEHAUSEN à HAGER
L'article injurieux pour la Bavière et le Wurtemberg du Rheinischer Merciir
et son auteur. La détente au sujet de la Saxe et de la Pologne, Date pro-
bable du départ des souverains et la continuation des négociations à Vienne.
Le Rheinischer Mercur a, dans son numéro 141, publié un
article des plus offensants contre la Bavière et le Wurtem-
berg-. On sait que le rédacteur de cette feuille est le professeur
Gœrres, de Coblence, un des porte-parole de la Prusse et un
des instruments dont se sert le baron Stein. En dépit de tout
ce que l'on sait sur le compte de cet homme, peu recomman-
dable tant par ses mœurs que par son caractère politique^ il
n'en est pas moins devenu, grâce à la protection de la Prusse,
inspecteur des Ecoles. Il est donc hors de doute que cet article
est dû à une plume prussienne.
D'après des nouvelles qui me viennent de bonne source, le
bruit d'une détente, qui se serait produite depuis deux jours
au sujet de la Saxe et de la Pologne, se confirme de plus en
plus, et ce revirement serait la conséquence de la fermeté mon-
trée par l'Empereur d'Autriche.
On croit que les Souverains quitteront Vienne vers la mi-
décembre, mais que les négociations s'y poursuivront jusqu'à
leur entier achèvement.
927. Vienne, 30 novembre 1814 (F. 4. 4559 ad 3565).
HAGER à l'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 30 novembre 1814.
Il demande s'il doit continuer à faire surveiller Marie-Louise
et son entourage. Cette surveillance, coûteuse et délicate, ne
donne que de maigres résultats.
614 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
928. Vienne, 28 novembre 1814 (F. 4. 4559 ad 3565).
Intercepta du 28 novembre.
Stein à Khanikoff (1). (Il s'excuse de ne pouvoir être à
5 heures chez la grande-duchesse Marie.)
Stein à Repnin. (11 n'a pu le voir, ayant été appelé à la Cour.)
Wintzingerode au comte Neipperg (Décision prise par le Roi
dô Wurtemberg, relativement au traitement qui lui est alloué
pour l'éducation des princes.)
Wintzingerode à Phûll, (à Stuttgart), à la comtesse Tru-
chsess-Waldburg et au banquier Douglas, plus quelques re-
quêtes et lettres privées.
Humboldt à Stewart. (Envoi d'une note de Capo distria sur
les affaires de Suisse.)
Et enfin des Intercepta divers pris le 29 chez Nesselrode et
chez Stackelberg.
929. Vienne, 29 novembre 1814 (F, 4. 4559 ad 3565).
à HAGER (analyse).
Extrait d'une lettre interceptée écrite par Piquot.
Données sur les conditions de l'annexion de Gênes à la Sar-
daigne. Rien de décidé encore pour la Saxe et la Pologne;
questions d'une telle importance qu'elles influent sur la marche
de toutes les affaires.
Note des plénipotentiaires allemands sur la Constitution de
l'Allemagne et note 'séparée de la Cour de Bade.
930. Vienne, 29 novembre 1814 (F. 4. 4559 ad 3565).
... à HAGER (en. français).
Marie-Louise boit à la santé du roi de Prusse.
Le 2S, à dîner, Marie-Louise a vidé son verre à la santé du
roi de Prusse. M""" de Brignole et Bausset se sont regardés etl
sont restés muets et stupéfaits. H
1. Le général-lieutenant russe Khanikoff faisait partie de la suite de lagranc
duchesse Marie, princesse héréditaire de Weimar, qui avait avec elle la coUS-^pt
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 615
931. Vienne, 29 novembre 1814 (F. 4. 4559 ad 3565).
H.... à HAGER
Les concessions probables qu'on arrachera à la Russie et à la Prusse
sur les questions de Saxe et de Pologne.
Les conseillers intimes (Prussiens) Philippsborn et Schrœer
ne voulaient pas se décider à admettre hier soir que la Prusse
était sur le point de renoncer à la Saxe et soutenaient au con-
traire qu'elle continuerait de faire valoir ses prétentions.
Le Conseiller intime Staegemann a en revanche fait part
ce matin au capitaine MûUer (1), chargé par moi de me ren-
seigner sur ce point, des craintes qu^il ne pouvait se défendre
d'avoir et de l'obligation dans laquelle, malgré tout le chagrin
qu'il en éprouve, se trouvera le roi de Prusse de céder sur cette
question, en présence de l'opposition manifeste de plusieurs
puissances, qui ne toléreront pas la prise de possession de la
Saxe par la Prusse.
L'aide de camp du prince Wolkonsky, le capitaine Dani-
lewsky, a, de son côté, confié confidentiellement à l'Obers-
teuer Rath Borbstedt la probabilité de la renonciation de
la Russie à ses projets sur la Pologne et de la reconstitution
de l'état de choses tel qu'il avait existé jusqu'en 1800, sauf
quelques légères modifications qu'on apporterait au tracé de
la frontière. Memel, par exemple, sera attribué à la Russie ; le
Niémen séparera les deux Etats et la frontière, coupant le cours
de la Vistule à Ostromezko, rejoindrait de cette façon les ter-
ritoires autrichiens. Thorn, Posen, Gnesen et Kalisch resteront
à la -Prusse, mais la Russie conservera le département de Bie-
_lostok. La Russie n'en continue pas moins à être très bien dis-
)osée en faveur de la Prusse. Elle cherchera probablement des
îompensations du côté du Sud et s'efforcera de s'agrandir aux
lépens de la Turquie.
fesse Henckel von Donnersmark, grande maîtresse de sa maison ; les com-
ftesses Beust et Fritsch, ses dames d'honneur, le baron Wolfskehl, faisant
[fonction de grand maître de sa maison, von Bielke chambellan, Miss Dillon,
Mon secrétaire le conseiller aulique Voelkel et un médecin, le D'Starka.
1. Ancien officier du corps franc de Liitzow.
616 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
932. Vienne, 27 novembre 1814 (F. 4. 4559 ad 3565).
Anonyme à WESSENIG {intercepta) (en français)
(sous couvert de Wiedenheim).
Rien de décidé pour la Saxe. Guerre probable que l'Autriche aurait évitée en
s'alliant avec la France et l'Allemagne du Sud.
Notre sort n'est pas encore décidé. Je n'augure rien de bon.
On dit avoir proposé au Roi Dresde avec 500.000 âmes et le
titre de Grand-duc. L'Empereur de Russie et le Roi de Prusse
ne déclarent pas ce qu'ils veulent garder et rompront subite-
ment les négociations, d'où il résultera enfin un état provisoire
et dans un an une nouvelle guerre, que l'Autriche aurait évi-
tée en s'alliant avec la France et toute l'Allemagne du Sud
et d'où s'en serait suivie dès à présent une attitude menaçante
qui eut fait baisser les prétentions des Souverains du Nord.
J'attends ici un dénouement quelconque qui ne peut guère
tarder.
Quant à mes terres, j'ai tout lieu de croire que le gouverne-
ment prussien sera favorable aux arrangements que je projette
et combattra peut-être les mauvaises intentions que peuvent
avoir certaines personnes.
933. Vienne, 1«' décembre 1814 (F. 4. 4567 ad 3565).
HAGER à l'EMPEREUR (intercepta)
(Bordereau et rapport journalier du l""® décembre).
Analyse du Cabinet Noir du 29 novembre 1814.
Noailles à Saint-Marsan (11 lui renvoie des pièces formant
le projet du rapport général sur Gênes).
Toutes les autres pièces émanant de Broughton, Stackel-
berg, de la grande-duchesse Catherine, d'Humboldt, de Gor-
sini et du comte Salmour sont peu intéressantes (recomman- )t
dations ou affaires privées).
i
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 617
934. Vienne, 30 novembre (F. 5.4567 ad (3565),
00 à FIAGER (en français) (analyse).
Sur les conséquences incalculables et fatales pour l'Autriche
et l'Allemagne qu'aurait la cession de la Saxe à la Prusse; sur
les conférences du grand-duc de Bade avec Wrede (1).
Désappointement des Russes et des Prussiens en présence
de l'échec presque certain des affaires de Pologne et de Saxe.
Leur irritation contre Talleyrand (2) qui, à leurs yeux est seul
cause de la résistance de l'Autriche.
Les Anglais épousent et soutiennent la cause du roi de Saxe.
Inquiétude causée par les armements de Murât et la corres-
pondance qu'il entretient avec l'ile d'Elbe.
Irritation du Saint-Siège contre l'Autriche à cause des Léga-
tions (3).
935. Vienne, 30 novembre 1814 (F. 5. 4567 ad 3565).
... à HAGER
Dalberg a eu le 27 une conférence de deux heures avec Rech'
berg, qui a ensuite conféré longuement avec Wrede.
936. Vienne, 30 novembre 1814 (F, 5. 4567 ad 3565).
Rapport à HAGER
La question de Saxe semble trancliée. Schulenburg et Miltitz. L'appui donné
par l'Angleterre à la Saxe. L'attitude des Prussiens. L'Italie, les armements
de Murât, ses accords avec Napoléon qu'on ne peut laisser à l'île d'Elbe.
La rentrée du roi de Saxe dans ses Etats paraît chose certaine.
Le comte de Schulenburg espère, désire et pense rester tou-
jours ici.
1. ce. W^rede à Montgelas. Dépêche du 27 novembre. Heii-mann, Wrede,
page 413 et 424.
2. Cf. Talleyrand au Roi. Dépêche n» 12. Vienne 17 novembre et n" 13 du
25 novembre 1814.
3. Cf. RiiMERi. Corrispondenza Inedita, dei Cardinali Consalvi e Pacca. Dé-
pêche chiffrée n° 107, Consalvi à Pacca, Vienne, 14 novembre 1814 et dépêche
rja» 138, Vienne, 9 décembre 1814.
618 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Il y a toujours un assez grand froid entre lui et Miltitz, et
même dans le palais du duc Albert (1), on persiste à croire que
sa conduite à l'égard de son roi a été fort équivoque et qu'il
a embrassé le parti de la Prusse. Ses fréquentes visites à Hum-
boldt ne plaident guère en sa faveur.
L'accord le plus complet règne entre les diplomates anglais
et saxons, et ces derniers reconnaissent que la Saxe doit beau-
coup à TAngleterre, presqu'autant même qu'à l'Autriche.
Les Prussiens se tiennent coi et se contentent de parler des
compensations qu'on leur doit pour Ansbach et Bayreuth et
leurs possessions en Westphalie.
En revanche, l'Italie n'est pas tranquille, et le traité séparé avec
Naples est en contradiction absolue avec les grands principes
qui servent de base au traité de paix. Les armements et les
prépviratifs de Murât sont un véritable danger. On le croit se-
crètement d'accord avec Napoléon qu'on ne saurait laisser à
l'île d'Elbe et que les Anglais devront transporter ailleurs.
937. Vienne, 30 novembre 1814 (F. 5. 4567 ad 3565.
Rapport à HAGER
Mécontentement causé au parti russe par l'abandon par Alexandre de ses
vues sur la Pologne. Probabilité d'une guerre enti^e la Russie et la Turquie.
On affirme (l'agent v. 0...) que le parti russe et l'entourage
d'Alexandre sont furieux de voir qu'on renonce à l'annexion
de la Pologne à la Russie et à l'anéantissement de la Saxe.
Ceux qui, comme l'archevêque Ignace, Mavrojeni et Radzi-
will, sont les plus enragés de cette bande, se lamentent à haute
voix, proclament pourtant la grandeur d'âme et la générosité
d'Alexandre, mais déblatèrent contre Talleyrand qui, à les
entendre, a seul fait échouer leurs combinaisons et poussé les
alliés, et surtout l'Autriche, à s'opposer aux projets de la Rus-
sie. D'après eux, la Cour de "Vienne a le plus grand tort de
concevoir des craintes à ce sujet, vu que la Pologne aurait une
Constitution à elle propre et qu'on aurait mis un Vice-roi à
la tête du pays.
Ces considérations ont été exposées à l'agent V. 0... par La
1. D uc Albert de Saxe-Teschen. ~
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 619
Harpe, l'auteur du projet de Constitution de la Pologne qui a
communiqué ses idées à Mavrojeni. Celui-ci, tout comme l'ar-
chevêque Ignace, semble croire que la guerre contre la Turquie
est inévitable, mais qu'elle fera couler beaucoup de sang, parce
que l'Angleterre et la France soutiendront les Turcs.
938. Vienne, 30 novembre 1815 (F. 5. 4567 ad 3565).
ee à HAGER
Le rigorisme religieux des Anglais. Beethoven, ses admirateurs et ses adver-
saires. Le départ prochain et le mécontentement du roi de Wurtemberg.
La façon dont Metternich mène les affaires et dirige le Congrès.
Les Anglais présents à Vienne célèbrent les offices religieux
chez lord Stewart. Ils sont tellement sévères à cet égard
qu'ils refusent d'assister le dimanche à des concerts ou à des
séances musicales et c'est pour cette raison qu'on a remis à
un jour de semaine l'Académie musicale de Beethoven.
La séance, qui j a été donnée hier (1), n'a pas servi à augmen-
ter l'enthousiasme pour le talent de ce compositeur qui a ses
partisans et ses adversaires. En face du parti de ses admirateurs,
au premier rang desquels figurent Razoumoffsky, Apponyi,
Kraft, etc., qui adorent Beethoven, se dresse une écrasante
majorité de connaisseurs qui se refusent absolument à entendre
désormais les œuvres de Beethoven.
« Mon roi (celui de Wurtemberg) fait ses paquets, a dit le
baron Linden. il part extrêmement mécontent. Moi, je vais
bien probablement perdre mon poste. Qu'un autre essaye de
faire mieux que moi. Il est impossible de faire accepter un
conseil à mon Uoi. »
Les notes, que le Wurtemberg a adressées au Congrès, sont,
d'après ce qu'on disait chez le baron Pufîendorf, un monument
de bêtises et de beaucoup les plus mal faites de toutes. Le
comte Solms s'est fortement moqué de la négligence et de
l'absence de méthode, que Metternich apporte à la façon dont
il dirige les affaires du Congrès. Le baron Albini (2) procé-
dait d'une tout autre façon au Congrès de Rastatt et à la Dépu-
tation de l'Empire à Ratisbonne.
1. Le mardi 29.
2. Ci-devant Chancelier d'Etat de l'électeur de Mayence.
620 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Metternich ne fait jamais rien préparer pour les séances et
n'indique même pas ce qu'on doit y faire. C'est à peine si l'on
établit quelque chose qui ressemble à un procès-verbal.
Metternich ne creuse pas, n'approfondit pas les questions. 11
est incapable d'une application sérieuse, et croit inutile de
fixer son attention sur aucun suiet.
939. Londres, 30 octobre-17 novembre 1814 (F. 5. 4567 ad 3565).
LIEVEN à NESSELRODE {intercepta) (en français) [Analyse).
11 lui a envoyé les discours du Prince-Régent et le prévient
que les deux Chambres ont voté les adresses.
11 lui fait à ce propos remarquer la résolution prise par le
Prince-Régent de pousser vigoureusement les opérations en
Amérique, l'incertitude des négociations de Gand et la néces-
sité de maintenir une grande partie de l'armée sur pied de guerre.
Castelcicala(l) a eu une audience particulière pour offrir au
Prince -Régent les remerciements de son maître à propos des
félicitations que ce prince avait adressées au Roi de Sicile,
lorsqu'il reprit les rênes du gouvernement.
l.Castelcicala Ruffo (Fabrizio) (1755-1852). Diplomate Napolitain, plus connu
sous le nom de prince de Gastelcicala. Entré de bonne heure dans la diplo-
matie, ambassadeur à Londres lorsque la révolution française éclata, il y
resta jusqu'en 1795, époque à laquelle il fut rappelé à Naples pour gérer le Dé-
partement des Affaires étrangères et devint l'un des membres de la Junte
d'Etat. Il accompagna Ferdinand IV en Sicile, y rosta deux ans, jusqu'au
moment où il fut chargé par lui d'une mission secrète auprès du Prince-Ré-
gent.Nommé en 1815 ambassadeur à Paris, il retourna en 1816 à Londres, mais
n'y resta que le temps nécessaire pour conclure un traité de commerce, Des-
titué en 1820 pour avoir refusé de reconnaître la Constitution, il continua à
s'intituler Ambassadeur des Deux-Siciles à Paris. La Révolution de 1830 ne
changea rien à la position de Gastelcicala, qui mourut du choléra à Paris, au
mois d'avril 1832.
ï
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 621
940. Zurich, 20 novembre 1814 (F, 5. 4567 ad 3565).
ADDINGTON (1) à CANNING (2) {intercepta) (en anglais^
Sur les difficultés douanières entre la Suisse et la France et
les déclarations du comte de Talleyrand.
I
941. Vienne, 30 novembre (F. 5. 4567 ad 3565).
Prince Louis d'ŒTTINGEN (3) à RAUCH, secrétaire du Prince
d'CEttingen (à Vienne) (sans lieu ni date) {intercepta du 29 no-
vembre).
Reçu ses dépêches 1-2-3, il lui enverra sous peu des instruc-
tions verbales. Jusque-là être prudent et ne rien signer. Ne
se servir des pleins-pouvoirs qu'à la dernière extrémité, et
même dans ce cas établir de vive voix que cela ne concerne
que le Wurtemberg, et non la Bavière, avec laquelle il serait
dangereux de traiter.
942. Vienne, 29 novembre 1814 (F. I. ad 3565).
GOUPY, chargé d'affaires de S. M. la REINE d'ETRURIE
et Son Ministre plénipotentiaire au Congrès (chiffon).
Monsieur le Comte (i), je n'ai point été assez heureux pour
obtenir de Votre Excellence l'audience que j'avais sollicitée.
Je voulais appeler son attention sur les intérêts d'une famille
auguste que ses malheurs lui recommandent.
1. Addington (H.\ secrétaire de la légation de la Grande-Bretagne auprès
de la Confédération helvétique.
2. Stratford Canning, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire au-
près de la Confédération helvétique. Diplomate anglais, parent du célèbre
ministre de ce nom. Né en 1786, il était en 1814 ministre plénipotentiaii-e en
Suisse et fut accrédité au Congrès de Vienne. Ambassadeur à Pétersbourg
en 1824, à Constantinople en 1827, membre de la Chambre des Communes en
1832, il retourna à Constantinople en 1842 et y résida avec quelques inter-
iptions jusqu'en 1858. Il revint alors en Angleterre où il vécut jusqu'à sa
iort en 1880.
,3. CEttingen-Spielberg (Jean-Aloïs III, prince d'), né en 1788, avait succédé
json père en 1797, 11 avait épousé en 1813 la princesse Amélie de Wrede-
4. Probablement le comte de Nesselrode.
622 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Qu'il me soit permis du moins d'espérer que Votre Excel-
lence voudra bien prendre en considération la note que j'ai
l'honneur de lui adresser et contribuer à rendre à Sa Majesté
la justice qui Lui est due.
Je suis avec respect, etc., etc..
943. Vienne, 2 décembre 1814 (F. 5. 4907 ad 3565).
HAGER à l'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 2 décembre 1814.
944. Vienne, l" décembre 1814 (F. 5. 4907 ad 3565).
0... à HAGER (en français).
Le sort de la Pologne et de la Saxe est décidé.
Les Polonais croient que le sort de leur "patrie est bien dé-
cidé en ce moment. Ils me disent que le retour de la Saxe vers
son roi légitime, décidé avant quelques jours par les Souve-
rains coalisés, avait décidé en même temps le sort de laPologne
qui sera partagée entre les trois puissances limitrophes.
Ils prétendent même qu'Alexandre a déjà dépêché un cour-
rier au Roi de Saxe pour annoncer à ce dernier sa confirmation
sur le trône de Saxe.
Rien n'a été si désavantageux pour l'Autriche que la révo-
cation de la loi, par laquelle les seigneurs polonais étaient
obligés de déclarer dans un terme fixé, sous quel des trois gou-
vernements ils voudraient vivre à l'avenir et de se défaire des i
terres qu'ils possédaient dans les provinces tombées en par-
tage aux autres puissances.
Mais sous le titre de « sujet mixte », chacun parvient à sel
procurer facilement des passeports et peut courir librement!
tout le pays polonais. De là, leur libre ralliement sur tous les!
points révolutionnaires et la facilité de se communiquer toutesi
les menées de l'intrigue. Le gouvernement même est paralysé!
dans sa vigilance et ne peut refuser souvent un passeport à bj
personne la plus suspecte.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE G23
945. Vienne, 1" décembre 1814 (F. 5. 4907 ad 3565),
Nota à HAGER (en français).
Réponse énergique de Wrede à Stein et nouvelles diverses sur
Napoléon. Marie-Louise et Murât.
Les Bavarois ont pour le moment l'air d'agir en faveur de
l'Autriche. D'après des lettres dont les auteurs sont tout à fait
dignes de foi, la Bavière aurait poussé 30.000 hommes sur la
frontière du Nord-Est et cette démonstration pourrait bien être
la cause de la modération et du silence des Prussiens. Stein a
tout récemment essayé de faire valoir les prétentions de la
Prusse sur Ansbach et sur Bayreuth et de sonder Wrede qui
lui a répondu que : « Pour faire passer à la Prusse toute vel-
léité de vouloir revenir à la charge sur ces questions, la Bavière
s'employera de toutes ses forces, à ce que la Saxe reste un
royaume indépendant, afin de couvrir ainsi sa frontière du
Nord. »
Langenau va souvent chez Wrede, chez lequel il reste long-
temps.
Il s'agit, paraît-il, d'une nouvelle organisation de l'armée
autrichienne, au sujet de laquelle il consulte Wrede. Il règne
du reste un accord parfait entre les Autrichiens et les Bavarois.
Ceux-ci continuent cependant à détester Schwarzenberg.
Ils affirment que leur roi aurait tenu une tout autre conduite
er^ 1809, si on lui avait envoyé Wessenberg ou Stadion, tan-
dis qu'au contraire Schwarzenberg aurait dès les premiers
mots offensé le Roi,
On se reprend à parler du départ prochain des souverains
d'ici au 12 de ce mois et de la fin du Congrès, On dit que
Metternich deviendra chancelier d'Etat ; que Napoléon va être
déporté ailleurs ; que le mariage de Marie-Louise sera annulé ;
qu'il y aura du changement à Naples et qu'on modifiera
l'ordre de succession en Suède. Bernadotte renoncera à ses
droits en faveur du fils de Gustave-Adolphe (1).
1. Il s'agit ici du fils de l'ex-Roi de Suède Gustave IV, qui précisément en
novembre 1814 adressa au Congrès de Vienne, par l'intermédiaire de Sidney
Smith, une déclaration dans laquelle il protesta contre le bruit d'après lequel
il aurait abdiqué au nom de son fils, le prince Gustave Wasa.Cf. d'ANGBOERG,
I7fi.
624 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Talleyrand fait répandre le bruit que Murât a envoyé à
Louis XVIII deux agents qui ont proposé à Jaucourt (1) de
servir la France, si on consentait à reconnaître Murât pour roi
de Naples.
946. Vienne, 30 novembre 1814 (F. 5. 4907 ad 3565).
Rapport à HAGER
Les représentants des princes allemands avaient conçu le
projet de remettre aux cabinets de Vienne et de Berlin une
note, dans laquelle ils se seraient prononcés pour la restitution
de la Saxe à son Roi.HumboIdt a fait venir l'un d'entre eux
hier chez lui. 11 lui a déclaré que le Roi de Prusse considére-
rait une telle note comme une attaque directe contre lui et lui
a conseillé de communiquer cet avis officieux aux amis qu'il a
parmi ces représentants et de les inviter à en tenir compte. On
a naturellement renoncé à la rédaction de la note en question.
Humboldt a de plus fait connaître à un ministre, que son Roi
avait été désagréablement affecté par la première note des
princes, dans laquelle ils s'étaient déclarés partisans du réta-
blissement de la dignité impériale.
947. Vienne, l" décembre 1814 (F. 5.4907 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Les offres de Murât à Louis XVIII. La lettre à Marie-Louise.
Les partisans de Ferdinand IV prétendent que Murât a en-
voyé à Paris deux agents pour traiter avec Louis XVIII et
offrir de chasser même les Autrichiens d'Italie, si la France
voulait le reconnaître pour roi de Naples (2).
1. Cf. Pièce 947 et Jaucourt. Correspondance, etc., p. 86.
2. Cf. Jaucourt. Correspondance avec Talleyrand. Dépêche à Talleyrand d«
16 novembre 1814. Dernier paragraphe, p. 86 et Jaucourt à Talleyrand, Paria
le 27 novembre 1814, p, 96-97. Cf. Pallain. Correspondance inédite de Talle^
randet de Louis XVIII, Vienne, 30 novembre 1814, p. 155.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 625
Les mêmes disent que Marie-Louise a reçu dernièrement
une lettre, dans laquelle Murât lui disait : «La France et l'Es-
pagne vont me déclarer la guerre. Tout le monde paraît cons-
pirer contre moi. Qu'ils viennent! Qui sait si la Providence ne
m'a pas destiné à venger tous les torts qu'on a fait à notre
famille. »
Le marquis de Saint-Clair (1) est le premier qui venant de
la Corse a porté cette nouvelle à ses collègues de Sicile.
%
948. Vienne, 1" décembre 1814 (F. 5. 4907 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
(eux partis en Prusse. Les enragés et les Germains. La Russie, son influence
et son dang.îr. Le Roi plus Russe qu'Allemand. Le prince Henri refuse
le gouvernement de la Saxe-
Il existe deux partis en Prusse et même parmi les Prussiens
qui sont ici. L'un est des Prussiens enragés, qui pour agrandir
la Prusse escaladeraient le ciel et n'épargneraient ni crimes ni
vertus. Celui-ci veut la Saxe à tout prix, et puis il voudrait
tout le Nord de l'Allemagne, visant en même temps à conquérir
le Midi. L'autre est des Prussiens Germains, plutôt Allemands
que Prussiens. Ils voudraient une Allemagne forte, inatta-
quable et regardée comme la patrie générale et véritable de tout
3e qui parle allemand. Ils ne cessent pas pour cela d'être Prus-
siens ; mais leur principe est d'être plutôt forts de l'influence
)russienne en Allemagne que de la force intrinsèque de la
*russe. Ils détestent la réunion forcée autant qu'injuste de la
ixe à la Prusse et frémissent de cette idée qui dépopularise
îs Prussiens en Germanie et leur fait faire l'acquisition d'un
lillion de rebelles au lieu de sujets et les affaiblit par là plu-
^t que de les renforcer.
Ils sentent aussi que l'approche et l'augmentation des
)rces de la Russie les rend tôt ou tard les esclaves de cette
1. Précepteur du prince Léopold des Deux-Siciles, Saint-Clair, qui avait
îompagné le prince et sa mère Marie-Caroline, devint quelques mois plus
rd le premier ministre de la Guerre de Ferdinand IV, lors de son retour i
tapies. Cf. annexe XXIU.
T. I. 40
626 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
puissance slave qui menace toute l'Allemagne, si on la laisse
faire.
Bartholdi est de ce nombre, et bien d'autres qui n'osent pas
se prononcer de peur de perdre leur charge auprès du Roi,
qui tient à Alexandre plus qu'il ne le faudrait pour ses inté-
rêts véritables.
Je sais qu'à Berlin ce parti remue et n'épargne pas le Roi,
qui risque beaucoup, s'il s'entête à être plutôt Russe qu'Alle-
mand.
On a dit hier parmi les diplomates que le prince Henri (1),
nommé par le Roi gouverneur de la Saxe, avait écrit au Roi
que « quoiqu'il n'entre pas dans la politique, sa conscience et
« ses principes ne lui permettent pas d'accepter la charge que
« Sa Majesté avait daigné lui confier en Saxe et qu'il priait
« Sa Majesté de l'en dispenser ».
949. Berlin, 19 novembre 1814 (F. 5. 4907 ad 3565).
SECKLER (?) au Roi de WURTEMBERG (intercepta).
La cession de la Saxe encore douteuse.
Le grand caractère du Roi de Saxe admiré, même à Berlin.
La lenteur, avec laquelle on procède à l'installation en Saxe
de l'administration provisoire prussienne, prouve, à elle seule,
que la cession est loin d'être décidée. Même ici, où on désire |
fortement cette cession, le Roi de Saxe a trouvé des défenseurs]
et des admirateurs.
Le Roi de Saxe donne au milieu de tous ces événements une|
nouvelle preuve de son grand caractère et de son énergie.
Il se refuse absolument à rien signer. Il déclare qu'on nel
peut pas avoir perdu un trône, auquel on n'a pas renoncé vo-l
lontairement et librement.
I
1. Prince Henri de Prusse, frère de Frédéric-Guillaume IIL
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 627
950. Vienne, 30 novembre 1814 (F. 5. 4907 ad 3565).
Comtesse de REGHBERG à son père (à Ratisbonne) (intercepta
(en français)'
La solution de l'affaire de Saxe remise en question et ajournement probable
pour cette i-aison du départ des Souverains.
Ce que je vous avais dit dans ma dernière n'était pas sans
fondement. On paraissait se rapprocher. Les propositions extrê-
mement modérées, qu'on avait faites de la part d'ici, faisaient
espérer un arrangement. Il s'agissait de conserver non un
Royaume, mais un Duché de Saxe qui devait compter de
5 à 600.000 âmes.
La Prusse même avait paru vouloir céder. On en désespère
aujourd'hui de nouveau. Le Roi croit s'être engagé vis-à-vis
de la nation saxonne à soutenir son intégrité et paraît ne pas
vouloir souscrire à un partage. D'ailleurs il était bien douteux
que le Roi de Saxe eut consenti à cet arrangement.
On croit dans le public que la réunion des Souverains touche
à sa fin. On veut savoir qu'Alexandre a donné les ordres que
ses équipages soient prêts le 15 décembre. Cependant la tour-
nure des affaires et quelques propos du Roi de Prusse paraissent
émentir cette croyance.
►1. Londres, 6-18 novembre 1814 (F. 5. 4907 ad 3565).
(EVEN à NESSELRODE (intercepta) (en français) (analyse).
opérations militaires en Amérique. Effet produit en Angleterre par les
arrestations faites à Paris. Conseil donné à Louis XVIII.
[Confirmation du désastre de la flotte anglaise sur le lac
lamplain (1).
< Je ne vous laisserai pas ignorer que les récentes arres-
jrtions à Paris (2) ont causé quelque alarme dans le cabinet.
Cf. pour l'affaire du lac Champlain, Annual Rkgister, Ifili. Appeiidix to
■^hronicle (pages 215-218), le rapport du capitaine Pring au Gommodoie Sir
l.-L. Yeo, en date de Champlain le 12 septembre 1814.
2. Pour les arrestations, leur caractère et le rôle joué par le général Du-
f, cf. la dépêche de Boutiaguine à Nesselrode de Paris 8 novembre (Polovt-
, I. 113^
628 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Cette alarme, ainsi que l'intérêt que cette Cour prend à la cause
du Roi de France, se manifeste dans l'avis, que je sais avoir été
donné par le Gouvernement Britannique à Sa Majesté Très
Chrétienne, d'éviter de tenir la famille royale réunie à Paris,
mais de faire résider alternativement les princes dans diffé-
rentes parties du Royaume. Cette mesure obvie au danger
d'exposer la dynastie régnante dans le cas de quelque catas-
trophe à Paris ».
952. Paris, 21 novembre 1814 (F. 5. 4907 ad 3565).
OELSEN (l)à HARDENBERG (m/erce/)/a) (sous couvert de Goltz)
(analyse).
On attend le retour de Talleyrand à Paris pour se prononcer
sur les affaires de réclamations.
953. Paris, 21 novembre 1814 (F. 5. 4907 ad 3565).
GOLTZ à HARDENBERG (intercepta) (analyse).
Il rend compte de son audience du 15 chez Louis XVIII, qui
lui a demandé des nouvelles du Roi.
« Le comte d'Artois m'a dit que le long voyage, qu'il venait
« de terminer, avait beaucoup contribué au rétablissement de
« sa santé, parce qu'il avait recueilli partout des témoignages
» sincères de dévouement à la famille royale.
« Vincent attend ses lettres de créance, et l'ambassadeur
« d'Angleterre n'a pas encore de réponse à la note qu'il a
« remise au Ministère français pour appuyer la réclamation
« de la banque de Hambourg. » (Le reste dans un nouveau
chiffre illisible.)
1. De la Légation de Prusse à Paris. Il paraît qu'il habitait chez Edmij
ie Talleyrand.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 629
954. Madrid, 10 septembre 1814 (F. 5. 4907 ad 3565;.
WERTHER à HARDENBERG(m/ercepffl) (analyse).
Sur l'affaire Casa Flores (l),sur Tenvoi d'une expédition au
Mexique ; sur la note remise à la Cour d'Espagne par le prince
de Canosa au nom de Ferdinand IV (2) et sur les instructions
données à Labrador.
955. Vienne, 3 décembre 1814 (F. 5. 4598 ad 3565).
HAGER à 1 ExMPEREUR
(Bordereau et rapport journalier du 3 décembre 1814).
Rapport à Hager, Vienne, 2 décembre (F. 5. 4578 ad 3595).
Envoi d' intercepta pris : chez Stackelberg : lettre à Stein ;
chez Humboldt, paquets, l'un pour Dalberg, l'autre pour
Radziwill ; deux lettres, une au professeur Olmer, l'autre au
major Hedemann ; plus papiers divers tirés de son bureau.
Chiffons et papiers pris chez Tallejrand, Bogne de Faye et
Dalberg.
Rapport sur les dîners donnés par Wrede, avec la liste de
ses invités et une note sur la continuation de ses conférences
chez le grand-duc de Bade.
Intercepta (F. 5. 4597 ad 3535) : une lettre de Wintzinge-
rode à Dalberg (qui a paru au Baron Hager de nature à inté-
resser si vivement Metternich qu'il la lui a transmise directe-
ment).
1. Casa Flores s'était de sa propre autorité permis do faire arrêter Mina,
qu'il tenait enfermé chez lui. Le gouvernement français l'obligea à le mettre
en liberté et donna l'ordre à Casa Flores de quitter immédiatement Paris.
2. Cf. BiANCo. La Sicilia durante l'occupazione Inglese, page 241. Instruc-
tions et notes adressées au prince de Canosa, ministre de Ferdinand IV à
Madrid, pour demander à l'Espagne de travailler au renversement de Murât.
630 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
956. Vienne, 2 décembre 1814 (F. 5. 4590 ad 3565).
00 à HAGER.
On parle beaucoup du Mémoire (1), dans lequel lord Castle-
reagh aurait déclaré que : « Ce n'est pas pour détrôner le Roi
de Saxe que l'Angleterre a fait la guerre. »
957. Vienne, 2 décembre 1814 (F. 5. 4597 ad 3565)-
H... à HAGER (en français).
La Prusse et la Russie s'entendent et tiennent bon sur la
Pologne et la Saxe, surtout à cause du peu d'énergie de l'Au-
triche.
Rechberg et Wolkomky ont déclaré en ma présence que les
puissances du Nord ne songent pas à risquer une guerre, mais
qu'elles comptent sur la mollesse et la tiédeur de TAutriche.
La Prusse, tout en ayant l'air de vouloir céder, pousse la Rus-
sie à la résistance et c'est le parti d'Humboldt, dont font par-
tie tous les conseillers du cabinet d'Etat, qui l'emporte sur
Hardenberg, toujours très modéré et pacifique. Tout dépend
donc de la Russie, qui ne cédera que devant une attitude réso-
lue de l'Autriche.
958. Vienne, 2 décembre 1814 (F. 5. 4597 ad 3565).
00 à HAGER
Marie-Louise a fait appeler ses domestiques français et les
a prévenus qu'ils rentreraient en France à la fin du mois.
Par ordre de S. M. l'Empereur, cette surveillance est sus-
pendue momentanément et jusqu'à nouvel ordre.
1. Cf. d'ANGEBERG (493-494). Dépêche de lord Castlereagh au Comte de Li-
verpool au sujet de la négociation du prince de Hardenberg avec l'Empe-
reur Alexandre, relative à la Pologne. Vienne, 5 décembre 1814. Cf. Talley- :
rand au Roi. Dépêche n" 15. Vienne, 7 décembre 1814, p. 167.
I
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 631
959. Vienne, 2 décembre 1814 (F. 5. 4597 ad 3586).
ee à HAGER
La Harpe s'est rendu hier chez Dalberg et a été avec lui chez
lord Stevv^art,où se tint une conférence qui dura de il heures
à 2 heures et à laquelle ont assisté Stein, Gapo-d'Istria et
Canning.
Dalberg m'a dit au cours d'une longue conversation : « Il
m'est arrivé quelque chose de bien singulier avec mon cama-
rade de l'Université de Gœttingen, H. Woina,de Varsovie. Les
Russes ont saisi et lu notre correspondance, dans laquelle tous
deux nous étions d'accord pour insister sur la nécessité de
rétablir un royaume indépendant et héréditaire de Pologne
avec les frontières qu'il avait après le premier partage, ou,
dans le cas contraire, de restituer à chacune des trois puissances
les territoires qu'elles avaient après le deuxième partage.
« Gzartoryskiest venu ces jours-ci chez nous. Il a apporté les
lettres qu'on avait saisies et a fait un vacarme infernal. Tal-
leyrand et moi, nous l'avons envoyé promener en lui disant
qu'il devrait avoir honte de faire état dans des négociations
diplomatiques et officielles de lettres qu'on avait réussi à se
procurer par de tels moyens. »
960. Berne, 36 novembre 1S14 (F. 5. 4578 ad 3565).
M"»* de HUMBOLDT (1) à HEDEMANN (Vienne)
(intercepta) (en français).
La Prusse doit avoir la Saxe. Plutôt la guerre qu'y renoncer. Les armements
de la Bavière. L'immixtion do la France dans les affaires d'Allemagne. La
responsabilité de Metternich.
J'espère toujours que, grâce à la protection de Dieu, tout finira
bien, mais hélas! pas aussi vite que cela aurait pu et dû l'être.
On voit maintenant bien clairement ce que veulent des hom-
mes aussi loyaux, aussi droits, aussi clairvoyants qu'Harden-
berg et Humboldt, et je vous prie de me dire bien vite que la
1. M™« de Humboldt, née de Dachroeden (1771-1829), avait épousé Guil-
laume de Humboldt en 1791.
632 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Saxe sera à nous. Au point où en sont les choses, nous ne
pouvons pas reculer. Plutôt la guerre qu^un tel malheur 1 Pour
le bonheur de l'Allemagne, il faut que la Prusse ait ce pays,
auquel elle seule peut garantir la liberté.
Est-il vrai que la Bavière arme en masse ? Si oui, comment
peut-on tolérer pareille chose ! Les deux princes royaux de
Bavière et de Wurtemberg, tout pleins des idées françaises (1),
sont un danger pour l'Allemagne. Enfin comment tolère-t-on
que la France se mêle des affaires d'Allemagne ? Cette honte
vient uniquement de la remise perpétuelle des solutions, et
c'est Metternich qui en est la cause et qui doit en être rendu
responsable. L'esprit, l'intelligence n'est pas tout. La conscience,
voilà ce qui est essentiel pour un homme d'Etat.
961. Vienne, 2 décembre 1814 (F. 5.4597 ad 3565).
STAGKELBERG à ITALINSKI (2) (à Constantinople)
Kpar la police) {intercepta) (en français)
Gênes, le Piémont, la France, Saxe, Danemarck, Suède, Norvège.
La déclaration au sujet de Gênes, dont je vous ai parlé, est
le seul résultat jusqu'ici (Composition du Comité qui réglera
le mode d'incorporation à la Sardaigne).
La France demande que cet arrangement n'ait d'effet que
lorsqu'on sera d'accord sur les affaires d'Italie. En attendant^
on peut croire à une occupation provisoire de l'Etat de Gênes
par les troupes sardes, à l'instar de ce qui s'est fait en Saxe,
qui est évacuée par nos troupes et où l'administration provi-
soire est établie.
Le Holstein est réoccupé par les Danois, et après l'heureuse
tournure des affaires de Norvège, il ne reste plus à régler que
la compensation à offrir au cabinet de Copenhague.
Il semble qu'on rencontrera quelques difficultés, la Cour de
Suède ne se montrant pas décidée à la cession de la Poméranie ;
mais la légitimité des droits du Danemark les aplanira bientôt
1. M"" de Humboldt prête lààces deux princes des sentiments qu'ilsétaie
bien loin d'avoir.
2. Italinski (André-Yakovlevitch)à ce moment minisire de Russie à Cot
tantinople, puis en 1817 à Rome.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 633
962 J Vienne, 4 décembre 1814 (F. 5. 4939 ad 3565).
HAGER à l'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 4 décembre (F. 5. 4929 ad 3565).
Envoi à.' intercepta^ nombreux, mais peu intéressants, des 2
et 3 décembre, du Roi de Wurtemberg et de Stackelberg, rela-
tifs à l'état de santé d'Alexandre et de papiers {chiffons) ra-
massés chez Dalberg, Noailles, et La Tour du Pin.
On a réussi à intercepter ce matin les pièces que Wrede a
fait porter par son aide de camp chez le baron de Linden, mi-
nistre de Wurtemberg. On a intercepté également les envois
de Rechberg à Wrede.
963. Vienne, 3 décembre 1814 (F. 5. 4939 ad 3565.
GŒHAUSEN à HAGER
Les sympathies autrichiennes de Rechberg. Le Roi de Bavière et l'alliance
avec l'Autriche.
Rechberg est, et a toujours été, un partisan et un ami de
l'Autriche. Il l'est encore plus maintenant et ne se gêne pas
pour dire, qu'il est temps pour le monde de se débarrasser de
la Russomanie et de la Prussomanie . Lui et son Roi veulent
une alliance intime avec l'Autriche.
964. Vienne, 3 décembre 1U4 (F. 5. 4939 ad 3565).
00 à HAGER (en français).
La Prusse rejette sur Alexandre la responsabilité de sa politique. Les
ministres des princes allemands et leurs inquiétudes au sujet de l'Autriche.
Les Prussiens, voyant que leur ambition et leurs appétits
éloignent d'eux toute l'Allemagne, prétendent maintenant que
c'est Alexandre qui leur a donné Tordre formel de suivre cette
marche politique et d'exiger la Saxe. Quand on leur prouve
le contraire, ils font les bons apôtres et se plaignent de voir
qu'on met en doute leurs bonnes intentions.
634 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Les Ministres des princes allemands (1) sont inquiets et
surtout mécontents, parce quils craignent de ne pas être sou-
tenus par TAutriche. Us sont presqu'unanirnes à déclarer que,
sans un chef à sa tête, la Confédération ne peut avoir une exis-
tence utile.
965. Vienne, 3 décembre 1814 (F. 5. 4939 ad 3565).
... à HAGER (en français).
Eugène et Alexandre. Changement d'attitude de Marie-Louise depuis son
arrivée. Son caractère. Le Congrès et le désaccord général. Les Légations.
Le prince Eugène compte beaucoup sur Alexandre qui lui
témoigne de plus en plus d'amitié.
D'après le dire d'Arnay, Marie-Louise, encore attachée à
Napoléon lors de son arrivée ici, a complètement changé depuis
lors. Elle est bonne, mais n'a ni caractère ni énergie. Elle est
très insouciante, même en ce qui a trait à son avenir, et c'est
seulement ces jours-ci qu'elle a écrit à Alexandre pour le prier
de défendre ses intérêts.
Pour le Congrès, les Grandes Puissances sont loin d'être
d'accord et les petits princes d'Allemagne protestent, de leur
côté, contre les projets des grandes Puissances.
D'Arnay ne comprend pas que l'Autriche n'ait pas exigé
l'établissement de la Régence de Marie-Louise en France, ce
qui l'aurait placée à même de s'opposer aux prétentions des
autres Puissances.
Fava et Squarzoni vont partir très inquiets du sort des Lé-
gations qu'ils craignent de ne pas voir revenir au Pape.
966. Vienne, 3 décembre 1814 (F. 5. 4939 ad 3565 .
TIMON au HOFRATH BRESSLER (à Paris)
{intercepta) (analyse).
Il le plaint d'être à Paris, mais malgré les fêtes qu'on donne
ici, cela ne marche guère. « Voilà trois mois que nous sommes SI
ici et nous en sommes toujours au même point. »
1. Cf. Talleyrand au Roi. Dépêche n" 15 du 7 décembre (p. 168) et Dépê-
che n" 16 du 15 décembre (pages 175 à 178).
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 635
967. Vienne, 3 décembre (F. 5. 4939 ad 3565).
HEILMANN à son père (à Sienne) (intercepta) (analyse)
Les affaires ont Tair d'aller mieux. Wessenberg les a re-
prises en main. On a déjà eu trois séances pour la Suisse (1),
et les grandes affaires semblent prendre une meilleure tournure.
968. Vienne, 3 décembre 1814 (F. 5. 4939 ad 3565).
LCEWENHIELM à HARDENBERG et à NESSELRODE
[inlercepla) (en français) (analyse).
Il renouvelle la réclamation de la Suède, qui demande à tou-
cher sa part des contributions levées dans les pays conquis et
administrés par les puissances alliées, en conformité de la- Con-
vention de Leipzig, du 22 octobre 1813 (2).
Il demande de plus communication des conventions passées
par les agents de Russie et d'Autriche avec les autorités belges
et françaises.
969. Livourne, 28 novembre 1814 (F. 5. 4939 ad 3565).
GEBHARDT(3) à PIQUOT (à Vienne) {intercepta) (en français).
Conversation de Napoléon avec un membre du Parlement. Marie-Louise,
Joséphine, Marmont, la France et les Bourbons. Le divorce avec Marie-
Louise.
Notre voisin, l'Insulaire, continue à attirer beaucoup de cu-
1. Cf. d'ANGEDBRG. Troisième protocole du Comité des affaires de Suisse
(30 novembre 1814), pages 466-476 et quatrième protocole du même Comité
(2 décembre 1814; page 492.)
2. Cf. d'ANGEBERG. Conveutiou entre les Puissances alliées sur les mesures
à prendre pour la réunion de toutes les forces disponibles en Allemagne si-
gnée à Leipzig le 21 octobre 1813 (pages 60 63;.
3. On relève dans un Almanach du département de la, Méditerranée pour
l'an 1813, publié à Livourne chez Alanget fils, libraire (qu'on peut consulter
hVArchivio Storico Ciitadino de cette ville) le nom d'un certain François Geb-
hart, Bonhôte, vice-consul de Prusse à Livourne. Cet individu, ainsi qu'il ré-
sulte de l'examen des Almanachs de la Toscane, conservés à ces mêmes
Archives, exerça ces fonctions jusqu'en 1828, époque à laquelle il eut pour
successeur Cari Gebhardt, qui lui-même fut remplacé en 1831 par un nommé
Cari Stechling (renseignement dû à l'obligeance de M. Osvaldo Testi, Assis-
tente &\VArchivio Storico Cittadino de Livourne).
636 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
rieux. Un membre du Parlement (1) anglais, du parti de TOppo-
sition,a eu dernièrement avec lui une conversation de quatre
heures, au cours de laquelle il n'a jamais mentionné l'Impéra-
trice Marie-Louise, mais a fait beaucoup d'éloges de feu l'Im-
pératrice Joséphine.
« Que pensez-vous, a dit Napoléon à l'Anglais, de mon sys-
tème de finances? »
« Qu'il était très mauvais ».
« Je ne m'en suis que trop aperçu, a repris Napoléon, et j'ai
été à cet égard cruellement trompé par mes Ministres. »
Il dit être résigné à son sort et que, comme soldat de for-
tune, il est revenu à peu près au point d'où il était parti.
Ce qu'il dit l'avoir affligé le plus, c'est ce qu'il appela l'in-
gratitude et la défection du maréchal Marmont.
« J'avais, a-t-il dit enfin, un grand but pour lequel j'aurais
sacrifié cinq millions aussi bien que cinq hommes. »
Il n^a pas d'opinion des Bourbons et dit qu'il n'y en a aucun
qui ait assez de talent pour régner sur les Français, de sorte
qu'il y aura nécessairement une nouvelle révolution.
Si le grand divorce, dont quelques gazettes font mention, a
lieu, je pense qu'il n'y aura plus de motifs de parler de cet
homme malheureusement si célèbre.
970. Vienne, 5 décembre 1814 (F. 5. 4946 ad 3565).
HAGER à l'EMPEREUK
Bordereau et rapport journalier du 5 décembre 1814 (F. 5. 4939 ad 3565).
Envoi de pièces interceptées le 4, parmi lesquelles ;
Stein à Schœnborn, ayant trait au séquestre de ses biens ;
Stein à Staegemann. (Mémoire relatif aux emprunts forcés,
auxquels on procède dans le Grand-Duché de Bade.)
Stein à BernstorlT. (Copie des réponses faites par Munster et
le comte Hardenberg aux notes de la Bavière et du Wurtem-
berg) (2).
1. Il ne peut s'ajjir là de lord Ebrington, que l'Empereur reçut le 6 et le -|
8 décembre (Cf. Revue Britannique, t. VIII, année 1821). D'autre part, on ne >
trouve de noms cités pour les visites faites à l'île d'Elbe dans les rapports ;;
du Bargello de Livourne conservés à VArchivio Storico Ciltadino qu'à partir !
du 28 novembre 1814.
2. Cf. d'ANGEBERG, 459-461, Vienne 27 novembre et 464-466, Vienne 25 no-
vembre.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 637
Stein à Humboldt. (Copie des protocoles relatifs aux affaires
de Schaffhouse.)
Wintzingerode au sénateur de Brème Schmidt. (Il a remis
la notification au Roi de Wurtemberg qui l'examinera dès qu'il
sera rétabli de son indisposition.)
Hardenberg à Talleyrand. (Envoi d'un paquet venu de Berlin
par courrier prussien et contenant les dépêches du Ministre
de France. Ces dépêches étant chiffrées avec un nouveau chiffre,
on n'a pas eu le temps de les mettre au clair, ni même celui
de les copier.)
971. Vienne, 4 décembre 1814 (F. 5. 4597 ad 3565).
Rapport à HAGER
Gagern paraît satisfait de la marche de ses affaires. Il est en
rapports suivis avec le duc de Nassau, le baron Plessen, repré-
sentant de Mecklemburg-Schwerin, le comte Keller, représen-
tant de la Hesse Electorale, le baron Tûrkheim, représentant
de la Hesse-Darmstadt et le Conseiller Cappel.
972. Vienne, 3 et 4 décembre 1814 (F. 5. 4597 ad 3565).
GCEHAUSEN à HAGER (en français).
Le scribe L... a donné communication des notes ci-jointes
(elles ne figurent plus au dossier) rédigées par Gagern et le
baron Marschall (ministre de Nassau) et qui portent sur les
points à discuter dans la commission des Affaires de l'Alle-
magne. Il ne s'agit là que de projets qui n'ont pas encore été
approuvés et qui diffèrent beaucoup de ce qui a été proposé
par le Conseiller d'Etat Kliiber.
(Notes complétées par d'autres envoyées le 4.)
973. Vienne, 4 décembre 1814 (F. 5. 4939 ad 3565).
Rapport à HAGER
Rapport sur les démarches et les conférences de Gagern du
29 novembre au 4 décembre. Gagern est un partisan ardent
•du roi de Saxe.
638 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
974. Vienne, 4 décembre 1814 (F. 5. 4939 ad 3565).
... àHAGER
La visite et les promesses d'Alexandre à Marie-Louise.
Le comte de San Vitale, chambellan de Marie -Louise, était
à Schœnbrûnn, lorsqu'il y a peu de jours Alexandre vint rendre
visite à l'Impératrice. Il resta une heure et demie avec elle et,
en partant, il lui dit : « Soyez tranquille. Madame, et laissez-
moi faire. »
975. Vienne, 4 décembre 1814 (F. 5. 4946 ad 3565,.
ee à HAGER
Stadion veut, paraît-il, démissionner et on dit que Saurau
proiQtera du voyage de l'Empereur en Italie pour obtenir le
portefeuille des Finances.
976. Vienne, 4 décembre 1814 (F. 5. 4946 ad 3565).
©® à HAGER (en français).
On prétend que tout était arrangé pour la Saxe et la Pologne,
mais que tout a été remis en question par les instructions que
lord Gastlereagh a reçues de sa Cour (1).
977. Vienne, 4 décembre 1814 (F, 5. 4946 à 3565).
Nota à HAGER (en français).
Les différents partis entre le quels se divise la suite d'Alexandre.
L'incident au souper après le Carrousel.
L'indisposition du prince de Ligne avait attiré chez lui la
plupart de ses connaissances, et la conversation a porté en
grande partie sur les Russes. Il y a, paraît-il, plusieurs partis
1. Talleyrand au Roi. Dépêche n" 15. Vienne, 7 décembre 1814.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 639
entre les Russes de la suite de l'Empereur Alexandre et ces
partis sont tellement animés que le général Tchernitchefî
n'a pas voulu se placer à la table présidée par l'Archiduc
Charles lors de la fête qui suivit le dernier Carrousel (1),
parce qu'un autre Russe marquant, mais du parti opposé, s'y
trouvait. L'un de ces partis, celui des Ambitieux, est celui de
l'Empereur ; l'autre est celui des Modérés qui n'approuvent
pas ses projets.
978t Vienne, 4 décembre 1814 (F. 5.4939 à 3566).
P... à HAGER (en français).
Conversation chez Wyllie.Les projets d'Alexandre d'après Galitzine. Le sort
probable de la Saxe et de la Pologne. Ce qu'on dit chez la marquise de Rai-
gecourt.
L'agent rapporte la conversation tenue en sa présence le
3 décembre chez le Conseiller d'Etat de Wyllie (2), médecin
de l'Empereur Alexandre, et qui porta sur les affaires de Po-
logne.
On est, du côté russe, décidé d'ajourner la réalisation des
projets de Pierre le Grand et de Catherine et pour le moment
on ne s'agrandira pas du côté de l'Allemagne.
La Pologne, d'après le dire du prince Galitzine (3), restera
dans l'état où elle était lors de l'abdication du roi Poniatowski.
Quant à la Saxe, ce n'est pas pour humilier le Roi qu'on le
fait venir à Vienne, C'est une affaire finie. La Saxe restera ce
qu'elle était jadis, mais son Roi devra renoncer à Varsovie.
Les débats, qui ont eu lieu à ce sujet, ont mis fort souvent
l'Empereur Alexandre de fort mauvaise humeur parce que,
voyant qu'il ne pouvait tenir la parole qu'il avait donnée aux
Polonais, il se croit compromis envers eux.
1. Le carrousel, dont il est question ici, eut lieu le 23 novembre.
2. VVillie ou Wylie (Jacob- Wassiliévitch, baronnet) (1765 -1856), né en Ecosse.
Entré en 1790 au service de la Russie comme médecin de régiment. Chirur-
gien de la Cour (1799), médecin d'Alexandre I*', président de 1809 à 1838 de
l'Académie Impériale de Médecine, membre du Conseil Privé.
3. Galitzine (Piùnce Alexandre), Grand Maître de la Cour de l'impéi'atrice
de Russie.
640 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Après dîner, j'allai chez la comtesse de Raigecourt (1). On
y parla des affaires et on dit que c'était le prince de Bénévent
qui avait ouvert les yeux des autres Puissances sur les projets
de la Russie.
On parla aussi de l'Impératrice Marie-Louise et du départ
du général KoUer pour l'île d'Elbe. On dit que depuis son re-
tour Marie-Louise n'avait plus prononcé le nom de Napoléon
et que pour le moment elle ne voulait pas consentir à un autre
mariage.
979. Vienne, 4 décembre 1814 (F. 5. 4939 ad 3565).
HARDENBERG à STEIN {intercepta) (en français).
Le Ménnoire de Gzartoryski. L'opinion en Angleterre.
Il attend la réponse de Metlernich.
Mille grâces, Chère Excellence, de la communication du Mé-
moire que vous avez donné au prince Gzartoryski sur la Saxe (2).
Il faut travailler de tous côtés.
Voyez dans la Gazette anglaise (3) ci-jointe comme on repré-
sente mal cet objet en Angleterre. Je crois par conséquent que
la mission de Miltitz serait très utile (4) ; mais il faut encore
attendre que la crise se développe un peu ici.
Metternich m'a promis de me donner la réponse de son
Empereur dans le plus bref délai, mais je n'ai encore rien (5).
1. Peut-être la marquise de Raigecourt, née Louise-Marie de Vincens de
Mauléon, dame d'honneur de M"» Elisabeth, mariée le 28 juin 1784 avec le
comte de Raigecourt de Gournay (1763-1833), « Amie intime de Marie-Antoi-^
nette », écrit la baronne dc MoNTET,dans ses Souvenirs, p. 401-402, qui l'ap
pelait familièrement « ma Rage » de même qu'elle désignait la marquise
Bombelles sous le petit nom de « ma Bombe ». M""" de Raigecourt figui
dans l'Almanach Royal de 1788-89 parmi les « Dames pour accompagner che.
Madame Adélaïde ». ¥,'
2. Mémoire en date du 3 décembre. Cf. Klûber, VII, 63-69.
3. Morning Chronicle.
4. Envoi du lieutenant-colonel von Miltitz auprès du Roi de Saxe.
5. Cf. d'ANGEBERG. Notc vcrbalc du prince de Hardenberg au prince de
Metternich. Vienne, 2 décembre 1814, 485-491 et 1941-1952. Ibidem. Note du
prince de Metternich au prince de Hardenberg. Vienne, 10 décembre 1814,
505-510 et 1952.
i
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 641
980. Vienne, 4 décembre 1814 (F. 5, ad 3565).
HARDENBERG à NESSELRODE {chiffon).
Le prince de Hardenberg a Thonneur de renvoyer ci-joint
à S. E. Monsieur le comte de Nesselrode, la note laissée dans
son cabinet. II le prie en même temps de vouloir bien faire
pisser la lettre ci-jointe à son adresse et profite de cette occa-
sion pour renouveler à Son Excellence l'assurance de sa plus
haute considération.
981. Vienne, 4 décembre 1814 (F. 1. 3565).
CASTLEREAGH à HARDENBERG [chiffon).
Lord Castlereagh fait bien ses compliments à S. E. Monsieur le
comte de Nesselrode et le prie de vouloir bien avoir la bonté
de venir aujourd'hui à une heure au lieu de midi, puisqu'il avait
oublié un autre engagement qu'il prit pour l'heure de midi...
Minoriten Platz^ samedi matin.
982. ^^- 5- ad. 3565).
RAZOUMOFFSKY à NESSELRODE [chiffon).
sans date, mais ramassé chez Nesselrode la 4 décembre 1814.
Recommandations en faveur du comte Wibor.
Cher Comte, j'avais en poche le papier ci-joint que par dis-
traction j'ai oublié de vous remettre. C'est encore pour le bon
et loyal Suisse, le comte Wibor (1), vieillard septuagénaire, se
mourant de faim avec femme et enfants pour avoir tout sacrifié
à son patriotisme et à la bonne cause. Prenez-le en considéra-
tion et tâchez de faire quelque chose en sa faveur. Ce sera
tellement une œuvre de piété, de justice et de charité.
Lundi soir. Tout à vous.
Raz.
Malgré toutes les recherches faites en Suisse par mon ami Ed. Chapui.
it, député au Grand Conseil de Genève, il a été impossible de retrouver
|la moindre trace de ce personnage.
T. 1. 41
64l2 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
983. Paris, 20 novembre 1814 (F. 5. 4939 ad 3565).
PUIBUSQUE (1) à NESSELRODE (ramassé chez Nessebrode
le 4 décembre).
n réclame an secours en attendant le payement de ce qui lui serait dû.
Monsieur le Comte, que Votre Excellence daig-ne me permettre
de me rappeler à son souvenir. Comme j'ai eu soin de lui détail-
ler mes titres pour réclamer provisoirement un à compte sur
ce qui m'est légitimement dû et les motifs qui me forcent à
en presser le payement, je crois n'avoir plus rien à dire à ce
sujet. Je me flattais que le courrier, porteur de ma dernière
lettre à Votre Excellence, me rapporterait des lettres de change
pour 6 ou 10.000 francs. Mon espérance a été trompée et mon
embarras n^a fait que s'accroître. Ce courrier m'a dit que pour
lïi'apporteT une réponse, il s'était présenté souvent à l'hôtel
de Votre Excellence, qu'on l'avait remis de jour à autre, jus-
qu'au moment de son départ.
Veuillez, de grâce, Monsieur le Comte, venir à mon secours.
Je crois, d'après la délicatesse dont j'ai usé dans toute cette
affaire, pouvoir Tespérer de l'équité et de l'extrême bonté de
Votre Excellence.
J'ai l'honneur d"être,etc...
Vte de PuiBUSQUE,
Chevalier de la Légion d'Honneur et autres ordres, |
demeurant à Paris, rue Saint-Florentin, n" 14.
■984. (F. 5. ad 3565).
ChiiFoius pris chez le Comte de NESSELRODE
le 4 décembre 1814.
1* de Reyland. Hof und Medizinalrath, médecin en chef, etj
2° de Nagele, chirurgien en chef et professeur de Chirurgie.f
tous deux de ITiôpital de Diisseldorf et demandant par lettreï
1. Il s'agit vraisemblablement ici du vicomte de Puibusque qui publia ail
peu plus tard, en 1816, un livre ayant pour titre : Lettres sur la guerre dil
Russie en 1812, sur la, ville de Saint-Pétersbourg, les mœurs et les us&fft^ [
des habitants de la Russie et de la Pologne.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 643
du 21 août 1814 des décorations russes en récompense de leurs
services.
3" Sans date, signé Sophie (pourrait être la Comtesse de
Schœnborn) regrettant de n'avoir pu, étant malade et au lit,
recevoir Nesselrode et le comte Woronzotî.
4'' ... non signé, d'une dame, qui s'excuse de n'avoir pas été
chez elle lorsqu'il est venu.
5" du 4 décembre, non signé, d'une personne annonçant son
départ pour le 5 et qui verra les cousins de Nesselrode, le
comte de Nesselrode et la comtesse de Lerchenfeld.
6° et 7» deux billets peu importants (en russe) du prince
Wolkonsky, des 19 et 22 novembre, réclamant le renvoi d'une
lettre et la copie d'une pièce relative à des comptes avec le
gouvernement danois.
985. Vienne, 6 décembre 1814 (F. 5. 4946 ad 3565).
HAGER à l'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 6 décembre 1814.
986. Vienne, 5 décembre 1814 (F. 5. 4946 ad 3563).
... à HAGER
La visite d'Alexandre à Marie-Louise confirmée par une
conversation que l'agent a eue avec Labrador.
Labrador a ordre formel d'insister au Congrès sur la resti-
[ tution de la Toscane à la Reine d'Etrurie et de Naples à Fer-
dinand IV.
987. Vienne, 5 décembre 1814 (F. 5. #46 à 3565).
Rapport à HAGER
Le prince Eugène est allé deux jours de suite chez Séraphine
Lambert qui n'a pu le recevoir, la place étant déjà occupée.
644 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
938. Vienne, 5 décembre 1814 F. 5. 4946 ad 3565).
P... à HAGER (en français).
Propos tenus chez Galitzine àpropos de la Pologne
et des instructions d'Alexandre.
Le prince Galitzine a dit hier soir chez lui à un officier qui
se trouvait entre autres chez lui, que rimpél-atrice de Russie
avait manifesté de l'humeur, parce que l'Empereur ne montrait
pas toute la fermeté qu'elle eût désiré dans les opérations du
Congrès. Sur quoi, l'autre observa au prince que, si l'Empereur
avait pour le moment cédé et fait mine d'abandonner son plan
favori, il n'en est pas moins vrai qu'il le nourrit plus ardem-
ment dans son cœur et qu'on en parlerait plus sérieusement
au réveil du lion ; que d'ailleurs le séjour d'Alexandre à Vienne
ne serait probablement plus de longue durée et qu'à son dé-
part on apprendrait ses desseins dans cette grande affaire.
989. Vienne, 5 décembre 1814 (F. 5. 4946 ad 3565).
... à HAGER
Placards et pamphlets antiprussiens en Saxe.
On a répandu et même affiché à Dresde entre autres un des-
sin représentant l'Empereur de Russie posant sur la tête du
Roi de Prusse la couronne de Saxe. L'Empereur d'Autriche,
placé derrière eux, étend les mains au-dessus des deux Mo-
narques qu'il bénit. Au-dessous des trois Monarques, l'inscrip-
tion suivante : Saxoniae Cives Honorem Alexandris Nomini
Dicunt Eternum (SGHANDE, mot allemand qui veut dire
Honte).
990. Vienne, 5 décembre 1814J(F. 5. 4946 ad 3565).
0 e à. HAGER (en français).
Alexandre au bal d'enfants chez Schwarzenberg. Gastlereagh chez le Roi de
Prusse. Départ prochain de l'Impératrice de Russie. Son genre d'existence
à Vienne. L'intimité d'Alexandre et du prince Eugène. Montgelas et l'ar-
ticle contre Stein. Les papiers de Gotta.
Mardi dernier, le 29 novembre, au bal d'enfants chez le
l'ouverture du congrès. LA SAxE ET LA POLOGNE 645
prince Schwarzenberg, l'Empereur Alexandre, qui avait Tair
de s'amuser beaucoup, a dansé avec tous les enfants.
Lord Gastlereagh a fait vendredi une longue visite au Roi de
Prusse.
Aussitôt après l'anniversaire de l'Empereur (le 23 décembre),
l'Impératrice de Russie se rendra avec son frère le grand-duc
de Bade par Munich à Karlsruhe. Cette princesse, si malheu-
reuse dans son ménage et qui ne dîne jamais, ni avec Alexandre,
ni avec les grandes-duchesses, dîne depuis le départ de sa
sœur avec son beau-frère le Roi de Bavière.
Le duc de Weimar est toujours fourré chez la grande-du-
chesse Catherine.
On dit à propos de l'intimité entre Alexandre et le prince
Eugène « Qu'il y a toujours U7i grand esprit de corps entre les
libertins et les coquins ».
UAllgemeine Zeitung, ayant publié un article dans le-
quel on traite Stein de Jacobin et son système de révolution-
naire, Alexandre a été si irrité qu'il a pris l'éditeur Gotta à
partie et celui-ci lui a avoué que Montgelas avait fait insérer
cet article. Cotta part demain pour Augsburg et Tubingen. Il
emporte sur le Congrès des trésors de documents et de notes
qu'il se propose de publier. Il serait bon de pouvoir mettre la
main sur ces manuscrits.
991. Vienne, 5 décembre 1814 (F. 5. 4946 ad 3565).
NN à HAGER (en grande partie en français).
Ce que deviendra la Pologne et ce que le grand-duc Constantin
a dit à ce propos à Varsovie.
Lors de l'audience qu'il donna le 26 novembre aux géné-
raux polonais, le grand-duc Constantin leur dit que :
« Pour cette fois-ci l'Empereur ne peut empêcher que le grand-
ie duché de Varsovie ne perde quelques parties de son terri-
« toire; que les districts de Posen,Kalisch et Bromberg soient
« définitivement adjugés à la Prusse qui, en conservant la
« constitution actuelle de ces provinces, a décidé de les incor-
« porer à l'ancienne Prusse et d'en faire un royaume, qui sera
« administré par le prince Antoine Radzivill, beau-frère du
« Roi. »
046 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Le grand-duc a ajouté que l'Autriche a des vues sur le Pa-
latinat de Gracovie, mais qu'on est encore bien loin de l'accor-
der. Sur cette déclaration faite d'une manière presque officielle,
beaucoup de généraux polonais, le général Dombrowski à leur
tête et plusieurs grands seigneurs se présentèrent le lendemain
chez le grand-duc et déclarèrent qu'ils étaient décidés à quit-
ter pour toujours leur patrie, à vendre leurs propriétés et
à aller vivre en Russie sous le Gouvernement russe ou dans
cette partie de la Pologne qui aura le sort de tomber sous le
sceptre russe...
992. Vienne, 7 décembre 1314 (F. 5. 4633 ad 3565^.
HAGER à l'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 7 décembre 1814.
Rapport à Hager (Vienne, 6 décembre 1814).
Extraits de la liste des intercepta du 5 décembre 1814 (F. 5.
4633 ad 3565).
Stein à Capo d'Istria (envoi d'un mémoire sur la Suisse. Il
le prie d'en développer les conclusions et de leur donner plus
de précision et de netteté).
Humboldt à Wessenberg, Stein, Reinhardt et Gapo d'Istria.
(convocation à une conférence qui se tiendra à 11 heures chez
lord Stewart. Affaires de Suisse).
Stackelberg à Pellegrini, consul à Trieste et à Alopeus, à
Berlin (1).
Copie des papiers et pouvoirs de Bresson, représentant des
Maréchaux, adressés à Nesselrode, à la duchesse d'Istrie, à
Davout, à Ney. Etat des dotations de Ney, Mortier, Suchet,
duchesses de Frioul et d'Istrie, Davout. Lettres au Cardinal
Consalvi, à Munster, et à lord Castlereagh.
Extraits de la liste des intercepta du 6 décembre 1814. (F.
5. 4648 ad 3565),
Lettres de Wolkonsky et de Goltz à Boutiaguine; de la
Duchesse de Serra Capriola à son mari ; de Stein à Humboldt
(remise de la note austro-prussienne au Wurtemberg (2) ; de
1. Alopeus (David-Alexandrovitch, comte), conseiller privé et ministre plé-
nipotentiaire de Russie à Berlin, puis à Stuttgart en 1815.
2. Cf. d'ANGEBERG, 459-461. Réponse des Plénipotentiaires d'Autriche et de
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 64.7
celle de Wintzingerode, Plénipotentiaire de Wurtemberg à la
note de Metternich (1). Il lui transmet enfin la réponse de
Humboldt aux observations qui lui sont faites et à laquelle il
répondra lors de la prochaine conférence.)
993. Vienne, 6 décembre 1814 (F. 5. 4648 ad 2565).
GŒHAUSEN à HAGER
On a établi une surveillance chez le conseiller prussien Ja-
cobi Klôst,chez lequel on a déjà réussi à intercepter quelqaes
pièces.
994. Vienne, 6 décembre 1814 (F. 5. 4648 ad 3565).
Nota à HAGER
Alexandre et la Bagration. La maladie d'Alexandre.
Alexandre est resté la nuit dernière jusqu'à trois heures; du
matin chez la princesse Bagration. On dit qu'ï) est toujours
encore malade (maladie vénérienne) et que la princesse lui met
des cataplasmes et des pansements.
p. Vienne, 6 décembre 1814 (F. 5. 4648 ad 356â).
0 0 à HAGER
i Impossible de dire ce qui adviendra des grandes affaires de
ixe et de Pologne. Alexandre est inébranlable.
iNesselrode, Razoumoffsky et Stackelberg n'ont plus aucun
^dit et le remplacement de Nesselrode semble imminent.
isse à la note du Plénipotentiaire de Wurtemberg du 16 novembre. Vienne,
lovembre 1814.
Cf. d'ANGEBERG, 462-464. Réponse du comte de Wintzingerodè et du baron,
ïden à la note de Metternich du 22 novembre. Vienne. 24 novembre f8M.
648 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
996. Vienne, 6 décembre 1814 (F. 5. 4633 ad 3565).
Nota à HAGER (en français). 'ÉÉII
Conversation des plus vives entre Hardenberg, Humboldt et Wrede au sujet
de la Saxe. Miltitz et le duc de Saxe-Gobourg. La disgrâce d'Anstett et le
découragement de Nesselrode.
Hardenberg et Humboldt, malgré tous leurs efforts pour
faire changer d'idées à Wrede au sujet de la Saxe, ont essuyé
un refus catégorique.
Hardenberg a été jusqu'à lui dire : « Alors, vous voulez la
guerre. »
Wrede : « S'il le faut absolument, plutôt aujourd'hui que
demain. »
Et Humboldt de répondre : « Mais nous avons des alliés. »
Wrede ; « Nous aussi, et de plus Dieu et le Droit. »
Humboldt : « Le repos du monde vous importe donc peu.
Vous invoquez Dieu et mêlez la religion à une affaire que les
hommes seuls doivent décider. Nous n'avons plus rien à vous
dire. > Et là-dessus, ils se retirèrent.
C'est chez Arnstein que les deux Marschall(l), Gagern, Mar-
tens et autres se retrouvent.
Miltitz est ici. 11 a voulu parler au duc régnant de Cobourg
de la cession de sa patrie à la Prusse.
Il a si complètement échoué que le duc lui a fait interdire
sa porte.
Anstett continue à insister sur sa démission. Il est en pleine
disgrâce. Il n'a plus parlé avec Alexandre depuis le départ de
l'Empereur pour Ofen, et Alexandre lui a, sans rien lui dire,
simplement serré la main lors de la fête chez Razoumoffsky.
Il m'a dit que les affaires en étaient toujours au même point
et que Nesselrode ne savait plus que faire.
997. Vienne, 8 décembre 1814 (F. 5. 4648 ad 3565).
HAGER à l'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 8 décembre 1814.
1. Le comte de Marschall était le représentant du prince primat, grand-
duc de Francfort ; le baron de Marschall représentait à Vienne le duc de
Nassau.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 649
998. Vienne, 7 décembre 1814.
Rapport à HAGER
Envoi d'une dépêche interceptée de Piquot
Rapport sur les conférences sur la Suisse et renseignements
complémentaires sur l'admission de la France à ces confé-
rences (1).
Quant aux affaires de Pologne, à la suite d'une conférence
qui eut lieu ces jours-ci entre Alexandre et Hardenberg, on a
quelque espoir de les voir s'arranger.
On parle d'un mariage entre la reine d'Etrurie et le grand-
duc de Toscane.
Les plénipotentiaires des princes allemands ont remis à Muns-
ter (2) copie de la note qu'ils ont adressée aux cinq grandes
puissances et dans laquelle ils formulaient le voeu de voir un
nouveau chef placé à la tête de l'Allemagne.
Miinster affirme qu'à Paris la Cour de Vienne n'avait pas
paru désirer le rétablissement de l'ancienne Constitution Ger-
manique; que cela avait décidé les Prussiens à en élaborer une
nouvelle ; mais qu'on pourrait s'entendre sur ce point et que le
Prince Régent d'Angleterre penchait pour le rétablissement
d'un chef de l'Empire.
999. Vienne, 7 décembre 1814 (F. 5. 4966 ad 3565).
... à HAGER (en français^;.
L'opinion est tellement surexcitée à Berlin qu'on y préfère
la guerre plutôt que de renoncer à la Saxe. La Prusse a offert
au roi de Saxe des compensations en Westphalie.
On a répandu le bruit que le grand-duc de Bade serait assez
disposé à vendre ses Etats à la Bavière.
1. Voir plus loin, pièce n» 1005.
2. Cf. d'ANGEBERG, p. 444-445 et Talleyrand au Roi. Dépêche n° 16. Vienne,
1814, p. 179.
()50 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
1000. Vienne, 7 décembre 1814 (F. 5. 4966 ad 3565).
... à HAGER (en français).
La Prusse ne veut pas sortir de la Saxe avant qu'on ne lui
ait rendu ce qu'on lui a enlevé en Pologne. Mais les Polonais
gémissent du rétablissement du partage de 1793.
On veut se débarrasser de Murât que l'Autriche soutient à
cause de son traité avec lui, et aussi parce qu'elle le préfère
aux Bourbons.
Alexandre a affirmé au comte de Noailles qu*on se sépare-
rait les meilleurs amis du monde.
1001. Vienne, 7 décembre 1814 (F. 5. 4648 ad 3565 .
... à HAGER (en français).
Les soupers du grand-duc de Bade et du prince héritier
de Hesse-Darmstadt. Le prince Eugène.
Le grand-duc de Bade a distingué maintenant une fille au
service du baron Gaertner, à laquelle il fait de beaux cadeaux.
Elle paraît être également du goût du prince héritier de Hesse-
Darmstadt et les deux princes se servent du logement du
grand écuyer du grand- duc, le baron Geusau pour festoyer
chez lui avec cette fille.
Le grand-duc y aurait même fait quelques excès de table et
de boisson qui lui ont valu l'indisposition dont il souffre de-
puis le 4.
M'"^ Morel a été aussi conviée de temps en temps à ces sou-
pers fins.
Quant au prince Eugène, il a fait ce soir une longue visite
à la danseuse Ernée (1).
1. Probablement M"" Petit- Aimée, la maîtresse à ce moment du comte
Trauttmansdorff.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 651
1002. Vienne, : décembre 1814 (F. 5. 4648 ad 3565).
... à HAGER (en français).
Les causes de la disgrâce de Razoumoffsky, d'après Willie.
Craintes de complications.
Etant en tête à tête avec le Conseiller d'Etat de WiUie, j'ai
tâché de pénétrer les motifs du mécontentement d'Alexandre
i 1 "égard de Razoumoffsky. Il me laissa entendre que Razou-
noffsky avait trop pris sur lui dans les affaires de Pologne.
11 me dit aussi qu'il craignait de voir les cartes sa brouiller,
jarce qu'il était convaincu que pour le moment il se formait
les alliances secrètes des uns contre les autres et que son
empereur ne pouvait pas s'humilier au point de manquer par-
out de parole ; qu'il se trouvait déjà en défaut vis-à-vis des
Polonais et qu'il courait également le risque de manquer aux
îuisses auxquels, par les suggestions de La Harpe, qui tient
xtrêmement pour ses compatriotes, il promit soutien et pro-
ection.
003. Paris, 15-27 novembre 1814 (F. 5. 4618 ad 3564).
OUÏIAGUINE à NESSELRODE (1) {intercepta) (en français).
L'arrestation de lord Oxford
Hier, lord Oxford a été arrêté par les gendarmes à une poste
i Paris. 11 se rendait à Naples pour y rejoindre sa femme,
irès avoir passé quelque temps ici. On lui a enlevé ses pa-
ers et différentes lettres qu'il avait pour Naples. On lui a
claré ensuite qu'il pourrait continuer sa route, mais il a pré-
ré revenir en ville. On prétend que cette mesure a été prise
l'insu du Roi.
)(. Polovtsoff. Dépêche n" 112, page 117 où cette pièce se trouve repro-
îxtuellement et Correspondance de Jaucourt avec Talleyrand, p. 96-91 .
irt à Talleyrand. Paris, 27 novembre 1814.
65:à AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
1004. Paris, 28 novembre 1814 (F. 5. 4648 ad 3565).
GOLTZ à HARDENBERG {intercepla){en français).
Instructions données à Laval. L'audience de Vincent. La mission de Jules d
Poligaac. Narbonne. Deux brochures à sensation.
Il paraît que le prinoe de Laval (1) est instruit à ne pas passe
la frontière d'Espagne avant réception d'ordres ultérieurs d
la Cour.
Le général Vincent (2), ayant enfin reçu ses lettres de créanc
en bonne forme, aura demain avant l'audience du corps diplc
matique l'honneur de se présenter à Sa Majesté.
Le comte Jules de Polignac(3), désigné ministre de Franc
à la Cour de Munich, vient de partir pour Rome, chargé d'un
commission extraordinaire relative aux affaires d'Eglise.
Il doit revenir à Paris avant de se rendre à Munich, d'où o
attend encore un ministre de Bavière.
Le comte de Narbonne (4), nonimé ministre en Sicile, \
partir sous peu de jours.
Je joins deux nouvelles brochures (5) qui font ici beaucou
de sensation. La petite est du comte de Golovkine. Elles
manqueront pas de faire beaucoup de bien. On est à la fi
depuis ce matin pour avoir celle de M. de Chateaubriand.
1. Cf. Jaugourt, p. 77 et 84. Le prince de Laval était parti de Paris le 16 n
vembre.
2. Cf. Jaugourt, p. 103. Dépéclie du 30 novembre à Talleyrand à propos
la remise de ces lettres de créance le 29. « Le baron de Vincent a remis hi
sa lettre de créance très singulièrement tournée. Il me semble que M
Metternich est en a^sez mauvaise disposition pour lui. »
3. Polignac (Auguste-Jules, comte, puis prince de; ,1780-1847) compron
dans l'affaire Cadoudal, condamné à deux ans d'emprisonnement, mais rete
cependant jusqu'en 1814, il s'évada eu janvier 1814 du château de Saumur
compagnie de son frère aîné et rejoignit Monsieur à Vesoul. Nommé lors de
première Restauration maréchal de camp, commissaire extraoï'dinaire à Te
louse,puis ministre près le Saint-Siège et pair de France le 17 avril 1815, ci
prince romain parle Pape en 1820; ambassadeur à Londres en 1823, il dev:
en 1829 ministre des Aifaires étrangères et président du Conseil. Arrêté pi
de Granville,le 15 août 1830, après le départ de Charles X et transféré à Vi
cennes, condamné par la Chambre des Pairs à la détention perpétuelle e
la mort civile, amnistié en 1836, il se retira en Angleterre et revint mouri
Paris en 1847. (Cf. pour détails de sa mission à Home, Jaugourt, Dépêcht
Talleyrand du 19 novembre 1814 Jaugourt, Correspondance, pages 87-88.)
4. Narbonne-Pelet (Raymond-Jacques-Marie, comte, puis duc de) (17'
1855), chargé d'affaires à Naples (1815-1821), pair de France (1815),duc (181
ministre d'Etat et membre du Conseil privé (1822).
5. Titres des brochures: Un étranger aux Français eiRéflexions politiqi
ur quelques écrits da jour.
l'ouverture du COiNGRÈS. — LA SAXE ET LA POLOGNE 053
1005. Vienne, 30 novembre 1814 (F. 5. 4642 ad 3565).
PIQUOT à ? [intercepta) (en français) (chiffon).
jBs conférences du Comité des affaires suisses et l'admission de la France.
La note des plénipotentiaires allemands remise à Miinster. L'opinion de
Miinster.
Les conférences, qui regardent la Suisse, continuent toujours
;t la dernière a eu lieu le 24. Outre ce que j'ai eu l'honneur
le mander sur les demandes faites par les Ministres de la
onfédération Helvétique au comité des puissances interve-
lantes pour l'établissement et la sanction de la Constitution
le cet Etat, je dois encore ajouter que M. de Reinhard, ancien
^andamann et chef de la députation suisse près du Congrès,
i témoigné qu'outre la reconnaissance que ses commettants
" essentaient pour l'intérêt et la bienveillance des hautes Puis-
ances accordées à la Suisse, ils désireraient bien vivement
^ ue toutes celles, qui formaient le Congrès actuel, reconnaissent
gaiement la neutralité et d'indépendance de sa patrie.
'""1 D'un autre côté, j'ai appris que le prince de Talleyrand a
tollicité, au nom de la France, l'admission au comité qui dé-
bère sur les affaires suisses ; et, quoique, d'après le traité de
aris, cette puissance n'ait le droit d'y intervenir que lorsqu'on
erait déjà définitivement tombé d'accord à cet égard, on a
ependant pris la résolution de répondre affirmativement au
rince de Talleyrand, en l'invitant de nommer un plénipoten-
aire(l) qui assisterait aux délibérations concernant les affaires
e la Suisse.
Quant à celles de Pologne, on m'assure de bonne part qu'à
suite d'une longue conférence qui eut lieu ces jours der-
iers entre l'Empereur Alexandre et le prince Hardenberg (2), il
ait quelque espoir que les choses s'arrangeraient bientôt
■e les grandes puissances en vertu de l'intimité qui règne
e elles. Des personnes croyent même qu'il est question
e restitution d'une partie de la Saxe au roi Frédéric Au-
e, qui conserverait le cercle de Leipzig et quelques arron-
ments considérables,
ai encore appris que le comité des plénipotentiaires des
[Talleyrand désigna Dalberg.
^ette conférence eut lieu le 23 novembre au matin.
654 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
princes allemands, qui ne se trouvent pas admis au premier
comité des cinq Grandes Puissances et qui ont remis à ce der-
nier la note dont j'ai eu l'honneur de faire mention précé-
demment, en ont remis une pareille au ministre plénipotentiaire
de Hanovre, le comte de Miinster (1). On m'assure que et
ministre, en répondant à ce sujet (2) et principalement sur l'ar-
ticle qui énonce le vœu des princes : « que de nouveau l'Alle-
magne ait à sa tête un chef qui inspire du respect à sa Cons
titution et la garantisse par sa prépondérance pour l'intérieui
et l'extérieur » doit avoir dit qu'à Paris la cour de Vienm
n'avait point paru désirer le rétablissement de l'anciennf
Constitution germanique, que cela avait déterminé toutes lei
Puissances à se décider sur ce sujet et que le prince Régen
d'Angleterre était d'ailleurs penché pour le rétablissement d'ui
chef de l'Empire.
1006. Vienne, 9 décembre 1814 (F. 5. 4966 ad 3565.
HAGER à l'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 9 décembre 1814.
1007- Vienne, 8 décembre 1814 (F. 5. 4966 ad 3565.
B... à HAGER
Anstett attribue sa disgrâce à la conspiration ourdie contrp
lui par tous les ministres russes, et surtout parce qu'il ava:|
essayé de mettre Alexandre en garde contre Metternich (I
déclaré, comme il le fait encore, que l'Empereur d'Autrich<|
s'il veut mettre lin à une situation sans issue, doit au pli:|
vite remplacer Metternich par Stadion ou par Schvv^arzenber|| |
1. Cf. d'ANGEBERG, 444, Vienne, 16 novembre 1814 et Pièce 99S.
2. Cf. d'ANGEBERG, 464, Vienne, 25 novembre 1814.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 655
1008. Vienne, 8 décembre 1814 (F. 5. 4966 à 3565).
Rapport à HAGER
Rapport sur les entretiens de Stein avec le colonel Miltitz
et envoi de papiers enlevés, les uns chez Talleyrand pendant
qu'il était à dîner et les autres chez Noailles.
1009. Vienne, 8 décembre 1814 (F. 5. 4965 ad 3565).
G... à HAGER (en français).
Les Polonais, la Pologne, la Saxe et Alexandre. Les espérances des Polonais.
Gzartoryski, Humboldt, Stein, Hardenberg.
Les patriotes polonais font des efforts extrêmes et usent de
tous les moyens en leur pouvoir pour empêcher le nouveau
partage de leur patrie. Ceux de Vienne prétendent qu'Alexan-
dre a déclaré qu'il ne quitterait Vienne qu'après arrangement
des affaires de Saxe et de Pologne, dont la solution a été rer-
tardée et modifiée ces jours derniers. Alexandre aurait dit
encore que, même si le Roi de Prusse se désistait de ses pré-
tentions sur la Saxe, lui, ne se désisterait jamais de ses droits
sur le Grand-Duché et que tout au plus il céderait Cracovie
avec un rayon à l'Autriche. Ce changement de résolution se-
rait la conséquence des conférences, qui ont eu lieu entre les
ministres prussiens et russes après l'arrivée du prince Repnin
et de M. Szaniawski (1), qui paraît être muni des pleins pou-
voirs du Comité patriotique de Varsovie.
D'après le comte Skarbek(i),les espérances des patriotes,qui
étaient presque anéanties, se sont beaucoup relevées depuis
huit jours.
Le prince Adam Gzartoryski continue de jouer un rôle im-
portant. Il est le pivot des espérances des Polonais. Parmi les
1. Szaniawski, un des personnages, qui joua un rôle actif et non sans im-
portance dans les affaires et les intrigues polonaises.
2. Skarbek (comte Ignace), Polonais, chambellan de l'Empereur d'Au-
triche.
656 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
ministres prussiens, Humboldt et Stein ont le plus d'influence.
Quant à Hardenberg, il a perdu la confiance du roi et serait
sur le point de démissionner.
1010. Vienne, 8 décembre 1814 (F. 5. 4936 ad 3565). '"'
LA TOUR DU PIN (1) au Marquis de BONNAY (à Copenhague).
(Sous couvert à Bernslorlf {intercepta).
La situation, Taspect du Congrès, les visées des Puissances. Nécessité de
rompre le système co-partageant. Difficultés de la situation. Succès rem-
portés par ïalleyrand.
L'Empereur de Russie persiste dans ses prétentions sur le
Grand-Duché, ce qui le conduit à vouloir la Saxe pour son allié.
Cet allié voudrait bien qu'il en fût autrement et préférerait sa
situation de 1805 à celle dans laquelle on veut le placer. L'Au-
triche cherche à l'attirer à elle, et ils voudraient bien ensemble
se partager l'Allemagne. Les princes allemands, qui voient le
danger, voudraient se replacer sous le protectorat ou sous
l'Empire de l'Autriche. L'Angleterre ne sait trop que vouloir.
Tels sont les traits principaux de ce tableau.
Au milieu de ces agitations, de ces ambitions, de ces dévas-
tations de principes, la France se montre calme et sans ambi-
tion. Elle prêche certainement la doctrine la plus forte pour
être écoutée, si les hommes savaient jamais renoncer à vouloir
tout ce qu'ils peuvent.
Les difficultés ici sont immenses. Aux préventions, si juste-
ment méritées depuis quelques années, que la France trouve
devant elles, se joint un système co-partageant qui existait
depuis près de cinquante ans entre la Russie, l'Autriche et la
Prusse, système qui a été froissé par l'orage révolutionnaire,
mais qui s'est recomposé pour en triompher et qu'il faut dé.
sunir aujourd'hui. Il est toujours à craindre que, toute mons-
trueuse que soit cette association, elle ne subsiste tant qu'elle
trouvera à partager et vous voyez. Monsieur, combien de proies
l'Europe offre encore à dévorer.
1. Cf. Dépêche de La Tour du Pin au Département (Pallain. Correspon-
dance inédite de Talleyrand et de Louis XVIII. Page 146, note).
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 657
M. de Talleyrand me paraît faire ici des tours de force. On
voulait, quand il est arrivé ici, isoler la France de tout, et à pré-
sent elle est déjà partout. Il n'y a pas un comité dans lequel
elle ne soit entrée et où sa voix ne soit très comptée. L'affaire
de Gênes s'est déjà terminée selon ses vues. Espérons qu'il en
arrivera autant des autres, non pas seulement parce que c'est
la France, mais parce que c'est la justice dont le monde a au-
tant besoin qu'Elle.
1011 . Vienne, 8 décembre 1814 (F. 5. 4966 ad 3565).
DALBERG au Comte de WINTZINGERODE {intercepta).
Analyse succincte des articles séparés et secrets du traité du 30 mai 1814.
Pourquoi on n'a pas été plus loin. Etat actuel de la question de la Saxe.
L'action de la France sur l'Angleterre et l'Autriche. Les affaires allemandes
et les vues de la France.
Je vous renvoie avec reconnaissance les notes. Je n'ose et
ne peux vous donner une copie des articles secrets ; mais je
vous mets au fait de la vérité.
Le traité secret n'a que six articles. Le premier porte la
disposition à faire des territoires, auxquels Sa Majesté Très
Chrétienne renonce par l'article troisième du traité patent, et les
jlrapports, desquels doit résulter un système d'équilibre réel et
able en Europe, seront réglés au Congrès sur les bases
êtées par les puissances alliées entre elles, d'après lesdis-
itions générales contenues dans les articles suivants.
Article 4. — ... La France reconnaîtra et garantira,
jointement avec les Puissances Alliées et comme elles, l'or-
isation politique que la Suisse se donne sous les auspices
dites Puissances alliées et d'après les bases arrêtées entre
s,
Lrt. 3 et 4. — Annonce et enregistre la réunion de Gênes
Sardaigne, les limites de l'Autriche en Italie formées par le
le Tessin et le lac Majeur, la cession de la Belgique à la
fUande et celle des pays de la rive gauche du Rhin à la
isse et autres Etats allemands.
Art. 5. — Applique l'article 18 du traité patent aux droits
T. 1. 42
C58 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
du Gouvernement français sur les dotations et rentes mili-
taires, etc..
Il n'y a rien de plus ; mais comme les Puissances n'étaient
d'accord sur rien, ni sur le partage du Grand-Duché de Var-
sovie, ni sur les affaires allemandes avec vous autres, ni sur
la Suisse, ni sur le reste de l'Italie, on n'a pu avancer, parce
que la Prusse, en occupant la Saxe, renverse tout, brouille
tout, comme elle le fait depuis soixante ans.
L'Autriche et l'Angleterre ne veulent plus la cession de la
Saxe, parce que nous avons dit que nous ne la reconnaîtrions
pas et que c'était ramener les principes de la Révolution en
Europe et préparer l'Allemagne au partage de la Pologne.
Lord Castlereagh, qui avait été séduit par les intrigues
prussiennes, a ouvert les yeux depuis l'ouverture de son Par-
lement, et voilà, mon cher Comte, la source de tous les embar-
ras qui naissent, parce que des Pygynées ont voulu traîner
un Eléphant sans employer l'art de la Mécanique.
Notre avis sur les affaires allemandes serait donc : Que l'an-
cienne Confédération forme une association dont elle écarte-
rait toutes les grandes Puissances, en se rattachant à son indé-
pendance et en s'appuyant sur la Hollande, la Bavière, etc..
Vous auriez 150.000 hommes de troupes et vous pourriez vous!
faire respecter, mais le projet doit être mûri avec l'Angleterre.!
1012. Jassi, 25 novembre 1814 (P\ 5. 4966 ad 3565).
FORNETTY (1) à TALLEYRAND [inlercepla)-
Le corps Langeron,venu jusqu'à Mobile w, a reçu l'ordre dl
se cantonner en Bessarabie. Beaucoup de cavalerie autrichiennï
dans la Bukovine. On s'inquiète ici de ces mouvements. Lej
princes de Moldavie et de Valachie font construire 20 chai
loupes canonnières pour le Danube.
i. Fornelty (Fi-ançois-Louis), né à Constantinople le 5 mars 1743. Preini|
Dî-ogman à (Constantinople depuis le 1" janvier 1793. Drogman du Palais
1" juillet 1816.
L^OUVERTURE DU CONGRÈS. — LA SAXE ET LA POLOGNE 659
1013. Vienne, 10 décembre 1814 (F. 5. 4565 ad. 3565).
HAGER à l'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 10 décembre 1814.
Il rappelle l'attention sur des Chiffons pris chez Nesselrode,
sur certains renseignements relatifs à Bollmann, sur le club
westphalien qui se réunit à la Kaiserin von Oesterreich, dont
les membres sont connus et sont des agents, du reste peu dan-
gereux, de l'ex-reine de Westphalie, d'Elisa et de Caroline
Murât.
11014. Vienne, 10 décembre 1814 (F. 5. 4565 ad 3565).
Rapport à HAGER
Extrait de la liste des intercepta du 9 décembre.
Stackelberg à la comtesse de Garneville.
Bathurst à Glancarty (Paquet de journaux anglais).
Goltz à Hardenberg, de Paris 30 juin(l).
Lieven à Nesselrode (2).
Daschkofî à Roumiantzofî (Philadelphie, 28 septembre).
Gastelcicala à Ruffo (Londres 25 novembre) (Dépêche chif-
frée à l'aide d'un nouveau chiffre).
Gaertner à Linden et à Martens (Vienne, 8 décembre) (Copies
i'un Mémoire).
15. Vienne, 9 décembre 1814 (F. 5. 4655 ad. 3565).
B... à HAGER
Renseignements sur les principaux membres du club westphalien.
'e club, la clique de Tex-roi de Westphalie, a pour princi-
ix membres le comte de Malsburg,un Westphalien, le baron
Cf. Pièce 1021.
Cf. Pièce 1020.
660 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
de Gayl, de Magdebourg, actuellement à Paris, le comte de
Fûrstenstein, ci-devant Camus, un Français marié à une nièce
du prince de Hardenberg, Guibourt, chargé des affaires de Ca-
roline Murat, un Anglais Traime ?, Bresson de Valensole et Le-
bon, qui se fait passer pour un propriétaire foncier de Syrie,
mais qui est l'agent d'Elisa. Lebon compte aller demain à Trieste
où Fûrstenstein le suivra de près.
1016. Vionnc, 9 décembre 1814. (F. 5. 4655 ad 3565).
FREDDI à HAGER (en français) (analyse).
Rapport de chez le Nonce.
Il lui rend compte des propos, tous hostiles à Metternich,
qu'on tient chez Saldanha, de la satisfaction que cause à Con- l
salvi la tournure ({ue les affaires semblent prendre pour le mo-
ment, eniin de l'indisposition du Roi de Prusse, qui serait sur-
tout due à ses accès de colère et de dépit.
1017. Vienne, 9 décembre 1814 (F. 5. 4655 ad 3565).
00 à HAGER (en français) (analyse).
Pourquoi le secret est si bien gardé au Congrès. Les audiences matinales de
la Ba^ratioa. Les a^randissanieats de la Prusse. Les tirades et la cam-
pagne contre Metternich. Les causes du mécontentement contre lui.
Jamais à aucun Congrès on n'a si bien gardé le secret. HiâÉ
ne transpire. Ces Messieurs ont honte de hiisser voir qu'on m
fait rien. Voilà le vrai secret du Congrès.
Carpani (1) s'est moqué hier à dîner chez Eskeles de la prin|
cesse Bagration, qui reçoit tous les matins, l'un après l'autre, en
audience particulière et intime, le prince royal de Bavière, le
1. Poète et littérateur italien jouissantd'une juste réputation. Un d^s meil-
leurs agents de Hager répandu dans les mêmes salons que 00. Leurs rap-|
ports permettaient à Hager de contrôler leurs dires.
l'ouverture du congrès. LA SAXE ET LA POLOGNE 061
prince royal de Wurtemberg et le prince Charles de Bavière.
« Tous les matins, a-t-il dit, elle noircit un certain nombre de
feuilles de papier. Ce sont les réponses qu'elle fait aux billets
doux restés jusque-là en souffrance »
On dit que la Prusse recouvrera tout ce qu'elle a perdu en
1807 par le traité de Tilsit, c'est-à-dire la Pologne prussienne
et une bonne partie, si ce n'est même la totalité, des pays entre
l'Elbe et le Rhin.
0© revient ensuite sur les tirades habituelles contre Met-
ternich, sur les critiques que lui vaut son peu d'application
aux affaires. « On ne se gêne pas pour dire qu'on voudrait le
voir remplacé par Schwarzenberg, qui a si bien fait comme
ambassadeur à Paris et à Saint-Pétersbourg, qui est un homme
d'honneur et un homme d'esprit et auquel on donnerait Wes-
senberg pour adjoint. »
On fait campagne contre Metternich, parce qu'on est mécon-
tent de la durée du séjour des souverains, parce qu'on voit
qu'on n'a fait que bavarder en l'air à Prague, à Paris et à
Londres, qu'on n'y a rien fait, surtout à Prague et à Paris,
que si mal tailler que maintenant on ne sait plus comment
s'y prendre pour recoudre.
1018. Vienne, 9 décembre 1814 (F. 5. 4655 ad 3565).
... à HAGER (en français).
jB protestation du Wurtemberg contre l'occupation de la Saxe. Les vues du
prince royal sur la couronne de Pologne. L'irritation du Wurtemberg contre
la Prusse.
On a rédigé dans le cabinet du Roi de Wurtemberg une note
Le protestation contre l'occupation de la Saxe par la Prusse.
^ptre Excellence sait assurément que le prince royal de Wur-
miberg a fait faire des insinuations auprès d'Alexandre afln
l'obtenir la couronne de Pologne.
L'entourage du Roi et surtout les Wurtembergeois sont plus
lontés que jamais contre les Prussiens, surtout à cause de
ïinsistaiice qu'ils mettent à réclamer Ansbach et Bareuth.
662 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
1019. Vienne, 10 décembre 1814 (F. 5. 4655 ad 3565).
... à HAGER (en français).
Prolongation du séjour des Souverains à Vienne. Un mot d'Alexandre
à la comtesse Wrbna.
M. de Willie m'a chargé de m'informer s'il était vrai que
le prince Trauttmansdorff avait fait passer une note à Stadion
pour le prévenir d'avoir à tenir prêts les fonds, dont la Cour
aura besoin pour couvrir ses dépenses, « attendu que les Hauta
Alliés resteront à Vienne jusqu'en mars et très probablement
même jusqu'en avril ».
On raconte à ce propos que l'Empereur Alexandre, rencon
trant ces jours-ci la comtesse Flore de Wrbna, lui dit : « J'ati
une fort mauvaise nouvelle à vous annoncer, Comtesse. Nous
resterons encore fort longtemps ici ; mais consolez-vous, nous
nous quitterons bons amis. »
i
1020. Londres, 13-25 novembre 1814 (F. 5. 4655 ad 3565).
LIEVEN à NESSELRODE {intercepla) (en français).
L'arrivée du Fingal et la marche favorable des négociations de paix à Gand
Une suite de dépêches américaines arrivées ici par le Fingal
bâtiment parlementaire portant des dépêches aux commission
américaines à Gand, a mis le public anglais au fait des négo
ciations de paix jusqu'au 19 août et des points conditionnel
pour la paix que le Gouvernement britannique avait mis e
avant dans ses premières ouvertures.
L'Opposition a relevé, quoique légèrement, au Parlement
l'exagération de ces demandes.
Les derniers avis de Gand font mention de la nouvelle «
vite qu'ont reprise les relations entre les plénipotentiair<!l |
anglais et américains depuis l'arrivée du Fingal, et le bruit cou
que, tandis que les dernières instructions de M.Madison recon
mandent la continuation des négociations, les ministres c
Prince Régent d'Angleterre ont de leur côté abandonné que,-
ques-unes de leurs prétentions.
l'ouverture du COiNGRÈS. — LA SAXE ET LA POLOGNE 663
1021. Paris, 30 novembre 1814 (F. 5. 4655 ai 3565).
GOLTZ à HARDENBERG (en français).
J'apprends dans le moment, à ne pas pouvoir en douter, que
le maréchal Soult sera nommé ces jours-ci ministre de la
Guerre (1). C'est un changement bien important et auquel le
Roi paraît avoir été disposé par les observations réitérées
qu'on lui a faites sar le manque d'énerg-ie et de fermeté du
général Dupont... (Le reste en chiffre qui n'a pas été mis au
clair et qui n'a pas été copié).
1022. Vienne, 11 décembre 1814 (F. 5. 4984 ad. 3565).
HAGER à FEMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 10 décembre 1814 et
envoi àHntercepta peu curieux, sauf celui de Gaertner à Stae-
gemann (7 décembre) (envoi de la note qu'il a remise le 16 no-
vembre à Metternich au nom des princes et comtes médiatisés).
1023. Stuttgart, 3 décembre 1814 (F. 5. 4984 ad 3565).
RIEDESEL au Baron de SCHAUENBURG (inlerccpla) (analyse).
11 regrette que les souverains aient soulevé les questions de
Pologne et de Saxe qui empêchent de s'occuper des affaires
d'Allemagne. Il espère qu'après la nouvelle déclaration russe (2)
les trois grands monarques reviendront à de meilleurs senti-
ments et rendront vains les efforts que fait la France pour les
désunir.
l.Goltz étaitbien renseigné puisque Jaucourt, dans sa dépêche du 3 décembre
à ïalleyrand, lui disait : « Dimanche (c'est-à-dire le lendemain 4), vous ver-
rez p.ir les journaux la nomination du maréchal Soult à la Guerre. . » et qu'il
commençait sa. dépèche du 7 en ces termes : « Tout le monde déclare que la
nomination du maréchal Soult était inattendue et que le renvoi du comte
•Dupont semblait ou différé ou même révoqué
2. Cf. d'ANGEBERG, 450-456. Lettre de l'Empereur Alexandre en réponse à
la lettre du 4 novembre de lord Gastlereagh et deuxième Mémorandum russe.
Vienne, 21 novembre 1S14.
664 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
1024. Vienne, 9 décembre 1814 (F. 5. 4984 ad 3565).
... à HAGER (en français).
Un mot du Roi de Wiirtemberg. Critique sévère du Congrès.
Le Roi de Wurtemberg a dit chez lui devant pas mal de
personnes qu'il recevait : « Il est honteux de penser qu'on met
ici plus de temps pour partager le pays conquis qu'on n'en a
mis pour renverser le terrible tyran. Qu'a-t-on donc fait depuis
le traité de Paris ? »
Les auditeurs stupéfaits ont baissé la tête.
1025. Vienne, 9 décembre 1814 (F. 5. 4984 ad 3565).
H..., à HAGER
Ordres nouveaux relatifs à la Pologne et à la Saxe reçus par Castlereagh.
Castlereagh a reçu il y a deux jours l'ordre de déclarer que
l'Angleterre s'opposera catégoriquement à la cession de la
Saxe à la Prusse et de la Pologne à la Russie (1). Il remettra
cette note aujourd'hui ou demain. On m'affirme que le Wur-
temberg soutient en secret les desseins de la Prusse.
1026. Vienne, 12 décembre 1814 (F. 5. 4984 ad 3565).
HAGER à l'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 12 décembre 1814.
1. Cf. Talleyrand au Roi. Dépêche, n° 15. Vienne, 7 décembre 1814 (Pal--
LAi.N. Correspondance inédite, etc., 167). Cf. d'ANGEBERG, 193-494. Lord Cast-
lereagh à lord Livcrpool au sujet de la négociation du prince de Hardenberg
avec l'Empereur Alexandre relative à la Pologne.
l'ouverture du COiNGRÈS. — LA SAXE ET LA POLOGNE 065
1027. Vienne, 10 décembre 1814.
Rapport à IIAGER (en finançais).
Depuis plusieurs jours Wrede a cessé d'aller chez M'"« Ripp.
M"°* Morel est venue à l'improviste, le 7 au soir, chez le
grand-duc de Bade qui renonça à sortir, soupa et resta fort
tard avec elle.
Le prince héritier de Hesse-Darmstadt continue de charger
son chasseur de lui amener des filles, d'une classe du reste
assez peu élevée.
1028. Vienne, 10 décembre 1814 (F. 5. 4995 ad 3565).
Rapport à HAGER
Alexandre et la princesse Esterhazy.
Sachant que le prince Esterhazy (1) allait pendant quelques
jours chasser chez lui à Eisenstadt, Alexandre ût savoir à la
princesse Léopoldine qu'il viendrait passer une soirée chez elle.
La princesse lui communiqua la liste des dames qu'il trouve-
rait chez elle avec la prière de rayer celles qu'il ne désirait
pas rencontrer. Il les raya toutes, sauf elle. La princesse en-
voya au plus vite chercher son mari à Eisenstadt, et le prince
arriva encore juste à temps pour recevoir Alexandre qui, déçu
et dépité, ne resta que peu d'instants.
;^029. Vienne, 10 décembre 1814 (F. 5. 4995 ad 3565;.
Raifort à HAGER
Eugène et Alexandre. Nouvelles du Congrès d'après d'Arnay.
Ce qu'aura Marie-Louise. Les Légations.
Le priQce Eugène est d'autant plus confiant qu'Alexandre
.La priiicassoLéop )ldinc,née princesse de la Tour et Taxis, était la femme
prince Paul Esterhazy, diplomate autrichien, un peu plus tard ambas-
ieur d'Autriche à Londres.
660 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
continue à le distinguer d'une façon des plus marquées. D'Ar-
nay m'a affirmé du reste que le Congrès était d'accord sur les
points les plus importants et que tout marchait maintenant de
façon à pouvoir être terminé en trois semaines. Il croit que
Marie-Louise aura Parme, que l'ex-reine d'Etrurie obtiendra
peut-être quelque compensation.
Fava et Squarzoni resteront encore huit ou dix jours en at-
tendant une résolution en faveur du Pape, ce qui semble fort
improbable à d'Arnay.
1030.. Vienne, 10 décembre 1814 (F. 5. 4995 ad 3565).
Rapport à HAGER
Malczewski persiste à croire à une guerre à cause de la Po-
logne et de la Saxe, guerre que Murât désire d'autant plus que
la tranquillité est loin d'être établie en Espagne, en Sicile et en
France.
1031. Vienne, 10 décembre 1814 (F. 5. 4995 ad 3565).
ee à HAGER
Jacobi Kloest a passé, le 9, plus de trois heures en conférence
avec Rechberg. Les médiatisés ne tarissent pas en éloges sur
son compte et sur celui de Hardenberg, parce qu'ils désap-
prouvent l'occupation de la Saxe et combattent la politique de
Humboldt.
1032. Vienne, 10 décembre 1814 (F. 5. 4984 ad 3565).
... à HAGER (en français).
Nouvelles favorables au Roi de Saxe. Solution probable et prochaine
de la question de Pologne.
Le brouillard se dissipe. Les ministres de Bavière, de Hesse-
Darmstadt et Gaertner m'affirment que le Roi de Saxe conserve
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 667
son royaume. La question de Pologne est également tranchée
dans le sens désiré par l'Autriche et on espère que les affaires
vont pouvoir marcher. Depuis cette grande nouvelle, je n'ai vu
aucun des enragés Prussiens. Nous verrons ce que diront ceux
qui criaient si haut qu'ils ne rendraient jamais rien.
1033. Vienne, 10 décembre 1814 (F. 5. 4994 ad 3565).
V. L... à HAGER
Les rhumatismes du Roi de Prusse Leui' origine. Ce qu'il pense delà solution.
La guerre probable. La nouvelle loi militaire.
J'ai su par le comte de Reichenbach(l) que le Roi de Prusse
souffrait de fièvres rhumatismales, que les contrariétés et les
accès de colère ont rendues plus aiguës et plus violentes. Il a
fait écrire à Berlin qu'il y serait le Jour de l'An. Il croit du reste
qu'en fin de compte il faudra, pour en sortir, avoir recours aux
armes. Il paraît aussi que, dans l'espoir de prévenir ainsi la
guerre, il a donné l'ordre de mettre en vigueur la nouvelle loi
militaire.
1034. Vienne, 10 décembre 1814 (F. 5. 498 i à 3565).
©© à HAGER (en français).
La question de Saxe. La disgrâce de Linden et la faveur de Wintzingerode.
Ce qu'Alexandre a dit de 1 Autriche au sujet de la Pologne. Hardenberg
et Humboldt.Le Wurtemberg et les affaires d'Allemagne.
On m'a affirmé à la Légation de Wurtemberg sous le sceau
du secret le plus absolu que la Saxe restera à son Roi, moins
la Lusace et Wittemberg qu'elle cède à la Prusse.
J'y ai également appris que le baron Linden était en pleine
disgrâce et que le Roi de Wurtemberg n'a plus confiance qu'en
Wintzingerode.
1. Reichenbacli (comte de, lieutenant-colonel prussien), attaché à la per-
sonne et à la chancellerie d'Hardenberg pendant le Congrès de Vienne.
668 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIEiNNE
On affirme qu'Alexandre aurait dit, il y a peu de jours, au
Roi de Wurtemberg qu'il avait résolu de s'entendre avec l'Au-
triche au sujet de la Pologne et qu'on allait par suite s'occu-
per sérieusement et vivement de l'Allemagne. Alexandre
croyait en conséquence qu'on pourrait quitter Vienne dans dix
à douze jours. Mais le Roi, qui avait déjà commencé ses pré-
paratifs de départ, a donné contre-ordre ces jours derniers.
On m'a confirmé positivement le grave dissentiment qui
existe entre Hardenberg et Humboldt et on m'a dit que le con-
seiller d'Etat prussien von Kûster était arrivé ici avec de nou-
veaux plans. Le grand-duc de Bade, de son côté, a envoyé
une note très énergique sur la Constitution de l'Allemagne.
Enfin le Wurtemberg, d'accord avec les autres Etats, a insisté
au Comité sur l'impossibilité de confier, en raison de son im-
portance comme clef de l'Allemagne, la garde de Mayence à
une seule puissance et sur la nécessité d'en faire une forte-
resse fédérale.
Le Comité attend avec impatience la note que Metternich
a promis de lui soumettre.
1035. Vienne, 13 décembre 1814 (F. 5. 5004 ad 3565).
HAGER à r EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 13 décembre 1814 (F. '5. 4995 ad 3565).
Envoi de nombreux intercepta du 10 et du 11 décembre, la
plupart sans grand intérêt, lettres d'invitations et notes, parmi
lesquelles se trouve cependant une note de Gastlereagh à Nes-
selrode (11 décembre) (Renvoi de la lettre de Marie-Louise
à Alexandre et de la réponse d'Alexandre, que Nesselrode a
dû lui envoyer par erreur, et transmission de propos inquié-
tants tenus par le comte Zichy Ferraris (1) et qui feraient
croire que la guerre est inévitable).
1. Zichy-Ferraris (François, comte) (1777-1839), lieutenant-colonel en 1814,
marié depuis 1799 à Marie- VVilhelmine, fille du feld-maréchal comte Ferraris,
le futur beau père de Metternich, qui épousa en 1831 sa fiile, la comtesse
Mélanie, née eu 1805.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 669
1036. Vienne, 10 décembre 1814 (F. 6. 5004 ad 3565).
... à IIAGER (en français).
Affaires de Pologne et de Saxe toujours en suspens. Froid entre les deux
Empereurs. L'adresse des généraux prussiens au Roi de Prusse.
La nouvelle de la conclusion d'une entente au sujet de la Po-
logne et de la Saxe était dénuée de fondement.
Le baron Tûrkheim m'a affirmé qu'il y avait eu une scène
violente entre les deux Empereurs, qu'ils sont encore en froid ;
que Gastlereagh (la reçu un nouveau courrier, lui enjoignant
de déclarer que l'Angleterre ne consentira jamais à la cession
de la Saxe. Hacke et le comte Fûrstenstein (2) m'ont confirmé
ces nouvelles.
Le comte Erwin Schonborn (3) croit savoir que la résis-
tance du roi de Prusse a été causée surtout par une adresse
des généraux et des hauts fonctionnaires de Berlin, apportée
ici par courrier spécial, et le priant de ne pas céder sur la
question de la Saxe.
1037. Vienne, 12 décembre 1814 (F. 5. 4995 ad 3565).
Rapport à HAGER
Le prince Eugène a fait, le 11, une longue visite à Marie-
Louise, avec laquelle il est resté au moins trois heures.
1038. Vienne, 12 décembre 1814 (F. 5. 5004 ad 3565).
Rapport à HAGER
Wrede a fait dans l'après-midi du 10 une longue visite à
iM"^* Ripp.
1. Cf. Talleyrand au Roi. Dépêche n» 15. Vienne, 7 décembre 1814 (Pallain,
[Pages 167-168).
2. Fûrstenstein (comte), d'abord chambellan et grand-maître de la garde-
robe, puis ministre des Affaires Etrangères, l'un des ci-devant dignataires
de la cour de Weslphalie,
3. Schonborn (François-Ersvin, comte) (1775-1840) était à ce moment le chef
Ide la branche Schonborn-Wiesentheid.
670 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
LOwenhielm a noué une intrigue amoureuse avec la fille en-
tretenue par Wahrendorff. Elle vient souvent chez lui en habits
d'homme. 11 se montre du reste avec elle et Ta menée au théâ-
tre sous ces déguisements.
1039. Vienne, 12 décembre 1814 (F. 5. 5004 ad 3565).
00 à HAGER (en français).
L'opinion de Nugent sur le Congrès. Ce qu'il ferait
s'il était à la place de Metternich.
J^ai dîné hier soir avec le général Nugent. Il doute beau-
coup des résultats du Congrès. Il trouve que le Cabinet de
Vienne a commis bien des fautes qui ont amené la situation
actuelle, si embarrassante des affaires. Il ajoute que s'il était
à la place du prince de Metternich, l'affaire serait bien vite
terminée. La conduite de la Russie lui paraît abominable. « Il
faut, disait-il, leur présenter un ultimatum, des conditions défi-
nitives d'une main, l'épée de l'autre et leur dire : Choisissez. »
1040. Vienne, 14 décembre 1814 (F. 5. 5014 ad 3565).
HAGER à l'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 14 décembre 1814.
1041. Vienne, 14 décembre 1814 (F. 5. 5014 ad 3565).
Rapport à HAGER
Envoi des intercepta du 12 et du 13 décembre, parmi les-
quels il n'y a guère à signaler que les suivants :
Vienne, 12 décembre, Gagern au baron Plessen (Mecklem-
bourg) (Envoi du projet des plénipotentiaires des princes alle-
mands sur le rétablissement de la dignité Impériale).
Copenhague, 15-27 novembre,, Lisakevitch à Nesselrode.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 071
(Sur le départ du prince Christian (1) se rendant près de la
douarière d'Augustenburg et sur le bruit de son mariage avec
une princesse de cette maison.)
Vienne, 13 décembre 1814, Intercepta et papiers pris chez
Stackelberg, La Tour du Pin, Noailles et Dalberg et rapport
d'agent sur l'impossibilité de savoir ce que fait ou écrit le
prince Repnin.
1042. Vienne, 13 décembre 1814 (F. 5. 5004 ad 3565).
Rapport à HAGER
Nesselrode et Metternich ont eu, l'un après l'autre, une
longue conférence avec Hardenberg.
1043. Vienne, 13 décembre 1814 (F. 5. 5014 ad 3565).
... à HAGER (en français).
La disgrâce de Razoumoffsky.
A la table du grand maréchal de la Cour, les aides de camp
d'Alexandre se sont étonnés du crédit, dont jouit encore à
Vienne Razoumoffsky, qui est en pleine disgrâce auprès
d'Alexandre et cela, probablement, pour toujours. Ils ont, en
revanche, fait un grand éloge de Stackelberg et vanté son
influence.
1044. Vienne, 13 décembre 1814 (F. 5. 5014 ad 3565).
GŒHAUSEN à HAGER
La Bavière, le Wurtemberg, Bade et la Russie. Un mot du Roi de Bavière
à propos du Roi de Saxe.
Le Roi de Saxe, cédant aux représentations de TEmpereur
d'Autriche et d'Alexandre, ne vient pas à Vienne. On lui
1. Ce bruit était fondé. Le prince royal Christian (1786-1845) épousa en
effet, le 22 mai 1815, la princesse Caroline d'Augustenburg, sa petite-cousine,
puisque sa mère était fille du roi Christian Vil, son grand-père.
672 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
aurait affirmé du reste qu'on lui rendrait son royaume, chose
sur laquelle l'Angleterre et la France insistent plus que
jamais (1).
On dit maintenant que la Bavière gardera Salzbourg et Passau,
mais cédera Tlnn-Viertel et le Ziller-Thal. Elle serait fort mé-
contente de l'attitude du Wurtemberg et de Bade qui se seraient
ralliées à la Russie.
On raconte que le roi de Bavière a dit ces jours derniers à
brûle-pourpoint au roi de Prusse, alors que les deux Empereurs
parlaient devant eux de la Saxe : « Après tout, il faut bien
convenir que, nous tous, nous avons sur la conscience les mêmes
péchés que mon cher beau-frère (2). » Le roi de Prusse a fait
semblant de n'avoir rien entendu et s'est éloigné en faisant la
grimace.
1045. Vienne, 13 décembre 1814 (F. 5. 5014 ad 3565).
00 à HAGER (en français).
Nouvelles contradictoires. Le Roi de Prusse décidé à garder
la Saxe à tout prix.
Les nouvelles sont rares et contradictoires, mais on est plu-
tôt à la guerre. On affirme cependant que le roi de Prusse
aurait dit que dans le principe il ne tenait pas autrement à la
Saxe ; qu'il s'était même prononcé contre l'occupation provi-
soire ; mais que maintenant qu'elle avait eu lieu, il ne rendrait
plus ce pays, même si ses Ministres le lui conseillaient.
1046. Vienne, 13 décembre 1814 (F. 5. 5014 ad 3565).
... à HAGER (en français).
Offres de services de généraux français à Murât et les partisans qu'il a en
Italie. Les armements de la P'rance.
Malczewski affirme que des maréchaux et des généraux
1. Cf. d'ANGiîBERG, p. 505-510. Note du prince de Metternich adressée le
10 décembre 1814 au prince de Hardenberg «... se refusante l'incorporation
entière de la Saxe à la Prusse ».
2. Le roi de Saxe avait épousé la princesse Marie-Amélie de Deux-Ponts,
sœur du Roi de liavière.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 673
français ont offert leurs services à Murât (1) en cas de besoin
et ont même promis de lui amener une quantité de vieux sol-
dats. D'après lui, Murât peut compter sur les sympathies et
le concours effectif d'une partie de l'Italie.
Dalberg n'a pas caché à Hacke que la France poussait acti-
vement ses armements et lui a annoncé que Soult avait rem-
placé Dupont au ministère de la Guerre (1).
1047. Vienne, 15 décembre 1814 (F, 5. 5022 ad 3565).
HAGER à l'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 15 décembre 1814.
Envoi d'intercepta et de papiers pris chez Nesselrode,
Dalberg, La Tour du Pin, Rechberg, Humboldt, Heilmann,
Gentz, etc.
1048. Vienne, 14 décembre 1814 (F. 5. 5022 ad 3565).
N. N. à HAGER
Le recrutement en Pologne. Composition du corps d'armée polonais.
Le recrutement va son train en Pologne. Le corps d'armée
polonais sera renforcé de 15.000 hommes, sans compter 6 à
8.000 hommes, qu'on lèvera dans le Grand-Duché pour rempla-
cer ceux qui ont été congédiés ou qui ont déserté.
1049. Vienne, 14 décembre 1814 (F. 5. 5022 ad 3565).
FREDDI à HAGER (Rapport de chez le Nonce) (en français).
Le Congrès. La mort du prince de Ligne. Un mot du Nonce.
On garde le plus grand secret sur la marche des négocia-
tions du Congrès.
ki. Correspondance de Jauconrt avec Talleyrand, pages 122, 123, 127, 132,
155, 156. Jaucourt à Talleyrand, 18 décembre, 24 décembre, 28 décembre 1814
«t 26 janvier 1815.
T. I. "
674 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENISE
Le Nonce a payé en ma présence un singulier tribut de regrets
au prince de Ligne que la mort vient d'enlever (1).
« Les francs-maçons de Vienne, a-t-il dit, ont perdu leur
« plus ferme appui, leur zélé protecteur. »
1050. Vienne, 14 décembre 1814 (l<\ 5. 5022 ad 3565).
e® à HAGER (en français).
La mort du prince de Ligne. Regrets universels qu'elle cause.
Ce qu'on a dit à la dernière soirée chez Arnstein.
La mort du prince de Ligne a fait une profonde impression
à Vienne et sera ressentie dans toute l'Europe où il était connu,
considéré et aimé. Il était foncièrement bon, et s'il avait assu-
rément des travers et même des défauts, il avait un charme,
une amabilité, une dignité, un esprit que nul ne possédait et ne
possédera peut-être à un pareil degré.
Avant-hier, comme tous les mardis, il y a eu chez Arnstein,
une belle soirée de musique, à laquelle ont assisté environ cent
cinquante personnes, parmi lesquelles la princesse Palm (2), la
princesse Dietrichstein (3), les comtes Keller, Salmour, Schlitz-
Goertz (4), Emmanuel Khevenhiiller (5), le baron Linden, le
baron Ulrich (6), etc., etc. On y a raconté que d'après des let-
tres reçues de Varsovie, le grand-duc Constantin passait tout
son temps à faire manœuvrer les troupes et à avoir des confé-
rences toutes relatives à la future Constitution du royaume
de Pologne.
1. Le prince de Ligne mourut le 13 décembre après quelques jours seule-
ment de maladie.
2. Il ne peut s'agir que de la baronne Marie-Caroline Gudenus, deuxième
femme du prince Joseph-Charles Palm, qu'elle avait épousée en 1803 et qui
mourut le là septembre 1815. Née en 1773, elle mourut en 1857.
3. Comtesse Alexandra, Alexéiwna Schouvaloff, née en 1775, mariée en
1797 au prince François-Joseph Dietrichstein (1767-1857) grand maréchal de
la cour d'Autriche.
4. Cf. Plus loin une pièce du 26 février ; d'après le rapport de cet agent, le
comte Schlitz-Goertz serait le beau-frère et l'informateur du comte de Rech-
berg.
5. Khevenhiiller (Emmanuel, comte), chevalier de la Toison d'Or (1759-1847),
venu à Milan vers 1770 avec l'archiduc Ferdinand, y épousa la comtesse Mez-^l
zabarba et maria ses deux filles, l'une au duc Charles Visconti Modrone, l'au-
ti'C, au marquis Phebus d'Adda. Cf. Gallavresi. L, Note page 84, Carteggio
Confalonieri.
6. Représentant de l'Ordre Teutonique.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 675
L'Empereur de Russie, qui continue à bouder Metternich,
s'étant abstenu de paraître à la soirée que celui-ci a donnée
le 13, on a dit chez Arnstein : « Gela fait honneur au prince
de Metternich. »
1051. Berlin, 8 décembre 1814 (F. 5. 5022 ad 3565).
Anonyme au Prince RADZIWILL (intercepta)
Thorn et Gracovie seront déclarées villes libres.
1052. Vienne, 13 décembre 1814 (F. 5.4500 ad 3565).
HEILMANN (1) à son père (intercepta) (en français).
Les affaires de Suisse vont mieux depuis les déclarations de la France et de
l'Autriche. L'Autriche consentira à une rectification de frontières.
On fera bien de tenir bon. Le vent a tourné ici depuis quinze
jours. A ce moment, on n'aurait pas hésité à sacrifier la Suisse
à des intérêts majeurs. 11 n'y avait à ce propos pas moins de
cinq plans différents. Pour laisser la Saxe à la Prusse, on don-
nait Bade au roi de Saxe, et la Suisse au grand-duc. Un autre
projet la morcelait entièrement. Un troisième la rattachait par
fractions à l'Allemagne. Enfin on a parlé du Vice-Roi. Il en a
été ainsi jusqu'au moment, où l'Autriche et la France sont in-
tervenues carrément et ont déclaré qu'on ne toucherait pas à
l'indépendance et à l'intégrité de la Suisse.
L'Angleterre a été tiède dans la question de la délimitation
et Stein a été correct. Reinhard a remis aux ministres le Mé-
moire quej'avais fait dans ce sens (2)et j'ai dû en faire au galop
nombre de copies. J'y ai joint les cartes à l'appui. Je crois que
les Andlau et G'" (3) ne s'en relèveront pas.
1. Fils du Président de Bienne.
2. Cf. d'ANGEBEno. Cinquième Protocole des affaires du Comité des affaires
de Suisse, 10 décembre 1814 (Pages 511-518) et sixième Protocole (Pages 521-
525.)
3. Andlau Birseck (Conrad-Chai-les-Frédéric, comte d') (1766-1839). Qua-
trième fils de Conrad d' Andlau, landvogt du Prince-évêque de Bâle pour les
districts de Birseck et de Balbine de Staal. Chassé de France par la Révolu-
tion, il chercha un poste dans l'Autriche antérieure, devint conseiller du Gou-
676 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Reste à voir la fin qui dépend de la façon dont se réglera la
situation intérieure de la Suisse. En tout cas notre action a
été utile.
L'Autriche veut garder la Valteline à cause des communi-J
cations entre l'Italie et le Tyrol et donnerait en échange à la
Suisse le Ghablais jusqu'à l'Arve, Constance et une partie de
la principauté de Vaduz sur la frontière des Grisons et accor-
derait une rectification de la frontière du Rhin, du côté d'Eglisau.
1053. Vienne, 14 décembre 1814 (F. 5.4022 ad 3655).
GENTZ (1) au Prince de VALACHIE {intercepta) (en français).;
Les affaires de Naples. Murât et son désir de voir Napoléon transporté plus
loin. Le Roi de Prusse et Marie-Louise. La grande-duchesse Catherine et le
prince royal de Wurtemberg.
Il n'a plus été question de Naples. Les ministres de France
et d'Espagne ne savent plus comment aborder cette affaire,
depuis que le prince de Metternich a déclaré un jour dans une
conférence qu'il ne la regardait pas comme un objet de dis-
cussion au Gongrès (2).
Les Français ont fait circuler des bruits alarmants sur une
lettre écrite par le roi de Naples à l'Impératrice Marie-Louise (3
et dans laquelle, d'après eux, il lui avait « promis de vengei
un jour tous ses torts ».
Mais le fait est que cette lettre ne contient pas un mot qu|
puisse justifier ces bruits; qu'elle ne respire que la plus pro
vernement à Fribourg et quand le Brisgau fut incorporé à Bade, il entra ai
service badois.Enl809 et 1810, il représenta le grand-duché à Paris. En 1814
il fut chargé du gouvernement de la Franche-Comté avec résidence à Vesoul
mais échangea bientôt ce poste contre celui de gouverneur de révêché d
Bâle, qu'il garda jusqu'à l'incorporation de ce territoire à la Gonfédératio!
helvétique. 11 revint alors à Fribourg, où il mourut à l'âge de 73 ans.
1. J'ai cru devoir reproduire ici cette dépêche, bien qu'elle n'ait été inter
ceptéc qu'incomplètement et bien qu'elle ait été publiée en allemand pa
Klinkowstrom (Cf. Oesterreich's Theilnahme an den Befreiungs Kriegei
p. 472-474), d'abord parce que toute la première partie de cette dépêche n
figure pas dans ce livre, ensuite parce que le texte allemand diffère ass<
sensiblement du texte français de la dépêche interceptée.
2. Talleyrand au Roi. Vienne, 6 novembre (dépêche n» 10)(PALLAiN.Corre.
pondance inédite, p. 101).
3. Cf. Talleyrand au Roi. Vienne, 30 novembre (Dépêche n» 14). Ibiden
p. 155.
l'ouverture du congrès. LA SAXE ET LA POLOGNE 677
fonde reconnaissance du roi de Naples pour le5 preuves de
loyauté et de bienveillance que l'Empereur d'Autriche lui a
données et qu'elle n'a d'autre tort que celui de s'exprimer avec
indifférence et peut-être avec un peu de mépris sur les menaces
des ministres de France.
Au reste le duc de Campochiaro et le prince Gariati sont
aussi bien traités que les deux ministres de Sicile, Ruffo et
Serracapriola.
Le roi de Naples (1), quoique depuis longtemps hors de
toute relation avec Napoléon, paraît vivement désirer que ce
voisin incommode soit déplacé de son séjour actuel, non parce
qu'il le croit dangereux, mais pour faire cesser les soupçons
et les commérages auxquels sa proximité de Naples fournit
toujours matière. Ce vœu est partagé par plusieurs Puissances,
ît il n'est pas impossible que tôt ou tard on s'occupe de quelque
projet qui ferait transporter Napoléon dans un autre pays. On
eu vaguement l'idée de le conduire en Angleterre ou plutôt
m Ecosse, mais rien n'est décidé à cet égard (2).
Le roi de Prusse ayant fait à l'Impératrice Marie-Louise plu-
lieurs visites, cela a occasionné dans le public le bruit ridicule
[u'il avait le projet de l'épouser, chose dont il n'a jamais été
estion.
Un mariage plus probable est celui de la grande-duchesse
Catherine avec le prince royal de Wurtemberg (3). Ce mariage
e serait pas un événement indifférent. 11 pourrait même avoir
lot ou tard une influence majeure sur le sort de l'Europe. La
rande-duchesse Catherine est peut-être la seule personne au
londe qui puisse exercer une certaine pression sur l'esprit de
)n frère l'Empereur Alexandre. 11 lui parle souvent et l'initie
ians tous ses secrets.
D'un autre côté, le prince royal de Wurtemberg est un
sïomme extrêmement distingué par son esprit^ ses talents mili-
lires, sa bravoure, ses exploits dans la dernière campagne.
ais ces qualités mêmes ne le rendent que plus dangereux,
1. Toute cette partie de la dépêche jusqu'à la fin a été publiée par Klin-
wstrœm.
2. On trouve ici dans le texte allemand deux phrases, l'une démentant
nvoi du général Koller à l'île d'Elbe, l'autre relative au genre de vie que
luie-Louise mène à Schœnbrunn.
3. Il manque ici 5 à 6 phrases qu'on trouvera dans Klinkowstrœm (p. 473)
»ves au projet de mariage de la grande-duchesse avec l'Archiduc Charles,
auses qui en ont empêché la réalisation et à Torigine du nouveau projet.
pie
678 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
puisqu'il est en même temps d'un caractère peu fait pour ins-
pirer la confiance, profondément ambitieux, inquiet, intrigant
et vindicatif. Il s'en faut de beaucoup que la grande-duchesse
soit douce et calme. Ces deux grands personnages, réunis et
profitant de leur crédit auprès de l'Empereur Alexandre, pour-
raient un jour imaginer bien des entreprises et contribuer à
bien des bouleversements (1).
1054, Vienne, 16 décembre 1814 (F. 5. 4800 ad 3565).
HAGER à l'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 16 décembre 1814.
Intercepta pris chez Nesselrode, Stackelberg, le roi de Wur-
temberg, Dalberg, Noailles et La Tour du Pin.
Intercepta (cabinet noir) nombreux mais peu intéressants,
sauf peut-être ceux de Goltz à Hardenberg et de Boutinieff
à Nesselrode, écrits avec un chiffre nouveau dont on n'a pas
encore la clef.
1055. Vienne, 15 décembre 1814 (F. 5. 4800 ad 3565).
Note à HAGER (en français)..
Note sur Aldini, Fontanelli, Guicciardi, Zucchi, RazoumofTsky, La Harpe.
La Saxe, la Pologne, la Valteline. Les espérances du prince Eugène et les
affaires de Suisse.
Aldini qui a, paraît-il, été reçu par Sa Majesté, affirme que
TEmpereur lui aurait dit que pour la Pologne et la Saxe or
s'était arrangé.
Le général Fontanelli (2) vient d'arriver à Vienne sur h
conseil de Bellegarde.
Le comte Guicciardi, qui s'est prononcé en faveur de la ces-
sion de la Valteline à l'Autriche, a été élevé à Vienne, sait l'ai
lemand, a été pendant cinq ans du temps des Français ministr»
1. Il manque enfin un dernier paragraphe tout entier consacré aux récep
lions mondaines et à la mort du prince de Ligne.
2. Fontanelli (Achille) (1775-1838), général de division, ministre delà Guerrj
du royaume d'Italie de 1811 à 1814. . li,
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 679
de la Police et tout le monde s'est loué de sa modération et de
sa douceur.
Il paraît que Fontanelli ignore pourquoi on Ta appelé à
Vienne et désire uniquement reprendre du service.
Le général Zucchi (1) se plaint du commandement qu'on lui
a donné en Silésie et le prince Eugène, quoique mécontent des
lenteurs du Congrès, espère toujours avoir Bologne et compte
sur la protection d'Alexandre.
Razoumofîsky et La Harpe sont actuellement brouillés et
leur dissentiment a été causé par des divergences de vues sur
les affaires de Suisse.
1056. Vienne, 15 décembre 1814 (F. 5. 4800 ad 3565).
.... àHAGER •
Le Roi de Saxe, ses chances de retour dans ses Etats.
Emprunt qu'il a gagé sur ses bijoux.
Chez Schulenburg, on ne doute plus du retour du Roi de
Saxe dans ses Etats (2).
Le Roi a, dit-on, engagé à Hambourg et à Amsterdam ses bi-
joux estimés 12 millions de thalers pour venir en aide aux plus
nécessiteux de ses sujets.
De tous côtes on me confirme cependant l'exactitude des
déclarations faites par le Roi de Prusse qui continue à être sou-
tenu par Alexandre.
1057. Vienne, 15 décembre 1814 (F. 5. 4800 ad 3565).
Nota à HAGER
Le mariage de la grande-duchesse Catherine avec le prince royal de
Wiirtemberg semble décidé. Les craintes de guerre.
On reparle du mariage de la grande-duchesse Catherine,
1. Zucchi (Charles, baron) (1777-186 ), général de division, gouverneur de
Mantoue pendant la campagne de 1813-1814. Cf. pour plus de détails sur la
vie de Zucchi, les Mémoires du général Carlo Zucchi publiés par Nicomède
BiANCHi et Commandant Weil, le prince Eugène et Murât.
2. Cf. d'ANGEBERG, p. 505-510. Note du prince de Metternich, adressée le
10 décembre 1814 au prince de Hardenberg « ... se refusant à l'incorporation
entière de la Saxe à la Prusse ».
680 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIËNINE
duchesse d^Oldenburg, avec le prince royal de Wurtemberg',
dont on la dit très éprise. La chose est paraît-il décidée, mais
doit encore rester secrète.
Kozlowski paraît croire que Tattitude résolue de TAngle-
terre amènera fatalement la guerre.
Il parle du départ prochain^^d' Alexandre.
1058. Saint-Pétersbourg, 9-21 novembre (F. 5. 4800 ad 3565).
WINTZINGERODE au ROI de WURTEiMBERG {intercepta)
(en français) (sous couvert Linden).
Le dîner Litta, le comte de Noailles et le maigre. L'Empereur Alexandre
renonce à son voyage d'Italie à cause de la Pologne et de la Saxe. Bruit
de départ de Talleyrand. La prbtestation des princes allemands, L'attitude
de la noblesse viennoise.
Le comte Litta (1) a donné un grand dîner à l'Ambassadeur
de France, auquel le Chargé d'Affaires de Prusse assista ; mais
ceux de Portugal, d'Espagne et d'Amérique n'étaient pas in-
vités. On observa que l'Ambassadeur de France ne mangeait
pas du tout ; mais il calma les inquiétudes que cette absti-
nence commençait à donner sur sa santé en rappelant que
c'était un vendredi et que le dîner était gras. On se demanda
à l'oreille si M. de Noailles, chambellan de Napoléon, avait
été aussi scrupuleux à faire maigre que le comte de Noailles,
ambassadeur de Louis XVIIl, et on donna raison au vieil
adage que les jours se suivent et ne se ressemblent pas.
D'après les dernières nouvelles de Vienne, le départ de l'Em-
pereur devait avoir lieu aujourd'hui, mais Sa Majesté paraît
avoir renoncé au voyage d'Italie. Ce changement, sans donner
précisément des inquiétudes sur la conservation de la paix, di-
minue cependant la confiance avec laquelle on avait commencé
à y compter, d'autant plus que des lettres particulières parlent
de graves malentendus, qui, malgré l'assertion ducontraire don-
née dans une lettre de l'Empereur à l'Impératrice Mère, doivent
s'être élevés entre autres à l'égard de la Pologne et de la
Saxe. On ajoute même que M. de Talleyrand doit avoir quitté
1. Le beau-père de la princesse Bagration.
l'ouverture du congrès, — LA SAXE ET LA POLOGNE 081
Vienne et que tous les souverains allemands ont refusé de re-
connaître le dépouillement du Roi de Saxe.
La dernière partie de ces nouvelles paraît moins authentique
que la première. Au moins compte-t-on de nouveau positive-
ment sur le retour de l'Empereur pour Noël. Les lettres parti-
culières de Vienne se plaignent de ce que la noblesse vien-
noise, si sèche et non moins orgueilleuse que celle de Russie,
n'ait rien fait du tout pour contribuer à l'éclat de cette capi-
tale et que plusieurs des plus grands seigneurs se soient même
retirés dans leurs terres. La jalousie que doit inspirer le rôle
brillant de M. de Metternich sert à expliquer cette conduite»
1059. Stuttgart, 4 décembre 181-i (F 5. 4800 ad 3565).
JOUPTROY (1) au ROI de PRUSSE (intercepta) en français).
Pologne et Saxe. Causes de l'intérêt plus vif en Bavière qu'en Wurtemberg
qu'on porte à la cause du Roi de Saxe. Le Wurtemberg et les affaires alle-
mandes. Causes du revirement de l'opinion publique en Wurtemberg en
faveur de la Prusse.
On est toujours ici dans l'attente des grands événements,
savoir du résultat des négociations de Vienne. C'est le sort de
la Pologne et de la Saxe qui fixe particulièrement l'attention
générale. Quoique rien ne transpire sur les négociations, on ne
laisse pas que de se perdre en mille conjectures. On observe
ici que le roi de Saxe y inspire un intérêt moins vif qu'à Mu-
nich, où le ministère, toujours jaloux de la grandeur de la mo-
narchie Prussienne, ne verrait pas de bon œil la ruine d'une
Maison attachée à celle du roi de Bavière par le lien de la plus
intime parenté. Aussi les Gazettes bavaroises prennent-elles
vivement le parti du roi de Saxe. On croit généralement que
son sort est intimement lié à celui de la Pologne.
Les affaires d'Allemagne paraissent intéresser davantage la
nation Souabe que la Bavaroise. Les Bavarois, quelque mécon-
tents qu'ils soient du ministre de Montgelas, sont attachés à
leur Souverain. Ils ne sentent pas autant la nécessité d'un
changement de la Constitution de l'Allemagne que les Souabes
1. Jouffroy, agent diplomatique de Prusse à Stuttgart.
682 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
qui gémissant sous le despotisme de leur roi, soupirent après
un état de choses susceptible de mettre un frein à des actes
arbitraires. Aussi désire-t-on ici le rétablissement des Etats.
Je crois ne pas me tromper en avançant que la nation Souabe
attend à cet égard tout des lumières et de la haute sagesse de
Votre Majesté, surtout depuis que l'on sait que Ses Ministres
ont insisté au Congrès pour que, non seulement les Puissances de
l'Allemagne de premier ordre aient une voix décisive dans les
négociations pour le règlement des affaires germaniques, mais
que même tous les princes allemands j soient entendus. Cette
nouvelle a fait ici l'impression la plus favorable et augmenté
l'admiration que Ton porte généralement à l'Auguste personne
de Votre Majesté.
1060. Madrid, 13 novembre 1814 (F. 5. 4800 ad 3565).
WERTHER à HARDENBERG (intercepta) (par la police)
(analyse).
A propos du changement de ministère, de la nomination de
Cevallos (l) devenu premier Ministre. Détails sur l'évêque de
Santiago (Musquiz) (2), toujours en faveur bien qu'ayant trempé
dans l'affaire de l'Escurial et ayant été arrêté du temps des
Cortes pour avoir eu des relations et des connections avec
Joseph.
La mission donnée au général Castanos (3) d'aller inspecter
les places de Catalogne semble être l'équivalent d'une disgrâce
ou d'un exil, puisque Castaûos n'est pas ingénieur. Castanos a
réclamé et le Roi a annulé l'ordre.
1. Cevallos (1764-1838), neveu par alliance du prince de la Paix, ministre
des Affaires étrangères d'Espagne, il jouit après la restauration de Ferdi-
nand VII d'une grande influence que lui fit perdre son opposition au mariag»
du Roi avec une infante de Portugal. Sa disgrâce fut dissimulée par des am-
bassades à Naples et à Vienne.
2. Ministre espagnol, il participa aux scènes qui se déroulèrent à l'Escurial
à partir du 27 octobre 1807, amenèrent d'abord la saisie des papiers, puis
l'arrestation du prince des Asturies, provoquèrent celle des ducs de San Car-
los et de l'Infantado et du chanoine Escoiquiz. Musquiz était un des hommes
d'Etat espagnols qui accompagnèrent en avril 1808 Ferdinand VII lorsqu'il
alla à la rencontre de Napoléon.
3. Castanos (généi'al, duc de Baylen) (1753-1852). Le vainqueur de Dupont
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 683
1061. Paris, 4 décembre 1814(F.5. 4800 ad 3565).
OELSEN à HARDENBERG (intercepta) (en français).
Les commissaires anglais s'attendent à recevoir tous les
jours un refus ou une réponse évasive sur leur réclamation
relative aux rentes viagères qu'on reconnaîtra, mais rien que
comme tiers consolidé en se basant du reste sur les clauses du
traité de Paris (1).
Wellington peste tout le temps, mais la commission an-
glaise n'enapas moins loué un hôtel qu'elle paye 15.000 francs
par an.
1062. Paris, 5 décembre 1814 (F. 5. 4800 ad 3565).
ALFIERI (2) à SAINT-MARSAN (intercepta) (en français).
Idées et ouvertures à propos de Gênes.
On m'a parlé ici de la nécessité de s'entendre par rapport
au port franc pour combiner les mesures à adopter, qu'un in-
térêt commun dit-on sollicite, et on doit m'entretenir là-dessus.
Je soupçonne qu'on voudrait absolument nous diriger. Mais je
pense que les bases en seront établies dans l'arrangement qu'on
fera chez soi. Je saisis du reste toutes les occasions pour in-
sinuer combien il est indispensable de ne pas oublier l'impor-
tance de l'opinion dans ces temps-ci et de chercher à la diriger
et non à la heurter de front et tout ce qu'on devra faire dans
un pays qui n'avait pas d'ancien devoir à remplir envers nous
et où il faudra fermer parfois les yeux et se contenter de dé-
monstrations apparentes pour s'assurer d'en avoir de réelles
avec le temps nécessaire pour habituer à un régime, contre
lequel l'intérêt particulier doit indubitablement donner des
préventions. Combien faudra-t-il ensuite bien réfléchir aux
à Baylen. Complètement battu par Lannes à Tudela, il se distingua un peu
plus tard à Vittoria. Président du Conseil de Castille en 1825, il se retira des
affaires en 1833, mais reparut dix ans plus tard à la chute d'Espartero et fut
tuteur d'Isabelle.
l.Cf. Articles XVIII, XIX, XX, et XXI du traité de Paris.
2. Alfieri di Sostegno (Charles-Emmanuel marquis), ministre de Sardaigne à
Paris. Le môme qui en 1824 (le 16 décembre) fit signer à Charles-Albert la
déclaration, dort les termes avaient été arrêtés à Vérone entre Charles-Félix
et Metternich et grâce à laquelle le prince put rentrer en Piémont.
C84 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
choix qu'on fera pour ce pays s'il nous échoit en partage, d'où
dépendra encore de le voir réuni plus que géographiquement.
1063. Paris, 5 décembre 1814 (F. 5. 4800 ad 3365).
ALFIERI à CASTELALFER {intercepta) (en français)
(Sous couvert à Saint-Marsan).
Prétendue conspiration contre Louis XVIII. Excès de mesures de précaution.
Changement de Ministres. Dupont, Soult, d'André. Raffermissement du
crédit de Talleyrand.
Une prétendue conspiration pour enlever le roi a donné lieu
ces jours passés à des mesures extraordinaires de surveillance,
notamment le soir où il est allé au théâtre de FOdéon, très
sagement, malgré qu'on eût fait l'impossible pour l'en détour-
ner. Beaucoup de troupes ont été mises en mouvement ce jour-
là. Heureusement tout porte à croire que c'était sans fonde-
ment et dès lors il aurait mieux valu en moins parler, cela
étant toujours préjudiciable à un gouvernement qui doit s'af-
fermir et ne pas admettre des chances qui puissent si aisément
le rendre vacillant, comme il ne doit pas l'être et ne le sera
pas. Ce sera toujours le plus sage.
Voilà trois ministres de changés. On s'attendait à voir le
général Dupont retiré du département de la Guerre et pas trop
à y voir le maréchal Soult (1) qui, du reste, passe pour fort
habile pour organiser une armée. On ne sait que dire du nou-
veau ministre de la Marine à qui on peut adapter' la maxime
de notre chevalier Coronitto. On dit du bien de M. d'André,
tout en observant que le Constitutionnel et le Parlementaire
jouent toujours et presque seuls un grand rôle.
La conduite du prince de Talleyrand à Vienne, où on se flatte
qu'il a redressé bien des affaires en faisant jouer un rôle très
noble à son souverain, lui a acquis de nouveaux droits à la
considération et paraît avoir raffermi son crédit. Il paraît que
différentes places qu'on a offertes au général Dupont ne lui
ont pas paru à sa convenance.
1. Soult à la Guerre, d'André àla Police, Beugnot à la Marine. Cf. Jaucourt
à Talleyrand, Paris, 4 décembre 1814. (Correspondance de Jaacourt avec
Talleyrand, page 106.)
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 685
1064. Paris, 4 décembre 1814 (F. 5. 4800 ad 3565).
GROTE à MUNSTER {intercepta) (en français).
La conspiration contre Louis XVIH. Le général Dufour. L'esprit public.
Calme momentané. Le roi, Monsieur et sa séquelle. Les Jacobins de la
rive gauche du Rhin. Talleyrand et la Besnardière les confondent avec le
Tugendbund. Nouvelles de Coblence. Le Tagendbund et son état actuel.
Fermentation des esprits en Prusse.
Il n'est plus question ici de la conspiration. Le Gouverne-
ment n'en a soufflé mot et dans le public on raconte toutes
sortes de choses. 11 est certain cependant que le général Du-
four (1) voulait agir pour Bonaparte. Plus calme depuis dix
ou quinze jours, l'esprit public laisse toujours à désirer et le
mécontentement ne diminue pas, mais on est plus patient.
Personne ne veut se mettre en avant. On attend, et chacun
espère qu'un autre prendra la direction du mouvement et don-
nera le signal. Le temps passe ainsi et je crois maintenant
que tout finira par se tasser. Peut-être quelqu'un qui n'a plus
rien à perdre risquera-t-il un coup ? Mais la police le décou-
vrira sans peine parce que le manque d'argent contrariera tout.
Mais pas de guerre, et puis il faut surtout que le Roi vive en-
core quelque temps. Car Monsieur et sa séquelle est trop fai-
ble pour résister à la prêtraille et à tous ceux qui sont revenus
avec eux et se proposent de tout remettre sur l'ancien pied.
Rien qu'un essai dans ce sens amènerait une catastrophe.
Je me suis renseigné sur le soi-disant mouvement jacobin
sur la rive gauche du Rhin et je suis en mesure d'affirmer qu'il
n'en est rien. J'en ai parlé à Talleyrand avant son départ et
j'ai vu qu'il confondait le Jacobinisme et le Tugendbund et
qu'il parlait de faits remontant au temps de Bonaparte.
La Besnardière, auquel j'en ai parlé aussi, m'a dit: Les Jaco-
bins et la Ligue de la Vertu, c'est la même chose. Le roi de
Prusse est à la tête et M. de Stein sous lui.
Je lui dis ce qui pouvait peut-être y avoir poussé le Roi. Il
1 . Dufour (Georges- Joseph, général) ( 1 753-1835) , employé seulement à Tinté-
rieurdepuis le 18 brumaire, il commandait en 1809 à Nantes lorsque Napoléon
le releva de ses fonctions à cause de ses opinions républicaines. 11 offrit ses
services à l'Empereur à son retour de l'ile d'Elbe, fut arrêté lors du retour des
Bourbons et conduit à l'Abbaye où il fut détenu jusque vers la fin de 1816.
686 AUTOUR DU COiNGRÈS DE VIENNE
me répondit : « Que sais-je. On lui fait peut-être accroire que
par là on le rendra peu à peu maître de l'Allemagne. >
J'en parlai encore à Bourgeot, chef de la division du Nord,
et qui remplace maintenant son confrère La Besnardière.Tout
ce qui a trait au Nord passe par ses mains, et il m'a affirmé
qu'on n'avait rien reçu qui indique un pareil inconvénient.
Enfin j'ai vu ces jours-ci un ami venant de Coblence, où il a
passé plusieurs mois et qui m'a confirmé qu'il ne s'y passait
rien au point de vue Jacobin. Il y a bien là quelques membres
du Tugendbu7id,Tn.ais cela n'a aucune importance. Le Tugend-
bund n'a plus de raison actuellement et ne saurait avoir d'in-
fluence chez nous. Il y a peut-être pas mal de fermentation
dans les cerveaux prussiens. Ils sont tellement congestionnés,
croient si fort qu'ils ont délivré le monde qu'ils pourraient
sous l'impulsion d'un rêveur, d'un hâbleur ou d'un illuminé,
essayer de mettre en pratique ce qu'on leur dirait être la Ré-
génération.
1065. Vienne, 17 décembre 1814 (F. 5. 4802 ad 3565).
HAGER à l'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 17 décembre.
1066. Vienne, 16 décembre 1814 (F. 5. 4802 ad 3565).
©© à HAGER
La conférence des Huit. Les entrevues d'Alexandre et de François I".
Un dîner chez Alexandre. On croit l'affaire de la Pologne arrangée.
Avant-hier conférence des Huit (1) et hier longue conférence
entre les deux Empereurs. On espère qu'Alexandre cédera sur
la Pologne et la Saxe.
Avant-hier, Alexandre avait invité Schwarzenberg et Wrede
à dîner, mais pas Metternich. Il doit avoir aujourd'hui encore
une conférence avec l'Empereur.
1. Cf. d'ANGEBERG,p. 527. Sixième protocolc de la séance du 14 décembre
1814 des plénipotentiaires des huit puissances signataires du traité de Paris.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 687
Hier on voyait tout en noir, aujourd'hui on est plein d'es-
poir. On dit que l'affaire de la Pologne est réglée. L'Autriche
ne rentrerait pas en possession de Gracovie,mais aurait en re-
vanche le cercle de Tarnopol. C'est La Harpe qui est auprès
d'Alexandre le grand défenseur des Polonais, par cela même
qu'il lui représente qu'il lui faut montrer au monde qu'il pos-
sède la fermeté, sans laquelle on ne saurait être un grand prince.
1067. Vienne, 16 décembre 1814 (F. 5. 4801 ad 3565).
Rapport à HAGER
Hardenberg est resté le 15 une heure seul avec Alexandre,
après un entretien auquel avaient assisté Stein, Gzartorjski et
Gapo d'Istria et qui avait duré de 7 à 9 heures.
1068. Vienne, le 16 décembre 1814 (F. 5. 4801 ad 3565).
Rapport à HAGER
Le mariage projeté entre le prince royal de Wurtemberg et
la grande-duchesse Gatherine semble être chose décidée.
1069. Vienne, 16 décembre 1814 (F. 5.4802 ad 3565).
Rapport à HAGER
Perquisitions chez Vernègues.
La perquisition faite le 14 chez Vernègues, pendant qu'il
dînait chez Talleyrand et opérée en présence de M. de Zaremba,
du sous-commissaire Siccard et grâce au concours de son pro-
priétaire, M. von Traiger,n'a pas donné les résultats espérés.
On n'a pas trouvé un portefeuille qu'on cherchait et bien
qu'on ait fouillé partout, on n'a rien découvert que des papiers
ken russe qui avaient déjà été vus. Tout avait été remis en
ordre et en place lors de l'arrivée du frère de Vernègues.
l
688 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIE^'NE
1070. Vienne, 16 décembre 1814 (F. 5. 4802 ad 3565).
00 à HAGER (en français).
La Sagan et la Bagration à la solde de la Russie.
Le départ probable des souverains.
On prétend toujours que la Sagan et la^Bagration sont toutes
deux à la solde de laRussie, qu'elles sont des agents d'Alexan-
dre, auquel elles rapportent tout ce qu'elles apprennent et qui
fait les frais de leur train de maison.
Le roi de Wurtemberg part le 21, le roi de Danemark le
28 et Alexandre le 2 janvier.
1071. Vienne, 16 décembre 1814 (F. 5. 4802 ad 3565).
«^ .... à HAGER (en français).
^\ Les affaires de Pologne. Le nouveau projet d'Alexandre
' •* imaginé par La Harpe. ^
Palmella a affirmé en ma présence chez Miràrida, chargé
d'affaires de Portugal, que la Russie ne veut pas se désister
de ses prétentions sur la Pologne, malgré tous les efforts faits
par l'Autriche. Il paraît cependant, d'après ce qu'a affirmé le
marquis de Marialva(l), qu'Alexandre va présenter un nouveau
projet imaginé par La Harpe.
1072. Vienne, 16 décembre 1814 (F 5. 4802 ad 3565).
à HAGER
Destination donnée au général Doktoroff.
Le général Doktoroff (2) a dit hier soir au général Orurl
qu'Alexandre venait de lui donner le commandement d'ur
1. Marialva (Don Pedro-José-Joaquin Vito de Menezes, marquis de), am
bassadeur extraordinaire du Portugal en Russie, puis ambassadeur à Paris
et en 1817 second plénipotentiaire auprès des puissances médiatrices entr
l'Espagne et le Portugal à propos des différends causés par l'invasion de
pays situés sur la rive gauche du Rio de la Plata.
2. Doktorow (Dimitri-Serguéiévitch) (1756-1816), page (1771), lieutenant
régiment Séménoffski (1781). Blessé deux fois pendant la guerre de
n
l'ouverture du congrès. LA SAXE ET LA POLOGNE 089
corps de quatre divisions stationnées entre Brest et Bielostock,
OÙ il aura son quartier général. Ce corps serait fort de 60.000 hom-
mes.
1073. Vienne, 16 décembre 1814 (F. 5. 4802 ad 3665).
Nota ù IIAGER (en français).
Les Prussiens croient à la guerre. Avantages de leur alliance avec la Russie.
Le plan di campagne. Moyens que la Prusse compte employer pour gagner
l'Allemagne à sa cause. L'esprit public en Saxe. Caractère et conséquences
de cette guerre.
Depuis la note officielle (1), par laquelle PAutriche doit avoir
offert à la Prusse la basse Lusace avec Torgau et Wittenberg,
proposition à laquelle le roi de Prusse a formellement refusé
d'adhérer, tous les Prussiens de ma connaissance, qui entourent
le roi et le prince Guillaume, m'ont dit que, quelque peu porté
que soit le Roi par ses inclinations vers la guerre, ils ne pou-
vaient plus douter qu'elle aurait lieu. Les Prussiens^ se flattent
que dciig cette guerre leur alliance avec la Russie serait extrê-
memeiit intime et basée sur l'intérêt réciproque, tandis que
les nôtres ^'auraient pas cet avantage ; que l'armée russe, ren-
forcée de tous les moyens de la Pologne, agissant offensive-
raent, nous serions obligés de leur opposer la plus grande par-
tie de nos forces et que sur la frontière de Bohème on se
contenterait de s'observer mutuellement, tandis qu'ils auraient
leur grande armée contre la France. Ils se flattent que cette
circonstance leur gagnerait l'opinion de la plus grande partie
de l'Allemagne. Le Hanovre serait d'abord occupé. Ils comptent
t^ sur la Hesse et même sur l'alliance avec le roi de Wurtem-
!rg qu'ils croyent être décidément dans leurs intérêts. Du
iste, ils espèrent que les autres petits Etats de l'Allemagne,
toyant que le Congrès de Vienne n'a point eu de résultat, déjà
ide (1789-1790). Général-major (1797), général-lieutenant (1799). Se distin-
la à Diirranstein et à Austerlitz, blessé à Eylau, puis à Heilsberg. i^'énéral
Tinfanterie en 1810, il assista à toutes les batailles de 1812, se disluigua sur-
)ut à Malo-Jaroslawetz, prit part aux batailles de Dresde et de Leipzig, mais
it se retirer du service pour raisons de santé après la prise de Hambourg.
Rappelé à l'activité lors du retour de Napoléon de l'îis d'Elbe, il reçut le
)mmandenient de l'aile droite de l'armée russe en marche sur Paris.
1. Cf. d'AiNGEBERG, 505-510. Note du prince de Metternich au prince de Har-
Baberg (10 décembre 1814;.
T. L 44
.y
690 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
grandement indisposés contre le Gouvernement de leurs
princes, sentant que la guerre actuelle doit décider si la Prusse
ou l'Autriche sera l'arbitre de l'Allemagne, se tourneront
plus facilement vers la Puissance dont la Constitution est la
plus libérale et répond le mieux à l'esprit du siècle. Le gou-
vernement prussien, qui travaille à cette Constitution, veut la
publier et l'introduire au moment de la guerre.
Quant à l'esprit de la Saxe, ils avouent que le militaire et
la noblesse sont contre eux, mais ils comptent sur le peuple
et les progrès de la Secte (1). Ils voient dans la guerre qui écla-
tera une lutte entre la démocratie et Taristocralie et pensent
que par la nature des choses la première doit être victorieuse.
Les modérés disent donc que cette guerre déciderait du sort
de l'Allemagne entre la Prusse et l'Autriche, les Sectaires
déterminés, qu'il serait possible que par des causes que les
événements feraient naître et que, l'on ne saurait calculer
d'avance, tout fût bouleversé et ils prétendent avoir de nom-
breux partisans en Bavière.
1074. Vienne, 18 décembre 1814 (F. 5. 4803 ad 3565).
HAGER à l'EMPEREUR
(Bordereau et rapport journalier du 18 décembre 1814).
La lettre interceptée de Golovkine. La mission de Wolkonsky à Naples
et celle de Malczewski à Varsovie.
Il lui signale une lettre énigmatique de Golovkine à Stein,
dont Metternich pourra peut-être donner l'explication. Il se-
rait, d'autre part, intéressant de savoir ce qu'il j a de vrai
dans le bruit de l'envoi de Wolkonsky à Naples à Murât et
du major Malczew^ski (2) à Varsovie.
1. Le Tugendbund.
2. Malczewski, major, officier d'ordonnance de Murât, l'un de ses servi-
teurs les plus fidèles et les plus dévoués.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 691
1075. Vienne, 16 décembre 1814 (F. 5. 4803 ad 3565).
GOLOVKINE au Baron de STEIN [inlercepta).
Billet ramassé chez Stein (1), chez lequel Golovkine dîna le 16 décembre.
Le Soussigné, toujours animé du désir d'entretenir les rap-
ports d'amitié et de confiance qui ont si heureusement subsisté
jusqu'ici entre Son Excellence et lui, accepte avec empresse-
ment le nouveau mode de rapprochement que Son Excellence
vient de lui proposer et il s'en rendra l'intermédiaire auprès
M. de Ratk (?) pour le lui faire adopter.
Le comte Golovkine voudrait bien se permettre quelques
observations sur le soin que Monsieur le Baron prend de lui
épargner un tête à tête avec lui ; mais il réserve cet article
pour ses promenades au bord de la Lahn. C'est là que je veux
aller en pèlerinage, comme les Indiens vont se baigner dans
le Gange. J'espère que vous m'épargnerez la queue de vache.
J'en ai déjà bien assez de celle du Diable que j'ai beau tirer,
mais qui me fait aller où je ne voudrais pas être.
Recevez l'expression de tous mes hommages.
Golovkine.
^076. Vienne, 13 décembre 1814 (F. 5. 4803 ad 3565).
Rapport à HAGER
Les soupers du grand-duc de Bade.
Le grand- duc de Bade soupe après le théâtre en compagnie
grand écujer Geusau et de son médecin Schreckel avec
le fille au service de Gaertner.
PÎ. L'agent ajoute que ce billet trouvé par lui chez Stein a dû tomber de la
>che ou du bureau de Stein.
692 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
1077. Vienne, 17 décembre 1814 (F. 5. 4803 ad 3565).
ee à HAGER
Ce qui se dit chez Rechberg sur les procédés et la manière d'agir de Metter-
nich et sur le désaccord existant entre lui et Hardenberg.
On a dit hier chez Rechberg qu'on n'avait pas encore reçu la
réponse delà Russie et delà Prusse, (l)qui doit décider du sort
du Congrès. On a encore dit que, si Metternich avait dès le
nniois d'octobre agi comme il le fait maintenant, tout aurait
marché autrement, tandis qu'à l'heure qu'il est, c'est trop
tard. Actuellement la responsabilité, qu'il a assumée vis-à-vis de
son Souverain, de l'Autriche et de l'Europe, est effrayante. On
a encore reparlé d'un sérieux désaccord qui se serait élevé
entre Hardenberg et Metternich.
Je n'ai pu encore me procurer des détails sur cette affaire.
Rechberg m'a seulement dit : « C'est une infamie de Har-
denberg (2). »
1078. Vienne, 17 décembre ÎS14 (F. 5. 4803 ad 3565).
e© à HAGER
Résumé de l'opinion du comte de Reichenbach sur la si-
tuation de la Prusse et la question de la Saxe.
1079. Vienne, 17 décembre 1814 (F. 5. 4803 ad 3565).
©e à HAGER
Campochiaro remet le 16 à Malczewski l'ordre qui le rap-
pelle à Naples.
1. Cf. d'ANGEBERG (531-536). Note du prince de Hardenberg à l'Empereur
de Russie en date du 16 décembre 1814, remise le 20 et transmise le même
jour par ce Monarque à l'Empereur d'Autriche et par lord Castlerea^h au
prince de Metternich, et Ibidem (1952-1S56). Note du prince de ilardenbcrj
au prince de Metternich au sujet de la Pologne et de la Saxe.
2. Cf. Talleyrand au Roi. Vienne, 15 décembre 1814. Dépêche n» 16(Pallain^
p. 182). A propos de l'explication assez vive qui eut lieu le 12 entre Alexan-
dre et Metternich au sujet d'un billet que Metternich avait adressé le 7 no-
vembre au chancelier de Prusse, qui le communiqua à l'Empereur de Russiej
ainsi que toute la correspondance échangée avec le cabinet de* Vienne.
l'ouverture du congrès. LA SAXE ET LA POLOGNE 693
1080. Vienne, 17 décembre 1814 (F. 5. 4803 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Nouvelles contradictoires sur la marche des afîaires de Saxe et de Pologne.
Un mot de Pozzo di Borgo.
A entendre les Prussiens, le Congrès va bien (l).Ils répan-
dent cela depuis trois jours. Les Wurtembergeois disent de
même et le baron von Linden a dit devant moi que tout s'ar-
rangeait.
M"» d'Eskeles, qui se nourrit des nouvelles que lui donnent
les intimes d'Hardenberg, est dans la joie parce qu'on lui a
affirmé que les affaires avaient pris une bonne tournure, qu'on
commençait à s'entendre et qu'Alexandre fléchissait tant soit
peu.
Au milieu de ces bonnes nouvelles, on- m'assure que les
Russes déclarent, qu'Alexandre est plus ferme que jamais et
qu'il ne démordra en rien de ses prétentions. Et en effet, ayant
rencontré avant-hier Pozzo di Borgo et lui ayant demandé
comment allaient les affaires (il venait de voir son Empereur),
il me dit : « Hélas ! Cahin-caha, plutôt mal. »
Notre conversation en resta là.
1081. Vienne, 4-16 décembre 1814 (F. 5. 4803 ad 3565).
STACKELBERG à ITALINSKY (à Constantinople) [intercepla)
(en français).
Le départ des Souverains n'est pas fixé, sauf celui du roi de Wurtemberg.
Marche lente des affaires du Congrès. Espoirs de développement et de solu-
tion. Les questions de Gênes, de la traite des nègres et de la navigation du
Rhin et de l'Escaut. La commission des préséances.
Rien n'annonce que le départ des Souverains soit prochain,
à celui du roi de Wurtemberg près, que l'on dit fixé au 21
de ce mois.
1. Cf. d'ANGEBEHG (531-536). Note de Hardenberg du 16 décembre 1814 et
Ibidem (540-544), Lettre de Talleyrand à MeLtcrnich. Vienne, 19 décembre et
Pallain, Talleyrand au Roi, Vienne, 15 décembre. Dépêche n» 16 (175-186) et
Vienne, SO décembre, n" 17 (189-193),
694 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
S'il est vrai que les affaires du Congrès ne marchent que
lentement, on n'en a pas moins lieu de croire que nous sommes
à la veille de leur développement, bien que les séances des plé-
nipotentiaires des puissances signataires du traité de Paris
aient été rares, surtout dans ces derniers temps (1).
L'une des questions, étant traitée par des comités séparés,
est déjà décidée, celle de Gênes (2) dont l'occupation provi-
soire a été accordée au Roi de Sardaigne. L'abolition de la
titaite des nègres (3) devait être un autre objet de discussion
d'un comité séparé de Ministres, mais les divergences d'opi-
nion entre les Plénipotentiaires d'Angleterre et ceux d'Espagne
et de Portugal ont empêché sa formation, les premiers ayant
voulu que toutes les Puissances signataires du traité de Paris
fussent admises à une négociation où, d'après le point de vue
philanthropique dont ils partaient, il s'agissait de la cause de
l'Humanité, et les derniers ayant prétendu exclure (sauf une
seule indication et nommément de la Russie et de l'Autriche)
celles qui ne possèdent pas de colonies, de cette transaction
qu'ils ne considèrent que sous le côté mercantile.
D'un autre côté, il s'est fait une réunion de Ministres pour
s'occuper de ce qui a trait à la navigation du Rhin et de l'Es-
caut (4) et pour rétablissement des péages sur les deux ri-
vières.
Une commission de plus s'est, en exécution du traité de
Paris, formée afin de fixer le rang voulu entre les couronnes
et tout ce qui en dérive en fait de préséances, objet peu signi-
fiant (sic) en lui-même, mais qui, faute d'être réglé, a eu sou-
vent des conséquences fatales.
1. Les Huit s'étaient en effet réunis assez rarement, puisqu'on n'avait signé
le 14 décembre que le sixième protocole.
2. Cf. d'ANGEBERG (501-505). Cinquième Protocole en date du 10 décembre.
(516-519). Conditions mises à la réunion de Gênes à la Sardaigne. (536). Adhé-
sion des Plénipotentiaires de Sardaigne, 17 décembre.
3. Cf. d'ANGEBERG (527). Séance du 14 décembre 1814. Ajournement de la;
question de l'abolition de la traite des nègres.
4. Cf. d'ANGEBERG (503). Cinquième Protocole de la séance du 10 décembre
1S14 et (527) Sixième Protocole delà séance du 14 décembre 1814.
5. Cf. d'ANGEBERG (503). Cinquième Protocole de la séance du 10 décembre
1814.
i
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 695
1082. Vienne, 19 décembre 1814 (F. 5. 5064 ad -3565).
HAGER à l'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 19 décembre 1814.
1033. Vienne, 18 décembre 1814 (F. 5. 5064 ad 3565).
0© à HAGER
L'Angleterre et la Saxe. La Bavière et Mayence. Wessenberg et Metternich.
Alexandre et Eugène. M""' de Brignole. Menées prussiennes des dames Arns-
tein et Eskeles.
L'Angleterre, qui dans le principe consentait à la cession de
la Saxe à la Prusse, y est maintenant catégoriquement opposée.
Le gros point en litige entre la Prusse et la Bavière est
Mayence.
Wessenberg a assez mal parlé de Metternich chez Fûrsten-
berg. Il a dit que Metternich aurait offert sa démission, mais
que l'Empereur l'aurait refusée en disant : « C'est là ce que
font tous les Ministres. Lorsqu'ils ont bien embrouillé les affai-
res, ils demandent à s'en aller. »
Je rencontre maintenant souvent l'Empereur Alexandre se
promenant, bras dessus bras dessous avec le prince Eugène.
M"" de Brignole a dit ces jours-ci : « J'ai souvent des nou-
velles de lîle d'Elbe. Napoléon a fait arrêter les travaux d'amé-
nagement et d'ameublement de sa résidence. »
M"" Arnstein et M°" Eskeles tiennent toutes sortes de pro-
pos scandaleux rien que pour préparer l'opinion en faveur de
la Prusse. Elles déblatèrent contre la Censure qui fait impri-
mer dans la Wiener Zeitung et dans le Beobacliter (1) des ar-
ticles anglais relatifs à la Pologne et à la Saxe et permet la
vente de la brochure : Sachsen und Preussen.
En un mot, ces dames sont scandaleusement prussiennes...
1. Cf. dans la Wiener Zeitung des 11 et 15 décembre, rapport des séances
du Parlement et déclaration du chancelier de l'Echiquier, et dans VOesterrei-
chischer Beobachter du 5, les discours des lords Landsdowne et Grenville.
690 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
1084. Vienne, 18 décembre 1814 (F. 5. 5064ad 3565).
.... à HAGER
Les dettes du grand-duc de Bade.
Le grand duc de Bade a des dettes partout à Vienne.
1085. Vienne, 18 décembre;i814(F. 5.5064 ad 3565).
GŒHAUSEN à HAGER
Mécontentement et protestations des Bavarois.
Les Bavarois protestent contre le projet qui rendrait à Nu-
remberg et à Augsbourg leurs privilèges et leur statut de ville
libre.
La Bavière continue de protester, comme le prouve une
note à la Maison de Nassau (interceptée par le confident von
Leurs) contre la cession à l'Autriche de l'Inn-Viertel.
1086. Vienne, 18 décembre 1814 (F. 5. 5064 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Libéralités et gracieusetés faites par les Polonais à Anstetl
afin de le gagner à leur cause.
J'ai appris que pour gagner le conseiller d'Etat Anstett les
Polonais vont lui faciliter l'acquittement d'une dette de 8. 000 rou-
bles qu'il doit encore sur la terre de Kock, qui fait partie de
la dot de sa femme, née Meissner, dont la plus grande partie
est due à M""* Potocka (1), née Paris, (?), dont le frère est un
1. Peut-être bien la même que l'auteur des Mémoires. Ce serait dans ce
cas la comtesse Alexandrine Potocka (1776 ou 1777-1867) née comtesse Anna
Tyszkiewicz, mariée en 1802 au comte Alexandre Potocki, puis en deuxième
noce au colonel comte VVonzowicz. Elle était la iille du comte Louis ïysz
kiewicz et de Constance Poniatowska.
I
11
l'ouverture du congrès. LA SAXE ET LA POLOGNE 697
patriote enragé. C'est donc ce Paris (?) qui payera cette somme
à sa sœur et lui-même eu sera dédommagé par les patriotes.
1087. Vienne, 20 décembre 1814 (F. 5. 5075 ad 3565).
HAGER à l'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 20 décembre.
Il lui signale le départ pour Graz, sans passeport ni autori-
sation, du comte Bethusy. Il en a informé le comte Bissingen,
gouverneur de cette ville.
1088. Vienne, 18-19 décembre 1814 (F. 5. 5074 ad 3565.
[Intercepta,, cabinet noir).
Roi de Wurtenberg au feld- maréchal lieutenant Hadik. (Il
a transmis son affaire au ministre de la justice.)
Planta, secrétaire de Gastlereagh, à Saint-Marsan. (Sans
intérêt.)
1089. Vienne, 19 décembre 1814 (F. 5. 5075 ad 3565).
FREDDI à HAGER (en français).
Marie-Louise se croit sûre d'avoir Parme. M""» de Brignolc se plaint de l'ou-
verture de ses lettres. 11 a été mis en rapport avec Marialva.
J'ai passé la soirée chez le comte de San Vitale. Il m'a appris
qu'avant-hier, se trouvant au cercle chez l'Impératrice Marie-
Louise, elle lui dit : « Je suis charmée de vous apprendre une
bonne nouvelle. Nos affaires ont pris une très favorable tour-
nure. Nous irons bientôt à Parme. »
Il me dit encore que M"" de Brignole s'était plainte à lui
qu'on lui ouvrait toutes les lettres qu'elle reçoit.
Je suis heureux de vous annoncer que je viens d'être mis en
rapport avec La Harpe par le marquis de Marialva, ministre de
Portugal.
698 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
1090. Vienne, 19 décembre 1814 (F. 5. 5075 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Le roi de Wurtemberg et la question de la Saxe. Griefs des Prussiens contre
Metterjîich. L'attitude probable selon eux du roi de Wurtemberg en cas
de guerre.
Il est hors de doute que le roi de Wurtemberg a dit à qui
voulait l'entendre et afin qu'on le répète, qu'on avait à tort fait
courir le bruit qu'il avait sur la Saxe une autre manière de
voir que l'Autriche, tandis qu'il n'avait jamais songé à se déta-
cher de l'Autriche. Preuve de cela ; « En laissant son Pléni-
potentiaire au Congrès, il lui avait donné carte blanche et
déclaré approuver d'avance tout ce que Sa Majesté Impériale
et Royale apostolique jugerait bon de faire pour le bien et la
paix de l'Allemagne. »
Les Prussiens jettent la pierre à Metternich, disant que le
Congrès n'avance pas ; Que l'on ne peut ni s'entendre, ni prendre
une résolution quelconque, parce que Metternich ne parle jamais
clairement, ne dit jamais ce qu'il veut, ni ce qu'il accorde
aux uns ou refuse aux autres ; Que pour cela la Prusse ne peut
"rien risquer et doit se tenir au parti qu'elle a pris de suivre
les Russes. Ea dépit de ce que dit le roi de Wurtemberg, ils
croient qu'en cas de rupture, à cause du mariage de son fils
avec la grande-duchesse d'Oldenburg, c^ roi serait pour eux
et non pour l'Autriche.
1091. Vienne, 19 décembre 1814 (F. 6. ad 3565).
Rapport à HAGER |
Les sympathies autrichiennes qu'on prétait à la grande-duchesse Catherine
et les causes de son changement d'attitude. Stein, le prince royal et le
roi de Wurtemberg.
On affirmait tous ces derniers temps dans les cercles autri-
chiens que la grande-duchesse Catherine était animée de sen-
timents absoluments favorables à l'Autriche et que l'archiduc
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 699
Palatin mettait à contribution l'influence qu'elle exerce sur
son frère. On allait jusqu'à dire que les etTets de cette action
se faisaient déjà sentir, que l'Empereur Alexandre n'était plus
aussi chaud pour la Prusse et même qu'il avait offert le cercle
de Tarnopol à notre Empereur. Ces belles espérances ne se sont
pas réalisées et l'horizon s'assombrit de nouveau.
On prétend maintenant que le prince royal de Wurtem-
berg est complètement sous la coupe de Stein, qui se sert de
son influence sur lui pour agir sur l'esprit de la grande-du-
chesse. En tout cas, ce qui est hors de doute, c'est que le
prince a de fréquentes conversations avec Stein et que le roi,
son père, ne s'est pas caché pour dire que son fils était tout
acquis à la Prusse, mais que lui, tant qu'il vivrait, il resterait
fidèle à l'Autriche.
1092. Berlin, 12 décembre 1814 (F. 5. 5075 ad 3565).
Anonyme (1) au Prince RADZIWILL {intercepta) (en français).
A propos de la protestation du roi de Saxe. Difficulté de l'arrangement.
Hommage involontaire rendu par le roi de Saxe au roi de Prusse.
Les gazettes de Paris nous donnent des nouvelles dont nous
ne savions rien ici ; d'abord une déclaration du roi de Saxe (2)
qui est une folie. Elle contient de justes réclamations, mais
elle passe un peu légèrement sur ses torts.
J'ai bien vivement désiré que tout cela s'arrange. Mais en
prenant les choses de cette façon, on risque fort de rendre Far-
rangement difficile. Au reste cette déclaration du roi de Saxe
fait aussi l'éloge de la manière de penser libérale de notre Roi
(de Prusse). Car je crois que le roi de Saxe, retenu dans les
Etats de Napoléon, n'aurait assurément pas osé s'en permettre
autant. 11 rend donc sans le vouloir hommage à son cœur et
à son caractère.
1. Cette lettre a probablement, presque certainement même, été écrite par
la princesse Radziwill.
2. La protestation du Roi de Saxe en date du 4 novembre.
700 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
1093. Vienne, 18 décembre 1814 (F. 5. 5075 ad 3365).
HUMBOLDT au Prince héréditaire de SOLxVIS-LAUBACH (1)
[intercepla] (en français) (sous couvert du Prince héréditaire de
Mecklembourg-Strelitz (2).
Réponse évasive aux démarches et à l'intervention qu'on lui avait demandées
Mon prince, comme je prends tant d'intérêt à ce qui regarde
Votre Altesse, j'ai soigneusement parlé aux personnes qui
veillent aux intérêts de la maison de Solms. J'ai lu exactement
tous les Mémoires présentés en son nom et je m'estimerais
vraiment heureux si je pouvais être de quelque utilité à
Votre Altesse ou à sa famille.
Mais jusqu'à ce moment le Congrès n'en est pas venu à ces
détails. Le travail sur la Constitution allemande donne déjà
des espérances fondées aux princes dépossédés par le fer et
l'injustice, mais on ne peut pas encore prévoir avec certitude
ce qui sera définitivement adopté pour eux.
Pour ce qui regarde les décisions territoriales, le prince de
Hardenberg veut se réserver le travail sur cet objet. J'ai donc
recommandé chaudement tout ce que la Maison de Solms désire
à cet égard à ce Ministre. Mais je doute fort que le plan pour
Coblentz puisse se réaliser.
1094. Vienne, 21 décembre 1814 (F. 6. 5081 ad 3565).
HAGER à l'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 21 décembre 1814.
Dans les intercepta du Cabinet noir et dans le paquet de
lettres adressées par la comtesse Marschall à son mari se trou- ^^
vait une lettre d'un anonyme (Carlsruhe, 9 décembre) chargeant ^
son fils de faire savoir de suite à Marschall de se méfier d"
1. Solms-Laubach (Gharles-Frédéric-Louis-Chrétien-Ferdinand) (1790-1844)
2. Mecklembourg-Strelitz (Georges-Frédéric-Charles-Joseph), né le 12 août
1779, mort en 1860, succéda le 3 novembre 1816 à son père le duc Charles
Louis-Frédéric. Marié en 1817 à Marie- VVilhelraine-Frédérique, fille du land'
grave Frédéric de Hesse-Cassel, née en 1796.
l'ouverture du congrès, LA SAXE ET LA POLOGNE 701
conseiller d'Etat Sensburg (1) et de ne pas. trop se fier à
Berckheim (2).
1095. Vienne, 20 décembre 1814 (F. 6. 5081 ad 3565).
FEUERBAGH (3) au Comte de REGHBERG
(intercepta) (en français).
Sans date (ramassé chez Rechberg le 20 décembre).
« Je vous prie, mon très cher Comte, de faire parvenir l'in-
cluse que le Roi adresse au comte de Montgelas. Comme le
roi a aussi écrit au prince de Wrede^ il vaudrait peut-être
mieux de soigner cet envoi sans en donner connaissance au
maréchal. »
1096. Vienne, 20 décembre 1814 (F. 6. 5081 ad 3565).
Rapport à HAGER
On a établi depuis le 18 une surveillance chez le géné-
ral Fontanelli.
1097. Vienne, 20 décembre 1814 (F. 6. 5081 ad 3555).
à HAGER
Note de la Prusse en réponse à celle de l'Autriche.
La brochure du colonel von Miltitz.
On m'affirme que la Prusse, toujours inébranlable sur la
lestion de la Saxe, vient de soumettre à l'approbation d'Alexan-
1. Sensburg, Conseiller d'Etat badois.
2. Berckheim (Charles-Christian, baron de), Conseiller d-'Etat badois et Se-
pétaire d'Etat au Ministère de l'Intérieur.
f3. Feuerbach (Anselme von), Conseiller d'Etat bavarois.
702 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
dre une note des plus énergiques en réponse à celle de l'Au-
triche (1).
On parle beaucoup d'une notice dont l'auteur serait le colo-
nel saxon von Miltitz (2).
1098. Vienne, 20 décembre 1814 (F. 6. 5081 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
Entrelien d'un général avec La Harpe. Alexandre veut la paix.
Les affaires semblent prendre une bonne tournure.
Le général Kl..., bien connu de vous, a causé ces jours-ci avec
La Harpe. Il résulte de cet entretien que l'Empereur Alexandre
veut absolument la paix et une paix durable dont ont besoin
l'Europe et son empire, qu'il ne songe pas à agrandir. Après
avoir déclaré que la Pologne ne saurait devenir une cause de
conflit, La Harpe a ajouté qu'il en serait de même pour la
Prusse et la question de la Saxe. Il a glissé sur les affaires de
la Suisse, mais a affirmé que toutes les affaires lui semblaient
prendre une bonne tournure (3).
1099. Vienne, 20 décembre 1814 (F. 6. 5081 ad 3565).
Rapport à HAGER (en français).
Ce qu'on a dit à Fûrstenstein à propos de la Saxe et de la Pologne.
Malczewski ajourne son départ.
Le général Fûrstenstein (4) vient de m'affîrmer qu'un haut V
l.Note du prince de Hardenberg à l'Empereur de Russie en date du 16 dé-
cembre 1814, remise le 20 et transmise le même jour par ce monarque à l'Em-
pereur d'Autriche et par lord Gastlereagh au prince de Metternich(Cf. d'An- >
geherg (531-536) et Ibidem), 1860-1867, Note de Hardenberg à Metternich au
sujet de la Pologne et de la Saxe, Gf, Ibidem, 553-557. Mémoire présenté le
20 décembre à Metternich pour la réunion de la Saxe à la Prusse.
2. Cette brochure a pour titre : Uebersicht der Verwaltnng des General
Gouvernements der hohen Verbûndeten Mdchte im Kônigreich Sachsen vom
21 ten october 1813 bis zum8 ten november ISiÂ.
3. Cf. Talleyrand au Roi, Vienne, 20 décembre 1814 et 28 décembre 1814
(Dépêches n» 17 et 18) (Pallain, 189-192 et 197-204).
4. Probablement le comte de Fiirstenstein, l'ancien dignitaire de la cour
de Westphalie qui avait suivi Jérôme et l'ex-reine Catherine.
l'ouverture du congrès. LA SAXE ET LA POLOGNE 703
personnage (je crois qu'il s'agit du Vice-Roi) lui avait confié
que TEmpereur lui avait déclaré que tout était tiré au clair
avec la Russie, que le roi de Prusse se faisait tirer l'oreille,
qu'il avait été plus entêté, mais qu'on arriverait à lui faire
entendre raison.
Le major Malczewski a remis son départ de quelques jours.
1100. Vienne, 20 décembre 1814 (F. 6. 5081 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Conversation avec RufTo, son opinion sur le Congrès, la politique de
Metternich, la Russie, l'Autriche, la France et Louis VVIIL
J'ai passé hier une demi-heure en tête à tête avec le com-
mandeur Ruffo. 11 prévoit qu'il résultera peu de bien du
Congrès. Il dit que Metternich a eu tort de vouloir s'éloigner
de la France; que Louis XVIII ne désirait rien plus que de
se lier avec l'Autriche et qu'il finira par y réussir (1) ; que
l'Autriche avait tout à craindre de la Russie dont elle n'avait
fait que raffermir les liens avec la Prusse, /'en/iemze naturelle
de l Autriche et qui le deviendra bien davantage à cause de
l'affaire de la Saxe.
Ruffo affirme que Louis XVIII n'a aucune idée de s'agran-
dir et que tout aurait pris une autre tournure si on avait été
d'accord avec lui dès l'ouverture du Congrès.
1101. Vienne, 22 décembre 1814 (F. 6. 5097 ad 3565).
HAGER à l'ExMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 22 décembre 1814.
Envoi de pièces interceptées parmi lesquelles à signaler :
Stackelberg à Saint-Marsan (il fera partir le paquet pour
de Maistre).
1. Cf. Commandant VViel, Joachim Murât, roide Naples.La dernière année
de règne. Les négociations secrètes entre Paris et Vienne, Blacas et Bom-
belles (Tome II, pages 250 et suivantes).
704 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENiNE
Noailles à Vera (1) (Reçu les deux notes et le Mémoire ; il
s'en occupera).
Lisakewitch à Nesselrode (Copenhague G décembre). (Tout
est fini et réglé en Norvège ; le Landtag est dissous et le
prince royal est retourné à Stockholm.)
1102. Vienne, 20 décembre 1814 (F. 6. 5097 ad 3565).
Anonyme à B... (à Bologne) {intercepta) (en français).
Solution probable et prochaine des affaires de Saxe et de Pologne. Arresta-
tions à Milan à propos du complot de Rasori, Latuada et autres.
Je reçois à la fois les deux lettres que vous m'avez adressées
par M. Dieffenbach. Rien de nouveau dans vos affaires. Il
s'est encore élevé quelques nuages pour les affaires de Polo-
gne et de Saxe, mais une explication vigoureuse de l'Angle-
terre, de l'Autriche et de la France réunies (2) a ramené
quelque modération. Les négociations ont repris et nous res-
pirons de nouveau dans nos espérances et nos promesses. On
nous assure que, du 1" au 5 janvier, nous aurons des résultats
positifs. Quels que soient les résultats, vous serez le premier
instruit.
On parle d'arrestations à Milan et on confond le frère de
L... dans le nombre (3). Je ne puis le croire. Le pauvre diable
est incapable de se mêler de mauvaises affaires.
1. Vera, avocat, envoyé au Congrès par le Prince de Piombino, Ludovisi
Buoncompagni, pour faire valoir ses droits sur Piombino el l'île d'Elbe.
2. Cf. d'ANGEBERG (p. 540-544.) Lettre du prince de Talleyrand au prinofl
de Metternich relative à la Saxe et Pallain, Talleyrand au Roi. Dépêche^
n" 17 et 18. Vienne, 20 et 28 décembre 1814.
3. Pour le Complot militaire, cf. Commandant Weil, JoachimMamt. La deri
nière année de règne. Tome 2, 49-108. Il s'agit-là du général Théodore Lech^
ancien commandant de la garde royale italienne et frère du général Joseï
Lechi.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 705
1103. Vienne, 21 décembre 1814 (F. 6. 5097 ad 3565).
Rapport à HAGER
Tesision dos rapports et brouille entre Stcin et Gagern.
Stein, qui était assez lié avec Gagern et venait assez souvent
chez lui, lui bat froid et le salue à peine, quand il le rencontre
dans l'escalier de la maison, dans laquelle ils habitent tous
deux.
1104. Vienne, 21 décembre 1814 (F. 6. 5097 ad 2565).
Rapport à HAGER
Marie- Louise. Les visites qu'elle reçoit. Son séjour à Baden.
Ses rapports avec le Roi de Prusse.
L'Impératrice Marie-Louise a reçu à dîner chez elle, à l'oc-
casion de son jour de naissance, le 11, TEmpereur et l'Impé-
ratrice de Russie. L'Empereur d'Autriche venu dans la jour-
née n'y a pas dîné.
Le Roi de Prusse vient moins fréquemment la voir, mais il
lui écrit très souvent.
Marie-Louise a été à Baden du 12 au 14.
Rien d'intéressant à signaler jusqu'au 20, où elle est allée se
promener à Breitenlee (1) avec M"" de Brignole et Neipperg
et où à table on parla de la marche du Congrès, des efforts
inutiles que font les Russes et les Prussiens pour faire tour-
ner, comme ils le désirent, les affaires de Saxe et de Pologne.
.105. Vienne, 21 décembre 1814 (F. 6. 5097 ad 3565).
.... à HAGER
Le Uoi de i^russe ne veut pas céder. La note d'Hardenberg sur la Saxe.
Le Roi de Prusse ne peut se décider à renoncer à la Saxe.
[1 dit qu'Hardenberg l'a poussé à l'occupation et qu'il gardera
1. Village situé dans le Marchfeld sur la rive gauche du Danube, à environ
kilomètres de Stadlau et à 14 ou 15 kilomètres de Vienne.
T. I. 45
706 AUTOUR DU CONGRÈS DB VIENNE
le royaume malgré le changement d'avis de son Chancelier.
La réponse de la Prusse à la note de l'Autriche du 10 est
conçue en termes très secs.
1106. Vienne, 21 décembre 1814 (F, 6. 5097 ad 3565).
Rapport à HAGER
Le prince Eugène fait de longues visites le soir à Séraphine
Lambert (qui loge au Rœmischer Kaiser),
1107. Vienne, 19 décembre 1814 (F. 6. 5097 ad 3565).
HEILMANN à son Père {intercepta.).
A propos de la Valteline et de Neufchâtel. Rien n'est encore
décidé. Il convient donc de n'ajouter foi à aucun des bruits
qu'on répand.
1108. Vienne, 18 décembre 1814 (F. 6. 5097 ad 3565).
HOFSEGRET^R SGHOSULAN à HAGER
Rapport sur la surveillance de Talleyrand du 14 au 17.
On fait remarquer que l'un de ses secrétaires, Challaye (1),
a des relations suivies avec les rédacteurs de la Wiener Zei-
tung.
1. « Je mis auprès de lui (la Besnardière) MM. Challaye, Formond et Per-
rey, jeunes tous trois et ayant en eux de quoi profiter des leçons qu'on de-
vait puiser dans d'aussi grandes circonstances, » (Talleyrand, Mémoires, t. II,
207.)
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 707
1109. Vienne, 21 décembre 1814 (F. 6. 5097 ad 3565).
MOFSEGRET.ER SGHOSULAN à H AGER {intercepta).
Papiers ramassés chez le conseiller de Légation prussien Piquot, relatifs
aux Légations, à Marie-Louise et au prince Eugène.
19 décembre. Fava et Squarzoni sont très satisfaits de l'au-
dience que leur a accordée TEmpereur (1). Il leur a dit qu'il
ne tenait les Légations qu'en dépôt, pour les consigner à celui
qui serait désigné par le Congrès. Ils travaillent d'accord avec
le cardinal Gonsalvi et croient que Marie-Louise n'ira pas à
Parme, qui sera rendue à ses anciens maîtres. Le prince Eu-
gène espère toujours avoir Bologne.
On attendait un courrier de Londres pour prendre une réso-
lution. Eugène restera à Vienne jusqu'à ce que son sort soit
décidé, même après le départ du roi de Bavière.
1110. Vienne, 19 décembre 1814 (F. 6. 5097 ad 3565).
HOFSEGRET^R SGHOSULAN à H AGER (intercepta)
(en français).
Papiers pris chez le Gonseiller de légation prussien Piquot.
Affaires allemandes. L'Espagne et la reine d'Etrurie. L'affluence des visiteurs
à l'Ile d'Elbe. Conversation de Napoléon avec un membre du parlement
anglais.
Les conférences sur les affaires allemandes vont recommen-
cer et on mettra sous les yeux du Comité un projet de Cons-
titution nouvelle à donner à l'Allemagne (2).
L'Espagne soutiendra au Congrès les prétentions de l'infante
Marie-Louise (3) sur le graad-duché de Toscane. Cette affaire
avait été mise en délibération dans une conférence tenue, il
1. Cf. pour les démarches et la mission de Fava et de Squarzoni à Vienne,
P« J. RiNiERi, Corrispondenza Inedilu dei cardinuli Consalvi e Pacca, 66-77-
103-183-395 et 435.
2. Cf. d'ANGBBEBa, 438, Le Comité des affaires d'Allemagne n'avait plus tenu
de séances depuis le 16 novembre.
3. Cf. d'ANGEBBRG, 500. Quatrième protocole de-, la séance du 9 décembre
des Plénipotentiaires des huit Puissances signataires du traité de Paris,
708 AUTOUR DU CONGR ^ DE VIENNE
y a quelques jours, et on a invité la Russie et l'Angleterre à
nommer des commissaires chargés d'intervenir dans la discus-
sion qui doit avoir lieu à ce propos entre l'Autriche et l'Es-
pagne.
On attendait le 29 novembre le grand-duc de Toscane à
Livourne.
Le nombre des curieux qui se rendent à Tîle d'Elbe est prodi-
gieux. Napoléon s'entretient presqu'avec tout le monde. Il a
eu un long entretien avec un membre du parlement anglais, lui
a beaucoup parlé de l'Impératrice Joséphine, s'est plaint des
ministres qui avaient géré ses finances et l'avaient cruellement
trompé. Il lui a déclaré que ce qui l'affligeait le plus, c'était
la défection du maréchal Marmont ; qu'il ne croyait pas que
la France pourrait rester dans l'état où elle était maintenant
et qu'il y avait apparence qu'une nouvelle révolution pourrait
encore éclater.
1111. Vienne, 23 décemLre 1814 (F. 6. 510" ad 3565).
HAGER à l'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 23 décembre 1814.
Il lui signale entre autres les renseignements relatifs à Anstett
à la Russie et à la Prusse, et certaine des pièces interceptées
la veille.
1112. Vienne, 22 décembre 1814 (F. 6. 5106 ad 3565).
GŒHAUSExN à HAGER
Surveillance de Marie-Louise.
Après avoir été à Vienne chez l'Empereur, Marie-Louise, à
son retour à Schœnbrunn, est restée une demi-heure chez son
fils. Elle parle d'aller passer la semaine du Jour de l'An à Baden || i'
pour éviter les visites. JE f^
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 709
On parle du remplacement de Neipperg par le comte Bubna(l),
ce qui serait fort pénible pour Marie-Louise qui se plaît beau-
coup avec Neipperg.
Il paraît que Méneval continue à correspondre, mais sous
une fausse adresse,avec le préfet du Mont-Blanc (2).
1113. Vienne, 22 décembre 1814 (F. 6. 5106 ad 3555.
Rapport à HAGER (en français).
Surveillance du grand-duc de Bade et du prince héritier de
Hesse-Darmstadt. Leurs menus plaisirs.
Le prince héritier de Hesse-Darmstadt et le grand-duc de
Bade continuent à mener joyeuse vie, tantôt chez l'un, tantôt
chez l'autre, à y souper gaiement, très souvent avec la fille au
service de Gaertner. C'est toujours le chasseur qui est chargé
de pourvoir aux menus plaisirs du prince de Hesse, qui fait
souvent venir M^'" Lombard ou la soi-disant comtesse Waffen-
burg, autrement dit Loi^i Toussaint.
1114. Vienne, 21 décembre 1814 (F. 6. 5106 ad 3565).
.... à HAGER
Eloge qu'Anstett fait du caractère de Stein. Conférence de Wrede avec
Wessenberg, de Stein avec Hardenberg. Le dîner du 20 chez Stein,
Anstett fait un grand éloge du caractère de Stein, de sa
franchise et de son courage à soutenir son opinion envers et
contre tous. Il estime Thomme qui a osé dire à Alexandre :
1. Bubna (Ferdinand, comte) (1768-1825), feld-maréchal lieutenant, avait
fait la campagne de 1814 à l'armée autrichienne du Sud et commandait à ce
moment les troupes autrichiennes qui occupaient le Piémont. C'est lui qui
fit parvenir à Vienne une lettre que Napoléon avait écrite le 11 mars de Lyon
à Marie-Louise et qu'un officier du 7» hussards porta sur son ordre à Bubna
(Cf. Talleyrand, Mémoires, 111-127. Talleyrand au Roi. Vienne, 23 mars 1815,
soir). Commandant militaire en Lombardie (181S) il réprime le soulèvement
piémontais de 1821. A propos des négociations de 1809, le duc de Broglie
dit de lui, dans ses Souvenirs (T. I, p. 82) : « C'était sous l'aspect extérieur
d'un militaire franc, ouvert, voire même un peu brutal, un esprit singuliè-
rement fin, délié, rusé et plein de malice.
2. Le préfet du Mont-Blanc était à ce moment le baron Finot
7 10 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
« Si VOUS rétablissez la Pologne, vous courez à votre perte. »
Wrede a eu le 21 une conférence de deux heures avec Wes-
senberg et a fait pendant ce temps défendre sa porte.
Après avoir conféré avec Hardenberg, Stein a eu à dîner
le 21 le comte Golovkine, Wallmoden (1), Anstett, la com-
tesse Nesselrode et la comtesse Wrbna (2).
1115. Vienne, mercredi 21 décembre 1814 (F. 6. 5106 ad 3565).
GOLOVKINE à STEIN [intercepta) (en français) [chiffon).
Billet que Stein avait commencé à brûler.
Voilà une réciprocité de souvenir qui me charme. C'est la
conséquence d'un principe auquel je mets beaucoup de prix.
Je compte le faire valoir avec usure comme Ton use d'un ca-
pital qui vous reste après maint naufrage et mainte spéculation
malheureuse. C'est un excellent acte de justice que votre
réunion d'aujourd'hui.
Vous allez faire baisser pavillon à la fîère indépendance de la
comtesse Wrbna et je vous remercie de m'appeler à être témoin
de cette reconnaissance à laquelle je suis soumis depuis long-
temps.
Je ne sais si vous aurez la patience, Monsieur le Baron, de
déchiffrer ou de deviner tout ce qu'il a plu à la Censure de
retrancher dans le manuscrit que je vous ai envoyé. Puisque
les Abdérites (3) veulent rester Abdérites, qu'ils le soient : Vo-
lenti non sit injuria. C'est le seul exemplaire qui se trouve à
Vienne.
Recevez Texpression de mes sentiments et de mes hommages.
Golovkine.
1. Wallmoden-Gimborn(Louis-George3-Thadée, général, comte), (1769-1862)
beau-frère de Stein, passé au service de l'Autriche en 1795, en mission diplo-
matique en Angleterre au commencement de 1809, exerça un commandement
pendant la campagne de 1813-1814.
2. Wrbna-Freudenthal (Flore, comtesse; (1779-1857), née comtesse Kageneck,
mariée en 1798 au comte Eugène Wrbna, mort en 1841. L'une des plus jolies
femmes de Vienne au temps du Congrès, cousine de Metternich, elle gagna
contre Alexandre le singulier pari dont il sera question plus loin. Elle passa
les dernières années de sa vie dans sa villa d'Ischl avec son amie la prin-
cesse Thérèse Jablonowska, (née Lubomirskal qui y mourut le 14 février 1864.
3. Habitants d'Abdère, ville de Thrace, célèbres par leur stupidité. Voir
le roman satirique de Wieland : Les Abdéritains.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 711
1116. Vienne, 22 décembre 1814 (F. 6. 5106 ad 3565).
M. G. à HAGER {intercepta).
Les confidences d'Anstett. Les concassions extrêmes qu'Alexandre est dis-
posé à faire à l'Autriche. Gracovie ville libre et neutre. AnsLett rentré en
grâce auprès d'Alexandre. Raisons pour lesquelles l'Autriche ne peut pas
tenir résolument tête à la Prusse et s'opposer à ses prétentions. Pourquoi
l'Autriche ne peut pas déclarer la guerre. Embarras militaires de l'Autriche.
Les généraux autrichiens. L'archiduc Charles.
Anstett m'a confié hier que les affaires de Pologne et de Saxe
n'étaient pas encore réglées ; que cependant Alexandre est ré-
solu à laisser la Galicie à l'Autriche, à lui rendre le district de
Tarnopol, à renoncer aux salines de Wiélitchka et à déclarer
Gracovie ville libre et neutre.
Telles seraient les conditions extrêmes auxquelles Alexandre
consentirait. En cas de refus de notre part, ce serait la guerre.
Anstett prétend que l'idée de la rétrocession du district de
Tarnopol et de la neutralité de Gracovie vient de lui et qu'il
a là encore rendu un grand service à l'Autriche. Il a insisté
sur le fait que Gracovie n'a aucune valeur au point de vue mi-
litaire ; que ce n'est pas non plus une capitale, ce qui n'a pas
d'importance, puisque l'Autriche possède Lemberg,mais qu'en
raison de sa situation sur la Vistule, du grand commerce qui
s'y fait, elle est aussi indispensable au possesseur de la Gali-
cie qu'au maître du Grand-Duché de Varsovie. Il m'exposa à
ce propos les avantages que la déclaration de neutralité leur
assurait également et qui de plus en faisait un tampon entre
les deux Etats.
Je lui fis remarquer la fragilité des garanties dont il parlait
et il dut reconnaître en fin de compte qu'une bonne forteresse
valait assurément bien mieux; mais il ajouta que, maîtresse
de la Bukovine et de la Transylvanie, l'Autriche n'avait rien
à craindre pour la Galicie en raison même du danger d'être
prise à dos par des forces venant de ces provinces auquel
s'exposerait une armée essayant d'envahir la Galicie
La visite, que j'ai faite aujourd'hui à Anstett, me permet de
compléter mon rapport et de .mettre les choses complètement
au point.
712 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Anstett est presque rentré en faveur auprès d'Alexandre.
Il m'a laissé entendre à demi-mot que, d'après ce qu'il venait
d'apprendre, il savait maintenant pourquoi la Cour de Vienne
ou plutôt notre Ministre n'ose pas tenir tête à la Prusse. Notre
Ministre a les mains liées, parce qu'il n'a pas' agi franchement
lors de son entrée dans la coalition en 1813. On aurait, affirme-t-
il, les preuves manifestes qu'il a joué double jeu et qu'il s'était
ménagé des moyens de se tirer d'affaire quoi qu'il arrivât. Il
est dès lors facile de comprendre pourquoi l'Autriche, ne pou-
vant se risquer à déclarer la guerre, laisse aller le Congrès,
présente des réclamations et des protestations et attend des
jours meilleurs pour agir sans danger.
Alexandre va renoncer pour cette raison à conserver la Po-
logne. Il ne veut pas donner à l'Autriche le prétexte de récla-
mer à son tour contre l'indépendance de la Pologne. On sait
aussi de notre côté que militairement l'Autriche n'est pas prête
et que l'on y est fort embarrassé quant au choix même du
Général en Chef.
Schwarzenberg ? Peut-être, mais du reste il ne peut être
partout. J'en connais bien un qui serait à la hauteur ; mais il
ne vous convient pas et nous le marierons ; celui-là, c'est Tar-
chiduc Charles. Quant aux autres, aucun d'entre eux ne sau-
rait se mesurer avec un Gneisenau ou un Grolman (1).
Un peu piqué, je lui répondis : « Vous êtes réellement par
trop discret. Pourquoi donc ne pas nous citer aussi quelques
généraux russes. »
« Ah ! le persiffleur, me dit-il ; admettons que nos géné-
raux ne soient pas fameux, cela n'a aucune importance. Nos
1. Grolmann (Charles-Guillaume de) (1777-1843), s'engagea en 1795, sous-
lieutenant (1797), lieutenant en 1804, promu capitaine en second pendant la cam-
pagne de 1806, il échappa à la capitulation de Prentzlow. Passé à l'état-major
du corps de Lestocq, membre de la Commission de réorganisation de l'armée
avec Scharnhorst après Tilsit, membre et chef du Tugendbund, il prit en 1809
du service en Autriche et fut attaché à l'état-major de l'archiduc Charles.
Ennemi acharné de la France, il quitta l'Autriche à la paix et passa en
Espagne où il obtint un commandement dans la légion étrangère que venait
d'organiser la Junte de Cadix. Compris dans la capitulation de Valence et
interné à Beaune, il s'échappa, revint en Prusse, rentra dans l'état-major
avec le grade de major et fit les campagnes de 1813 et 1814. Général-major
après la paix de Paris, envoyé à Vienne, pendant le Congrès, Quartier-maître
général de Blûcher en 1815, il se retira un moment en 1819. Promu général-
lieutenant en 1825, commandant à Glogau jusqu'en 1833, il devint comman-
dant en chef dans le grand-duché de Posea et enfin général d'infanterie en
1837.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 713
Cosaques se chargent de les remplacer et de faire la besogne. »
La conversation a continué encore un peu jusqu'au moment
où Anstett a dû se rendre chez le prince Lubomirski.
1117. Vienne, 23 décembre 1814 (F. 6. ad 3565).
à HAGER (en français).
Conversation avec Wolkonsky. Les préparatifs militair s de l'Autriche et
les concessions d'Alexandre. L'action do la France d'après La Martinière et
le rôle de Talleyrand. Les offres du secrétaire de l'Impératrice.
J'ai encore passé la soirée du W chez Willie où il y avait
nombreuse société. A la fin resté seul avec lui et Wolkonsky,
je dis au premier que j'avais pris les informations qu'il m'avait
demandées relativement à nos forces militaires. Je lui dis qu'un
recrutement général allait être ordonné, que plusieurs confé-
rences avaient déjà eu lieu à ce sujet et qu'on avait passé des
marchés de fournitures tant en Illyrie qu'en Hongrie et en
Pologne, enfin j'ai dit tout ce que je croyais de nature à prou-
ver aux Russes que l'Autriche était sur un pied respectable.
Le prince Wolkonsky remarqua que ces préparatifs ne pou-
vaient avoir lieu que contre les Turcs, vu qu'Alexandre se
voyait obligé de céder de plus en plus tous les jours et qu'on
devait cela à l'Angleterre qui venait, on ne sait trop pourquoi,
de rompre les relations commerciales avec la Russie.
Le 21, après le ballet de Nina, j'invitai à souper le secré-
taire de l'Ambassade française La Martinière. Il me parla des
affaires comme les Français ont l'habitude de le faire, c'est-à-
dire en attribuant à la France tout ce qui se fait de bien pour
la félicité de la postérité. C'est Talleyrand qui a ouvert les
yeux du Congrès, c'est lui qui, aidé par le Parlement anglais,
a déjoué les projets d'agrandissement du Prince Régent rela-
tivement au Hanovre que la Russie et la Prusse, lors de leur
séjour à Londres, avaient promis de soutenir au Congrès de
tout leur crédit. 11 m'ajouta même que l'Empereur de Russie
et le Roi de Ppusse étaient tellement confus qu'ils n'osaient
presque se mettre en route pour retourner dans leurs Etats res-
pectifs.
714 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Le secrétaire de l'Impératrice de Russie, M. de Long-inold,
a payé hier à un vieil officier pensionné 50 ducats contre quit-
tance. Il m'a offert de présenter une requête pour obtenir un
secours. Je Fai remercié en lui disant que cela répugnait à ma
délicatesse, que d'ailleurs une telle démarche révolterait contre
moi ma sœur qui jouit de la plus grande considération à la
Cour de Saint-Pétersbourg.
1118. Vienne, 22 décembre 1814 (F 6. 5106 ad 3565).
0.... à HAGER (en français).
Les espérances des Polonais encouragées par les procédés du grand-duc
Constantin, mais contredites par les velléités de concession d'Alexandre.
Le comte de Skarbek me dit que les lettres nouvellement
arrivées de Varsovie annoncent qu'au milieu d'une fluctuation
de diverses opinions la majorité est toujours soutenue par
l'espoir de voir enfin couronnés les souhaits des patriotes. Cet
espoir est soutenu tant par les procédés du grand-duc, qui
en tout ce qu'il fait agit dans l'esprit des patriotes, que par
les différentes ordonnances du gouvernement provisoire et des
règlements qui s'accordent moins avec leur possession mo-
mentanée qu'ils ne visent à un gouvernement stable et affermi.
On y règle pour l'avenir la manière du recrutement et des
prestations ; le Ministère de toutes les branches est mis en nou-
velle activité ; on procède à la liquidation de la dette publique
et les places vacantes des employés, qui s'étaient absentés à l'en-
trée des troupes russes, doivent être incessamment conférées.
Les espérances que continuent à avoir les patriotes polonais
ne s'accordent cependant guère avec ce que j'ai appris hier
par des personnes de l'Ambassade Russe. On m'y a dit que
l'Empereur de Russie était définitivement décidé à ne plus
soutenir les prétentions de la Prusse sur la Saxe et à se dé-
partir lui-même des siennes sur tout le duché de Varsovie. 11
aurait dit à ses Ministres : « Je pourrais bien, comme l'a fait
Napoléon, décider l'affaire en faisant marcher 500.000 hommes ;
mais comme je ne suis pas ici pour la guerre, mais pour con-
solider la tranquillité de l'Europe, j'abandonne mes préten-
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 715
tions et veux me contenter d'une indemnisation par une partie
du Duché. »
Les Polonais, qui ont appris cette même nouvelle, ont peine
à y ajouter foi et Skarbek, en parlant de cette circonstance, me
dit que cela ne peut s'accorder avec ce qu'on écrit de Varso-
vie, où Ton assure que l'Empereur Alexandre doit être pro-
clamé et couronné Roi de Pologne dans le courant de février...
1119. Vienne, 22 décembre 1814 (F. «, 5106 ad 3565).
® 0 à HAGER (en français).
Les nouveaux feld-maréchaux autrichiens. Le prince d'Orange et l'archidu-
chesse Léopoldine. Le changement d'attitude de lord Gastlereagh et de l'An-
glaterre. L'Autriche. Consalvi et las Légations. Le Concordat avec l'Alle-
magne. Les Médiatisés et la Prusse.
On a dit hier chez Sidney Smith, où il y a tous les mercre-
dis deux fois plus de monde que ne peut en contenir l'appar-
tement, que le Prince Régent d'Angleterre, le duc d'York (1)
et le prince d'Orange ont été faits feld-maréchaux autrichiens;
qu'on a donné au prince d'Orange le régiment Hohenlohe (2)
et que ce prince allait épouser l'archiduchesse Léopoldine (3).
Le colonel comte Latour (4) m'a dit hier : « Je sais de façon
positive que lord Gastlereagh est dans le plus grand embar-
ras. Arrivé à Vienne avec l'ordre de laisser la Prusse annexer
la Saxe pourvu qu'on consente à arrondir le Hanovre, il a, il y
a peu de temps, reçu, évidemment sous la pression de l'Oppo-
sition, des instructions diamétralement opposées et lui pres-
1. York et Aibany (Frédéric, duc d') (1769-1837), frère du Prince Régent,
celui-là même qui commanda en 1793 les troupes anglaises qui opérèrent de
concert avec le prince de Cobourg. Nommé en 1811 par le Prince-Régent
feld-maréchal et commandant en chef de l'armée de terre, il fut, après la
mort de la princesse Charlotte en 1817, proclamé héritier présomptif de la
couronne,
2. Ce régiment est aujourd'hui le 26* régiment d'infanterie hongroise
Schreiber.
3. L'archiduchesse Léopoldine épousa un peu plus tard l'Empereur du Bré-
sil Don Pedro et le prince d'Orange, la grande-duchesse Anna Pavlovna,
sœur de l'Empereur Alexandre.
4. Attaché à la personne et au ssrvicc du prince royal de Wurtemberg
pondant son séjour à Vienne.
716 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
crivant de s'opposer à tout prix à la cession de la Saxe à la
Prusse. Lord Castlereagh s'est conformé aux ordres qu'il a
reçus, et c'est là ce qui arrête la marche du Congrès.
Le comte Antonelli me raconta que l'Empereur d'Autriche
a répondu au cardinal Consalvi, qu'il n'avait pas élevé de pré-
tentions sur les Légations, mais que d'autre part on avait fait
valoir que le retour des Légations au Saint-Siège lui semblait
douteux.
Bildt, Tiirkheim, Gagern, Plessen (i) se plaignent vivement
des idées ultramontaines émises par Consalvi et soutenues par
l'Autriche à propos du Concordat avec l'Allemagne.
L'animosité des Médiatisés contre la Prusse ne diminue pas
et tous ces Princes réclament le rétablissement de l'Empire
germanique et la restitution de la couronne impériale à l'Em-
pereur d'Autriche.
1120. Vienne, 21 décembre 1814 (F. 6. 5106 ad 3565).
ROI de PRUSSE au Général Lieutenant V. KIRKNITZ (?) (i;
(à Berlin) (analyse) [inlercepta).
Le Roi est entièrement rétabli, mais il a des craintes pour
l'avenir. En lui accordant sa mise à la retraite, le Roi ajoute
« Je suis, Dieu Merci, entièrement rétabli. Mais les grandes
affaires n'avancent que bien lentement. Pourvu seulement que
tout finisse bien, on n'aura pas le droit de se plaindre. »
1121. Vienne, 22 décembre 1814 (F. 6. 5106 ad 3565).
LINDEN au ROI de WURTEMBERG [mlercepUi)
(fragment d'un chiffon).
L'Autriche, sur le point de rompre avec la Prusse et la Rus-|
sie, a le plus grand intérêt à s'assurer le concours des forcer
1. Plessen (Léopold, baron de), Ministre d'Etat et plénipotentiaii-c de Meck j
lembourg-Schewrin.
2. Je n'ai pu trouver trace d'un général de ce nom. Peut-être s'agit-il le
du général de Minkwitz.
l'ouverture du COiNGRÈS. — L> SAXE ET LA POLOGNE 717
de toute l'Allemagne, ou au moins des états de... et cela le
plus tôt possible.
1122. Vienne, 22 décembre 1814 (F. 6. 4901 ad 3565)
HAGER à l'EMPEREUR
(Bordereau et rapport journalier du 24 décembre 1814).
Liste des intercepta des 22 et 23 décembre.
En outre de ceux qu'il a paru intéressant de reproduire plus
loin, les uns in-extenso, les autres en résumé, Hager appelait
l'attention de l'Empereur sur :
1° Deux billets de Stein, l'un à Capo d'Istria, l'autre à Klii-
ber.
2» Une note de Craufurd (1) à Canning (sir Stratford)
(l'invitant à faire remettre à une date postérieure au 14 février
la réunion primitivement fixée au 5 janvier, parce que le Go-
mité des affaires suisses n'aura pas terminé son travail avant
cette date. Mais il ne faut pas qu'on s'inquiète pour cela).
3° Hacke à Bernstorff (envoi de la copie d'une lettre confi-
dentielle du prince de Metternich au prince de Hardenberg en
date de Vienne le 22 octobre 1814) (2).
4" Addington à Ganning (Deux envois de pièces relatives
au Valais et au Tessin).
1. 11 s'agit ici de Quintin Craufurd, délégué à ce moment à Paris pour
fixer avec le gouvernement français le mode de paiement des arrérages de
rente perpétuelle ou de rentes viagères dus aux créanciers anglais. Le même
qui transmit le 29 avril 1815 à lord Gastlereagh une curieuse lettre de M"» de
Staël en date du 23.
Né en 1743, mort en 1819, venu à Paris en 1780, très dévoué à la famille
royale il prit une part active à la préparation de la fuite à Varenne et de
toutes les tentatives d'évasion. Rentré à Paris en 1792, il en repartit après le
10 août et n'y revint qu'après la paix d'Amiens et grâce à ses relations avec
Talleyrand il fut le seul Anglais autorisé à y rester (Cf. Mémoires de M"" du
Hausset et Mémoires de M°" de Mottevitle). « Un Anglais, dit de lui Frédéric
Masson à Napoléon et sa famille. X, p. 321 et suivantes, qui avait fait fortune
au service de la Compagnie des Indes, mari d'une ancienne danseuse qui pré-
tendait que ses enfants étaient les fils d'un duc de Wurtemberg..,, grand col-
i-Sî lectionneur de tableaux et de meubles rares qu'on vendit en 1820 après sa
mort. Il acheta pour 800.000 francs l'hôtel de Pauline Borghèse, y compris
les meubles qu'il mit à part pour 300.000 francs. Peu de temps après l'hôtel,
•ujourd'hui l'Ambassade d'Angleterre, fut acheté le 14 octobre 1814 par le
iC de Wellington pour le gouvernement anglais.
Cf. d'ANGEBERG, 1939-1941.
lis-
718 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
1123. Vienne, ?3 décembre 1814 (F. 6. 4901 ad £565 .
SICGART à HAGER
Marie-Louise, les portraits de Napoléon et les armoiries de ses voitures.
Avant d'aller le 'i'i au Palais à Vienne, Marie-Louise a tiré
de son armoire deux portraits de Napoléon, dont elle a fait
cadeau à M"" de Brignole qui les a emportés chez elle, les a
embrassés en pleurant et en sanglotant même si fort que tout
le monde l'a entendue. Puis elle a raconté la chose à Bausset
qui s'est mis dans une rage telle qu'aucun domestique n'a osé
entrer chez lui bien qu'il ait sonné plusieurs fois.
La gaieté et la bonne humeur de Marie-Louise ont été re-
marquées par tout le monde. Elle a donné Tordre de changer
les armoiries de ses voitures.
Méneval écrit au baron Finot, préfet du Mont-Blanc, sous
le couvert de Crages (?).
(A ce rapport était joint un chiffon insignifiant signé Thérèse
et trouvé chez M"^* da Brignole.)
1124. Vienne, 23 décembre 1814 (F. 6. 4901 ad 3565).
GQEHAUSEN à HAGER
Fontanelli a recule 20 la visite de Tascher et de Battaglia (1
avec lesquels il a travaillé et écrit une partie de la journée.
1125. Vienne, 22 décembre 1814 (F. 6. 4900 ad £565).
à HAGER
La conspiration de Milan et les projets de Murât.
Guicciardi m'a parlé de la conspiration de Milan et de l'ar
restation de Rasori qu'on croit être en correspondance ave<
1.11 s'agit là ou d'Antonio Battaglia, avocat au Conseil d'Etat (du royaume
d'Italie^ ou plus probablement du baron Bataille, aide de camp du prince Eu
gène.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 719
de hauts personnages àNaples. On se proposaitde faire éclater
une révolution, dès que Joachim viendrait soutenir par les
armes la cause des Italiens et les aider à secouer le joug des
Autrichiens.
1126. Vienne, 23 décembre 1814 (K. 6. 4901 ad 3565).
.... à HAGER
Nouvelles relatives à l'organisation de la Suisse.
L'organisation de la^Suisse avance (1). Le pacte fédéral, qui
doit sanctionner la réunion des treize cantons, est fixé et les
puissances sont d'accord sur ce point. Les Ligues Grises récu-
pèrent la Valteline,Ghiavenna et Bormio, que Bonaparte avaient
jadis réunis à la Cisalpine.
1127. Vienne, 23 décembre 1814 (F. 6. 4901 ad 3565).
GŒHAUSEN à HAGER
Renseignements sur Veith, homme de confiance d'Hardenberg,
et ce que l'on a réussi à en tirer.
Hardenberg a à son service un nommé Veith, d'Ansbach un
ancien soldat, agent secret depuis 1806, homme de confiance
et garçon de chancellerie de Hardenberg et qui a 1.000 thalers
d'appointements. Il a dit dernièrement à un de mes agents,
qui a pu gagne- sa confiance en se faisant passer pour un an-
cien officier prussien, que la Prusse ne poussera pas à l'ex-
trême l'affaire de Saxe. « Nous ne saurions, a-t-il dit, soute-
dr une nouvelle guerre, vu que l'Angleterre ne nous donne
lus de subsides. Nous demandons beaucoup, c'est fort natu-
îl, mais nous sommes tout prêts à négocier et à en rabattre. »
On affirme d'autre part que Jordan aurait reconnu que la
Crusse était poussée par la Russie, qu'on ne se dissimulait pas
'injustice à laquelle on était obligé de se prêter. Il a ajouté
le tout s'arrangerait parce que la Prusse n'était pas en état
supporter une nouvelle guerre.
1. Cf. d'ANGEBERG, 528-531 ; 537-539 ; 544-553, 560.
720 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
1128. Vienne, 23 décembre 1814 (F. 6. 4900 ad 3565).
e e à HAGER
Ce qu'on a fait dire et entendu dire à Dalberg la veille.
Voici le résumé de tout ce que j'ai pu savoir hier par et chez
Dalberg.
Talleyrand a, paraît-il, combiné avec les Russes un nouveau
partage du Grand-Duché de Varsovie entre ia Russie, la Prusse
et l'Autriche. La Wartha sera la frontière de la partie attri-
buée à la Prusse. Cet accord réglerait les questions de Saxe
et de Pologne.
La réponse qu'Hardenberg a faite à Metternich au sujet de
la Saxe le 21 décembre (1) renvoie le prince à sa lettre du
22 octobre, dans laquelle l'Autriche consentait à l'incorporation
de la Saxe à la Prusse, sous la condition d'attribuer au Roi de
Saxe un établissement sur le Rhin.
Metternich nous (à la France) a communiqué la réponse
d'Hardenberg. Nous avons donné à Castlereagh, à Wrede, à
Schulenburg, à Metternich, à Hardenberg un résumé de l'état
des affaires en même temps que nous avons porté à leur con-
naissance le projet du nouveau partage du Grand-Duché de
Varsovie, grâce auquel on règle du même coup tout ce qui a
trait à la Saxe. Une commission du Congrès sera chargée de
régler la question contradictoirement avec la Prusse qui, après
avoir reçu sa part dans le nouveau partage, n'aura plus aucun
droit à l'obtention d'autres compensations.
Il paraît de plus, toujours d'après le dire de Dalberg, qu'au
moment même où la tension était le plus aiguë entre Harden-
berg et Metternich, celui-ci lui aurait écrit une lettre particu-
lière, dans laquelle il se laissait aller à de violentes attaques
contre Alexandre (2). Hardenberg, comme il était aisé de le
prévoir, s'empressa de porter de suite le billet à l'Empereur
de Russie, qui fît aussitôt appeler Metternich, avec lequel il eut
une scène encore plus orageuse que les précédentes (1). Il ré-
1. Il s'agit évidemment de la note d'Hardenberg datée du 16 décembre et
remise à Metternich le 20. Cf. d'ANOESERG, 531 et 1952-1961.
2. Cf. Talleyrand au Roi. Vienne, 15 décembre 1814, (Dépêche n" 16(Pal-
LAiN. Correspondance inédite, 181-182) et Gentz. Tagebûcher, 339, lundi 12 dé-
cembre, « Grands orages politiques ».
L^OUVERTURE DU CONGRÈS, — LA SAXE ET LA POLOGNE 721
suite de tout ceci, d'après ce que je viens d'apprendre, qu'on
travaille plus vivement que jamais au remplacement de Met-
ternich par Wessenberg. Ce dernier est du reste bien mieux
que Metternich au courant de ce qui se passe et de ce qui s'est
passé au Congrès. Un pareil choix sera favorablement accueilli
par toute l'Europe et les affaires marcheront mieux.
Dalberg s'est répandu en éloges sur le compte de Wessen-
berg.
Il m'a dit encore : « L'Empereur de Russie a la tête un peu
à l'envers, le cerveau détraqué tout comme feu l'Empereur Paul.
Il finira comme son père... »
1129. Vienne, 21 décembre (F. 6. 4901 ad 3565).
CAPO D'ISTRIA à STEIN {intercepta pris chez Stein).
Nous serons à une heure chez Votre Excellence. Ainsi je me
conformerai à vos ordres et profite de cette occasion pour vous
remettre, Monsieur le Baron, les papiers concernant la Cons-
titution des villes libres de Cracovie et de Thorn.
1130. Vienne, 22 décembre 1814 (F. 6. 4901 ad 3565).
GASTLEREAGH à TALLEYRAND (intercepta) (en français)
(analyse).
Admission de la France à la commission de statistique.
Le prince a désiré — Castlereagh l'a appris par son frère
.ord Stewart — que la France soit représentée à la Commis-
' J sion de Statistique. Il s'est fait un plaisir de transmettre ce
désir à ses collègues qui se sont empressés d'y faire droit (1).
1. Cf. d'ANGEBERG, 561-568. Instruction proposée par le Prince de Metter-
Ich pour les Plénipotentiaires de la commission de statistique, etc., etc.,
lienne, 24 décembre et procès-verbal de la première séance de la commission de
atistique le 24 décembre 1814.
T. I. 46
722 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
1131. Vienne, 22 décembre 1814 (F. 6. 4901 ad 3565).
STEIN à HARDENBERG {intercepta) (en français).
Communications et explications relatives à Tarnopol.
Je VOUS envoie, cher prince, les détails sur Tarnopol que la
Russie cède à TAutriche. Celle-ci gagne par là : 1° la commu-
nication entre la Bukovine et la Galicie ; 2° un pays qui a de
superbes pâturages pour les haras et troupeaux de bétail ;
3° le cours du Dniester ; 4° la sûreté pour Léopol (Lemberg),
dont Tarnopol n'est éloigné que de sept heures ; 5° l'approvi-
sionnement de Léopol qui tire ses denrées du cercle de Tarnopol.
N.B. — Avec les mémoires relatifs aux parties de la Gali-
cie qui, d'après la décision prise dans la conférence du 24 fé-
vrier-8 mars 1810, doivent être cédées définitivement à la
Russie (1).
1132. Vienne, 21 décembre 1814 (F. 6.4901 ad 3565).
ROSENCRANZ au Comte SCHIMMELMANN (à Copenhague)
(sous couvert à Macke, à Hambourg) (intercepta) (en français),
La crise dure encore, mais tire à sa fin. Le roi de Wurtemberg est le seul
dont le départ soit fixé.
Je m'étais proposé de renvoyer l'un des courriers ce soir ;
mais le Roi a trouvé bon de suspendre l'expédition jusqu'à de-
main ou après-demain. Comme il se trouverait donc que Votre
Excellence resterait trop longtemps privée de nos nouvelles,
j'ai cru de mon devoir de l'informer que la crise dans les né-
gociations dure encore, mais qu'elle paraît effectivement s'ap-
procher de son terme.
Après-demain, on fêtera le jour de naissance de l'Empereur
de Russie. Le roi de Wurtemberg partira tout de suite après
Noël. Mais jusqu'ici il n'y a encore rien de fixé quant au dé-
part des autres souverains.
Le Roi se porte parfaitement bien.
J'ai l'honneur d'être, etc..
1. Cf. Traité de Lemberg signé le 19 mars 1810.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 723
1133. Vienne, 23 décembre 1814 (F. 6.4901 ai 3565.
... à HAGER (intercepta) (en français).
Etat de situation de l'armée russe.
Le dernier courrier arrivé de Varsovie a apporté la situation
générale des forces militaires delà Russie, fin novembre, dont
le nombre monterait à 550.000 hommes, chiffres qui me semblent
fort exagérés.
Deux divisions en Finlande.
La garde à Saint-Pétersbourg.
Le corps des grenadiers a été augmenté de 6 régiments de
chasseurs formant maintenant 3 divisions et est cantonné entre
Riga et Mittau.
La Grande armée (sous les ordres de Barclay de Tolly), quar-
tier général, Varsovie, 7 corps d'armée à Vilna, Kovno, Grodno,
Brest -Litewski, Varsovie, Lublin et Cracovie.
L'armée de Bennigsen (2 corps d'armée) (quartier géné-
ral Kamenetz Podolsk). Les corps à Dubno et Kamenetz Po-
dolsk.
Un corps d'observation contre les Turcs à Bender.
L'armée, que commandait auparavant Bennigsen, composée
de bataillons et d'escadrons de réserve, est incorporée dans
la Grande armée de Barclay de Tolly. La force des bataillons
a été portée à 1.060 hommes répartis entre six compagnies.
D'après ce rapport, il doit y avoir encore, après l'augmenta-
tion des bataillons, de 1.000 à 1.200 hommes de surcomplet
par régiment et Barclay de Tolly aurait demandé s'il fallait
renvoyer le surcomplet dans les dépôts.
1134. Londres, 27 novembre 1814 (F. 6. 4901 ad 3565).
~ LIEVEN à NESSELRODE [intercepta) (en français).
L'arrestation de lord Oxford. Lady Oxford maîtresse de Joachim. But du
voyage de lord Oxford à Londres et insuccès de sa mission. Explications
données par le gouvernem;nt français. Intervention de Wellington. Les
Imégociations de Gand. Probabilité d'une solution favorable et prochaine.
Votre Excellence aura été informée de l'arrestation de lord
tford près de Paris et de la saisie de ses papiers par les agents
724 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
de la police française. Je crois devoir ajouter aux rapports, qui
en auront été faits directement de Paris à Votre Excellence,
les derniers que j'ai recueillis ici sur cet événement.
Lord Oxford est établi à Naples depuis assez longtemps. 11
est dans l'intimité la plus grande delà Cour, et sa femme, bien
connue pour ses galanteries et son esprit d'intrigue, passe pour
être la maîtresse de Joachim. Celui-ci a profité de sa liaison
pour attirer ce Seigneur anglais dans son parti et dans la vue
de servir en même temps les intérêts de son amour et de sa
politique, il avait engagé lord Oxford à se rendre en Angle-
terre pour travailler surl'esprit du Gouvernement en sa faveur.
Lord Oxford s'y est prêté avec d'autant plus d'empressement
qu'il espérait, s'il réussissait dans sa négociation, obtenir le
poste de Ministre à Naples.
Il est arrivé en Angleterre au mois d'août dernier, s'est an-
noncé auprès du Ministre comme chargé par le Roi Joachim
de plaider sa cause auprès du Gouvernement. 11 a eu à ce
sujet plusieurs conférences avec les ministres et même une
audience avec le Prince Régent. Mais toutes ces ouvertures se
sont bornées à assurer le Gouvernement du dévouement du Roi
Joachim à l'Angleterre et de sa haine pour Napoléon. Ces deux
protestations, qui n'étaient appuyées d'aucune preuve, n'ont
pas paru des titres à l'attention du ministère, et la soi-disant
mission de lord Oxford a échoué faute de moyens de la sou-
tenir. Il s'en retournait à Naples par Paris, lorsqu'il fut arrêté
par la police à quelques lieues de cette capitale et dépouillé de
toutes les lettres dont il était porteur.
Le Gouvernement français allègue en justification de ce pro-
cédé qu'il avait été informé que lord Oxford était muni de
beaucoup de lettres particulières et comme il existe une loi
particulière à ce sujet afin que les voyageurs ne portent pas
atteinte aux revenus des postes, il avait ordonné la saisie
des lettres dont il était muni en contravention de cette loi, et,
qu'en outre le gouvernement avait lieu de suspecter lojrd Oxford
de favoriser, par intention ou par ignorance, des correspon-
dances entre des officiers français et le Roi Joachim.
Le duc de Wellington, sous la protection duquel lord Oxford
s'est mis après cet événement, ne s'est pas contenté de deman-
der des excuses; il a demandé une explication de l'outrage com-
mis sur la personne d'un seigneur anglais.
La réponse du Gouvernement français n'avait pas encore
j
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 725
été remise au duc de Wellington au moment où il en a rendu
compte au Ministère.
Lord Oxford est un homme d'un esprit très borné. 11 s'est
toujours trouvé dans l'Opposition ; mais à son dernier séjour
en Angleterre il a adhéré au parti de l'Administration et a
même remis en partant son vote au Parlement à lord Bathurst.
J'ai eu connaissance dans le temps du motif de son arrivée en
Angleterre, mais je n'ai pas jugé qu'il valût la peine d'en faire
mention à Votre Excellence, ayant appris en même temps que
le Ministère n'avait prêté aucune attention aux tentatives in-
signifiantes de lord Oxford.
Les négociations de Gand se poursuivent avec une grande
activité. Le cabinet de Saint-James s'en occupe sans relâche
depuis la clôture du Parlement et paraît nourrir l'espoir d'une
prochaine et favorable issue.
1135. Vienne, 25 décembre 1814 (F. 6. 5119 ad 3565).
HAGER à l'ExMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 25 décembre 1814.
Intercepta (Cabinet noir) du 23 décembre. A signaler parmi
ces pièces :
Humboldt à Vera (13 décembre). (Les réclamations du Prince
Ludovisi Buoncompagni sur l'île d'Elbe lui paraissent fort
justes. Comme il ne s'occupe pas des affaires d'Italie, il les
transmettra et recommandera à qui de droit.)
Castlereagh à Munster (23 décembre) (en anglais). (Dans
l'état actuel des affaires il paraît sage et utile de garder sur
pied et de maintenir sur place les 15.000 hommes de troupes
hanovriennes stationnées dans les Pays-Bas. Le Hanovre devra
naturellement pourvoir à leur entretien jusqu'à ce qu'on ait
réglé le nouveau statut.)
1136. Vienne, 24 décembre 1814 (F. 6. 5119 ad 3565;.
.... à HAGER
Intercepta pris chez Castlereagh.
27 pièces envoyées à la Manipulation le 23 et le 24 malgré
la difficulté que présente l'opération.
726 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
1137. Vienne, 24 décembre 1814 (F. 6. 5119 ad 3565).
.... à HAGER
Etat des esprits en Prusse.
Bien que dans l'entourage des Ministres prussiens on per-
siste à dire que rien ne saurait décider la Prusse à renoncer
à la Saxe, il semble au contraire que l'esprit public en Prusse
soit nettement oposé à un conflit armé avec l'Autriche.
1138. Vienne, 24 décembre 1814 (F. 6. 5119 ad 3565'.
.... à HAGER
Il a été absolument impossible d'intercepter les dépêches
envoyées par Hardenberg à Castlereagh, parce qu'il les a fait
porter d'urgence par un des secrétaires de l'Ambassade.
1139. Vienne, 24 décembre 1814 (F. 6. 5119 ad 3565).
.... à HAGER
Le prince royal de W^urtemberg et son mariage.
Le Prince royal de Wurtemberg, qui a été alité pendant trois
jours, a passé tout l'après-midi d'hier chez la Grande-Duchesse
d'Oldenburg. il paraît que le Saint-Synode a aplani toutes les
difficultés relatives du mariage.
1140. Vienne, 24 décembre 1814 (F. 6. 5119 ad 3565).
... à HAGER
Le billet signé Thérèse. Les promenades de Marie-Louise avec Neipperg.
Le billet signé Thérèse est de la main de la femme de
chambre française de Marie-Louise et était adressé à un baron
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 727
Vernets (1), qui ferait partie de la Légation de France.
Neipperg et le vice-roi sont venus rendre visite à Marie-
Louise qui s'est promenée dans Taprès-midi du côté d'Het-
zendorf avec Neipperg et M"^' de Montesquieu.
1141. Vienne, 24 décembre 1814 (F. 6. 5109 ad 3i65).
0© à HAGER
Neipperg et Marie-Louise. Le roi de Rome. Bruit de départ de Gastlereagh.
Le D' Franck (2), qui soigne la princesse Fûrstenberg, y a
raconté que Neipperg faisait une cour assidue à Marie- Louise
qui le trouve très à son goût, ce qui désole son entourage
français.
Le docteur a dit aussi que le petit Napoléon est un enfant
méchant et surtout très entêté.
Lord Gastlereagh a annoncé hier qu'il retournerait en An-
gleterre au commencement de février et qu'il abandonnerait le
Congrès à son sort si jusque-là tout n'était pas fini.
1142. Vienne, 24 décembre 1814 (F. 6. 5109 ad 35©5).
.... à HAGER
Efïet produit par les brochures sur la Saxe et la Prusse.
La brochure : Sachsen und Preusse?i faite en réponse à la
brochure prussienne : Preussen und Sachsen fait beaucoup
d'effet.
1143. Vienne, 22 décembre 1814 (F. 6. 5109 ad 35«5).
HEILMANN à son père {Intercepta) {Analyse).
Les paroles de Capo d'Istria lui donnent bon espoir.
Il déplore les lenteurs et les difficultés qu'on rencontre. Il a
îpendant bon espoir surtout après la conversation qu'il a eue
1. Peut-être s'agit-il là de Vernègues.
2. Le docteur était à ce moment l'un des plus grands médecins de Vienne.
728 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
avec Capo d'Istria qui a conclu en disant : « Nous vous prépa-
rons une agréable surprise. Autant que cela pourra se faire, on
prendra vos droits en considération. >
1144. Vienne, 24 décembre 1814 (F, 6. 4337 ad 3565).
RATOLISKA à STRASSOLDO (à Bologne) (1) {Intercepta)
(analyse).
Reproches qu'on adresse à Gastiglioni. Rôle qu'on doit
lui assigner à l'avenir.
On reproche à Gastiglioni (2) d'avoir contrevenu à ses ins-
tructions en se faisant connaître aux ministres toscans et au
Grand-duc. Il a également enfreint les instructions relatives à
la correspondance d'Elisa avec diverses personnes de Toscane
et de Lucques et dont il a parlé encore aux ministres toscans.
Les renseignements sur Livourne et Tlle d'Elbe transmis
par Gastiglioni ne sont pas de lui, mais du vice-consul d'Au-
triche à Livourne, Tausch.
Strassoldo ne devra plus employer Gastiglioni (\u'A des
missions à l'intérieur et le charger seulement de la tenue des
registres et des états.
(Joint à cette pièce un grand rapport de Gastiglioni, de Bo-
logne le 6 décembre 1814, sur le projet de Mariotti d'enlever
Napoléon de Tlle d'Elbe, ainsi que l'énumération et l'exposé
des ordres que lui a donnés Strassoldo.
1. strassoldo (Jules, comte), conseiller J. et R. de gouvernement et d'inten-
dance, envoyé en mai 1814 à Parme pour en prendre possession au nom de
Marie-Louise, en qualité de commissaire impérial et transféré quelques mois
plus tard à Bologne en cette même qualité pour y assurer la réorganisation
administrative des départements du Reno, du Bas-Pô et du Rubicon.
2. Il ne peut s'agir ici, ni du comte Alfonso Gastiglioni, chambellan de
l'Empereur depuis 1776, l'un des chefs du parti autrichien à MiJan et qui fit
partie de la dépuiation envoyée à Vienne en septembre 1814, ni du comté
Louis qui avait été sénateur, ni du comte Charles-Octave, le fameux ar-
chéologue.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 729
1145. Vienne, 26 décembre 1814 (F. 6. 4902 ad 3565).
HAGER à l'EMPEREUR (F. 6. 5123 ad 3565).
Bordereau et rapport journalier du 26 décembre 1814.
Il appelle son attention sur un billet de la Comtesse Wrbna à
Stein (1), qui explique la nature de ses relations avec Stein et
son Empereur, puis sur les dires d'Anstett (2), enfin sur la
proclamation (vraie ou apocryphe) du grand-duc Constantin
aux anciens officiers polonais (3).
1146. Vienne, 25 décembre 1814 ('f. «. 4902 ad J565).
.... à HAGER
A signaler parmi les intercepta ; une lettre du 24 décembre
du conseiller Piquot sur les conditions de la cession de Gênes
à la Sardaigne et une autre de Linden à Capo d'Istria (le roi
de Wurtemberg le verra à deux heures chez Wintzingerode).
1147. Vienne, 25 décembre 1814 (F. 6. 4902 ad 3565).
e e à HAGER
Les cadeaux du roi de Wurtemberg. Nouvelles du Congrès.
Alexandre et le prince Eugène.
On ne parle que de la magnificence des cadeaux faits par le
roi de Wurtemberg au prince TrauttmansdorfT, au landgrave
Fûrstenberg (4) (que j'ai vu et estime valoir 2.000 florins), à
la garnison de Vienne, aux gardes, fonctionnaires et gens de
service du Palais.
1. Cf. pièce 1154.
2. Cf. pièce 1151.
3. Cf. pièce 1152.
4. Fiirstenberg (Frédéric-Charles-Jean-Népomucène-Egon, Landgrave) né
en 1774, chef à ce moment de la branche autrichienne de la famille Fiirsten-
berg et dont les possessions sont situées en Moravie et dans la Basse-Au-
triche.
730 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
On a affirmé hier soir chez Fûrstenberg que le Congrès allait
prendre une autre allure. La Saxe est conservée (l).La Prusse
aura Berg, Juliers et d'autres agrandissements en Allemagne.
Comme Gastlereagh, Talleyrand parle, lui aussi, de partir fin
janvier.
Alexandre continue à se promener tous les jours bras des-
sus, bras dessous, à pied avec le prince Eugène.
1148. Vienne, 25 décembre 1814 (F. 6. 4902 ad 3565).
.... à HAGER
Envoi de Beguelin à Neufchâtel.
Le Conseiller d'Etat prussien Beguelin désigné pour le poste
de gouverneur de Neufchâtel doit s'y rendre sous peu. (Rap-
port de chez Hardenberg).
1149. Vienne, 25 décembre 1814 (F. 6. 4902 ad 3565).
.... à HAGER
L'indisposition de Wrede.
Wrede a encore été en proie depuis le 21 à une assez dou-
loureuse indisposition causée par ses blessures et le D"" Franck
vient le voir deux fois par jour.
1150. Vienne, 25 décembre 1814 F. 6. 4902 ad3i;65).
.... à HAGER
Les parties fines du grand-duc de Bade. Le prince Eugène
et Séraphine Lambert.
Il y a eu le 23 chez le grand écuyer von Geusau une partie
fine organisée par ordre du grand-duc de Bade et du prince
héritier de Hesse-Darmstadt.
1. Cf. Talleyrand au roi. Vienne, 28 décembre 1814. Dépêche N" 18 (Pal-
LAiN, Correspondance inédite, etc., page 197-203).
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 731
Le prince Eugène a passé toute la soirée du 24 chez Séra-
phine Lambert.
1151. Vienne, 25 décembre 1814 (F. 6. 4902 ad 3565).
.... à HAGER
Haisons pour lesquelles Anstett continue à être pessimiste. Alexandre mène
la politique russe. Pourquoi Castlereag-h s'est entendu avec Metternich.
Anstett continue à voir les choses très en noir parce qu'A-
lexandre, qui a fait et fera des concessions sur la Pologne, ne
consentira jamais à abandonner la Prusse dans la question de
la Saxe. Il a ajouté que la Prusse et la Russie (1) discutent la
chose avec Castlereagh et que du reste aucun des trois repré-
sentants de la Russie au Congrès n'a le droit de dire quoi que
ce soit. Alexandre seulmène et décide tout.
Castlereagh est maintenant entre les mains de Metternich
et on est arrivé à ce résultat en faisant soutenir au Parlement
la cause de la Saxe par l'Opposition.
1152. Vienne, 24 décembre 1814 (F. 6. 4902 ad
.... à HAGER
L'ordre du jour du grand-duc Constantin. Préparatifs militaires des Russes.
Le grand-duc Constantin a, affîrme-t-on, lancé un ordre
du jour enjoignant à tous les officiers polonais en congé ainsi
qu'à ceux qui ont quitté le service à la suite de la campagne
de 1812, d'avoir à rejoindre et à se présenter dans le plus
bref délai.
Les Russes forment sans cesse de nouveaux magasins en
Pologne et en établissent même aux environs et à proximité
de Cracovie.
1. Cf. d'ÂNGEBERG, 1858-1S50. Conférence du 29 décembre. Ibidem. 1869-
1874. Conférence du 30 décembre, et 579-582. Note du comte de Nesselrode
du 31 décembre 1814 contenant les idées de la Russie sur les moyens propres
à fixer les rapports entre les Etats et à consommer l'œuvre de la paix.
732 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
1153. Vienne, 25 décembre 1814 (F. 4902 ad 3565).
FREDDI à HAGER (en français).
Agitation parmi les anciens militaires en Italie. Le procès des conjurés.
Constitution du tribunal.
On a beau soutenir le contraire, tous les militaires italiens,
réformés ou en retraite qui sont à Milan, et la plupart des
fonctionnaires ruminent quelque chose et au premier signal
se déclareront pour les rebelles. Murât est leur appui et il y
a certainement une correspondance entre Naples et Milan.
On m'écrit de Milan à la date du 13 qu'on a nommé une
commission mixte pour juger les coupables ; que Spiegel (1)
en est le président (Jésus) !) ; que Ghislieri est un des juges
(hélas !) ; que Sormani y est aussi (pas mal, il connaît le mé-
tier), que le conseiller délia Porta en est aussi (Dieu soit
loué ! voilà un juge, un homme sage, il vaut tout seul une
commission. Il était conseiller d'appel à Venise en 1805 et
c'est le plus digne des hommes et des juges) (2).
1154. / ne, 24 décembre 1814 (F. 6. 4902 ad 3565).
Comtesse WRBNA à STEIN {Inlercepta) (en français).
J'étais souffrante hier et le suis même encore aujourd'hui,
Konnte also bis jetzt von der Scluild noch nichts geniessen (3),
mais, j'y consacrerai mon premier instant de liberté. Si de-
main dimanche, vous avez un instant, venez à l'heure habi-
tuelle. Si vous ne pouvez pas venir demain^ venez aujourd'hui.
Mais je serai obligée de partir de bonne heure pour me rendre
là où peut-être bien l'Empereur ne m'attend pas, mais où il
me trouvera. Je vous aime bien.
1. Spiegel, général autrichien.
2. Cf. Pour la constitution delà Commission mixte dans C' Weil. JoacAim
Murât, la dernière année de règne, 515 et 524-527. Bellegarde à Hager, 6 dé-
cembre 1814 (Acten der Polizei Hofstelle. F. 568, 4713) et 27 décembre 1814
{R. Archivio di Staio Milan) {Atti Segreti).
3. Je n'ai donc pas jusqu'à cette heure joui en quoi qne ce soit du péché.
k
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 733
1155. Saint-Pétersbourg, 17-18 décembre 1814 (F. 6. 4902 ad 3565).
Anonyme à la Princesse BAGRATION (Intercepta) (en français).
Le correspondant se ralie au jugement du prince de Ligne sur le Congrès.
Alexandre aurait dû, au lieu de négocier, imposer ses volontés à l'Europe.
Je suis entièrement de votre avis et encore plus : « Que
tout ce dont on est forcé de s'apercevoir, on aurait bien pu
se donner la peine de le prévoir d'avance. » Il est étonnant
qu'avec autant d'esprit, de connaissance, de lumière et d'ex-
périence, on ne se rappelle jamais que le passé (sic) et on ne
veuille pas pressentir l'avenir. Que le Ciel fasse que cette nou-
velle réunion des Géants de la terre ne renouvelle pas l'exem-
ple de la Tour destinée à escalader le Ciel !
Je me tiens à l'avis de votre prince octogénaire (1), dont
l'esprit jeune et juste a tracé en grand peintre le portrait du
fameux Congrès de Vienne, en disant qu'il danse et ne marche
pas. Combien je regrette que notre auguste et magnanime Em-
pereur, le plus puissant, non seulement par sa puissance, mais
plus encore par ses sentiments et sa grande âme, qui a tant
fait pour le bonheur de l'Europe, n'ait pas voulu, au lieu de
le négocier, le commander lui-même. Cela était certainement
mieux et le plus sûr.
Travaillons maintenant à faire entendre aux sourds, à rendre
philanthropes les élèves de Mars, muets les canons et à mettre
d'accord les dissidents. La Providence, qui souvent d'une main
invisible et cachée mène les événements de ce bas monde, le
hasard ou la peur, qui commanda naguère la réunion et la bonne
harmonie de tant de braves, peuvent encore nous accorder des
succès inespérés. Mais il faudra y recourir pour tâcher de bien
terminer ce qui a été mal commencé. Mais Basta ! je crain-
drais de trop dire.
1. Le prince de Ligne, qui venait de mourir presque au moment môme où
l'on écrivait cette lettre à la princesse Bagration,
734 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
1156. Vienne, 27 décembre 1814 (F. 6. 5138 ad 3565).
HAGER à l'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 27 décembre 1814.
A signaler parmi les intercepta :
Stein au comte Solms-Laubach (Envoi d'un manuscrit :
Ansichtenûber die gegenwœrtige Verfassung der Rheinzœllé).
Stein à Vallmoden (Envoi du manuscrit : Notions sur la
campagne des Alliés contre le maréchal Davout).
Stackelberg à Nesselrode (2 paquets de papiers).
Gastlereagh à Hardenberg (Il demande par ordre du Prince
Régent une audience au roi de Prusse).
Gastlereagh à Nesselrode (Même demande pour l'Empereur
de Russie).
Gastlereagh à Lœw^enhielm (Il lui envoie sur sa demande
copie des articles secrets du Traité de Chaumont ainsi que
du relevé des dépenses faites par l'Angleterre en 1814 pour la
guerre contre la France).
Hager signale en outre à l'Empereur Texistence d'une cor-
respondance très suivie entre Gagern et lord Clancartj.
1157. Vienne, 26 décembre 1814 (F. 6. al 3565).
.... à HAGER
Surveillance de Sc'.iœnbrunn (1).
Neipperg et Gornacchia ont été tous deux ce matin chez
Marie-Louise.
Bausset demande la permission d'engager un domestique
de plus pour le prince de Parme (roi de Rome). Marie-Louise
lui déclare qu'elle ne l'y autorisera que lorsque son sort sera
fixé et lorsqu'elle saura quand elle partira de Schœnbrunn.
1. La surveillance de Marie- Louise a été remplacée par celle de Schœn-
brun, ce qui revient du reste absolument au même.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 735
1158. Vienne, 26 décembre 1814 (F. 6. ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Bruit relatif à la création d'un nouveau royaume d'Italie.
L'harmonie rétablie entre les deux empereurs.
On parle vaguement d'un nouveau royaume d'Italie et d'en
faire l'échange avec la Bavière proprement dite. L'Autriche
contre-balancerait ainsi la Prusse, si celle-ci obtient la Saxe.
Razoumoffsky dit à qui veut Tentendre que la meilleure
harmonie règne entre les deux empereurs pour le bien-être
général de l'Europe. Du reste, il est tout aussi taciturne sur
les détails que les autres Ministres.
1159. Vienne, 26 décembre 1814 (F. 6. ad 3565).
WEYLAND à HAGER
L'arrogance des Prussiens. Il leur faut la Saxe et les provinces i-hcnanes.
Les Prussiens (1) ont repris leur ton arrogant et cassant. Ils
déclarent que la Saxe leur est due et que le salut de l'Alle-
magne exige qu'ils aient les Provinces Rhénanes.
1160. Vienne, 26 décembre 1814 (F. 6. ad 3465).
0 0 à HAGER
L'arbre de Noël chez Arnstein. Une soirée chez Gastlereagh. Le Prince Eu-
gène et le Prince royal de Bavière. Ce que les Hollandais y ont dit de la
Prusse.
Grande réunion avant-hier chez Arnstein pour l'arbre de
Noël. On y voyait Hardenberg, Jordan, Hoffmann (2), le prince
1. Cf. ïalleyrand au Roi, Vienne, 4 janvier 1815, Dépêche n" 19, Pallain.
correspondance inédite, etc., etc. Page 210 ; d'ANOBBERO, 1869-1874. Confé-
rence du 30 décembre 1814. Projet de Convention proposé par les plénipo-
întiaires de Russie. Sohel, l'Europe et la Révalntion française. Tome Vlll,
îges 404-411.
1. Hoffmann (Jean-Godefroy) (1765-1847), professeur d'économie politique à
Lœnigsberg, conseiller d'Etat (1808), assista au traité de Paris et au congrès
le Vienne et suivit le prince de Hardenberg dans plusieurs missions diplo-
latiques. Auteur de la brochure : Preussen und Sachsen.
736 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Radziwill, Bartholdi, tous les parents baptisés et circoncis des
maîtres de la maison, et chacun des invités reçut un cadeau
pris sur l'arbre... Hardenberg s'est beaucoup amusé, mais
Humboldt n'y était pas...
Hier soir, beaucoup de monde chez Gastlereagh. Je cite les
personnages les plus marquants : Le prince Eugène, tout à fait
avant dans Tintimité de ladj Gastlereagh ; le prince royal de
Bavière avec Washington (1). Le prince a un organe des plus
désagréables. Depuis son arrivée à Vienne, il prend des leçons
de grec. Je l'ai entendu hier parler l'anglais et Titalien et on
ne s'est pas privé de se moquer de lui derrière son dos. Les
belles Anglaises surtout s'en donnaient à cœur joie. Le prince
royal semble faire grand cas du prince Eugène qu'il appelle
à tout instant : Che7' beau- frère.
Le Cher beau-frère a énormément d'esprit, de connais-
sances. Il a grand air, est beau et élégant, ce qui explique faci-
lement la grande influence qu'il exerce sur les princes, les
ministres et les dames, qui ne se gardent pas assez, mais sur-
tout sur l'Empereur Alexandre.
Il y avait encore chez Gastlereagh le cardinal Gonsalvi, les
deux Bernstorff, lord Stewart, Stratford Canning (2), Gagern,
Persoon, le secrétaire de la légation de Hollande, le comte Muns-
ter, plusieurs Italiens, Binder, Floret, la Princesse Jablo-
nowska, quelques Portugais et Espagnols.
Les Hollandais y ont dit que la Prusse ne considérerait pas
la Saxe une compensation suffisante pour la perte de la Po-
logne prussienne et qu'elle réclamerait en outre Liège, Luxem-
bourg et des indemnités sur la rive gauche du Rhin, et que
ces prétentions retarderaient forcément la solution de la ques-
tion de la Belgique.
1. Washington (baron), Maréchal de la Cour de Bavière.
2. Stratford Canning (Sir) (1786-1880), ministre d'Angleterre en Suisse (1814)
et acrédité au Congrès de Vienne. Ambassadeur à Saint-Pétersbourg (1824),
à Gonstantinople (1829). Membre de la Chambre des Communes, il retourna en
1842 à Constantinople où il résida avec quelques interruptions jusqu'en 1858,
époque à laquelle il rentra définitivement en Angleterre.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 737
1161. Vienne, 26 décembt-e 1814 (F. 6. ad 3565).-
Anonyme à GAGERN (Intercepta)
Le congrès. La paix plus probable que la guerre.
La constellation des puissances.
Notre Congrès, comme disait feu le prince de Ligne, danse
mieux qu'il ne marche et ce n'est cependant pas faute de tra-
vail en ce moment-ci.
On s'agite beaucoup et la chose n'est pas bien claire si paix
ou guerre en résultera, quoique je crois à la première.
La Prusse et la Russie d'un côté, et probablement l'Au-
triche, la France, l'Angleterre, nous autres, la Bavière de
Tautre (1). Si vous avez la démangeaison de vous battre vous
aurez le choix. Wellington serait un assez bon Schulmeister.
1162. Vienne, 26 décembre (F. 6 ad 3565).
Nota a HAGER (en français).
11 a été présenté à Dalbergpar Hacke. Ce que le duc lui dit du Tugendhnnd.
Utilité d'une alliance entre la France, l'Autriche et l'Angleterre. Animosité
de la Bavière contre la Prusse. Le départ des souverains n'est pas encore
fixé.
J'ai enfin réussi à me faire représenter et introduire chez
Dalberg par Hacke. Dalberg, fort loquace, a parlé de la Prusse
et du Tugendbund. S'étonnant que la Cour de Vienne voie et
laisse faire tout cela, il écrit que le Tugendbund fait beaucoup
le prosélytes ici, chose dangereuse et qu'il attribue à la légè-
reté avec laquelle Metternich dirige les affaires. Il regrette
îue la Cour de Vienne ne voie pas qu'il n'y a rien de faisable,
[ien de durable, rien d'utile pour elle et l'Europe qu'une
alliance intime entre la France et l'Angleterre, alliance qui
îxiste déjà entre ces deux puissances. Il déplore l'état de
1. Cf. ïalleyrand au roi de Vienne, 28 décembre 1814 (Dépêche n" 19).Fallain,
Correspondance inédite, etc., etc., p. 197-205. Gf d'ANGEBERG, 540-544. Lettre
le Talleyrand à Metternich en date du 19 décembre 1814. Ibidem, 1858-1869.
Conférence du 29 décembre 1814. Communications mutuelles pour l'ouverture
les conférances sur les affaires de la Pologne et de Saxe.
T. I. 47
738 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENINE
TAllemagne depuis la paix de Bâle, état qui l'a décidé à ser-
vir en France où du reste il n'est pas encore décidé à rester.
Il m'a invité à revenir le voir fréquemment.
Tout est calme dans le grand monde et profondément mono-
tone. Les aides de camp de Wrede continuent à déblatérer
contre la Prusse.
Rien de fixé pour le départ des souverains. Cependant Ncs-
selrode vend ses chevaux.
1163. Vienne, 28 décembre 1814 (F. 6. 5141 ad 3565).
HAGER à l'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 28 décembre 1814.
1164. Vienne, 27 décembre 1814 (F. 6. 5141 ad 3565).
Rappoht à HAGER
Hardenberg et Metternich.
Hardenberg a donné le 26 un grand dîner à la suite duquel
il a eu une conférence d'une heure, seul avec Metternich (1).
1165. Vienne, 27 décembre 1814 (F. 6. 5141 ad 3565 .
ee à HAGER
Les inspirateurs de la politique d'Alexandre.
D'après Dalberg, toujours très monté contre Alexandre, cet
Empereur serait entièrement mené par Czartoryski, Stein et
Gapo d'Istria.
1166. Vienne, 27 décembre 1814 (F. 6. 5141 ad 3565).
Chiffons mondains trouvés chez le prince Radziwill, ayant
trait à une représentation théâtrale, dont voici le programme :
1. 11 y avait ce soir-là bal chez Metternich.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 739
N" 1. Le troubadour chante.
N" 2. Le Pèlerin.
N° 3. La sentinelle.
N° 4. Les Adieux du Ciel.
N" 5. René.
N" 6. Bélisaire.
N' 7. Griselidis.
N" 8. Les adieux d'Emma.
N» 9. Chœur qui annonce le retour de la paix et du bonheur.
1167. Vienne, 27 décembre 1814 (F. 6. 5141 ad 3565;.
Rapport à HAGER
Intercepta pris chez Nesselrode, Radzîwill, Linden et Steia et rapport
sar Stein, sts soupçons et ses précautions.
Stein a envoyé hier (26) un paquet à Staegemann et une
lettre à Bernstorff qu'on a pas pu se procurer, parce qu'il a
dit à son valet de chambre, qu'ayant su et remarqué qu'on ou-
vrait ses lettres, il lui ordonnait d'avoir l'œil ouvert sur tous
les gens de la maison. Stein a dû apprendre cela dehors. Le
valet de chambre s'est acquitté de sa mission ; mais malgré
cela j'ai réussi à intercepter et à envoyer à la manipulation
une lettre du 27 au duc de Gobourg et à ramasser deux Ghif-
fons, une lettre de Gassel du 13 décembre du père de Stein et
une de Berlin du 18, peu importante en réponse à une missive
de Stein du 8 et reçue par le canal du Golonel von Miltitz.
.168. Vienne, 26 décembre 1814 (F. 6. 4902 ad 3565).
.... à HAGER
>éclara(ions de Gastlereagh, la cessation prochaino des subsides et son départ
prochain de Vienne. Effet calmant de ces déclarations sur les Prussiens.
On ne sait rien de la note (1), mais on dit que Gastlereagh,
1. Cf. d'Angeberg, 561-569. Instruction proposée par le prince de Metternich
)ur la commission de statistique. Notes de Metternich, de RazoumofTski et de
lardenberg des 27 et 28 décembre, pages 1850-1863. Cf. Sorbl, L'Europe et la
dévolution Française, tome VIII, p. 404-411.
740 AUTOUR DU CO>GRÈS DE VIENNE
a déclaré au nom de son gouvernement qu'on cesserait de
payer les subsides à partir du 15 janvier, si d'ici-là le Congrès
ne marchait pas autrement, et que lui-même avait d'ailleurs
l'ordre de quitter Vienne, sa présence à Londres étant deve-
nue nécessaire à cause des séances du Parlement.
Depuis lors, les Prussiens ont de nouveau un ton plus mo-
déré. La perspective d'une guerre, avec l'Angleterre ne leur
sourit guère. Ils disent qu'au lieu de la Saxe ils accepteront
une autre compensation en Allemagne de façon à avoir une
population totale de 11 millions.
1169. Vienne, 27 décembre 1814 (F. 6 ad. 3565).
Nota à HAGEPi (en français).
Capo d'istria et les afl'aires de Suisse. Les résolutions et les préparatifs de
la France d'après Dalberg. Murât doit être renversé et la Saxe rendue à
son roi. L'affaire Exelmans. Portée et extension de cette affaire.
Capo d'I stria m'a dit hier que la nouvelle Constitution de
la Suisse était finie ; qu'on allait la présenter au Congrès pour
y être sanctionnée (1) ; que son Empereur leur ayant demandé
comment il la trouvait, il lui avait répondu : « Excellente, car
« tous les partis en seront mécontents, et elle serait mauvaise
« si elle en avait contenté quelqu'un. Les autres ne la vou-
« draient pas. »
Il me dit aussi que la Valteline était décidément réunie aux
Grisons et qu'elle en faisait la quatrième ligue (2) ; Que la
Cour de Vienne s'était conduite dans cette affaire avec beau-
coup de noblesse et de désintéressement, et que vraiment cela
lui faisait honneur.
J'ai dîné hier avec Dalberg. A l'entendre, la France est déci-
dée à faire la guerre pour la Saxe et pour Naples, et Soult
aurait reçu les ordres de prendre les dispositions nécessaires.
Il m'a assuré que Murât ne resterait pas où il était. Il me
raconta que Louis XVIII a dit à Jaucourt, qui venait lui ren-
dre compte de ses conférences avec les ministres de Russie et
1. La nouvelle était fort prématurée.
2. Cf. D'Angeberg, 528-531. Septième protocole du Comité des affaires de
Suisse. Séance du 15 décembre 1814. Note présentée par la légation suisse
sur la réunion de la Valteline aux ligues grises, etc., etc.
l'ouverture du COiNGRÈS. — LA SAXE ET LA POLOGNE 741
de Prusse sur la Saxe : «Ma résolution est prise, je n'en dé-
mordrai pas (1). Il est de l'intéiêt et du devoir de la France
rendue à ses Rois que la légitimité des trônes soit rétablie
partout. La République a fait pendant vingt ans la guerre aux
Monarchies. Celles-ci ont gagné leur procès. A présent, ce sont
les nouveaux Souverains qui font la guerre aux anciens. Il
faut que nous gagnions aussi ce dernier procès. La Saxe doit
être rendue à son Roi et Murât doit descendre du trône de
Naples. L'Europe pourra alors espérer une paix durable. »
Le duc m'a raconté TafTaire du général Exelmans (2), ancien
adjudant de Murât. Il avait écrit à Murât une lettre qu'il
avait confiée à lord Oxford. Il lui disait qu'il lui était tou-
jours fidèle, qu'il avait k sa disposition 20.000 soldats prêts
à marcher en sa faveur, qu'il en aurait davantage si le cas
arrivait et qu'il attendait ses ordres.
Louis XVIII ordonna à Soult de le faire venir et de lui dire
que le Roi, qui pouvait le faire fusiller, le renvoyait chez lui
avec la moitié de sa solde. Exelmans osa dire que le Roi
n'avait pas le droit de le faire sans jugement et Soult décida
de le traduire devant une commission militaire.
Dalberg prétend qu'il y a une foule de gens compromis par
cette correspondance et qu'entre autres il y a des lettres de la
méchante M""' de Staël (3) qui rompt des lances en faveur de
cet usurpateur et contre son Roi légitime.
1170. Vienne, 27 décembre (F. 6 ad 3565).
GÛEHAUSEN à HAGER
L'adresse de l'armée saxonne. Sa fidélité à son roi.
Les émissaires prussiens en Saxe.
Toute l'armée saxonne, moins le Général Thielemann, a
signé une adresse au Congrès pour déclarer qu'elle restera
1. Le Roi à Talleyrand, 27 décembre 1814. (Dépéchï n" 14) (Pallain, Cor-
respondance inédiie, etc., etc., 196).
2. Cf. Jaucourt, Correspondance avec le prince de Talleyrand (Pages 122,
127, 1-32, 156).
3.Cf. Jaucourtà Talleyrand, 4 décembre 1814. (Correspondance, etc. Page 106;
« M""» de Staël y figure, mais comme grande prêtresse du temple de la Paix
et de la Liberté. Elle aime Joachim à cause de son amour pour ces deux
bienfaitrices du monde... »)
742 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
ûàële à son Roi. Il rè^e une grande agitation en Saxe. Les
dames, en signe de deuil, portent autour du cou le médaillon
du Roi entouré d'un cadre d'ébène, les officiers, la dragonne
saxonne fixée à leur épée par un anneau de fer pour bien mar-
quer leur fidélité au drapeau.
Le baron Rosch (?) et le coloael von Miltitz sont l'objet de
l'exécration générale. Les officiers saxons ont célébré le jour
de naissance da Roi malgré tout ce que l'on a fait pour l'em-
pêcher.
Les Prussiens inondent le pays d'émissaires chargés de tra-
vailler les populations. Jusqu'à ce jour ils n'y ont guère réussi.
1171. Vienne, 27 décembre 1814 (F. 6 ad 3560 800).
Nota à HAGER (en français).
L'air menaçant des Prussiens. Les motifs de leur entêtement
à propos de la Saxe.
Les Prussiens reprennent l'air menaçant et disent hautement
qu'ils feront plutôt la guerre que de renoncer à la Saxe ; qu'ils
seront soutenus par la Russie (1); qu'actuellement ils ont les
trois quarts de l'Allemagne contre eux ; mais que dès que
l'Autriche aura fait son alliance, du reste indispensable, avec
la France (2), toute l'Allemagne sera avec eux. Il ne leur sera
pas difficile de détacher la France ou l'Angleterre de l'Autriche :
car la France voudra avoir le Rhin que l'Angleterre et l'Au-
triche ne veulent et ne peuvent lui accorder. « Si la campagne
va bien, disent-ils, nous aurons ce que nous voulons. Si elle
va mal, nous accepterons ce que l'on nous offre à présent.
C'est là ce qui peut nous arriver de pire. »
Tout le monde parle de la dernière note de la Prusse (3).
1. Talleyrand au roi, Vienne, 4 janvier 1915. Dépêche n» 10 {Pallaiî*, Cor-
respondance inédite, etc. (Pages 210-211) et d'ANOBSERG. (Pages 1869-1874). Con-
férence du 30 décembre 1814. Projet de convention proposé par les plénipo-
tentiaii es de Russie.
2. Cf. d'ANGBBBHG, (Pages 5 40-544;. Lettre de Talleyrand à Metternich, du
19 décembre 1814, et (pages 570-571). Note de Talleyrand à lord Gasthereagh
du 26 décembre 1814.
3. Cf. d'AnGEBBRG, (531-535 et353-556). Note de Hardenberg à l'Empereur de
Russie en date du 16 décembre et remise le 20 et Ibidem Hardenberg à Met-
ternich, Vienne, 20décembre./iidem (1952-1960), de Hardenberg à Metternich,
16 décembre 1862 et (1863-1869) 29 décembre.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 743
On la dit roide et menaçante. Les Prussiens eux, prétendent
qu'elle est fort modérée, mais très claire.
1172. Vienne, 27 décembre 181i (F. 6 ad 3565).
.... à IIAGER (en français).
Stein, Knesebeck, le roi de Wurtemberg. Le grand-duc de Bade. Pourquoi
le Congrès doit échouer. Rozencranz et les reproches qu'il adresse à
Alexandre. Les fêtes incessantes. La durée interminable du Congrès.
Stein, qui ne va presque jamais dans le monde, est mainte-
nant presque tous les soirs chez la duchesse d'Oldenburg. Le
Général Knesebeck est celui qui trayaille le plus le roi de Prusse
au sujet de la Saxe...
Le roi de Wurtemberg est maintenant bien plus apprécié
que lors de son arrivée. Sa générosité lors de son départ j est
pour quelque chose (1).
Le grand-duc de Bade se plaint de ce que le prince de Met-
ternich ne lui a jamais fait de visite.
Rechberg, Plessen, Linden,Tûrkheim se plaignent tout haut
du cardinal Gonsalvi, de ses principes ultramontains, de ses
finesses et ruses par trop italiennes.
J'entends dire de tous côtés que l'on ne devrait pas appeler
Congrès, mais seulement rendez-vous, le rassemblement de
toutes les puissances à Vienne. Comment un Congrès peut-il
aboutir avec un Empereur qui n'a, ni la tête, ni le cœur à sa vraie
place, qui a la prétention d'être en France et en Autriche le
despote qu'il est à Saint-Pétersbourg, et avec un roi (de
Prusse) tout prêt à vendre à la Russie la liberté de l'Allemagne
et l'équilibre de l'Europe, avec un ministère à Vienne qui n'a
ni principes, ni méthodes, qui reprend au mois de décembre
ce qu'il a accordé le 22 octobre, qui ne jouit, ni delà confiance,
ni même de la considération des représentants des autres
puissances.
Puffendorf a dit hier : « J'ai rendu ce matin visite au mi-
nistre du Danemark, Rosencranz, qui a la jaunisse. Il débla-
1. Le roi de Wurtemberg partit de Vienne le 24 décembre à 11 heures du
mntin. Cf. Oesierreichischer Beobaehter du 28 décembre 1814, pour le détail
de ses largesses à Vienne.
744 AUTOUR DU CO^■GRÈS DE VlEJiNE
tère contre Alexandre à cause du retard qu'il met tant à éva-
cuer le Holstein qu'à ratifier les traités. Rosencranz ne cesse
de se plaindre de la méchante perfidie et de la mauvaise foi
de l'Empereur de Russie. 11 ajoute : « Ce qui m'étonne le plus,
c'est que tout le Congrès n'ait pas depuis longtemps, lui aussi,
la jaunisse. »
Voici encore d'autres propos : Schwarzenberg donne deux
fois par semaine un thé dansant. Il y en a aussi deux fois par
semaine à la Cour et chez Stackelberg. Donc des fêtes toute
la semaine.
Le séjour interminable des souverains à Vienne produit un
déplorable effet à Vienne et en Allemagne. On dit qu'on a
inauguré une nouvelle tactique qui consiste à dévorer l'ennemi.
Le prince royal de Bavière part aujourd'hui pour Munich.
Bernstorff et Rechberg offrent de parier que le Congrès
durera encore à la fin de mars.
1173. Vienne, 26 décembre 1814 (F. 6 ad 3565).
FREDDI à HAGER (en français).
Rapport de chez le Nonce.
Ce qu'on a dit de l'Italie chez M"" de Bellegarde. Les arrestations et les
fautes de l'Autriche en Italie.
Le duc de Serracapriola et les députés de Bologne et de Fer-
rare^ Fava et Squarzoni ont dîné hier chez les prélats romains.
Je me suis rendu hier chez la comtesse de Bellegarde (1). Il
y avait du monde chez elle. Elle me salua d'abord de la part
du maréchal qui avait eu la bonté de m'indiquer dans une de
ses lettres, celle du 5 courant.
La nouvelle des arrestations de Rasori (2), Théodore Lechi,
de Gasparinetti (3), fournit une ample matière à la conversation.
1. La femme du feld-maréchal comte de Bellegarde.
2. Rasori, médecin et professeur, l'un des chefs de la conspiration.
3. Gasparinetti, admirateur fanatique de Napoléon, colonel du 2» régiment
de chasseurs à cheval (italien) avait été fait prisonnier en 1813, mais n'avait
pas été replacé dans les régiments nouvellement formés.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 745
M"* de Bellegarde désapprouva hautement ces mesures d'une
sévérité déplacée. Elle m'assura que son mari était loin de
recommander l'emploi de la force, de la violence et du despo-
tisme ; mais que les ordres souverains le forcent malgré lui
à ces malheureuses démarches qui ont le sceau de la violence
et de la persécution et qui font perdre à l'Autriche le peu de
partisans qui lui restent encore en Italie. « On emploiera ici,
dit-elle, tous les moyens possibles pour éteindre dans les cœurs
italiens l'affection qu'ils étaient disposés à avoir pour notre
souverain et pour embraser l'Italie d'une terrible révolte qui
ôtera à l'Empire ces belles et riches provinces. »
Mon mari m'a fait craindre toujours pour ses jours. Zichy,
Baldacci (1) et Lazanski (2), qui ne connaissent pas le pays et
qui ont même des préventions injustes, donnent à l'Empereur
de bien mauvais conseils.
« Ecoutez, ma chère comtesse — M""° de Bellegarde adressait
la parole à M""^ de Crenneville — on choisit ici des Allemands
et des Hongrois pour aller gouverner les Italiens. Peut-on se
prendre plus maladroitement et plus impolitiquement que de
confier à des gens inexperts (sic), ignorants de la langue et
des mœurs, l'administration de provinces jadis si florissantes ?
Est-ce que Bonaparte avait envoyé des Français gouverner l'Ita-
lie? Il n'y avait que le vice-roi Eugène et son secrétaire Méjan
qui fussent Français. Tous les autres fonctionnaires étaient
Italiens et Bonaparte, malgré son sceptre de fer, malgré sa
conscription, malgré la gravité de ses impôts, fut obéi jusqu'au
dernier moment. Il faut avouer le vrai. II y a ici des têtes
imbéciles qui ne connaissent rien à l'art de gouverner. Pourvu
qu'ils se maintiennent en place, nos ministres ne se soucient
guère du bien et de la gloire de l'Etat. On se propose de don-
ner une organisation à l'Italie. N'avait-on pas la forme la plus
admirable d'administration publique? Si on n'est pas en
état de donner une bonne organisation à ce pays, comme j'en
doute fort, au moins qu'on ne sévisse pas contre de braves
1. Baldacci (Antoine, baron), (1762-1841) d'origine Corse, mais né à Vienne,
entré assez jeune au Ministère de l'Intérieur, eut par hasard accès auprès de
l'Empereur François qui prit goût à sa manière de travailler et de s'exprimer
et le rapprocha de lui. Baldacci, qui avait voué une haine féroce à Napoléon,
était déjà en 1811 président de la chambre suprême des Comptes et devint
en 1813 ministre de l'armée.
2. Lazanski (Procope, comte), Président de la commission d'organisation de
l'Italie.
740 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
gens qui, ayant cessé pendant seize ou dix-sept ans d'apparte-
nir à l'Autriche ont dû s'attacher au souverain que la fortune
des armes leur avait donné. »
Demain je dîne chez le commandeur Saldanha da Gama,
ministre du Portugal, où tous les membres de la mission por-
tugaise sont invités.
1174. Vienne,29 décembre ]814 (F. 6. 5147 ad 3565).
IIAGER à l'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du îQ décembre.
Envoi des intercepta pris chez Nesselrode et chez Harden-
berg (paquet pour Talleyrand), et résultats de la surveillance
du domestique particulier, homme de confiance d'Hardenberg,
Veith, qui est, comme un autre garçon de chancellerie prus-
sienne MûUer, un agent de la police secrète prussienne.
1175. Vienne, 28 décembre 1814(F. 6. 5147 ad 3565).
.... à HAGER
Intercepta pris chez Lœwenhielm et remise à la Manipula-
tion de tout un paquet de pièces adressées à Lord Castle-
reagh.
On a trouvé aussi, mais remis en place, une protestation
datée du mois de novembre, de l'ancien roi de Suède, Gus-
tave, duc de Holstein (1), disant qu'il a renoncé au trône, mais
rien que pour sa personne et non pour son fils qui se réser-
vera de faire valoir ses droits dès qu'il sera majeur.
1. Cf. d'ANGEBERG, 476-477. Déclaration de l'ancien roi de Suède Gustave IV,
novembre 1814. Fils de Gustave III il avait régné de 1792 à 1809 et avait été
remplacé par son oncle Charles XIII. Il portait dans l'exil le nom de colonel
Gustavson.
l
l'ouverture du COîJGR^S. — LA SAXE ET LA POLOGNE 747
1176. Vienne, 27 décembre 1814 (F. 6. 5147 ad 3565).
HARDENBERG à GOLTZ (à Paris) (en allemand).
(Sous couvert de Talleyrand) (Intercepta) (Analyse).
A propos d'un décret de Napoléon de Nossen (1) (8 mai 1813)
relatif à la saisie de tout ce qui a pu forcer le Blocus Conti-
nental et aux mesures à prendre sur la rive droite du Rhin. Il
faudrait tâcher d'obtenir des indemnités pour les préjudices
causés aux commerçants.
1177. Vienne, 28 décembre 1814 (F. 6. 5147 ad 3565).
Intercepta pris chez Heilmann,
1° C. W. au bourguemestre Moser (à Bienne), sans lieu, ni
date. (Il tient à le rassurer sur le sort de Bienne, dont les inté-
rêts sont si bien défendus par le député Heilmann. Il ne faut
pas presser les choses si Ton veut arriver au résultat désiré).
2" Heilmann à son père, 26 décembre 1814. (Il faut patien-
ter pour nos affaires jusqu'à ce que la grande partie soit finie.
On négocie beaucoup sans rien conclure. Rien de fixé encore
pour le départ des souverains autres que le roi de Wurtem-
berg parti ce matin).
'à' 27 décembre 1814. (Je crois maintenant que tout va bien.
La commission s'est remise au travail et avance lentement,
puisqu'il faut avant tout savoir la tournure que prendront les
grandes affaires).
4" 28 décembre 1814. (H y a décidément lieu de croire que
tout finira bien. Montenach (2) m'a dit hier : « Ayez seulement
du courage. Les affaires vont bien. Soyez toujours ferme
comme depuis le commencement. Mais il faut encore et sur-
tout de la patience. » W., (3) qui a écrit au bourguemestre,
.11 doit s'agir ici de la dépêche n» 19982 de Nossen, le 7 mai 1813 àDecrés.
. Jean de Montenach, l'un des représentants de la Diète helvétique.
, Peut-être Wieland, bourguemestre de Bâle et l'un des représentants de
I Diète. Allusion au Mémoire présenté par la Légation Suisse à la séance
Comité des affaires de la Suisse le 19 décembre 1814.
748 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
est bien disposé pour nous. Il a remis à Metternich un mé-
moire parfait).
1178. Vienne, 28 décembre 1814 (F. 6. 5147 ad 3565).
.... à HAGER
Un mot et un jugement d'Alexandre sur Metternich.
Parlant de Metternich, Alexandre a dit ces jours-ci : « C'est
le meilleur maître des cérémonies du monde, mais c'est le
plus mauvais ministre qui se puisse trouver. »
1179. Vienne, 28 décembre 1814 (F. 6. 5147 ad 3565).
VonO... à HAGER
La disgrâce de Humboldt et le découragement des Polonais. Les conféren-
ces des 24, 25, 26 entre Cathcart, Talleyrand et Hardenberg. Le recrute-
ment dans le duché de Varsovie.
Le comte de Skarbek m'a confié un événement qui a fort
déconcerté les Polonais, c'est Téloignement de Humboldt des
affaires du Congrès et l'ascendant que le prince de Hardenberg
semble avoir gagné depuis sur l'esprit de son maître. Les
Polonais en augurent mal pour leur cause, car ce fut princi-
palement Humboldt qui insista sur la cession de la Saxe à la
Prusse et voulut abandonner tout le duché de Varsovie à la
Russie... ,
On m'a assuré encore que le 24 ou le 25 de ce mois il j \
eut une conférence chez Cathcart à laquelle assistèrent Har- i
denberg et Talleyrand, et le jour après une deuxième confé- |
rence (1) chez Hardenberg entre les mêmes personnages au |
sujet des dernières instructions que les ministres anglais et ij
français ont reçues de leurs Cours et qu'à la fin de la deuxième
1. Cf. Gentz, Tagebûcher,l, 342. « Lundi 26. Visite chez le chancelier Har-
denberg et de là chez Talleyrand. » Cf. Talleyrand au roi, Vienne, 28 dé- ,
cambre 1814 (Dépêche n" 18, Pallain, Correspondance inédile, 203). « Ainsi»
l'affaire de la Saxe est dans une meilleure situation qu'elle n'ait encore été.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 749
conférence Talleyrand aurait dit : « Voilà enfin la base établie,
le reste s'arrangera de soi-même. »
Les lettres de Varsovie et de la Galicie rapportent que le
recrutement continue dans le Duché avec toute l'énergie pos-
sible. On évalue dans ce moment la force des troupes polo-
naises à 40.000 hommes.
M. de Skarbek me dit que les hommes qui vont joindre les
troupes polonaises amènent beaucoup de chevaux. Les ofïîciers
des cercles ne peuvent employer trop d'attention pour empê-
cher cette émigration.
1180. Vienne, 28 décembre 1814 (F. 6. 5147 ad 3565).
FREDDI à HAGER
La question de la paix ou de la guerre sera décidée sous peu de jours.
Conférences fréquentes des Portugais avec Talleyrand. Marialva chez
Alexandre.
J'ai dîner hier soir chez Saldanha da Gama (1) avec les
Ministres Portugais qui déclarent que la grande question de
la paix ou de la guerre sera décidée dans peu de jours et que
dans le premier cas le Congrès sera encore de bien longue
durée. Les Ministres Portugais ont de fréquentes conférences
avec le prince de Talleyrand. Ils travaillent pour s'opposer à
l'agrandissement de l'Autriche, de la Prusse et de la Russie.
Le marquis de Marialva (2) a eu à midi une audience de
l'Empereur de Russie, qui lui parut de mauvaise humeur et
lui dit qu'il ne prolongerait plus beaucoup son séjour ici. 11
l'engagera à le suivre à Saint-Pétersbourg.
1. Saldanha da Gama, membre du Conseil royal et du Conseil des finances,
ambassadeur extraordinaire près de la Cour de Russie. Premier écuyer de
S. A. R. la princesse du Brésil. Deuxième plénipotentiaire du Portugal au
Congrès.
2. Marialva (Marquis de), Ministre du Portugal à Paris, arrivé à Vienne le
16 novembre, était désigné pour aller occuper le poste de Pétersbourg.
750 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
1181. Vienne, 27 décembre 1814 (F. 6. 5147 ad 3565).
à HAGER (en français).
Les dernières conférences et les résolutions du Comité des affaires suisses.
Commission donnée à Keinhard. Un rapport de La Harpe-
Les dernières conférences suisses ont abouti à la résolution
prise par le comité de poser pour principe fondamental l'inté-
grité des 19 cantons et on a en même temps proposé de rendre
la Valteline à la Suisse (1). On a en conséquence invité les
députés des Grisons et de la Valteline à présenter leur pro-
positions sur le mode de cette incorporation (2). Comme les
affaires de la Confédération pourront encore présenter des
difficultés, ce Comité va s'adresser au Landammann Reinhard,
premier Membre de la Députation Suisse, pour engager la
•Diète Helvétique à remettre au 15 février la prestation solen-
nelle du serment au pacte fédéral. En attendant, le colonel La
Harpe, en sa qualité de député du Tessin, a présenté un
résumé qui présente et réclame les droits de ce canton entre
les prétention du gouvernement de Berne.
1182. Vienne, 28 décembre 1814 (F. 4. 5147 ad 3565).
©©à HAGER (en français).
Les véritables visées de la Prusse. Le dîner chez la princesse Bagration.
Alexandre et l'incident du roi de Prusse et de Julie Zichy. Les consé-
quences probables du séjour d'Alexandre à Vienne et les rapports ulté-
rieurs entre Vienne et Saint-Pétersbourg.
La Prusse désire se débarrasser de la Pologne, d'abord pour
s'indemniser en annexant la Saxe, puis en absorbant le Bruns-
1. Cf. d'ANGEBERG, (528-531), Septième protocole du Comité des affaires de
Suisse, 15 décembre 1814 et note de la Légation Suisse sur la réunion de la
Valteline à la Suisse, (537-539). Huitième protocole, séance du 18 décembre et
Mémoire des Députés de Genève (544-547). Neuvième protocole, séance du
19 décembre 1814.
2. Cf. d'ANGEDERG, (548-553). Note de Salis-Salis, Député du canton des
Grisons, 28 décembre 1814.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 751
wick, la Hesse, les duchés de Saxe, le Schwarzburg-, le Reuss,
jouer le premier rôle en AUemag^ne. La Prusse a de tout
autres visées que l'Autriche, l'Angleterre et 'la France, et
c'est pour cela qu'elle s'est assuré l'appui d'Alexandre. C'est
là ce que Metternich n'a su ni prévoir, ni déjouer, ce qu'il
aurait pu empêcher par un traité antérieur et séparé avec la
Russie. Il aurait encore suffi pour cela en décembre 1813 de
faire proclamer à Francfort l'empereur Franz empereur d'Alle-
magne. On rend responsable de tout cela l'influence de Gentz
tout acquis à la Prusse et à la Russie et l'action latérale exer-
cée à côté de lui par -la Sagan et la Bagration.
Alexandre et le roi de Prusse ont dîné dimanche chez la
princesse Bagration. Pour aller au souper, Alexandre donna
le bras à la Bagration et le roi de Prusse resta seul, parce qu'il
voulait offrir le bras à Julie Zichy qui, ne se souciant pas
d'être conduite par lui, chercha à se dissimuler derrière celles
des dames qui ont le pas sur elle. Personne ne bougeait. Une
confusion infernale. Tout le monde riait de la tête du roi de
Prusse qui est amoureux de Julie Zichy comme pourrait l'être
un gamin de 20 ans. Aussi Razoumoffsky qui avait entendu
parler de la grande passion du roi pour Julie Zichy, de dire :
« Julie Zichy, après la Saxe, c'est ce qu'il aime le mieux (1). »
Voilà d'autre part ce qui vient d'être dit chez le baron Thu-
gut: « Le séjour beaucoup trop long que l'Empereur, la Grande
duchesse Catherine, le roi de Prusse, et les ministres de ces
souverains font à Vienne, ne peut conduire à rien de bon, si
ce n'est à mettre de l'aigreur entre les souverains et à semer
la discorde entre les ministres respectifs. Le poste de Ministre
d'Autriche à Saint-Pétersbourg sera un enfer. L'Empereur
Alexandre, de retour chez lui,sera insupportable pour l'Autriche.
Le voyant se conduire comme nous le voyons à Vienne, de
retour chez lui à la merci des insinuations de la Prusse et de
celles de ses favoris, des Gapo d'Istria, des Stein, des Czarto-
ryski, des Wolkonsky, des Ouvaroff (â), peut-on se flatter rai-
1. Voilà ce qu'un peu plus tard, le 1" février 1815, la baronne du Montet
îrivait dans ses Souvenirs, p. 136: « Le roi de Prusse promène gravement la
Bile et vertueuse Julie Zichy dont il croit être passionnément amoureux. »
2. Ouvaroff iThéodore-Petrovitch) (1769-1824), entré au service au régiment
les Chevaliers-Gardes, capitaine dans la ligne, major aux dragons de Smolensk,
(lieutenant-colonel ; 17.^7), colonel (1798), protégé par Paul l" qui le nomma
taéral-major et aide de camp, il fit les campagnes de 1805, 1806, 1807, de
)10 à l'armée de Moldavie, se distingua en 1812, assista auprès d'Alexandre
752 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
sonnablement que l'Autriche pourra, tout au plus pendant
deux ans, rester en bonne harmonie, en paix avec un empe-
reur aussi fou, aussi inconscient qu'Alexandre.
1183. Vienne, 28 décembre 1814 (F. 6. ad 3565).
GŒHAUSEN à HAGER
Cadeaux faits par le roi de Wurtemberg avant son départ.
Les cadeaux faits par le roi de Wurtemberg lors de son
départ de Vienne se montent à plus d'un demi-million de florins.
Au comte Apponyi, une décoration et une tabatière.
Au prince Trauttmansdorff, au comte Trauttmansdorff, au
comte Wrbna, au comte Wilczeck, au landgrave Furstenberg,
au grand veneur de Sa Majesté le comte de Wurmbrand, au
baron Von Lœhr, de riches tabatières.
Aux chambellans et aides de camp, des tabatières.
Aux pages, des bagues.
Au valet de chambre Dalb,une tabatière en or et 1.000 florins.
Au gardien de la porte (huissier) et au chauffeur, à chacun
une tabatière en or et 500 florins.
A chaque valet, 300 florins.
A la femme de chambre, 200 florins.
Au Scolar Bindermann, une tabatière en or et 500 florins.
Au directeur et pharmacien Kridl, une tabatière en or et
30 ducats.
Au personnel de la chasse, 500 ducats.
Au fourrier de la Chambre Mayer, une petite tabatière en or.
Au contrôleur Vœckelberg, une tabatière. ^
Au contrôleur von Seckal, rien.
A M. de GaballinijUne tabatière en or.
En argentliquide, pour le personnel de la cour, 60.000 ducats.
Au personnel du théâtre, ouvreurs de loges, artistes, 1 .000 du-
cats.
Au distributeur du théâtre an der Wien, 25 ducats.
Le roi de Danemark s'en est formalisé. Faire autant lui sem-
ble difficile, et faire plus serait inconvenant, à ce qu'il dit
à la plupart des combats en 1813-1814. Général de cavalerie après Leipzig,;
fut placé en 1821 à la tète de la Garde Impériale.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 753
1184. Vienne, 30 décembre 1814 (F. 6.4903 ad 3565).
HAGER à TEMPERE [JR
Bordereau et rapport journalier du 30 décembre,
Les relations secrètes entre le prince Repnin
et le commissaire de police de Prague.
Il lui signale un Intercepta du commissaire de police Eichler,
de Prague, au prince Repnin qui prouve que le commissaire
est un agent secret de la Prusse et de la Russie et de plus un
partisan de la cession de la Saxe à la Prusse. Eichler signalait
en outre à Repnin les adversaires de cette mesure et lui révé-
lait les mesures qu'on avait prises. Hager propose à l'Empe-
reur de sévir contre Eichler et de le mettre dans l'impossibi-
lité de nuire ; mais il insiste en même temps sur le soin qu'il
convient d'apporter pour éviter de donner à Repnin l'ombre
d'un soupçon.
1185. Vienne, 29 décembre 1814 (I^. 6. 4903 ad 3565).
FREDDI à HAGER (en français).
La Lombard chez la princesse Bagration. Grande réception chez Miranda.
La célèbre actrice Lombard a étalé son talent de déclama-
tion chez la princesse Bagration en présence d'Alexandre et
d'autres illustres personnages, parmi lesquels son admirateur
et protecteur M. de Beauharnais. Elle a recueilli d'unanimes
applaudissements.
Ce soir, grande réunion chez le chargé d'affaires de Portu-
gal (1), où je suis invité et dont je vous rendrai compte de-
main (2), s'il y a quelque argument digne de votre attention.
1. Le chevalier de Miranda, Chargé d'affaires de Portugal.
2. Cf. plus loin au 30 décembre 1814, Pièce 1203.
T. I. 4B
754 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
1186. Vienne, 29 décembre 1814 (F. 6. 4903 ad 3565).
© © à HAGER (en français).
Metternich et Alexandre. A propos du Pique- nique de Sidney Smith.
Les menaces de Humboldt. Nécessité d'expulser le prince Eugène.
Le prince Maurice Liechtenstein (1) s'étonne qu'après la façon
grossière dont Alexandre avait déjà traité Metternich à Paris,
celui-ci ait songé à l'attirer à Vienne en compagnie du roi de
Prusse et de Humboldt.
Alexandre a dîné hier chez la Bagration. On a beaucoup ri
à propos du Pirjue-niqiie que Sir Sydney Smith a organisé
pour aujourd'hui à VAiigarten au profit du Saint-Sépulcre à
Jérusalem.
Chez le comte Etienne Zichy, on s'est étonné qu'on n'ait
pâs encore donné le Consilium Abeundi au prince Eugène qui
excite Alexandre, intrigue avec Humboldt, la Sagan et la Bagra-
tion.
La note de l'Autriche (2) ne sera remise qu'aujourd'hui ou
demain. En attendant, Humboldt et sa bande continuent à
agir et à ne parler que de guerre et de révolution.
1187. Vienne, 29 décembre 1814 (F. 6. 4903 ad 3565).
GŒHAUSEN à HAGER
La Prusse gardera lâ Saxe, d'après ce que disent Humboldt et les députés de ;
la noblesse de l'Empire.
Humboldt a encore dit ces jours-ci : « Mon Roi a pris pos-
session de la Saxe, qu'il entend garder. L'en chasse celui au-d
quel cela ne convient pas. Il ne recourra aux armes que s'il yf^
a lieu, et s'il y est forcé. »
Le Roi lui-même a dit le 27 à MM. Von Zobel et Rûdt voi
CoUenberg, députés delà Reichsritterschaft (3) que si on voulait
lui contester la Saxe, il ne reculerait pas devant une guerre ^
1. Feld-maréchal lieutenant autrichien, commandant d'une division légère
pendant la campagne de 1814.
2. Cette note n'a pas été remise.
3. Représentants de la noblesse de l'Empire.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 756
qu'il avait une armée brave et nombreuse ; que de plus il
croyait avoir assez fait pour l'Allemag-ne pour pouvoir compter
sur l'appui de ses peuples et de ses princes.
Le comte Rottenhan, cousin du baron Zobel, tient ces pro-
pos de la bouche même de ce dernier, il les a répétés à Wey-
land (1).
1188. Vienne, 29 décembre 1814 (F. 6. 4903 ad 3465).
.... à HAGER (en français).
La proclamation aux Polonais. Son but d'après Willié.
Je me suis informé chez M. de VVillie de la proclamation de
la Russie aux Polonais. Il paraît qu'elle existe réellement,
mais ni Willie, ni le prince Galitzine n'en ont un exemplaire.
Ils m'ont dit que cette proclamation est fort naturelle, puisque
la France, qui a toujours le mot de paix à la bouche, tient sur
pied une armée considérable qu'elle renforce tous les jours et
que l'Autriche continue à avoir une armée sur le pied de
guerre.
M. Willie m'a dit quand je me suis trouvé seul avec lui, que
la proclamation de l'Empereur aux Polonais n'avait d'autre
but que de se justifier envers la Pologne, de lui prouver qu'il
s'est trouvé hors d'état de tenir la parole qu'il lui avait don-
née, mais que pour le moment il lui était impossible de risquer
d'allumer une nouvelle guerre.
1189. Vienne, 29 décembre 1814 (F. 6. 4903 ad 3565).
FREDDI à HAGER (en français).
Les probabilités en faveur de la Saxe. La date probable
du départ de Castlerea,'h. Marie-Louise impatiente d'aller à Parme.
Le Nonce m'a raconté que le prince Antoine de Saxe a dîné
deux fois à la Cour, ce qui fait présumer que la cause de sa
Dynastie a triomphé et que ce pays va être rendu à son roi.
Le Statut Politique Continental sera signé avant le 15 jan-
; 1. Un des confidents et des agents de la Poliaei HofBtelle.
756 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
vier (1), car lord Castlereagh a dit au cardinal Gonsalvi qu'il
sera à Londres pour l'ouverture du Parlement, le 9 février, et
qu'il compte à ce moment pouvoir lui communiquer les résul-
tats des négociations et rendre compte de sa conduite.
Le comte San Vitale, grand chambellan de Marie-Louise,
chez qui j'ai dîné hier soir, m'a dit qu'avant-hier soir, le cercle
de l'Impératrice Marie-Louise à Schœnbrunn a été très nom-
breux et que Marie-Louise n^a pas caché son désir et son im-
patience de se rendre à Parme.
1190. Vienne, 29 décembre 1814 (F. 4. 4903 ad 3565).
Nota à HAGER (en français).
Le dîner du 28 chez la Bagration. Alexandre toujours brouillé avec Metter-
nich qu'on veut faire tomber. La note de Metternicli du 28 el le contre-
projet autrichien du 3 janvier. Les affaires de Suisse.
A
Hier Alexandre a dîné chez la princesse Bagration. Il avait'
lui-même fixé le nombre et le nom des convives. Il étaient
douze : Sa Majesté, Razoumofîsky, Charles Zichy, ses deux
fils et ses deux belles-filles, Ojarowski, Narischkine, la com-
tesse Flore de Wrbna, et les deux dames de la maison (2).
On m'assure que Metternich n'est même plus prié chez la
Princesse, dans les grandes occasions. Je ne le crois pas, quoi-
qu'elle soit à présent à nouveau à couteau tiré contre lui. Le
parti qui voudrait le culbuter est nombreux et l'on s'aperçoit
dans les sociétés qu'il augmente tous les jours. Je le sens et le
vois de tous côtés.
Pour les diplomates étrangers, on peut dire que tous, sans
exception, sont mécontents de lui. Ils l'accusent de mauvaise
foi, d'une politique entortillée et qui n'ayant pas de franchise
n'inspire que de la méfiance, fait perdre la route aux plus ha-
biles et désespère les plus loyaux. C'est ce que disent partout
les Russes, les Prussiens, les Français et presque tous lesf
autres.
L'opinion presque générale est que le Ministre ne pourra paîi
1. Cf. D'Anoeberg, (737). Sixième protocole de la séance du 10 février 18M
et (772-774) septième protocole de la séance du 11 février 1815 des Pléni-
potentiaires des Cinq Puissances. ;
2. La Bagration et la comtesse Aurore de Marassé.
L OUVERTURE DU CONGRÈS. — LA SAXE ET LA POLOGNE 757
se soutenir longtemps encore. M. de Hacke, le ministre de
Bade, disait encore hier qu'il faudrait appeler Stadion aux
Affaires étrangères, envoyer Bellegarde à Paris, Metternich à
Milan et mettre Wessenberg aux Finances,
On sait dans le public qu'Alexandre ne veut plus traiter
avec Metternich et qu'il a chargé Razoumoiîsky d'être le porte-
paroles entre eux. C'est à cause de cette mésintelligence géné-
rale, que l'on voit régner, que le prince de Metternich n'est plus
en faveur auprès du public comme il l'était avant le Congrès.
Les diplomates attendent aujourd'hui et avec la plus grande
impatience la réponse de Metternich (1) à la note Prussienne.
On espère qu'elle sera claire et décisive.
Le sort de la Suisse et de la Valteline est décidé. Les Cons-
titutions sont faites. La Suisse aura vingt-trois cantons et la
Valteline formera la quatrième ligue grise. Mais je crois que
ni les Suisses, ni les Valtelins n'accepteront les plans qu'on a
formés pour eux (2). Il paraît au contraire qu'on a réussi à
les mettre d'accord en cela, que tous à l'unisson refuseront
d'accéder au nouveau pacte fédéral. Zerleder (3) me disait :
« Est-ce aux barbares du nord, à des esclaves russes à venir
en Suisse donner des leçons de philanthropie et de liberté aux
descendants de Guillaume Tell ? Nous n'avons pas envie d'ap-
prendre par de tels maîtres. Ils sont venus nous donner la
discorde. Voilà leur présent. Ils n'ont qu'à s'en retourner chez
eux. Nous avons appris à lire avant eux et nous nous arrangerons
nous-mêmes entre nous et n'avons nul besoin, ni de leurs
lumières ni de leur zèle. Croyez-moi, leur plan n'est pas encore
accepté en Suisse, et je parierais qu'il ne le sera pas. »
1. Cf. d'ANGEBERG, (1863). Notc de Metternich du 28 décembre 1814 et Ibi-
dem, (1874-1877). Conférence du 3 janvier 1815 et contre-projet de convention
autrichien.
2. Cf. d'ANGEOERG, (p. 544-553) neuvième protocole du comité chargé des
affaires de la Suisse du 9 décembre 1814. Mémoire présenté par la lé^^ation
Suisse et notes des Députés du cantou des Grisons du 28 décembre 1814.
3. Zerleder (Louis) (1772-1840), membre du Grand Conseil dans le Canton
de Berne après l'acte de médiation. Ministre à Saint-Pétersbourg en 1814 et
plénipotentiaire au Congrès de Vienne. Mal accueilli à son retour à Berne,
il se démit de ses fonctions en 1815,
758 AUTOUR DU COAGRÈS DE VIENNE
1191. Vienne, 31 décembre 1814 (F. 5141 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR
Bordereau et rapport journali r du 3i décembre 1814.
Intercepta (Cabinet noir) du 29 et du 30 décembre 1814.
Humboldt à Staegemann et au comte de Solms-Laubach (Ré-
ponse à la question de savoir si la France et la Hollande feront
partie de l'Office Central de la navigation du Rhin (1). Pour
la Hollande, la chose paraît désirable. Non, pour la France,
parce que la portion du cours du Bas-Rhin qu'elle possède est
trop insignifiante).
Addington à Canning (Copie de la réponse de Talfeyrand à
la note de la Diète helvétique relative à un traité de com-
merce entre la France et la Suisse).
1192. Vienne, 30 décembre 1814 (F. 6. 5161 ad 3565).
GŒHAUSEN à HAGER
Questions relatives à la surveillance de Marie-Louise et aux gens suspect
qui rôdent autour de ï^chœnbrunn.
Après lui avoir demandé si l'agent Wilhelm Thorruter,
employé par lui à Schœnbrunn, doit être envoyé à Baden ou à
Schlosshof si Marie-Louise y va (2), il mande à Hager qu'on a
déjà vu apparaître à Schlosshof des gens qui doivent apparte-
nir à la police et que le domestique du prince de Parme (le roi
de Rome) affirme en avoir déjà vu à Schœnbrunn et a signalé le
fait à M"" de Brignole, qui en a informé Marie-Louise en pré-
sence de Neipperg.
1193. Vienne, 31 décembre 1814 (3) (F. 6. 3895 ad 3565).
HAGER à L'EMPEREUR (Analyse).
11 lui rend compte que l'on a vu rôder à Schœnbrunn autour
1. Cf. d'Angebbro, (814-828). Séance du 24 février 1815. Procès-verbal de la
Cinquième conférence de la Commission pour la libre navigation des rivières
2. En marge,au crayon, la réponse « Allerdings » {certainement).
3. J'ai cru utile de placer cette pièce ici, bien qu'ea raison de sa date elia
eût dû figurer au rapport du lendemain.
L^OUVERTURE DU CONGRÈS. — LA SAXE ET LA POLOGNE 759
de Marie-Louise des policiers qui ne sont pas de son service.
Il a tout lieu de croire que ce sont des agents au service d'une
puissance étrangère. Il propose de prendre des mesures pour
les arrêter et les expulser.
1194. Vienne, 30 décorabre 1814 (F, 6. 4903 ad 3565).
.... à HAGER
Surveillance de Marie-Louise.
Marie-Louise a reçu le 28 le marquis Cornacchia, gouver-
neur de Parme et le comte Guicciardi (1), gouverneur de Plai-
sance.
1195. Vienne, 31 décembre 1814 (2) (F. 6, 3896 ad 3565).
.... à HAGER
Rectification du bulletin précédent.
Ce n'était pas le comte Guicciardi, mais le comte Stampa (3)
qui était venu rendre visite le 28 à Marie-Louise avec Cornac-
chia. Neipperg, venu à dîner le 30, est resté jusqu'à 11 heures
du soir.
1196. Vienne, 30 décembre 1814 (F. 6. 4903 ad 3565).
.... à HAGER
Le Prince Hardenberg et l'actrice Jubille.
Rapport relatif à la liaison du prince de Hardenberg avec
l'actrice française Jubille qu'il vient de faire venir de Paris. Il
y a eu le 29 concert et souper chez lui.
1. Guicciardi n'était pas gouverneur de Plaisance, mais sénateur milanais.
Envoyé à Vienne, il fut un des plus ardents à demander l'annexion à l'Au-
triche de la Valteline, Sun pays. Quant à Cornacchia, il était gouverneur de
Plaisance et non de Parme.
2. Ici encore par une raison facile à comprendre j'ai cru devoir violer
l'ordre chronologique.
3. Girolamo Stampa, de Chiavenna, envoyé à Vienne pour chauffer avec
Guicciardi l'annexion de la Valteline à la Lombardie.
760 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
1197. Vienne, 30 décembre 1814 (F. 6. 4903 ad 3565).
Rapport à HAGER
Précautions prises par Hardeaberg lors de l'envoi d'une lettre à Gaertner.
Hardenberg a fait porter le 28 une lettre au baron Gaertner ;
mais pour être sûr de sa remise immédiate, il a fait suivre
le domestique par un de ses hommes de confiance.
1198. Vienne, 30 décembre 1814 (F. 6, 4903 ad 3565).
Rapport à HAGER
Les menus plaisirs et les parties fines du Grand-Duc de Bade et du prince-
hi'rilier de Hesse-Darmstadt.
Le prince héritier de Hesse-Darmstadt et le grand-duc de |
Bade ont fait encore une partie carrée le 27 chez Geusau. La
fête a duré jusqu'à 3 heures du matin.
Le prince de Hesse va en outre très souvent chez une M"' Délia
Porta, veuve d'un officier, qui a une très jolie fille, reçoit
beaucoup de monde et habite Kdrntnerstrasse 4025, au.
deuxième étage.
1199. Vienne, 30 décembre 1814 (F. 6. 4903 ad 3565).
.... à HAGER
Durée probable du séjour de Wrode. Ses idées sur le Congre».
Wrede a dit hier à son propriétaire le comte Clarj (1), qui
lui demandait combien il garderait encore son appartement :
« En tout cas, jusqu'à la fin de mars. »
Il a dit toutefois au comte Clary qu'il espérait néanmoins
que le Congrès prendrait fin avant la fin de février, mais que
s'il n'en était pas ainsi à la fin de mars, il faudrait alors s'at-
tendre à de très fâcheux événements.
1. Probablement le comte Charles-Joseph Clary (1777-1831), Chambellan^ «^
marié en 1802 à la comtesse Aloyse Chotek (1777-1864). i
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 761
1200. Vienne, 29 décembre 1814 (F. 6. 5161 ad 35B5>.
FREDDI A HAGER (en français).
Le prince Eugèneet ses chances d'oStenir un établissement en Italie.
Talleyrand et la marche des affaires au Congrès.
Le prince Eugène nourrit toujours l'espérance d'un établis-
sement en Italie, et précisément dans les Légations. M. d'Ar-
nay vient de me dire qu'on a promis à son maître que dans
dix jours on s'occuperait de son sort et que Talleyrand lui a
affirmé, à lui, d'Arnay, que pour les premiers jours de l'année,
les affaires les plus importantes du Congrès seront définitive-
ment arrangées.
Aldini croit au contraire que les Légations reviendront au
pape, mais probablement avec des conditions favorables pour
leurs habitants.
1201. Vienne, 30 décembre 18U (F. 6. 5161 ad 3535).
Nota à HAGER (en français).
Le Congrès n'a réellement commencé que la veille.
On dit bien haut que le Congrès n'a à proprement parler
commencé que d'hier (1), parce que c'est ce jour-là qu'on a
renoncé au système infructueux et traînant des communations
confidentielles et qu'on s'est décidé à tenir de véritables séan-
ces entre les intéressés.
1202. Vienne, 30 décembre 1814 (F. 6. 5161 ad. 3565),
.... à HAGER
Importance de la conférence chez Hardenberg. On dit que la Prusse cède.
Inquiétudes causées par la conspiration de Milan.
Aujourd'hui, conférence chez Hardenberg qu'on dit devoir
être décisive. L'opinion générale est que tout finira par un
accord.
1. Cf. d'ANGFBERG, (1858), ConfércncB (n» 1) des Plénipotentiaires des
Quatre Cours. Communications mutuelles pour l'ouverturî^ des Conférences-
sur les affaires de la Pologne et de la Saxe, 29 décembre 1814.
762 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Le comte Pappenheim vient de me dire à l'instant que la
Prusse cède sur la Saxe, mais il m'a recommandé de n'en rien
dire encore.
La conspiration d'Italie préoccupe beaucoup ici. Les uns
disent qu'elle a été découverte par un maître de poste ; les
autres que Murai en a informé l'Autriche (1).
Le Général Lechi est arrêté.
1203. Vienne, 30 décembre 1814 (F. 6. ad 3565).
FREDDI à HAGER (en français).
Le dîner chez Miranda et la question des préséances, La bonne humeur
d'Alexandre. Le tableau d'isabey.
Au dîner chez Miranda, on a souvent parlé de la question
des préséances, au sujet de laquelle il doit y avoir ce soir
séance chez Labrador avec les ministres des huit puissances.
On a remarqué la gaieté et le ton badin d'Alexandre. On
veut y voir le pronostic d'une heureuse solution des affaires.
Les ministres espagnols et portugais ont été chez Isabey
qui est en train de travailler à son grand tableau du Congrès
et les a dessinés.
1204. Paris, 13 décembre 1814 (F. 6. 5161 ad 3565).
BOUTIAGUINE A NESSELRODE {Intercepta du 30 décembre).
Monsieur le Comte, le lieutenant général Exelmans a été
destitué à la suite de la correspondance interceptée sur le mé-
decin du roi Joachim. Il jouissait de la réputation d'un militaire
distingué et était connu par Textrême effervescence de sa tête.
Sa lettre au roi Joachim en porte, dit-on, tout le caractère. Il
l'assurait d'avoir à sa disposition 20.000 hommes.
Le roi, n'écoutant que sa générosité, a voulu le pardonner,
mais on prétend que le duc de Dalmatie a insisté sur la des-
titution de ce général et proposé même de l'exiler.
1. Cf. pour la conspiration militaire et le rôle attribué à Murât, Commandant
Weil, La dernière nnnée da règne de Joachim Murât. Tome II, 49-108 et
474-530.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 703
Les formes du Gouvernement s'opposant à pareille mesure
de rigueur avant que la loi ne l'ait condamné, on le laisse
jusqu^à présent tranquille.
Je rends compte de cet événement à Votre Excellence tel
qu'on le raconte dans le public (1).
1205. Paris, 17 décembre 1814 (F. 6. 5161 ad 3565).
BOUTIAGUINE à NESSELRODE {intercepta du 30 décembre).
Monsieur le Comte, le nouveau ministre de la Guerre s'oc-
cupe beaucoup à organiser l'armée sur le pied de paix. Elle
sera portée à 250.000 hommes.
Le comte Daru est de nouveau employé comme intendant
de l'armée.
Le choix du chancelier de la Légion d'honneur balance entre
le maréchal Macdonald et M. de Chateaubriand. Ce dernier a
un grand parti à la Cour.
Le crédit de M. le comte de Blacas s'accroît de jour en jour
davantage. Les uns disent qu'il aura encore un autre minis-
tère, d'autres que c'est la place de Grand Chambellan qui lui
sera confiée.
Toutes les Nouvelles de Gand vont pour la paix. Le courrier
du duc de Wellington expédié jeudi dernier en porte la com-
munication à Lord Castlereagh (2).
1206. Paris, 19 décembre 1814 (F. 6. 5161 ad 3565).
GROTE à MUNSTER {intercepla) (en allemand).
Effet produit par la nomination de Soult au ministère de la Guerre.
Par les autre» remaniements ministériels projetés.
La nomination de Soult au ministère de la Guerre a causé
une surprise générale. 11 passait pour peu favorable aux Bour-
1. Dépêche citée en entier par Polovtsoff, Tome 1, n» !22, P. 126.
2. Dépêche citée en entier par Polovtsoff, t. I, n» 123, p. 126. J'ai cru
néanmoins devoir reproduire ces deux dépêches pour mieux montrer quels
services la Polizei Hoffstelle rendit pendant la durée du Congrès.
764 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
bons et on se rappelait sa virulente proclamation contre le
duc d'Angoulême qu'il traitait daventurier. Sa nomination et
celle d'André (1) ont cependant un peu rassuré les inquiétudes.
On s'attend d'ailleurs à d'autres changements dans le sein du
ministère. On parle du remplacement du baron Louis (2) par le
duc de Gaëte {'A) qui serait favorable à l'affaire des liquidations,
dont le baron Louis est l'adversaire le plus déclaré et le plus
redoutable. Malgré cela, le maintien aux Finances du baron
Louis serait cependant fort désirable, parce qu'il y règne un
tel désordre qu'il faudra, d'après les dires des gens entendus
et bien au courant, au moins un an ou un an et demi pour
les remettre à peu près d'aplomb. Ce n'est du reste pas un
mal, puisque cela calmera forcément les têtes chaudes qui ne
rêvent rien autre que de reconquérir la Belgique et les dé-
partements du Rhin et rendra bien difficiles les tentatives
qu'on fera pour pousser le gouvernementà la guerre. On dit
que Tabbé de Montesquiou (4), ministre de l'Intérieur, va,
lui aussi, s'en aller. Il aurait pour successeur un certain Gros-
bois (5), mais cela me paraît peu douteux.
1. D'André (Antoine-Balthazar-Joseph d'André) (1759-1825). Conseiller au
parlement d'Aix, député aux Etats-Généraux, émigra en 1792 et passa en An-
gleterre.
2. Louis (Joseph-Dominique, baron) (1755-1837). Ami et protégé de Talley-
rand qui l'appela au ministère des Finances (3 mai 1814). Louis XVIII, qu'il
avait suivi à Gand, lui rendit son portefeuille après les Cent. jours.
3. Gaudin (Martin-Michel-Charles, duc de Gaëte) (1756-1841). Ministre des
Finances après le 18 brumaire, comte de l'Empire en 1808, et duc de Gaëte
en 1809. Redevenu ministre des Finances pendant les Cent jours, élu député
de l'Aisne en août 1815, il fut en 1324 nommé gouverneur de la Banque de
France, poste qu'il garda jusqu'en 1834.
4. Montesquiou-Fezensac (François-Xavier-Marc-Antoine, duc de) (1756-
1832). Abbé de Beaulieu. près de Langres. Emigré en 1792. Ministre de l'In-
térieur (13 mai 1814-17 mars 1815), réfugié en Angleterre pendant les Cent
jours.
5. Conseiller d'Etat honoraire, ancien premier président au parlement de
Besançon.
i
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 765
1207. Londres, 12 décembre 1814 (F. 6. 5161 ad 3565).
GREUHxM (l)à HARDENBERG {intercepta du 30 décembre)
(Analyse).
La situation politique en Angleterre. Ses causes, ses conséquences. Avantages
que la Prusse retirera de l'attitude de la trance et de la Bavière.
Après avoir commencé par lui exposer les raisons pour les-
quelles le retour prochain de Castlereagh lui semble indispen-
sable, il continue ainsi :
« La gêne, les inquiétudes, la tension, qui régnent même
dans les milieux diplomatiques, sont arrivés à un tel degré
qu'on ne cherche même plus à dissimuler les craintes qu'ins-
pire la situation. Les inquiétudes sont dues en partie à la tac-
tique des journaux français pour tout ce qui a trait aux nou-
velles du Congrès. On est arrivé par là, d'abord à isoler les
diplomates, puis à les dresser les uns contre les autres. Quant
à nous, nous n'avons peut-être pas beaucoup à regretter les
conséquences de cette méthode. En raison du courant actuel
de l'opinion des gouvernements et des peuples, l'opposition
que fait la France à l'accroissement de la puissance de la
Prusse paraît plutôt de nature à prouver que cet accroissement
est une nécessité pour le bien-être général.
L'attitude de la Bavière, attitude qui ne lui portera pas
bonheur en fin de compte, si elle est telle que nous la dépei-
gnent les journaux et qui fait d'elle le second de la France, ne
saurait non plus nous nuire.
1208. Londres, 16 décembre 1814 (F. 6. 5161 ad 3565).
GREUHM à HARDENBERG {intercepta du 30 décembre),
(sous couvert Munster).
Etat des négociations avec les Etats-Unis. Mécontentement causé en
Amérique par la situation financière.
Suivant différents journaux américains, les membres qui
ont le plus d'influence dans le Sénat et la Chambre des Re-
1. Conseiller de la légation de Prusse.
766 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
présentants étaient peu satisfaits de l'empressement avec
lequel le président avait publié les pièces relatives à la négo-
ciation de Gand et l'accusaient de l'avoir fait dans le but
d'empêcher qu'elle n'ait un heureux résultat. Ils ne regardaient
pas les termes proposés par les commissaires anglais comme
aussi inadmissibles que le prétendaient les partisans du sieur
Madison (1).
Le budget doit avoir aussi augmenté le mécontentement
général en éclairant la nation sur le mauvais état des finances.
Quelques lettres particulières disent qu'en conséquence de cette
disposition de l'esprit public, le président aurait craint de
rompre trop tôt la négociation et envoyé par le Fingal des
instructions plus pacifiques que celles qu'il avait préparées
aussitôt après la réception des dépêches de ses plénipoten-
tiaires à Gand.
1209. Paris, 19 décembre 1814 (F. 6. 5161 ad 3565).
ALFIERI DI SOSTEGNO (2) à MAISTRE
{intercepta du 30 décembre).
Etat de la France. Sagesse de Louis XVIII. Éloge de sa politique.
La prétendue conspiration contre le roL Etat de l'Espagne L'Italie. Gênes.
Ce pays-ci, comme tous les autres, a besoin de repos et
son souverain doit par sa conduite inspirer la plus grande
confiance pour espérer que rien ne sera négligé par lui, pour
l'assurer à la France et à l'Europe à la fois. Mais les Princes,
qui se sont immortalisés en le replaçant sur son trône, ne
doivent pas laisser l'ouvrage imparfait, ni oublier que c'est
leur cause qu'ils ont servie en le rendant à la France, et ils
devraient chercher à l'entourer de cette considération qui affer-
misse toujours plus le pouvoir qu'il leur a plu de lui laisser, et
tout en ôtant à la France tous les moyens d'être jamais tentée
de recommencer à faire du mal, lui ménager pourtant le moyen
de jouer le rôle que la nature lui a départi et dont elle doit
1. Madison (James) (1758-1836), Président des Etats-Unis de 1809 à 1817.
11 eut pour successeur à la Maison Blanche son secrétaire d'Etat, Monroe.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 767
avoir le bon esprit de se contenter. 11 paraît qu'elle vient d'en
donner une preuve dans ce moment, où, au lieu de leur de-
mander à obtenir un accroissement de territoire proportionné
à celui que les autres Grandes Puissances paraissent vouloir
se donner, elle a préféré user de son influence pour protéger
la cause des princes malheureux et pour éviter, s'il sera pos-
sible, une tache, comme il paraît que seraient des spoliations
de ce genre, aux souverains envers lesquels Louis XVIll est
lié par le devoir de la reconnaissance.
Dans ce pays-ci, comme ailleurs, il y a beaucoup de mécon-
tents ; mais chaque jour on fait quelques pas vers une plus
grande tranquillité, et si le Congrès avait un résultat heureux,
s'il ne laissait plus aucune perspective de points de rallie-
ment aux esprits turbulents, il ne faudrait pas longtemps
pour voir renaître partout Tordre. La prétendue conspiration
pour enlever le Roi n'a pas eu lieu. Des personnes zélées ont
voulu un peu inconsidérément se faire un mérite en prenant
des mesures surabondantes qui annonçaient des dangers qui
ne devraient jamais être avoués, même s'ils existaient.
La pauvre Espagne est toujours dans un triste état. Bien
des personnes, qui se tiennent derrière la toile, paraissent
pousser le Roi à des mesures inconvenantes. On cherche tou-
jours à l'exaspérer contre la France. On confond ce que celle-
ci a été et ce qu'elle est et doit être. Gevallos paraît avoir
été mis en avant pour être l'instrument des vues des personnes
qui n'aiment pas se montrer à découvert et qui ont entre les
mains les moyens de le perdre toutes les fois qu'il ne mar-
chera pas sur la ligne qu'on lui a tracée.
Oubliant ce que Wellington avait fait pour ce pays, on est
arrivé à mettre en arrestation l'Espagnol dans lequel il avait
le plus confiance (1). Il a pourtant été remis en liberté. Les
Moines paraissent y jouer toujours un grand rôle. Louis XVIII,
en apprenant que le roi avait procédé à l'arrestation de son
ministre, a dit : « Ce que fait là mon frère et cousin est bien
peu royal. »
La paix de la France avec l'Espagne aura de la peine à se
1. Le général Alava. Cf. Jaucourt à Talleyrand, Paris, 7 décembre 1814.
Le général Alava a été mis en liberté. Il le doit àla crainte d'une émeute. »
3f. Letters a,nd desptUches of lord Castlereagh.Sir Henry Wellesley à lord
îastlereagh, Madrid, 24 novembre. Tome X, page 208.
768 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
rétablir. On a l'air de chercher noise à^-tout moment au lieu
d'agir d'après les intérêts communs.
La pauvre Italie a besoin de la fin du Congrès et d'une déci-
sion de son sort, quel qu'il puisse être.
Les Génois ne seront pas touchés de leur sort et je les
plains parce qu'on les a un peu trompés.
1210. Vienne, 1" janvier 1815 (F. 6 3895 ad 1810).
HAGER à l'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 1" janvier 1815.
11 lui signale les chiffons de Dalberg et un intercepta de
Castlereagh informant ïalleyrand, Hardenberg et Nesselrode
de la conclusion le 24 décembre de la paix avec les Etats-Unis (1).
1211. Vienne, 31 décembre 1814 (F. 6. 3895 et 3565).
HAGER à l'EMPEREUR
Passage du roi de Wurtemberg à Linz.
Rapport sur le passage incognito du roi de Wurtemberg
à Linz le 27 au soir. Sa suite y a raconté que, tout comme le
grand-duc de Bade, le roi n'avait pas lieu d'être autrement j
satisfait des résultats de son séjour à Vienne.
1212. Vienne, 31 décembre 1814 (F. 6. 3895 ad 3565).
0 © à HAGER
Les conseillers influents d'Alexandre. Les dîners et réceptions de Gagern. j
Le mot du prince de Ligne sur OuvarofF.
L'empereur Alexandre cause longuement et souvent avec le •
1. Traité de paix de Gand entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis
d'Amérique, signé le 24 décembre 1814. J
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 769
Palatin : mais seuls Humboldt, Gzartoryski, Stein et Capo d'Is-
tria ont de Tinfluence sur lui.
Les grands dîners et les réceptions de Gagern font beaucoup
jaser. On se demande qui paye ces grosses dépenses.
Le prince de Ligne, en voyant le général Ouvarofî qui accom-
pagne toujours l'empereur Alexandre, l'appelait I'Etrangleur
à cause de sa participation au meurtre de Paul I".
1213. Vienne, 31 décembre 1814 (F. 496 ad 2).
.... à HAGER
stagnation des gi-andes afTaires à cause de l'attitude de la Russie
et de la Prusse. — On va aborder les questions de Saxe et de Pologne.
Les affaires générales de l'Europe, celles de Gênes (1) et de
la Suisse (2) exceptées, languissent à cause de l'attitude de
la Russie et de la Prusse, relativement à la Saxe et à la Po-
logne, qu'on est cependant décidé à couler à fond, et les quatre
plénipotentiaires Hardenberg, Metternich, Razoumoffsky et
Castlereagh (3) vont enfin s'aboucher à ce propos. Du résultat
de ces conférences dépendra le sort de l'Europe et du Congrès.
[l. Cf. d'ANGEBERG, Protocole de la séance du 14 décembre des Plénipoten-
|lires des Huit, Page 527. Ibidem, Adhésion de la Sardaigne (17 décembre
14), Page 536 et Protestation du gouvernement provisoire de Gênes (28 dé-
ibre 1814), Pages 569-570.
Cf. d'ANGEBERG, Septième protocole du Comité des afTaires de Suisse.
|ance du 15 décembre et notes présentées par la Légation suisse, 528-531.
suvième protocole du comité. Séance du 19 décembre. Mémoires et notes,
kges 544-553.
[a. Cf. d'ANGEBERG, conférences du 29 décembre 1814 et du 30 décembre 1814
^s Plénipotentiaires des Quatre. Notes, projets et contre-projets, Pages
S8-1874.
ï. L 49
770 AUTOUR DU CONGRÈS »E VIENNE
1214. Vienne, 2 janvier 1815 (F. 496.209 ad 2.)
HAGER à l'EMPEREUR
Borderean et rapport joui-nalier du 2 janvier 1815.
Visites faites à Marie-Louise et rendues par elle.
Mode d'expédition des lettres de Schônbrunn.
Visites faites par la famille impériale à Marie-Louise le
31 décembre. iiUe reçoit également celles de Dalberg et d«
prince Eugène, qui reste chez elle pendant une heure et demie.
Marie-Louise a rendu les visites aux membres de la famille
impériale, chez lesquels elle a également envoyé le roi de
Rome.
Neipperg a dîné chez elle le 31 et on a parlé à table de l'in-
cendie chez Razoumoffsky (1).
Marie-Louise fait porter ses lettres en ville et les expédie,
ainsi que celles de M. de Bausset,par un homme à cheval, un
Français avec lequel il n'y a rien à faire. On le fera suivre à
partir de la ligne (2) afin de savoir où il va. Jusqu'à la ligne,
il marche à une allure si rapide qu'il est impossible de le suivre
en vitesse.
1215. Vienne, 31 décembre 1814 (F. 496.209 ad. 2).
.... à HAGER
Surveillance de Talleyrand.
Gagem et Vernègues ont rendu visite dans la matinée du
30 à Talleyrand, qui a conféré de f à 2 heures avec La Tour
du Pin et Noailles. Le prince de Metternich, venu chez lui à
3 heures, est resté avec lui jusque vers 5 heures.
1. Le palais de Razoumoffsky avait été en partie détruit par un incendia
pendant la nuit précédente.
5. iigrne : L'octroi de 1b ville de Vienne.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 771
A dîner, le général comte Giulay (1), Rohan, le curé de
Sainte- Anne (2), le commandeur Rufîo, Fontbrune, La Tour
du Pin, Gentz (3), Flassan, etc., etc.
Venus après le dîner, le comte PalfTy, Trauttmansdorfî, le
comte Benzel-Sternau, Los Rios, Saint-Marsan, Carneville.
A 9 heures, Talleyrand est allé chez Metternich, y est resté
jusqu'à 11 heures et s'est rendu de là chez le prince Wenzel
Liechtenstein et n'est rentré qu'à 4 heures du matin.
Deux courriers de Paris sont arrivés dans la nuit.
1216. Vienne, l" janvier 1815 (F. 2. 496.209 ad 2).
GCEHAUSEN à HAGER
Bruits répandus dans le public sur la conspiration de Milan
et la conspiration de Murât et de Napoléon.
1217. Vienne, 31 décembre 1814 (F. 2. 496.209 ad 2).
0 © à HAGER
Le pique-nique de Sidney Smith. Ce que Dalberg
lui a dit chez Talleyrand. Flassan.
On ne fait que jaser du pique-nique d'hier de YAugarten, On en
rit à gorges déployées. En fait d'Anglais il n'y avait guère que
Sidney Smith (4), parce qu'il fait partie de l'Opposition. Il n'y
avait guère en tout que 300 personnes, parmi lesquelles une
trentaine de femmes. A 11 heures tout était fini.
1. Giulay (Ignace, comte) (1765-1831), était déjà feld-maréchal lieutenant en
1805 et quartier -maître général de l'archiduc Ferdinand. Il fut avec le prince
Jean de Liechtenshein l'un des signataires de la paix de Presbourg. Feldzeug-
meister à ce moment, il succéda plus tard à Frimont dans les fonctions de
Président du Conseil aulique de la guerre, qu'il n'occupa du reste que pen-
dani peu de temps.
2. Eglise de Vienne où le curé prêchait en français.
3. Cf Gentz, Tagebûcher, 343. « Dîné chez Talleyrand. II me remet un ca-
deau magnifique (24.000 florins) de la part du roi de France ! »
3, Cf. Diaro de Saint-Marsan publié par le Père I. Riniehi, Corrispondenza
inedita dei Cardinali Consalvi e Pacca, LXVI. « Singulier dîner et bal de
jSidney Smith par souscription à VAngarten, tous les rois, princes, empereur
le Russie. Il oublie 100 personnes. Je ne vais qu'au bal. But : les esclaves,
les barbaresques. Personnes : les chevaliers de tous les ordres : Projet de
[trois trésoriers ; Pour les annonces, un Turc, im protestant et le Hoïxce. Es-
Lpèce de folie, beau local. »
772 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
J^avais depuis quelque temps interrompu mes visites chez
Talleyrand. J'y ait été ce soir et j'ai été très bien accueilli. J'y
ai trouvé tout le personnel de la mission, plus Vernègues,Ruffo,
Saint-Marsan et autres, Dalberg m'a dit : ^ Je suis très en
froid, presque brouillé même avec mon oncle, le grand-duc,
depuis l'histoire du coadjuteur, du Cardinal Fesch (1). Je suis
entré au service de la France pour sauver mes propriétés de la
rive gauche du Rhin. Je vous en fournirai les preuves, mon
cher, et je vous en communiquerai des originaux qui vous
convaincront. »
M. Flassan, Fauteur de l'Histoire de la diplomatie française y
m'a prié de l'introduire chez le baron Thugut, parce qu'il est
précisément en train de préparer un grand travail historique
sur son Ministère.
1218. Vienne, 1" janvier 1815 (F. 2. 496.209 ad 2).
Nota à HAGER (en français).
La princesse Bagration. Alexandre, Metternich, le pi'ince royal de Wurtem-
berg. La grande-duchesse Catherine Pozzo di Borgo. Gapo d'Istria,
J'ai risqué ma vie en allant pour le service de Sa Majesté
chez la princesse Bagration pendant quelques heures.
Voici ce que j'en rapporte ;
L'empereur Alexandre est furieux contre le prince Metter-
nich. Il l'accuse de la plus noire mauvaise foi et d'avoir voulu
semer la mésintelligence entre la Russie et la Prusse. Il dit
que la Prusse lui a montré toute la correspondance secrète avec
Metternich.
La comtesse Aurore Marassé m'assure que nommer Metter-
nich et se perdre auprès d'Alexandre, c'était la même chose.
Elle m'a dit cela avec tristesse, car elle est toute dévouée à
Metternich et à l'Autriche.
La princesse Bagration jouit d'une espèce de triomphe en
cela et se croit vengée des infidélités de son amant.
La comtesse Marassé m'a dit qu'elle a voulu deux fois pré-
venir le prince de Metternich de Forage qui se formait contre
1. On sait qu'en 1806 le Prince-Primat avait fait choix du Cardinal Fesch
comme coadjuteur et successeur éventuel.
Il
l'OUVERTURK du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 773
lui par les propos qu'on tenait à Alexandre sur son compte,
mais que Metternich ne lui en a jamais donné l'occasion, quoi-
qu'elle lui eût fait connaître son désir et que lui-même eût
désiré d'en être instruit.
« Mais, dit-elle, il trouvait bien le temps de courir chez la
Sagan, mais pas un quart d'heure pour m'entendra. J'en ai été
bien peinée, car j'aurais désirer le prévenir de tout. »
La princesse m'a dit qu'elle jne croit pas que le mariage du
prince royal de Wurtemberg avec la Grande-Duchesse se fasse.
Celle-ci le voudrait, mais lui n'en est pas si pressé. La prin-
cesse m'a dit encore que la Grande-Duchesse était jalouse
d'elle et qu'en réalité il n'y avait pas de quoi « puisqu'il vient
chez elle en ami ».
« S'il y avait quelque chose, a-t-elle ajouté, je vous le di-
rais. J'ai cependant voulu prévenir l'empereur Alexandre que
sa sœur était jalouse de moi.» L'Empereur me répondit : « Ce
sont là vos affaires, moi, je ne m'en mêle pas. »
Nous parlâmes de Czartoryski. Elle me dit qu'il a repris son
ascendant sur Alexandre et qu'elle osa dire à l'empereur : « Ce
Czartoryski ne me plaît pas. Au premier moment, il vous
plantera pour courir à Baden ou à Carlsbad. »
Elle me dit aussi que le prince royal de Wurtemberg lui
avait dit qu'il se proposait de parler à Alexandre pour le dé-
tourner de son entêtement de rétablir le royaume de Pologne,
et m'a prié de ne rien dire à personne de cette confidence que
le prince lui a faite.
Elle a toujours été (j'ignore le pourquoi) d'opinion contraire
à ce rétablissement.
Elle m'a assuré que Pozzo di Borgo ne compte plus tant
auprès d'Alexandre à présent et que c'est le moment de faveur
de Capo d'Istria (1).
Je dois ajouter pour mon compte que celui-ci n'est pas
l'ami de Metternich, Encore dernièrement il m'en a parlé. Il
lui accorde beaucoup d'esprit et d'éloquence, mais ni morale,
ni bonne foi. Il m'a cité un trait de lui. Il écrivit à Lebzeltern
en Suisse, « en lui donnant un ordre qu'Alexandre approuvait,
comme il le verrait par la pièce jointe à sa dépêche ».
1. La princesse Bagration ne se trompait pas puisqu' Alexandre confia en
1816 le portefeuille des affaires étrangères à Capo d'Istria qui le garda jus-
qu'en 1822.
774 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Cette pièce n'y était pas et n'avait jamais existé. Il fit cela
pour attraper le consentement de Capo d'Istria qui le donna,
mais le lendemain partit pour Fribourg, alla chez Alexandre
qui fut furieux de ce tour de Metternich (1).
Capo d'Istria (2) se dit très content de Wessenberg qu'il
trouve franc, clair, droit, loyal et intelligent. Il dit aussi du
bien de Stadion, mais on voit que pour Metternich il partage
les sentiments de son maître.
1319. Vienne, 3 janvier 1815 (F. 2. 496 ad 2).
HAGER à l'EMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 3 janvier 1815.
1220. Vienne, 2 janvier 1815 (F. 2. 496. 211 ad 2).
GŒHAUSEN à HAGKR
BruiLs de remaniement du cabinet autrichien. Règlement imminent des
grandes afîaires et proclamation de l'empereur François comme empereur
d'Allemagne.
On fait courir à Vienne le bruit de grands remaniements du
Ministère. Stadion deviendrait ministre des Affaires Etran-
gères et Bellegarde aurait obtenu de quitter Milan où il serait
remplacé par Frimont (3). On dit de plus en plus que les
1. 11 s'agit là d'un incident dont les conséquences furent des plus graves
et qui remonte au mois de décembre 1813, d'une correspondance relative à la
violation de la neutralité de la Suisse contre la volonté de l'Empereur
Alexandre. Il convient de remarquer que ni les troupes russes, ni celles des
IV* et V* Corps (Prince royal de W^urtemberg et VVrede) ne pénétrèrent à
l'intérieur de la Suisse. Les gardes et réserves russes de Barclay de Tolly et
les Austro-Bavarois de Wrede se bornèrent à se servir du pont de Bâle,
tandis que les Autrichiens s'étendirent jusqu'à Genève.
2. Capo d'Istria était à ce moment en rapports constants et suivis avec
Wessenberg, membre comme lui de la Commission pour les affaires suisses.
3. Frimont von Palota (Jean-Marie, Comte, Prince d'Antrodocoj (1759-
1831), Général de cavaleriedu 13 octobre 1813, à ce moment commandant de
toutes les troupes autrichiennes stationnées dans la Haute Italie et en Dal-
matie, dirigea au début de la campagne et jusqu'au combat du Ronco les
opérations contre Murât et peu de temps après celles contre l'armée de
Suchet.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 775
grandes alîaires du Congrès seront réglées d'ici au 15 et que
le jour de sa fête Tempereur d'Autriche sera proclamé empe-
reur héréditaire d'Allemagne.
1221 . Vienne, 2 janrier 1815 [F. 2. 496 ad 1).
Intercepta insigmfiaiits chez Nesselrode, Dalberg et Talley
rand, et rapport à Hager sur le passé et les aptitudies des
deux agents secrets prussiens au service de Hardeuberg et de
Stein, Veith et Mùlkr.
1222. Vkmne, 2.janvier 1.815 (F. 494.211 «d 2}.
GCEHAUSEN à HAGER
Effet produit sur les Pmsiiens par la nouvelle de la signature du traité
de Gand. Propos tenus par Hardenberg à cette occasion.
Veith, le confident du prince de Hardenberg, a dit qu'à la
suite de la signature du traité de Gand, un courrier prussien
(Karsten), parti hier, a emporté l'ordre du roi de faire entrer
immédiatement en Saxe un gros corps de troupes prussiennes.
Veith a raconté à notre émissaire, qui lui avait fait croire
qu'il était né en Prusse, qn'en recevant la nouvelle de la con-
clusion de la paix entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis,
le prince de Hardenberg s'est écrié : « A la bonne heure !
Nous allons recommencer à toucher de l'argent, ne serait-ce
que grâce à la liberté du commerce et du pavillon prussien et
puis, parce que l'Angleterre Ta maintenant s'occuper sérieu-
sement des alTaires du Continent. »
1223. Vienne, 2 janrier 1815 (F. 2. 496.209 ad 2).
©©à HAGER (en français).
La guerre probable
La princesse Taxis a su hier par la grande-maîtresse de la
cour de la Grande-Duchesse Marie que celle-ci lui a dit qu'on
allait avoir la guerre et que d'ici à huit jours la chose serait
décidée.
776 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
1224. Vienne, 2 janvier 1815 (F. 2. 496.209 ad 2).
.... à HAGER
Les propos tenus par liumboldt cliez Hardenberg, L'attitude
du Grand-Duc de Bade en cas de guerre.
Humboldt a dit,il j a quelques jours, chez Hardenberg, au
moment de se rendre à 8 heures du soir à la Chancellerie
d'Etat : « Je m'en vais à la commission des préséances. En
voilà une qui durera longtemps, puisqu'elle ne pourra se ter-
miner que lorsque chacun aura parlé à son tour et à la place
qu'on lui aura assignée. »
Au dîner donné vendredi dernier le 30 décembre par Har-
denberg, on s'est moqué tant et plus du Congrès et surtout
du parti autrichien, bien entendu tant que le baron de Wes-
semberg n'était pas là ou lorsqu'il se trouvait à l'autre bout
de la salle, et on l'a fait à la façon vraiment prussienne, façon
que ne saurait rendre le récit d'un tiers et qui ne peut du
reste être goûtée que par des initiés et comprise que par des
Prussiens. Humboldt a été l'un des plus agressifs et des plus
violents.
Le grand-duc de Bade a dit dernièrement en soupant chez
son grand maître de la Cour avec le conseiller d'Etat Sensburg,
lorsque le vin du Rhin lui eût un peu délié la langue : « Si la
guerre éclate, je marcherai avec l'Autriche, bien que je sache
que cela coûtera cher à ma sœur. Alexandre ne laissera pas
en effet échapper une aussi bonne occasion de se débarrasser
d'elle. Mais je ne peux faire autrement, surtout dès que la
France est d'accord avec l'Autriche. »
1225. Vienne, 2 janvier 1815 (F. 2. 496.209 ad 2).
0... à HAGER (en français).
Inquiétude des Polonais. Ils espèrent la chute de Metternich et déplorent le
départ prochain de Gastlereargh.
Les Polonais gardent un morne silence sur le sort de leur
patrie. Ils ne désespèrent pas encore à cause de l'influence
que Czartoryski et La Harpe continuent à exercer sur Alexandre.
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 777
C'est à cette influence qu'ils attribuent le bruit du remplace-
ment de Metternich par Stadion. Ils prétendent que le prince
Adam, ennemi déclaré de Metternich, a tellement indisposé
Alexandre contre celui-ci que l'empereur d'Autriche ne pourra
s'empêcher de procéder à ce changement du ministère.
En revanche, ils augurent mal pour leur cause du départ de
Castlereagh et de la venue de Wellesberg (1) et de Lord Li-
verpool (2) qui se sont hautement déclarés contre la Pologne.
Enfin ce qui les déroute surtout, c'est le mystère impénétrable
qui règne sur toute la marche du Congrès. Ils croient à une
guerre et il est hors de doute que dans ce cas tous les habi-
tants de la Galicie prendraient fait et cause pour la Russie.
1226. Vienne, 2 janvier 1814 (F. 2. 496.209 ad 2).
BENTLNGK (3) à STEIN [Intercepta) (en français).
Les réclamations du comte de Bentinck contre le duc d'Oldenburg.
Je prends la liberté de communiquer à Votre Excellence
l'extrait d'un rapport que je viens de recevoir. Elle y verra
m nouveau spécimen des Principes libéraux du duc dOlden-
'hurg et de sa régence.
J'étais parvenu sous les Français, par mes représentations
1. Il s'agit là de Wellington.
2. Lord Liverpool ne vint pas à Vienne.
3. Bentinck (Guillaume-Gustave-Frédéric, comte de), Seigneur de Varel et
d'Iundet Kniphausen, était pour la première seigneurerie soumis à la souverai-
neté d'Oldenbourg quoiqu'il contestât ce rapport. Il était immédiat comme
seigneur de Kniphausen, mais il avait été soumis par l'article V du traité de
Fontainebleau (11 novembre 1807) entre la France et la Hollande à ce der-
nier royaume. Rentré dans ses anciens rapports, il fit des démarches pour
être admis comme membre de l'Union des Princes et ensuite pour faire par-
tie de la Confédération Germanique. Sa demande ne fut pas accueillie, et il
ne fut question de lui ni dans l'acte de la Confédération Germanique du
8 juin, ni dans l'acte final du Congrès de Vienne. En vertu d'une convention
signée à Berlin le 8 juin 1821 les Seigneuries de Varel et de Kniphausen furent
incorporées au Grand-Duché d'Oldcnburg.
Cf. D'Angeberg, 1404-1405. Note 3 et Ibidem Notes de son plénipotentiaire
Jassoy aux plénipotentiaires d'Autriche et de Prusse du 5 mars 1815, page 896;
du 4 avril 1815, page 1021 et du 10 juin 1815, page 1434.
Cf. Kliiber, Ubersicht der diplomatischen Verliandlungen des Wiener
Congress, etc., pages 135, 136, 561, 571.
778 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
et en tergiversant, à conserver ces deux objets et à délivrer
mes sujets, déjà grevés outre mesure, de ce surcroît de dépenses,
et à présent le duc exige même les intérêts du passé.
1227. Vienne, 4 janvier 1815 (F. 2. 496.209 ad 2).
HAGER à TEMPEREUR
Bordereau et rapport journalier du 4 janvier 1815.
Il communique au comte Goëss, gouverneur de la Galicie,
les noms des Galiciens (200 environ) qui sans autorisation ont
passé la frontière pour aller s'enrôler dans les troupes du
Grand-Duché de Varsovie.
1228. Vienne, 3 janvier 1815 (F. 2. 496.209 ad 2).
.... à HAGER
Trois chiffons trouvés chez Stein le 2 janvier, parmi lesquels
se trouve une lettre de Marschall, (Ministre de Nassau) à Stein
1" janvier. (Il lui envoie sous ce pli copie du traité de Ried(l)
et lui parle d^un traité signé par le Wurtemberg. Il ne peut
pas croire que le Wurtemberg (2) ait été assez aveugle pour
croire qu'il dépendait de sa seule volonté d'entrer ou non dans
la Confédération germanique. Il le prie de lui communiquer
le projet de la nouvelle Constitution de l'Allemagne fait par
Humboldt.)
1. Traité de Ried du 8 octobre 1S13, alli«»ce entre TAutriche et la Bavière.
2. Traité préliminaire d'alliance entre TAutriche et le W^urtemberg avec
articles secrets et séparés signé à Fulde le Snoverabi'e 1813. Ce serait ià une
interprétation singulièrement fantaisiste des articles séparés et secret» 1 et
II. Cf. d'Angeberg, page 65.
l'ouverture du congrès. LA SAXE ET LA POLOGNE 779
1229. Vienne, 3 janvier 1815 (F. 2,496.211 ad 2).
Extraits de la liste des Intercepta soumis à la Manipulation
le 2 et 3 janvier.
Un paquet au baron Friesen de Rotha (1) contenant une
adresse de Dresde le 31 décembre 1814, couverte de signatures
de la noblesse saxonne, à leur roi l'assurant de leur fidélité et
de leur confiance en son retour.
Intercepta pris chez Nesselrode et Humboldt, ainsi que d^une
partie des lettres arrivées par courrier au grand-duc de Bade.
(Lettre du baron de Maltitz à Nesselrode, de Karlsruhe le 16-
28 décembre 1814, sur les troubles politiques survenus à
l'Université de Heidelberg.)
1230. Vienne, 3 janvier 1815 (F. 2.496.211 ad 2).
Nota à HAGER (en français).
Bruit de disgrâce de Metternich. Causes de son impopularité
et de sa défaveur.
Toute la ville est remplie de la nouvelle que Metternich
est disgracié.
Lanckoronski m*a dit hier avec une espèce de douleur
que Metternich déplaisait beaucoup ; que, voyant beaucoup
de monde du matin au soir à cause de sa maladie, il avait pu
s'en convaincre et que le roi de Danemark, entre autres, s'en
plaignait. Gomme je demandais de quoi le Roi pouvait se
plaindre, il me dit : « Ce que je sais, c'est qu'il traite les sou-
verains un peu trop légèrement, leur parle assis et se donne
un ton qui les blesse. Ce qui nuit aussi à Metternich, c'est
l'attachement, vrai ou faux, qu'il affiche pour Murât détesté à
Vienne. »
1 . Chambellan du Roi de Saxe.
780 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
1331. Vienne, 3 janvier 1815 (F. 496. 209 ad 2).
.... à HAGER
Une lettre de l'Empereur à Marie-Louise. M^" de Montesquieu et le roi
de Rome. Narischkine, Jomini, La Harpe, Reinhard.
Dans le courrier d'Elbe arrivé par Livourne et Parme à
Marie-Loaise, Napoléon lui reprochait vivement son incons-
tance et son attitude à son égard et était très jaloux de Neip-
perg. Elle a depuis reçu le 1" janvier à 11 heures un autre
courrier de Parme ; mais on ignore encore, et on tâchera de
savoir ce soir ou demain, s'il contenait les lettres de Napo-
léon.
M"® de Montesquieu a dit à un de ses intimes en parlant du
roi de Rome : « Je crains pour cet enfant qu'on le détourne
de son Père. Pour la Mère, on y a déjà réussi. On a déjà ravi
à ce pauvre homme... »
Narischkine (1) part jeudi pour Venise.
Jomini travaille beaucoup par ordre d'Alexandre à un pro-
jet sur l'Italie.
La Harpe vient souvent et reste longtemps chez lui à ce
propos, Reinhard est très lié avec eux et confère souvent avec
eux.
1232. Vienne, 3 janvier 1815 (F. 496. 211 ad 2).
D^ BOLLMANN (2) au général de LA FAYETTE (à Paris).
Sous couvert à M""® Reinhard [Inlercepla) (en français).
Ses plans financiers pour l'Autriche. Son opinion sur les questions de Saxe
et de Pologne et sur l'attitude des Puissances.
Le succès de mes vues particulières tient à la tournure que
1. Narischkine (Ivan- Alexandrowitch), grand maître des cérémonies de la
Cour de Russie.
2. Du même jour encore deux autres lettres interceptées de Bollmannjl
l'une au professeur Haufî à Vienne, l'autre à M"' Reinhard à Paris que j'ai;
cru inutile de reproduire, parce qu'elles n'ont pas trait aux grands événe-
ments du moment, mais à des affaires personnelles.
Bollmann (Eric-Juste), né en 1765 à Hoya (Hanovre), mort en 1831 à Kings-
ton (Jamaïque), Venu comme médecin à Paris eu 1792, il se chargea de con-
l'ouverture du congrès. — LA SAXE ET LA POLOGNE 781
prendront les affaires politiques. J'ai été très industrieux de-
puis que je suis ici et mon travail principal a été un traité
sur les finances de ce pays-ci, dans lequel j'ai proposé un plan
de se débarrasser du papier déprécié qui fut la seule circula-
tion actuelle de la monarchie autrichienne et de le remplacer
par un bon papier-monnaie par le moyen d'une banque natio-
nale d'Autriche dont j'ai tracé l'organisation. Ce plan a été
tout à fait approuvé du Ministre et des principaux membres
du Conseil, de sorte qu'il en est résulté plusieurs entrevues avec
le Ministre et plusieurs démarches préparatoires à l'exécution
que j'ai faites conformément à son désir. Mais son exécution
dépendra finalement du résultat des travaux du Congrès, ré-
sultat auquel tiennent tant de choses I
Je me suis fait valoir aussi (si vous voulez excuser l'ex-
pression), de plusieurs autres manières et j'ai préparé plusieurs
affaires importantes. Aucune ne peut être décidée avant la dé-
cision de la grande où tous les yeux sont portés.
Cette grande affaire en est venue au point que la paix ou
la guerre doit être décidée dans la quinzaine. Ni l'une, ni
l'autre ne le^sont en ce moment. La Prusse ne paraît pas
vouloir relâcher la Saxe. L'Autriche, la Bavière, la France,
l'Angleterre s'y opposent. La Russie la soutient.
On attend quelque chose de la paix avec l'Amérique, que
nous connaissons depuis avant-hier, comme mettant l'Angle-
terre dans le cas de pouvoir se prononcer davantage. Cepen-
dant la guerre parait être, plutôt que la paix, l'intérêt de la
Prusse et de la Russie qui se sentent sur leurs adversaires,
surtout la Prusse, une supériorité décidée dans le moral, c'est-
à-dire les talents, l'enthousiasme, l'énergie, etc., etc. Les jeunes
gens en Prusse ont pris le goût, la soif de la guerre, l'habi-
tude de la guerre. Ce sont tous des têtes chaudes. Les Russses
duire Narbonne en Angleterre où il se lia avec un certain nombre d'émi-
grés, tels que Talleyrand, Jaucourt, Lally-Tolendal et M™" de Staël et
s'enthousiasma pour La Fayette qu'il essaya vainement de faire échapper
d'Olmiitz. Arrêté à son tour par les Autrichiens et condamné au bannisse-
ment, il se rendit en Amérique où se trouvaient déjà deux de ses frères. Lancé
dans de grandes affaires, il revint en 1814 en Europe et après un court sé-
jour à Paris, se rendit à Vienne, mais sans y attendre la solution des affaires
qu'il proposa au gouvernement autrichien, il retourna en Amérique pour y
chercher sa famille et la conduire en Angleterre où d'importantes affaires
réclamaient sa présence. Bollmann entretint jusqu'à ses derniers jours des
relations et une correspondance suivie avec M"* de Staël.
782 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
ont pris Thabitude des climats doux et du pillage. Les Autri-
chiens ne me paraissent guère être sortis de leur engourdisse-
ment naturel. La France s'en moquerait ; l'Angleterre voit
que cela lui coûterait des sommes prodigieuses. EUle aurait à
solder toute Tarmée autrichienne, outre la sienne.
Ainsi le dénouement me paraît encore fort douteux. Je
puis me tromper, mais je crois que l'Autriche cédera plutôt
que la Prusse.
1
ANNEXES
ANNEXE I
(à la page XX)
18 Février 1793
Rapport du Comte Pergen sur l'ancienne police
(diplomatique) secrète
{Analyse)
Pergen a déjà clans de précédents rapports rendu compte de la façon
dont le service était compris et mené par la Polizei Oberdirection
et fait ressortir la nécessité de placer toute la police de la monarchie
sous une direction unique. Il fait maintenant remarquer à l'Empe-
reur que, en dehors des services qu'en fait il doit laisser connaître
au public, il en est d'autres qui avaient été très appréciés par Vem-
perear Joseph 11^ qu'on a eu tort de négliger et de laisser péri-
cliter depuis sa mort et qu'on a seulement commencé à réorganiser
dans les derniers temps.
« C'est ainsi qu'on s'est procuré des agents de confiance (Ver-
traute Personen), qu'on a placés dans les ambassades des Cours,
auxquelles on connaissait, ou auxquelles on prêtait des projets et
des intentions hostiles à la monarchie, tant afin de découvrir leurs
relations secrètes avec les autres ambassades que celles nouées avec
les personnes au service de Sa Majesté. Le cabinet secret de Sa Ma-
jesté, qui est en rapport constant avec cette police secrète, n'ignore
pas et sait apprécier les services qu'elle lui a rendus. »
Pergen se propose en conséquence de « chercher à se procurer
de nouveaux moyens destinés à remplacer les anciens qui sont déjà
très usés ».
Pour développer et faciliter le fonctionnement de cet organisme,
784 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
il croit qu'il serait bon d'y préparer et d'y intéresser le public « en
lui exposant à grands traits le but et l'utilité de ce service, mais
en entourant toutefois cette communication de toutes les précau-
tions possibles ».
En marge la décision de V Empereur François en date
du i2 mars 1795
Parler de ce projet à VObersler Landrichler, Comte von Stam-
bach et s'entendre avec lui.
ANNEXE II
(à la page XXI)
21 Mars 1804
Rapport du Ministre de la police Sumera-w sur
rorganisation du service de la police secrète.
[Analyse)
Après avoir conféré avec le Conseiller aulique von Stahl, il a
constaté que « le service de la surveillance des légations étrangères
et de leurs relations n'existe pour ainsi dire plus et qu'en tout cas
son rayon d'action est excessivement restreint, puisque ce service
n'est plus actuellement assuré que par le Hofsekrelàr Ratoliska et
quelques rares fonctionnaires et agents fort mal payés,
« Tout le service secret proprement dit ne coûte en effet que 7 à
8.000 florins, somme inférieure à celle qu'une puissance de troi-
sième ordre dépenserait à cet effet. »
Sumeraw^ fait remarquer que «l'état de l'Europe oblige pourtant
l'Autriche à savoir ce qui se passe, non seulement à l'étranger,
mais à l'intérieur de la Monarchie et surtout dans les murs de la
capitale, centre de la vie politique ».
Il faut donc réorganiser ce service et mettre les fonctionnaires
et les agents à même de remplir leur mission. Il expose par suite
à l'Empereur qu'il a à cet effet « confié au conseiller aulique von
Stahl la direction exclusive de la police secrète d'Etat. C'est ce
{
II
ANNEXES 785
fonctionnaire qui correspondra et continuera à correspondre ver-
balement avec le cabinet secret de Sa Majesté et avec la Chancel-
lerie secrète de Cour et d'Etat.
u Je lui ai adjoint, ajoute-t-il, pour ce qui a trait au recrute-
ment et à la direction des Confidents, \q /?o/5ecre^ârRatoliska,qui
est attaché à ce service depuis dix-huit ans. Mais depuis la mort
du secrétaire Bonwart, il est impossible à Ratoliska de suffire seul
à la tâche et il convient de lui adjoindre des collaborateurs sûrs
et capables plus tard de le suppléer. Mon choix s'est porté sur le
commissaire de police Schosulan et sur le commissaire de police
Charles Braulik, de la police de Prague. Schosulan, qui parle plu-
sieurs langues et a déjà rempli des missions délicates, sera plus
particulièrement chargé du service relatif aux légations étrangè-
res et aux affaires de l'intérieur. Je compte lui adjoindre Braulik
qui, lui aussi, pos-ède plusieurs langues étrangères et est, comme
ui, habile et plein de tact.
« Je donnerai en outre de l'avancement à certains fonctionnaires.
Mais cela ne suffît pas pour assurer le service politique. Il faudra
en même temps découvrir et s'attacher des personnes bien placées
qui seront en état et en position de fréquenter la haute Société et
d'avoir accès partout où vont et où fréquentent les ministres étran-
gers, tels que les salons d'Arnstein, de Geymûller (l),de la baronne
d'Eichelberg et de la fameuse M"^ Ripp. Il faudra forcément aug-
menter sensiblement les crédits affectésjusqu'ici au service secret.»
Il parle en conséquence de l'avancement et de l'augmentation de
traitement qu'il désire donner à Ratoliska, qu'il propose de nom-
mer Kaiserlicher Rath et dont il projette de porter à 2.000 florins
les appointements qui, après dix-huit ans de service à la police et
vingt-huit ans de service à l'Etat, sont restés depuis 1795 fixés à
1.500 florins II propose que ce traitement soit payé par les fonds
des Camerali, à cause de l'affectation nouvelle qu'il va recevoir et
de la difficulté qu'il y aurait à le faire figurer sur les Étals de la
Polizei Oberdirection et de la Polizei Hofslelle.
1. « Madame Geymûller, lit-on dans les Souvenirs de la baronne du Mon-
TOT (page 79 avait eu l'ambition de faire de ses salons le point de réunion
des étrangers, des voyageurs de distinction, des hommes marquants de
toutes conditions Elle avait essayé re rapprochement entre la haute no-
blesse et la seconde. Elle avait beaucoup trop présumé. Les femmes titrées
n'y firent qu'une courte apparition L'antipathie entre les deux sociétés
est un mal incurable. La morgue et le dédain de la première doivent être
bien réellement haïssables pour la seconde, dans laquelle se trouvent des
hommes et des femmes d'esprit très distingués »
T. l. 50
786 AUTOUR DU COMGRilS DE VIENNE
Pour Schosuian, ii lui sembk utile de le faire passer de 600 à
800 florins, de même po«r Braulik et de faire supporter ces dé-
penses au compte des Camerali.
Il serait en même temps utile de faire figurer sur les mêmes
comptes le traitement ou au moins l'aug^mentation de traitement
du conseiller aulique baron Hager, passé de 3.000 à 4.000 florins.
Par suite de l'affectation du conseiller aulique von Stahl au service
de la police secrète et diplomatique d'Etat, le baron Hager est en
effet chargé de la correspondance avec les services de police de la
cour et des provinces, avec la Polizei Oberdireclion^ avec le ser-
vice de la censure, sans parler de toutes les missions dont il s'ac-
quitte encore en outre.
Sumeraw demande que, plus encore qu'elle ne le fait actuelle*
ment, la Chancellerie de Cour et d'Etat lui signale les objets et
les individus sur lesquels elle désire être renseignée.
Il insiste sur l'utilité de l'existence et de la création des Loges{i),
sur l'indication des déplacements des agents et des émissaires des
étrangers, afin de pouvoir mieux les surveiller et les suivre dès Icht
arrivée à Vienne.
Réponse et Décision impériale.
{Analyse)
Approbation pour Stahl et Ilager et pour la création de
nouvelles Loges,
II
i
1. n s^agit de Loges pour les lettres <iu'il désire voir établir et dont
quelques-unes existent déjà à Constance, Innsbruck, Augsbourg, Venisei
Trîeate, Graz, Bude, Lemberg, Cracovîe, Linz, (cabinets noirs dont fl vent
développer l'organisation.
i
ANNEXES 7^
ANNEXE III
(aux pages XX ©t XXI)
2 FÉvMEi 1806
Rapport da Sum©ra-w sur la police sôcrète de Cour.
(Rapport basé surtout sur celui du Si mars i 804 et sur le fait
que Sumeraw s'est préalablement entendu avec le comte Sta-
dioji.)
(Analyse)
« Pour que ce service puisse être |:éellement ulile, il faut, comme
cela se faisait du temps de l'Empereur Joseph II, que son chef soit
journellement et exactement tenu au courant de tout ce qu'on
sait et apprend au ministère des Affaires Étrangères, ainsi que
des lettres et des dépêches qu'on intercepte, afin que de son côté
il puisse agir utilement et diriger plus sûrement ses recherches.
Il faut d'autre part que la Chancellerie de Cour et d'Etat agisse
de La même façon. »
Le rapport insiste sur les soins particuliers qu'on appointera au
recrutement et au choix des nouveaux Confidents, aux instructions
dont on les munira. « On s'appliquera surtout à en trouver dans
les hautes classes de la Société et parmi les personnes auxquelles
leur naissance, leur situation, leurs relations donnent accès par-
tout et qui pénètrent non seulement dans les salons tels que ceux
d'Arnstein, Geymuller, Eichelberg et de M""" Ripp, mais aussi
dans ceux de l'aristocratie et les ambassades.
« J'en ai déjà dressé une liste et je vais petit à petit et prudem-
ment entrer en relations avec ces personnes, dès que Sa Majesté
aura approuvé la liste que je lui soumettrai. »
Le rapport insiste encore et tout particulièrement sur la créa-
tion et l'augmentation des Loges, « dont le fonctionnement rendra
d'autant plus de services que, plus que jamais à raison des cir-
constances politiques, on a besoin d'avoir connaissance des cor-
respondances diplomatiques et politiques de et avec l'étranger.
« En raison des modifications apportées au territoire de l'empire
^t de la perte des loges de Constance, d'Innsbruck, d'Augsbourg
fl de Venise, il importe d'en créer à Linz et à Salzbourg, d'agran-
lir celles de Trieste et de Prague et d'en établir à Graz et à Brûnn
788 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
et d'être par conséquent autorisé à en parler au comte Stadion . >
Passant ensuite au fonctionnement du cabinet noir et du bureau
de déchiffrement, « où après avoir déchiffré et intercepté les let-
tres venant de l'étranger on transmettait les résultats du travail
au Conseiller d'Etat von Stahl », le rapport demande que ce ser-
vice soit généralisé et étendu et propose d'y affecter, en outre des
déchiffreurs, Ratoliska et ses collaborateurs.
Le rapport envisage ensuite certaines modifications dans le per-
sonnel et certains avancements qui seront amenés par le départ
de Stahl et soumet un état de propositions à l'empereur.
Revenant encore une fois sur le déchiffrement et le cabinet noir,
le rapport insiste sur une organisation spéciale qui lui paraît im-
posée par la saisie des lettres que les Ministres étrangers se font
adresser chez leurs banquiers, de celles qu'ils expédient par l'in-
termédiare de personnes de confiance qui les portent à plusieurs
postes de Vienne, « à l'aide aussi des Bavarois et des Wurtem-
bergeois qui retournent chez eux et qui se chargent de ces lettres
d'accord avec les légations de ces royaumes ».
Le rapport envisage ensuite certaines mesures qui semblent ur-
gentes, conseille « de faire appel au patriotisne des banquiers,
auxquels on promettra le silence le plus absolu » et se termine
par un résumé des instructions qu'il convient de donner partout
aux agents des postes et des douanes.
ANNEXE IV
(à la page XX)
27 Février 1806
Décision impériale et réponse au rapport du 2 février,
{Analyse)
Avoir dans toutes les légations un ou plusieurs confidents soldés
rendant compte des événements de chaque jour.
Disposer pour les questions plus importantes de personnes bien
placées, ayant accès partout et qui ne seront connues que du seul
chef de la police. On les recrutera et on les attachera moins à
i
ANNEXES 789
l'aide de rémunérations en argent que grâce à la connaissance de
leur état moral et de leur situation personnelle-
Observations sur les procédés à employer pour la surveillance
des fonctionnaires.
Recruter de suite le personnel à placer dans les légations et dans
les lieux où se réunissent et où logent les personnages politiques
et les étrangers de distinction. Avoir en outre un personnel disponi-
ble à tout moment et prêt à être placé chez de pareils personnages.
Mettre tout en œuvre afm de découvrir les moyens employés
pour faire passer ou recevoir les correspondances politiques et
secrètes.
Me demander mon autorisation quand il s'agira de saisir des
diépêches venant par courrier.
L'Empereur approuve les mesures proposées pour les loges et
p ourla visite aux lignes et aux frontières.
ANNEXE V
(à la page XX)
5 Août 1808
Hager.^Rapport à l'Empereur.
Note sur la réorganisation de la K. K. Polizei Hofstelle
[Analyse)
Après avoir commencé par remercier l'Empereur de l'avance-
ment, que sur sa demande il a donné à deux de ses subordonnés
Braulik (nommé Hofsekrelar) et Jahl (nommé Hofkonzipist), il lui
soumet un certain nombre de mesures qu'il lui paraît nécessaire
de prendre sans plus tarder-
Il commence par exposer à l'Empereur qu'il compte se réserver
la conduite et la direction des affaires, qu'il avait déjà dans ses
attributions comme conseiller aulique,et laisser àRatoliska le ser-
vice diplomatique. dont ce fonctionnaire s'acquitte à merveille D'ac-
cord avec ce dernier, il se propose de procéder à une réorganisation
de ce service, « de donner une extension nouvelle et une allure
spéciale à la branche très importante, et trop négligée jusqu'ici, des
surveillances, mais en évitant avec soin l'emploi de certains pro-
790 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
cédés qui ont à ses yeux le grave inconvénient d'avoir trop d'ana-
logie avec les enquêtes de police ».
Il soumet ensuite à l'approbation deTEmpereur l'affectation qu'il
voudrait faire de ses quatre Hofsekretâre (Ohms, Armbruster, â
Braulik et Forster) et lui expose un projet de répartition du tra- S
vail entre eux en ayant soin de lui faire connaître en outre le per-
sonnel subalterne qu'il adjoint à chacun d'eux et qu'il prend tout _
entier dans les cadres déjà existaiits. ft
Il demandait ensuite l'autorisation d'adopter définitivement un
nouveau mode d'enregistrement et d'analyse des pièces qu'il avait
introduit à titre d'essai dans ses services, et exposait ses idées stir f
l'organisation du bureau de la Presse et de rédaction des articles
destinés aux journaux officiels et officieux, ainsi que sur le fonc- ;
tionnement de la Censure des journaux et des théâtres. S
Des observations qu'il venait de soumettre résultait pour lui la 1
nécessité de « modifier complètement le fonctionnement et les
attributions de la Polizei Oberdirection, dont le concours est
indispensable à la Polizei Hofstelle et qui est provisoirement con-
fiée au conseiller de gouvernement Sibar (1), excellent fonction-
naire, mais qui ne saurait mener un service aussi lourd et aussi
important », et il concluait en demandant à l'Empereur d'appeler
à ces fonctions le Kreishanptmann von Schiller.
Passant ensuite à l'exposé d'une série de mesures (déjà prises
par lui et qu^il soumettait à l'approbation impériale) relatives à la
Fremdencominission (commission spécialement chargée des étran-
gers), au Bureau militaire, à la révision des comptes à laquelle il
avait dû procéder dans l'espoir d'arriver à connaître les agents et
les Vertraute (confidents) employés par la Polizei Oberdirection
et par la Polizei Hofstelle, mais qui ne lui avait fourni sous ce rap-
port que des renseignements fort insuffisants :
« La Polizei Hofstelle, ajoutait-il, après toutes les péripéties
qu'elle a eu à traverser après la mort du fameux Regieruiigwstlh
von Lerchenheim et les bévues faites par Hackel et le Hofsekretâr
Schwindt, n'avait plus, à l'exception de quelques coiTespondants
hongrois, aucun confident sur place ici. Rien n'avait été fait en ;;
vue de recruter les confidents pris dans les Hautes Classes de la
1. Cf. Oesterreichischer Beoba.chter du 7 août 1815, n» 219-1194. Par décret %
de Heidelberg, en date du 21 juin, l'Empereur conférait au conseiller aulique '
Siber, devenu à ce moment Polizei Oberdireetor, en reconnaissance de 45 ans
de bons et loyaux services, la petite croix de Tordre de Saint-Etienne. i,
ANNEXES 791
société, dont l'Empereur avait autorisé et demandé, il y a deux ans
déjà, l'adjonction à la Polizei Hofstelle. Les quelques con^rfeafs,
existant actuellement, sont les uns des amis personnels de l'an-
cien Polizei Oberdirector, qui ne voulaient pas être connus, les
autres, des gens de classa, de conditions et d'éducation inférieures
et dont on ne peut espérer aucune information sérieuse, aucune
action utile. »
Hager déplorait d'autant plus vivement le manque de semblables
organes que, « c'était, disait-il, pour cette raison qu'il lui avait
été impossible de remonter, comme l'Empereur le voulait, jus-
qu'aux causes de la hausse du change. La situation e^t d'autant
plus difficile que l'Empereur vient de lui prendre ses deux meil-
leurs Vertraute^ dont l'un, Schwarzleitner, a été envoyé par l'Em-
pereur en mission financière à l'étranger et que d'autre part les
années qu'il (Hager) a passées, d'abord dans l'armée, puis dans
l'administration en province, ont nui aux relations qu'il va lui fal-
loir se créer à nouveau à Vienne afin de pouvoir y trouver les per-
sonnes de confiance dont il a besoin. »
Il termine son rapport en résumant les demandes principales
qu'il soumet à l'approbation de l'Empereur et qu'il croit indispen-
sables en vue du bon fonctioanemsut et de la réorganisation du
service.
Le rapport de Hager fut presque immédiatement approuvé par
l'Empereur qui nomma Schiller, Ober Polizei Director, lui accorda
le caractère de conseiller aulique, fixa son traitement à 6.000 flo-
rins, assura Hager de toute sa coniiance et l'invita à lui faire con-
naître toutes les modifications qu'il croirait nécessaires au bien du
service.
ANNEXE VI
(à la page XXIV)
Résumé et relevé des dépenses de la
« Polizei Hofstelle » (1).
{ Crédits. . . 36.756 florins
Année 1812. . . \
l Dépenses . . 33.420 —
1. A. M. J. Wiener Gongress, XX, ad. 126.433.
792
Année 1813
AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
( Crédits. . . 59.606 florins.
/ Dépenses . . 52.849 —
Année 1817.
Crédits. .
Dépenses .
42.965 florins (1).
39.889 —
ANNEXE VII
(à la page XXIV)
Vienne, 18 Février 1815
Hager à l'Empereur (-2).
Il lui soumet l'Etat détaillé des comptes de la Polizei Hofstelle
pour l'année 1814 (avec les articles et pièces justificatives, n° 1 à
198).
Les comptes, que l'Empereur approuva à la date du 12 mars
1815, s'élevaient à un total de 63.647 florins, 46 kreuzer, se décom-
posant comme suit :
1. Je n'ai malheureusement pas pu mettre la main sur le budget spécial de
la Polizei Hofstelle pour l'année 1816.
2. Wiener Congress,XX,ad 126-433.— 11 m'a paru curieux d'emprunter au Hof
und Staats Schematismus de 1814-1815, l'état nominatif des fonctionnaires su-»
périeurs, dont se composait à ce moment la K. K. Oberste Polizei nnd Cen-
surs Hofstelle, doni les bureaux et les services étaient installés à deux pas de
la Burg et du Bail Platz, au n" 38 de la Herrngasse.
Président : baron von Hager;
Conseiller aulique : von Ratoliska ;
Conseillers de Gouvernement : Ohms; Braulik;
Secrétaires auliques : Fœrster; Schosulan, Torresani ;
Rédacteurs (Conzipisten) auliques : Biber, Zebay;
Commis (Kanzlislen) auliques ; Ott, Pfiihl, Jaschegg;
2 garçons de chancellerie;
3 messagers de chancellerie;
plus la Censure I. R. des livres, placée sous la direction de la Polizei und
Censurs Hofstelle et se composant d'un personnel de 12 censeurs.
En octobre 1814 (Cf. Oesterreichischer Beobachter du 8 octobre 1814,
n" 281, 1532), Braulik fut promu conseiller aulique, Schosulan, conseiller de
gouvernement, Biber secrétaire aulique et Zettler et Ferdinand von Biber
devinrent rédacteurs.
ANNEXES 793
Reliquat de 1813 -, 7.256 49
Reçu le 26 janvier 1814, delà Hofkammer. . . . 12.000 »
» le 2 juillet » 10.000 »
» du Magistrat de la ville de Vienne (contribution
annuelle) 10,000 »
Reçu le 1*"^ octobre 1814 de la Hofkammer. . . . 12.000 »
» 7 décembre » 12.000 »
Reçu du conseiller de gouvernement von Vogel, sur un
reliquat de son compte pour missions à l'ar-
mée 232 50
lîeçu du général Tomasich (reliquat) 158 07
Total 63.647 46
Dépenses totales (ci-contre) 54.136 2
Reste un crédit de 9.511 44
Payements faits par la Polizei Hofstelle (année 1814) (1)
Florins
1 . Hofkriegsrath, pour les Prisonniers d'Etat, Schnei-
der 500 »
2. Baron von B... (Agram), pour services secrets. . 200 »
3. à von G...i (Garpani),son traitement de décembre
1813 180 a
4. au Hofkriegsrath von Vogel, à titre de rembourse-
ment 3.153 31
5. à von L... (Leurs), traitement pour janvier . . 100 »
6. à IX., pour ses services secrets 700 »
7. au Gouvernement, pour 200 feuilles de passeports 48 »
8. au Hofrath Ohms. Dépenses pour mission secrète. 125 »
9. à G. G. Traitement jusqu'au 14 janvier. ... 66 40
10. à l'imprimeur Strauss, deux factures de travaux. 75 36
IJ. à H. H. à Presbourg, pour services secrets . . 114 »
12. à Bartholomé de A..., pour frais de voyage . . 300 »
13. au Hofrath von Ratoliska, pour Vertraute {Confi-
dents) en janvier 526 54
14. à Hannart, ses journées en janvier 46 30
15. diU Praesidium, pour dépenses de service secret. 24l 34
1. A M. J. Wiener Gongress. XX ad 126.433. '
794 AUTOUR DU COSGRÈS DE VIENNE
Florins
16. à von L... S reliquat dû 419 45
17. au Vertraute à Pest, pour copie d'un manuscrit
remis à Sa Majesté 100 »
18. à Stôckl, ses journées en janvier 10 30
19. à von G... i, son traitement en janvier .... 120 »
20. à © ©, pour février 170 >
21. à la veuve de l'agent Cz...y , 109 04
22. à l'Imprimeur Strauss, pour travaux 43 15
23. à von L...S, traitement pour février ..... 100 »
24. Dépenses de von L...S, pour voyage de service à
Milan 783 04
25. à X. X à Pesth, pour service secret 200 »
26. à G. G., traitement jusqu'au 14 février. ... 66 40
27. à l'agent von L. G- envoyé à Cracovie 150 ducats. 1.383 40
28. au Hofrath von Ratoliska,pour agents en février. 535 04
23. à Hannart. Journées en février 42 »
30. à Z ..g, à Miskolcz, dépanses secrètes de service. 100 »
31. à 0 0, dépenses secrètes de service 170 »
32 à Hebenstreit 100 »
33. à Stôckl, journées pour février 42 »
34. à von G...i, dépenses secrètes de service en fé-
vrier 125 »
35. à l'agent C...r, à Salzburg 100 »
36. au Regierungsrath La Roze, pour compte d'im-
pressions pour la police 200 »
37. à rOber commissâr Peyfuss 200 »
38. à G. G., traitement jusqu'au 14 mara .... 66 40
39. à von L... s, traitement pour mars 100 »
40. à l'agent P...O, à Tyrnau, traitement trimestriel. 100 »
41. au Hofsecretâr Schosulan, pour agents en mars . 535 30
42. à Hannart, journées pour mars 46 30
43 . à Radichevich, traitement du premier trimestre , 450 »
44. à von G. .i traitement pour mars 130 »
45. à Stôckl, ses journées 46 30
46. à r. r., à Vienne, p.our service secret 100 »
47. à 1 GO .(von Neustâdter, fonctionnaire hongrois). 700 »
48. à 0 0^pour service secret en mars (contre trois
quittances) 470 »
49. à von L... s. Traitement pour avril 100 »
150
»
000
»
66 40
85
»
45
»
535
30
130
»
45
»
200
»
J70
»
136
»
ANNEXES 795
Florins
50 à Bruxelles par ordre supérieur, pour règlement. 1.000 »
51. au Domprohsl Justel, à Laibach, pour service se-
cret en Dalmatie
52. à von Degen. Traitement annuol 1
53. à G. G. Traitement jusqu'au 14 avril
54. au Proesidium, pour dépenses d'un service secret
55. à Hannart, journées en avril. . . ....
56. au Hofsecrétâr Schosulan, pour agents en avril .
57. à von G... i, traitement pour avril
58. à Stôckl, journées pour avril
59. à von L...S, traitement pour mai et juin . . .
60. à 0 © pour mai contre deux quittances . . .
61. à Z,.., à Pesth, pour service secret
62. à G. G., traitement trimestriel (14 avril-14 juillet) 200
33 . au Conseil aulique de la Guerre, frais de transport
pour le baron Hormayr 20
64. à la veuve de l'agent G, ..y, un quart de pension
annuelle
65. à X X, à Pesth, pour service secret
()6. à von L...S, contre quittance
67. à 1 00 , pour von Orban 1.172
68. au baron B. , . à Agra, pour service secret (trai-
tement trimestriel)
69. au HofsecretârSchosulan, pour agents en mai
70. à von L. ..s, une nouvelle avance
71 . au même, traitement pour juillet
.72. à Hannart, journées pour mai
73. 0 0, pour service secret en mai
74. à von G... i, pour service secret en mai ....
85. à S. . .s, à Eperies
76. à Stôckl, journées en mai
77. à l'Agent P. . .o,à Tyrnau, traitement et dépenses.
78. au professeur Prechtl, rémunération
79. à l'agent von K... à Salzbourg 3,884
80. à Mattias, pour service secret
81. à Hannart, journées pour juin
82. au Hofsecretâr Schosulan, pour agents en juin .
83. à von G. . .i, traitement et dépenses secrètes. .
84. à Stôckl, journées en juin
79
10
200
»
300
»
. 172 40
400
»
535
30
300
>
100
»
46 20
200
»
130
»
100
»
46 30
105
•»
300
»
884
12
50
>
45
»
535 30
130
»
45
»
796 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Florins
85. à 0 0, services secrets en juin (contre 2 quit-
tances 200 »
86. au Hofconzipist Biber, pour tenue des archives. 100 »
87. à von L...S, traitement pour août 100 »
88. au même, pour gages de deux mois 200 »
89. à 1 oc, pour service secret 700 »
90. à Radichevich, traitement trimestriel .... 450 »
91. à von C. .i, gratification bi-mensuelle .... 200 »
92. àZ...a, à Pesth, pour service secret 32 »
93. à Y. Y., gratification de deux mois 60 »
94. à X. X. à Pesth et à Borsody, gratification de
deux mois 110 »
95. à G. G. à Presbourg, pour service secret . . . 133 20
96. à 1 00 à Vienne 166 40
97. à 0 © à Vienne 250 »
98. à Hannart, pour journées février 90 »
99. à Hazy, pour service secret 60 »
100. au commissaire de police Feuerle, à Milan . . 732 »
102. au P/a?5tc?iu m, pour dépense de service secret. . 100 »
103. à von L...S, solde des N°^ 66 et 70 40 »
104. à Hannart, journées pour juillet 46 30
105. à la veuve de l'agent G... y, pension trimestrielle. 79 10
106. au Kreiscommissâr Auen, pour voyages de ser-
vices à Baden 400 »
107. au Hofsecretâr Schosulan, pour agents en juillet. 535 30
108. à Matthias, pour service secret 50 »
109. à Stôckl, journées pour juillet 46 30
110. à von G. , .i, traitement pour juillet et dépenses. 136 »
111. à Y. Y., à Pesth, pour dépenses de service secret, 255 10
112. à0 0, pour service secret(avec deux quittances}, 200 »
113. à André Sch 300 »
114. à An... à Kaschau, pour service secret . . . 200 »
115. à G. G., traitement jusqu'au 14 août 66 40
116. à X. X.^ à Pesth, pour service secret .... 150 »
117. à Hannart, journées pour avril 46 30
118. au Hofsecretâr Schosulan, pour agents en août. 535 30
119. à X. X , à Pesth, pour Jean Vicenti 214 »
120. à Matthias, pour service secret 50 »
121. à 0 0, pour dépenses ettraitement en septembre. 200 »
i
ANNEXES 797
Florins
122. à Stôckl, pour journées en août 46 30
123. au Conseil aulique de la Guerre pour Wallmoden. 200 »
124. à von L...S, traitement pour septembre. . . . 100 »
125. à l'agent W... à Paris (pour 1600 fr.) .... 560 40
126. à G. G., traitement jusqu'au 24 septembre. . . 66 40
127. à von C...i, traitement et dépenses en août. . 140 »
128. à Z. ..a,à Pesth, traitement jusqu'à fin septembre. 116 »
129. aux agents de classes plus élevées qui ne donnent
pas quittance 800 »
130. à l'agent V,,.g, pour service secret 150 »
131. au Kreiscommissâr Auen 300 »
132. aux agents d'ordre plus élevé qui ne donnent pas
quittance 300 »
133. au Hofsecretâr Schosulan, pour agents en sep-
tembre 535 30
134. à Hannart, journées en septembre 45 »
135. àF...3àOfen, pour service secret 300 »
136. à von L. . .s, pour dépenses de service secret. . 200 »
137. au même, traitement pour novembre 100 »
138. à 0 0, traitement et dépenses pour octobre. . 250 »
139. à Stôckl, journées pour septembre 45 »
140. à Carlo G. . .i, pour service secret 300 »
14 1 . à von C. . .i, pour traitement et dépenses en sep-
tembre 220 >
142. à Matthias, pour service secret 50 »
143. à 1 00, pour service secret 700 »
144. à l'agent A. .., pour service secret 1.000 »
145. àG. G. àGries. 400 »
146. au Kreiscommissâr Auen 400 »
147. à G. G. Traitement jusqu'au 14 octobre. ... 66 40
148. à von C.i, gratification de deux mois .... 200 »
119. à Von L...S, gratification de deux mois. . . . 200 »
150. à 0 0 230 »
151. à 00 166 40
152. à l'agent M. d'un ordre élevé 400 »
153. à m. m. à Eisenstadt 50 »
154. à von L...S, rémunération extraordinaire pour ser-
vice important 500 >
155. à 0 0, pour voitures pour service secret . . , 550 >
798
AUTOUR DU COD^GRÈS DE VIENNE
Florins
156. au Regierungsrath von Vogel, pour solde ... 20 20
157. à l'agent von H. G., d'un ordre élevé .... 300 »
158. à l'agent G. pour service secret 200 »
159. à la veuve de l'agent G../y^ sa pension trimes-
trielle 79 10
160. au Regierungsrath Scbosulan, pour agents en oc-
tobre 535 30
161. à Hannart. Journées en octobre 40 30
162. à l'agent Matthias, traitement en octobre ... 50 »
163. à Stôckl, journées pour octobre 46 90
164. à © 0, traitement pour novembre ..... 250 »
165. à von C...i, pour service secret. 200 »
166. à G. G , traitement jusqu'au 14 novembre. . . 66 40
167. à X. X., à Pestb pour service secret 200 »
168. à Y. Y., à Presbourg, gratification de deux mois. 133 20
169. à von G...i, traitemejit et dÂpejases accessoires
pour octobre . , 146 »
170. à 0 0, poux voitures ..,..-.... 450 »
171. à Radichevich, traiteineat de qiiatre mois . . . 600 »
172. àragentX...(y compris une avance de 205 florins. 600 »
173. à Hannart, journées pour novembre 45 »
174. au Regierungsrath Scbosulaa, pour agents en no-
vembre , 535 30
175. à von L,.. s, traitement pour décembre .... 100 »
176. à Hannart, gratification de deux mois . . ► . 90 »
177. à 0 0, double traitement pour décembre. . . 250 »
178. à l'agent Matthias, traitement pour décembre . . 50 »
179. à l'agent de haut rang von H 200 »
180. à Hagy, gratification de deux mois 60 »
L81. à von G...i, traitement et dépenses accessoires
pour novembre ... . , 146 »
182. à l'agent P.. .c, à Tyrnau, traitemeat semestriel. 203 »
183. au Praesidium^ pour dépenses secrètes .... 200 »i
184. à G. G., traitement jusqu'au 14 décembre ... 66 41
185. à von L... s, dépenses pour service secret . . . 200
186. à 0 0 pour voitures. ......... 350
187. au capitaine Mayhirt, en courrier à Milan . . . 250=
188. au lieutenant Boni, en courrier venant de Milan . l50
189. au capitaine Mayhirt 924
Florins
190. à 0 ©,pour pourboires du jour de l'an à donner 400 »
191. à Hannart, journées pour décembre 46 »
192. au Regierungsrath Schosulan, pour agents en dé-
cembre 535 30
193. à l'agent A 605 »
194. à G. G. à Presbourg, frais de poste 62 13
195. à l'agent von L... s, son traitement 100 »
196. au Regierungsrath Resch, frais de poste. . . . 186 24
197. à Ettori, pour dépenses du service secret . . . 654 50
198. Rémunérations habituelles pourie service de la
caisse 450 »
Total 54.136 02
Reçu 63.647 45
Reste en caisse . . 9.511 43
ANNEXE VIII
(aux pages XXU et XXIV)
Etat des recettes, dépenses et du reliquat de compte des
sommes affectées du 1<"^ janvier 1815 au 31 décembra
1815, au service des dépenses secrètes de police avec les
mémoires n"' 1 à 157 inclus et n°^ 1 à 8 inclus (1).
RECETTES
Florins
Report de 1814 9.274 24
29 mars, de la Hofkammer 12.000 »
13 avril, du comte de Saurau, reliquat de crédit . . 165 »
Subvention du magistrat de la ville de Vienne . . . 10.000 »
11 juillet, delà /To/Tfammer 12.000 »
9 octobre, de la Hofkammer 12.000 »
Du capitaine von Mayhirt, reliquat des sommes à lui
versées pour un voyage en courrier à Milan (dé-
cembre 1814) 74 18
li octobre, delà Hofkammer 12.000
Total ; 67.513 42
1. A M. J. Wiener Congrès. Polizei HofstellB ISIS, XX ad 126, IV.
800 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
DÉPENSES DE LA POLICE SECRÈTE
XX ad 126. IX
Florins
1. à l'agent 0 0 solde en janvier 250 »
2. à l'agent B. H 200 »
3. à à Milan 809 18
4. à von L,..s 100 »
5. à Ettori pour son entretien 500 »
6. à l'agent 1 oo à Vienne 800 »
7. à l'agent F,..t à Kaschau 400 »
8. à l'agent G G..., traitement jusqu'au 14 janvier. 66 40
9. au capitaine de chasseurs Mayhirt en courrier à
Milan, à propos de la conspiration qu'on y a
découverte 200 »
9 bis. au même 816 »
10. à l'agent von C.i, traitement pour décembre 1814. 156 »
11. à l'agent G. Y, à Fûnfkirchen 100 »
12. à l'agent H. H. à Presbourg 100 >
13. à l'agent L. G. à Cracovie 1.910 »
14. à l'agent X 300 »
15. à 0 0, frais de voitures 300 »
16. à Hannart, pour ses journées en janvier ... 93 »
17. au Regierungsrath Schosulan,pour agents en jan-
vier 535 30
18. à l'agent F. à Ofen 350 »
19. à l'agent B. H 200 »
20. à von C.i, gratification 240 »
21. à von L... s, gratification 270 »
22. à 0 0, gratification 250 »
23. à l'agent A..., dépenses de service secret . . . 600 »
24. à G, G. traitement jusqu'au 14 février .... 66 40
25. à X. X. à Ofen 400 »
26. à C ..1 à Semlin 45 80
27. à Ettori, à Brûnn, pour son entretien .... 500 »
28. à la veuve de l'agent C. Z. Pension (avec deux
quittances) 369 26
29. à 0 0, pour voitures 300 »
30. à von L...S, traitement pour février 190 »
31.
32.
33,
34.
35.
36.
37.
38.
39.
40.
41.
P2.
43.
44.
45.
46.
47.
48.
49.
50.
51.
52.
53.
54.
55,
56.
57.
58,
59.
60
61
ANNEXES 801
Florins
au Regierungsrath Schosulan, pour agents en fé-
vrier 535 30
à Hannart, journées pour février 84 »
à © ©1 pour voitures 200 »
à © ©, traitemer^t pour mars 250 »
à von G... i, traitement pour février 144 ;>.
à A,, pour service secret 370 30
à G. G., traitement jusqu'au 14 mars .... 66 40
à von L... s, pour dépenses de service secret . . 300 »
à G., pour service secret 200 »
au Prœsidium, pour l'agent V.,.i 150 »
au Regierungsrath Schosulan, dépenses pour
voyage à Linz et à Lambach en service secret . 377 54
à l'abbé Brunazzi, pour service secret .... 200 »
Hannart, journées en Mars 93 »
au Regierungsrath Schosulan, pour agents en mars 535 30
à © ©, traitement pour avril 250 »
au même, pour voitures 200 »
à von C. i, pour service secret 200 »
à von G...i, pour service secret 190 »
à 1 00 , pour service secret 800 »
à von L... s, son traitement pour mars .... 190 »
à G. G..., son traitement jusqu'au 14 avril ... 66 40
à Radichevich, traitement et remboursement de
dépenses 1.140 »
à Za... à Pesth 118 »
à von L,..s, son traitement pour avril .... 190 »
à la veuve de l'agent G...z, pension 158 20
à Hannart, journées pour avril 90 »
au Regierungsrath Schosulan, pour agents en avril 535 30
à ©© traitement et voitures avec deux quittances 450 »
à von Degen. Pension accordée par Sa Majesté
pour services secrets antérieurs et léguée par
lui aux veuves et enfants de soldats de la land-
wehr 1.000 *
à von G...i, traitement et remboursement de dé-
penses pour avril 190 »
à G., y, gratification de deux mois pour services
secrets 133 20
T. I. 51
802 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Florins
62. au même, traitement pour mai 66 40
63. au commissaire de police Feuerle, pour service
secret 80 »
64. à Fersich, pour service secret 150 »
65. à Carlo Altieri, pour service secret '..... 200 »
66. à von L...S, solde pour mai 190 »
67. à X. X. à Pesth (pour service secret) 200 »
68. à Hannart, journées pour mai 93 »
69. à G. G. à Presbourg, traitement jusqu'au l«r juin . 133 20
70. à Carlo Altieri, pour service secret 300 »
^71 . au Regierungsrath Schosulan,pour agents en mai 535 30
72. à G... g. à Presbourg. Crédit supplémentaire ac-
cordé 233 20
73. à 00 avec deux quittances, traitement pour juil-
let 450 »
74. à von L...S, traitement pour juin 190 »
75. à von C.i, traitement pour mai 190 »
76. au libraire Schaumburg, pour brochures ... 26 »
77. au Prœsidium, pour dépenses secrètes du service 700 >
78. au Prœsidium, pour dépenses secrètes du service 200 »
79. au baron Ignace von Pôck, pour service secret . 100 »
80. au personnel du cabinet du chiffre (rémunération
autorisée) 2.000 »
81. au négociant Haas, pour une tabatière d'or donnée
à l'agent H...t 1.150 »
82. à von C.i à Milan 535 16
83. à l'agent Stephan von Hatvany, rémunération . 600 »
84. à 00, traitement pour juillet avec 2 quittances. 450 »
85 à Carlo Altieri, pour service secret 300 »
86. au Regiei'ungsrathSchosulan, pour agents en juin. 535 30
87. à Hannart, journées pour juin. 90 »
88. à von C. ..i, traitement pour juin 200 »
89. au Hofsecretâr Biber, pour tenue des archives . 100 »
90. à 1 00 , pour service secret 700 »
91. à G. ..g, à Presbourg, traitement jusqu'au 14 juil-
let 133 20 ,
92. à von L...S, son traitement pour juillet . . . 235 >,
93. à Hannart, journées pour juillet 93 »
ANNEXES 803
Florins
94. à Bernhard Frankel à Presbourg, gratification
annuelle 50 »
95. au Regierungsrath Schosulan, pour agents en juil-
let . . 535 30
96. à 00, traitement pour août avec deux quittances. 450 »
97. à von C ..i, pour juillet 230 »
93. à von L.,.s, pour août. 235 »
99. au commissaire de police Langwert à Paris, pour
service secret 1.394 >
100. à X. X. à Pesth, pour service secret .... 200 »
101. à Carlo Altieri, pour service secret 200 >
102. à G. ..g, à Presbourg, traitement jusqu'au 14 août. 183 20
103. à" la veuve de l'agent C.z, pension 158 20
104. à la même 13 11
105. au Regierungsrath Schosulan,pour agents en août. 535 30
106. à Hannart, journées en août 93 »
107. à S.. .8, à Eperies, pour service secret .... 150 »
108. à 00, traitement pour septembre avec 2 reçus. 450 »
109. à Carlo Altieri, pour service secret 300 »
110. à von L...S, traitement pour septembre. . . . 235 »
111. à ragent F...S, à Ofen 200 »
112. à von C. .i, traitement pour août 200 »
113. à It..., à Kaschau^ pour service secret .... 500 »
114. au PrœsiWiu/n, pour agent von V...i 150 »
115. à G... g, à Maroth, près Gûns pour services secrets. 500 »
116. à G. ..g, à Presbourg, traitement jusqu'au 14 sep-
tembre 166 40
117. au baro'n von Pôck, pour service secret . . . 200 »
118. à Hannart, journées septembre 90 >
119. au Regierungsrath Scbosnkn, pour agents en sep-
tembre .' 535 30
120. à Carlo Altieri, pour servie© secret 300 »
121 . au commissaire de police Langwert à Paris, pour
dépenses de service secret ,. 1.357 12
122. à von L..., son traitement pour octobre . . . 235 »
123. à 00, son traitement pour octobre 250 >
124. à von Ci, traitement pour septembre. . . . 195 »
135. à 1 00 , pour service secret ........ 800 »
[l26 à 00, prix convenu pour voitures en octobre . 100 »
804
AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Florins
127. à Z... a, à Pesth, pour service secret 142 >
138. à G. ..g, à Presbourg, traitement jusqu'au 14 oc-
tobre . 166 40
129. à It. à Kaschau, pour service secret 400 »
130. à G... g, pour service secret 200 »
131. à la veuve de l'agent G...z, pension 197 53
132. à Carlo Altieri, pour service secret 300 »
133. à Hannart, journées pour octobre 93 »
134. au Regierungsrath Schosulan, pour agents en oc-
tobre 535 30
135. à von C.i, traitement pour octobre 210 »
136. à von L,..s, traitement pour novembre. . . . 235 »
137. à 00, traitement pour novembre 293 45
138. à 00, forfait pour voitures en novembre , . 100 »
139. à G... g, à Presbourg, traitement du 14 octobre
1815 au 14 octobre 1816 500 »
140. à X. X. à Pesth, pour service secret .... 300 »
141 . à Carlo Altieri, pour service secret 300 »
142. au Kreishauptmann de Jaszlo,Kriebel, pour dépen-
ses de service secret 787 »
143. à Hannart, journées de novembre 90 »
144. à Radichevich, traitement du 1®' mars au 31 oc-
tobre 1.320 »
145. au Regierungsrath Schosulan, pour agents en no-
vembre 535 30
146. à von L...S, traitement pour décembre .... 235 »
147. au Prœsidium, pour agent von V..,i .... 200 »
148. à von C.i, traitement pour novembre. . . . 2)0 »
149. à 00, traitement pour décembre 413 45
160. à Ettori, pour frais de voyage et d'entretien . . 532 30
151. à Copitar, pour service secret 135 »
152. à 00, traitement et dépenses extraordinaires
avec deux reçus 613
153. à Hannart, journées pour décembre 93
154. au Regierungsrath Schosulan, pour agents en dé-
cembre 535 3C
155. à von Festenburg, pour service secret dans la ré-
gion du Rhin 270 24
ANNEXES 805
Florins
156. à von Festenburg-, pour service secret dans la ré-
gion du Rhin , 3.965 20
157. Rémunération habituelle au personnel de la Cour. 450 »
Total des dépenses 57.639 19
Recettes 67.513 42
Reste en caisse 9.874 23
Recettes supplémentaires en 1815.
Reliquat en caisse de 1814 en ducats 126 »
Reliquat en caisse de 1814 en^kreuzer ...... 111 20
De la direction supérieure de la police pour les agents
de la police secrète envoyés en France et dans
la région du Rhin au début de la dernière
guerre 5.000 »
Reçu de la caisse générale centrale pour le Hofsecretâr
Gôhausen employé à Francfort 900 »
Pour le même 900 »
Reçu du capitaine Mayhirt, reliquat des sommes à lui
données en décembre 18l4pour frais de voyage. 113 10
Total des recettes supplémentaires. . . 7.150 30
DÉPENSES
1 . à l'agent Joseph Kaser à Salzbourg, indemnités
et avances 1 . 000 »
2. au libraire Schaumburg, pour brochures ... 78 »
3. frais de voyage pour la comtesse Seithart Cicuta
renvoyée par ordre de l'empereur, dans son
pays l'île Veglia 53 15
4 . au baron von Pôck,pour frais de voyage en service. 225 »
5 . au conseiller impérial royal et Hofsecretâr Gôhau-
sen à Francfort 900 »
6 . au conseiller impérial royal et Hofsecretâr Gôhau-
sen à Francfort 900 >
7 . au conseiller impérial royal et hofsecretâr Gôhau-
sen à Francfort 808 »
806 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Florins
8. au conseiller impérial royal et Hofeecretâr Gôhau-
sen à Francfort 808 »
9. à Ettori, pour son voyage à Milan 200 »
Total des dépenses 4.972 15
Recettes 7J50 30
Reste en caisse 2.178 15
Vienne, le i'"' janvier i8i&.
ANNEXE IX
(à la Page 129, pièce 160)
WITT (Jean Ossipovitch, comte de) (1781-1840).
Fils du comte Joseph et de la belle Sophie (la belle Phanariote
qui épousa plus tard ie comt« Potocki). Cornette à 11 ans aux
Gardes à cheval, il commença son service actif à l'âge de 15 ans,
passa en 1800 aux Chevaliers-Gardes et reçut en 1801 la croix de
Malte et le grade de Colonel. Il était à Austerlitz dans les cuiras-
siers de la Garde où il servait depuis 1802. Les désagréments du
service lui firent prendre son congé en 1807. En 1809, il servit
comme volontaire dans l'armée française et s'occupa en 1811 d'es-
pionner les Polonais, ses compatriotes. Rentré au service en 1812
et promu général major, il fut chargé de former en Ukraine les
régiments de Cosaques qu''il commanda pendant la campagne,
d'abord comme brigadier puis comme divisionnaire. Les cam-
pagnes de 1813-1814 lui valurent la croix de Saint-Georges. Ce
fut en 1817 que commença l'activité qu'il déploya pour organiser
les colonies militaires du Sud à la tête desquelles il resta jusqu'à
la fin de sa vie. Commandant des troupes de réserve pendant la
guerre de Turquie, il fut nommé général de cavalerie en 1829,
prit une part active à la répression de la révolte de Pologne et
reçut à ce moment la croix de Saint-Georges de 2« classe. Gouver-
neur militaire de Varsovie pendant quelque temps, puis en 1832
inspecteur de la cavalerie « coloniale », il reçut en 1835 la croix
ANNEXES 807
de Saint-André et en 1836 300.000 roubles pour. avoir brillam-
ment organisé « les fameuses manœuvres de Vosnissarsk. aux-
quelles prirent part 350 escadrons de cavalerie et 50 bataillons
d'iûfanterie.
(Grand-Duc Nicolas Mikhailovitgh. Portraits Russes.)
ANNEXE X
(à la Page 137, pièce 164)
ALEXANDRE ROSSI, MINISTRE DE SARDAIGNE
A VIENNE
Appelé en 1803, sur la recommandation du favori de Victor-
Emmanuel P% le comte Gordero de Roburent, premier écuyer du
Roi, a recueillir, non pas en qualité de Secrétaire d'État, mais avec
le titre de Reggente (Directeur) de la Secrétairerie d'Etat, la suc-
cession de Chalembert, qui venait de mourir, Rossi avait déjà à
ce moment donné plus d'une preuve de son savoir-faire et de son
habileté.
Dès 1794, Gastelalfieri l'avait chaudement recommandé au comte
d'Hauteville : « C'est, lui écrivait-il, un homme de réel mérite qui
jouit ici (à Vienne) de l'estime de tous, et ce qui le prouve surtout,
c'est que son mariage n'a pas rencontré l'ombre d'opposition de
la part de la famille de très ancienne noblesse à laquelle appartient
sa femme. Tous ses nouveaux parents ont au contraire pour lui la
plus vive affection, et cependant il n'y a parmi eux que des per-
sonnages d'illustre naissance et investis des plus hautes charges.
Sa femme [née comtesse Hardegg] n'est, il est vrai, ni jeune, ni
belle, mais très intelligente, très aimable et pleine d'esprit. »
Rien ne prouvait mieux les mérites de Rossi et l'importance de
la place qu'ilavait su se faire à Vienne que le fait que, non seule-
ment il n'avait pas de fortune, mais que son extérieur était loin
d'être séduisant et que de plus le diplomate sarde était d'assez hum-
ble origine. Aussi l'impression, qu'il produisait au premier abord,
était-elle loin de prévenir en sa faveur. On en jugera par ces
lignes que la reine Marie-Thérèse adressait, le 19 décembre 1803,
à son beau-frère, le duc de Genevois, le futur roi Charles- Félix,
808 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
aussitôt après avoir vu Rossi, lorsqu'il fît à Rome sa première
apparition à la cour du Roi : « Nous avons ici le chevalier Rossi
avec sa femme, qui est de grande naissance et le prit par amour ;
et je ne puis le concevoir galant, car il est horrible et a l'air étique
et flegmatique à mourir. Je ne le vis qu'à la première présenta-
tion, et comme il arriva le même jour avec la fièvre, il fallut
l'envoyer bien vite se coucher, de sorte que je n'en puis rien dire;
mais il passe pour un brave homme. Madame a de l'esprit, beau-
coup de mérite et un ton excellent, étant très bonne mère de
famille sans prétentions. »
La reine ne tarda pas à atténuer la sévérité de ce premier juge-
ment et à apprécier Rossi à sa juste valeur. Il lui parut bientôt
moins horrible, peut-être aussi parce qu'élevé à la vieille école de
la diplomatie piémontaise, il lui prouva bientôt qu'il était un des
rares diplomates de son temps à la hauteur des missions qu'il
était appelé à remplir, du poste élevé qu'on venait de lui confier»
(Cf. Perrero, / Realidi Savoia nelVEsîglio, p. 237-239).
ANNEXE XI
(à la Page 137, pièce 173)
MALASPINA (Louis, de la branche de Pavie des Marquis
de Sannazzaro et Scaldesola) (1754-1835).
Décurion de Pavie, il reçut en 1779 du roi de Sardaigne l'inves-
titure de la moitié du fief de Sannazzaro, puis à l'extinction de
la branche à laquelle appartenaient ses cousins, l'investiture en
1790 de l'autre moitié. Administrateur en 1785 de VOspedale Mag-
giore de Pavie, en 1787 des biens appartenant aux religieux et
aux œuvres pies de la province de Pavie, chambellan en 1792,
délégué royal de l'Université en 1795, dépossédé de ses fiefs en
1797, émigré à Vienne en 1798, rentré à Pavie en 1814, il fit la
même année partie de la députation envoyée à l'Empereur d'Au-
triche. Elu en 1814 député à la Congrégation centrale pour la
province de Pavie, il reçut à ce moment la croix de chevalier de
la Couronne de fer et fit partie en 1817 de la députation envoyée à
ANNEXES 80Î)
François P'" pour le complimenter à l'occasion de son mariag^e
avec la princesse Caroline de Bavière.
Le Marquis Malaspina était un littérateur de quelque valeur, un
grand protecteur des arts, un collectionneur d'antiquité et un pas-
sionné voyageur.
{Lmx.Famiglie celebri d'italia. Famiglia. Malaspina. Tom. XX.)
ANNEXE XII
(à la page 156, pièce 192)
LA PRINCESSE BAGRATION
La comtesse Catherine Pawlovna Skavronska (1) avait épousé
vers l'année 1800, sur le désir, pour ne pas dire sur l'ordre de
l'empereur Paul I*"", le prince Pierre Ivanovitch Bagration, l'hé-
roïque général qui devait mourir le 19 septembre 1812 des suites
des blessures qu'il avait reçues à la bataille de la Moskowa. Cette
union, à cause de la différence d'âge entre les deux époux, — près
de vingt ans — mais aussi de la coquetterie de la femme et des
absences continuelles du mari, sans cesse en campagne, n'avait
pas été des plus heureuses ; la belle princesse Bagration n'avait
pas tardé à s'éloigner du domicile conjugal pour aller se distraire
à Vienne ou à Carlsbad.
Elle était la fille aînée du comte Paul Martinovitch Skavronsky
(1757-1793), conseiller intime, ministre de Russie à Naples, où il
mourut le 23 novembre 1793. Le comte Skavronsky avait épousé
vers 1780 une des nièces du prince de Tauride, le fameux Potem-
kin, Catherine Wassiliewna Engelhardt, qui passait pour une des
plus belles femmes de son temps. Il n'eut d'elle que deux filles,
dont l'aînée était Catherine, la future princesse Bagration, et
l'autre, Marie, qui, après avoir épousé le comte Paul Pahlen (dont
elle eut une fille, Julie, qui devint la célèbre comtesse Samoïloff)
convola en secondes noces, après avoir obtenu le divorce, avec le
comte Adam Ojarowsky.
1. Renseignements dus à l'obligeance de M.Serge Goriaïnow, directeur des
Archives d'Etat de Saint-Pétersbourg, et à mon ami Henri Prior, neveu du
duc Antoine Litta, l'un des neveux et héritiers du comte Jules Litta, le se-
cond mari de la mère de la princesse Bagration.
810 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Après la mort de son mari, la comtesse Catherine Wassiliewna
Skavronska épousa le 31 octobre 1798, le comte Jules René Litta
Visconti Arese, vice-amiral au service de la Russie, que Pie VI
avait relevé de ses vœux de chevalier de Malte et qui devint en
1810 grand échanson de la Cour, en 1814 grand maître de la
Cour (1). Je n'insiste si longuement sur ce point qu'afin de mettre
le lecteur un peu mieux au courant des faits qui seront signalés par
les rapports des agents du baron Hager et qui ont trait, les uns
aux embarras financiers de la princesse B*agration, les autres à sa
parenté avec la famille impériale de Russie.
Le père de la princesse, le comte Skavronsky, était fils du comte
Martin Skavronsky, général en chef (1714-1778), le propre neveu
de l'impératrice Catherine I'«, seconde femme de Pierre le Grand (2)'
Quant à sa mère, la comtesse Litta, maîtresse de la cour de l'Im-
pératrice, qui mourut le 19 février 1829, elle avait depuis des
années rompu avec sa fille, dont elle condamnait la vie de désordres
et d'intrigues (3).
Malgré son immense fortune, la princesse Bagration, comme on
le verra par les rapports des agents de la Polizei Hofsielle, avait
constamment de gros besoins d'argent. Le comte Litta, généreux
envers sa belle-fille, lui fît à plusieurs reprises des avances s'éle.
vantà quelques millions de roubles qu'il ne voulut pas faire entrer
en ligne de compte, lorsqu'on procéda au partage de la fortune de
sa femme. Au lendemain de son décès (5 février 1839), on trouva
dans son testament des instructions enjoignant à ses neveux d'Ita-
lie, ses héritiers directs, de ne pas inquiéter la princesse Bagra-
tion tant qu'elle vivrait (i), mais de faire valoir leurs créances à
1. Le comte Litta devint en 1826 grand chambellan et plus tard en 1830
président d'un des départements du Conseil de l'Empire.
2. Dès son avènement, Catherine avait anobli son frère unique, Ghai'les, et
lui avait fait don d'énormes domaines.
3. La princesse Bagration finit par se fixer définitivement à Paris. Après
avoir habité rue du Mont-Blanc, rue de la Ville de l'Evéque et rue Le Pele-
tier, elle fit plus tard en 1832 l'acquisition d'un hôtel faubourg Saint-Honoré
où elle épousa le général anglais, alors encore colonel, sir John Hobart Cara-
doc, lord Howden. Pour les conditions singulières de cj mariage, cf. Ehnest
Daudet, La Police politique, p. !92 et suivantes.
L'hôtel que la princesse Bagration occupa à Paris, était situé sur l'empla-
cement actuel du n" 47 du faubourg Saint-Honoré. Ancien hôtel du Marquis
de Brunoy, il avait vu passer successivement le maréchal de Beurnonville
qui y mourut en 1821 et le maréchal Marmont qui s'y installa en 1825 (Cf. Mar-
quis DE RocHEGUDB, A travers les rues de Paris).
4. Jeudi 8 (juillet 1852). « Nous allons voir la princesse Bagration qui est
descendue à l'hôtel Meinhardt, écrit de Berlin^ Roger, dans le Carnet d'un
Ténor, p. 279-280. Nous la trouvons étendue sur un canapé... Ce serait une
AÎ^ISEXES 811
la mort qui survint en 1856. Les héritiers du comte Litta inten^
èrent au vicomte Garadoc et au comte de Blome, le mari de la
lie naturelle de la princesse (1), un procès qui fut jugé à Paris et
ju'ils perdirent en 1859 (2).
ANNEXE XIII
(à la page 156, pièce 192)
DUCHESSE DE SAGAN
La duchesse de Sagan était l'aînée des quatre filles nées du ma-
•iage du duc Pierre de Gourlande(3) avec la comtesse Anne-Char-
otte-Dorothée de Medem. Elle se nommait Catherine-Wilhelmine,
succéda à son père comme duchesse de Sagan et mourut en 1839.
« En 1800, lit-on dans la belle préface que M, Etienne Lamy a
jcrite pour les Souvenirs de la Duchesse de Dino, le duc Pierre de
ùourlande mourut. Ses filles (4), qu'on regardât la dot ou le vi-
age, prenaient rang parmi les superbes partis de l'Europe. Moins
le trois mois après, les trois aînées étaient pourvues. Pour l'aînée,
^^ilhelmine, son projet s'était préparé de lui-même. La familiarité
l'enfance entre la jeune fille et le prince Louis-Ferdinand de
emmeà étudier. Elle a prés de quatre-vingt-deux ans *, toutes ses dents et
les cheveux blonds ; c'est ce qui lui reste d'une beauté autrefois célèbre et
«articulièrement connue de toutes les têtes couronnées d'Europe et de tous
es beaux hommes qui passaient le soir au bout de l'avenue de son hôlel du
aubourg Saint-Honoré, dont les jardins donnent sur les Champs-Elysées-
laintenant, c'est vraiment une morte qui parle ou qui marche. Son front jaune
t luisant est excessivement élevé. Ses doigts ont l'air de jeux d'osselets.
nie conserve pour son pied une adoration qu'il justifie par sa blancheur et
a petitesse. Elle ne marche que soutenue par deux domestiques. »
Rogern'est pas galant pour la princesse qu'il vieillit d'une dizaine d'an-
tées.
1. Le comte Otto de Blome, général major autrichien, avait épousé en 1828
fille unique de la princesse Bagration, Clémentine. Née à Vienne, où tout
3 monde parlait du prince de Metternich comme de son père, son état civil
e fut réglé qu'à Pai is en 1828, lors de son mariage. Elle mourut en couches
ans le Hoistein le 29 mai 1829.
2. Les héritiers du comte Litta avaient pour avocat Montanelli, le fameux
gitateur italien et l'une des gloires de notre barreau, M" Bethmont.
3. Divorcé en 1772 avec sa première femme, Caroline-Louise de Waldeck,
3 duc Pierre de Gourlande se sépara en 1778 de sa seconde femme, la prin-
esse Eudoxie Jessupow.
4 Les princesses Wilhelmine, Pauline, Jeanne et Dorothée,
812 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Prusse (1) était devenue un sentiment très tendre... Mais les ma-
riages des princes sont affaires d'Etat et l'Etat a des raisons que Ift
cœur ne connaît pas...
Wilhelmine, blessée de ce qu'elle appelait « les torts de la coui
de Berlin »...yo\x[ui prouver l'absence de ses regrets par sa prom
titude à accepter un autre époux ; ce fut le prince Louis à
Rohan... »
« Elle fixa son choix, écrit à son tour la duchesse de Dino e
parlant du mariage de sa sœur aînée (2), sur le prince Louis
Rohan, dont le grand nom, les malheurs de Témigration et ua
jolie figure, à laquelle je n'ai jamais trouvé ni noblesse ni esprit^
étaient les deux seuls titres à une préférence qui blessa beaucou;
de ses rivaux et affligea les amis de notre famille. »
Ni le mariage de la duchesse de Sagan, ni ceux de ses sœuri
Pauline et Jeanne ne furent heureux, Pauline épousa un prince de
Hohenzollern-Hechingen,chef de la branche aînée des Brandebourg,
et Jeanne, un Italien, le duc d'Acerenza, des princes Pignalelli.
« C'est, — dira la plus célèbre des quatre sœurs de Courlande, la
duchesse de Dino, désireuse d'expliquer les infortunes conjugales,
les mécomptes et les déceptions de ses trois aînées, — c'est à l'infé'
riorité intellectuelle de leurs maris, à la jeunesse de mes sœurs, à la;
pression exercée sur elles, à leur dépit, à tous ces différents motifs si
peu suffisants pour faire prendre une résolution dans la seule grands
question de la vie des femmes, qu'il faut attribuer le peu de bonheia
que mes sœurs ont trouvé dans leur intérieur et l'empressemeûf
avec lequel elles ont profité des facilités que leur donnaient la re-
ligion protestante et les usages de leur pays pour rompre des nœuds
aussi mal assortis que légèrement formés. »
En 1805, la duchesse de Sagan divorça; deux mois après, elle
se mariait avec le prince Wassili Troubetzkoï. Cette seconde expé-
rience ne fut pas plus heureuse que la première et dura moins
longtemps encore, un an à peine. En 1819, après quatoi'ze ans de
célibat, la duchesse de Sagan donna sa main au comte Rodolphe
von der Schulenburg. Elle ne se plut pas mieux dans cette nou-
velle union que dans les précédentes et les deux époux ne lardè-
rent pas à renoncer à la vie commune. En 1827, la duchesse,
définitivement revenue de ses velléités matrimoniales, abjurait le
protestantisme.
1. Celui qui fut tué à Saalfeld.
2. Le mariage eut lieu le 23 juin 1800.
I
ANNEXES 813
ANNEXE XIV
(à la page 191, pièce 232)
I FONTBRUNE
Cet émigré est âgé de 48 à 50 ans. C'est un des hommes que la
dévolution Française a fait le plus voyager. Il intrigua contre elle
(lès la convocation des Etats généraux. Il s'arrêta longtemps à Tu-
rin, fit plusieurs voyages dans le Midi de l'Italie, en Espagne, en
Angleterre, dans les Cours du Nord, Il a porté partout l'activité de
son caractère et une haine prononcée contre la République. Il ne
manque pas d'esprit et a une certaine connaissance des affaires. Il
est souple, insinuant et attache une importance extrême à être mêlé
dans les affaires politiques. Il aime beaucoup l'argent et est d'un
ci;oïsme prononcé. Il voyageait, il y a deux ans, avec des passe-
ports du prince de la Paix et avait des pleins pouvoirs de ce mi-
nistre. Il avait également des pleins pouvoirs du Prétendant. Il rece-
vait des fonds de la cour d'Espagne et MM. Frey, de Leipzig,
étaient ses banquiers pour cet objet. 11 était lié et en correspon-
dance avec le marquis de Las Casas et avait en Suisse des corres-
pondants considérables. M. Vallier, ci-devant conseiller du Sénat
de Soleure et l'homme qui gouvernait réellement ce canton, est
l'ami particulier de Fontbrune. Il était son correspondant en Suisse
et servait de dépôt pour la correspondance. Ce conseiller est un
homme infiniment instruit et qui jouissait en Suisse d'une grande
considération.
La maison de Bezenwald, de Soleure, celle peut-être de toute la
Suisse qui était la plus prononcée contre la République Française,
couvrait toutes les démarches de Fontbrune dans cette partie.
Après le 18 fructidor, il a été joindre le Prétendant et a fait un
voyage à Madrid. Il était aussi en correspondance avec le maréchal
de Swarow (Souvaroff).
N.-B. — On ne doit pas confondre ce Fontbrune avec un émigré
du même nom qui est aussi à Hambourg. Ce dernier aime aussi
peu que l'autre la République, mais il n'a jamais, je crois, intrigué
contre elle. C'est un monsieur agréable, de mœurs extrêmement
douces et d'un caractère bien modéré (1).
1. Archives nationales. Note sans date, mais présumée de Tan VII.
814 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
ANNEXE XV
(à la pag-e 205, pièce 252)
AURORE DE MARASSÉ
J'ai vu, lit-on dans les Souvenirs de la baronne du MoNTBT(pag:es
188-191), de singulières existences dans le grand monde. Il est quel- f
quefois aussi difficile d'y perdre sa réputation qu'il est difficile de la i
conserver dans d'autres occasions. Aurore de Marassé, belle, char- |
mante, émigrée sans aucune fortune, sans appui, sans prudence, a été |
un de ces phénomènes. Arrivée à Vienne, je ne sais comment, après ?
avoir émigré avec sa mère à la suite du général Dumouriez( 1 ),elle s'est
vue tout à coup posée dans la société. Chanoinesse honoraire du
chapitre, de Brûnn, présentée à la cour, recherchée dans les cote-
ries les plus élégantes, familière avec les grands, amie des femmes
les plus légères et des hommes les plus dangereux pour la réputa-
tion des jolies femmes, tels que le prince de Metternich, le prince
Dietrichstein et surtout M. de Los Rios. C'était une singulière exis- [
tence au milieu de cette diplomatie européenne que celle de M"® de*
Marassé (2) logée dans les combles de l'hôtel Palm, dans la com-
pagnie de la princesse Bagration ou à peu près de la petite Clé-
mentine (fille du prince de Metternich et de la princesse Bagra-
tion), recevant dans sa mansarde, et souvent avant d'être levée, les
ambassadeurs, les ministres, les chargés d'affaires au Congrès
de Vienne, donnant audience aux domestiques sans place qui
viennent implorer sa protection et se trouvant heureuse de les ser- •
vir gratis ; protégée et protégeant ; mourant souvent de faim à la
lettre ; vêtue de robes rapiécées et coiffée d'un superbe diadème
de diamants ; recevant des cadeaux de prix des hommes influents;
se servant de leurs voitures, de leurs gens, souvent même à leur >
insu ; se montrant partout, malade, exténuée, toujours belle, quoique
jaune, pâle et se tenant très mal ; attaquant familièrement les plus
grands seigneurs ; répondant à leurs mauvaises plaisanteries avec
aplomb et souvent avee dignité; se fâchant sans rancune, elle était | j
connue dans la haute société sous le nom d'Aurore. Les princes
1. Son père, Jean-René Blandine de Marassé, général de division, sur
Dumouriez dans sa défection et mourut en avril 1803 à Teraesvar.
2. Madame, à cause de son titre de chanoinesse (notes du comte de la Bo
têtière, petit-fils et éditeur des souvenirs de M"" du Montât).
ANNEXES 813
, t
Congrès l'abordaient en lui donnant la main. Sa mansarde a sou-
vent servi de point de réunion à des diplomates qui espéraient
ainsi échapper à la surveillance. Cette étrange existence était sans
noblesse, sans dignité. Elle avait ses amertumes sans doute, mais
elle n'a jamais été le sujet de médisances ni de calomnies ; Aurore
n'avait pas le sou et tout le mande le savait. On ne comprenait pas
comment elle vivait lorsque ses protectrices les princesses de Cour-
landes quittaient Vienne, mais je sais bien qu'un matin, elle entra
chez moi, pâle, défaite, anéantie, me priant en grâce de lui faire
donner au plus vite un bouillon, parce qu'elle n'avait rien pris de-
puis le départ de la princesse de Sagan. Il y avait vingt-quatre
heures que celle-ci était partie. Je me hâtais d'accéder à son désir.
Elle pleura, me parla avec désespoir de sa déplorable situation. Le
soir, je la vis à une grande soirée chez Razoumoffsky, elle était
sémillante Enfin, des amis parvinrent à la faire placer comme
grande maîtresse chez le prince régnant de Cobourg, lorsqu'il
épousa la princesse de Saxe-Gobourg-Gotha. Le prince lui avait
jadis promis cette place en plaisantant quand il faisait la cour à la
princesse Bagration. Elle eut l'esprit de prendre cette plaisanterie
au sérieux ; mais la jeune princesse de Saxe-Cobourg, jalouse et
extravagante, ne l'a pas gardée longtemps.
Renvoyée de cette petite cour orageuse, Aurore a été aux eaux
d'Aix en Savoie. C'est là que la Providence lui a fait rencontrer le
comte de Venanson, noble sarde, excellent homme qui l'a épousée,
et avec lequel elle vit très heureuse et très considérée.
Vienne, Hiver 1818-1819.
ANNEXE XVI Y
(à la page 225, pièce 280)
Mercy (x\ndré-Fiorimond, comte de) (1771-1840), servit d'abord
dans l'armée française. Émigré dès le début de la Révolution, il
entra au service de l'Autriche et ne tarda pas à gagner la confiance
de Metternich qui le protégea et fit bientôt de lui un des conseil-
lers auliques de la Chancellerie d'État.
ANNEXE XVIII
(à la page 312, pièce 401)
COMTESSE GLARE
Il s'agit très probablement de la comtesse Glare, veuve depuis le
19 juin 1802 de John Fitzgerald, premier comte de Glare, chance-
lier d'Islande, qu'elle avait épousée le l^*" juillet 1786. La comtesse,
qui mourut en novembre 1815, était la fille aînée de Richard Gha-
pel Whaley.
816 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
ANNEXE XVÎI
(à la page 263, pièce 333)
Pries (Maurice, comte de) (1777-1826). Le comte de Pries avait
pour femme une princesse de Hohenlohe.Le majorât du comte était
d'une valeur immense ainsi que sa fortune en seigneuries, majorais,
palais, collections précieuses, puis sa florissante maison de banque,
une des plus considérables et des mieux accréditées d'Europe.
Tout a disparu. Le comte de Pries est mort complètement ruiné.
Sa femme, belle et vertueuse, l'a précédé de quelques années. Une
détestable actrice parisienne, petite femme jaune et laide, M"^ Lom-
bard, a été le mauvais génie qui s'est attaché au beau et brillant ;
comte de Pries et l'a précipité dans l'abîme. Misère si complète ;
qu'il est mort à Paris dans un cinquième étage. Son fils aîné a
épousé labaronnePereira-Arnstein, juive baptisée, fille d'une femme
très spirituelle. On dit qu'il rétablit les affaires, jadis si florissantes,
de la maison Pries.
M"^ Lombard, qui prétendait, je ne sais si c'est vrai, ajoute
l'auteur de ces lignes qui n'est autre que la baronne du Montet,
avoir épousé le comte de Pries veuf de la princesse de Hohen-
lohe, a épousé bien réellement M. de G...
i
ANNEXES 817
ANNEXE XIX
(à la page 327, pièce 439)
BENZEL-STERNAU(Ghristiaa-Ernest,comte de) (1767-18 19).
Conseiller de régence à Erfurt (17J1), Conseiller d'Etat électoral
(1803), conseiller intime (1804), passé au service de Bade (1806) en
qualité de conseiller intime du département de la Police, Directeur
du Ministère de l'intérieur (1808), Président du tribunal suprême
à Mannheim (1810), Ministre d'Etat et des Finances du grand-duché
de Francfort (1812), il se retira presque complètement de la vie po-
litique à la fin de 1813 lors de la chute du grand-duché.
ANNEXE XX
(à la page 431, pièce 616)
MAiLATH(Georges,comte) (1752-1827), depuis 1808Per5ona/i5 PrcB-
sentiœ Regise et depuis 1811 Obergespan du Comitat de Tolna.
ANNEXE XXI
(à la page 453, pièce 650)
MAVROJENI (Jean).
Second fils du voïvode Démétrius, né à Paros, appelé tout jeune
à Constantinople par son oncle Nicolas qu'il suivit à Bucarest,
lorsque celui-ci fut nommé hospodar en 1787. Il ne joua aucun
rôle pendant tout le règne et jusqu'à la fin tragique de ce prince,
décapité en 1790. Il se réfugia alors à Vienne, où de 1792 à 1800 il
servit de correspondant pour la négociation de ses traites à son
frère Nicolas établi à Trieste, se lia avec Rhigas (1) et travailla avec
1. Rhigas, patriote et poète, né à Valestini en Thessalie en 1753, partit de
Vienne en 1797 pour serendi'e auprès de Bonaparte. Arrêté à Trieste, ramené
à Vienne, il fut remis en mai 1793 au gouverneur turc de Belgrade qui le fit
décapiter.
T. I. 52
818 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
lui à la fondation de VHétairie, association secrète qui se propo-
sait de rendre la liberté aux populations grecques. Mavrojéni, en-
voyé par Rhigas en France pour essayer d'intéresser le gouverne-
ment au plan qu'ils avaient conçu, échappa ainsi au sort de son
ami. Combien de temps resta-t-il à Paris? Son biographe Blancard
n'est pas arrivé à le découvrir. On sait seulement qu'il revint à
Vienne, qu'il y reprit ses relations commerciales avec son frère de
Trieste. Puis tout à coup, sans qu'on sache pourquoi, on le voit
en août 1811 succéder à Vienne à Jean Argyropoulo en qualité de
chargé d'affaires de la Légation de Turquie en Autriche, fonctions
qu'il occupa jusqu'au mois de mars 1821. 11 se retira alors, sur le
conseil de Metternich,à Presbourg où il resta jusqu'au commence-
ment de 1832, époque à laquelle il fut de nouveau appelé à reprendre
à Vienne ses anciennes fonctions qu'il conserva jusqu'à sa mort sur-
venue le 31 mars 1841.
Cf. Th. Blancard, Les Mavrojéni, p. 527-585).
CHARLES CALLIMAKI IV, prince de Moldavie de 1812 à 1819.
Son règne (d'après A. Stourdza, U Europe GrierUale et le rôle his-
torique des Maurocordato, p. 276) en Moldavie fut empreint d'une
grande douceur. L'ambassadeur français Ruffîn loue la droiture
et la modération de ce prince et le montre favorable à la Fi-ance.
Il fut un des princes les plus remarquables des pays roumains et
attacha son nom à une législation importante, de beaucoup supé-
rieure à celle édictée par Karadja en Valachie. Il était de naissance
roumaine et appartenait à une ancienne famille noble, originaire de
Bukovine. Doué d'une belle intelligence, il avait un esprit cultivé.
Sa prestance majestueuse et ses belles manières frappaient tout le
monde et il sut s'imposer. I! se retira volontairement du pouvoir
et eut pour successeurs Michel II Soutzo III.
JEAN KARADJA (Caragea) II.
(Voir page 448, pièce 638)
Jean Karadja II, fils de Nicolas, ancien dragoman de la Porte,
prince de Valachie de 1812 à 1819, après la paix de Bucarest. II
paraissait au début avoir du penchant pour la France, mais il ne
tarda pas à tourner casaque et à devenir un ennemi acharné des
1
ANNEXES
819
F'rançais. Jusqu'en 1814, à la restauration des Bourbons, il conserva
une espèce de neutralité entre la France et la Russie, mais dès le
retour de Louis XVIII en 1815, il démasqua ses batteries. En 1819
il se sauva à temps, se réfugia en Italie et eut pour successeur
Alexandre Soutzo II.
(D'après A. Stourdza, op. cit.)
LES GODES CARAGEA (RARADJA) ET GALLIMAKI
Il était réservé à Jean Caragea et à Charles Gallimaki de doter
les pays roumains d'une législation qui répondit jusqu'à un certain
point aux véritables besoins de la population. Les codes de Gara-
geaet de Gallimaki reproduisent l'un et l'autre le droit romain, mais
pendant que le code Garagea est une compilation plus. originale,
faite d'après les collections grecques, celui de Gallimaki n'est que la
traduction plus ou moins fidèle du Gode civil autrichien, Ge qui avait
déterminé ce dernier emprunt, c'est que le jurisconsulte chargé
par Gallimaki de la rédaction de son Gode, Flechtenmacher, se trou-
vait être un Allemand, qui avait été appelé de Vienne par les boyards
Laskaraki et Grégoire Stourdza comme instituteur de leurs en-
fants. Ges deux législations furent promulguées en langue grecque
et la chrysobulle de publication du Gode Gallimaki dit expressé-
ment « qu'il avait été premièrement rédigé dans la langue néo-
grecque, usitée dans le pa,ys, puis traduit en roumain. » La tra-
duction devait en être faite par le même Flechtenmacher qui, ayant
séjoui'né pendant huit années en Moldavie (1811-1819), avait fini
par connaître suffisamment le moldave. Mais on ne sait pourquoi
il ne parvint pas à la terminer. Le Code de Gallimaki ne fut tra-
duit en roumain qu'en 1833, lors de la nouvelle occupation russe des
principautés. Le Gode de Garagea, au contraire, avait été traduit
en roumain dès la première année de sa promulgation, en 1819.
(Alexandre A, -G. Stourdza, L'Europe Orientale et le rôle histo-
rique des Maurocordato^ 1660-1830, p. 267.)
820 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
ANNEXE XXII
(à la page 524, pièce 764)
GORNAGCHIA (Ferdinand, baron) (1768-1842), né à Soragna,
docteur en droit à l'âge de 21 ans, commença par être l'avocat des
pauvres, mais ne tarda pas à occuper divers emplois dans l'admi-
nistration des duchés avant de devenir, d'abord gouverneur de
Borgo San Donnino, puis de Parme même en 1814. Directeur gé-
néral des Finances en 1816, il occupa de 1821 à 1830 la prési-
dence de l'Intérieur et devint au lendemain des troubles de 1831
président du Conseil d'Etat.
ANNEXE XXIII
(à la page 625, pièce 942)
Saint-Clair (Charles, marquis de), entré aux gardes françaises
comme enseigne surnuméraire en 1787, émigré et inscrit sur la
liste de Périgueux à la date du 23 juin 1792 comme « garde du
dernier tyran et propriétaire à la Trappe près de Sarlat >, garde
du corps à Naples, puis capitaine d'une compagnie des Gardes et
« attaché à l'éducation du prince Léopold », colonel en 1807, il
suivit le prince de Hesse-Philippsthal en Galabre. Ministre de la
Guerre en 1812 en Sicile et en 1815 à Naples, lors du retour de
Ferdinand IV.
Alquier dit de lui en 1804 dans sa note sur les émigrés : « Il est
le favori de la reine. C'est un homme honnête, tranquille et très
médiocre. La reine vient de le faire naturaliser. » (J. Raimbaud,
Mémoires du comte Roger de Damas, II, Note 368).
ANNEXES 821
ANNEXE XXIV
(à la page 640, pièce 978)
Le mari de la comtesse de Raigecourt. Il commandait pendant
la campagne de 1814 une brigade de la division Ignace Hardegg,
qui faisait partie du corps d'armée Jérôme Golloredo. Le général-
major de Raigecourt se trouvait à Dijon avec ses troupes lors du
passage de Marie-Louise venant de Blois.
INDEX ALPHABÉTIQUE
A. ... 799, 800, 801.
Aarau. 245, 380, 456.
Abbaye (L' . Note 685.
Abdère. Abdériles. 710.
Abdication (acte d ). Renonciation.
30, 84. Note 114, 194, 262, 263, 410,
414, 459, 623, 626, 639.
Abbrdben (lord). 47, 48, 49.
Académie des Sciences (Munich), 414.
Académie des Sciences Morales et
Politiques. Note 415.
Académie musicale. 619.
AcBKENZA (duc d'). 240, 423, 481,543,
812.
Ari"ondissements. 40, 50, 169, 287,
403, 504, 50&, 588, 601,730, 749, 765.
Adda (Phebus marquis d'). Note 674,
Addington (A.). 604, 621, 717, 758.
Adblaïdb (Madame). Note 640.
Admission (de plénipotentiaires). 219.
Adon. 281.
Adresse 306, 450. 620, 741, 779.
Adriatique (Mer) 277.
Affaires Etrangères (Ministre, Minis-
tère et Archives des). Note 17.
Note 18, 43. Note 45 Note 47. Note
48, 55. Note 95. Note 106. Note 108.
Note 116 Note 132, 150 Note 194.
Note 195, 296, 311. Note 655, 757,
774, 787.
Aflrram. 793, 795.
Aic/»eii)ury^ (Maison), 138.
AiCHHOLZ. Note 247.
Aigle Noir (Ordre de 1'), 894.
AoouT (M-'d'). Note 233.
Aglié (Comte Saint-Martia d'). 196,
287.
Ai»ne (et département de '1). Note
784.
Aix (en Provence) (et parlement d').
Note 197. Note 764.
Aix^la. Chapelle (et Congrès d'). Note
7. Note 40. Note 90, 187, 530.
Note 697.
Aix-les-B&ins. 47, 48, 72, 367, 420,
815.
AiAVA. 767.
Albbrti. 223.
Albbrtimb (branche : Saxe). SSS.
Albihi (baron). 619.
Albuféra (duc d'. Voir Suchet).
Aldini (comle). 86, 87, 123. 131, 146,
201, 221, 222, 230, 238, 241,243,246,
265, 273, 274, 281,285, 286, 312,338,
352, 861, 369, 442, 515, 516, 598,678.
761.
Aleiandra-Pavlovna (grande-
duch'"). Note 3. Note 138, 494.
Alexandre I". Note XXIII. 2. Note 3,
5, 8, 9, 12, 18, 20, 28,30-46, 54. Note
55, 57, 68, 61, 63,64. Note 74. Note
77, 81, 86, 89. Note 96. Note 98,100,
102, 103, 105-109, 114, 117, 118, 120,
123-129. Note 134-140, 143-147,161-
162, 167,168, 171-174, 177, 17h,180-
194,198, 200, 205-207 Note 209,211-
228, 230-234, 238,240, 241, 250,264,
257, 261-270, 275, 278, 279, 290,295-
298,301, 305, 313-319, 329-384,338-
344, 347, 348, 351-358. 362-368, 370,
372, 879, 382, 384, 386, 390-396, 399,
402, 403, 413, 414, 416, 419, 422,423,
428, 431, 434, 437, 443-449, 453,464,
456-462, 466-474, 478-480, 483-487,
493-498, 500, 502, 606, 508-518, 521-
527, 531, 534, 535, 538, 540, 541,544,
549-581. 564-572, 575, 579-588, 591,
5J2, 596-603, 608-612, 616, 618,626,
627, 633, 634, 638, 639.643-656.Note
663-665, 668-672, 675, 677-681, 686-
688. Note 692, 693, 695, 699, 702,
703, 705, 709-715. 720-722, 729-736,
738, 740, 743, 744, 748-757, 762,768,
769, 772-774, 776, 777,780,
Alexandre II. Note 553.
Albxandrb db MAcéooiNK. 302.
Alexandrie (Asi la Paille). 82,606.
Alfibri Df SosTBGNO (Marquis). 683,
684, 766.
Alger (et dey d'). 499.
Allarini (d'). 378.
Allemagne (affaires d')-AUemands,
XIV.'l, 6, 8, 9,12-14, 21, 23, 25,27,
29, 37, 40, 49, 64, 68, 69, 79. 80, 86,
87. Note 90, 94, 97, 100, 105, 112.
Note 118, 120, 135, 141. Note 146,
149, 138, 159, 161-165, 169,170,172,
176, 180, 186-189, 201,207-209, 212,
213, 217, 226-228,235, 237, 242, 260,
254-258, 262, 263, 272, 291, 294, 296,
824
AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
304, 305, 309-316, 321, 327, 338,340-
347, 349, 354-358, 365,380,385,395,
398, 401, 408, 409. Note 415, 423,
424, 427-430, 439, 444, 445, 451-453,
458, 460,477,478, 485,486,490,500,
506, 507, 511, 512, 519,523,531,534,
542, 545, 550-554, 561, 574, 585. Note
592, 594, 601,617,625,626, 632,633,
39, 649, 654-658, 6f'3, 668, 675, 681,
682, 686, 689, 690, 698, 707,716,717,
730, 735, 738, 740-745, 751, 765.
Allemagne (Empereur d'). 112, 162,
184, 213,305-310,346, 354, 361, 379,
439, 453, 585, 649, 654, 670,716,751,
775.
Allemagne (nord de 1'). Note 21,162,
170, 216,237, 258, 341,342, 418, 424,
490, 625.
Allemagne (sud de T). 34, 162, 170,
237. 258, 342, 424, 439, 490, 529,
616, 625.
Allemands (petits Etats et princes).
39, 41. Note 75, 93, 94, 105, 158, 213,
226, 242,252,262,264, 2-l.Note272,
294, 305 308, 328, 345, 348, 353.354,
361, 373. 439, 442, 450, 478. Note
479, 485, 490, 499, 517, 519, 523,540,
544, 550. Note 565, 596 Note 600,
612,624, 634, 649, 653, 654,656, 657,
670, 689, 690, 700, 716, 755.
All^emeine Zeitung.Note 39, 165,645.
Alliance (projets et traités d'). Note
52, 60, 61 Note 74. Note 100, 118,
172, 177, 189,203,240,263,347, 567,
600, 638, 651, 689, 737, 742. Note
778.
Alliance française. Note 15. Note 45.
Note 99, 347. Note 561, 601, 616.
Alliano (prince d'). 326,361,426,427,
431,442.
Alliés (souverains et quartier général
des). 2, 4, 9, 10, 12, 15. Note 39.
Note 40, 61. Note 62, 79, 81, 88, 1 13,
203, 207, 244, 249, 287, 293, 343,358,
491, 517.
Almasy (comte). 479, 480.
Alopeus (comte d'). 302, 646.
Alpes (les). 42. Note 196.
Alquier, 820.
Altieri (Carlo). 802, 808, 804.
Altlerchenfelderstrasse, 78.
Allona (et banque d'). 99. Note 592.
Amalienhof. Note 159.
Ambassades (et surveillance des). 123.
Note 194, 219, 221, 222,325, 326.
Ambigu (L') (journal). 61.
Ambrosiana {L'). XIV, 91.
Amélie DE Brunswick. Note 100.
Amérique (Etats-Unis et guerre d').
et Américains. 26, 301,302,378,379,
456, 464, 465, 521, 553, 620, 662,680,
755, 766, 768, 775, 781.
Amiens (et paix d'). Note 84, 424.
Note 717.
Amnistie. 395. Note 652.
Amsterdam. Note 591, 679.
An. a... 796.
Ancillon. Note 589.
Ancône. 176, 295, 314, 462,563.
Andlau (comte 1'). 675.
André (d'). 684, 764.
André Sch., 796.
Andromède (L' russe), 192.
Angebbrg (d'). Voir notes passim.
Anglais (journaux). 44, 465, 659,695.
Angleterre- Anglais. 2, 4, 6, 7, 9, 10,
13-15, 21-29,' 36, 37, 43, 44. Note
49, 53. 54, 57, 60, 61, 74, 83, 84.
Note 101. Note 102, 110, 113, 126.
Note 139, 145, 152, 157. 162. Note
166, 183, 200-204, 208, 210. 215,216,
224-229, 239, 242, 249, 258, 262, 268,
272, 276-278, 283. Note 286-288, 292-
297, 305, 306, 310, 331, 332, 340, 353,
354, 358, 364, 371, 378-380, 384, 390,
391, 399, 400, 401. Note 416, 431-
434, 438, 443, 446, 454-457, 464,465,
476, 483,489,498. 502. 504,514,521,
527, 532, 547, 552-555, 562-565, 569,
574. Note 577-580, 592, 600, 601,
617-619, 623, 630,636,638, 640,649-
656, 658, 662,664, 669,672, 675,677,
680, 694, 695, 704. 708. Note 710,
713. Note 717, 719, 724-727, 734-
737, 740, 742, 751. Note 764, 766,
771, 775, 781, 782, 813.
Angleterre (ambassade d'), 21, 123.
Note 144, 218, 219, 221, 223, 228,
272, 490, 537, 748.
Angoulème (duc d'). Note 96. Note
469, 764.
Angoulème (duchesse d'). Note 96,
319, 376.
Anguissola (comtesse Caroline), 90.
Anguissola Brusga (marquise). Note
90.
Anhalt Beknburg-Schaumburg (Mai-
sons d'), 308, 365, 366, 537, 592,
600.
Anhalt-Dessau (Frédéric, prince hé-
réditaire d'), 383.
Anhalt-Dessau (prince et maison d'),
308, 365.
Anna Pavlovna (Grande duchesse),
26. Note 715.
Annecy, 203.
Annexion, Incorporation, Réunion.
Note 36, 187, 251, 261, 263, 290,
299, 303, 380, 391. 496, 499, 541,
556, 587, 594, 606, 614, 618, 657.
Note 694, 715, 719, 720, 750. Note
759.
Annonciade (Ordre et collier de 1').
Note 82. Note 122.
Annoni (comte), 231
Ansbach-Anspach, 6, 254, 618, 623,
661, 719.
Anstett (d'). Note XXII, 31, 73, 95,
Mi
INDEX ALPHABÉTIQUE
825
102, 108-110. 113,123, 132, 133,146,
152-154, 159, 160, 180,181, 196,197,
202, 214, 230, 233-238, 245, 264-267,
274, 283. 284, 303, 312, 316, 333, 338,
343-345, 353, 361,363. Note 365,369,
370, 382. 386, 397, 422, 428-430, 433-
435, 459. 460, 467, 470, 497, 510,512-
514, 520, 539. 54S, 570, 571,585, 612,
648, 654,696, 708, 709, 711-713, 729,
731.
Anstett (M"* d'), 109, 152, 154, 696.
Anticipations-Scheine, 257, 348, 439.
Antoine (archiduc), 46.
Amto:ne (prince de Saxe). Note XXII,
20, 38. Note 142, 160, 161, Notel74,
193,194, 212, 218, 219, 235, 256,319,
339, 353, 373, 376, 396, 402, 473,496,
497, 536, 565, 603, 755.
Antonelli (comte), 567, 716.
Anvers (port et flotte d'), 203, 204.
Apanage, 16,
Apologie (L', brochure), 348.
Appartement (L'), 189, 193, 225.
Appo.nyi (comte), 619, 752.
Araxs (L'). Note 103.
Arghi:>uc Charles (Hôtel à 1'), 306.
Arenberg (Auguste, prince d'). Note
229, 304.
Arenberg (Louis Engelbcrt, duc d').
Note 229.
Arenberg (Philippe-Joseph,princed').
577.
Arenberg (Prosper-Louis, prince de ,
228, 229, 230,245, 251, 259. Note 577.
Aretin (baron von). Note 557.
Argovie (canton d').Note 146, 380.
Abgyropoulo (Jean), 318.
Armbhcsteh, 790.
Armée anglaise, 113, 204, 210. Note
286, 394, 553, 620. Note 715.
Armée au delà du Danube. Note 95.
.\rmôe autrichienne, 19, 20, 23-25,
31. Note 33, 45. 54, 58, 81, 89,
Note 92, 107. 170, 173, 196. Note
205. Note 244, 254, 257, 289, 298,
379. Note 384, 439. Note 507, 511,
566, 586, 689. Note 709, 711, 713,
755. Note 774, 782, 791.
Armée bavaroise, 6. Note 111. Note
179, 235, 474. Note 774.
Armée de Condé. Note 442. Note
507.
Armée danoise, 58.
Armée française, 1, 2, 18, 28, 170,
203, 235, 258, 272, 287, 404,471, 474.
Note 507, 511, 514, 542. Note 592,
684, 755,763. Note 774, 806, 815.
Armée hanovrienne. 725.
Armée hollandaise. Note 229, 394.
Note 463. Note 507,
Armée d'Italie, 232,
Armée du Midi. Note 2.
Armée Napolitaine, 35, 56. Note 118,
248, 517, 593.
Armée d'observation. Note 93,
Armée d'opération. Note 35. Note 55.
Armée piémontaise, 82, 632.
Armée polonaise. Note 10, 30. Note
44,97. 106, 173, 297, 431, 518, 521,
524, 749, 778.
Armée prussienne (et corps d'), 61,62,
82. Note 93. Note 100, 113, 160, 172,
173, 254, 297, 347, 357, 3 il, 394, 486,
561, 566. 574. Note 589, 689.. Note
712, 755, 775.
Armée de réserve. Note 2. Note 129.
Armée du Rhin, 157.
Armée russe et grande armée russe.
Note 2, 6, 20, 24, 25, 54. Note 55.
Note 77, 97, 103, 113. 125. Note 133,
135, 143, 152, 153, 160, 172, 173. Note
194, 341, 355. Note 4«ti, 486, 511,
518, 521, 524, 541, 544, 574, 585, 602,
609, 632, 689, 711,714, 723. Noie 774,
Armée saxonne, 67. Note 162, 369,
741.
Armée sicilienne, 53.
Armée suédoise, 38. Note 336.
Armée wurterabergeoise, 217.
Armées alliées. Note 90, 204, Note
302.
Armements, 6, 20. 3^, 45, 54, 59, 113,
453, 454, 570, 571, 618, 632.
Armistice (et dénonciation d'). Trêve,
Note 107, 440. Note 530.
Armstrong (Général), 464.
Arnay (baron d'), 232, 285, 313, 450,
468, 598, 634, «66, 761.
Arndt (poète allemand). Note 41,415.
Ahnstein (baron), 28, 93, 100, 110.
Note 135, 186,252,253, 338, 378,469,
486, 543, 573, 648, 674, 675, 735, 785,
787.
Arnsteîn (baronne d'), 695.
AROLDi-AREi.ni, 505, ;)24.
Arrérages. Intérêts. Revenus. 408,
409, 410.
Arrestations, 329. 335, 552, 627, 682,
704, 718, 724, 74i, 767.
Artois (Comte d'),voir Monsieur,
Artonne, XV.
Arve (L'j, 676.
AscHAFFENBURG. Notc 149, 263. Notc
375, 390, 408, 410.
Aspern (et charnu de bataille d),
261, 298.
Assemblée Nationale. Note 96.
Aster (Colonel baron d'), 281.
AsTtJRiES (prince dos). Note 682,
AuBN (von), 796, 797.
AiiBRSPBRG (prince Vincent et maison
d'). Note 318, 385.
AuERSPBRO (Gabrielle, princ«B3e),318,
Augartea (L"), 84. Note 233, 298,
306, 7S3, 771.
Auge-Golies (im). Note 84, 128.
AuoHRBAU. Note 140.
AuGSBOURG. 645, 696, 786, 787.
AUTOUR DU CONGRÈS DE VIE>.NE
Auguste be Prusse (prince). Note
XXII, 437, 442, 443. Note 472, 540,
549.
Auguste - Ferdinand db Prusse
(prince). Note 438.
Augustenburg (princesseCarolined'),
671).
Augustenburg (princesse douairière),
671.
AuMALB (duc d'). Note 240.
Aurore naissante (L', Loge à Franc-
fort), 420.
Austerlits. N..te 77. Note 108. Note
175. Note 689, 806.
Autonomie, 357.
Autriche (et maison d')- Autrichiens,
XIX, XXI, XXm, 2-lû, 12, 14, 17,
18, 19-27, 30, 34-39. 43-'.5, 48-50, 56-
61, 66, 68, 72. Note 74, 80-84, 88.
Note 93, 9i, 98. Note 100, 102, 105-
113, 116. Note 121, l-.'6, 132-136.
Noie 144, 146-148, 151-159, 162-166,
169, 170. Note 175-179,181,184-186,
189-192, 200, 201, 204, 207, 213, 215,
218-229, 232, 235-237, 239, 242-244,
247-249, 254-258, 261-265, 269, 270,
376, 285, 286, 295. Note 297. Note
301, 305-310, 314, 316, 329-337, 340,
343-348,354-359, 363, 367. Note 370.
371. Note 375, 379, 380, 384, 385,390,
391, 396-403. Note 416,423, 427-429,
436-439, 444, 451-459, 462, 466, 469,
474, 476, 478, 485, 490, 493, 499-512,
514. 517-519,523-526. Note 530, 533,
536, 537, b40-l48, 552, 555, 556, 560-
571, 576, 581, 585, 588. Note 589,
593. 598-603, 608, 612, 616-618, «22-
624, 630, 633-636, 646, 650, 655-658,
667, 668, 675-678, 687-689, 690, 692,
694, 696-699, 702-706, 708. Note 710-
713, 716, 719, 720, 726, 735, 737,742-
746, 749, 751-755. Note 759, 762, 772,
776. Note 778, 781-784. 815, 818.
Autriche Antarieare. Note 675.
Autriche fias.'>e).XVIH.Note 35,S80.
Note 729.
Autriche (Hante). Note 35, 380.
Autriche (Impératrice douairière d").
104.
Auvergne (langue d'). Note 195.
Atala ? (comte). 228.
B (von). 385, 659, 704, 793.795.
Bade (grand-duché et envoyés du).
Badois. 80, 92. Note 116, 135, 164,
169, 170. Note 188, 235, 243, 252, 107,
309, 328, 334, 364, 365. Note 379, 400,
404, 438, 439, 451, 473, 494, 495. 507,
508, 527. 537, 540, 550. Note 565,600,
614, 636, 672, 675. Note 676, 757,
817.
Bade (grand-cluc Charles de). 46, 79,
80. Note 183, 198, 226, 263. 269, 270.
Note 272, 27 i, 293, 306, 339, 365, 400,
429, 437, 449, 451, 470, 480, 483, 484,
495, 506, 519,522, 523, 537, 539,544,
569. Note 582, 584, 593. Note 604,
610, 611, 617, 629, 645, 649, 650,665,
668, «75, 691, 696, 709, 730, 743,760,
768, 776, 779.
Badb : grand-duc Charles-Frédéric de) .
Note XXII. Note 32, 274. Note 444.
Bade 'grand-duc Louis Guillaume-
Auguste de). Note 444.
Baok (Amélie-Frédérique, marquise
de). 517.
Badb (Wilhelmine-Louise, princesse
de). Note 610.
Badh-Durlach (marquise de). Note
139.
Baden. 20, 30, 39. Note 49, 51, 69, 73,
83, 85, 95. Note 146, 317, 353, 354,
382, 403, 420, 506, 705-708, 758, 7 73,
796.
Bagration (feld-maréchdl, prince) .
809.
Bagration (princesse). Note XII. Note
3, 76. Note 77, 93, 95. Note 96.133.
Note 140, 156, 180, 188, 189, 191, 192,
193, 200, 201, 205, 206, 212 214,
232, 533, 234, 240, 245, 282, 286, 287,
299, «15,316, 317, 318. 328, 329,330.
351, 35Î, 363, 364, 428, 429, 442, 460,
461, 466, 467, 469, 470, 479, 480. 484,
«16, 520, 539, 554, 560, 576, 596. Note
597, 600. 647, 660, ÔSI. Note 680,
688, 733, 751, 753, 754, 756,772,773,
809, 810, 811, 814, 815.
Bairbuth Elisabeth, margrave de).
Note 199.
Baireath. 6. Note 17, 254, 618, 623,661.
Balachoff (général). 40.
Baldacci (baron Antoine). Note 79,
745.
Baldadsi (maison). Note 159.
Bkle (prince évéque de). 583. Note
675. Note 676.
BAle (et traité de). Note 31, 169, 195.
Note 530, 738. Note 747. Note 774.
Balk (comte). 130, 131.
Bulkans-Balhaniques (peuples). 354,
355.
BaU-PUtz (le). Note 192. Note 702.
Bals (les). 193, 200, 205, 206, 233.
Baltique (mer). 399.
Bamberg. 415.
Ba,nat (le). Note 70.
Banque de France (et gouverneur di
la . Note 764.
Banque de Hambourg. 628.
Banque nationale d'Autriche. 781.
Banques-Banquiers. 101. Note 103
136, 246, 595, 788.
Bàr-sur-Aube (et combat de), Not|j
264.
INDEK AUPHADÉTIQUE
827
Baradino. 78.
Baraini. 431.
Barbares du Nord 'les). 271.
Barbaresqchs (les). 373.
Barber. 93.
Barbosa. Note 284.
Babclay db Tolly (général comte).
723. Note 774.
Bardoux. Note 233.
Bartholdi. bi, 89, 90, 93, 130, 134,135,
179, 184-186, 315, 338, 626, 736.
Bartholomé db a. 793.
B... (Bartsch). 95, 123, 133. Note 3«5.
386.
BARUBfL (?) Abbé. 417.
Baschkyrs (les). 271.
Bassano (duc de). 285, 286.
Bassoni. 246.
BatailitE (colonel, baron). 718.
Bathurst (lord). 582, 659, 725.
Batikfol (Louis' XV.
Battaglia (Antonio). 718.
Batthyanyi (princesse Louis). 486.
Bacdblot. 281.
Bausset (baron de). 312,318, 339,369,
425, 441, 484, 614, 734, 770.
Bautzen (bataille de). 415.
Bavière-Bavaroix. 5, 6, 14, 23, 24,28, 29.
Note 34, 37, 50, 68, 94, 98, 111,112.
Note 120, 135, 136, 149. Note 150,
164, 165, 169, 170, 179, 184, 189, 199,
235, 238, 239,243, 251, 252, 268, 263,
271, 280, 292, 298,306, 307, 312,328,
) 330, 331, 337, 356, 360,373, 378, 385,
^ 400, 403, 404, 427, 428, 438, 439, 451,
458, 459, 468,474, 485, 489, 490,494,
495,507, 537, 541, 542, 550, 567, 598,
599, 600, 612, 613, 621,623, 632,636,
649,652, 658, 666, 672, 681, 690, 695,
696, 735, 737, 765. Note 778, 781,
788.
Bavière (prince Charles de). Note
XXII, 317. 328, 363, 364, 429, 487,
438, 484, 569, 660.
Bavière (Louis, prince royal de). Note
XXII. Note 120.165. Note 179,208,
21S. Note 220, 259, 267, 268, 270, 271,
298, 342, 398, 457,458, 502, 561,599,
632, 660, 736, 744.
Bavière Caroline-Auguste, princesse
de). 200, 292, 293.
BAviÈRE(Marie-VVilhelminede Hesse-
Darmstadt, reine de). 24. Note
138,139, 168,218, 312, 411, 474, 521.
Baylen (bataille, et duc de).Note682.
Note 683.
Biryonne (et traité de). 397.
Béatrice (archiduchesse). Note 90,
205, 206, 339, 481.
Bbauharnais (Auguste, princesse de
Bavière, Vice reine d'Italie.) 217,
218, 232.
Beitulien. Note 764.
Beanne. Note 712.
Beauvai-e (vicomte). Voir Lamb.
Bbauvao (princesse Charles de). Note
129.
Bbck (baron). 360,371.
Beckers. 130, 221.
Beb» (von). Note XX.
Bbethoven. Note 4o2, 619.
Besuelin (von). 291, 557, 730.
Belgique-Belges. 55. Note 144, 145,
187, 203, 251,258, 279, 298, 302,335.
Note 336, 366. Note 384, 394, 399,
432, 488, 508, 595, 635, 657, 736,764.
Belgmde. 237,272. Note 817.
Bbllsgardb (feld-maréchal comte de).
42,76. Note 181. Note 221,462,471,
678. Note 732, 744,745, 757, 774.
BELI.EGAHDE (comtcsse dc) . Note 16,
744, 745.
Bellio. 138, 141, 142. 218, 328, 329,
330, 331, 368, 359, 429, 447, 44«.
Bellynacor. Note 54,
Belvédère (le. Varsovie). Note 282.
Benaky. 597.
Bender. 723.
Benedict. Note 302.
jBenét)eaf (principauté de). Note 9(pour
prince db Bénévent, voir ïallet-
rand).
Benjamin Constant. 294.
BtsTVKENDORFF ^général de). 103.
Be.nnigsen (général de). 2. Note 55,
244, 609, 723.
Bbnthbim-Steinfurt (comte Alexis).
486.
Bbntinck (comte . 259, 260, 303, 430,
777.
Bbntinck (lord William). 209, 210, 516.
Bbnzel-Stbrnau (comte). 327, 771, 817.
Beobachter (Der Oesterreichische).38,
39, 106.Notell4. Note 159, 226,322,
323. Note 339, 453, 454. Note 480,
505, 593, 598, 599,603,604,695. Note
743. Note 790. Note 792.
Berckheim (baron de). 480, 701.
Berg (et grand-duché de). 2, 461.
Note 577, 730.
Berg (von) (président de Schâumburg-
Lippe). 137.
Berg (secrétaire de légation. Danois).
Note 99.
Bergheim comtesse). 225.
Berlin (Cour et paix de), Beriinois.l,
4, 5. Note 7. Note 12, 13, 15, 19.
Note 20, 21, 24, 28, 29, 30, 34, 35,
36, 39, 49. Note 51, 54, 57. 58, 67.
Note 75, 81. Note 82. Note 102,lCr3.
Note 125, 140-142. Note 144, 148-
150, 174. Note 175. Note 176, 185.
Note 220, 222, 228. Note 259, 269,
281, 902. Note 317. Note 327, Note
335. Note 345, Note 346, 363, 370.
Note 379, 394, 400. Note 415. Note
416, 438, 445. Note 456, 461. Note
4€5. Note 472, 503. Note 530, 535-
828
AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
537, 549. Note 553, 565, 566, 571.
Note 589, 602, 624, 616, 646, 649,
667, 669, 675, 699, 716, 738. Note
777. Note 810, 812.
Berliner-ZeiLung (la). 556.
Bernadotte. 26, 34, 39, 53, 56-58, 60,
100, 101, 105, 111, 114, 126.165,166,
190, 191, 193, 236. Note 336, 337,
338, 374, 522, 609, 623, 704.
Berne (et canton de). Note 102, 220,
335. Note 370, 381. Note 416, 607,
631, 750. Note 757.
Behnsïorff (comte). 7. 12, 15, 22, 25,
31, 33, 34, 36, 39, 49, 53, 57, 60, 61,
215, 543, 636, 717, 736, 738, 744.
Beroldingen (comte). 176, 383.
Berry (duc de). Note 26. Note 197.
Berthier. Note 92. Note 107.
Bertrand. XV.
Bertrand (général comte;. 432.
Bertuch. 416.
Besançon (et parlementde). Note 764.
Besenval (général de). Note 116.
Bessarabie. Note 3. 658.
Besserer (baron . 369. 382, 558.
Bethmann (de). Note 591.
Bethmann (M-»' de). 338, 591.
Bethmont. Note 811.
Bethusy (comte), 327, 548, 549, 554,
558, 564, 568, 575, 582, 583, 597,605,
606, 697.
Beugnot (comte). 378, 379. Note 684.
Beurnonville (maréchal de). Note 810.
Beust (comtesse). Note 615.
B. H., 803.
BiANCHi (feld -maréchal lieutenant,
baron). 205.
BiANCHi (Nicomède). Note 196. Note
679.
BiANGO. Note 629.
BiBER. Not:- 792, 796, 802.
Bicétre. 553.
Bielke (von). Note 615.
Bielle. 430.
Bielostock. 615, 689.
Biencourt. Note 589.
Bienne (Biel). 607, 635, 675, 747.
BiGNON (baron . Note 335.
BiGOTTiM (la). 282, 316,317,437, 543,
587.
Bihar (comitat de). Note 96.
BiLDT (baron de). 24, 33,336, 337,421,
469, 543, 559, 612, 716.
BiNDER (baron. 41, 45, 47, 51, 253,
256, 428, 466, 525, 526, 736.
BiNDERMANN (cochcr). 752.
J?irsec/i I district de). Noie 675.
BiSCHOFFSWERDER. 530.
BissiNGEN (comte), 697.
BiTZER (von). Note. 98. Note 159.
Blacas (comte, puis duc de). Note
703, 763.
Blancard. 818.
Bliescastel (et seigneurie de), 149.
Blocus continenLaL 747.
Blois. 821.
Blome (comte de\ ministre de Dane-
mark à Pétersbourg. 143. 245.
Blome (Otto, comte de, général major
autrichien). 811.
Blome (Glémentine,comtesse).811 ,814.
Bliicher. 12. Note 40. Note 157. Note
415. Note 712.
Blumenhurg. 578.
BOCKELMANN. 609.
BoGNE DE Faye. 137, 221, 442, 629.
Bohême (la). Note 36, 40, 49. Note
100. Note 206. Note 211. Note 298,
379. Note 416, 439, 497, 531,533,566,
689.
BcEHNEN (baron). 163, 199, 260, 312.
Bollmann (Eric). 659, 780-782.
Bologne (et Université de) XIV, 21,
35, 82,87,121,122,196,320,361, 381,
412, 430,515, 573, 679, 704, 707,728,
744.
Bombelles (comte de). 257. Note 703.
Bombelles (marquise de). Note 640.
Bonaparte (voir Napoléon et les Bo-
napartes). 101.
Bonapartistes (les). 404,
Boni (lieutenant). 798.
Bonnay (marquis de). 538, 656.
BoNNEFONs. Note 175.
BoNSiGNORi (mgr.). 89, 91, 92,
BoNWART. 785.
Borbstaedt (von). 415, 417, 418, 419,
615.
Bordeaux (duc dn). Note 407.
Borgo San Donnino. 820.
borgiovich. 34.
Borgonne 122.
Borinio. 277, 719.
Borromée (saint Charles). Note 91.
BoRscH (von, représentant du prince
de la Leyen). 29.
BoRSODY. 796.
BoRWiTz. 436.
Bosiljevo. Note 55,
Botzen. 583.
Bouches de la Meuse (département
des). Note 335.
BouLGAKOFF (comte) 95, 234.
Bourbons (les). 29, 108, 110, 114, 117,
132, 184, 209, 223, 242,248, 262, 311,
336, 357, 419, 429. Note 451, 464,
489,650. Note 685,763,764, 819.
Bourbonisles (les). 357.
BOURGEOT. 686.
BOURGIN (G.). XV.
BouTiAGuiNE. Note 552. Note 627,
651,762, 763.
BouTiNiEFF. 571, 588, 678.
Bouvier (Félix). Note 116.
Brabant. Note 335.
Brandebourg (maison de) 812.
Brandeburg-Schwedt (Frédériqi
Dorothée de). Note 41.
i
INDEX ALPHABÉTIQUE
829
Braulik. 52, 785, 786, 789, 790. Note
ï! 792.
I Braun (colonel prussien). 584.
i Braun (baron), ministre de Hesse-
I Darmstadt). 9, 13, 16, 18,24, 27, 43,
;! 46, 54. 59, 79, 98.
'I Braun (von), conseiller aulique. 360.
! Breilenlee. 705.
! Brème. 158, 306. Note 379, 400.
■ Brésil. Note 75. Note 80, 271,590.
lïaÉsiL (princesse du). Note 749.
' Breslan. Note 157.
, Bressac.303
Bressler. 634.
Bresson de Valensole. 474, 558, 563,
564, 646,660.
Brest (Litowski). 689, 723.
HuETBuiL (comte de). Note 303.
Bhetfeld. 428.
lÎREUNiNG (général-major von). Note
&8. Note 159
Brienne (et combat de). Note 264.
Brighton. 554.
; BRiGmo [marquis). 326.
Brigitten-Au. Note 84.
Brignole (comte de). Note 148, 312,
318, 352, 369, 382, 420, 441, 456, 472,
473, 614, 695, 697, 705, 728, 758.
Brignqle (marquis de). 85, 122, 123,
132,141, 147, 148,150,201, 209,210,
294, 320, 369, 376, 424,504,505,527.
Note 529.
Brignole (marquise de). 148, 376, 377,
695.
Brisgan (Le) (Brisgovie).46, 169,451.
Brochures, 294, 295, 347, 386, 387, 652,
702, 727.
Broglib (duc de). Note 250, 319, 375.
Note 709.
Bromberg. 608, 645.
Broniewski (comte). 612.
Broughton. 281, 616.
Brozim. Note 76.
Bruce (Michel). Note 166.
Bruchsal. 36, 37, 41, 109.
Bruck sur la Lcilha (et manœuvres
de). 257.
IÎRUNACCI. 326.
liRUNAZzi (abbé). 209, 210, 801.
Ilrunn. XXI. Note 32, 46. Note 100.
Note 107, 787, 800.
BuuNOY (marquis de). Note 810.
iirunswick. Note 2,158,306, 307,308,
551, 750, 751.
Brunswick- Wolfenbvittel (Frédéric-
Guillaume, duc de). 140, 250, 364,
365, 517, 550. Note 565, 582. Note
592.
BRUNSWICK-WOLFENBÏiTTBL (AugUStC-
Caroline, princesse de). Note 216.
Bruxelles. 48. Note 84. Note 96, 210,
211, 229, 291. Note 432, 530, 531,
595, 795.
BuBNA (général comte). 175, 709.
Bucharest et paix de). Note 95, 447,
817, 818.
Bochwieser (Katinka), 600.
BiicKEBURG prince). 307
Bude. 111. 177, 178, 183, 436, 786.
Budget. Note XX. Note XXIV.
Bug Le). 608.
BiJHLER (baron). 383, 423, 435, 481.
Bukoivine (La), 658, 711, 722, 818.
Bulgarie, Bulgares. 355.
BuLow (von, général-major danois).
Note 99.
BuLOvi' (comte de). 17,531.
Bundestag (voir diète).
BuoL Schauenstein (comte). 393.
Bureau militaire. 790.
Bureaux d'écriture. 120, 124.
Burg (La) (et rapport des gens de ser-
vice à la). Note XXIIl, 80, 104, 123,
124, 126, 138, 139. Note 159. Note
189, 198, 272, 299, 304, 352, 498, 508,
556. Note 792.
Bûrgerspital. Note 159.
Burg-Theater (Le). Note 192.
Burgraviat Impérial du Rhin. 158.
BuTASsY (chevalier). 549.
Caballini (de). 752.
Cabinet Noir. XI, XIV, XX, XXI,
XXII. Note 5, 25. Note 44, 46, 47,
56, 435, 466, 472, 473, 505, 616, 725,
768, 786, 788.
Cabinet secret (de l'Empereur). XII,
351, 7-^3, 785.
Cadix (et Junte de). Note 712.
Gadoudal (et complot de). Note 407.
Note 652.
Calahre. Calabrais. 110, 820.
Calais. 40.
Callenberg (comte). Note 402, 486.
Callenberg (comtese) 263, 401, 402,
426, 469, 486.
Callimachi (Charles IV). 453, 454,477,
546. Note 555, 603, 658, 818, 819.
Cambrai. 280
Campbell (Général). 277.
Campochiaro (duc de). 108, 127, 128,
131, 136, 177, 209, 221,223,230,238,
245, 2 47, 248, 264, 26!), 274,285,304,
346. 3 il, 369, 370, 388, 389,401,499,
565, 611, 677, 692.
Campoformio (et traité de . 77. Note
111.
Canning (sir Stratford).281, 528, 582.
Note 596, 604, 621, 631, 717, 736
758.
Canosa (prince de). 629.
Canova. 209.
Cantonnements. VIII. «58, 723.
Capitani di Sbttala (comte Louis de).
Note 90.
830
AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Capitale (le). Note 102.
Capitulations. 58.
Gapod'Istria (comte). 195,196, 275, 277,
310, 311,494, 5i3, 568, 575, 582,583,
593,605, 607, 614, 631, 646,687,717,
721,728, 729, 738,740,751,769,773.
774.
Gappel. 637.
Cappellini (D'). 23i.
Garacgiolo (Luzio), voir Hoccxho-
MANA.
Garadoc (sir John Hobart, lord How-
den, général anglais). Note 810,811.
Garaffa (cardinal). Note 121.
Garaman (marquis, puis duc de). 345,
346, 535, 536.
Garamelli (régiment de cuirassiers).
VIII.
Gariati (prince). 50, 63, 56, 58, 77,
117,127,128, 131,146, 223, 230, 238,
243', 259, 264, 26'.', 281, 304, 326,, 338,
346, 361, 369, 370, 431, 499, 677.
Garicatures. 239, 299, 368.
Garignan (maison de . 587.
Carinihie (la). Note 35.
Garlo G...I, 797.
Garlos (don). Note 78.
Carisbad. 773, 809.
Carlstadt. Note 55.
Garmagnols (les). 452.
Garneville (comtesse de). 659.
Carneville (comte). 539, 771.
Carniole (la). Note 35.
Gaholine-Augusta (princesse de Ba-
vière). 62, 63, 69, 70, 809.
Garoline de Brunswick (princesse).
Note 373.
Garoline Mubat. Note XXII, 56, 245,
401, 402, 578, 579, 659, 660.
Garom (Pierre). XV.
Garpani. 660, 793-798, 800-804.
Garrascosa (général). Note 563.
Garrousel (le). 525, 526, 585, 593, 607,
639.
Gasa Flores (comte). 589, 629.
Gasanova (E.). XIV.
Gaselli. 87.
Gassel. Note 77. Note 103. Note 140.
Note 176, 204. Note 292, 370. Note
372, 530. Note 592, 739.
Gastakos (duc de Baylen, général).
682.
Gastelalfer (comte). 75,131, 136,296,
327, 404, 684, 807.
Gastelcicala (Fabrizio Ruffo, prince
de). 620, 659.
Gastsgma (comte). 314.
Casiiglione (et principauté de). Note
102.
Gastiglioni. 728.
C asti! le >.et conseil de). Note 683.
Gastlereagh (lord). Note xxn, lO, 13,
22, 25, 32, 47, 48, 83. 84,88, 93, 94, 99,
100, 101,125,127, 128,133,135, 136,
138, 141, 144,147, 150, 163, 164, 179,
181, 208. Note 209, 211-213, 215-217,
237,238,246. Note 248 Note -249,253,
254, 258,263,264, 280, 281. Note 282,
286-289, 291, 294, 296. Note 297,299,
300, 303, 304, 309, 310, 312,328, 331-
333, 368-370. Note 391. Note 306,
401. Note 407, 420-424,428,431,435,
436, Note 441, 450, 464, 465. Note
466, 475-478, 488, 489, 492, 496-501,
514, 527, 528, 533,534, 546-548, 550,
560. Note 565, 566-571, 581. Note
597, 600, 605, 630, 638,641, 645,646,
658. Noie 663, 664, 668, 669. Note 692,
697.Note702,715, 716. Note 717,720,
721, 725-727, 730, 731, 734, 736,739.
Note 742, 746, 756, 763, 765. Note 767,
768,769, 777.
Gastlereagh vlady). 295, 296,312,383,
498, 736.
Gastro (chevalier Ferez de). 78, 88,
119, 127, 128. 262.
Gastro (M"« de). 78.
Catalogne (la, et places dei. 682.
Gathcart (lord). 286,291, 303,397,433,
525, 528, 748.
Gathcart (major). 281.
Gathbrine I". 810.
Gatherinb II. Note 64. Note 117, 162,
639.
Gathbrine (grande-duchesse). Note
XXII, 16, 17, 18, 25, 26, 31, 32, 42-43,
53, 54, 61-63, 69-73, 98, 112, 127,
198, 207,208,231, 238, 275, 317,348,
368, 398, 399. 459 469, 494, 495, 509,
526, 558, 616, 645, 677-679, 687, 698,
726, 743, 751, 773.
Gathbrine (ex-reine de Westphalie,
comtesse de Hartz . Note xxii.
Note 322, 472. Note 573, 574, 659.
Gatholicisme. 416.
Gaton. 424.
Cattaro (et Bouches de:. 214, 215.
Gattoir. 116.
Caucase. Note 55.
Gaulaincourt. 149.
Gavagna (marquis). 579,
Gavalerie autrichienne. 658.
Gbllini. 65.
Gensure et censeur, viii. xx. 66, 387,
506, 556, 571, 695, 710, 786, 790. Note
792.
Gent-Jours (les). Note 322. Noie 589.
Note 764.
Gercle (le, à la Gour , 191.
Gercles (et directeurs de). 63, 68, 112, >
158, 169, 176.
Gessions, concessions, remanie-
ments territoriaux. 2, 5,6, 169,235,
239, 263, 277,287, 288, 294,298, 332,
340, 342, 347, 361, 367, 374, 486,500,
532, 546, 556, 563, 581, 599, 617, 626, ;|
648, 655, 657, 658. 664, 669, 695, 696,
711, 716, 722, 729, 748, 753, 762.
INDBX ^ALPHABÉTIQUE
831
Cbvali-os. 682, 767.
Chablais (le . 288, 676.
CHALEMnnnr (comle de). 807.
Ckallaye. 796.
Chaloupes canonnières. 658.
Chambre des Communes. Note 621.
Noie 7 6.
Chambre des Députés. Note 41.
Chambre des Pairs. Note 652.
CfiAjnplain (lac et bataille du). 456,
«27.
Champs-Elysées (les). Note 811.
Chancelleries et Chancellerie d'Etat.
Note 12, 42, 45, Note 65, 75, 83. 84.
Note 90, 142. Note 176, 225. Note
271,295,296. 308, 3Jl. 353, 354,385.
Note 412. 428, 520, 604,776,785-787,
815.
Change cours du). 100, 101.
Chantilly 13.
Chapuis M"«). 2571.
Chapuisat (E.). XIV. Note 370, Note
641.
Charleroi. 280.
Charles (archiduc). Note xxii, 31, 32,
35, 42, 46, 53.54, 61. Note 62,69-73,
82, 98, 104, 112. 113, 127. Note 175.
198. 208, 231, 281,298, 312, 418,639.
Note 677, 712.
Charles IV (ci-devant roid'Espagne).
33, 45 Note 545.
Charles IV(ducde Parme). .Note 285.
Charles X (roi de France). Note 96.
Note 652.
Charles XIII (roi de Suède). Note 746.
Charles-Albert (roi de Sardaigne).
Note 683.
Charles- FÉLIX (roi de Sardaigne).
Note 82. Note 683, 807.
Charles-Louis (Infant). 48. 284, 285,
559, 576.
Charlotte (princesse royale d'An-
gleterre). 26. Note 715.
Charlottenburg . Note 530.
Charte (La). 463.
Chasseurs à cheval (2"= régiment de
— italiens). Note 744.
Chasseurs russes (régiments de), 723.
Chateaubriand. 652, 763.
Chatillon (et conférences de), Note
49. Note 51.
Chaamont (et traité de). 734.
CHéRéMÉTiEFF (comtc). Notc 76.
Chevaliers-Gardes (régiment des).
Note 751, 806.
Ghevau-légers bavarois. Note 264.
Chevau-légers de la Garde. Note 44.
Cfùaja (Naples). 579.
Chiavenna. 277,719. Note 759.
Chiesb (M"*). 91.
Chiffons. XI. 273, 274, 319-324, 338,
375-380, 381, 388, 390,392, 393, 397,
404-412, 430, 441, 457, 467, 468, 471,
492,505, 550,573, 582, 592, 605, 611,
621, 629, 633,641, 642, 659, 710,718,
738, 739, 768.
Chiffre (et cabinet du) et déchiffre-
ment. XXI, XXII, 628,637, 659, 663,
678, 788.
Chioggia (et évéque de), 91.
Ghotbk (comte). 257.
Chotek (comtesse). 486.
Chrétienté (La). 271.
Christian (prince de Danemark). Note
2, 5, 28, 34, 38, 58, 61, 671.
Christian VII (roi de Danemark).
Note 38. Note 99. Note 671.
CHnisTiANi. Note 99.
Christiania (et golfe de). Note 125.
Christine (archiduchesse Marie-). 62.
Note 316.
Chypre (et roi de). 203.
Cinq (Les). Note 179. Note 756.
Cisalpine (République). 87. Note 121.
Note 201, 719.
Civita-Vrechia. 499.
C...1. 860.
Clam (Comte). 45,
Clam-Martinitz (Major, comte). 24.
Note 124.
Clamecy. Note 221.
Clangarty (lord). Note XXII. 145,
281, 303, 371, 435, 527, 549. Notes
562, 582, 596, 605, 659, 734.
Glare (John Fitzgerald, comte). 816.
Clare (comtesse). 312, 398, 816.
Clarke, 334.
Clary (comte). 327, 760.
Clary (comtesse, veuve). 223, 234,
303, 312.
Clart (Léontine). Note 167.
Clary (Mathilde). Note 167.
Clément (prince deDanemarck).Note
175,
C^ÉOPATRE (La, de Courlande), 192.
Cléricalisme. 41*1.
Club VVesphalien. 659.
Coalition. Coalisés. Note 51. Note 99,
177, 190, 194. Note 255, 350, 446,
483, 516, 574, 599, 712.
CoBENZL (comte). Note 12.
GoBENZL (comtesse). 486.
Coblentz-Coblence. Note 67, 187, 463,
613, 700.
Code Napoléon (et Abrogation du).
566.
Colberg. Note 416.
CoLLOREDOifeld-maréchal comte). 257.
CoLLOREDO (Jérôme, comte, feldzeug-
meister). 79, 205, 821.
GoLLOREDO (comtesse douairière). 481,
486.
CoLLOHEDO Caroline). Voir princesse
Trauttmansddrff.
Colloredo-Crenne VILLE ( comtcsse).
366, 367, 486, 592.
Colloredo-Mansfeld (princesse). 163,
200, 472, 486.
832
AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Cologne ei électeur de). 2. Note 176,
187. Note 462. Note 530.
Cologne (et bateliers de). 272, 352, 451 .
Colonies (et ministre des) Note 45.
Colonies militaires du Sud (Russie).
806.
Comitats (les). 509.
Comités-Commissions. 477, 655.
Comité des affaires d'Allemagne. Note
468. Note 490, 519, 523, 537, 596,
637, 668, 707.
Comité exécutif. 404.
Comité militaire. Note 468.
Commission des affaires de Gênes.
527, 632, 694.
Commission des affaires de la Suisse.
582, (;05-607, 635, 644, 649, 653, 675,
717, 747, 750. Note 769. Note 774.
Commission des Etrangers {Freniden-
cummissiùn). 790.
Commission pour la libre navigation
des rivières Note 758.
Commission putrichienne de gouver-
nement provisoire de Parme). 44.
Commission des limites. 288.
Commission italienne. 350, 477.
Commission mixte. 732.
Commission de statistique. 721.
Concentration (de troupes). 49, 113,
258.
Conclave (Le). 481.
Concordat (Le . Note 121, 385, 716.
CoNFALOJJiERi (comtc). Notc 122
CoNFALONiERi (comtesse Thérèse).
Note 90.
Confédération du Rhin. Note 100. Note
149, 151, 189, 250, 263. Note 272, 408.
Note 577.
Confédération germanique. 63, 94, 112,
113, 136, 170. Note 180. Note 259,
263, 305, 309, 310, 357, 359, 378, 379,
424, 445, 446, 489, 4 '0, 508, 519, 541,
545, 552, 612, 6^4, 658. Note 777, 778.
Confédération helvétique. Note 264.
Note 370. Note 416, 439, 607. Note
621, 653. Note 676, 750.
Conférences-Délibérations, xiv, 10,
17, 25, 31, 37, 43, 57, 60, 63, 69, 70,
80, 88, 105, 135, 161, 174, 177, 179,
199,200, 201, 208, 213, 218, 219, 234,
247-250, 253, 269, 290, 291, 304, 305,
307-310, 325, 334, 358, 359, 362, 363,
365, 385, 386, 391. Note 407, 420, 421,
427, 435, 436, 441, 450, 453, 457, 465,
489, 490, 492, 494. Note 500, 506, 507,
523, 529, 546, 565, 567, 584, 611, 629,
631, 637. 646, 647, 649, 655, 666, 671,
686,707, 710. 713,722. Note 737, 748-
750. Note 761.
Congrès de Vienne (Ajournements,
Délibérations, etc., du), vu, ix-xi,
XIII, xx-xxiii, 6, 7, 9, 11-15, 17-
19, 21-34, 40, 41, 45-51, 55, 56, 59.
Note 74, 78-93. Note 95, Note 100-
102, 105. Note 108. Note 110. Note
111, 115, 117. Note 120-123, Note
131. Note 133, 135, 138. Note 140.
142, 144, 150-154. Note 157, 160, 165,
169, Note 174. Note 179, 180, 183-
187, 190, 193, 194, 201-204,209,215-
219, 225, 226. Note 229, 231, 232,
238, 241, 242, 248, 249, 256-260, 263-
266, 269-271, 281. Note 284-286, 289,
291, 296-302, 306-309, 312-315, 327,
331, 33G. Note 339, 340-351,357-363,
367, 371, 373, 378, 379, 385. 387, 393,
395-398, 404. 408, 413. Note 415, 423-
428, 434, 436, 439-441,445, 446, 449-
469, 475, 477.482, 487-499, 504, 506,
509, 516-527, 535-538, 542, 545, 552,
559, 563-566, 572-580, 586-589, 600-
609, 619, 621, 634, 643-645, 653, 657,
660, 666,670, 673, 676, 679, 682,689,
692-694, 698, 700, 703-707, 712, 713,
716, 720,721, 727, 730-733, 737, 740-
744, 748, 760-762, 765-769, 775-777,
781, 814, 815.
Congrès national de Belgique. Note
335.
Conjurations-Conjurés. Conspira-
tions. 552, 654, 684, 685, 718, 732, 762,
767, 800.
CoNSALVi (cardinal). 13, 38, 75, 82, 87,
91, 101, 118, 119, 136, 176, 184,201,
237, 241, 256, 293, 370, 385, 425, 467,
468, 472, 480, 481, 598, 600, 646, 660,
707, 716, 736, 743, 756.
Conscription. 39.
Conseil aulique de la guerre. 42.
Note 86. Note 164. Note 171, 795,
797.
Conseil de l'Empire (et membre du)-
Conseil privé. Note 64. Note 139.
Note 140.
Conseil d'Etat et conseiller d'Etat,
70, 72, 79. Note 87. Note 97. Note
116. Note 122. Note 201, 230. Note
335.
Conseil des Pinnces, 68, 368.
Conseil Préparatoire, 476, 477, 562,
581.
Conservatoire Le), 222, 373.
Constance (et lac de), 169, 676, 786,
787.
Constantin (Grand-Duc), 16, 20, 30,
106, 156, 194, 282, 287, 289, 290,299,
305, 317, 331, 341, 342, 351, 363, 364,
399, 420, 431, 438, 473, 484, 494, 498,
504, 506, 509, 510, 517, 518, 521,524,
538, 602, 645, 646, 674, 729, 731.
Constantinople, 12, 34. Noie 95. 421.
Note 571. Note 621, 632. Note 658,
693. Note 736, 817.
Constituante (La). Note 538.
Constitution, 284, 305, 315, 355, 401,
416, 544, 547, 721.
Constitution et unité de (de l'Alle-
magne), 6, 13, 14, 25, 37, 49, 50, 51,
INDEX ALPHABÉTIQUE
833
68, 79, 81, 83, 93, 94, 100, 134, 135,
141, 144, 146-148, 157, 169, 175, 176,
184, 212,213, 235, 244, 250, 258, 263,
300, 308, 337, 345, 347, 356, 359, 386,
387, 395, 439, 477, Note 490, 491,
497, 508, 517-519, 522, 523, 588, 614,
649, 654, 668, 681, 682,690, 700,778.
Constitution (espagnole), 78, 128.
Constitution (polonaise), 508, 512, 544,
545, 574, 618, 619, 674.
Constitution (sicilienne), 44. Note
620.
Constitution (wurterabergeoise), 489,
490,491.
Constitutionnel (Le), 684.
Constitutionnistes (Les), 208.
Consul (Le Premier). Note 121.
Consulat (Le). Note 84.
CoNTEssA Professeur Carlo), xiv.
Continent (Le), 204, 506, 601, 775.
Contributions (de guerre), 9,203,518,
635.
Convention secrète, 496, 497, 502,546.
CooKE, 237, 281.
Copenhajue. Note 1. Note 2, 7, 15,
32, 34. Note 3D, 57, 99. Note 100,
115. Note 120, 465. Note 538, 632,
656, 670, 722.
COPITAR, 804.
Coquet, 366.
CoRELLA Olimpica. Notc 102.
Cor fou, 275, 2:7.
CoRNACCHiA (baron), 524, 576, 734, 759,
820.
IV° et V» corps de la grande armée
alliée. Note 774.
6" corps d'armée autrichien. Note
32.
Corps d'armée polonais, 673, 689.
8" corps d'armée prussien. Note 67,
Corps d'observation, 723.
Corps diplomatique (et surveillance
du), 14, 30, 42, 88,108, 346,348,652.
Corps germanique (Le), 398, 485, 541.
Corsaires, 499.
Corse {La.)-Cor ses, 424, 625. Note 745.
GoRSiNi (don Neri). Note 120, 121.'347,
350, 381, 393, 572. 616.
Gortes (Les), 7«, 682.
Cosaques (Les), 9, 351, 713, 806.
CoTTA (baron), 164, 165, 238, 270, 416,
645.
COTTBUS, 97.
CouRCELLEs (de). Note 521.
Courrier (Le, journal), 465.
CouBLANDE Pierre, duc de', 811.
CouRLANDE (duchcsse de), 324, 4o4,
811.
CouRLANDE Jeanne, prlncesse de, du-
chesse d'Acerenza), 404, 811, 815.
CouRLANDE (Pauline, princesse de
HohenzoUern-Hechingen', 812, 815.
Couronne de Fer (Ordre de la), 808.
Courriers (Les), 32, 39, 94, 133, 290, 325,
T. I.
367, 370, 376,425, 427, 433, 479,503,
547, 609, 669, 771, 775, 780, 798.
G...R. 794.
Cracovie. 20, 22, 58, 173, 227,257,269,
341, 386, 461, 510,523, 525, 556,608,
646,655, 675, 687, 711,721, 723, 731,
786, 794, 800.
Craonne (et bataille de). Note 103.
Craufurd (Quintin). 717.
Crédits. 98, 99, 123, 136.
Crenneville (comte de). 442.
Crenneville (comtesse, née de Pon-
tet). Note 366, 745.
Crimée (La . 478.
Crinner (L). Noie 370.
Criste (Li colonel). Note 112.
Croy (duc de) 501.
Cuirassiers de la Garde (russe), 806.
GussY (Chevalier de). Notes passim.
G... W..., 747.
CzARTOHYSKA (princcssc Adam, née
Anna Sapieha). Note 106.
GzARTORYSKA (princcsse Thérèse). Note
284.
CzARTORYSKi (princc Adam). Note
ïxii, 45, 106, 128, 146, 147. Note
153, 168, 181, 182, 198, 206, 214,222,
227, 230,238, 241, 245, 253, 259,260,
264, 267, 268, 281, 325, 334, 340, 343,
344, 352, 361, 382, 383, 420, 433,473,
485, 494, 540, 548. Note 559, 575,
608, 611, 631, 640, 655, 687, 738, 751,
769, 773, 776, 777.
CzARTORYSKi (prince Ladislas). Note
106.
Czaslau. Note 100.
Czernyi-Georges (Karageorgevitch).
Note 395.
Gz... Y (veuve de), 794, 795, 798, 800,
801, 803,808.
D... (M'"). 325.
D... (von). 273, 498, 610.
Dalb (valet de chambre). 752.
Dalberg (duc de). Note xxii, 115,
116, 120-122, 130, 141, 142, 147-150,
163, 164, 221, 241-243, 246. Note
250, 256, 257, 263,274, 275, 280,281,
289. Note 293, 296. Note 318-328,
347, 349, 350, 352, 361, 362, 369,374-
381, 389, 390, 397, 403-411, 420, 421,
430, 441, 466, 468, 469, 473, 474,479,
482, 492,502,505, 528, 535, 538,541-
543, 550. 551, 569,573, 577, 582,586,
592, 594, 617,629, 631,633. Note 653,
657, 671, 673. 678, 720, 721, 737, 738,
740, 741, 758, 770, 772, 775.
Dalobrg (duchesse de). 122, 141, 148,
319, 320, 350, 381, 393, 412, 430,
Dalberg (Charles de, prince primat).
Note 51. Note 116, 148, 149, 150.
53
834
AUTOUR DU GONGRèS DE VIENNE
Note 256, 263, 272, 381, 392, S9S,
408, 4Î0, 586. Note 590. Note 698,
D72.
A7tLARI (U.)- XIV.
Dall'Ost (?) 210.
Dalmatie. Note 210. Note 774,795.
Dalrymple (Sir John). 504, 505.
Danemarck-Danois. 1, 5, 7, 8, 12, 22,
26, 31, 33. Note 39, 53, 54, 56, 58,
60, 61. Note 74, 79,98,99. Note 125,
136, 193-195, 208,215, 244,271,336,
337, 374, 399, 400, 403, 406. Note 466,
486. 504. Note 522.523, 632, 643, 743,
779.
iDAîJEJiARK (Reine de, Sophie-Frede-
rique de Hesse-Cassel). 104, 125,139.
Daniels. 251,335, 366.
Danilewskt (Capitaine). 615.
Danneckeh. 239.
Danube (Le). 658.
Danzig. 204, 227, 254, 313.
Darmstadt (et envoyés de). 18, 24,27,
43, 46, 59, 79, 92, 164, 306, 35-9, 600.
Daru (Comte). 763.
Daschkoff. 659.
Daudet (Ernest). Note 810.
Davout (maréchal). Note 389, 558,
646, 734.
Débats (Journal des). 430.
Déclaration, 5, 18, 34, 173, 219, 271,
''SI ''84 285, 296, 303, 330, 336,
339'. Note 349, 385, 388, 393, 453,
454 457, 459, 462, 464. Note 469,
563'. Note 571, 621, 646, 663, 664.
Note 683, 699.
Degrés (comte). Note 747.
Dedovich (général). 215.
Defours (comtesse). 351.
Dégen (von). 795, 801.
Degen (von), chambellan du roi de
Wurtemberg. Note 98. Note 159.
Degenfeld (comte). 75, 149, 150, 151,
163, 170, 543.
Deiser. 148.
Délimitation 2. Note 155, 291, 313,
391, 675.
Della Genga (Mgneur). 38.
Della Porta. 732.
DellaPortaIM""). 760.
Démembrement. 219, 548.
Demi-brigade (la 60») . Note 375
Démission. 460, 602, 638, 648, 656.
DÉMOSTHÈNE, 424.
Dennewitz (bataille de). Note 415.
Desandrouin (Marquise). Note 433.
Desglaibs. 549.
Déserteurs-Désertions. 97. «/3.
Dbshayes. 587.
Desmarets. Note 197.
Desmont (?). 201.
Deox-Posts (duc Charles-Auguste
de). Note 300. ^ ^^^.. ^ , „ ,
Deux-Ponts (duc Frédéric de). Note
300.
Deux-Ponts (Duché de). 6.
Dbux-Ponts (Duchesse de, Marie-
Amélie, reine de Saxe). 300. Note
672.
Dibbitsoh-Zabalkansky (général). 341.
DlEFFBN»AGH. 704.
Dièt«(La — de Francfort), Note 1.
Note 31, 49, 300, 356, 523.
Diète helvétique. 195. Note 260. Note
492. Note 747, 750, 758.
Diètes (danoise, norvégienne, polo-
naise et autres). 28, Note 74. Note
125, 269.
Dibtrighstein (Joseph, prince). 385,
430, 543. Note 674, 814.
DiBTRiCHSTEiN (princessc douairière).
674.
Dijon. 821.
DiLLBM (Général, comte de). Note 98,
159, 572.
DiLLON (Juif de la Cour de Russie).
425.
DiLLON (Général Arthur). Note 432.
DiLLON (Fanny). Note 432.
DiLLON (Miss). 615.
Dinant. 463.
DiNO (duchesse de). Note 106. Note
129, 811, 812.
Directoire (Le). — Directeurs. 25, 37,
68. Note 87, 519.
DiTTMAR. 251.
Divorce — Annulation de mariage.
Note 36, 62, 63, 69, 70, 119, 199,
Note 282, 292. Note 342, 494, 495.
528, 568, 578, 606, 623, 636, 809.
Note 811, 812.
Dniester (Le). 355, 722.
DoHM (Christian). 530.
DoKHTOROFF (Général). 228, 688.
DoLGOROUKi (Nicolas, prince). 76, 77.
DoMBROvvsKi (Général). 646.
Do?< Miguel. Note 284.
DoNA Maria. Note 284.
Dordoqne (La). 204.
Dotations. Note 116, 389, 474, 638.
dotkhowskt. 334.
Douglas. 614.
Douvres. 40.
Dragons de Smolensk (régiment de).
Note 751.
Dresde (et bataille de). Note 2, 13,
27. Note 32. Note 40, 50, 57, 58, 62.
Note 75, 77. Note 92. Note 116.
Note 125. Note 175. Note 176. Note
230, 283, 285, 286. Note 329, Î69, 371,
382. Note 415, 420, 426. Note 463,
503, 541, 582, 606, 616, 644. Note
689, 779.
Dri)ia(La). Note 395.
Drohojewski. 435.
Dublin. Note 54.
Ducats. 99, 109.
Duchés (Les). 2.
Duels. 259, 268, 271, 473.
INDEX ALPHABÉTIQUE
835
DuFOUR (général). Note 552. Note 627,
635.
DuKA (général). 70, 183. 229. Note
500.
Dulmen {comté de). 501.
DuMOuniEZ (général). 814.
Dupont (général comte). 397,404,536,
663, 6'3. Note 682, 684.
Dûrrenstein (combat de). Note 689
Dûsseldorf (et hôpital de). Note 416,
642.
Du Teil (baron J.). Note 303.
Dyle (département de la). 251.
E
Ehersberg (et combat de). Note 76.
Note 90.
Ederstein (d'). Note 378, 408.
Ebrington (lord). Note 636.
Ecosse-Ecossais, ^ote 689, 677.
Edling. 136.
Eglbr. 222.
Eglisau. 676.
Eglise (1'). 66.
Eglise grecque (1'). 487.
Eglise romaine (1'). 487.
Eyra. 32, 54, 55, 72. 73.
EiCHELBSRG (baronne d'). 785, 787.
ElCHENBOLD. 246.
Eichhorn. 520.
EicHi.ER. 753.
EiNsiEDEL (comte d'). 142, 174, 281.
Eisenstadt. Note 301, 566, 570, 665,
797.
Elbe (L', et département de). 13, 69,
122, 185, 223, 297. Note 463, 661.
Elbe (île d'). Note 43, 47, 247, 311, 315,
375, 397, 404-406, 432, 471, 472,481,
484, 499,568, 578, 606, 617, 618. Note
636, 640. Note 677. Note 686, 695,
708, 725, 728, 780.
Elend (im). 195.
Elisa BACioccHi.Note XXII. Note 87,
221, 515. Note 530. Note 574, 659,
660, 728.
Elisabeth (M"»). Note 640.
Elisabeth (impératrice de Russie).
21, 32, 46, 86. Note 106, 126, 127,
13'», 167, 179, 183, 198, 207. Note
220,227, 228,256,257, 348, 370, 399,
414, 425, 474, 521. Note 639, 644,
645, 705, 714, 776.
Elisabeth (princesse de Saxe). 35, 36,
39, 40.
Elkam. 509, 514.
Eltz (comte). 75, 150, 273, 281.
Emigration-Emigrés. Note 96. Note
197, 257. Note 375. Note 384, 403,
Note 407. Note 442, 463. Note 538,
749. Note 764, 813, 815, 820.
Emissaires. 742, 775, 786.
Empire germanique Empire alle-
mand (et princes de r).SaintEmpire.
3, 25, 29, 35,94, 112, 136. Note 146,
148, 150, 158, 162, 184, 257, 305-307,
309, 310, 358, 361, 385, 439,453, 485,
519, 624, 654. 716.
Empire ottoman (et Marquis de 1').
203, 548.
Emprunts. 220, 636.
Ems (et département de 1'), Note 463.
Endb (baron). 449, 582.
Engblhahdt (Catherine Wassiliema,
comtesse Skavronska, puis com-
tesse Litta). 809, 810.
Engblhardt (Charles, frère de Cathe-
rine 1"). 810.
Engesthce.m (comte d'). 19, 24,33,35,
38, 49, 51, 52, 54, 55, 56, 60, 105,
193, 236, 243, 248, 300, 357, 393,394,
475, 499, 517, 561, 562, 580, 60i.
Eperies. 795, 803.
Epire{L'). 186.
Equilibre européen. 142, 224, 234,
276, 338, 359, 399, 447, 486, 488, 509,
518, 551.
Erbmannszhal (Dietrich comte zu).
158 353.
Erfurt. Note 32. Note 149, 152, 359,
403. 526, 817.
Erivan. Note 103.
Erlan(fen(et université d'). Note 377,
387,"415.
Ehnéb. 650.
Erst (d'). 87.
Erwein. 377.
Erzgebirge (L'). 27.
Escaut (et navigation de T). 694.
EscLavonie (L'). 215.
Escoiquiz (chanoine). Note 682.
EsGURIAL(r). 682.
Eskelbs (voni. 28, 100, 338, 378, 386,
469, 522, 573, 660.
EsKELES (M— d'). 522, 693, 695.
Espacjne (et ambassade d' .Espagnols.
7, 33, 46,48, 55. Note 78,87-89, 108,
117, 118, 132, 147. Note 148, 190,
194, 202, 209, 210,241,242, 246,249,
254, 262, 264, 268, 276, 284-28ti, 346,
349,357,358, 401, 405, 446, 451,475,
482, 483, 497. Note 507, 562. Note
577, 589, 607. 625, 629, 652, 666, 676,
680. Note 682. Note 688, 694, 707,
708. Note 712. 736, 762, 767, 813.
EsPARTBRO général). Note 683.
Espionnage-Espions. 150, 151, 255,
314. Note 375, 469, 543.
Espoz Y Mina. 589.
Essenrode. Note 17. Note 31.
Essling (et bataille d'). Note 175.
EsTBRHAZT (Nicolas, comte). NoLc
282, 296, 301.
EsTBRHAZT DB Galanta (Antoinc^
prince). Note 92, 498.
ESTERHAZT DE GaLANTA (NicolflS,
prince), 50, 139. Note 535, 566, 570.
Esterhazï (Paul- Antoine, prince), 76,
836
AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
92, 94, 256. Note 301, 481, 498, 665.
EsTBRHAZY ( princcsse Nicolas, née
Marie Liechtenstein). 200. Note
301, 315, 317, 535.
EsTERHAZY (princcssc Paul-Antoine),
92, 200. Note 301, 339, 665.
EsTERHAZY-RoisiN (comtessc), 255,
264, 282, 290, 295, 296, 318, 362, 437,
483.
Etat uivil(r). 203.
Etat-major fédéral Suisse). Note 264.
Etat des esprits. 11, 28, 35, 97, 160,
161, 276, 289, 302, 311,341, 445,452,
455, 463, 483, 685, 690, 726.
Etats et princes Allemands (petits).
35, 92, 94, 105, 157, 158, 294, 305-308,
342, 345, 353, 354, 361, 400, 424, 439,
442. Note 456, 457,490,491, 517,523,
529,545, 565, 668, 689, 690.
Etats-Généraux (et député aux). Note
335. Note 764, 813.
Etats Scandinaves des). 25, 28.
Etrurie (reine d'), voir Marie-Louise
(Infante;.
Etrurie (royaume d'). 203.
Etrurie (roi d*). 169, 452.
Elschmiadin. Note 103.
Ettori. Noie 472, 799, 800, 804, 806,
Eugène de Beauharnais (prince).
Note xxn, 44, 166-108, 189, 190.
Note 191, 201, 204-206, 209-212, 217,
221, 223, 226, 231, 232, 238, 239, 243,
245-248, 259, 263, 264, 274, 281, 285,
286, 289, 290, 304, 312-314, 325, 334,
338, 346, 352, 361, 362, 369, 382,
Note 383. Note 389, 399, 400, 420,
423, 429, 437, 442, 443, 449, 456-458,
460-462, 468, 473, 478, 488, 496, 497,
509, 510, 533, 534, 543, 554, 570,575,
596, 598, 634, 643, 645, 650, 665, 669,
675, 679, 695, 703, 706, 707. Note
718, 727, 730, 731, 736, 745, 753,754.
761, 770.
EuGBiNiE impératrice . Note 274.
EuKE. 532.
Europe. Européen, xxi. 8, 20, 35, 37,
43,54, 66, 83, 92, 102, 103, 105, 113.
Note 116,142,145,160, 172, 173,190,
194, 208, 210,215, 216, 218, 234,236,
242, 244, 267, 275, 276, 278, 286,295,
300, 301), 311, 336, 337, 349,364,394.
398, 399, 413, 428,446,452, 455,475,
476, 482, 486, 491,495,496, 503, 517,
529, 537, 538, 547, 548, 552, 553, 561,
578, 581, 585, 594, 656-658, 674, 677,
692, 702, 714,721, 733, 735, 737,741,
743, 766, 769. Note ';81, 784, 811,816.
Evacuation. 89, 125, 143, 257, 336, 632.
Evangelisti 293.
ExELMANS (général comte), 741, 762.
Expulsions. 273, 328, 349. Note 351,
358, 359, 442. Note 447, 495, 764.
Extradition. Note 416,
Eylaii. Note 2. Note 274. Note 289.
F. 3. 564, 797. 800.
Faenza (et évèque de). 91.
Faerbergasse. 478.
Fagel (baron de). 463, 488, 489, 652,
Fanny Z... 378, 412.
Farina, 349, 426.
Faucigny (Le). 288,
Fa VA Ghislieri (comte). 449, 450, 639
666, 707, 744.
Fédération — lien fédéral. 6, 68, 69,
112, 170, 176.
Federsen. Note 99.
Félix Baciocchi, 515, 516,
Feldjager. 363, 386.
Felz (baron de). 112.
Fénestrelle. Note 91.
Fenger, Note 99.
Ferdinand (Archiduc,). Note 125.
Note 206. 339, 534. Note 771.
Ferdinand (prince Louis, de Prusse).
Note 167. N.jte 530. Note 674,
Ferdinand III (grand-duc de Tos-
cane). Note 121. Note 197, 452,471,
572, 590, 649,708,728.
Ferdinand IV. 21,33, 53, 71, 79. Note
108, 110, 117, 118, 127, 128. Note
132, 184, 189, 223, 248,268, 278,311,
356, 357, 401. Note 414. Note 501,
589, 620, 624. Note 625, 629, 643,
820.
Ferdinand VII (roi d'Espagne). 48, 55,
78, 80, 88. Note 110, 357, 589, 682,
767,
Fère-Champenoise (et combat de).
Note 264.
Fernan-Nunez (comte de). 590.
Ferner (capitaine). 94.
Ferrare. 21, 35. 82, 573, 744.
Ferrari (capitaine). 65.
Ferrari (général G.), xv.
Ferrari (marquis ou comte). 369.
Fersich. 802.
Fesch (cardinal). Note 230, 772. 5
Festenberg. 64, 804, 805. ;
Festetics (comtesse). 506. i
Feuerbagh. 244, 401, 415, 501, 701. |
Feuerle. 796, 802. J
Fierlant (baron Antoine de). 432, â
Note 433. i
Fierlant (baron Goswin de). Note
432.
Fierlant (baron Jean-François de)
Note 432.
F1LANGIERI (général). 245, 402, 451, 578d
Fingal (Le) 662, 766. -,
FmZa/ide (et guerre de) — Finlandaise
Note 336. Note 6>8, 689, 763.
FiKO. 549.
Finot (baron). 709, 718.
Fischler (von Treuberg, baron), 133,
158.
I
\i
INDEX ALPHABÉTIQUE
8-67
Flandre -, Flamands, 165.
Flassan(G. Raxis, comte de). 184,185,
442, 771,772.
Flechtenmacher. 819.
Fleischmarkt. 194.
Florence. Note 78. Note 90. Note 138.
Note 175. Note 327. Note 393, 406,
585. Note 589, 590.
Floret (Engelbert de). Note 24 i, 263,
350, 388, 526, 736.
Florins. 99, 347, 348.
Flotte anglaise (la). 627.
Flotte française (la). Note 373. ,
Fontainebleau (et traité de). Note 48.
Note 91, 515. Note 595. Note 777.
Finances (Ministre des) et mesures
ou opérations financières. 17,23, 36,
42, 45. Note 47, 64,69, 70, 72, 79,82,
83, 88. Note 110, 379-381, 638, 708,
757, 760, 766.
FoNTANELU (général comte). 678, 679,
701, 718.
FoNTBRUNE (de). 191, 771, 813.
Foreign Office. Note 596.
FoHMONn (de). Note 706.
FoRNETTY (Drogman). 698.
FonsTER. 790. Note 792.
FossoMBRONi. Note 121.
FOL'CHÉ. XXII.
FouRNiER. Note xii. Note xix. Note
3. Note 43. Note 18>* Note 332.
Franc-maçon. Franc-maçonnerie (et
loges de). 65, 417, 420, 594. 674.
France — Français. 2-9.13,18, 19,28,
34. Note 39. Note 40, 45 49. Note 51,
54, 55, 65. 66. Note 76-78. Note 82.
Note 84.87, 89 Note 93. Note96, 97.
Note 100. Note 102, 109. 113-118,
120. Note 122. Note 130, 132. Note
139, 141-148, 152, 153. Note 156,166.
169, 170, 173, 175, 182, 184, 189,195,
198, 203, 204, 207-209. 215-219, 226,
229-235,242-251,256-258,268,271,274-
277, 283-2S8, 291. 294, 297, 299, 303,
305, 311, 314, 321, 327-333, 339-350,
357-360, 373, 380, 381, 384, 388-391,
397-402, 406,410-413. Note 416,422,
424, 427, 434. Note 438,443-446, 451-
455, 459, 461-471, 474-478, 481-484,
488, 489, 495, 500, 504, 508. 511, 512,
532-538, 544, 547. 550-554, 566, 567,
571. Noter>77. 7^,582,589, 594,599-
601, 607, 612, 6UJ, 619, 624-628, 630-
637, 649, 652, 653, 656-658, 663, 666,
672, 675-678, fi89, 703, 704, 708. Note
713, 720-724, 734, 737-745, 751, 755-
758, 765, 770, 772, 776, 777, 781,782,
805, 818, 819.
France (ambassade de). 89, 115. Note
121. Note 125, 128, 129, 142, 146,
150, 184-190. Note 194,200, 216,220,
223,225, 229, 236,241, 250, 257,258,
271, 289, 290, 295, 319, 321,322,326,
328, 332, 333, 375, 384, 390, 397, 432.
Note 442, 460, 462, 466. Note 487,
504,529, 542, 576, 577, 586, 676, 677,
f)80, 713.727, 748.'
France (Ile de). 203.
France (Midi de la). 230. Note 322,
430.
Francfort (Grand-duché de — Décla-
ration et diète de). 6. Note 31, 40-48.
Note 51. Note 52, 69, 108, 115, 116,
137. Note 149. Note 175, 188, 203, 204,
257, 259. Note 262,263,272,300,306,
318, 337,346, 356, 361,370. Note 375,
378. 379,382, 385, 387, 400, 403,404,
408, 410, 419,420, 430, 453, 590, 591,
751, 805, 806, 817.
Franchn-Conité (et gouvernement de
la). Note 676.
Franck (D'). 369, 727, 730.
François I'"'. viii-xiii, xix, xxi. Note
3, 4, 8, 12, 14, 18-23, 28, 30. Note
35, 38, 42-51, 60-63, 66,69, 70. Note
75. Note 77. Note 79, 82, 86, 89-92,
94,104-107, 113, 115. Note 121-123,
127, 132. 137, 138. Note 151. 154, 155,
158-160. Note 166, 174, 175, 181.
Note 183, 188. Note 189. 135, 204,
207, 211, 213, 220, 224, 229, 236-240,
2^3-246, 250, 252, 257, 259, 262-264,
267, 270-273, 280, 288-290, 305-312.
Note 315,319, 320, 325,333, 335-338,
346-351, 354, 360, 361, 366-374, 375,
379, 381. Note 38-:, 385, 388-390,
393. 397, 403, 409, 423,428, 435-439,
444, 449, 453, 455.459-461, 471, 473,
482,492, 495, 408, 502, 508, 514,518-
521, 524, 526, 533, 538, 542,543,551,
552, 556, 558, 564, 568, 569, 572,
573, 577. Note 581, 5S2, 585. 590, 603,
604,610, 612, 616, 622, 629, 630, 633,
636, 638, 640-648, 654, 659, 663, 669,
670-673, 677, 678,686, 690.692,695-
700, 703-708, 716, 717, 725, 729, 734,
735, 738, 745, 746, 751, 753, 758, 768,
770, 774-778, 783-792, 80'), 808.
François II (roi des Deux-Siciles).
Note 451.
François (prince royal, puis Fran-
çois I" roi des Deux-Siciles). 33.
Note 110.
François-Joseph I". Note 55.
Franconie (La). 508.
Frank. 536.
Frankel (Bernhard). 803.
Franzensbrunn — Fransensbud. 62.
Frascali. Note 91.
Freddi. paasim.
Frédéric II (le grand Frédéric). 162,
172, 207. Note 262, 334. Note 438.
Note 472. Note 530, 608.
Frédéric VI (roi de Danemark) .Note
2, 5, 7, 33. Note 38, 56, 60. 61, 79,
80. 86, 99, 100, 104, 114, 115, 123,
125, 137-139,143, 159, 160. Note 175,
188,189, 194, 207. Note 220, 223,22t)
838
AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
228, 244, 267, 290, 336, 368, 374, 400,
402,403. 406, 437, 449,452,465, 466,
493, 535, 628, 722, 752, 779.
Frédéric (de Danemark, prince). Note
38.
Frédéric I" (roi de Wurtemberg).
Note XXII, 32, 46, 62-64, 84, 86, 97,
98, 112, 114, 115, 119, 126, 131,132,
135-138, 151, 159, 163, 164, 176, 179,
194, 208, 212, 213, 21«,217,222, 238,
239,244, 262. Note 272,292, 298, 300,
301, 339, 3j8, 368,385, 397, 401, 414,
430, 460, 471, 489-491, 494, 495, 501,
514, 519, 522,528,537, 538,544, 550,
573, 588," 605, 610,614,619, 633,637,
661, 664, 667, 668,678, 680, 682, 688,
693, 697-699, 716, 722, 729, 747, 758,
768.
Frédéric- Auguste (prince de Dane-
mark). Note 17b.
Frédéric- Auguste I" (roi de Saxe).
Note xxu,5,9, 12, 18, 20, 21. Note 23,
35. 36, 37, 29, 40, 47, 66, 67, 71, 79-
82.84. Note 116. Note 120. Note 121.
Note 142, 169, 172, 174. Note 175,
194, 216, 219, 246, 263, 281, 297,300,
309,341, 343. Note 348, 349,363,384,
396,402, 403, 414, 424,438, 452, 454,
459, 468, 469, 470, 523, 536, 541, 542,
555, 561,563, 565, 574, 581,593, 595,
603, 609, 616, 617, 618, 022, 624, 626,
627, 630, 637, 639. Note 640, 653,
666, 667, 671, 672, 675, 679, 681, 689,
699, 72Û, 742, 779.
Frédéric-Guillaume lI(roi de Prusse).
Note 156. Note 157. Note 472. Note
530, 531, 532,
Frédéric-Guillaume III (roi de
Prusse). Note xxii, 13, 16-18,28, 32,
33, 40, 46,54,61, 62,67, 71. Note 77,
82, 83, 86, 89. Note 107, 112, 114,
117, 118, 125-127. Note 134, 136-138,
156. Note 157, 159, 160-162, 168, 171,
181, 182, 184-186, 195, 200, 207, 212,
218, 219, 223, 227, 243, 256,257, 261,
266, 267, 285, 290, 291,301, 319,359,
368, 369-371, 382, 384, 391, 3:-3, 396,
416. 418, 422, 428, 436-438, 445,447,
470, 483, 486, 493-496, 502, 503, 506,
507,522, 526. Note 530-533,538,541,
544, 551. 555-558, 561, 565-567, 582,
585, 586, 595. Note 602, 605, 606,
609, 611, 614-616, 624, 626-628, 644,
645, 655, 656, 660, 667, 669, 672, 677,
679, 681, 682. 685. 689, 699, 704, 705,
713, 734, 743, 748, 751, 754, 775.
Fredericksten. 58.
Frey, 813.
Frihourg (Suis3e\ 335, 381.
Fribourg en Brisgau (et députés de .
46, 344, 508. Note 676, 774.
Fridrichs (M-^-^). Note 282. Note 342.
Fri edber g (Burggrafï de). 158.
Friedrichsfeld. Note 565.
Pries (comte de). 136, 183, 262, 263,
422, 816.
Fries (comtesse, née princesse Ho-
henlohe). 816.
Fbibsb. 253, 352, 430, 457.
Friesen de Rotha (baron). 779.
Frimont (général comte de). Note 771.
774.
Frioul (duchesse de). 646.
Fritsch (comtesse). Note 615.
FROHMA^N. 237.
F... S... 803.
FucHs (comtesse Laure de). 426i, 560.
FÛGÊR (colonel). Note 415.
Fulda. (et abbaye de). Note 144. Note
149, 495. Note 778
Fiinfkirchen. 800.
Furstenberg (landgrave Frédéric de,
et maison de). 255, 257, 385, 486,695,
729, 730, 762.
FiJRSTENBEBG la landgrave . 486.
Furstenberg princesse, née princesse
de La Tour et Taxis). 253,296, 308.
727.
Fûrstenbund (le). Note 118.
FiÏRSTENSTEiN (Le Garaus, comte de .
673, 666, 669, 702.
G
G... 797, 798, 801.
Gaertner, 75, 83, 84, 250, 264, 274.
292, 303,307, 317, 346, ,347, 352,365,
369, 382, 387, 397,435, 453, 457,473,
478. Note 479, 501,566,592,650,659,
663, 666, 691, 709, 760.
Gaete (duc de). Voir Gaudin.
Gaëie (et siège de). Note 118.
Gageiin (baron). Note xxn. Note 130,
144. Note l'i5. Note 146, 250, 251,
305. 307, 308, 321, 327,345,347,348,
353, 362, 364, 365, 383, 442,463,527,
629. Note 531, 539. 549-552. Note
564, 637, 648,670,705, 716, 734,736,
737, 769, 770.
Galatz. Note 329,
Galicie. 16, 19, 20, 22, 28, 31, 49, 81.
Note 155, 181, 227, 254. 379,439,445,
512, 524,566, 570, 586,612, 711, 722,
749, 777, 778.
Ga.licie Méridionale. 20.
Galicie-Orienlale et Galicie Occiden-
tale. 18, 257, 309, 355, 367.
Galitzine (Prince Alexandre !. 639, 644,
755.
Gallarate. 91.
Gallavresi. XIV. Note 90. Note 166.
Note 314. Note 674.
Galler (von;. 420.
Galles (princesse de, Caroline de
Brunswick). 26, 445, 447, 579.
Gallesio di Finale. 579.
Gallo (duc de). 56, 58, 374, 563.
l-NDEX ALPHABÉTIQUE
839
Galvani. Note 87.
Gulway (comté de). Note 145.
Gand el traité de). Note 197,279, SOI,
302, 620,662, 725, 763. Ntvte 784, 7«6,
768, 775.
Gange (Le). 691.
Garde bourgeoise. 98.
Garde polonaise (et cavalerie de la).
Note 97.
Garde royale italienne. Note 704.
Garde russe. 173,723. Note 752. Note
774.
Gardes à cheval. 806.
Gardes françaises. Note 407, 820.
Garten Palast. Note 301.
Gasparinetti (colonel). 744.
Gatterburg (comtesse). 610.
Gajterbcrg (Joseph, conrte). Note
eio.
Gaudin (duc de Gaëte). 764.
Gatl (baron de). 472, 573, 680.
Galette de la Cour (la). 226.
Gazette de Francfort (la). 465, 547.
Gazette de Vienne. 17, 305.
Gebhardt (François), 635.
Gechic. 78.
Gènes (Sénat et République de) — Gé-
nois. 56, 85. Note 122, 141, 147,150,
187.. Note 196. Note 197, 210, 275,
2S1, 29 i, 369. Note 375. Note 376,
406, 412, 413, 423, 424, 471, 504,527,
529, 542, 545-547, 387, 594, 618, 632,
657, 683, 6.'4, 729, 768, 769.
Genève - Genevois . xiv. Note 195,
277, 400, 420. Note 750. Note 774.
Genic fKastellan von). 582.
Gehtz (chevalier de), xxn, 3, 4, 6, 9.
Note 20, 40, 41, 44, 45, 47. Note 49.
Note 61, 66. Note 69. Note 72, 73.
Note 76. Note 77 Note 98. Note 142,
177. Note 178. Note 179. Note 191.
Note 210, 213, 214. Note 219, 253,
264, 312, 316, 327, 329, 330. Note 332,
A47, 388. Note 397. Note 399. Note
407, 428, 429, 436. Note 441. Note
443, 447, 448. Note 450. Note 466.
Mote 470. Note 518, 532. Note 593,
594, 598. Note 608, 673, 676. Note
720. Note 748, 751, 771.
GENzovifSKi (colonel). 472.
George JV) (prince-régent d'Angie-
terre). 10, 26, 37, 60, 61. Note 69,
165, 20 4, 358, 525, 554. Note 579,
620, 649, 654, 664, 713, 715,734.
Gborgi. 491.
Géorgie (et corps de) Note 65.
Germanie. 625
Gebsdorff (baron). 307.
Geusau (baron). 650, 691, 730,760.
Gbter von Getersberg (Louise-Ca-
roline, comtesse de Hochberg). Note
444.
Geymuller. 99, 100, 101,137, 246,380,
381, 785. 787.
G. G. 793-799, 801-804.
Ghika (pwincé). 246, 304, 600.
Ghisilieri. 732.
Giessen. 416.
GiNORi (marquis). 136.
Gironde (la). 204.
G. K. Î13.
éfda^z {et comté de). 134. Note 157,
298.
Glogau. 608. Note 712.
Gneisenau (comte de). 156, 157, 712.
Gnesen. 608. 615.
GcEHAUSEN. 116. Note 247, 283, 390-
292, 304-307, 346, 353, 367, 387,400,
414, 419. 498, 501, 506, 539, 550,578,
613, 633, 637, 647,671, 696,708, 718,
719, 741, 752, 754, 758,771, 774,805,
806.
GoBRUTz (comte von). Note 98. Note
159.
GOBRRES. 613.
GcERTZ (comte de. 23, 30, 174, 175,
270, 355,395, 500,580,600, 627,674.
GoBss (comte). 778.
GcEssBL (von). Note 99.
GOLENITCHEFP-KOUTOUZOFF (COmtc).
139.
GoLOVKrwE (Fédor, comte). 76, 561,588,
652, 690, 691, 716.
GoLTz (comte de). 1, 21, 28, 30, 35,
45, 531, 588, 628, 646, 652, 659, 663,
678, 747.
Gonzaga-Gastiglione (Louis, prince
de). 102.
GoNZAWUB (Jean, prince de). Note
521.
GORDINI. 87, 101.
GoniAÏNOPF (Serge), iv. Note 809.
Gotha (voir Saxe Gotha).
GoTHLATTO (comtesse de). Note 39.
Gœttingen (et Université de). Note
52. Note 64, 415, 631.
GOUDAKHOWSKY. 383, 559.
GouPY DES Hautes-Bruyères. 245-247,
274, 281, 304, .312. 825, 334,346, 352,
369, 370, 429, 455, 545, 621.
Gouvernement provisoire. Note 106.
Note 116. Note 416, 632-
Graben (Le). 98, 185. Note 360.
Grandv-Bretagne. — Gouvernement
britannique, 24, 36. Note 105. Note
125, 216, 400.
Granville . Note 652.
Graz. XXI, 72, 537, 538, 549, M8.
Note 573-581, 697, 786, 787. ^■y:'^
Grèce-Grecs. Note 90. Note 128,184,
186. Note 195, 207, 246, 265, 26t),
275, 277, 480, 4«1, 818.
Greenock. 281.
Grenadiers (et corps des). Note ^55,
723.
Gbenvillb (Lord et famille). 296.
Note 695.
Greuhh. 466, 4'64, 899, 796.
840
AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Gries. 797.
Gries (maire et représentant de Ham-
bourg). 158.
Griesinger. 175, 438.
Grieux (baron des). 379.
Griffith. 228.
Grimberge (Abbaye de). 595.
Grisons (canton des). 277, 676, 740,
750, 757.
Grodno. 723.
Grolman (von, général). 712.
Grosbois. 764.
Grosse. 386.
Grote (comte). 462, 685, 763.
Ghudzinsky (comte). Note 282.
Gruner (Justus). 188. Note 415, 416.
Gru>ne (Philippe, comte). 61, 113,
281, 418.
Guadeloupe (La). 204.
Guastalla (et duché de). Note 471,
546.
GuiBOURD. 245, 578, 579, 660.
Guicciardi (comte). 201, 206, 246, 285,
304, 461,462, 576,678, 718, 759.
Guillaume I" (d'Orange, roi de Hol-
lande). Note 12, 144-146, 187. Note
229. Note 335. Note 336. Note 433.
Guillaume V (Stathouder des Pays-
Bas). Note 144. Note 335.
Guillaume de Prusse (prince). Note
XXII, 127,156, 290, 360, 371. Note 472,
551, 585, 689.
Gûns. 803.
Gustave HI. Note 336.
Gustave IV. Note 444, 623, 746.
Gustave Wasa (prince>. Note 623,
746.
GusTAVsoN (colonel) .Voir Gustave IV.
G... Y... 800, 801, 802.
Gtulat (Ignace, comte feldzeugmeis-
ter). 771.
H
H... 602. 603, 615, 630, 798.
Haas. 802.
Habsburg (Maison de). 507.
Hach (von). 137.
Hackb (von). 136, 164, 241, 243, 252,
274, 275, 365, 366, 421,442, 466, 468,
474, 480, 593, 669, 673, 717, 737, 757.
Hackbl. 790.
HADiK(fold-maréchal lieutenant). 697.
Hafneh. 165.
Hager von Altensteig (baron, feld-
maréchal lieutenant), vu.
Hall (Hubert), xv.
Halle (et université de). Note 157,
415.
Hambourg. Hambourgeois. 2. Note
58. Note 64, 158, 306. Note 379,400,
452. Note 463, 592, 609, 679. Note
689, 722, 813.
Hammer-Purgstall (von). 29, 225, 526.
Hanau. Note 149, 168, 263. Note 264.
Handel (baron de). 225, 296.
Hannart. 793-804.
Hanonville (ou d'Homainville, bailli
d'). 195, 220.
Hanovre (électorat, royaume et duché
de Hanovre). Note 2, 14, 25. Note
31. Note 33, 37, 40, 49, 50. Note 52.
Note 69, 94, 112. Note 125, 158, 170.
Note 176. Note 214. Note 302, 305,
327, 356, 358, 391, 400, 420, 462. Note
466. Note 479, 485, 486, 489-491, 504,
537, 554. Note 577,654,689, 708, 715,
725. Note 780.
Hanséatiques (Villes). 307. Note 479.
Note 592.
Hardegg (Ignace, comte, feld-maré-
chal lieutenant). 124, 821.
Hardegg (docteur von). Note 98. Note
159.
Hardenberg (prince de). Note xxii.
Note 1. Note 17. Note 21, 25, 31, 33, 40,
50, 61-64, 66, 67, 69, 86. Note 90, 93, 94,
123, 125, 134, 135, 140. Note 141,
146, 148, 156, 157, 159, 161. 162,179.
184-186, 199. 20Ô, 213, 214,230, 238,
243, 245 Note 247, 253, 259, 260, 264,
274, 281, 290, 291. Note 297. Note
300, 306, 317, 334, 338-340, 342, 343,
346, 347, 352, 361, 369, 370, 371, 382.
Note 383. Note 391, 394, 397-399, 418,
420, 421, 427, 430. 435, 436, 441-443,
450, 456, 464, 473, 478. Note 479.
Note 487, 492, 496, 503, 505-507, 514.
520. Note 523, 531, 536,545,549, 550.
556-558, 566, 571, 575, 580. Note 581-
583, 587-590, 596, 598, 602, 603, 606,
608, 611, 628-631, 635-637, 640, 641,
648, 649, 652. 653, 656, 659, 660, 663,
Note 664, 666, 668, 671. Note 672,
678. Note 679, 682, 683, 687. Note
689, 692, 693, 700. Note 702, 705,
706, 710, 717, 719, 720, 722, 726, 730,
734-736, 738. Note 739. Note 742,
746-748, 759, 761, 765, 763, 769, 775,
776.
Hardenberg (comte Ernest- Auguste
de). 33, 40-42, 49, 50,68, 69, 94. Note
214, 253, 371, 427, 492,
Harrach (comte). 15.
Hartmann (von). 528.
Hastnegg. 78.
Hatvant (St. von). 802.
Hatzfeld comte et comtesse). 296,
348.
Hauch (baron von'. 99.
Haugwitz (comte de). Note 29, 530.
Hauptmann (M°" . 95.
Hauterive (d'). Note 197. Note 586.
Hauteville (comte d'). 807.
Havre (Le). Note 373.
Haydn. Note 114, 136.
Hazt (ou Hagy). 796, 798.
H. G. (von). 798.
I
^■■lENSTRGIT. 164, 794.
^KreDELHOFER. 320.
iEDEMANN. 558,561, 584, 629, 631.
Iegardt. 8, 17. 19, 35, 38, 49, 52, 54-
56, 58, 60, 105. 193. 236. 357, 394,
395, 499, 517, 562, 580, 604.
leidelberff. (et université d'). 415, 779.
leilbronn. 32.
^EiLMANN. 430, 436, 467, 607. Note
617, 635, 673, 675, 706, 727, 747.
leilsberçf combat de). Note 689.
riEiM. 386
'/e^i'éfie-//etoe<t</ue (diète, république
et confédération). 21. Note 102. Note
146, 400.
Ienckbl von Donnersmark (com-
tesse). Note *î15.
Ienri de Prusse (prince). 626.
cIerger. 416.
flerrensheim. 149.
Hermann. 94.
Herrngassc. Note 792.
;lERZ.'99, 246.
Jerzog 4.'J6.
Hesse-Cassel (et électorat de)-Hessois.
50, 66, 67, 158, 170. Note 176, 252,
259. Note 260, 306-308,439, 507, 551,
600, 637.
Hessb-Cassel (Guillaume !•', électeur
de). 66, 67, 134, 370, 384.
Hbssb-Gassel (Guillaume II, électeur
de). 6«, 67. Note 118. 134.
Hbsse-Cassel (Frédéric-Guillaume
de). Note 67. Note 700.
Hèsse-Darmstadt 9, 13, 16, 92, 93,
136, 158, 252, 262, 294, 306-308, 327,
365, 395, 494, 495, 522, 523,527,537,
551, 637, 666, 669, 751.
Hesse-Darmstadt (grand-duc Louis
de). Note xxn. 146, 158, 175, 236,
262. Note 272, 519. Note 593, Note
610, 650.
IIbsse-Darmstadt (grand duc héritier
Louis de). 136. Note 236, 237, 610,
665, 709, 730,760.
IIesse-Dabmstadt (Loi:is III). Note
610.
IIesse-Hombourg (prince de) . Note 97.
Hesse-Philippsthal (Louis, prince
de). 117, 118, 820.
Hétairie (V). Note 3, 818.
Iletzendorf (château d'). Note 71.
Note 128, 298, 727.
IIbtmbach. 136
Hbtme (D'). 582.
H. H. 800.
Hietzing. 432.
Ilimmelpfortgàsse, 76.
lloGHBBRG (Charles-Léopold, mar-
grave de). 444.
Hoffmann 93, 213, 557. Note 598,735.
Ilof ifammcr (et président de la). Note
36. Note 70.
Jlolie Brfic/ce. 334.
INDEX ALPHABÉTIQUE
841
HoRENHEiM (comtesse). 163, 199.
Hohenlohe (régiment autrichien, au-
jourd'hui 26* d'infanterie). 715.
Hohenlohe-Bartenstein (prince de).
307, 327, 507, 569.
HoHKNLOHE (colonel prince de). Note
98. Note 159.
Hohenzollern (maison de). 50 7.
Hohenzollern-Hkchingen (F'rédéric-
Hermann, prince de) 605, 812.
IiOHENZOLLERN-SlGMARINGE*( Antoine,
prince de). 137, 180, 253, 385.
Holitsch. Note 112.
Hollande - Hollandais . 55, 74. Note
144, 187, 203. 204,208,216,258,261.
Note 264, 286,290,291,298.299,302,
304, 335. 371, 380, 391, 431,432,455
Note 463, 527, 586, 657, 658, 736,
758. Note 777-
Holstein (duché et famille de). Note
64. Note 125, 143. 193. 194. Note
463. Note 466, 551, 632, 744, 746. Note
811.
Holstein-Bpck (prince de). Note 99.
Hongrie-Hongrois. Note 3, 20. Note
96". Note 138, 211, 220, 226, 227,230,
231, 241, 257. 265, 266. Note 301, 317,
348, 355, 382, 422, 423, 433.445,448.
Note 458, 466, 480, 481, 493,495,504,
508, 512. Note 518, 566, 570, 713,
745.
Hongrie (faubourg de). 278.
HopFEN. 177, 385.
HoppE. 428, 526.
HoppNER (Isabelle). 264.
HoRMAYR (baron). 795.
HoRTENSE (Reine). Note xxii. Note
274.
Hoya. Note 780.
IIoYos (comtesse) 4S6.
H. ..t. 802.
HuDELiST. 12, 25, 26, 27,316, 428,526,
556.
HiiGEL (baron). 263, 374. Note 375,379.
Huit (les) (et comité des). 284, 285,
356, 357, 394. Note 407, 453. Note
475. Note 529, 542, 686. Note 694,
762. Note 769.
HuMBOLDT (baron de). Note xxii.
Note 1, 31, 49, 50, 53, 54, 65.68, 69,
71, 75, 82, 93,150.161, 162, 164. 179,
213, 251, 253, 254, 291, 296, 299,312,
315, 337, 347, 418, 420, 426, 427, 436.
Note 441, 442, 450,459,475,492,496,
522, 529, 531, 545,549,554,557,585,
.^99, 600, 602, 605, 614.616,618,624.
629-631, 637, 646-648, 656, 666. 668,
673, 700, 725, 73^., 748, 754, 758,769,
776, 778, 779
HuMBOLDT (M"" d'j). 631.
HuRTER (libraire). 508.
Hussards (7' régiment de). Note 709.
Hussards Empereur (régiment de).
Note 135:
842
AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Hussards de Szekler (régiment) .Note
183.
Hussards de Wûrmser (corps franc
des). Note 182.
HuTCHiNsoN (capitaine). Note 166.
Iablonowska (princesse Caroline, née
Woyna . Note 166. Note 322, 569.
Iablonowska (princesse Tecla, née
Czaplic). Note 166.
Iablono^vska(; rincesse Thérèse, née
Lubomirska). Note 166, 600. Note
710, 736.
Iablonowska (princesse, née Wal-
ewska . 166.
Iablonowski (Antoine, prince). Note
166.
lABLONOwsKiiprince Louis'. Note 166.
lABLONinvsKi (prince Maximilien).
Note 166.
Iablonowski (prince Stanislas-Paul).
Note 166.
i.\HL, 789.
Iaschegg. Note 792.
Iasmund. 119.
Iassot (D'). 137. Note 777.
Inssy. 358. Note 612, 658.
Jaszlo. 804.
Idzstein (von). Note 590.
InzsTEiN (M"' d').590, 592.
léna (Université et bataille d'). 13.
Note 7-i. Note 90. Note 100. Note
118, 41o.
Ibrmolot-f (Yermoloff). 55, 173.
Iessupow (princesse Eudoxiej. Note
811.
Iglaii. Note 100, 236.
Ignace (archevêque), 6l2, 618, 619.
Iles (Les Sept). 275, 277.
Iles Ioniennes (Les). Note 132. Note
195, 196, 275, 277. Note 597.
tllyrie et provinces Illyriennes. Note
35, 713,
Indemnités, compensations, échanges,
13, 21, 33, 35, 37-40, 47. Note 98,
169, 208, 235, 389, 391, 394, 402, 486,
504, 507, 515, 523, 545-547, 572, 600,
615, 618. 632, 649, 666,715, 720. 740,
747.
Indépendance, 201, 210, 221^ 513, 653,
658, 712.
Indépendantistes (Les). 295, 314, 594.
Indes (Les). — Indiens. 527, 691.
Infantado (duc de V). Note 682.
/7m (L'). 439.
Innshruck, 786, 787.
Inn-Viertel (L'). 235, 238, 239, 361,
598, 672, 696.
Insurrection hongroise, viii. Note
301.
Insurrection polonaise. Note 140, 222.
Invasion. 153. Note 432.
Investiture {Chine a.) . 83, 89.
Ion Hoeping (et traité de).TNÎote 100
Irlande (et Chambre des Communei
d'). Irlandais. Note 281. Note 282
553, 816.
Isabelle II (reine d'Espagne). Note
683.
Isabey. 184, 260, 338, 762.
Ischl. Note 710.
Isenburg (colonel comte de), 94,137
Isenburg-Birstein (prince CharleS'
Frédéric d'), 260, 459, 497.
IsENBURG (princesse d'). 137, 497.
Isère [L'). 204.
IsTME (duchesse d'), 646.
It. 803, 804.
Italie (Affaires et royaume d'). Ita
liens. XIV. Note 3, 13, 21, 29. Note
32, 35, 38,42, 44, 46. Note 50. Note
55, 81, 85. Note 87, 90. Note 91,
105, 107, 112, 121, 122,131, 149, 150,
168, 170, 173, 183,190, 196, 201, 204,
206-210, 223, 232, 235, 242, 243, 246-
248, 254, 261, 26:;, 277, 285, 286, 290,
294, 295,305,310, 311, 313, 314, 320,
350, .^57, 381, 399, 439, 446, 452, 455,
459, 461. Note 465, 469, 471, 474,477,
484, 584, 511, 512, 545, 547,551,567,
593, 5?4, 618,624, 632, 638, 657, 658,
673, 676, 680, 719, 725, 732, 735., 736^
745, 762, 768. Note 774, 780, 810,813
819.
Italie autrichienne (et commission!
de réorganisation des provinces
autrichiennes de 1'). 42, 50, 51, 234.
Italiens (régiments). 49.
Italienne (République). Note 111.
Italinsky. 632, 693.
luNG (général Th.). Note 405.
IvERNOis (d', sir Francis;. 327, 348
i
Jackson (George). 281, 345.
Jacoli-Klqest (baron i. 253, 296, 545,5
647, 666.
Jeicobins. Jacobinisme, 160, 185, 335i,
378, 379, 645. \
Jamaïque (La). Note 780. 1^
jABRETièRE (Ordre de la). 48. Note 49^
498.
Jaucourt (comte de). Note 125. Not
250, 390. Note 406. Note 407. Notd
466. Note 481. Note 586, 624. Not|
651. Note 652. Note 663. Note 673
684. Note 740. Note 741. Note 767]
Note 7S1.
Jean (archiduc). 46, 82, 251, 388.
Jean (prince de Danemark). Note 175Ï
JÉRÔME (roi — , comte de Hartz). Note'
XXII. Note 77, 136. Note 292. Note,
322. Note 472. Note 530, 573, 574,
659.
INDEX ALPHABÉTIQUE
843
Jérusalem (et roi de). 203.
Jésuites (Les et rétablissement des^.
59. Note 91, 100, 101. Note 157, 176,
279, 487.
Joël. 373.
Johannesgasse. 130. Note 326-
Johnson. 209, 210, 281.
JoMiNi (général baron). 129, 170,171,
202, 203, 226, 245, 260, 274, 280-282,
369, 456, 484, 584, 585, 611, 780.
JoMiNi (baronne). 245, 456.
Jordan. 93, 159, 161, 253, 281, 325,
397, 398, 520, 545, 602, 606, 719, 735.
Joseph II (empereur). vi;i, xviii, xrx.
Note 15, 66. Note 84,347, 783, 787.
Joseph (archiduc). 3, 45, 138, 211, 238,
241. Note 266, 339, 437. Note 494,
504, 512, 699, 769.
Jo.iEPH Bonaparte. 7 2.1^016 108. Note
318, 682.
Joséphine (impératrice). Note 407,
636, 708.
JOUFFROY. 681 .
Journal de Francfort (le). 176.
Journaux étrangers 387.
JUBILLE. 759.
Judex Curiae. Note 70.
Juifs députation des) et Juif de la
Cour. 11, 90, 346, 382, 400, 425, 532.
JuLiERS. 2, 187, 451, 730.
Junte d'Etat. Note 110. Note 620.
JUSTEL. 795.
K... (von). 795.
Kaeraliierstrasse. Note 140. Note 326,
760.
Kaerntnerihor (théâtre du). 11<4, 180,
478.
Kageneck (comtesse Flore), voir com-
" tesse Wrbna.
Kaisergarten. 96, 130.
Kaiser in von Oes<erreic/t (Hôtel zur).
75, 659.
Kaiserstein (baron). 543.
Kalisch (et traité de). Note 31. Note
118. Note 415, 602, 608, 615, 645.
Kalmouks (les). 271.
Kamenelz Podolsk. 723.
Kamensky (comte). Note 95.
Karadja (Jean II). xxii. Note 3. Note
4. Note 20, 44, 47. Note 49. Note
61, 66, 73. Note 98, 133, 141, 177,
178, 218, 328-333, 429, 447, 448, 594,
658, 676, 818, 819.
Karadja (Nicolas). 818.
Karageor^evitch. Voir Czerhtp-
Georges.
Kaslsbad (et traité de). Note 7. Note
120.
Karlsruhe, 19. Note 63. Note 103,
Note 183, 188, 362, 363. Note 572,
583, 605, 700, 77-9.
Karmin (O.). XV.
Karski. 333
Karsten. 775.
Kaschau. 241, 796-SOO, 803, 804.
Kaser (Joseph). 805.
Kaula. 137.
Kal'la (S. -H.). 137.
Kaunitz (princej. 94, 140, 255. Note
301,366.
Kehl. 451.
Keller (comte). 137, 259, 260, 262,
296,307-309, 365, 469,592, 637,674.
Kerpen (baron feld^eugmeister). 164.
Khanikoff (général de). 311, 614.
Khevenhuller (prince). 206.
Khevenhûller (Emmanuel comte).
674.
Kiel (et traité de). 28. Note 100. Note
125, 244.
Kiew (et Gastellan de). Note 284.
Kingston Note 780.
KiNSKY (comte). 127, 164.
KiRKNiTZ (?) (général lieutenant). 716.
KissELEFF. 155, 156, 233, 366, 501.
Klauss (lieutenant). 387, 3'i8, 449,453.
Klebelsberg (général comte). 182.
Klebitz Note 415.
Kleinhardt (Marie). 224.
Kleist (von NoUendorf, général). 156,
157, 360, 371.
Kleist (lieutenant von). 283, Note 322,
382,426.
Klenau (général comte). 32.
Klev^txtz (von). 507.
Klinkowstrôm (baron de). Note 3.
Note 4. Note 6. Note 9. Note 44.
Note 47. Note 72. Note 142. Note
429, 448. Note 594. Note 676. Note
677.
Klûber. 140. Note 158, 188, 312. Note
316, 637. Note 640, 717. Note 777.
Knesebeck (général baron). 93, 161,
181, 182, 253, 501, 556,602, 743.
Kniphausen (seigneurie de). Note
259. Note 777.
KocH (baron). 136, 163, 369.
KoGK. 152, 154, 155, 696.
KoHARY (Maria-Antonia, comtesse,
puis princesse). 567.
Kohlhaas (von). Note 98. Note 159.
Kohlmarkt (Le). 230.
KoLLER (général). 40, 43, 57, 375, 568,
578, 606, 640. Note 677.
KoLOWRAT (comte). Note 100, 211,
417.
KoMAR (comte de). 128, 129
KoMAR (comtesse de). 129.
KoMAR (Nathalie de). Note 279.
Konigsherg. Note 416. Note 735.
KOl'DKIAFFSKY. 132, 134, 181, 215
KouTouzoFF (comte, général russe).
Note 2. Note 31. Note 95. Note 415.
844
AUTOUR BU CONGRÈS DE VIENNE
Kovno. 173, 723.
KozLOwsKi (prince). 487, 560, 561,
568, 680.
Kraft. 619.
Krasinski (général comte). 97,
Krems. Note 4.
Kridl. 752.
Kriebel. 804.
Kruft (baron). 526.
KnuG. 387.
Kruger. 420.
Kulm (bataille de). Note 157. Note
206.
KiJNiGL (comte). 486.
KiisTER. 489, 529, 530, 533, 549, 550,
582, 583, 668.
KiisTER (M"»). 550, 582.
L... 359, 601, 607, 637.
La Besnardière (J.-B. de Gouey de
la). 404, 430, 685. 686. Note 706.
Labocchèhe. Note 432.
Labrabor (marquis de). 78, 86-89,
108. Note 118, 119, 127, 128, 132,
141, 142, 179, 190, 201, 202, 216, 242,
254, 261, 262, 264, 284. 285,312. 327,
346, 349, 369, i96, 514. Note 545,
546, 562, 572, 589, 598,629, 643, 762.
Lac Majeur (Le). 657.
La Chaux (M"' de la). 583.
Lachmann (de). 378.
La Fare (Cardinal de). 96. Note 197.
La Fayette. 780. Note 781.
La Garde (Comte de). Note 223.
Lu Grange (Nièvre). iS^ole 538.
La Harpe. 45, 102, 146. 161, 162, 170,
173, 184, 185, 214, 225, 226, 250,253,
259, 284,303, 312, 316, 333, 338,341,
342, 352. 365, 370, 382, 387, 388,399,
400, 420, 433, 459, 460, 494, 502, 503,
521, 526, 535, 545,559. 568, 584, 596,
619,631, 651, 679, 687, 6S8, 697, 702,
750, 766, 780.
La Haye. Note 51, 71. Note 84. Note
92. Note 175, 281, 335, 430, 463.
Note 465, 488, 586.
Lahn (La). 69.
Laibach (et congrès de). Note 7.
Note 40. Note 57. Note 125, 795.
Lali.y-Tolendal. Note 781.
La Mark (comte de). Note 229.
La Martinière. 713.
Lamb (F.-J). 147, 281,303. Note 443,
501.
Lambach. 801.
Lambert (Séraphine). 484, 496, 554,
5 75, 596, 643, 706, 731.
Lamy (Etienne). 811.
Lancaster. 464.
Lanciers (polonais, compagnie de).
48.
Lanckoronski (comte), 112, 779.
Landshutten (Messieurs). 376.
Landstrasse (la). 233, 278.
Landsturm (Le et Edit. sur le). Note
90.
Landwehr. 18, 97, 801.
Langenau (général). 42, 107, 175, 418,
623.
Langeron (général, comte de). 39.
Note 23% 560, 658.
Langeron (Geneviève-Adélaïde de).
Note 233.
Langres. Note 764.
Langwert. 803.
Lannes (maréchal). Note 683.
Lansdovs'Ne (lord). Note 695.
La Roze. 794.
Las Casas (marquis de). 813.
Laskaraki. 819.
Lassberg (von). 596.
Latouche-Tréville. Note 110.
Latour (colonel comte). 715.
La Tour du Pin (comte de). Note
xxii, 65, 84, 96, 115, 116, 130, 137,
254, 255, 271, 432,464, 467, 538,551,
566, 586', 592, 633,656, 671, 673,678,
770, 771.
La Tour du Pin Gouvernet (comtesse
de) Note 96, 432.
La Trappe. 820.
Laubach. 41.
Lauenbarg (et duché de). Note 100.
Note 522.
Lauer (général). 349.
Lausanne. Note 96.
Laval (Adrien de Montmorency,
prince de). 589, 652.
La Valette (comte de). Note 166.
Laxenburg (château de). 257, 354,
566.
Lazanski (comte Pi'osper). 745.
Lazanski (comtesse). 425.
Leblanc. 582.
Lebon. 574, 660.
Lebzeltern Note 97, 276, 773.
Lecestre. Note 191.
Lechi (général Joseph). 704.
Lechi (général Théodore). 704, 744,
762.
Légations (les). 21, 35, 36, 38. 40,65,
79-82, 89, 169, 187, 209, 232, 285,
286, 313, 450-452,468, 482, 483, 488,
546, 565, 576, 598, 617,634,707, 716,
761.
Légion étrangère. Note 712.
LÉGION d'honneur (ordrc de la). 642,
763.
Légitimité (et princes légitimes). 37,
177, 741.
Lehrbach. 148.
Leimann. 124.
Leiningen. 158, 306, 307.
Leiningen (comtesse de). 303.
Leipzig (bataille et convention de).
INDEX ALPHABÉTIQUE
845
Note 25, 35-37, 40. Note 77. Note
139. Note 174, 239, 272, 283, 582,
635, 653. Note 689. Note 752, 813.
Lemberg-Leopol. 64, 353, 367, 397,
711, 722, 786.
Lemmi (F.). XIV.
LÉON XII (pape). Voir Della Genga.
Léopol, voir Lemberg.
I^ÉOPOLD II (empereur), xix. Note 206.
LÉOPOLD II (grand-duc de Toscane).
Note 121. Noie 138. Note 160.
LÉOPOLD (ordre de), ix, 154, 181, 182,
265, 344.
LÉOPOLD DES Deux-Siciles (princc de
Salerne). 240, 373. Note 625, 820.
LÉopoLDiNE (archiduchesse). Note 75,
79, 80, 715.
Leopoldstadt (La — et théâtre de la).
304.
Lepel. 137, 158.
Le Peletier (rue). Note 810.
Lercheisfeld (comtesse de). 643.
Lerchenhei M (von). 790.
Lespine. 579.
Lestocq (et corps de). Note 712.
Lettres de créances. 628, 652,
Leurs (von). 11, 138, 696, 793-804.
Leutrum (M""' de). 199.
Levant (Le et clef du). 277.
Leveling. 245-247.
Levery (ou Severey). 419.
Leten (comtesse de la). 149.
Leye.n (prince de la). Note 29, 149,
293. Note ^85.
Ley Kam (baron). 32, 148, 259.
L. G. 794, 800.
Libraires allemands. — Liberté de la
Presse. — Propriété littéraire. 238,
270, 416, 418.
Licenciement. 553.
LiCHTE.NAu (comtesse de!. 532.
Lic/iteuiersr(principauté de). Note 133.
Liechtenstein (Maison princière de).
385.
Liechte.nstein (prince Charles de). 92,
481.
Liechtenstein (prince Cliarles-Borro-
inée de). Note 92.
Liechtenstein (prince Jean de). 101,
479, 496, 498. Note 771.
Liechtenstein (prince Louis de). 206.
Liechtenstein (prince Maurice de).
754.
Liechtenstein (prince Wenzel de). 94,
107, 312, 317, 327, 771.
Liechtenstein (princesse Charles de,
née comtesse Franziska Wrbna
Freudenthal). Note 92.
Liechtenstein (princesse Charles -Bor-
romée de, née comtesse Maria- Anna
Khevenhuller). Note 92.
Liechtenstein (princesse Léopoldine).
167, 168, 200,
Liechtenstein (princesse Maurice, née
Esterhazy). 318.
Libdekerke-Beaufort (comte de). 96,
432. Note 433.
Liedekerke-Beaufort (comtesse de).
Note 96.
Liège (et pays de). 187,340, 488,489,
530, 736.
LiEVEN (comte, puis prince de). Note
XVII. 553, 620, 627, 659, 662,723.
LiEVEN princesse de). Note 103.
LiÉVREviLLE (capitaine von). Note 98.
Note 159.
Ligne (prince de). 76. 100, 120, 131.
Note 156,161, 162,170, 182, 212,225,
226,279, 319,402, i03, 452, 484,492,
525, 526, 539, 541, 566, 574, 601, 609,
638, 674. Note 678, 733, 737, 769.
Lignes (les). 503. Note 770.
Ligue des Princes (la). 364, 365.
Ligues Grises (les). 719, 740, 757.
LiLIENAU. 417.
Limbourg (le^ 340.
LiMPENS (von). 296.
LiND. 430.
LiNDEN (baron de^ 119, 136, 137,164,
179, 180,225,291, 361, 387, 398,401,
414. Note 415.420, 459,497, 514,554.
Note 565, 569, 583, 619, 633. Note
647, 659.667, 674, 680, 693, 716,729,
739, 743.
LiNDENAu (von). 418.
Linz. XXI, 46, 97, 98. Note 125. Note
247. Note 335, 351, 768, 786, 787, 801.
LiPiNSKA. Note 157,
Lippe-Detmold (prince de). 307.
Lippe Schaumburg Biickeburg (Geor-
ges-Guillaume, prince de). Note 40,
137, 180. Note 469.
Lippe (Wilhemine, comtesse). Note
40, 469.
LiPS. 377, 386, 387.
LisAKEviTCH. Note 197. Note 230,670,
704.
Lisbonne. Note 53, 281. Note 303.
Liston Sir Robert). 421.
Lithuanie-Lithuaniens. Note 2, 113.
Note 166, 574.
LiTTA (Albert, comte). Note 122.
Litta (Antoine duc). Note 809.
Littjv Visconti Arbse (Jules René,
comte). 516, 680. Note 809, 810, 811.
Litta (duchesse). 231.
LivERPOOL (lord). Note 630. Note 664,
777.
Livi (G.) XIV.
Livourne-Livournais. 223. Note 375,
405,471, 635. Note 636, 708,728,780.
LoBKOv.'iTZ (Comte. 418.
LoBKOwnz (Prince . 385.
Loges (les) (cabinet noir), xxi. 786,
787, 789.
LÔHR (baron von^ 752.
LoHR (bailliage de). 408.
1
84G
AUTOUR DU CO^'GRÈS DE VIENNE
Lombard (Sér£^phine) 372, 709, 753, 816.
Lombardie-Lombards. 31, 35. Note
76, Note 175,196. Note 201, 208,232,
314. Note 471. Note 70S>. Note 759.
Londres (et conférence de), xv, 4, 7-
10. Note 12, 17-20. 22, 24, 2!i, 27,32-
34, 36, 40, 42, 46, 49-51, 56, 57. Note
79. Note 90. Noie 92. Noie 114,174-
176, 196,209,210. Note 225.280,281.
Note 284, 287, 283,301, 334,338,371.
Note 383, 413, 414, 4 '6, 464, 465,
545. Note 553, 581, 582. Noie 589,
590, 602, 620, 627. Note 652, 659,
661,662, 707, 713, 723, 740, 756,765.
LoNGiNOLD (de). 714.
Lorraine (la). Note 302. Note 589.
Los Rios. 261, 262, 401, 469, 590, 814.
LouBiTGH (archimandrite). 215.
Louis (baron). 45, 389, 764.
Louis 1" (voir Prince royal de Ba-
vière) .
Louis !•' (roi d'Etrurie). Note 285.
Louis II (roi d'Etrurie). Voir Charles-
Louis.
Louis XVI. Note 116.
Louis XVUI. Note xxii. 4, 29,48, 56,
65, 85. Note 96. 182 Note 197.Note
202-204,236. Noie 250, 258,287,288,
322. Note 332,372,374, 394,404,412,
413, 421, 424, 434-436, 459, 462, 469,
470, 482. Note 507. 549. 553, 562.
Note 571, 586 Note 589. Note 604,
624, 628. Note 638, 651, 652, 657,
663. Note 664. Note 676,680,684,685.
Note 692. Note 693. Note 702, 703.
Note 709. Note 735, Note 737, 740-
742. Note 764, 766, 767, 813, 819.
LOUISBOURG. 216.
Louis-Ferdinand de Prusse (prince).
Noie 437, 811, 812.
Louis-Napoléon (prince). Voir Napo-
léon III.
Louis-Philippe. Note 604.
Louvain (Université de). 596.
Lovati (Madame). 231.
Luwenhielm (corale de). Note 8, 230,
243, 244, 248, 281, 300, 312, 321,336,
337, 356, 362, 369, 393,435, 475,499,
514, 561. 635, 670, 746.
LÔWENSTEIN- WeRTHEIM-FrEUDENBERG
(prince Guillaume de). 250,308, 398,
497.
LÔWENSTEIN - V^ERTHEIM - RoSENBERG
(princeCharIesde).250,308, 398,497.
Lowicz (princesse de, Jeanne Grud-
zinska). Note 282. Note 342.
Lubeck. 137, 306, 400.
LuBiANSKY (Général). 44.
Lublin. 723.
LuBOMiRSKA (princesse). Note 111.
Notf-. 284, 508, 569.
LuBOMiRSKi (prince Henri). 77, 281, 283,
284, 333, 334, 383. Note 559, 713.
LuBOMiRSKi (prince Joseph). Note 284,
LuccHESi (duc). 501.
LuGCHESiNi (Marquis). 530.
LuciEM Bonaparte. 573.
Lucques (et duché de). 221. Note 285,
515, 516. Note 545, 546, 728.
LuDOVisi BuoNGOMPAGNi (priiicc de
Piombino). 315. Note 704, 725.
Lunéville (traité de). Note 301. Note
577.
Lusa.ce (la). 2, 315, 497, 523, 532, 563,
581, 667, 689.
Lusthans (le). Note 339.
Luizen(bataiIlede).Note67. Note 175.
Lûtzow (corps franc de). 418.
LiÏTzow (comte de). Note 100.
Luxembourg (duc de). Note 114.
Luxembourg (et le). 144, 145,187,204,
455, 463, 488, 489, 565, 736.
Lyon (Consulte et comices de). Note
121. Note 183. Note 231. Note 709.
Lts (ordre du). 372.
M
M. 797.
Magdonald (maréchal). 763.
Macerata. 176.
Machado. 88, 118, 327.
Macke. 722.
Mackintosh. 586.
M""" Royale. Voir Duchesse d'Angou-
LÈME.
Madère (île de). 554.
Madison. 662, 766.
Madrid. Note 33. Note 75. Note 110,
262. Note 303, 589, 629, 682. Note
767, 813.
Maerenthal. Note xx.
Magauly-Gerati (comte). 471, 559.
Magdebourg. Noie 17, 531, 536, 660.
Magenta (el bataille de). Note 451.
Mailath. 431-817.
Maison-Blanche (la). Note 766.
Maistre Joseph de). Note xxii. Note
197, 397,398, 412. Noie 414, 703,766.
Malaspina (marquis). 137, 808, 809.
Malczewski (major). 501, 520,529,568,
666, 672, 690, 692, 703.
Malines (et archevêque de). 236. Note
335. Note 432.
Malo-Jaroslawctz (bataille de). Note
689.
Malsburg (baron de). 472, 573, .574,
659.
Malte (lie de — . Ordre et galères de
l'ordre de. Note 53, 80,123,195,196,
275, 277, 278, 347,348, 80Q, 810.
Maltitz (baron de). 779.
Maltzahn (comte, ministre de Prusse
à Vienne en 1841 . Noie 303.
Maltzahn (Ale.xandrine-Julia de).
Note 303.
Maltzahn (baron de, représentant du
INDEX ALPHABÉTIQUE
847
duc d'Oldenburg). 137,247,259,305,
307, 582.
Maman. 302, 412.
Maisdel. 123, 132, 1.33, 197,
Mandelsloh 244, 491, 588.
Manège Impérial (le). 312.
Manipulation (la), xi, xxi. Note 217,
253, 303, 421, 456, 466. Note 472,478,
528, 575, 582, 583, 596, 725, 739, 746,
779.
Munnheim. 380, 817.
Mantoue. 461. Note 679.
Marassé (comtesse Aurore de). Note
205, 756, 772, 814, 815.
Marassé général de). Note 814.
Marchand d'huiles (le). Note 375.
Marchfeld (le). Note 107. Note 705.
Marciana. 121, 122.
Marcolini (comte). 15.
Maréchal et Maréchaux de France (et
requêtes des). 474. Note 507, 563.
Marengo (et bataille dei. Note 87.
Marks'calchi (comte). Note 120-122,
320, 350, 381, 471, 482.
M.VRKSCALCHI (comtessc). Note 148.
Maria II (dona, reine de Portugal).
Note 567.
Maria Feodorovna (impératrice
douairière de Russie). 41, 43, 62, 64.
Note 501, 680.
Maria Ludovica (impératrice d'Au-
triche). Note xxii, 3. Note 12, 46,
-104, 127, 181. Note 206, 233, 336, 337,
425, 533, 534.
Mariage (et projets de). 606, 640, 649,
671, 677, 679, 687, 698, 712, 715, 726,
773, 807.
Mariahilf-Mariahilferlinie . 138 .
Marialva (marquis de). 688, 697, 749.
Maria Sliegen. 334.
Marie (grande-duchesse). Note xxii.
62, 7S 95. Note lOO, 104, 207, 317,
388, 526, 556, 614, 645, 775.
Marie- Antoinette (reine de France).
Note 640.
Marib-Garoline (reine des Deux-Si-
ciles). 33, 53, 71. Note 72, 73. Note
76, 78, 79, 127, 128, 131. Note 240.
Note 303, 501. Note 625, 820.
Marie-Caroline-Auguste des Deux-
Siciles (duchesse d'Aumale). "Note
240.
Marie-Charlotte d'Autriche (pre-
mière femme du prince Antoine de
Saxe). Note 160.
Marie-Clémentine d'Autriche (archi-
duchesse, princesse de Salerne).
Note 240.
Marie-Louise (impératrice), x. xiii.
Note XXII. 5, 9. Note 12, 46-50, 71,
72, 79. Note 92. Note 121. Note 148,
159, 204, 221, 232, 233, 246, 252, 274,
282, 285, 286, 290, 304, 312, 315, 318,
324, 334, 339. Note 350, 352, 361,
366-370, 382, 420, 425, 432, 441, 442,
456, 470, 473, 482, 484, 49i-496, 505,
521, 524, 5t>8, 542, 559, 565, 568,574,
576, 592, 595, 606, 611, 613, 614, 623,
625, 630, 63i, 635, 638. 640, 643, 666,
668, 669, 676, 697, 705, 707-70J, 718,'
7-'6, 728, 734, 756, 75i, 759, 770, 780,
781.
Mabib-Louise (infante, reine d'Etru-
rie). 47, 48. 246,247. Note 385,361,
429, 545, 546, 582, 565, 607, 6Î1, fi»,
643, 649, 666.
Marib-Thbrbse (impératrice), xviii.
Note 102. Note 140, 347,
MARiB-ÏHBRèsB d'Autrighe (prin-
cesse Antoine de Saxe). 20. Note 38,
160, -^56, 444.
MARiE-ÏHÉRèsE (reine de Sardaigne)
807, 808,
Marib-ïhbrbse (Ordre de). Note 107.
Note 182. Note 206. Note 610.
Marine autrichienne. 501.
Marine royale (de France). 204, fi8,4.
Mariotti (chevalier). 374, 375, 397,
404-406, 728.
Mahmont (maréchal). 636, 708. Note
810.
Marne (La). 804.
Maroth. 803.
Marsghall (baron de). Ministre de
Bade. 252, 480, 5i0, 582, 583, 648.
Marsghall von Bieberstbin (baroi:,
délégué de Nassau). 140, 307, 480,
540, 637, 648, 778.
Marsghall (baronne de). 582.
Marsghall (comte). 256, 381, 486,
700.
Marsghall (comtesse). 700.
Marseille. Note 102, 405.
Martbns (baron de). 52, 63, 64, 68.
Note 155, 158, 263. Note 259, 420,
435, 492, 648, 659.
Martin (Paul). Note 370.
Massa-Carrara. Note 196, 546.
Masse (von der). Note 99.
Massbna. Note 389.
Massino ou Messina (?). 319.
Masson (Frédéric). Note 432. Note
717.
Matschacker-hof (hôtel). 215, 360.
MvTTiAS. 795-798.
Maabeuge. 280.
Maubrbuil. Note 573.
Mavrojeni (Démétrius). 817.
Mavrojbni (Jean), 94, 358, 4«3, 477,
546. Note 555, 603, 618, 619, 817,
818,
Mavrojbni (Nicolas). 817, 818.
Maximilibn-Joseph (roi de Bavière).
Note XXII, 24, 37, 46. Note 63, 86, 111,
137-139. Note 150, 163-16JI, 176.
Note 179, 200, 206, 207, 212-214,
225, 235, 238-240, 263. Note 272,
281, 292. Note 300, 301. Note 317,
848
AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
336, 337, 340, 337, r68. Note 374.
Note 375, 378. Note 396, 412, 422,
444, 460, 485, 509, 519, 537, 538, 544,
565, 598, 59'.», 610, 623, 633, 645, 672,
681, 701, 707.
Mayence (et électeur de). Note 1. 2,
6,21, 23. Note 51, 57, 58, 149, 170,
204, 22'.', 258, 331, 352, 373, 408, 454,
598. Note 619, 668, 695.
Mayer (ancien officier). 366.
Mayer (fourrier de la Chambre), 752.
Mayhirt (capitaine). 798-800.
Mazarin' (cardinal). 202.
Megkiemburg-Sghwerin. 80,158, 308,
3ô4, 551, 600, 637, 670. Note 716.
Megklembourg-Sghwerin (Frédéric-
François, duc de). Note 74, 127,
l:i5, 543.
Mecklembourg-Strelitz (duc Gharles-
Louis-Frédéric de). Note 77, 136.
Note 700.
Mecklembourg-Strelitz (Georges-
Frédéric-Charles, prince héréditaire
de). 94, 740.
Megklbmbourg-Strelitz (Wilhel-
mine-Frédérique de Prusse, du-
chesse de). Note 700.
Megklembourg-Strelitz (Thérèse
princesse de). Voir princesse de la
Tour et Taxis.
Mécontentement-Mécontents. 36, 39,
41. 85, 293, 296,297, 302, 305, 341,
358, 373, 386, 387, 401-404, 442,452,
462, 463,494, 495, 509, 517, 522, 523,
525, 527, 553, 565, 589, 619, 634, 651,
661, 696. 767.
Médiateur-Médiation. 7, 256, .332, 608.
Note 688. Note 757.
Médiatisés (princes et comtes). Note
75,80, 82,84, 150, 162-164, 16'.K Note
179, 21), 250, 293, 306, 362,365,384-
387, 398, 403, 404, 423, 428,458, 459,
478. Note 479, 485. 496, 497, 507,
508, 525, 527, 529, 600, 663,666, 710.
Medici (L, de). 110, 117, 118,137,220,
543.
Medici-Spada. Note 129.
Médiierrxnée (mer). — Département
de la et almanach du département
de la 373
Meinhardt (hôtel). Note 810.
Meissen. 283.
Méjan. Note 313, 461, 745.
Memne. 165.
Melbourne (Vicomte), voir Lamb.
Melzi d'Eril (duc). 462.
Memel. 615.
Mémoires-Mémorandum. Note 125,
175, 315, 329. Note 331. Note 332,
361. 363, 371, 382, 386, 421, 435, 466.
Note 478. Note 479, 490, 497, 501,
523, 528,547, 562, 568, 589, 596, 605,
607, 630, 636, 640, 646, 659. Note
663,675,700, 704,722. Note 747,748.
MÉNEVAL (baron de). 318. Note 521
709, 718.
Meppen (comté de). Note 577.
Mergey. 578.
Mergy (comte de). 45, 225, 296, 428
815.
Mergentheim . 136.
Mers (empire, domination des). 276
Messine (et bombardement de). Not(
451.
Metternich (Joseph, comte). 189.
Metternich (prince de), xii, xxi
XXII, 4, 10, 12, 17-25, 29-32, 35, 36
39-41, 46, 61, 65, 69, 70, 74. Note
75, 83-88, 92-94, 114, 121, 122, 125
132, 133, 140, 141, 146-150, 154, 155
158-162, 171, 174, 175, 177-179, 192
199, 201, 202, 205, 206. Note 211
213, 214, 217-219, 223-225, 236-239.
241-243, 246, 251-257, 264, 265, 275'
289, 291, 295, 296, 305, 307, 308, 310
315, 316, 325, 326, 328, 338-340, 343-
348, 350, 351, 363-365, 370, 374, 383,
385, 389, 390-395, 397. 401, 403, 406
407, 409, 420-423, 426-429, 435, 436.
441-451, 453, 457-462, 469^ 470, Ali.
475, 477, 479-481, 486. Note 487'
490, 492, 497, 498, 500-503, 509, 511,
517, ;il8, 522. Note 523, 526, 532-
535, 542, 643, 548, 5.)1, 552, 555, 558,
561-566, 569, .'576, 506, 598, 603, 604,
619, 620, 623, 629, 640, 647 Note
652, 6ô4, 660 663, 668, 670-672, 675,
676. Note 679, 681, Note 683, 686.
Note 689-693, 69,'), 698. Note 702,
703. Note 712, 717. 720, 721, 731,
737-739. Note 742, 743, 748, 751, 754-
757, 769, 770-774, 779. Note 811, 814,
815, 818.
Metternich- VViNNEBURG (François-
Joseph, prince de). 65, 158, 543.
Metternich (princesse François de).
255.
Metternich (prince Richard de).
Note 3.
Meuse (la). 187, 340.
Mexique (et expédition au). 629.
Meterbeer. 222.
M. G. 711.
MiER (comte de). Note 451,578.
Milan (et troubles de) - Milanais, xiv^
21, 42. Note 76. Note 87. Note 90,
91, 122, 137. Note 175, 190, 206, 208,
Note 221, 231, 232, 277, 286, Note
313, 314, 44^ 447, 461, 462, 471.
Note 674, 704. 718. Note 728, 732,;
757, 771, 774, 794, 796, 798-800, 803,'
806.
MiLDER (M-»'). 372, ;
Milices (les). 173, 553.
Miltitz (colonel baron de), 283, 303
Note 322, 325, 339, 352, 369-371
382, 426, 573, 575, 618, 640, 648, 655,
702, 739, 742.
INDEX ALPHABÉTIQUE
849
Mina. Note 629.
Mincio (le). Note 196.
Minden. Note 416.
Minoriten Platz. Note 118, 128, 641.
MiNKwiTz (général de). Note 716.
Minsk. 564.
MiODUSKi. 222.
MiRANDA. 502, 688, 753, 762.
Mi&kolcz. 794.
Missions secrètes. Note 416.
Mittau. 151, 723.
Mobilisation. 151.
MocENiGO (Georges, comte). 75, 132.
Modéne. xiv. Note 87. Note 102.
Note 121.
Mohilew. 658.
MOHRENHEIM. 327.
Moldavie-Moldaves. Note 329,333,355,
453, 477, 546, 603, 658. Note 751,
818 .
Moniteur (Le). 45. Note 349, 371, 430,
439, 453, 454, 459,
MoNROE. Note 766.
Mons. 204.
Monsieur (comte d'Artois). 293. Note
407, 628. Note 652, 685.
Monstre (Le) (Napoléon). 48.
MONTANELLI. NotC 811.
MoNTBAREY (princc de'. Note 233.
Monthélinrd (et principauté de). 169.
Moiit-IUaiic (rue du). Note 810.
Mont-Blanc (département du). 709,
718.
Monle-Cavallo. 209.
MoNTEi.LANO (duc dc). Volr Fernan
NUNEZ.
MoNTENACH (Jcan de). 260, 327, 388,
747.
Monte Napoleone (Le). 389, 563, 564.
Monténégro (Le). 214, 215.
MoNTESQUiou (comtesse de). Note
XXII, 727, 780.
Montesquiou-Fezensac (abbé de). 764.
MoNTET (baronne du). Note 156. Note
262. Note 538. Note 640. Note 751.
Note 785, 814, 816.
MoNTGELAS (comtc de). Note xxn,
150, 163,168, 270, 271, 346, 378,389,
390, 400, 409, 410, 422, 443, 444,468,
469, 502, 509, 599. Note 617, 645,
681, 701.
Mont- Tonnerre (département du).
Note 188.
MOOSTHALL. 422.
Moravie (et places de la). Note 36,
49. Note 100, 379. Note 729.
MoREAU (décorateur). 193.
Morée (La). 186,
MoREL iM™»). 183, 437, 483, 484, 495,
506, 539, 569, 610, 650, 665.
Morning Chronicle (Le). Note 640.
Mortier (maréchal), 646.
Moscou. Note 95, 544.
Moselle (La). 24, 187.
T. I.
Mosbr. 747.
Moskowa (La bataille de). Note 2,
Note 103, 809.
Moskowa (prince de la). Voir Ney.
Moss (convention de). Note 39, 54.
Note 125.
MiiuNEN (baron). 384, 385.
MuLLER (capitaine, du corps franc de
Lûtzow). 615.
MiJLLER (Garl). 415-418.
MiJLLER (domestique de Hardenberg .
746, 775.
MuLLER (maison). Note 159.
MiiLLER von Mûhlegg (Ferdinand, ba-
ron, chargé d'affaires de Suisse).
370, 502.
MÙLi.ER (M""). Note 247.
Munich. Note 51. Note 63, 80. Note
150, 166, 167. Note 168. Note 175,
211, 217, 218, 225, 246. Note 247,
292, 299, 363, 368, 400,412, 415,456,
461, 468. Note 572, 600, 645, 652,
681, 744.
Munkacs. Note 329.
MuNSCH. Note 100.
Munster. 256.
Munster (chanoine, doyen de). 253.
Munster (comte de). Note xxn. Note
33, 40, 42, 50, 52 69. 76, 130, 146,
216, 217, 230, 234, 240, 286-288,291,
303, 347, 348, 408, 420,421, 427, 430,
442, 462, 464, 469, 473, 475. Note
479, 485, 492, 501, 508. Note 523,
539, 590, 636, 646, 649,654, 685, 725,
763, 765.
Murat (Joachim). Note 2, 4-7, 13,
14, 21, 35, 44, 47. Note 50, 52,
53, 56, 58, 59, 71, 73, 79, 82, 83, 89,
100.101, 108,117,118, 126, 131,165,
175, 177, 184, 188, 201, 204. Note
205, 209, 216, 221, 223, 226-228, 240,
243, 247, 248, 267-269, 278, 285,
294, 295, 310, 311, 314,326, 349,356,
357,359, 363,364, 374, iOl, 402,426-
428, 442, 445, 446, 451, 452, 460,462,
469, 474, 489, 501, 517, 529, 563,
565, 571, 589, 593,607, 617,618,624,
625. Note 629, 650, 666, 673, 676,
677, 690, 719, 724, 732, 740, 741,
762, 771. Note 774, 779.
Muratistes (Les). 248, 294.
Musulmans (Les). 271.
MusQuiz. Note 682.
Mutzenbecher. 137, 158, 306, 307.
N
N. N. 645.
Nachod. Note 192,
Nagele (de). 642.
Nagell (baron de). 71.
Naglergasse. 194.
Nahe (La). 302.
Namur (et afTaire de). 162, 335.
54
850
AUTOUR DU CONGRES DE VIENNE
Nancy (pour évêque de Nancy voir
La Faue). 86.
Nantes. Note 685.
Naples (royaume de) — Napolitains.
XIV, 4-7. Note 12, 21. Note 35.
Note 43, 44, 47, 50, 53, 71, 73. Note
76-79, 89, 101, 105, 108, 110, 114,
117,132, 142, 177, 184,189, 193,194.
Note 197, 204, 209,211,223,226,228,
248, 285. Note 301. Note 303, 310,
311, 314, 326. Note 327, 331, 349,
357, 359, 371, 401, 402, 426-428, 431,
442, 446, 451, 452, 458, 474, 477,
499, 529, 563. Note 578. Note 604,
618. Note 620, 623, 624, Note 625,
651, 676, 677, 690, 692, 719, 724, 732,
740, 741, 809.
Napoléon l". x, xxi, 1-3, 9. Note
12. Note 15. Note 26, 28. 36. Note
43, 47, 48. Note 67, 80, 81. Note 82,
87. Note 90-92. Note 97, 101. Note
108, 111. Note 116. Note 118, 121,
122. Note 136, 142. 149, 152, 153,
172. Note 175. Note 176, 182, 186,
188, 190, 191. Note 198. Note 201,
203, 204, 206. Note 210, 223, 226,
229, 232, 242, 251, 252. Note 255.
258. Note 272. Note 274, 276, 285,
286, 293, 295, 298-300. Note 301,
310, 311, 315. Note 318, 335. 345,
347, 348. Note 350. 362, 366-368,
374, 375, 387, 388, 394, 397, 403-406.
Note 416, 432, 435, 439, 446, 454,
459, 471-473, 481, 482, 496, 499, 500.
Note 507, 515, 528, 529. Note 530,
532, 547,552, 553, 555, 561, 568,576
Note 577, 578, 590. Note 592. Note 604,
606, 612, 618.623, 634, 635, 636, 640,
664, 677, 680. Note 682, 685. Note
689, 695, 699. Note 709, 714, 718,
719, 724, 728, 745-747, 771, 780,
Note 817, 820.
Napoléon 111. Note 274.
Napoléonistes (Les). 295.
Naranzi. 727.
Narbonne (comte de). 129, 652. Note
781.
Narischkine (Lonitch). 372, 560.
Narischkine (Ivan, prince). Note 76,
140, 484, :66, 780.
Narischkine (princesse). 76, 128, 129.
Note 40, 223, 371.
Nassau^ {duché et envoyés de). 92,
135. Note 140, 145, 164, 252, 306,
307, 345, 353, 385, 488, 489, 507,522,
523, 527, 551, 600, 696, 778.
Nassau (Frédéric-Guillaume, duc de).
134. Note 593, 637. Note 648.
Nassau (Guillaume de, prince hérédi-
taire de'. 134, 369.
Nassau-Usingen (Frédéric- Auguste
de). Note 134.
Nass.^u- Weilburg (et représentant
de). 365, 540.
Nauplie. Note 128.
Navara (M. et M"»). 389.
Navigation (et libre). 204,242,734, 758.
Nedoba (colonel russe). 237, 272,
Négociations. 18, 22, 25, 33, 36-
39, 47, 49, 51, 54, 58, 60, 79, 94.
Note 155. Note 174, 178, 187, 218,
24i, 249, 288, 301, 330-332, 337,344,
364. Note 374,393,454,455, 466,495.
Note 530,562,581, 594, 599, 613,616,
620, 662, 673, 681, 694, 704. Note
709, 715, 756.
Neipperg (général comte de). 48, 72,
312, 366,367,369, 524, 568, 614,705,
709, 717, 734, 758, 759, 770, 780.
Neisse. Note 298, 584.
Nemours (duc de) Note 106.
NÉNY Patrice, comte de). Note 432.
Note 433.
Nesselrode (comte). Note xxii, 25.
Note 45, 74-77, 93-95, 108, 109, 132,
133, 139, 152, 154. Note 166, 179,
180, 196, 198. Note 209, 213, 214,
253, 254, 264. Note 271, 292, 316,
325, 344, 369-371, 382, 390, 394, 403,
409, 415, 420, 423, 429, 430,434,436,
450, 467, 475,492, 497,499, 513. Note
528, 540. Note 552, 553, 558, 561,
Note 562,564,571, 573,592, 600,611,
614, 620-622, 627, 635, 641-643, 646-
648, 651, 659, 668,670, 67J, 673,678,
704, 710, 723, 724. Note 731, 734,
738, 739, 746, 762, 768, 775, 779.
Nesselrode (comtesse de). 77.
Netze (La). 608.
Neuberg. Note 79.
Neafchâtel (et principauté de). 706,
730.
Neukomm (Sigismond). 114, 130, 135,
136,352, 369, 372,373.
Neuling. 362.
Neunkirchen. 380.
Neust/eoter (von). 794,
Neutralité-Neutres. 276, 607, 653, 711.
Note 774.
Neuwied (prince de). 140, 308, 398,
459.
New- York. 464.
Ney (maréchal). Note 389, 474, 558,
563, 646.
Nice (et comté de). 287, 288.
Nicée (Concile de). 336.
Nicolas Mikhaïlovitch grand-duc).
Note 97. Note 465, 807.
Nicolas (grand-duc, puis empereur).
Note 77. Note 140. Note 553.
Niémen (Le). 615.
NiKiTSCH colonel). 214, 215.
Noailles (comte Alexis de). Note
XXII, 467, 469, 472, 478, 479, 481.
482, 487, 496, 497, 528, 537, 538,
543, 550, 558. Note 562, 583, 592,
605, 616, 633, 650, 655, 671, 678, 704,.
770,
INDEX ALPHABÉTIQUE
851
NoAiLLES (comte Antoine -Claude -
Juste de). Note 143. Note 414, 456,
562, 568, 680.
Noblesse allemande. 358, 416.
Noblesse autrichienne, 100. 101, 348,
681.
Noblesse de Franconie, du Rhin,
d'outre-Rhin et de Souabe.Note"5.
Noblesse hongroise. 493.
Noblesse polonaise (et émigration de
la). Note 106, 183, 186, 267.
Noblesse russe. 8, 173, 354, 355, 574,
681.
Noblesse saxonne. 62, 690, 779.
Noblesse suédoise, 39.
Noblesse wurtembergeoise. 29.
Nœud Gordien. 302, 556.
NOGARÈDE. 536.
IVord (cours, puissances et ligue du).
18, 19, 813.
IVorvège- Norvégiens. 1, 2. 4, 5.
Note 7, 28, 33. 38. Note 39, 57, 79.
Note 100, 115. Note 125, 204, 244,
337, 499, 522, 632, 704.
Mossen. 747.
NosTiTz (comte et famille de). 189,
408.
Notes (diplomatiques). 221, 248, 289,
300, 343, 344, 395, 396. Notes 479,
485, 487, 488, 496, 500, 551, 554, 572,
580, 593, 595, 619, 624, 628, 641, 646,
647, 649, 661, 663, 664,668, 706, .42,
757.
Note verbale. 407.
Novare (et bataille de). Note 42, 314.
Njigent (Laval, comte). 53, 54, 56, 670.
Nuremberg. 696.
O... (vont. 618, 622, 655, 714, 748,
OuBRKiRCH (baronne d'). Notes pas-
sim.
Obermann. 530.
Occupation. — Prise de possession.
391, 394, 395. Note 396,430, 438, 439,
477, 478, 486, 487, 541, 547, 556,
Note 571, 602, 632, 658, 661, 666, 694,
705, 775.
Odéon (théâtre de 1'), 684,
O'DoNELL (comte Maurice). Note 36.
76.
O'DoNELL (comtesse Maurice). 76.
Oblsen (von). 628, 683.
OERTZBN(von). 137, 259.
0/"en, Note 183, 211,227,266, 351,363.
369, 386, 648, 800, 803.
Ohms. 790. Note 792, 793.
Ojarowski (général comte). 140, 155,
156, 233, 267, 316, 338, 756, 809.
Oldenburg (duc d).Note 15,136, 247,
777.
Oldenhurg (grand-duché). 259, 306
307, 430.
Olmer (professeur). 629.
Olmiitz. Note 781.
Olone (département de 1'). Note 231.
Olsufiekf (général). 472, 479.
Ompteda (baron d'). 302.
Opinion publique. 269, 445, 446, 493,
503, 534- 36, 544, 561, 649, 685, 698,
761.
Oppermann (général). 281.
Opposition. 7, 12,26,157,183, 192,233,
300,475, 503, 525, 636, 662, 715, 725,
731, 771.
Orange i Guillaume prince d'). Note
xxii, 26, 203. Note 210. Note 229,
335, 345, 430,488,489, 523, 552,565,
715.
Or&nge (Maison et Etat d'). 304, 307,
335, 340, 451, 463, 488, 489,
Orange (La ville d'). Note 335,
Orban (von). 795.
Orczy (comtesse). 431.
Orléans ( Louis-Philippe duc d'). Note
XXII,
Orléans (Clémentine, princesse d').
Note 567.
Orléans (princesse Marguerite d').
Note 106.
Orloff (Anna-Jvanowna, comtesse),
41,
Orloff (Grégoire - Wladimirovitch,
comte). Note 41.
Orloff 'prince Alexis). 34.
Orondi (M^»). 362.
Orsay (comtesse d'). 507.
Orurk (général comte). 171,174, 354,
355, 688.
Osnabrûck. Note 40, 256. Note 416.
OSNIALOWSKY. 222.
OssoLiNSKi (comte). 112. Note 284, 526.
Ostrolenka. bataille d'). Note 341.
Ostromezko. 615.
Ott (von). 74, 76, 141, 147, 284, 303,
371. 403, 456, 493, 514, 559.
Otterstedt (baron d'). 188. 273.
Œttingen (prince Louis d'). 621.
OuROusoFF (prince). 76.
Ouvaroff (général). 191,233,346,751,
769.
Oxford (lord). 651, 723-725, 741.
Oxford (lady). 651, 724.
Oyen (général baron). 236, 237.
P... 639, 644, 794, 795, 798.
P...TO (marquis). 177.
Paar (régiment de Dragons comte).
VIII.
Pacca (cardinal). 65, 66, 91.
Pacte Fédéral, 719, 750.
Padoub. IX.
852
AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Pagliaci. 325.
Pahlen (comte Paul). 809.
Pahlen (comtesse Paul, née Marie
Skavronska). 809.
Paix (Godoy, prince de la . Note 682,
813.
Palais-Royal (Le, à Paris). 451.
Palatin (archiduc). Voir Joseph (ar-
chiduc).
Palatinat du Rhin (Le). 6, 495.
Païenne. 30, 110, 501.
Pallain (G). Note 21. Note 202.
Note 209. Note 234. Note 236.
Note 332. Note 402. Note 509.
Note 581. Note 624. Note 634.
Note 638. Note 656, Note 664.
Note 669. Note 676. Note 692.
Nota 693. Note 702. Note 720.
Note 730. Note 735. Note 737.
Note 741. Note 742. Note 748.
Pallfy (Ferdinand, comte). Note 210,
255, 317.
Pallfy (François comte). 75, 128,
129, 135, 180. 255, 316, 317.432, 5J5,
526, 569, 77 1.
Palm (palais). Note 192, 233, 352, 814.
Palm (Joseph-Charles, prince). Note
674.
Palm (princesse). 674.
Palmella (Souza-Holstein, duc de).,
249, 284, 328, 436, 688.
Pampelune. Note 589.
Panaro (Le, et combat du). Note 451.
Paniglgasse. 223, 224.
Papier miihle et Papier monnaie.
Note 36, 189, 190, 195. Note 257,
439, 440, 781.
Pappenheim (Comte). 179, 260, 312,
327, 762.
P^ris (et traité dei.x,xii. Note xxii.
Note 1 4. Note 5-8. Note 12, 17-
19, 21, 27. Note 38, 40, 45-49. Note
53, 60. Note 63. Note 67. Note 76,
81. Note 87. 88. Note 90. Note 95,
96. Note 103. Note 106, 108, 109,
112. Note 114-119. Note 121, 122,
124, 129, 131, 138. Note 140, 147-
149, 154, 166 Note 167, 169-175.
Note 183. Note 194, 196, 197, 202,
203, 215-217, 241, 242, 246, 257.
Note 262, 269, 280, 281. Note 286-
293. Note 301, 304, 316, 333. Note
335. Note 336, 344, 356, 372, 373,
378, 379, 384, 388, 389, 398,404, 415.
Note 416, 425, 436, 451, 459, 463,
465, 467, 469, 475, 476. Note 481,
486, 489, 509-511, 514, 515, 525, 529.
Note 530. Note 538, 542-545. Note
562. Note 572. Note 573, 588. Note
589. Note 597. Note 600, 602. Note
620, 624, 627-629, 634, 642, 649, 651-
654, 659-664, 666. Note 676, 683.
Note 688. Note 689. Note 694, 699,
Note 707. Note 712. Note 717, 723,
724. Note 735, 747. Note 749, 754,
757, 759, 762, 763, 766, 767, 771, 780,
Note 781, 797, 803. Note 810, 811,
816, 818.
Pahk. 601.
Parker. 281.
Parlement (Le — Anglais). 216, 217.
Note 281, 310, 560, 636, 658, 662,
708, 713, 725, 731, 740, 756.
Parlementaire (Le). 684.
Parme (et duché de). — Parmesans. 8,
46-48, 50, 108, 117, 121, 122, 132.
Note 196, 204, 246. Note 285, 286,
317,318,320,327, 361. Note 471, 482,
483, 520, 546, 559, 565, 576. Note
595, 607, 697, 707. Note 728, 756,
759, 780, 820.
Paros. 817.
Parr. 110.
Partages. 216, 237, 269, 331, 340, 359,
424, 490, 529, 622, 627, 631, 650, 656,
658, 720.
Passau. 672.
Passeports. 335, 573, 622, 793.
Paul I". Note 2. Note 11. Note 55.
Note 77. Note 106. Note 156, 342.
Note 553, 612, 721. Note 751, 769,
809.
Pauline Bonaparte 'princesse Bor-
ghése). Note 75, 579. Note 717.
Pai;ie(et Université de). Note 87, 808.
Pavlovskoié. 62.
Payerne. Note 129.
Paj/s-J53s (Les) et Révolution des. 6,7,
9,55. Note 96, 112, 113. Note 144,
145, 187, 208. Note 229, 258, 261, 287,
290, 291. Note 296, 297, 299, 302,
303, 327. Note 335. Note 336, 380.
Note 432, 451, 530, 578, 595, 725.
Paysans armés (bandes de). Note 210,
Péages. 694, 734.
Pedro (dom. Empereur du Brésil).
Note 75. Note 80. Note 715.
Peel (Sir Robert et Ministère). Note
49.
Pellegrini. 646.
Pensylvanie. Note 464.
Pereira (baron). 120.
Pereira-Arnstein (baronne). 816.
Perelada (Comte de). Note 589.
Pergen (Comte), xviii, xix. Note xx,
150, 783.
Pergen-Ghoschlag (comtesse). 486.
Périgueux. 820.
Perquisitions. 548, 549, 558, 583, 597,
687.
Perrero (D). Note 197. Note 230,
808.
Perrey. Note 706
Perry. 281.
Perse. Note 2. Note 55. Note 603.
Persons (Persoon, van). 291,335, 736.
Peruzzi (Mgneur). 91 .
Pescara (Agent de Murât). 5, 426.
INDEX ALPHABÉTIQUE
853
l'esth. 123. Note 393, 431, 794-798,
SOl-804.
Peterwardein . 237. Note 416.
Petit Aimée (M°"). 600, 650.
Peyfuss. 794.
Pfeiffer (von). Note 98. Note 159.
Pfleger (Antoine von). 72, 79.
Pfïihl. Note 792.
Philadelphie. 464, 659.
Philippsborn. 615.
Phïill (von. Général). 614.
Pianosa (île de). 404.
Pie VI. 810.
Pie VII. Note 21, 36, 38, 54, 65, 66,
81-83, 89-92, 100, 101, 131, 176,
187. Note 197, 203, 209, 221, 311,
385, 435, 436, 450-452, 468, 528,
ij40,568, 573,634. Noie 652,666,761.
Piëmont-Piéinontais. 72, 80, 81,141.
Note 196, 294, 412, 504, 506, 542,
547, 594. Note 683. Note 709.
Pierre le Grand, 639, 810.
PiLGRAM, 371.
Pilitza (La). 269.
PiNO (Général comte) 137, 221.
PiNo (comtesse, née Galderari). 138.
Pinmbino(et principauté de). 247, 315,
515.
PiQUOT. 1, 4, 5, 13, 17, 21, 28, 30, 35,
42, 45, 80,81, 335,336, 537,549, 596,
604,614, 635, 649, 653, 707, 729.
Pirano. 325.
Pise. 209, 210.
Plaisance (et duché de). 48. Note 196,
204, 286. Note 471, 524, 546, 576.
Note 595, 759.
Pr,AMENETZ, 215.
Planta. 264, 549, 596, 697.
Platoff. 12.
Platzmann. 582.
Plénipotentiaires-Représentants. 25,
26, 60, 105, 193, 194, 215, 216,
218, 219, 239, 240, 242, 249, 342,
345, 358, 450, 453-455, 475-478.
Note 487, 499, 504, 523, 527, 529,
537, 540. 563. Note 565, 572. Note
593, 596, 649, 650, 654, 662, 670.
Note 688, 694, 698, 731. Note 73»,
766. Note 777.
Pi,ESSEN (baron de). 74, 158, 306,308,
637, 670, 716, 743.
Pô. (Le). 657. Note 728.
PocK (baron Ignace von). 802, 803,
805.
POECKKR. 130.
Police (Haute). Note 416.
Police Italienne (La). 326.
Police secrète autrichienne. 542, 543,
783, 784, 787, 799, 800.
Police secrète prussienne. 188. Note
327, 548, 549, 746.
Police secrète russe. Note 129. 423.
Police secrète vi^urtembergeoise. 385.
PoLiGNAC (Comte Jules de). 652.
Polizei HofsleHe. vu, viii, ix, x, xi,
xn, xvii, XIX, XX, XXIV. Note 178.
Note 230. Note 237. Note 273. Note
274. Note 753. Note 763, 785, 787,
789-792, 810.
PolizeiOberdirection. 783, 785, 786,
790, 791.
Pologne (et Commission des affaires
de).— Polonais. 1, 2, 5-8,12-16, 18-25,
31,43-45,50, 53-58, 79. Note 81, 93.
Note 97-98. 105, 106, 109, 111-113,
125-128, 129, 133-135, 142, 144-147,
152, 153, lt.6, 160, 166-178, 181-186,
190-194, 198, 205-208, 216, 218, 219,
222-229, 234, 240, 242, 254. 258, 264,
266-269. 276, 281, 282-284, 286, 296,
297, 304, 309, 3J3, 315, 327-336, 340-
347, 350-360. 363-367, 376, 383, 390,
391, 394. 399,418,423, 424, 427,433,
438, 439, 445, 447, 451-461, 465-467,
470, 477-481, 486-488, 491, 499-514,
517, 518,521-526, 333-537,540-542,
547, 551, 555, 556, 559, 562-566, 570,
576, 581, 585, 586, 596, 599.602,603,
607, 608, 613-618, 622, 631, 638, 639,
645,655, 658,661,663-669, 673, 678,
680, .681, 686, 689. Note 692, 695,
696, 702, 705, 710-715, 729, 731, 736.
Note 737, 748. 750, 753, Note 761,
769, 773, 776, 777, 806.
Polonisme (Le). 295.
Polotzk. Note 329.
Poméranie et Poméranie Suédoise.
33. Note 200, 243, 244, 374, 395,
396. Note 416, 522, 523, 533, 632.
PoLOVTSOFF. Note 322. Note 383. Note
414. Note 552, Note 627. Note 651.
Note 763.
Poniatowska (Constance). Note 696.
Poniatowska (princesse). 467.
Poniatovvski. 198, 639.
PoNiATOwsKi (Maréchal prince Jo-
seph). Note 97, 524, 525.
Porte (La Sublime). 12, 26, 265, 395,
818.
Portici. Note 56. Note 451.
Porto Ferrajo, 122,404.
Portugal- Portugais. 78, 249, 271,
284, 358, 451. Note 502, 680, 688,
694, 697, 736, 742, 749, 753, 762.
Posen t et grand-duché de). Note 157.
Note 167, 269, 313. Note 416, 525,
615, 645. Note 712.
Postes (et directeurs des). Note 11.
Note 95, 116. Noie 471, 520.
POTEMKINE. 809.
PoTOCKA (comtesse Alexandre, née
Anna Tyszkiewicz). 696.
PoTOCKA (comtesse Delphine). Note
129.
PoTOCKA (Sophie comtesse Félix).
129, 806.
PoTOCKA (comtesse Stanislas, née Lu-
bomirska). NoLe 75.
854
AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
PoTOCKi(Alexandre comte). Note696.
PoTOCKi (François comte). 77. ,
PoTOCKi (Stanislas comte). 64, 74
467.
Potsdam. 28. Note 31.
Fouille. Note 597.
Pouvoirs (Pleins— et vérification des).
454,457,479,499, 537, 562, 621,813.
Pozzo Di BoRGO (comte). 44. Note 45,
166, 167, 304, 310,311,327, 346, 352,
361, 369, 370, 374, 376,382, 420,423,
424, 429, 460, 461, 467, 470, 515,516,
528, 693, 773.
Pradt (abbé de). 236.
Prager Zeitung. Note 593.
Prague xxi, 15. Note 31, 45. Note
100. Note 211, 273, 329, 387, 417,
418, 452, 531, 533, 565,661, 753,785,
787.
Praier (Le). 75, 76,259,268. Note 339,
446.
Prechtl. 795.
Prenzlow (et capitulation de). Note
437. Note 712.
Preobrajensky (Régiment). Note 55.
Presbourg (et paix de), viii, 72. Note
174. Note 175. Note 771, 793. 796,
:08, 799, 800, 802, 803, 808, 818.
Préséances (la question des). 393,
694.
Preussen und Sac/j.çen (brochure). 555.
Note 557, 561, 598, 727. Note 735.
Pring (capitaine). Note 627.
Prioh (D. H). XV. Note 202. Note
809.
Prisonniers. Note 577.
Phochaska (général). 94. Note 244.
Proclametions. — Ordres du jour. 172,
249, 545, 590, 729, 731, 755. 764.
Prokesch-Osten (comte). Note 3.
Note 5. Note 9. Note 44. Note 72.
Note 178. Note 218 Note 330.
Protestantisme et Protestants (les).
60, 170. Note 175, 811, 812.
Protestations. Réclamations. 187,286,
290, 373, 389, 409, 421, 474,499,536,
554, 563, 565, 581, 594-596, 604.
Note 623, 628, 635, 661, 683, 699,
712, 725, 746.
Provinces unies (les). Note 144. Note
336.
Prusse-Prussiens. 1, 2, 4-6, 8, 9, 10,
13, 15,16. 19, 21,24,25,27,29-33,37,
39, 43, 46-56, 60, 61, 6f)-68. Note
74, 80, 82-86. Note 90, 92-94, 105-
107, 113. Note 118, 120. Note 125,
126, 128, 132-135. Note 142, 144-146,
151, 156-164, 169-172, 175, 178, 184-
187, 189, 190, 200, 207, 208,218,219,
224, 229-235, 240-243, 247, 249-254,
258, 261, 262, 266, 269, 283, 286,297.
Note 300, 302, 304, 306-309, 313-
316, 332, 334, 340-343, 347, 353-359,
367-370, 373, 375, 380. Note 383, 384,
390-396, 399, 400, 403, 414. 416, 418,
423, 424, 428, 435-439, 443-447,451-
458, 460. Note 462, 463, 466, 469,
475-481, 485-490, 494-497, 500-506,
519. Note 522-535, 537,539-548,551,
555, 556, 560-567,570. Note 571,574.
Note 577, 581, 584, 585, 593, 599-
603, 606, 608, 613, 615-618, 623-630,
632,633, 645, 648-650. 655-658, 662,
664, 667, 680, 681, 685, 686.689-695,
6 98-708, 712-716, 719, 720, 726,730,
731, 735-743, 748-753, 756, 757, 762,
765, 769, 772, 775, 781, 782.
Prusse Orientale. 172, 185, 335.
Prusse (prince Frédéric de). 472
Prusse (Frédéric-Guillaume, prince
royal de). Note 472.
Public Record Office, xv.
PuFFENDORF (baron). 135, 149, 150,
151, 169, 263-265, 348, 375, 427, 459,
480, 619, 743.
PuiBu.sQUE (vicomte de). 642.
Puissances, (grandes et— continenta-
les, les). 17, 58, 59,97, 145, 146. 157,
164, 218, 219, 271, 358, 365, 390,
413, 434, 452, 454, 469, 475-477, 605,
634, 640, 649, 653, 654, 657,658,677,
743, 767.
Pulawy. 153, 414.
Pultusk. Note 2.
Pyrmont. 118.
Q
QuALEN (von). Note 99.
Quatre (les). Note 2, 105, 177, 190
300, 346, 358, 365, 457. Note 761.'
Note 769.
Quatre bras (les). Note 140.
Querfurt (et principauté de). 93.
R
Raab (et comitat de). Note 70.
Radf.tzky (feld-maréchal comte) 42,
50, 107. Note 183.
Radichevîch. 794, 796, 801.
Radner (John). 280.
Radziwill (prince Antoine). Note
XXII, 45. Note 157, 167, 179. Note
191, 24f>, 253, 259, 264, 281,333,352,
369, 382, 425, 435, 551, 559, 564,
608, 618,629, 646, 675, 699, 736,738,
739.
Radziwill (princesse Antoine, Louise
de Prusse). Note xxii, 167, 699.
Radziwill (princesse Antoine, née
Gastellane). xv.
Radziwill (Boguslaw prince). Note
167.
Radziwill (Guillaume prince). Note
167.
Raguse. 228.
Raxgecourt (comte de). 821.
INDEX ALPHABÉTIQUE
855
Raigecourt (M""' de). 610, 821.
Raimbaud (J). 820.
RaxNgoni (Elisabeth). Note 102.
Rasori. 744.
Rastatt (et congrès de). Note 119.
Note 120. Note 465. Note 530, 586,
619.
Ratiborsitz (château de). 192.
Ratifications. 31, 125, 143, 215, 744.
Ratisbonne (diète, déclaration et do-
maines de). 32. Note 48. Note 51.
Note 74. Note 120. Note 149, 251,
260. xNote 263, 270, 272, 300, 337,
355, 389, 390, 409, 619, 627.
Ratoliska, 418, 728, 784,785,788,789.
Note 792, 793, 794.
Ratti (Mgeur. Don Achille), xiv.
Note 91.
Rauch. 621.
Ravenne (et Légation de). 82.
Razoumoffsky (comte). 34, 57, 74, 77,
95, 117, 146, 147, 189, 198, 270,271,
275, 278, 279, 296, 328, 334, 339,357,
358, 399, 400, 420, 450, 460, 462,
556, 600, 619,641, 647, 648, 651,671,
679, 735. Note 739, 751, 756, 757,
769, 770, 815.
RÉCAMiER (Madame). Note 438.
Recès (de l'Empire). 272, 410.
Rechberg (comte de). Note 23, 93,
119, 164,222, 243,251,269, 296,325,
346, 383, 385, 427, 442,450,480,481,
485, 522, 523, 558, 617, 630, 633,666,
673. Note 674, 692, 701, 743, 744.
Rechberg (comtesse de). 23, 30, 119,
170, 355, 385, 395,428,500,580,627.
Rechberg (comte Charles de). 164,165,
222, 599, 600.
Rechteren-Limpourg (comte de). 508.
Recklinghausen (fort de). Note 577.
Recrues. Recrutement. Levées. 151,
297, 309, 532, 570, 713, 749, 785.
Redoute. Note 77, 197, 224. 256. 257,
267, 437, 483, 493, 569, 592, 609.
Régence. 470, 634.
Régiment de ligne (4«). Note 274.
Régiment provincial Corse. Note 375.
Régiments polonais. 156.
Régiment russe. 347.
Reichenbach (comte de). 556, 557,
607, 667, 692.
Reichenbach (comtesse de). Note 67.
Reichenbach (traité de). Note 530.
Reims. Note 96. Note 103.
Reinger (conseiller). 371.
Reinhard (Jean de). 260, 327, 421,
492, 646, 653, 675, 750, 780.
Reinhard iM""). 780.
Reiset (vicomte de). Note 438.
Rengger (D'). 146.
Renier. 206.
Reno (lc,etdépartement du). Note 728.
Rentes (et arrérages de). 315, 408, 658,
683. Note 717.
Repnin (prince). Note 9, 77, 229, 283,
323, 393, 394. Note 415, 477, 478,
541, 547, 577, 582. Note 592. Note
599, 606, 614, 655, 753.
République (la). 741, 813.
Requiem (messe de). Note 114.
Resch. 799.
Restauration (La). Note 96. Note lOS.
Note 132. Note 407. Note 589, 819.
Rbuss (maisons de). 355, 551, 600,752.
Reuss- Plauen-Greitz (Henri XIII
prince de). 140, 296, 383.
Reuss- Plauen-Greitz (Henri XIX,
prince de). 383, 600.
Reuter (général baron). 483.
Révolte. Révolution. Soulèvement.
Note 162. Note 375, 474, 508, 543,
547, 570, 574, 636, 708, 732, 754,
Révolution française (La) — Révolu-
tions et les révolutionnaires (idées).
Note 31, 5S. Note 84, 114. Note 116,
160. Note 166, 227, 236, 309, 335,
341, 345, 404. 413, 434. Note 442.
Note 530. Note 610. Note 620, 658.
Note 675, 813, 815.
Révolution hollandaise. Note 229.
Révolution polonaise (La), Note 106.
Révolution de Naples. Note 108.
Révolutionnaires (Esprit et menées),
413, 416, 530, 645,656.
Revue de Paris. Note xii. Note 3.
Reyland. 642.
Rheinischer Mercur (journal). 473,
613.
Rhigas. 817, 818.
Rhin (navigation et cours du) — Pro-
vinces rhénanes et ultra-rhénanes,
24, 66. Note 67, 69. Note 77, 94, 97,
144, 145, 149, 156, 137,170, 173,175.
185, 187,242,248, 254, 258, 297,302,
313, 327, 399. Note 416, 455, 459, 463,
482,508, 532, 565,602, 657, 661,676,
685, 694, 720, 734-736, 747, 758, 764,
772, 776, 804, 805.
Rhin (le Bas). Note 416. Note 530,
758.
Rhin (le Haut-). 68, 169, 347. Note
416.
Rhin (Moyen). 187.
Rhin- et -Moselle (département de).
145.
Richards. 334.
Richelieu (cardinal). 202.
Richelieu (duc de). 420, 478, 519.
Ried (baron). 444.
Ried (et Convention de). Note 98, 778.
RiEDESEL (baron). 347, 663.
Rieneck (comté de). 408.
RiESE. 136.
Riga. 723.
RiNGEL. 509.
RiNiERi (R. p. Ilario). Note 196. Note
221. Note 450, Note 617, 707. Note
771.
856
AUTOUR DU CONGRES DE VIENNE
Rio de Janeiro. Note 114. Note 128.
Note 130. Note 578.
jRto de la Plata (Le). Note 688.
Ripp (M"»). 577, 665, 669, 785, 787.
Rivière (marquis, puis duc de). 407,
421.
HoBERTi (colonel) . 325.
RoBDRENT (comte Gordero de). 807.
RocGA ROMANA (duc de). 47, 50, 131,
245,325, 326, 563.
RocHEGUDE (marquis de). Note 810.
Roer (La et département de la). 302.
Roger. Note 810. Note 811.
RoHAN (prince Louis de). 317, 560,
771, 812.
RoHAN (Victor, prince de). 384.
RoMANOFF (Sophie). Note 76.
Rome (et cour de). Romains. Etats
romains. Etats de l'Eglise. 46, 65,
66. Note 78. 83, 86, 87, 89, 90. Note
92, 101. Note 116, 117. Note 121.
Note 122, 13Î, 132, 176. Note 197,
203. Note 230, 243, 247. Note 276.
Note 284. Note 301, 435, 472, 482,
483, 546. Note 553, 568, 573, 652,
808.
Rome (roi de). 8, 46, 48, 50, 117, 118,
472, 574. Note 595, 708, 727, 734,
758, 770, 780.
Rômischen Kaiser{Empereur Romain)
(Hôtel zum). Note 210, 610, 706.
Ronco (et combat du). Note 774.
RONTGEN. 353.
RosCH (?) baron. 742.
RosENBERG (prince de). 600.
RosENCRANz (barou). 7, 15, 25, 31,
33, 34, 36, 39. 49, 53, 57, 60. Note
99, 143. 260, 374, 465, 609, 722, 743,
744.
RosNER (Jacques). Note 244.
Ross (Major Général anglais). Note
302.
Rossi (Alexandre). 131, 187. Note 197.
Note 230, 807, 808.
Rossi (comtesse, née Hardegg). 807.
808.
Rothenthur m-Rothenthurmstasse.
Note 159, 224.
Rothschild (Salomon Mayer). 420.
RoTTENHAN (comte). 755.
Rouen. 127, 128, 130.
Roumanie. Roumains. 819.
RouMiANTzoFF (comte). 198. Note 271,
561. Note 592, 659.
ROUYER. 195.
Royal Normandie (Régiment). Note
197.
Royal Siracuse (Régiment). Note 53.
Royalistes (Les). 404.
Rubicon (et département du). Note
728.
Rûdesheim. 609.
RUDT VON COLLENBERG, 754.
Rueil. Note 274.
RUFFIN. 818,
RuFFo(Alvaro, commandeur). 59, 117,
130, 245, 254, 256, 267, 278. 303, 304,
327, 501, 543, 600, 659, 677, 703.
771, 772.
Riigen (Ile de). Note 100.
RiÏHLE (lieutenant colonel de). 157,
494.
RuMBOLDT. Note 374, 443.
Russbach (Le). Note 107.
Russie- Russes. 2, 6-12, 15, 17, 18, 19-
29, 30, 43-50. 55-61, 67. Note 74.
Note 76, 80-84. Note 93. Note 95.
98, 101-107, 113. Note 117. Note
118, 124-126. Note 130 135. Note
140, 144, 151-157, 160, 161, 164.
Note 166, 168, 169, 171-177, 181, 184-
186, 192, 195. Note 197, 200, 207,
208, 213, 216, 218-234, 240-243, 249,
254-257, 261, 264, 267-279, 283-287,
297, 298, 302, 304, 305, 309, 313, 323,
328-336, 340-343, 347, 349, 351-358,
363, 370. Note 379, 380, 384-395, 399,
401, 403, 416, 423, 424, 427-435, 439,
443-446, 451-458,461. 465. Note 466,
469,472, 473, 476, 485, 487,491,496-500',
508-518, 523, 531, 5.35. 537. 540, 541,
544, 547, 548, 551, 555, 556, 559-567,
570. 574. Note 578, 579, 581, 584,585,
600-603, 608, 615-618, 625.626, 631,
633, 638-640, 644, 646, 654-656, 662,
665, 670, 672, 681, 688, 689, 692-694,
698, 702-705, 708, 713, 716, 719-721.
731. Note 735, 7.37, 740-743. 748-
753, 755-757, 769, 772, 777, 781, 809,
810,819.
Russie (Ambassade de). 14, 163, 164.
Note 167, 241, 271, 275, 279, 312,
331, 346, 358, 422, 423. Note 553, 714.
Russie (la petite). Note 77.
Ryberg. 99.
RzEwusKA (comtesse). 111.
RzEwusKi (comte). Note 111.
Saale (La). 438.
Saalfeld (et combat de). Note 437.
Note 812.
Sachsen und Preussen (brochure). 540,
557. Note 598, 609, 695, 727.
Sagan (duchesse de). Note xii. Note
3. Note 96. Note 139, 156, 191, 192,
200, 205, 206, 234. Note 240, 243,
290, 299, 312, 315, 316, 323,351,352,
377,406, 426, 430,442, 443, 445, 446,.
460, 462, 469,479, 480, 496. 497,559,
688, 751, 754, 773, 811, 812, 815.
Saint-André (ordre de). 807.
Saint-Clair (Marquis de). 625, 820.
Saint Empire Romain (et comte du).
257. Note 259.
Saint-Etienne (église et place de).
Note 114. Note 326, 334. Note 360.
INDEX ALPHABÉTIQUE
857
Saint-Etienne (ordre de), isl. Note
790.
Saint-Florentin (rue). 642.
Saint P^rançois. Note 320.
Saint-Gall (abbé et canton de). Note
146, 339. Note 370.
Saint-Georges , ordre et croix de).
S06.
Saint-Germain (et école de). Note
442.
Saint-Honoré (faubourg). 320. Note
sio. Note 811.
Saint-James (cabinet de). 725.
Saint- Jean de Jérusalem (ordre de).
Note 53, 220.
Saint-Jumen (abbé de). 293.
Saint-Marsan (marquis de). 65, 82,93,
94, 131, 163. 164, 187, 196, 221,245,
247, 253, 255,261, 287, 296, 304,325.
Note 383, 397, 398,412, 527,528,582,
616, 683, 684, 697, 703, 771, 772.
Sdint-Pétersbonrg. xv. Note 1 . Note
7. Note 12, 18, 19. Note 35. Note
40, 43. Note 63. Note 77, Note 95,
97. Note 106. Note 117. Note 120,
143, 151, 162, 171, 173. Note 175.
Note 176. Note 195, 215, 219, 222,
229. Note 262, 267, 270, 281. Note
286. Note 301, 311, 341, 371, 372.
Note 383. Note 395, 397, 398, 412,
414,436, 456. Note 465,472, 484,494,
518, 538. Note 572. Note 621, 661,
680, 723, 733. Note 736, 743, 749, 741.
Note 757.
Saxnt-Priest (colonel, vicomte de).
469.
Saint-Sépulcre. 754.
Saint-Siège (le). 65. Note ^50. Note
652, 716.
Saint-Synode (le). Note 282, 726.
Sainte Alliance (la). Note 3. Note 7.
Note 90. Note 346. Note 416.
Sainte- Anne (église française de). 293,
771.
Sainte-Anne (ordre de). 416.
Sainte-Catherine (la). 600.
Sainte-Lucie. 203.
Saints Maurice et Lazare (ordre des).
Note 327.
Sala (les abbés). 91.
Sala-Salins (baron von der).387, 583.
Saldanha da gama. 660, 746, 749.
Sauceti (et palais). 579.
Salins. Note 195.
Salis-Salis. Note 750.
Salis-Soglio (comte de), 264.
Salm-Kyrburg (Frédéric IV, prince
de). 385, 421.
Salm-Salm (prince de). 371, 385.
Salmour (comte). 115, 116, 163, 164,
230. Note 231, 245, 256, 259, 260, 281,
303, 304,327, 353, 404, 467, 616. 674.
Salzburg. XXI, 68. Note 114, 238, 239,
361, 372, 598, 672,787, 794, 795, 805.
Samoïloff (comtesse Julie). 809.
San Carlos (duc de). Note 682.
Sandor (comtesse). 493.
San Fermo [Colonel comte). 231.
San Fernando (duc de). Note 262.
San-Marco , duchesse de). Note 110,
131.
San Michèle in Bosco. 110.
Sannazzaro. 808.
Santiago (Evéque de). Voir Musquiz.
San Vitale (comte). 520, 559,638, 697,
756.
San Vitale (comtesse). Note 521.
Saône (La). 204.
Sapieha (princesse Anne). Voir Czar-
TORYSKA (princesse Adam).
Sardaigne (et Ministre de). Note 12.
Note 75. Note 82. Note 131. Note
148, 164. Note 187. Note 196. Note
Note 197, 203, 338. Note 412. Note
529, 545, 587, 614, 632, 657. Note
683, 729. Note 769, 807, 808.
Sarlat. 820.
Sarre (Département de la). 380.
Sartori. 65.
Sartorius. 158.
Saumur (et château de). Note 652.
Saurau (comte de). 35, 638, 799.
Savary. X, XII.
Savoie (Maison de — et démembrement
de la'. 9, 47, 48. Note 116. Note 122.
Note 168, 196,277,237, 288, 338, 413.
Savone. 92. Note 122.
Saxe -Saxons (et démembrement du
royaume de). 1, 2, 5,8, 9. 12, 13, 15,
16, 18-:!1, 23, 25, 27, 35, 37-40, 47,
49, 50, 67, 71. Note 75, 79-84, 97.
Note 102, 106. Note 107. Note 116,
120. Note 130, 134, 135, 142. 144,146,
156, 157, 160. Note 162, 169, 174,175,
177, 178, 185, 208-213, 218, 219, 226.
Note 227, 229, 235, 252-256, 263,
281-283, 296, 297, 300, 301, 311.
Note 302, 306, 309. Note 311, 301-
315, 322, 328, 3*0-333, 335, 336, 340-
343, 345-347, 350, 353, 354, 357, 359,
360, 361, 369, 371, 379, 390, 391,393-
397, 403. Note 407, 418,421-424,427,
428, 435, 438, 439, 445, 447, 451,452,
455, 457, 459, 460, 461, 466, 467, 474,
477, 478, 485-488, 496, 497, 499, 500,
502-504, 506-508, 517. 522, 523, 525,
526, 532,537, 539, 541, 542, 547,548,
550, 551, 555, 556, 563, 565, 566.
Note 571. 573, 574, 576, 581, 585, 586,
592, 594, 596, 598-603, 606, 607, 609,
612-618, 622, 623, 625-627, 630, 632,
633, 638-640, 644, 647-650, 653, 655,
656, 658, 661, 663, 664, 666, 667, 669.
672, 675, 678, 680, 681, 686, 690, 692,
695,698, 701-705, 711, 714-716, 719,
720, 726, 730, 731, 735, 7'<6. Note
737, 740-743, 748, 750,751, 753, 754.
Note 761, 762, 769, 775, 781.
858
AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Saxe (Reine de). Voir Deux Ponts,
DUCHESSE Marie- Amélie.
Saxe-Cohourg (et représentants de .
174, 364-366.
Saxb-Gobourg (duc Auguste de). Note
567.
Saxe-(^obourg Saalfei-d (Krnest, duc
de). 133, 253, 396,547. Note 567,648,
738, 815.
Saxe-Cobourg (Ferdinand, duc de). 245,
256, 396, 425, 567.
Saxe-Coboubg (Ferdinand, tzar de
Bulgarie). Note 567.
Saxe-Cobourg (Léopold de). Note 26,
137, 245, 256, 384.
Saxe-Gobourg (princesse Victoria de).
Note 567.
Saxe-Gotha (et représentants de).
174, 396, 551. Note 592.
Saxe-Teschen (Albert, duc de). 67.
Note 112, 316, 618.
Sa,xe-Weima.r (duché de). 158, 359.
Saxe-Weimar (duc Charles-Auguste
de). Note xxii, 5, 39, 40, 80, 81
Note 95,100,136, 161, 174. Note 191,
212, 256,257, 353, 395, 396, 438, 492,
525, 526, 566, 645.
Saxe-Weimar (Charles-Fer d in and,
prince héréditaire de). Note 95,
Note 100.
Sayn-Wittgenstein (prince de). 127,
137.
Scaldesola. 808.
Scaletta (prince délia). Voir Ruffo
(Alvaro).
Scha/fhouse (et affaires de). 637.
ScHARNHORST. Notc 93. Notc 712.
Scharnweber. 533.
Schauenbuhg (baron de). 663.
SCHAUMBURG. 802, 805.
ScHELLiNG (Frédéric-Guillaume von),
414.
ScHENK VON Gastell (comte). 387,397,
444.
Schenhenstrasse (la). Note 192, 200.
Schertel (M"' von). 199.
ScHiLL (major . Note 416.
Schiller (von). 790, 791.
Schilling. Note xx.
Schimmelmann (comte), 465, 722.
Schlegel (Frédéric). Note 65,127,128,
130, 176, 501, 524.
Schlegel (M""). Note 65.
Schlick (comtesse Marianne), vu.
Schlitz-Goertz (comte). 674.
ScHLOissNiG (baron). 330.
Schlosshof. 72, 758.
Schmidt conseiller de police, Vienne),
136, 141,'l83, 222 et passim.
Schmidt (Charles), des Archives Natio-
nales. XV.
Schmidt (Sénateur de Brème). 158,
637.
Schmidt von Phiseldeck. 158, 306,307.
ScHMiTZ (von). 158, 306,307.
Schneider. 793.
Schneider Louise). 304.
Schceler (général von). 170, 173,253-
255.
ScHOLTEN (von). Notc 99.
ScHÔNBORN (comte Erwin). 430, 497,
669.
ScHÔNBORN (comtesse Marie). 323, 324,
ScHÔNBORN (comtesse Sophie). 120,
323, 324, 377-379, 392, 411, 412, 435,
468, 486, 497, 643.
Schônborn-Leyen (comte). 149, 296,
348, 427, 428, 497, 636.
Schônborn-Stadion. 149,164, 257,296,
404, 497.
Schônbrunn. Note 233, 252, 256. Note
318, 324,334, 369, 420, 498, 505,524.
Note 530, 611, 638. Note 677, 708,
734, 756, 758.
SCHnNBURG-STEIN-WALDENBURG(Otto-
Victor, prince de). 347, 564.
ScHONBURG (comtesse). 387.
Schoenfeld (comte Louis). 75, 140,
169, 175, 427, 428, 484.
Sconfeld (comte, diplomate autri-
chien). 317.
ScHOsuLAN. 706, 707, 785, 786. Note
792, 794-804.
SCHRBCKEL (D'). 691.
SCHRÔER. 615.
SCHUHMACHER (VOU). Notc 99.
ScHULENBURG (comtc de) représentant
du roi de Saxe. 120, 121, 142, 174,
175, 252, 256, 316, 327, 393, 426,497,
593, 596,617, 679, 720.
ScHULENBURG (comte de). Aide de
camp d£ Sch\varzenberg).317. Note
560.
ScHULENBUBG (comtc Rodolphc de).
812.
SCHWARZ. 483.
Schwarzburg (Maisons de). 365, 751.
ScHWARZBUHG- Rudolstadt (priucc
de). 605.
Schwarze Adlei (hôtel, à Munich).
456.
ScHWARZENBERG (Maisou princièrc de)-
385.
ScHWARZENBERG (piÙllCC de). 20, 24,
42, 50. Note 51, 107, 123, 135, 136,
167, 168, 171, 174, 183, 205, 206,
215, 224, 315-317. Note 322, 343,
344, 347, 348, 408, 487. Note 500,
501, 502, 518, 568,623, 645,654, 661,
686, 712, 744.
ScHw^ARZENBERG (princcssc Thérèsc
de). Note 255.
Schwarzleitner. 791.
Schwertgasse, 334.
SCHWINDT. 790,
Séchelles [Lesi. 303.
Seckal (von). 752.
Seckler (?). 626.
INDEX ALPHABÉTIQUE
859
Sécrétairie d'Etat. 80".
Sécularisations (et alTaires des). Note
51.
Sedlnitzky (comte). Note xx.
Seeland. 50».
Seipt. 536.
Seithart (comtesse). 805.
Séménoffsky (régiment). Note 77. Note
688.
Senilin. 800.
Seinmeviiicf. viii.
Sénat. Note 75. Note 335.
Senfft-Pilsach (comte). 175, 322,
a23, 444.
Sens (et archevêque de). Note 96.
Sensburg. 429. 700, 776.
Sept-Iles (Les). Voir Iles Ioniennes.
Serbie-Servie-SerbesAli,265, 394, 395.
Serracapriola (duc de). 117, 123,135,
156,220, 374. Note 414, 585, 646,744.
Serracapriola (duchesse de). 646.
Sers (de). 281.
Servage (et abolition du). 8.
Service secret (et dépenses de). 793-
804.
Severoli (Mgr). 38, 59, 65, 66, 75, 86-
S8, 100, 101, 108, 128, 130, 168, 176,
184, 201,202, 221, 230, 246, 251, 256,
272, 293, 303, 338, 370, 551,568, 595,
660, 677, 744, 755.
Si-oRZA (comte), xiv.
SiuER. 10, 11, 59, 74, 137, 139, 141,
200, 282, 290, 299, 360, 790.
Sicart (Joseph von Schmidt). 252 et
passim.
Sicile (et cour de). — Siciliens. 21, 30,
44, 71, 73. Note 75. Note 110. 128.
189, 254, 285. Note 451, 589. Note
620, 625, 652, 666, 677, 820.
SiCKiNGEN (comte). 149, 151, 240, 267,
542, 543.
SiDNEY Smith. 334, 348, 373. Note
374, 407, 421, 443. Note 623, 715,
754, 771.
Siebeneichen. 283.
SiERAKOwsKi (général). Note 166.
Silésie. 2. Note 17 Note 36, 160, 504,
532, 557, 584. Note 602, 679.
Sinclair (baron). 543.
Skarbek (comte). Note 559, 655, 714,
715, 748, 749.
Skavro.nsky (comte Martin). 810.
Skavronsky (comte Paul Martino-
vitch). 809.
Smitmer 137.
SmoZens/£ (et bataille de). Note 103.
Sociétés secrètes prussiennes. 530.
Soissons (et capitulation de). Note
103. Note 140.
Soleure (et canton, et sénat de). 381,
604, 813.
Solférino (bataille de). Note 55.
Solms-Laubach (comte VoUmuth-Fré-
déric-Charles-Louisde). 40, 41, 68,
69. Note 75, 94, HO. 150, 151, 162,
163. 263. 311, 370, 375, 404,435,497,
520, 528, 543. 545, 619, 734. 758.
Solms-Laubach (Gharles-Frédéric-
l.ouis-Christian-Ferdinand, prince
(?) héréditaire de). 700.
Solms-Wildenfels (comte de). 501.
SoMAGLiA (délia). Note 122.
SONNENBERG. 425.
SoNTHEi.M I colonel, comte von). Note
98. Note 159, 430, 501.
Soragna. 820.
SoREL (Albert). Note 134. Note 735.
Note 739.
SORMANI. 732.
Souabe (la). —Souabes. 169, 347, 451,
507, 508, 681,682.
SouLT (maréchal). 663, 684, 740, 741,
762, 763.
SouTzo II (Alexandre). 819.
SouTzo 111 (Michel II). 818.
SOUVAROFF. 813.
Souverains alliés, xiii. 15. 16, 22,
23, 28, 34, 46. 60, 81, 95,98, 115, 123,
126, 127,129, 136. 151,163,167,172.
Note 175, 209. Note 220, 224, 225,
228, 243, 269, 270, 271, 288,290,302,
330. Note 339, 340, 368, 393, 423,448,
514, 526, 537, 538. Note 555, 600,
613, 623, 627, 661-663, 693, 722, 744,
747.
Spaen de VoonsTONDEN (baron de).
71, 144, 187, 335.345, 486, 489.
Spath (baron). 256.
Spaur (comte). 225.
Spiegel. 732.
Spiegelgasse (La). Note 185.
Squarzoni (comte). 449, 450, 634,666,
707, 744.
S. -S. 795, 803.
Stackelberg (comte). Note xxii, 17,
65, 72, 74. 94, 102. 130,156.198,220,
230,238, -.64, 2 70 274. 303, 317, 328,
333, 348, 352, 369, 371, 382,399,400,
420, 427, 428, 450, 456,469, 472, 498,
542, 558. Note 582, 592, 596, 597,
600, 604, 614, 629, 632. 633, 646,647,
659, 671, 693, 703, 734, 744.
Stackelberg (comtesse). 296.
Stadion (comte de). Note 36, 60, 51,
54, 70, 75, 82, 83, 87, 88. Note 116,
206, 222, 257, 261, 296, 310.312,315,
316, 378, 379, 404, 423, 428, 429, 439,
444, 458, 459, 469, 487, 497. Noie
500, 502, 518, 552,623,638, 654,662,
757, 774, 777, 787, 788.
Stadion (comtesse). 496, 497.
Stadlau. Note 705.
Staegemann (von). 137, 325, 386, 505,
507, 545. 592,615, 636, 663, 739,758.
Staël (M"' de). Note 538. Note 717,
741. Note 781.
Stahl (von) 784, 786, 7S8.
SiAMBAcn (comte). 784.
8G0
AUTOUR DU CONGRÈS DK VIENNE
Stampa (Girolamo, comte). 137, 759.
Starhemberg (prince Louis de). 255-
257, 296, 384, 423, 458, 560,610.
Starke (docteur). Note 615.
Stassart (baron de). 335, 366.
Statut Politique Continental. 755.
Steghfuss. 283, 369,371.
Stechling (Cari). Note 635.
Steigentesch (général de). 7, 26, 34,
57, 449, 497.
Stein (baron de). Note xxii, 40, 41,
66, 69, 76, 95, 97, 118, 119, 123, 128,
131,136, 139, 140, 146,150.157,159,
160,161,169, 173,175, 176. Note 188,
199, 200, 212, 213, 231, 238,239, 245, '
252-255, 260, 263,264, 281, 283,296,
311, 312, 325,333, 342, 345-348, 352,
361.369, 370,371,375, 382. Note 415.
Note 416, 420, 421, 429, 430, 435,
459, 478, 479, 494, 503,505,508, 520,
522,523, 526, 528, 530, 532,535,544,
545, 554, 555, 558, 568,573,575,582,
592. Note 593, 600, 602, 605,611,613,
614, 623, 629,631, 636, 637, 640, 645,
646, 655,656, 675. 685, 687, 690, 691,
699, 705, 709, 710, 717, 721,722,729,
732, 734, 738, 739,743,751, 769, 775,
777,778.
Steinlein (attaché à la Légation de
Prusse. 370.
Steinlrin (Président). 370, 371.
Steinlein (von), Secrétaire dé Léga-
tion de Bavière. 37. 40, 52, 325, 450.
Stéphanie (de Beuuharnais, grande
Duchesse de Bade). Note 198, 293.
Stewart (lord Charles). Note xxii.
Note 147, 280. Note 303, 327, 345,
346, 371, 376, 434, 435. Note 443,
445, 446, 494, 496,497,501, 528,543,
605, 606,614,619, 631,646, 721,736.
Stîi.icon. 65.
Stipsich (général baron von). 86.
Stockach. 169.
Stockholm. Note 1, 8. Note 20, 193,
243, 248. Note 262, 336. Note 465,
704.
Stock im Eisen Piafs. Note 159, 330.
Stcckl. 794-798.
Stolberg-Wernigerode (comte). 137.
Stourdza (A). 818, 819.
Stourdza (Grégoire). 819.
Stra. IX.
Strasbourg. Note 31, 109.
Strassoldo (comte de). 471,728.
Strat. 592.
Strauss. 793, 794.
Streckeisen, 220.
Struwe. 592.
Strtienski. Note 111.
Stomm. 380.
Stuttgart. 19. Note 41, 45, 84. Note
103, 199, 217, 238, 239,244,292, 293,
379, Note 383, 385, 401, 416, 417,
489, 490, 494. Note 561, 571, 582, 588.
Note 592, 614. Note 646, 663, 681.
Styrie (La). Note 35. 556, 660.
Subsides. 228, 719, 740, 775.
Subsistances (et commission des).
VIII. 524.
Succession ict droit de). 341,342,547.
Suchet (Maréchal, duc d'Albuféra).
558, 646. Note 774. .
Suède- Suédois. Note 2. Note 5. Note
8, 12. Note 24, 26, 34, 38, 57, 58. Note
99, 111, 125. Note 194, 20i, 243, 244,
337, 338, 356, 358, 359, 374, 421, 499,
522, 559, 612, 623, 632, 635, 746.
Suède (Prince royal). Voir Ber.^a-
dotte.
Suède (Princesse royale de, Eugénie
Clary). 39.
Suède (Reine de). 38, 583.
Suède (roi de. Charles XIU). 17, 38.
Note 39. Note 125, 244,249.
Suisse (et commission des affaires de
la).— Suis.ses.21,48,79, 81. Note 102,
116, 162, 169. Note 175, 195, 225, 226,
260, 275-277, 335, 342, 344, 361, 370,
380, 381, 388, .399, 421, 425, 430, 435,
436, 458, 459,477, 502, 507, 521, 528,
565, 568, 594,604, 605, 607, 614, 621,
635. 641, 646, 649, 651, 653, 657,658,
675, 676, 679, 702, 719, 736, 740, 747,
750, 757, 758, 769, 773. Note 774, 813.
Sumeraw (baron), xx. Note xxi. 784,
786, 787.
SUMINSKY. 222.
Siissen Lœchl (im). 194.
Suzanne (M"»). 478, 554.
Sydenham. 281 .
Sz... (von). 220.
SzANYAWSKi. 435, 655.
Szechenyi-Guilford (comtesse). 318,
569.
Szemiakowski. 435.
gzuYSKi, 559.
Tabago. 208.
Tableaux vivants. 567.
Taillade (capitaine). 404, 405.
Talleyrand (comte Auguste de). 604.
Talleyrand (prince de). Notexxii, 13.
84, 85, 87, 88, 94, 96, 114. Note 116,
117, 122, 128,130, 133, 135, 136, 142-
146, 148-151, 162, 164, 170, 177,179,
182, 184, 189, 190. 201, 202, 208, 212.
213, 215-219, 221, 222, 226, 234-236.
238, 240-243, 245-249, 252, 254-256,
258-260, 262-264, 266, 271, 272, 279,
281, 283, 284, 289, 292-294, 298, 300.
304, 305, 312, 318, 319,321, 325-328,
331, 332, 334, 335, 346-349, 352,361,
369, 370, 372,373, 376,382, 384,388,
389, 393, 394. 396.397, 402, 403-407.
420, 421, 432, 436, 438, 439, 441-
445. 452, 454, 456-461, 463, 464, 467.
INDEX ALPHABÉTIQUE
861
468, 473. 474, 479. Note 481, 492,
502, 503, 511, 514, 525, 528, 535, 536,
538,548, 550, 552, 555, 558, 563. Note
571, 574,577, 578, 582, 586, 587,592.
Note 597. Note 599, 600. Note 604,-
605, 612, 617, 618, 621, 624, 629,631,
637. Note 638, 640. Note 651-653,
G55, 657, 658. Note 663. Note 664.
Note 673. Note 676. 680, 684, 685.
Note 692. Note 693. Note 702. Note
709, 713. Note 717, 720. 721, 730.
Note 735. Note 737. Note 741. Note
742, 746-749, 758, 761. Note 764.
Note 767, 768, 770-772, 775. Note 781.
1 Ai-LEYRAND-PÉHiGORD (CoiTite Ed-
mond de). Note 628.
1 AfLEYRAND-PÉRiGORD (Comtesse Ed-
mond de). 220, 260, 392, 403, 404,
441, 44ri, 467, 551, 610.
1 AORMiNA (et duc de). Note 451.
7 aruopo/ (et cercle de). 152,153, 155,
559, 687, 699, 711, 712.
l'aroutino. Note 2.
Iascher de la Pagerie (comte). 274,
281, 293, 410, 718.
1 ASCHER (comtesse). 149.
Iauride (prince de). Voir Potemkine.
Iausch. 728.
1 ausserat-Radel. XV.
1 chernitcheff (général). 140,145, 156,
233, 318,327, 338, 361, 369, 568, 575,
590, 592, 639.
le Deum. 204. Noie 339.
l'einfalslrasse. 78.
Tei.eki (comtesse). Note 75, 150.
1 emesvar. Note 814.
Temple (Le) 230. Note 373, 430, 434.
TepUlz-Toeplilz (et traité de). Note
49. Note M. Notj 100, 109, 162.
Terespol. 154.
Terreur (La). Note 211.
Teschen (et congrès de). 256.
Tessin (Le, et canton du). 277, 657,
717, 750.
Testi (Osvaldo). Note 635.
Tettenborn (général baron). 378, 379,
457, 458.
Tel-tonique (ordre). 80, 135, 136. Note
674.
Thérèse. 718, 726.
Theresiannm (Le), vu, vm.
Theresienstadt. Note 329
Thessalie. Note 817.
Thiele (Lt-colonel von). Note 157.
Note 494, 561.
Thielmann (généralbaron de). 67,741.
Thompï^on. 281.
Thorn. 58, 227, 269, 313,386, 523, 525,
608, 615, 675, 721.
Thorruter (W.). 758.
Thrace (La). Note 710.
Thugut (baron). Note 36. Note 75,151,
169, 347, 348, 386, 387, 428, 439, 592,
751, 772.
Tiers-Etat (Le). 173, 213.
Tilsit (et traité de). Note 17. Note 31.
Note 77. Note 106. Note 117. Note
133. Note 195,313. Note 530, 544,563,
661. Note 712.
TiMIRIASOFF. 431.
Timon. 634.
Tocco (chevalier). Note 56.
Toison-i>'Or. Note 94. Note 125. Note
674.
Tolentino (bataille et traité de) 65.
Note 205.
Tolna (Gomitat de). 817.
Tolstoï (comte). 230.
Tolstoï (comtesse, née Bariatinska).
Note 64.
ToMASiCH (général). 793.
Torgau. Note 67, 581, 689.
Tormassuff. 524.
ToRRESANi. Note 792.
Toscane. Toscans. Note 221,284,285,
406, 546, 562, 572, 607,643, 707,728.
Toul. 389.
Toulon. Note 373.
Toulouse. Note 322. Note 652.
Tour et Taxis (Maison princière de
la). 384.
Tour et Taxis (prince de la). Note
32, 77. Note 92. Note 98. Note 116,
257, 260, 273, 334.
Tour et Taxis (princesse de la, Ma-
rie-Thérèse deMecklemburg).Note
XXII, 32. Note 77. 92, 93, 127, 252,
256, 257. 259, 268, 272, 296, 303.
Note 397, 544, 775.
Tour et Taxis (Max, prince de la).
273.
Toussaint (M"' .610.
Traiger (von). 687.
Traime (?). 660.
Traiskirchen. vm.
Traite des Nègres (comission d'aboli-
tion de la». 551, 694.
Traité de Commerce. Note 620, 758.
Traités. 3, 4. Note 5,6,30, 31, 41, 117.
Note 125, 126, 215, 267, 509, 513,
554, 618, 650, 657, 744,751, 768, 775.
Note 778.
rrajispadane (République). 87.
Transy/vanie. Note 125, 379, 512,711.
Trauttmansdorff (comte). 75,327,551,
600, 610. Note 650, 752.
Trauttmansdorff (prince de). Note
xxui, 77, 86,93, 114, 119,123, 140.
289, 495, 569. Note 582, 662, 729,
752, 771.
Trauttmansdorff (princesse). 156,
252.
Trembinsky. 564.
Trémoille- Tarente (prince de la;.
131, 137. Note 233, 281, 304, 334.
TRÉMOiLLE-TARENTEi^princessc de la).
232,233.
Treptow. Note 416.
862
AUTOUR DU CONGRES DE VIENNE
Trêves. 2, 149.
Trîsves (Clément- Wenceslas, élec-
teur de). Note 3"5.
Tricolore "drapeau, cocarde). Note
111.
Triebenfeld (baron). 501.
Trieste. xxi. Note 322, 537, 538, 646,
660, 786, 787, 817, 818.
Trinité (question de la). 336.
Troppau (et Congrès de). Note 7.
Note 40. Note 125, 298.
Troubetzkoï (prince Wassili). 139.
Note 140, 560, 812.
Troubles. Note 174, 380, 394, 395,
604, 779.
Troyes. Note 107.
Truchsess- Waldburg (comtesse^ .
614.
Tschaplitz (général). 549.
Tûbingen. 165, 645.
Tudela (bataille de). Note 683.
Tugend-Bund(Le). 180, 181, 212, 283,
314. Note 347, 414-419, 685, 686,
690. Note 712,737.
Tuileries (Les, et cabinet des). 375.
Turin, xiv. Note 7. Note 84. 85. Note
106. Note 116. Note 128. Note 132.
Note 175. Note 196. Note 487, 524,
547, 813.
TiiRKHEiM (baron de). 93, 175. Note
262, 294, 307, 359, 383, 438, 527, 540,
569, 637, 669, 716, 743.
Turquie.— Turcs.^ote 3,12, 34. Note
103, 113, 133. Note 139, Note 156,
203, 242, 265, 298. Note 329, 333.
Note 341, 394, 3-5, 401. Note 407,
548, 6iE, 619, 713, 723, 806, 818.
TuYLL (ou Thuyll) (général baron),
578, 579.
Tyrnau 794, 795, 798,
Tyrol. 48, 68, 84 Note 263, 274, 335,
337, 676.
Tyszkiew.cz (Louis, comte). Note 696.
U
Udevalla. 58.
Vdine let religieuses d'). 89, 91.
Ugarte (comte). 315, 316.
Uhde (von). 540
Uhlans Archiduc Charles (Régiment
de). Note 182.
Uhlans Merveldt (régiment de). Note
568.
Uhlans Schwarzenberg (régiment de).
Note 124, 215, 568.
Ukraine. 806.
Ulm (et capitulation d'). Note 32.
Ultimatum 670,
Ungarische Krone (Hôtel). 220, 253.
Union allemande et Unification, 387,
398, 531.
Union des Princes. Note 259, 489,
Note 777.
Union (secrète) polonaise (L'). 608.
Untzschneider. 378.
Urbino 176.
Urœm (?). 494.
Usurpateur. — Usurpation, 461, 474.
V
Vaduz (et principauté de). 676.
Valachie (et hospodar do), xxii, 3-5,
9. Note 178, 328-331, 333, 355, 359,
447, 448, 658, 676, 818, 819,
Valais (Le). 380, 717,
Valence (et capitulation de). Note 712.
Valencia d'Alcantara. Note 78.
Valenciennes. 280.
Valestini. Note 817.
Vallaise (comte de . Noté 196, 396.
Valtier. 813.
Valteline (La, et députés de la). 201,
275, 277, 676, 678, 706, 719, 740, 750,
757. Note 759.
Var (Le). 287, 288.
Varel Seigneurie de). Note 259. Note
777.
Varenbïïhler (général von). Note 244.
Varenne. Note 717.
Varnhagen von derEnse. Note 415.
Varsovie (et duché de). 6, 16. Note
19, 20, 28, 43, 44, 56. Note 74. Note
97, 106, 109. Note 116,142,152,156,
160, 166, 167, 172. Note 175, 226,
227, 230, 231, 240, 269. Note 282,
297 331,332, 341, 344, 355, 358,363,
364, 367, 376, 383, 391, 395, 399, 427,
431,435,454, 455, 461. Note 465, 473.
Note 487, 494, 504, 506, 520, 524, 528,
544, 547, 562, 568, 574, 581,602, 608,
631. 639,645, 658, 674, 690, 711, 714,
715, 720, 723, 748, 749, 778, 806.
Vatican (le) et Vaticana (Biblioteca).
XIV, 568.
Vaucluse (département de). Note 335.
Vaud (canton de). Note 102, 380.
Vay (général de). 220.
Veglia (Ile). 805.
Veiss. Note 282.
Veith. 719, 746, 775.
Vélites. 20.
Venanson (comte de). 815. ^
Vendée (la). Note 407.
Venise (et patriarcat de). — Vénitiens.
86, 89. Note 90-92. 112, 149, 206, 232,
278. Note 303, 462, 537, 538, 597,
732, 780, 786, 787.
Vera (avocat). 247, 704, 725. -
Vera (M""'), (La Cantatrice Essler).
247.
Vernègues (de). 197, 229, 230, 260, 430,
434-436, 548, 549, 687, 727,770, 772.
Vérone (et congrès de), ix, xx.Note
7. Note 40. Note 125. Note 683.
Versailles (et cabinet de). 288.
Vertraute (confidents). 783, 785, 787,
790, 791, 793, 794.
INDEX ALPHABÉTIQUE
863
Vesoiil. Noie 652. Note 676.
Vétérans (sociétés de Secours pour
les). 418.
V I (von). 803.
Vicaires-Vicariat. 112, 176.
Vice-roi (voir Eugène de Beauahr-
NAIS).
ViCBNTi (Jean). 796.
Victok-Kmmanuel I". 89, 147. Note
196. Note 197, 203, 287, 288, 325,
413. Note 414, 424, 547, 694, 807.
Vienne. Passini presqu'à toutes les
pages.
Wille-l'Evêque (rue de la). Note 810.
Villermont (comte C. de), xv. Note
433.
Villes Libres (Les). 306, 307. Note
479. Note 523, 551. Note 565, 675,
711, 721.
Vilna (et université de). Note 206.
Note 379, 723.
Vincennes. 387, 553. Note 652.
Vincent (feld-maréchal lieutenant ba-
ron de . Note 257, 589, 628, 652.
ViOMÉNiL (du Houx de). Note 507.
VisGONTi - MoDRONE (duc Gliarlcs) .
Note 674.
Vistule (la). Note 77, 144, 386, 487,
510, 525, 547, 563, 581, 608, 615, 711.
ViTROLLES (baron dei. 322.
Vittoria (bataille de). Note 683.
Vockelberg, 752.
VoELKEL. Note 615.
VoGEL (von). 174, 793, 798.
Volderndorf (major). 280.
Volontaires (et volontaires viennois).
VIII. Note 76, 562.
Vorarlberg (Le). 68.
Vrints-Berberich (baron) 32, 116,256,
420, 520, 538.
MV
VV 313, 797.
Wagram (et bataille de). Note 32.
Note 51. Note 61. Note 175. Note
182, 261, 298.
Wahrendorff. 670.
Waldeck (Caroline-Louise, princesse
de). Note 811.
Waldmilnchen. 280.
WALDSTEiNicomtesse,néeRzewuska).
533, 534, 569.
Wallis (comte). 36, 69, 70, 72, 79,83,
257.
Wallmoden-Gimborn (général, comte
de). 710, 734, 797.
Walpole (lord). 371.
Wartha La . 173, 608, 720.
Washington (et prise d ;). 302, 464.
Washington (baron). 220, 736.
Waterloo. Note 144. Note 286. Note
322. Note 416.
Watson (G. L. de St-M.). xv.
Watzuorf (général de). 174, 175.
Weihburg Gasse. 95.
VVetniar.'Note 128, 136, 283, 307, 335,
363, 416, 438, 492, 504.
Weissenwolf (général comtes 533.
WELDEN(Lt.-co!onel baron de). 288, 289.
Wellesley (sir Henry). Note 767,
777.
Wellington (duc de). Note xxii.
Note 49, 209, 463. 488, 489. 586, 589,
683. Note -717, 724, 725, 737, 767.
Wellon. 366.
Welvert. Note 573.
Werkstein (von). 93.
Werry (•?). 264.
Werther (baron). 589, 590, 629, 682.
Wesel. 170.
Weser (Le). Note 67.
Wessenberg-Ampfingen Jean, baron).
Note 38, 42, 51, 70, 334, 350, 389,
390, 397, 409, 427, 439. Note 443,
458, 492. Note 500. Note 562, 607,
623, 635, 646, 661, 695, 710,721, 757,
774.
Westphalen (comte). 115, 157, 158.
Westphalieiel royaume de). Note 17.
Note 52. Note 64. Note 118, 170.
Note 302. Note 415, 530, 531, 538,
573, 618-649, 659.
Wetterstedt (baron de). 356.
Wetzlar Note 149.
Weyland (von). 400. 420, 539, 755.
Whaley (Richard Chapel). 816.
Wiasemsky (prince). Note 117.
WiBOR (?) (comte). 641.
Widmann (Le Restaurant . 197.
Wieden (La). 183, 224.
WlEDENHElM. 616
WiELAND (écrivain allemand). Note
720.
WiELAND (de, bourgmestre de Bâle).
195, 260, 327, 747.
Wieliczka (et salines de). 18, 711.
Wielmann (Maison). 93.
Wien (Theater an der). 75, 78, 494,
752.
Wiener Wald (et unter dem). vu.
Wiener Zeitung. 95. Note 365, 387,
695, 706.
Wiesbaden. Note 416.
WiLCZECK (comte). 752.
Wildenfels (fief de). 501.
WiLLiÉ (de). 419, 639, 651, 662, 713,
755.
WiLLOT DE Grandprez. Notc 197.
WiLSON(Sir Robert). Note 166.
Wimpfen (comtesse, née princesse
d'Anhalt-Bernburg). 297.
Windmûhle. 195.
Wintzingerode (Georges - Ernest -
Louis, comte de). Note 98. Note 119.
Note 159, 176, 179. Note 383, 397,
398, 401, 420, 427, 430, 492, 528,554.
864
AUTOUR DU CONGRES DE VIENNE
Note 565, 598, 605, 614, 629, 637, 647,
657, 667, 729.
WiNTziNGEHODE(Henri-Ghavles-Louis
comte de). 63, 97, 151, 414, 572, 680.
WiTT (général comte de). 129, 146,
240, 281, 806.
Wiltenberg. 497, 581, 667, 689.
WiTTGENSTEiN (général comte) 151,
435.
WoDNiANSKY (fcld-maréclial lieute-
nant). 397.
WoÏDA ou WOÏNA (H.). 631.
WoLFRAMSDORF (baron de). 366.
Wolkersdorf. Note 107.
WoLKONSKA (princesse Sophie). 62, 137.
WoLKONSKY (Pierre, prince). 76. Note
95, 198, 223, 224, 272, 273, 281, 282,
304, 325, 329, 334, 352, 472, 615, 630,
643, 646, 690, 713, 751.
WoLTEBS (Joséphine). 272, 304, 334,
352, 366.
VVoNzowicz (colonel comte). Note 696.
Worms. 149.
WoRONZOFF (comte). 77, 197, 234, 371,
643.
WoYNA (comte Edouard). 135, 322.
WoYNA (comte Félix). 75, 322. Note
582,752.
VVoYNA (comte Maurice). 322.
Wrbna (Eugène, comte). Note 710.
Wrbna (Félix, comte).
Wrbna (Ladislas, comte). Note 124.
Wrbna (Flore, comtesse). 662, 730,
729, 732, 756.
Wrede (feld-maréchal prince de). 94,
111, 136, 163, 168. Note 179, 235,
251, 259, 260. Note 264, 268, 271,
292, 296, 325,328, 359, 362, 369,378,
382, 385, 395, 409, 410, 420, 422,442,
450, 468, 469,485, 492, 528, 558,566,
570,577, 598-600, 617, 623, 629, 633,
648, 665,669, 686, 701.710,720, 730,
738, 760. Note 774.
Wbede (Amélie, princesse de). Note
621.
WuRMBRAND (comte). 189, 752.
WiÏRMSER (comte de). 181.
Wurlemberçf- Wurtemberffeois . 29,
50. Note 63, 107, 119, 150, 164, 165,
169, 170. Note 176. Note 180, 184,
199, 217, 225, 230, 235. Note 244,
258, 263, 292, 298, 306, 307,328 356,
358, 373,385, 398, 400, 403, 494, 428,
438, 439, 473. Note iiO, 491, 507,
508, 537, 550, 552, 554. Note 572,
600, 612^ 613, 619, 621, 633, 646,
647, 661, 664, 667,668, 672, 693, 778,
788.
Wurtemberg (Charles -Eugène, duc
de). 199.
WuRTEMBERG(Eugène-Frédéric-Henri,
duc de). Note 501, 605.
Wurtemberg (Ferdinand, duc de) . 605.
VVurtemberg (Frédéric Eugène, duc
de, prince de Montbéliard). Note
41.
Wurtemberg (Louis, duc de). 501.
Wurtemberg (Adam prince de). Note
501.
Wurtenberg (prince royal Guillaume
de). Note xxii, 62, 63, 69, 70, 83, 84,
119, 320, 137, 359, 160, 179, 199, 200.
208, 213, 214, 239, 259,267, 268,270,
271, 292,293, 298, 342,415,467,470,
471, 576, 600, 632, 661. 677,678, 680,
687, 698, 699. Note 715, 773. Note
774.
Wurtemberg (princesse Louise de).
564.
Wurtemberg (Reine de, Charlotte-
Auguste-Mathilde d'Angleterre).
216, 491, 494.
WURZBACH. VII.
Wûrzburg (et grand-duché de). 6.
X. 335, 800.
X. X. 795, 796, 803.
Yeo (sir J.-L. Commodore). Note
627.
York. 281.
York et o'albany (Irédéric, duc d').
715.
York von Wartenburg (général).
Note 341.
Ypsilanti (prince). Note 195, 329.
Y. Y. 796.-
Za... 795, 796, 801, 804,
Zahn. 93.
Xakrzewitzk.1. 501.
Zalokovsky ou Sologowski, 568.
Zaremba (de). 687.
Zastbow (von). 533.
Zboïnsky. 222.
Zebay. Note 792.
Zell-sur-la-Moselle, 145.
Zeppelin (comte). 572.
Zerboni di Sposetti. 93,137, 156, 157,
185, 186, 222, 238,239, 313, 325, 506,
528.
Zbrledeb. 220, 327, 757.
Zettleb. Note 792.
ZiCHY (Charles, comte). 69, 70, 72,
75, 79, 93. Note 189, 317, 439, 4?S,
497, 534, 745, 756.
ZicHY (Etienne, comte). 39, 40, 253,
348, 481, 503, 754.
Zichy-Ferraris (François, comte).
96, 668.
TABLK ALPHABÉTIQUE 865
ZicHY (Julie, comtesse). 189, 268, 296, Znaim. Note 100.
316, 443,444, 751. Zobel (von). 754, 755.
ZicHY (Maria comtesse). 189. Zubokovvsky (lieutenant). Voir Sogo-
ZiCHY (comtesse Sophie). 206, 264, 318. lowsry.
Zichy-Fbrraris (comtesse Mélanie). Zucchi (général baron). 679.
Note 668. Zurich. 195, 199. Note 370. Note
Ziegenhals. 298. 492, 604, 621.
ZiELiNSKA (comtesse). 227, 228. Zwach. 453.
ZiELiNSKi (comte). 131. Zwieliniew (général). 355.
Ziller-Thal (Le). 672.
ï.l. ''
TABLE DES MATIÈRES
Pages
Préface ^i*
Avant- Propos.
Quelques mots sur l'organisation et le fonctionnement de la police
secrète Autrichienne à Tépoque du Congrès de Vienne xvii
Chapitre premier
Les préliminaires et les ajournements du Congrès (1" juin-3 novembre
1814) 1
Chapitre II
L'ouverture du Congrès et les questions de Saxe et de Pologne (2 no-
vembre 1814-3 janvier 1845) 441
Annexes
Annexe I (à la page xx).
18 février ^79,?. Rapport du Comte Pergen sur l'ancienne police (di-
plomatique) secrète (Analyse) 782
Annexe II (à la page xxi) .
21 mars 1804. Rapport du Ministre de la police Sumeraw sur l'or-
ganisation du service de la police secrète (Analyse) 784
Annexe III (aux pages xx et xxi).
ê février 1S06. Rapport de Sumerav/ sur la police secrète de Cour.
(Rapport basé surtout sur celui du 21 mars 1804 et sur le fait que
Sumeraw s'est préalablement entendu avec le comte Stadion)
(Analyse) 787
Annexe IV (à la page xx) .
27 février 1806. Décision impériale et réponse au rapport du 2 fé-
vrier (Analyse) 788
Annexe V (à la page xx).
5 a,oût 1808. Hager. Rapport à l'Empereur. Note sur la réorganisa-
tion de la K. K. Polizei Hofstelle (Analyse) 789
Annexe VI (à la page xxiv).
Résumé el relevé des dépenses de la Polizei Hofstelle 791
Annexe VII (à la page xxiv) .
Vienne 18 février 1815. Hager à l'Empereur 792
Payements faits par la Polizei Hofstelle (année 1814) 793
808 AUTOUR DU CONGRÈS DE VIENNE
Annexe VllI (aux pages xxii et xxiv).
Etat des recettes, dépenses et du reliquat de compte des sommes
affectées du 1°' janvier au 31 décembre 1815 au service des dé-
penses secrètes de police avec les mémoires n"* 1 à 157 inclus et
n"' 1 à 9 inclus 799
Annexe IX (à la page 129, pièce 160).
Comte de Witt 806
Annexe X (à la page 131, pièce 164).
Alexandre Rossi, Ministre de Sardaigne à Vienne 807
Annexe XI (à la page 137, pièce 73).
Marquis Louis Malaspina 808
Annexe XII (à la page 156, pièce 192).
La princesse Bagration 809
Annexe XIII (à la page 156, pièce 192).
Duchesse de Sagan 811
Annexe XIV (à la page 191, pièce 232).
Fontbrune 813
Annexe XV (à la page 205, pièce 252).
Aurore de Marassé 814
Annexe XVI (à la page 225, pièce 280).
Comte de Mercy 815
Annexe XVII (à la page 263, pièce 333).
Comte de Fries 816
Annexe XVIIl (à la page 312, pièce 407).
Comtesse Clare 816
Annexe XIX (à la page 327, pièce 439).
Comte de Benzel-Sternau 817
Annexe XX (à la page 431, pièce 616).
Comte Georges Mailath 817
Annexe XXI (à la page 453, pièce 650).
Mavrojeni (Jean) 817
Charles Callimaki IV 818
Jean Karadja (Caragea) II 81ii
Les Codes Caragea (Karadja) et Callimaki 819
Annexe XXII (à la page 524, pièce 764).
Baron Cornacchia S20
Annexe XXIII ^à la page 625, pièce 942).
Marquis de Saint-Clair 820
Annexe XXIV (à la page 640, pièce 978).
Comte de Raigecourt 821
Index alphabîstique 833
Errata et Addenda *'69
ERRATA ET ADDENDA
Pages : 2
— 20
— 28
— 30
— 39
— 44
— 45
— 52
— 67
— 75
— 84,
— 85
— 97
— 102
— 129
— 137
— 140
— 153
— 156
— 156
— 179
— 182
— 183
— 183
— 185
— 191
— 215
— 228
— 233
— 242
— 242
— 261
— 262
— 265
— 284
— 295
— 301
— 302
— 315
— 337
— 319
— 327
Note 1, 2* ligne, au lieu de : et, lire a.
Note 1, 1" ligne, au lieu de : Dépêche inédite, lire dépêches iné-
dites.
19" ligne, au lieu de : ajouta, lire ajoute.
6* ligne, au lieu de : n'y, lire y.
Note 1, 3" ligne, au lieu de : Française, lire princesse.
4* ligne, au lieu de : Pozzo de, lire Pozzo di.
12' ligne à partir du bas de la page, devant français, ajouter en.
18' ligne, au lieu de : n'empêche, lire m'empêche.
Note 2, 1" ligne, au lieu de : Guillaume II, lire Guillaume X.
Note 2, 3» ligne, au lieu.de : et, lire il.
5* ligne à partir du bas de la page, au lieu de : donné, lire donnée.
Note 1, 1" ligne, au lieu de : viel, lire vieil.
Note 1, 7* ligne, au lieu de : Hambourg, lire Hombourg.
Note 3, 3' ligne, au lieu de : à, lire de.
Note 2, dernière ligne, au lieu de : XIV, lire X.
Note 1, au lieu de : XV, lire XI.
Note 2, au lieu de : Alexis, lire Aloys-Wenzel et ajouter : Ministre
d'Autriche à Naples (1805-1807).
Titre courant, au lieu de Bes, lire Les.
17' ligne, après basée, supprimer ,
Note 3, au lieu de : X, lire : XII et Note 4, au lieu de XI, lire XIII.
Note 2, avant-dernière ligne, au lieu de : e, lire et et dernière ligne,
au lieu de : feidzeuzmestre lire : feluzeugmestre.
Note 2, 1" ligne, au lieu de Népomucime, lire Népomucène.
17" ligne, après Opposition, au lieu de : ; , mettre : ,.
Note 1, i' ligne, au lieu de More, lire : Morel,
Note 5, 1" ligne, au lieu de Spozatti, lire : Sposetti.
Note 3, 2* ligne, au lieu de XIII, lire : XIV.
20" ligne, au lieu de le, lire ; la.
14' ligne, après les mots : Cour ei prononcera, ajouter ,.
Note 2, 6* ligne, au lieu de : assurgissait, lire : asservissait.
21' ligne, après scandaleux, au lieu de: Comment, mettre: comme.
28' ligne, au lieu de : avait, lire : était.
dernière ligne, après Russie, mettre : ,.
10' ligne à partir du bas de la page, après : Keller, ajouter : (2).
i' ligne à partir du bas de la page, avant honnêtes, ajouter : peu.
Note 2, avant-dernière ligne, au lieu de a moderna, lire : e moderno.
10" ligne à partir du bas de la page, après Ancône supprimer ,.
Note 1, 3" ligne, au lieu de anp rince, lire au prince et 7« ligne, au
lieu de Tour de, lire : Tour et.
Note 2, l'« ligne, au lieu de Wesphalie, lire : Wkstphalie.
Note 1, 2' ligne, au lieu de Buon accompagni, lire : Buoncompagni.
10° ligne à partir du bas de la page, au lieu de Estuhazy, lire: Es-
TERHAZY.
Note 2, dernière ligne, au lieu de Marescaldi, lire : Marbscalghi.
Note 1, 3' ligne, au lieu de 1837, lire: 1817.
870 ERRATA ET ADDENDA
Pages: 340, 1" ligne, au lieu de IS04, lire : 1814.
— 358, 17' ligne, au lieu de alliés, lire : alliées.
— 364, 17» ligne, au lieu de Luxemhurg, lire : Laxenburg.
— 364, 20» ligne, au lieu de à, lire a.
— 367, 18' ligne, au lieu du da, lire de.
— 383, Le Goiidakhowsky, dont il est question encore à la page 529 est
bien probablement le même que celui dont A. Bonnefons dit à la
page 230, de son livre : Un allié de Napoléon : « Gutakowsky était
déjà en 1807 un des deux délégués polonais à Dresde ; l'autre était
Potocki. »
— 435, 4* ligne à partir du bas de la page, avant Schmidt, ajouter : Con-
seiller DE POLICE.
— 450, Note 2, au lieu de Tagebûcker, lire : Tagebïjcher.
— 459, 10* ligne, au lieu de peut, lire : peu.
— 465, Note 1, 3' ligne, au lieu de législations, lire : Légations.
— 487, 3° ligne, au lieu de Koglowski, lire : Kozlowski.
— 495, 6" ligne, à partir du bas de la page, au lieu de par, lire : pas.
— 503, 13" ligne à partir du bas de la page, au lieu de Mirande, lire : Mi-
RANDA.
— 524, Note, au. lieu de XXI, lire : XXII.
— 545, Note, 1" ligne, après d', mettre ,.
— 546, 19* ligne, au lieu de équivalant, lire équivalent.
— 546, dernière ligne, au lieu de acquision, lire : acquisition.
— 592, Note 1, 3" ligne, au lieu de Athènes, lire : Altona.
— 615, 19° ligne, au lieu de steuer Rath, lire : Steuerrath.
— 644, 8° ligne, au lieu de désiré, lire: désirée.
— 653, 17" ligne, au ligne de d', lire: V.
— 660, 5* ligne, au lieu de Syrie, lire : Styrie.
— 674, Note 3, 1" ligne, au lieu de Alexéiwna, lire : Alexéievna.
— 680, 2' ligne, avant et après parait-il, mettre : ,.
— 682, Note 1, 2» ligne^ au lieu de il, lire : y.
— 683, 16' ligne, avant et après dit-on, mettre : ,.
— 694, à la fin de la dernière ligne, ajouter le renvoi (5).
— 695^ Note 1, dernière ligne, au lieu de Landsdowne, lire : Lansdowne.
— 703, 10» ligne, au lieu de VVIII, lire: XVIII.
— 717, 3' ligne, au lieu de 22, lire : 24.
— 726, 6' ligne à partir du bas de la page, au lieu de du, lire : au.
— 734, 7' ligne, au lieu de Vallmoden, lire: Wallmoden.
— 747, Note 3, ajouter : ou peut-être encore Wessenberg, i/un de
membres de la commission des affaires suisses.
— 750, 17' ligne, au lieu de entre, lire : contre.
— 758, 16' ligne, au lieu de suspect, lire : suspects.
— 766, 17' ligne, après Sostegno, supprimer : (2).
— 771, 1" ligne, au lieu de Giulay, lire : Gyulay.
— 776, 4' ligne à partir du bas de la page, au lieu de Castlereargh, lire :
Castlerbagh.
— 777, 7° ligne, au lieu de Wellesberg, lire : Wellesley.
— 785, Note, l" et 2' ligne, au lieu de Montât, lire: Montet.
— 787, 1° ligne à partir du bas de la page, au lieu de à, lire: en.
— 789, 15' ligne, au lieu de pourla, lire: pour la.
— 792, Note 2, 4' et 15' lignes, au lieu de surs, lire: sur.
— 795, 22" ligne, au lieu de Agra, lire : Agram.
— 814, avant-dernière ligne, au lieu de avee, lire : avec.
— 816, 3» ligna à partir du bas de la page, au lieu de Islande, lire : Ir
LANDE.
à
HAYENNB IMPRIMBRIB CHARLES COLIN
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HMod. Weil, Maurice Henri (éd.)
W422d Les dessous du Congrus
de Vienne. Vol.l
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